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ESS

ENCYCLOPEDIE
METHODIQUE,

OU

PAR ORDRE DE MATIÈRES; PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES, DE SAVANS ET D'ARTISTES;

Précédée d'un Vocabulaire universel, fervant de Table pour tout l'Ouvrage, ornée des Portraits de MM. DIDEROT & D'ALEMBERT, premiers Éditeurs de l'Encyclopédie.

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Chez PANCKOUCKE, Libraire, hôtel de Thou , rue des Poitevins.

M. DCC. XCI.

L-L

PAR

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1

PARESSE, f. f. nonchalance qui empêche | la liberté, état où l'ame est en quelque manière

l'homme de travailler, de vaquer à ses affaires, & rendue paffive; de-là le nom de paffions.
de remplir ses devoirs.

L'inclination ou certaine disposition de l'ame,

Un poëte anglois a peint cette reine du monde naît de l'opinion où nous sommes qu'un grand bien comme une indolente divinité :

A careless deity

No probleme puzzle his lethargick brain :
But dull oblivion guards his peaceful bed,
And lazy fogs bedew his gracious head.
Thus at full length, the pamper'd monarch lay,
Fattning in cafe, and slumb'ring life away.

De tous nos défauts, celui dont nous tombons le p'us aisément d'accord, c'est la paresse; parce que nous nous perfuadons qu'elle tient à toutes les vertus paisibles; & que, fans détruire les autres, elle en suspend seulement les fonctions. De-là vient qu'elle regne souverainement dans ce qu'on appelle le beau monde; & fi quelquefois on trouble son empire, c'est plutôt pour chasser l'ennui, que par goût pour l'occupation.

L'esprit contracte aussi facilement l'habitude de la paresse que le corps. Un homme qui ne va jamais qu'en voiture, est bientôt hors d'état de se fervir de ses jambes. Comme il faut lui donner la main pour qu'il marche, de même il faut aider l'autre à penser, & même l'y forcer ; fans cela, l'homme craignant l'application, foupire vainement après la science qui est pour lui une plante fucculente, mais dont il n'a pas le courage d'exprimer le fuc. L'esprit ne devient actif que par l'exercice; s'il s'y porte avec ardeur, il trouve chez lui des forces & des ressources, qu'il ne connoiffoit pas auparavant.

Au furplus la paresse de l'esprit & du corps, est un vice que les hommes furmontent bien quelquefois, mais qu'ils n'étouffent jamais. Peut-être eitce un bonheur pour la société que ce vice ne puisse pas être déraciné. Bien des gens croyent que lui seul a empêché plus de mauvaises actions, que toutes les vertus réunies ensemble. (Anc. Encyclop).

PASSIONS, f. f. pl. Les penchans, les inclinations, les désirs & les aversions, pouffés à un certain degré de vivacité, joints à une sensation confuse de plaisir ou de douleur, occasionnés ou accompagnés de quelque mouvement irrégulier du fang & des esprits animaux, c'est ce que nous nommons paffions. Elles vont jusqu'à ôter tout usage de

ou un grand mal eft renfermé dans un objet qui par cela même excite la paffion. Quand donc cette inclination est mise en jeu (& elle y est mife par tout ce qui est pour nous plaifir ou peine), auffi-tôt l'ame, comme frappée immédiatement par le bien ou par le mal, ne modérant point l'opinion où elle eft que c'est pour elle une chose très-importante, la croit par-là même digne de toute fon attention; elle se tourne entièrement de son côté, elle s'y fixe, elle y attache tous ses sens, & dirige toutes ses facultés à la considérer ; oubliant dans cette contemplation, dans ce desir ou dans cette crainte presque tous les autres objets : alors elle est dans le cas d'un homme accablé d'une maladie aiguë; il n'a pas la liberté de penser à autre chose qu'à ce qui a du rapport à fon mal. C'est encore ainsi que les paffions font les maladies de l'ame.

Logique, Métaphysique Encyclopédie, & Morale.

Toutes nos sensations, nos imaginations, même les idées intellectuelles, font accompagnées de plaifir ou de peine, de sentimens agréables ou douloureux, & ces fentimens font indépendans de notre volonté; car fi ces deux fources de bien & de mal pouvoient s'ouvrir & fe fermer à son gré, elle détourneroit la douleur, & n'admettroit que le plaifir. Tout ce qui produit en nous ce sentiment agréable, tout ce qui eft propre à nous donner du plaifir, à l'entretenir, à l'accroître, à écarter ou à adoucir la peine ou la douleur, nous le nommons bien. Tout ce qui excite un sentiment opposé, tout ce qui produit un effet contraire, nous l'appellons mal.

Le plaifir & la peine font donc les pivots sur lesquels roulent toutes nos affections, connues fous le nom d'inclinations & de paffions, qui ne font que les différens degrés des modifications de notre ame. Ces fentimens font donc liés intimement aux

passions; ils en font les principes, & ils naiffent eux-mêmes de diverses sources que l'on peut réduire à ces quatre.

1°. Les plaisirs & les peines des sens. Cette douceur ou cette amertume jointe à la sensation, fans qu'on en connoisse la cause, fans qu'on fache comment les objets excitent ce sentiment, qui s'éleve avant que l'on ait prévu le bien ou le mal que la présence & l'usage de cet objet peuvent procurer; ce que l'on en peut dire, c'est que la bonté divine a attaché un sentiment agréable à l'exercice moTome 17.

A

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