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reux, de s'accoutumer, dès le jeune âge, à la bonté, d'acquérir tout ce qu'il est possible de cette vertu, si la nature ne s'en est pas montrée prodigue à notre endroit.

Il n'est pas moins naturel et nécessaire d'être fraternel, d'aimer les hommes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Tu aimeras et tu tiendras pour frères tous les membres de la famille humaine. Tu les aimeras tous. Contre aucun d'eux, contre aucune race tu ne nourriras de haine ni de prévention injustifiée.

Mais si la maxime de l'Évangile voulait dire que tu les aimeras tous indifféremment, que tu auras une égale affection pour les hommes qui t'entourent et pour les indigènes du Kamtchatka et de la Patagonie, par exemple, que tu ne connais pas et ne verras vraisemblablement jamais; si tu avais à l'égard des uns et des autres les mêmes devoirs, cela ne t'engagerait vraiment pas à grand'chose. La vérité n'est heureusement pas là.

Il y a un devoir général de fraternité pour les humains qui fait que nous devons secourir tout homme, fût-il un étranger et un inconnu, qui se trouve dans le péril ou dans le besoin. Aux hommes

unis à nous par la communauté de race, à ceux qui vivent autour de nous, que nous voyons et que nous connaissons, nous devons plus et mieux : nous leur devons une affection profonde et constante, une aide morale et matérielle aussi efficace que possible.

C'est pour eux que le beau mot de fraternité a sa pleine signification. Les hommes de notre pays, dont les ancêtres sont nos ancêtres, dont le sort futur est notre sort, sont liés à nous de telle manière que le devoir aussi bien que l'intérêt nous commandent de les aimer et de les aider.

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Aimez-vous, aidez-vous, soyez fraternels, jeunes Français, qui aurez demain la responsabilité des destinées de la Patrie. Vous en avez grand besoin. Au milieu des agitations et des conflits qui menacent le monde, dans la rapide croissance des nations jeunes ou rajeunies et géantes déjà, ce ne sera pas trop de votre intime union pour résister à tous les périls.

Il ne faut pas que la race vigoureuse à laquelle vous appartenez s'épuise et s'anémie, rongée par des divisions, des malentendus, d'inexcusables haines qui nuiraient à son énergie vitale. Vous ne voudrez pas que, par votre faute, d'autres peuples la compriment et l'étouffent, ou que, sans force, elle soit déracinée, foulée et broyée, dans quelqu'une des

nité de Français à Français; pratiquez-la dans toutes les conditions, du sommet à la base de notre mobile hiérarchie sociale.

Persuadez-vous que vous êtes solidaires, que l'injuste et imméritée souffrance des uns, tôt ou tard rejaillit sur les autres et sur le corps social entier.

Les devoirs de la vie privée que la solidarité, la fraternité imposent, sont, entre tous, faciles et doux. Il est plus aisé et meilleur d'aimer que de haïr.

Pour ceux qui bénéficient des avantages que procurent l'intelligence, l'instruction et l'éducation; pour ceux qui ont la richesse en partage, n'est-il pas naturel et ne doit-il pas être agréable d'aller à ceux qui ne jouissent pas des mêmes biens ? Les hommes envers qui la vie est rude ressentent bien autrement que d'autres les témoignages de bienveillance et de sympathie, etsavent, en général, les payer au centuple.

Les bonnes actions sont très souvent des placements heureux. Mais qu'elles doivent ou non rapporter, ne manquez pas d'en faire beaucoup. Vous avez, pour cela, un fonds qui ne peut s'épuiser.

Est-il nécessaire d'ajouter d'autres conseils, que la pratique de la fraternité comporte, à ceux, déjà trop nombreux peut-être, qui viennent d'être donnés?

Dire que l'amitié, cette forme intime de la fraternité entre les hommes, doit être recherchée; qu'il faut savoir choisir ses amis avec discernement, mais, le choix fait, se donner à eux de tout son cœur, leur être dévoué et fidèle à jamais; dire cela, c'est répéter ce que les philosophes, les moralistes, les poètes ont écrit partout et toujours, dans tous les temps et sous toutes les latitudes.

Le culte de l'amitié est le seul peut-être qui ne connaisse pas les détracteurs; il est pratiqué par toutes

les âmes sensibles et bonnes. La Fontaine s'est fait leur écho, l'écho de la voix universelle, en s'écriant, dans un vers qu'on épelle enfant pour le répéter jusqu'au seuil du tombeau :

Qu'un ami véritable est une douce chose!

Amitié, fidélité, dévouement, ce sont mots qui fièrement résonnent aux oreilles de la Jeunesse.

Si elle cessait de les entendre, c'est que le ciel et la terre seraient déserts; c'est que la vie, devenue froide et mauvaise, aurait perdu sa raison d'être et son prix.

CHAPITRE VII.

LA LIBERTÉ ET LA TOLÉRANCE.

L'homme a droit à la liberté, comme il a droit à la justice.

C'est ce que l'Assemblée nationale de 1789 a appelé ses droits naturels et imprescriptibles.

A y regarder de près, on voit qu'il existe plusieurs natures de liberté, et on en distingue trois, dont les frontières ne sont pas toujours d'ailleurs très nettement tracées ce sont la liberté morale, la liberté civile, la liberté politique.

La liberté morale est la liberté que nous avons de penser, de nous déterminer et d'agir, en tant que l'action est du domaine privé, intime en quelque sorte, qu'elle relève de nous seuls et nullement de la loi.

La liberté que l'homme tient de celle-ci, dans ses relations avec les autres hommes et en dehors de sa qualité de citoyen d'une République ou de sujet d'une monarchie, est la liberté civile.

Elle est très voisine de la liberté politique avec laquelle elle s'enchevêtre même en bien des points. Dire que l'une dépend des lois civiles, l'autre des lois politiques, ce n'est pas établir la démarcation de façon.

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