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CHAPITRE PREMIER.

LA VOLONTÉ ET LE CARACTÈRE

Sache vouloir; fais ce que dois!

Ainsi peuvent se résumer les multiples préceptes à donner pour règles de la vie.

-Fais ton devoir! Sois en tout et toujours homme de devoir!

C'est là le commandement supérieur, la prescription morale qui dominera la conduite de l'homme. Mais pour s'y conformer, il ne faut pas seulement désirer le faire, il faut être capable de le faire, il faut avoir la volonté et la force; il faut être maître de soi. Et voilà l'important et le difficile.

Aussi est-ce à se rendre maître de soi, à se commander, à se gouverner, que doit s'appliquer, avant tout, le jeune homme qui va assumer les charges et les responsabilités de l'existence. Il lui faut prendre sur lui-même, sur son esprit comme sur son corps, sur les mouvements de son âme comme sur ses actions, un empire absolu.

Être maître de soi, c'est avoir la possibilité de devenir homme de bien; c'est aussi, dans une très large mesure, être maître de sa vie, être en état de faire son bonheur.

Comment assurer cette action constante sur soimême, qui paraît malaisée au début et que la pratique rend facile et presque machinale?

Comment résister aux impulsions irraisonnées, aux entraînements, aux tentations qui assiègent l'homme? Comment triompher de cette tendance à l'inaction de l'esprit, de ce laisser-aller aux penchants naturels auxquels il paraît si doux et si bon de s'abandonner, quand on n'en calcule pas les conséquences?

C'est par l'apprentissage et par l'exercice de la volonté qu'on y parvient.

L'empereur Auguste, devant ses favoris qui le trahissent et veulent l'assassiner, fait violence à son ressentiment, à sa colère, à son désir de vengeance; il réussit à les dominer pour laisser parler la raison et le cœur. La lutte en lui a été rude; il proclame le succès remporté, et, souverain du monde, il affirme la maîtrise qu'il prend sur lui-même, en s'écriant:

Je suis maître de moi comme de l'univers;
Je le suis; je veux l'être! . . . . .

L'homme faible, passif, sans volonté, sans empire sur lui-même, ne connaît pas les combats intimes. de ce genre. Il se laisse glisser sans résistance sur la pente où l'entraînent les mouvements les plus fugitifs et les moins raisonnés de l'âme.

La situation que Corneille a décrite se produit

pas

le jouet, inconscient de leurs passions. Beaucoup ont à soutenir ainsi une lutte pénible, dans laquelle ils ne triomphent pas toujours.

L'homme de volonté ferme, habitué à se commander, obtient une victoire prompte et facile. Avec le temps, avec l'heureuse habitude prise, il assure en lui, sans conteste, l'empire de la raison et de la

sagesse.

Sénèque a dit : « Si tu veux dominer le monde, laisse-toi dominer par la raison.» Ce que l'on peut traduire, pour le Français du vingtième siècle :

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Tu ne seras digne de diriger les autres hommes que si tu es pleinement maître de toi, si la raison dicte tes actes.

La première condition pour s'élever est donc cellelà même qui permet d'être un homme de bien et un homme heureux.

Cela ne mérite-t-il pas qu'on fasse effort pour la réaliser, qu'on sacrifie, dans sa jeunesse, bien des jouissances d'ordre inférieur pour arriver à la maîtrise de soi, c'est-à-dire pour parvenir à se plier, par la volonté, à l'action de la raison ?

Les philosophes ont classé la Volonté parmi les facultés maîtresses de l'homme. Elle n'a d'autres rivales en importance que l'Intelligence, qui gouverne les

idées, le devoir, le jugement, et la Sensibilité qui préside aux sensations, aux sentiments, aux appétits.

Le bon sens est d'accord avec la philosophie pour mettre la volonté au tout premier plan des facultés humaines, des qualités de l'homme digne de ce nom.

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Une volonté énergique, soutenue, peut tout dans le domaine moral; elle peut beaucoup dans le domaine des choses matérielles.

L'homme de volonté est seul vraiment libre; il est maître de ses jugements et de ses actions; il guide ses pensées, ses sentiments, son imagination même, et soumet tout en lui à l'autorité de la raison. Il se conduit suivant les prescriptions de celle-ci et suivant les ordres de sa conscience; il est apte à se diriger en conformité des règles de vie que la sagesse lui a fait adopter.

Par une volonté ferme, on vient à bout des passions dans ce qu'elles ont de mauvais, d'excessif ou de dangereux, ne laissant prise sur soi qu'aux passions généreuses et nobles; on écarte résolument le caprice, ce fol enfant de la faiblesse, on n'écoute le sentiment que s'il ne prescrit rien de contraire au devoir. Il faut une volonté de fer pour être homme de bien, pour être vraiment vertueux. Mais avec une telle volonté, chacun peut prétendre à cette perfection quels que soient ses défauts, quels que soient son tempérament, ses tendances, ses goûts.

pour nous puisqu'ils constituent comme la trame de l'existence, il est bon que nous n'ayons pas constamment à délibérer sur l'utilité de faire ou de ne pas faire, que nous ayons des règles fixes et qu'il suffise d'un simple acte de la volonté toujours en éveil pour dicter notre détermination.

Vous savez ce que vaut la sobriété et vous avez pris pour règle de ne faire jamais d'excès de table; vous croyez, par exemple, qu'il est mauvais de prendre de l'alcool ou fumer du tabac. Les excitations et les tentations, à l'encontre des résolutions que vous aurez prises, seront nombreuses et fréquentes. Il faut que votre volonté les écarte résolument. L'exercice journalier qu'elle fera en ces petites choses la préparera à agir efficacement quand de plus importantes seront en jeu.

Dans le domaine encore des actions secondaires, il est des tendances trop naturelles que la volonté

doit combattre.

Je vous suppose homme d'étude, homme de bureau, astreint à un travail assidu. Vous savez combien l'exercice physique est nécessaire à la santé, au bon équilibre de votre corps. Mais après une journée fatigante, où votre esprit a été sans cesse occupé, surmené peut-être, vous avez soif de repos, Vous êtes incité à rester tranquillement chez vous ou à vous

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