CULTURE INTELLECTUELLE. 109 Les citoyens d'Athènes discutaient du beau sur la place publique. Notre goût n'est pas encore formé à ce point; il s'en faut de beaucoup. Si l'éducation artistique des citoyens français était meilleure qu'elle ne l'est actuellement, on ne laisserait pas élever des monuments de tous genres dont la beauté des villes de France, et de Paris en particulier, a vraiment trop à souffrir. Inviter la jeunesse à s'occuper de l'art, c'est peutêtre conjurer une crise de laideur dont le pays du bon goût semble menacé. L'art est un enfant de cette faculté créatrice qu'on appelle l'imagination. C'est elle encore qui est mère de la poésie, de l'illusion et du rêve. L'homme qui n'est ni un artiste, ni un poète, ni un rêveur, n'en a pas moins une imagination parfois fort vive. Une raison droite et une ferme volonté n'étouffent pas l'imagination. Elles la règlent et la rendent bienfaisante. Une imagination mal réglée est une cause de trouble. Les malades imaginaires se rencontrent ailleurs que dans la comédie; ils sont trop nombreux pour qu'il soit utile d'insister sur les dangers d'une imagination qui n'est pas gouvernée et qui gouverne l'homme. Quand elle est tout à fait déréglée, la démence arrive. on, produit en nous des effets salutaires. e d'heureuses distractions. icien Lichtenberg raconte que souvent il n de nous ne font-ils pas de même ? enfantements imaginaires n'ont rien que que d'agréable aussi, et peut-être de r les œuvres réelles et positives que l'on re dans la suite. permettre de pren la raison toujours régler. CHAPITRE IX. ACTION DU MORAL SUR LE PHYSIQUE. Mens sana in corpore sano. J'ai conscience, en écrivant cette formule des anciens, de répéter ce que les éducateurs de tous ordres disent à l'envi, ce dont mes jeunes lecteurs ont eu les oreilles rebattues, au collège, au lycée, dans vingt cérémonies publiques. Il n'importe; la maxime est bonne et il fauts'y tenir. Elle résume, dans sa concision, ce que la sagesse dit à l'homme de désirer, de vouloir pour lui-même au cours de sa vie : avoir un esprit sain dans un corps sain. Ce n'est pas demander là deux choses distinctes; elles se tiennent étroitement au contraire. L'état de santé ou de maladie du corps influe beaucoup sur l'état de l'âme, et réciproquement. ne Le parfait équilibre moral n'existe que si l'on est physiquement bien équilibré. A l'inverse, on saurait compter sur une santé persistante avec un esprit inquiet et chagrin, avec une culture morale insuffisante. C'est nécessaire, parce que le développement des forces, la résistance à la fatigue, la souplesse, l'agilité ne s'obtiennent pas sans l'exercice, sans l'entraînement. Pour avoir tout cela, et il importe de l'avoir, il y a lieu de faire preuve d'une constante activité physique. Si on ne la trouve pas naturellement dans l'accomplissement de ses devoirs professionnels, on doit s'en faire une obligation d'hygiène, se livrer à la marche, toujours facile à exécuter et toujours bienfaisante, aux courses à cheval lorsqu'on en a le moyen, à la natation, aux jeux maintenant en honneur partout, qui font travailler les muscles et procurent d'utiles distractions. Je n'ai pas besoin de parler des soins de propreté qu'un homme ne peut négliger sans se ravaler au niveau des gens dépourvus de délicatesse et d'éducation, et, par surcroît, sans nuire à sa santé. Celle-ci exige plus encore que ces indispensables conditions. Aux soins de l'hygiène matérielle, elle veut qu'on ajoute ceux de l'hygiène morale, que l'esprit aide le corps à supporter les charges de la vie, à en combattre les maux, à en repousser les périls. Peut-on douter que ce soit possible? Peut-on douter que l'âme, c'est-à-dire l'ensemble LIVRE DE MES FILS. 8 |