Images de page
PDF
ePub

vent dans la liberté de leurs paroles la vengeance | des divertissements, des spectacles pompeux; que la fortune leur refuse!

V. Après avoir rétabli l'ordre dans la Grèce, Philippe convoque à Corinthe (A. de R. 347) les députés de toutes les villes, pour y régler l'état des affaires. Là, il dicta les conditions de la paix à la Grèce entière, selon l'importance politique des différentes villes, et choisit dans chacune un certain nombre de citoyens dont il forma un conseil, une sorte de sénat; les Spartiates seuls méprisèrent la loi et le législateur, regardant comme une servitude une paix qui n'avait pas été consentie par la Grèce, mais imposée par la volonté du vainqueur. On fixa ensuite le mode de coopération de chaque ville, soit qu'il s'agit d'aider le roi à la défense commune, soit qu'il fallut marcher avec lui. On ne doutait pas que tous ces préparatifs ne fussent dirigés contre les Perses. Le nombre des troupes auxiliaires fut de deux cent mille hommes de pied et de quinze mille cavaliers, sans compter les forces de la Macédoine, et des peuples barbares subjugués sur ses frontières. Au commencement du printemps, Philippe se fit précéder, dans cette partie de l'Asie qui était soumise aux Perses, par trois de ses généraux, Parménion, Amyntas et Attale, dont il venait d'épouser la sœur, après avoir répudié Olympias, mère d'Alexandre, sur un soupçon d'infidélité.

VI. Pendant que les forces de la Grèce se rassemblaient (An. de R. 418), il célèbre le mariage de sa fille Cléopâtre avec cet Alexandre qu'il avait fait roi d'Épire. La magnificence de cette cérémonie fut digne de la grandeur du prince qui donnait sa fille et de celui qui l'épousait. Il y eut

Philippe s'y rendait sans gardes, entre son fils et son gendre, lorsque Pausanias, jeune noble macédonien dont personne ne se défiait, le poignarda (A. de R. 418) dans un passage étroit où il s'était posté, et fit de ce jour, consacré à l'allégresse, un jour de tristesse et de deuil. Ce jeune homme, dès les premières années de sa puberté, avait été l'objet des désirs et même des violences d'Attale, lequel, ajoutant un second outrage au premier, le conduisit à un festin, l'y enivra, et satisfit sur lui son infâme passion, invitant tous les convives à suivre son exemple. Désormais la risée de ses compagnons, Pausanias ne put supporter cette infamie, et s'en plaignit souvent à Philippe : mais écarté sous de vains prétextes, et raillé par le roi, quand il vit son ennemi élevé au rang de général, il tourna sa colère contre Philippe, et se vengea du coupable en punissant l'iniquité du juge.

VII. On crut aussi qu'il avait été aposté par Olympias, mère d'Alexandre; que celui-ci n'ignorait pas le projet du meurtrier de son père, et n'était pas moins irrité du divorce de Philippe et de son mariage avec Cléopâtre, que Pausanias de son déshonneur; qu'il avait craint aussi que sa belle-mère ne donnât le jour à un concurrent au trône de Macédoine; que déjà, dans un repas, il avait insulté Attale, puis son père lui-même, qui le poursuivit l'épée à la main, et ne l'épargna que sur les sollicitations et les prières de ses amis. Et depuis ce moment, réfugié avec sa mère en Épire, près de son oncle, et ensuite chez le roi des Illyriens, Alexandre resta longtemps sourd à la voix de son père qui le rappelait, et aux

solutionem, quam dare inimici possunt; et quam rebus | spectaculum Philippus dum sine custodibus, medius inter instances de ses parents. De son côté, Olympias | (A. de R. 394-418). Il eut d'une danseuse de Laavait excité sourdement son frère, le roi d'Épire, risse un fils nommé Aridée, qui fut le successeur à faire la guerre à Philippe, et serait parvenue | d'Alexandre, et plusieurs autres enfants de dià l'y déterminer, si Philippe n'eût prévenu ce verses femmes qu'il avait épousées à la fois, suiprince en lui donnantsa fille en mariage. On pensa | vant la coutume des rois de ce temps-là: les uns donc que Pausanias, qui se plaignait de l'impunité moururent de mort naturelle, les autres de mort d'Attale, avait été poussé par la mère et le fils, violente. Il préférait les combats aux festius, et exaspérés contre Philippe, à commettre son crime. n'employait ses immenses richesses qu'à des exDu moins est-il certain qu'Olympias fit tenir des péditions militaires. Plus habile à se procurer de chevaux prêts, pour assurer la fuite de l'assasl'argent qu'à le conserver, il était toujours pauvre, sin. A la nouvelle de la mort du roi, elle accoumalgré ses rapines journalières. Il était en même rut sous prétexte de lui rendre les devoirs funètemps clément et perfide; tout lui semblait légi

nequeunt ulcisci, verbis usurpant libertatem.

V. Compositis in Græcia rebus, Philippus omnium civitatum legatos ad formandum rerum præsentium statum evocari Corinthum jubet. Ibi pacis legem universæ Græciæ pro meritis singularum civitatum statuit; conciliumque omnium, veluti unum senatum, ex omnibus legit. Soli Lacedæmonii, et legem, et regem contempserunt, servitutem, non pacem rati, quæ non ipsis civitatibus conveniret, sed a victore ferretur. Auxilia deinde singularum civitatum describuntur, sive adjuvandus ea manu rex, oppugnante aliquo, foret, seu duce illo bellum inferendum. Neque enim dubium erat, imperium Persarum his apparatibus peti. Summa auxiliorum ducenta millia peditum fuere, et equitum quindecim millia. Extra hanc summam et Macedoniæ exercitus erat, et confinis domitarum gentium barbaries. Initio veris tres duces in Asiam Persarum juris præmittit, Parmenionem, Amyntam, et Attalum, cujus sororem nuper, expulsa Alexandri matre Olympiade propter stupri suspicionem, in matrimonium receperat. VI. Interea, dum auxilia a Græcia coeunt, nuptias Cleopatræ filiæ et Alexandri, quem regem Epiri fecerat, celebrat. Dies erat pro magnitudine duorum regum, et collocantis filiam, et uxorem ducentis, apparatibus insigris. Sed nec ludorum magnificentia deerat: ad quorum

JUSTIN,

duos Alexandros, filium generumque, contenderet, Pausanias, nobilis ex Macedonibus adolescens, nemini suspectus, occupatis angustiis, Philippum in transitu obtruncat; diemque lætitiæ destinatum, fœdum luctu funeris facit. Hic primis pubertatis annis stuprum per injuriam passus ab Attalo fuerat: cujus indignitati hæc etiam fœditas accesserat; nam perductum in convivium solutumque mero Attalus non suæ tantum, verum et convivarum libidini, velut scortum vile, subjecerat, ludibriumque omnium inter æquales reddiderat. Hanc rem ægre ferens Pausanias, querelam Philippo sæpe detulerat. Quum variis frustrationibus non sine risu differretur, et honoratum insuper ducatu adversarium cerneret, iram in ipsum Philippum vertit, ultionemque, quam ab adversario non poterat, ab iniquo judice exegit.

VII. Creditum est etiam, immissum ab Olympiade matre Alexandri fuisse; nec ipsum Alexandrum ignarum paternæ cædis exstitisse: quippe non minus Olympiadem repudium, et prælatam sibi Cleopatram, quam stuprum Pausaniam doluisse. Alexandrum quoque, regni æmulum, fratrem ex noverca susceptum timuisse; eoque actum, ut in convivio antea primum cum Attalo, mox cum ipso patre jurgaret: adeo ut etiam stricto gladio eum Philippus consectatus sit, ægreque a filii cæde amicorum precibus

bres, et, la nuit même de son arrivée, elle alla ❘ time pour arriver à la victoire. Séduisant, insi

dieux dans ses discours, il promettait plus qu'il ne tenait; le sérieux, la gaieté, tout chez lui était calcul. Il eut des amis, non par affection, mais par intérêt. Caresser un ennemi, se défier d'un ami, diviser deux alliés, et gagner la confiance de l'un et de l'autre, telle était sa politique ordinaire; avec cela, une éloquence remarquable, un style plein de force et de finesse, une facilité élégante, une imagination ornée et sans efforts. Alexandre, son fils et son successeur, surpassa ses vices et ses qualités. Tous deux tendaient à la victoire, mais par des moyens différents: Alexandre par la force, et Philippe par la ruse. L'un aimait à tromper ses ennemis, l'autre à les vaincre au grand jour. Celui-là était plus prudent, celui-ci plus téméraire. Le père savait dissimuler, souvent

placer une couronne d'or sur la tête de Pausanias, qu'elle trouva pendu au gibet. Personne alors, excepté elle, ne pouvait, du vivant du fils de Philippe, montrer une pareille audace. Peu de jours après, elle fit détacher le corps du meurtrier, le brûla sur les restes de son mari, lui éleva un tombeau dans le même endroit, et eut soin que la multitude superstitieuse l'honorât chaque année par des sacrifices funèbres. Elle égorgea, dans les bras de sa mère, la fille de cette Cléopâtre qui l'avait supplantée, et força celle-ci à se pendre; elle reput ses regards de ce lugubre spectacle, et mit ainsi le comble à la vengeance qu'elle avait hâtée par l'assassinat de Philippe. Enfin, elle consacra à Apollon, sous le nom de Myrtale, qu'elle avait porté dans son enfance, le poignard qui avait frappé le roi; et tout cela se fit avec tant | même étouffer sa colère; le fils, une fois irrité,

d'éclat, qu'elle semblait craindre de ne pas prouver assez que le meurtre de son mari était son ouvrage.

ne savait ni différer, ni borner sa vengeance. L'un et l'autre aimaient trop le vin, mais leur ivresse était différente. Philippe, au sortir de table, VIII. Ainsi mourut Philippe, à l'âge de qua- courait à l'ennemi, engageait le combat, affrontait rante-sept ans, et après un règne de vingt-cinq | les périls; Alexandre tournait sa fureur non con

exoratus. Quamobrem Alexander ad avunculum se in Epi-rum cum matre, inde ad regem Illyriorum contulerat; vixque revocanti mitigatus est patri, precibusque cognatorum ægre redire compulsus. Olympias quoque fratrem suum Alexandrum, Epiri regem, in bellum subornabat, pervicissetque, ni filiæ nuptiis pater generum occupasset. His stimulis irarum utrique Pausaniam de impunitate stupri sui querentem, ad tantum facinus impulisse creduntur. Olympias certe fugienti percussori equos quoque præpara tos habuit. Ipsa deinde, audita regis nece, quum titulo officii ad exsequias cucurrisset, in cruce pendentis Pausaniæ capiti, eadem nocte, qua venit, coronam auream imposuit: quod nemo alius audere, nisi hæc, superstite Philippi filio, potuisset. Paucos deinde post dies, refixum corpus interfectoris super reliquias mariti cremavit; et tumulum ei eodem fecit in loco, parentarique eidem quotannis, incussa populo superstitione, curavit. Post hæc Cleopatram, a qua pulsa Philippi matrimonio fuerat, in gremio ejus prius filia interfecta, finire vitam suspendio coegit, spectaculoque pendentis ultionem potita est, ad quam per parricidium festinaverat. Novissime gladium, quo rex percussus est, Apollini sub nomine Myrtales consecravit : hoc enim nomen ante Olympiadis parvulæ fuit. Quæ omnia ita palam facta sunt, ut timuisse videatur, ne facinus ab ea commissum non probaretur.

VIII. Decessit Philippus XL et vii annorum, quum annis xxv regnasset. Genuit ex Larissæa saltatrice filium Aridæum, qui post Alexandrum regnavit. Habuit et alios multos ex variis matrimoniis regio more susceptos, qui partim fato, partim ferro periere. Fuit rex armorum, quam conviviorum apparatibus studiosior; cui maximæ opes erant instrumenta bellorum: divitiarum quæstu, quam custodia solertior. Itaque inter quotidianas rapinas semper inops erat. Misericordia in eo et perfidia pari jure dilectæ. Nulla apud eum turpis ratio vincendi. Blandus pariter et insidiosus alloquio; qui plura promitteret, quam præstaret: in seria et jocos artifex. Amicitias utilitate, non fide colebat. Gratiam fingere in odio, in gratia offensam simulare, instruere inter concordantes odia, apud utrumque gratiam quærere, solennis illi consuetudo. Inter hæc eloquentia insignis, oratio acuminis et solertiæ plena; ut nec ornatui facilitas, nec facilitati inventio, nec inventioni deesset ornatus. Huic Alexander filius successit, et virtute et vitiis patre major. Vincendi ratio utrique diversa. Hic aperte, ille artibus bella tractabat. Deceptis ille gaudere hostibus, hic palam fusis. Prudentior ille consilio, hic animo magnificentior. Iram pater dissimulare, plerumque etiam vincere: huic, ubi exarsisset, nec dilatio ultionis, nec modus erat. Vini nimis uterque avidus: sed ebrietatis diversa vitia. Pater de convivio in hostem

435

tre ses ennemis, mais contre ses officiers. Souvent | est presque incroyable que tant de complices aient

Philippe revint blessé du combat, plus souvent Alexandre sortit d'un festin couvert du sang de ses courtisans. L'un régnait avec ses amis, l'autre sur ses amis. Le premier aimait mieux qu'on l'aimât, le second qu'on le craignft. Tous deux avaient du goût pour les lettres. Philippe eut plus de politique, Alexandre plus de bonne foi. Celui-là était plus modéré dans ses paroles, celui-ci dans ses actes. Alexandre était plus généreux, plus prompt à pardonner aux vaincus; Philippe n'épargnait pas même ses alliés. Le père était frugal, le fils intempérant. Ce fut avec ces qualités diverses que le père jeta les fondements de l'empire

pu s'entendre, non-seulement pour tramer ce parricide, mais encore pour taire leur dessein, et que de ces cinquante fils aucun n'ait été détourné de cet horrible attentat, ni par la majesté d'un roi, ❘ ni par le respect d'un vieillard, ni par la bonté d'un père. Comment ce nom de père fut-il assez méprisé par tant de fils, que ce roi, qui devait trouver en eux des défenseurs contre ses ennemis, ne trouvât que des conspirateurs, et fût plus en sûreté au milieu de ses ennemis que de ses propres fils?

II. La cause de ce parricide fut plus infâme que le parricide même. Cyrus ayant été tué dans

du monde, et que le fils eut la gloire d'achever | la guerre dont j'ai parlé plus haut, Artaxerxès son ouvrage.

LIVRE X.

avait épousé Aspasie, maîtresse de ce prince. Darius pria son père de la lui céder, comme il avait fait pour le trône; et le père, toujours facile pour ses enfants', y consentit d'abord. Mais il ne tarda pas à s'en repentir; et, pour refuser honnêtement ce qu'il avait promis, il fit Aspasie prêtresse du Soleil, dignité qui la soumettait à un rigoureux célibat. Le jeune prince, furieux, éclata d'abord en injures contre son père, et conspira bientôt avec ses frères : mais, comme il dressait des embûches, il fut saisi avec ses complices, et livré au châtiment des parricides par les dieux vengeurs de la majesté paternelle. On mit à mort toutes les femmes des conspirateurs et tous leurs enfants, pour effacer les traces d'un si grand forfait. Quelque temps après, Artaxerxès mourut de douleur, heureux roi, mais malheureux père.

I. Artaxerxès (Mnémon), roi des Perses, eut cent quinze fils de ses concubines, et de sa femme légitime trois seulement, Darius, Ariarathe et Ochus. Guidé par un sentiment de bonté paternelle, il plaça, de son vivant, la couronne sur la tête de Darius, dérogeant ainsi à la coutume des Perses, qui reconnaissaient à la mort seule le droit de changer les rois. Il ne croyait pas se dépouiller en mettant la couronne sur la tête de son fils, et il se sentait plus heureux d'être père, en voyant avant sa mort son fils revêtu des insignes de la royauté. Mais Darius, après cette preuve singulière de la tendresse de son père, osa former le projet de l'assassiner. Déjà assez criminel s'il eût médité seul son parricide, il le fut encore plus en III. Ochus hérita du trône de la Perse (A. de associant cinquante de ses frères à son projet. Il | R. 389). Ce prince, qui craignait pour lui-même le

procurrere, manum conserere, periculis se temere offerre : Alexander non in hostem, sed in suos sævire. Quamobrem Philippum sæpe vulneratum prælia remisere: hic amicorum interfector convivio frequentior excessit. Regnare ille cum amicis volebat; hic in amicos regna exercebat. Amari pater malle, hic metui. Litterarum cultus utrique similis. Solertiæ pater majoris, hic fidei. Verbis atque oratione Philippus, hic rebus moderatior. Parcendi victis filio animus et promptior, et honestior; ille nec sociis abstinebat. Frugalitati pater, luxuriæ filius magis deditus erat. Quibus artibus orbis imperii fundamenta pater jecit, operis totius gloriam filius consummavit.

LIBER X.

I. Artaxerxi, regi Persarum, ex pellicibus cxv filii fuere, sed tres tantum justo matrimonio suscepti, Darius, Ariarathes, et Ochus. Ex his Darium contra morem Persarum, apud quos rex non nisi morte mutatur, per indulgentiam pater regem vivus fecit, nihil sibi ablatum existimans, quod in filium contulisset, sinceriusque gaudium ex procreatione capturus, si insignia majestatis suæ vivus in filio conspexisset. Sed Darius, post nova paternæ pietatis exempla, interficiendi patris consilium cepit: sceleratus, si solus parricidium cogitasset: tanto sceleratior, quod in socie

tatem facinoris assumptos quinquaginta fratres fecit parri. cidas. Ostenti prorsus genus, ubi in tanto populo non solum sociari, verum etiam sileri parricidium potuit; ut ex quinquaginta liberis nemo inventus sit, quem aut paterna majestas, aut veneratio senis, aut indulgentia patris, a tanta immanitate revocaret. Adeone vile paternum nomen apud tot numero filios fuit, ut, quorum præsidio tutus etiam adversus hostes esse debuerat, corum insidiis circumven. tus, tutior ab hostibus, quam a filiis fuerit?

II. Causa parricidii sceleratior ipso parricidio fuit. Occiso quippe Cyro fraterno bello, cujus mentio supra habita est, Aspasiam, pellicem ejus, rex Artaxerxes in matrimonium receperat. Hanc patrem cedere sibi, sicuti regnum, Darius postulaverat: qui pro indulgentia sua in liberos primo facturum se dixerat: mox pœnitentia ductus, ut honeste negaret, quod temere promiserat, Solis eam sacerdotio præfecit, quo perpetua illi ab omnibus viris pudicitia imperabatur. Hinc exacerbatus juvenis, in jurgia primo patris erupit : mox facta cum fratribus conjuratione, dum patri insidias parat, deprehensus cum sociis, pœnas parricidii diis paternæ majestatis ultoribus dedit. Conjuges quoque omnium cum liberis, ne quod vestigium tanti sceleris exstaret, interfectæ. Post hæc Artaxerxes morbo ex dolore contracto decedit, rex quam pater felicior.

III. Hereditas regni Ocho tradita, qui timens parem con

sort de son père, inonda le palais du sang des | attaquée, à l'Europe à peine soumise, aux Illy

grands et de sa famille, aussi insensible à la parenté, à la faiblesse de l'âge et du sexe, que désireux d'égaler ses frères en cruauté. Lorsqu'il crut avoir purifié l'empire, il fit la guerre aux Cadusiens. Ce fut alors qu'un des ennemis ayant défié le plus brave des Perses, Codoman s'avança, objet des vœux de toute l'armée, tua le provocateur, donna la victoire aux Perses, et rendit à leurs armes cette antique gloire déjà presque éclipsée. Il eut, en récompense d'une si belle action, le gouvernement des deux Arménies. Ochus étant mort peu de temps après (An de R. 414), le peuple, rempli d'admiration pour Codoman, le plaça sur le trône; et, pour qu'il ne lui manquât rien de la majesté royale, il l'honora du nom de Darius. Codoman balança longtemps le succès des armes d'Alexandre le Grand; mais enfin, vaincu par lui et tué par ses proches, il entraîna dans sa chute la monarchie des Perses (A. de R. 424).

LIVRE XI.

I. L'armée de Philippe était un mélange de plusieurs nations que la mort de ce prince affecta diversement. Les uns, fatigués de son joug, renaissaient à l'espoir de la liberté; les autres, que la perspective d'une expédition lointaine effrayait d'avance, se réjouissaient d'un événement qui les délivrait de leurs craintes; quelques-uns s'affligeaient de ce que le flambeau nuptial de la fille eût allumé le bûcher du père : les amis du prince redoutaient l'effet d'une révolution si

riens, aux Thraces, aux Dardaniens et aux autres barbares, nations perfides, et sur la foi desquelles on ne peut compter. Ils songeaient enfin à l'impossibilité de résister à tous ces peuples, s'ils se révoltaient à la fois. Mais Alexandre en montant sur le trône semblait porter en soi le remède à tant de maux. Il assembla le peuple, le consola et l'encouragea par des discours si bien appropriés aux circonstances, qu'il fit disparaître les craintes et renaître l'espérance dans tous les cœurs. Il n'avait alors que vingt ans; mais, malgré sa jeunesse, il parla avec tant de modération et fit si bien augurer de lui, qu'on put entrevoir déjà que ses actions surpasseraient ses promesses. Il n'imposa aux Macédoniens d'autre charge que celle du service militaire, et ce bienfait lui concilia leur affection. C'était, disaient-ils, la personne du roi qui avait changé, mais non ses vertus.

II. Il s'occupa d'abord des funérailles de son père, sur le tombeau duquel il fit égorger les complices de sa mort (A. de R. 419). Il ne pardonna qu'à son frère Alexandre Lynceste, respectant en lui les auspices de sa royauté, car ce prince l'avait salué roi le premier. Il fit périr aussi comme un rival Caranus, fils de sa marâtre. Dans les commencements de son règne, il soumit plusieurs peuples révoltés et étouffa plus d'une sédition naissante. Enhardi par ces succès, il vole en Grèce, convoque, à l'exemple de son père, une assemblée à Corinthe, et se fait élire général à sa place. Il se dispose ensuite à poursuivre contre les Perses la guerre que Philippe avait

soudaine; ils songeaient à l'Asie qui venait d'être | commencée. Au milieu de ses préparatifs, il ap

jurationem, regiam cognatorum cæde et strage principum replet, nulla non sanguinis, non sexus, non ætatis misericordia permotus: scilicet ne innocentior fratribus parricidis haberetur. Atque ita veluti purificato regno, bellum Cadusiis infert. In eo quum adversus provocatorem hos tium Codomannus quidam cum omnium favore processisset, hoste cæso, victoriam suis pariter, et prope amissam gloriam restituit. Ob hæc decora idem Codomannus præficitur Armeniis. Interjecto deinde tempore, post mortem Ochi regis, ob memoriam pristinæ virtutis, rex a populo constituitur, Darii nomine, ne quid regiæ majestati deesset, honoratus; bellumque cum Alexandro Magno, diu variante fortuna, magna virtute gessit. Postremo victus ab Alexandro, et a cognatis occisus, vitam pariter cum Persarum regno finivit.

LIBER XI.

I. In exercitu Philippi sicuti variæ gentes erant, ita eo occiso diversi motus animorum fuere. Alii quippe injusta servitute oppressi, ad spem se libertatis erigebant: alii tædio longinquæ militiæ remissam sibi expeditionem gaudebant: nonnulli facem, nuptiis filiæ accensam, rogo patris subditam dolebant. Amicos quoque tam subita mutatione

rerum haud mediocris metus ceperat, reputantes nunc provocatam Asiam; nunc Europam nondum perdomitam; nunc Illyrios, Thracas, Dardanos, cæterasque barbaras gentes fidei dubiæ, et mentis infidæ, qui omnes populi si pariter deficiant, sisti nullo modo posse. Queis rebus veluti medela quædam interventus Alexandri fuit; qui pro concione ita vulgus omne consolatus hortatusque pro tempore est, ut et metum timentibus demeret, et spe omnes impleret. Erat hic annos xx natus: in qua ætate ita moderate de se multa pollicitus est, ut appareret, plura eum experimentis reservare. Macedonibus immunitatem cunctarum rerum, præter militiæ vacationem, dedit: quo facto tantum sibi favorem omnium conciliavit, ut corpus hominis, non virtutem regis, mutasse se dicerent.

II. Prima illi cura paternarum exsequiarum fuit: in quibus ante omnia cædis conscios ad tumulum patris occidi jussit. Soli Alexandro Lyncestæ fratri pepercit; servans in eo auspicium dignitatis suæ: nam regem eum primus salutaverat. Æmulum quoque imperii Caranum fratrem, ex noverca susceptum, interfici curavit. Inter initia multas gentes rebellantes compescuit; orientes nonnullas seditiones exstinxit. Quibus rebus erectus, citato gradu in Græciam contendit, ubi, exemplo patris Corinthum evocatis civitatibus, dux in locum ejus substituitur. Inchoatum deinde a patre Persicum bellum aggreditur. In cujus apparatu occu

prend « que les Thébains et les Athéniens l'ont | trahi pour s'allier aux Perses; que l'auteur de cette défection est Démosthène. Cet orateur, corrompu par l'or des Perses, aurait affirmé que l'armée macédonienne et son roi avaient été anéantis par les Triballiens: ayant produit en pleine assemblée un témoin qui aurait soutenu avoir été blessé dans le combat où le roi avait perdu la vie, ce bruit avait produit une révolution subite dans les esprits. Partout on assié geait les garnisons macédoniennes. >> Alexandre lève aussitôt des troupes, pour arrêter le mal; il fond sur la Grèce avec une telle impétuosité, que les Grecs, qui n'avaient pas soupçonné sa marche, pouvaient à peine en croire leurs yeux.

III. En traversant la Thessalie, il avait adressé des exhortations aux habitants, leur rappelant les bienfaits de Philippe son père et les liens qui l'unissaient à eux du côté de sa mère, issue des Éacides. Les Thessaliens, entraînés par ses paroles, le créèrent chef suprême de leur nation comme l'avait été son père, et mirent à sa disposition tous les revenus de l'État. Mais les Athéniens, qui l'avaient trahi les premiers, s'en repentirent les premiers. Tour à tour lui prodiguant l'admiration ou le dédain, ils élevaient au-dessus de leurs anciens héros cet Alexandre que naguère ils avaient insolemment traité d'enfant. Des députés vinrent, de leur part, lui demander la paix; Alexandre les entendit et leur adressa de vifs reproches: toutefois il céda à leur demande. Il marcha ensuite vers Thèbes, disposé à la traiter avec la même indulgence, si les habitants montraient le même repentir. Mais les

Thébains, loin de recourir à des prières, à des supplications, prirent les armes, et, vaincus, souffrirent toutes les rigueurs de la plus affreuse servitude. Comme on délibérait dans le conseil sur le projet de raser leur ville, les Phocéens, les Platéens, les Thespiens et les Orchoméniens, alliés d'Alexandre et compagnons de ses victoires, rappelèrent les cruautés des Thébains, les villes saccagées par eux, leurs liaisons actuelles, et leur ancienne complicité avec les Perses pour opprimer la Grèce. « C'était là, disaient-ils, ce « qui les avait fait haïr des peuples de la Grèce, « qui s'étaient engagés tous par serment à dé<< truire Thèbes, après avoir vaincu les Perses. » A cela ils ajoutaient le récit fabuleux de leurs anciens crimes représentés sur tous les théâtres, afin de les rendre odieux à Alexandre, non-seulement par leur perfidie actuelle, mais par leur infamie passée.

IV. Cléadas, l'un des prisonniers, ayant obtenu la permission de parler, dit « que les Thé« bains ne s'étaient point révoltés contre le roi, « qu'ils avaient cru mort, mais contre ses héri<< tiers; que s'ils étaient coupables, c'était d'avoir a été crédules et non perfides; qu'ils étaient assez « punis par la perte de leur armée; qu'il ne res<< tait plus à Thèbes que des femmes et des << vieillards, population faible et inoffensive, déjà « livrée à tous les outrages, et si cruellement << traitée par les vainqueurs, que jamais elle n'a<< vait essuyé de pareilles infortunes; qu'il n'im« plorait point la pitié d'Alexandre en faveur de << ses concitoyens, maintenant si peu nombreux, << mais pour le sol de sa patrie, qui n'était point « coupable, et pour une ville qui avait donné le

pato nuntiatur, « Athenienses et Thebanos ab eo ad Persasusi sunt. Itaque victi gravissima quæque supplicia miser

defecisse, auctoremque ejus defectionis, magno auri pondere a Persis corruptum, Demosthenem oratorem exstitisse: qui Macedonum deletas omnes cum rege copias a Triballis affirmaverit, producto in concionem auctore, qui in eo prælio, in quo rex ceciderit, se quoque vulneratum diceret. Qua opinione mutatos omnium ferme civitatum animos esse: præsidia Macedonum obsideri. » Quibus motibus occursurus, tanta celeritate instructo paratoque exercitu Græciam oppressit, ut, quem venire non senserant, videre se vix crederent.

rimæ captivitatis experti sunt. In consilio quum de excidio urbis deliberaretur, Phocenses, et Platæenses, et Thespienses, et Orchomenii, Alexandri socii, victoriæque participes, excidia urbium suarum, crudelitatemque Thebanorum referebant; studia in Persas non præsentia tantum, verum et vetera, adversus Græciæ libertatem increpantes: «.Quamobrem odium eos omnium populorum esse: quod vel ex eo manifestari, quod jurejurando se omnes obstrinxerint, ut victis Persis Thebas diruerent. » Adjiciunt et scelerum priorum fabulas, quibus omnes scenas repleverint, ut non præsenti tantum perfidia, verum et vetere infamia invisi forent.

III. In transitu hortatus Thessalos fuerat; beneficiorum que Philippi patris, maternæque suæ cum his ab Eacidarun gente necessitudinis admonuerat. Cupide hæc Thessalis audientibus, exemplo patris dux universæ gentis creatus erat, et vectigalia omnia reditusque suos ei tradiderant. Sed Athenienses, sicuti primi defecerant, ita primi pœni tere cœperunt, contemptum hostis in admirationem vertentes, pueritiamque Alexandri spretam antea, supra virtutem veterum ducum extollentes. Missis itaque legatis, bellum deprecantur: quibus auditis et graviter increpatis, Alexander bellum remisit. Inde Thebas exercitum convertit, eadem indulgentia usurus, si parem pœnitentiam invenisset. Sed Thebani armis, non precibus [ nec deprecatione) ( tantum, verum et deos genuerit. » Privata etiam regem

IV. Tunc Cleadas, unus ex captivis, data potestate dicendi : « Non a rege se defecisse, quem interfectum audierint, sed a regis heredibus : quidquid in eo sit admissum, credulitatis, non perfidiæ culpam esse; cujus tamen jam magna se supplicia pependisse, deleta juventute : nunc senum feminarumque, sicuti infirmum, ita innoxium restare vulgus, quod ipsum stupris contumeliisque ita vexatum esse, ut nihil amarius unquam sint passi. Nec tam pro civibus se, qui tam pauci remanserint, orare; sed pro innoxio patriæ solo, et pro urbe, quæ non viros

« PrécédentContinuer »