Images de page
PDF
ePub

par le roi de France Pepin le Bref, elle fut comprise dans la donation que ce prince fit à S. Pierre de Ravenne, de l'exarchat & de la pentapole, & resta sous la domination des papes, jusqu'aux derniers rois d'Italie, issus par les femmes du sang de Charlemagne, lesquels s'emparerent de la plus grande pattie de ce que cet empereur & le roi Pepin, fon pere, avoient donné à l'église romaine. Rimini passa sous la domination des premiers empereurs allemands, rois d'Italie; & vers 1002, Otton III en fit vicaire ou gouverneur un Malatesta. On trouve peu de chose de ses descendans jusqu'en 1348, qu'un autre Malatesta fut élu seigneur d'Arlione. Celui-ci laissa trois fils Massin, Pandolfe & Galeotte. Le dernier s'étant fait donner par le pape Clément VI l'investiture de Rimini, retournée depuis du rems sous la domination de l'Eglife, y joignit les seigneuries de, Jesi, de Cesène & de Cervia. Ses descendans se maintintent dans la seigneurie de Rimini, comme vicaire de l'Eglife, jusqu'à Pandolfe, fils naturel de Robert, que Céfar Borgia, fils du pape Alexandre VI, en chassa. Ce pape étant mort, Pandolfe rentra dans Rimini; mais, mal voulu des habitans, il vendit la ville aux Vénitiens, qui, battus par les troupes de Louis XII, roi de France, la rendirent à l'Eglife. Pandolfe & fon fils Sigismond y rentrerent en 1522, & n'y resterent que jusqu'à l'arrivée du pape Adrien VI en Italie. Ils l'abandonnerent alors en 1527, Clément VII étant affiégé par les troupes de Charle Quint, dans le château Saint-Ange, Pandolfe se remit encore en poffeflion de Rimini; mais il fallut qu'il en fortît, lorsque ce pape eut recouvré la liberté. Pandolfe alors alla se réfugier & mourir à Ferrare.

Aujourd'hui cette ville est petite, plus longue que large, & peu riche, quoique le pays soit gras & bien cultivé. Sigismond Pandolfe Malateste l'avoit autrefois fortifiée, mais elle n'a présentement qu'une muraille en affez mauvais ordre. Pandolfe Malateste acheva de détruire le port qui pasfoit pour un des plus beaux de l'Italie ; & des piéces de marbre qu'il en enleva, il fit bâtir l'église de saint François, qui feroit très-belle si elle étoit achevée. Il y a dans la ville quelques palais magnifiques, presque tous bâtis par les Malatestes. La grande place est assez belle, & peut être divisée en deux parties. Dans la premiere est le grand palais des Malatestes. Le château est un peu à côté, flanqué de quatre petites tours, & muni de quelques piéces d'artillerie. On appelle l'autre partie le marché de la fontaine, à cause d'une fontaine que l'empereur Antonin y fit faire. L'hôtel-de-ville y est, avec une horloge très-curieuse. Les maisons, qui font autour de cette place, sont soutenues de portiques, & habitées par des marchands. L'église cathédrale est dédiée à sainte Colombe; mais elle est moins belle que les églises des augustins, des dominicains & des jésuites, dont la premiere est considérable par ses deux grands cloîtres, & la seconde par ses chapelles enrichies de peintures. Au milieu du marché on remarque une maniere de piedestal de marbre, auquel on donne le nom de tribune: Suggestum. Une inscription dit, que durant la guerre civile, Céfar, après avoir passé le Rubicon, harangua ses soldats de dessus cette tribune: mais cette prétendue ribune n'est qu'un piedestal de colonne un peu plus haut que de coutume, & sur lequel il peut à peine tenir un seul homme. L'inscription est l'ouvrage de quelque faussaire des fiécles d'ignorance, & ce prétendu monument ne mérite aucune attention. * Leandro Alberti, Italia, fol. 298. Misson, Voy. d'Italie, t. 1, p. 298.

La ville de Rimini a eu plusieurs hommes illustres & favans, entre lesquels on remarque Grégoire l'Hermite, & les freres Pierre & Jacques Leoni, habiles dans les langues grecque & latine.

Cette ville est très-célébre par le fameux concile qui s'y tint en 359, & par la décision duquel l'univers fut étonné d'être Arien.

RIMMAGEN ou RIMAGEN, petite ville d'Allemagne, dans le duché de Juliers, sur le bord du Rhin, au-dessous de Sinzig. On voit auprès de cette ville diverses antiquités romaines, comme portes, colonnes & autres. Les habitans y trouvent aussi souvent d'anciennes monnoies d'or & d'argent; ce qui joint à la ressemblance du nom, fait regarder cette ville comme le Rigomagum des anciens. Voyez RIGODULUM, Rimmagen fut brulée par les Suédois en 1633.* Zeyler, Top. Westphal. p. 59.

RIMOCASTRI, village de la Beotie. Wehler, dans

1

son Voyage de Grece, dit, tom. 2, 1.3: RIMOCASTRI eft situé sur la croupe d'une montagne, qui découvre une grande plaine au fud, & a une vue fans bornes vers la Morée, entre Hélicon & Githæron. Il est partagé en trois petits groupes de maisons, deux fur la montagne, & un au-dessous, qui peuvent faire en tout environ cent cabanes de Grecs & d'Albanois, tous chrétiens, excepté un sous-bacha qui les gouverne, & qui est Turc. La partie du village, qui est sur la pointe de la croupe, paroît avoir été autrefois fortifiée d'un foffé du côté du nord, le précipice de la montagne la défendant de l'autre côté, quoique sans néceflité à présent, la pauvreté des habitans les mettant à couvert de toute entreprise. Le vin est ici le meilleur, & le plus fort de toute la Grece. Il y a au pied de cette même montagne plusieurs grandes ruines, que quelquesuns croyent être celles de l'ancienne Thespia, & que d'autres prennent pour celles de la ville de Thisba.

RIMPAR OU REINPAR, bourg d'Allemagne, dans l'archevêché de Wartsbourg.

RINCOURT, prieuré de France, dans le diocèse de Beauvais: son revenu est de mille livres.

RINGELHEIN, abbaye de religieuses bénédictines en Allemagne dans la balle Saxe, au diocèse d'Hildesheim. RINGELSBERG, seigneurie d'Allemagne, dans la Franconie. Zeyler, Topogr. Francon. dit qu'elle appartient à l'évêché de Wurtzbourg.

RINGEN, château de la Livonie, à fix milles de Derpt, sur le chemin de cette ville à Riga. Zeyler, Topogr. Livoniæ, p. 27.

1. RINGSTED, bailliage du Danemarck, dans l'ifle de Selande. Il est dans les terres, & occupe presque le milieu de lifle. Il est borné à l'orient par les bailliages de Ramfoherit, de Biefurskowherrit & de Faxeherrit; au midi par le bailliage d'Hammesherrit; à l'occident par les bailliages Tybiersgsherrit & Særbirckherrit ; & au nord par le bailliage de Wolburgsherrit. * Hermannid. Descr. Daniæ, p. 670.

2. RINGSTED ou RINGSTAD, ville du Danemarck', dans l'isle de Selande, au bailliage de même nom, dont elle est le chef lieu. C'étoit autrefois une ville célébre, où l'on voyoit une église dédiée à S. Canut, avec un monastè. re, & où plusieurs rois de Danemarck ont eu leur fépulture, entre autres Waldemar 1 & Eric le Pieux, dont le premier mourut en 1182, & le second en 1319, comme le portent leurs épiraphes.

RINGCOPING ou RINGKIOBING, ville du royaume de Danemarck, au Nord-Jutland, dans le diocèse de Rypen. Elle est située sur la côte occidentale du Jutland, qui dans cet endroit est couverte par plusieurs ifles.

RINGUS, ville de la Pannonie, selon Lazius, qui cite Eginhart; sur quoi Ortelias dit qu'on la noimme présentement Cuzzing.

RINS OU S. VINCENT DE RINS, lieu de France, dans le Beaujolois, diocèse de Lyon, élection de Ville-Franche. RINSIAVÆ, ville de Germanie, le long du Danube, selon Ptolomée, 1. 2, c. 11. Il la place entre Ara Flavia & Alcimoemis.

RINSWOU, maison noble des Pays-Bas, dans la province d'Utrecht, sur les confins du Veluwe, à trois petites lieues de Rhenen. * Dict. géogr. des Pays-Bas.

RINTLEN, ville d'Allemagne, dans le comté de Schawenbourg, entre Hammeln & Minden, sur le bord du Wefer. Hernest, prince de Holstein, & comte de Schawenbourg, établit une université en cette ville en 1612, & l'empereur Ferdinand II lui accorda de beaux priviléges. En 1633 cetre ville fut prise par les Suédois. * Zeyler, Top. Westphal. RINVAL. Voyez RANGEVAL.

RINUCI. Voyez SUNICI.

1. RIO, nom que quelques-uns donnent au cap de la Morée, autrefois appellé RHIUM. Voyez ce mot. Ce cap est au nord de la ville de Patras; & fur sa pointe est un château, qui, du côté du sud, commande l'entrée du détroit de Lépante. On le nomme quelquefois Cap de Patras, & d'autrefois Caftello di Lepanto.

2. RIO, mot italien & espagnol, qui signifie riviere. Voyez RIVIERE.

3. RIO ALVAREDO, petite riviere du royaume de Quoja, dans la Nigritie en Afrique. Elle est au fud-est du cap de Mesurado, & tombe dans la mer, à quinze lieues au-delà de ce cap, à sd de latitude méridionale.

4. RIQ-AQUUDO OU RIO-MENOCH, riviere du royaume de Quoja, dans la Nigritie, en Afrique. Grande, large, profonde, elle n'est pas navigable, parce que son embouchure est occupée par un banc de fable, & fon cours interrompu par des écueils & des chutes d'eau. Sa fource est au pays de Hundos. Elle se jette dans la mer entre les caps Cabo-Monte & de Mesurado, à huit ou neuf lieues du premier. Les arbres qui bordent ses rives, nous donnent le bois rouge. * Dapper, Descr. d'Afriq. p. 253.

5. RIO-AZUL. Voyez RIO-COLORADO. 6. RIO-BAMBA, ville de l'Amérique méridionale, de l'audiance de Quito, au Pérou. Elle est à la source d'une petite riviere, au sud de Quito, dans le pays des Purvaes. * De l'Ifle, Atlas.

7. RIO-BIANCO ou RIVIERE-BLANCHE, riviere du Bidulgérid, en Afrique. Elle fort des montagnes près de la Lybie, & se jette dans l'océan par plusieurs embouchures, après avoir traversé la plus grande partie du Bidulgérid. * Dapper, Descr. d'Afr. p. 204.

8. RIO-BLANCO on RIVIERE-BLANCHE. Riviere de l'Amérique méridionale. Elle a deux sources dans la Guiane, l'une appellée Parina & l'autre Tucutu. Elle court vers le sud, en se courbant un peu à l'oueft; passe sous la ligne, & tombe dans le Rio-Negro, au-dessus du fort des Portugais. * M. de la Condamine, Carte du cours de l'Ama

[blocks in formation]

10. RIO-CHIARO, riviere d'Italie, dans le patrimoine de S. Pierre, qu'elle sépare du territoire d'Orviete. Son cours eft presque de l'ouest à l'est. Elle tombe dans le Tibre un peu au-dessus de Grasianno. * Magini, Carte du patrim. de S. Pierre.

11. RIO-COLORADO OU RIO-DEL-NORTE, riviere de l'Amérique septentrionale, laquelle sépare le nouveau Mexique de la nouvelle Navarre & de la Californie. Son cours eft à peu près du nord oriental au sud occidental. Elle tombe au fond de la mer Vermeille ou de la Californie, après avoir, un peu au-dessus de son embouchure, reçu à la gauche la RIVIERE-BLEUE, que les Espagnols appellent Rio-AZUL. * De l'Isle, Atlas.

12. RIO-DAS-PALMAS, riviere de Guinée en Afrique, dans le pays appellé la côte de Malaguette. Cette riviere qu'on nomme aussi Selbole, est à 8d de latitude septentrionale. Un peu avant son embouchure, elle se partage en deux bras, dont l'un court vers l'oueft & l'autre vers le sud. Le premier s'appelle Torro & l'autre Rio de Santa Anna. Le pays de Bolm est situé autour de cette riviere. * Dapper, Descr. de l'Afrique, p. 251.

13. RIO-DAS-PIEDRAS, grand fleuve d'Afrique, dans la Guinée. Il est le même que la riviere de Seherbre, appellée aussi Madrebombe. Son nom Das-Piedras vient de la quantité de pierres & de rochers qui font dans son lit. Ce fleuve, le premier que l'on trouve après avoir dou. blé le cap de Bonne - Espérance, se sépare en plusieurs bras, & forme diverses ifles, entre autres celle de Cagafian on Cagacais, où les Portugais ont un fort. * Dapper, Des. de l'Afriq. p. 247.

14. RIO-DA-VOLTA. Voyez VOLTA. 15. RIO DE-AGUAS, riviere d'Espagne en Aragon. Elle passe à Belchitte, & tombe dans l'Ebre, vis-à-vis Velilla. * Délices de l'Espagne, p. 634.

16. RIO-DE-BENIN. Voyez BENIN. 17. RIO-DE-DOS-BOCAS, riviere de l'Amérique meridionale, laquelle est appellée dans les anciennes cartes riviere du Para. Elle est formée par la jonction des rivieres de Pacejas & de Guanapa, qui viennent du sud. A fon embouchure, elle fait conjointement avec les rivieres des Tocantins & de Tagipuru l'isle de Joanès. Cette embouchure a plus de deux lieues de large.

18. RIO-DE-JANEIRO. Voyez JANEIRO. 19. RIO-DE-JUNCKO, riviere d'Afrique, dans la Guinée; son embouchure, distante de Cabo-Mesurado de douze ou quinze lieues, est à sd so' de latitude nord, & à 9d 10' de longitude. Son lit, qui n'a que huit pieds de profondeur, est entrecoupé de bancs de sable, ce qui rend sa navigation dangereuse aux chaloupes. On reconnoît fon embouchure, laquelle est d'environ cinq cents pas, à trois grands arbres qui s'élevent au-deflus, & à trois grandes montagnes, qui paroiffent vis à-vis ces arbres; mais qui font fort avant dans les terres. Le terrein du côté de

l'est est couvert d'épines & de buiffons, & bien plus élevé que celui du côté de l'ouest, * Corneille, Diction.

20. RIO-DE-LA-GARTOS OU DE-LAGARTOs, riviere de l'Yucatan, dans l'Amérique septentrionale; fon embouchure est entre le cap Catoche & le cap de Condécéno, presqu'à égale distance de l'un & de l'autre. On la reconnoît à deux petits bois de mangles fort hauts, qui font de chaque côté. Cette riviere eft petite, mais affez profonde pour les canots. L'eau en est bonne; & c'est peutêtre la seule eau douce qui se trouve sur cette côte, depuis le cap Catoche, jusqu'à trois ou quatre lieues de la ville de Campèche. Les pêcheurs indiens, sujets du roi d'Espagne, font une grande pêche un peu à l'est de cette riviere. Ils ont sur la côte des pieux pour y pendre leurs filets & des perches pour y faire fécher leur poisson. Ils vont en mer jusqu'à trois ou quatre lieues, pour pêcher à la ligne des snapers & des gropers. Depuis que les vaisseaux des bou caniers, & ceux qui vont charger du bois de campêche, ont pris cette route, ces pêcheurs sont devenus très-timides, parce que ces vaisseaux en ont souvent enlevés. Ils ne découvrent pas plutôt un vaisseau en mer, qu'ils enfoncent à fleur d'eau leurs canots, qui, quand ils font pleins d'eau, ne vont pas plus bas. Ils s'enfoncent eux-mêmes dans leurs canots, & ne laissent que la tête à l'air, jusqu'à ce que le vaisseau soir paffé, ou que la nuit soit venue. Ils prennent auprès du rivage avec leurs filets, des snoucks, des chiens marins & des turporns. On trouve une grande quantité de ces derniers, depuis le cap Catoehe jusqu'à Trist, mais dans les endroits seulement où l'eau eft claire & le fond sablonneux.* Dampierre, Divers voyages, p. 19.

21. RIO DE-LA-GRACE, petite riviere d'Afrique, au pays des Jalofes, à trois lieues de Junala, & dans le voisinage de Punto-Sereno. Elle sépare les royaumes d'Ale & de Juala. Au-devant de fon embouchure est un banc, dont le sable paroît sec quand les eaux sont plus balles que ce banc. Alors il fort de ce sable de l'eau fraiche, aufli douce que celle d'une fontaine. * Dapper, Descr. du pays des Jalofes, p. 231.

22. I. RIO-DE-LA-HACHA, riviere de l'Amérique méridionale, au nouveau royaume de Grenade, dans le gouvernement auquel elle donne son nom. Eile court en ferpentant du fud oriental au nord occidental, & se jette dans la mer du nord au fond d'une grande baye. * De l'Isle, Atlas.

23.II. RIO-DE-LA-HACHA, gouvernement de l'Amérique méridionale, dans le nouveau royaume de Grenade. Au nord il est borné par la mer du nord; à l'est par un grand golfe qui se sépare du gouvernement de Venezuela; au fud par l'audiance de Santa-Fè; à l'ouest par le gouvernement de Sainte - Marthe. Cette province est fertile en toutes fortes de fruits d'Espagne. Il y a des veines d'or & de fort bonnes salines. On y trouve diverses bêtes féroces, furtout des tigres & des ours, & les rivieres sont pleines de crocodiles.

24. III. RIO-DE-LA-HACHA, ville capitale du gouvernement de même nom, & fituée sur la riviere aussi de même nom, desquels il est parlé dans les deux articles précédens. Les Espagnols l'avoient nommée d'abord Nuestra Senora de las Nievas, ensuite Nuestra Senora de los remedios. Elle est sur une colline à mille pas de la mer du nord, & n'a guères que cent maisons. Elle étoit autrefois très-riche, à cause des perles qu'on y trouvoit en abondance; mais cette pêche à présent produit très-peu. Les sauvages, qui s'en occupent, demeurent à fix lieues à l'est de la ville, dans une bourgade appellée la Rancherie. A cinq lieues suivant la côte & à quatre du rivage, est une autre bourgade, nommée Yapia. Les Espagnols y ont quelques censes. * De Laet, Descr. des Indes occident. 1. 8,

C. 12.

25. RIO-DE-LAS-BORRERAS-ROXAS, c'est-à-dire, Rivieres des Sables rouges, riviere de la basse Ethiopie en Afrique. Son embouchure forme trois petites ifles, & le golfe nommé Baja de las Almadas, c'est-à-dire, la Baie des Canots, parce que c'est là qu'on en conftruit, & que le port est bon pour tous les petits bâtimens. * Dapper, Desc. de la basse Ethiopie, p. 343.

26. RIO-DEL-NORTE. Voyez au mot RIVIERE, l'article RIVIERE DU NORD,

27. RIO-DEL-ORO, riviere sur la côte occidentale d'Afrique, entre le cap Blanc & Bajador. Les Portugais l'ont ainsi nommée, parce que ce fut près de cette riviere qu'en 1442, Gonçales & ses compagnons reçurent des Maures un présent en poudre d'or, dont ils n'avoient point encore vu. Cette riviere coule enyiron fix lieues dans les terres. * Hift. des voyages, τ. Ι.

28. RIO-DE-LAS-ILHEOS. Voyez ILHEOS. 29. RIO-DE-LOS-PERDIDOS, c'est-à-dire, Riviere des Perdus, ainsi nommée, parce qu'un bâtiment espagnol y fit naufrage, & que tout l'équipage y périr. Elle est sur la côte de la Floride, entre Pensacola & l'ifle Dauphine, presque à moitié chemin de l'un à l'autre. * Le pere Charlevoix, Journal.

30. RIO-DE-OSTROS, riviere d'Afrique au pays des Jalafes, ainsi nommée par les Portugais, parce qu'on y pêche beaucoup d'huitres. * Dapper, Desc. du pays des Jalofes, p. 331.

31. RIO ou RIVO-DEL-SOLE, anciennement Digentia, riviere d'Italie dans l'état de l'Eglife. Elle coule dans la Sabine, & se décharge dans le Teverone. Voyez DIGEN

ΤΙΑ.

32. RIO-DE-PLATA. Voyez PLATA.

33. RIO-DOCE, riviere de l'Amérique méridionale, dans le Bréfil. Sa source est avant dans les terres; & son cours est, en ferpentant, de l'ouest à l'est. Elle reçoit des deux côtés plusieurs rivieres; arrose la Capitainie de Spiritu fanto, qu'elle sépare de Porto-Seguro, & va se perdre dans la mer.

34. RIO-DOLCE, riviere de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Vera-Paz. Elle court du nord occidental au nord oriental, & tombe dans un petit golfe, qui communique avec celui de Honduras.

35. RIO-DOS-SAVENS ou RIO-DOS-SAVOLAS, c'est-à-dire, Riviere des Alofes; nom qui vient de l'abondante pêche, qui s'y fait de cette forte de poisson; riviere d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle fort du mont Gabel-el-Hadi, & se jette dans l'océan près d'Amama, après avoir baigné la province de Hea. * Dapper, Desc. du roy. de Maroc, p. 127.

36. RIOL-EL-REY, riviere d'Afrique au royaume de Benim. Elle est fort large, avec trois brasses de profondeur sur un fond bourbeux. De l'Isle, Atlas.

37. RIO-FORMOSO, riviere des Indes dans la presqu'ifle de Malacca. Elle coule au pied d'une montagne, & se jette dans le détroit de Malacca, à l'est de la ville de ce nom. Sa source est en avant dans les terres. Elle est profonde, & bordée de quantité de belles cannes, que les habitans de Malacca coupent pour en commercer. Il y en a d'assez grosses sans aucun nœud; & l'on s'en sert au lieu de bâtons. D'autres très-menues & très-souples ont environ dix huit palmes de long; fendues en deux, elles fervent à différens ouvrages. On les fend même affez fines pour en faire des cordes & du fil. Elle se plient comme l'on veut fans se rompre, & l'on peut aisément coudre avec. * Gemelli Careri, Voyage autour du monde, t. 3, p. 353.

38. RIO-FRAMO, lieu d'Italie en Piémont, près de la ville d'Asti, en latin Rivus Francorum. Son nom lui vient d'une victoire signalée, que Grimoald, roi des Lombards, remporta dans cet endroit sur les François. * Paul Diacre, Hift. Langobard. 1. 5, c. 5. Leandro Alberti, Ital. fol. 382.

39. RIO-FRIO. Voyez ALHAMA. 40. I. RIO-GRANDE, grande riviere de la côte occidentale d'Afrique. Elle court de l'est à l'ouest, jusqu'à l'isle de Bissagne, qu'elle forme; au-dessous de laquelle elle tourne au fud, & va tomber dans la mer entre l'isle de Bulam & le cap de Tambuly. Elle est navigable, du moins pour les petits bâtimens jusqu'à cent cinquante lieues de Ion embouchure. Ses bords font très-peuples, & couverts de gros arbres propres à construire des vaisseaux. * De l'Isle, Carte de la côte d'Afrique, corrigée sur les manuscrits du dépôt des cartes de la marine.

41. II. RIO-GRANDE, riviere de l'Amérique méridionale, au nouveau royaume de Grenade. La grandeur de fon canal lui a fait donner ce nom. On lui donne aussi ceux de RIO-DE-LA-MAGDALENA, parce que les Espagnols découvrirent son embouchure le jour de sainte Magdelène, & de RIO-DE-SANTA-MARIA, parce qu'elle descend le long de la province de ce nom, qu'elle sépare de celle de Carthagène. Ses sources sont dans le Popayan. Elle est formée de deux grandes rivieres, qui naissent fort loin l'une

de l'autre. L'une fort au-dessus de la ville de Popayan, dans une vallée qui s'étend du pied des Andes jusqu'au village de Cotura; & coule dans un petit canal à travers de vastes campagnes de la province de Cali. Elle reçoit bientôt divers ruiffeaux & torrens, qui coulent des montagnes, & qui la grossissent tellement, qu'au dessous de la ville de Cali, elle est une grande riviere: ensuite augmentée de plusieurs autres rivieres, elle passe près de Butira & de fanta-Fè-de-Antiochia, où les Indiens la nomment Cauca, & se joint à l'autre branche à neuf lieues au-dessous de la ville de Mopax. La source de cette autre branche est à l'est des Andes, au-dessus de la ville de Timana; de forte que ces deux branches séparées par une chaîne de ces hautes montagnes, sont éloignées d'environ quarante lieues l'une de l'autre. Rio-Grande traverse plusieurs provinces du nouveau royaume de Grenade, où les Sauvages lui donnent divers noms; & se décharge dans la mer du nord par deux ou trois embouchures. Les petites barques remontent cette riviere jusqu'à cent lieues dans les terres. Elles portent toutes les marchandises d'Europe, soit à force de rames, soit tirées avec des cordes. Ce transport, suivant la distance des lieux, dure quelquefois jusqu'à deux mois. A l'égard des marchandises du nouveau royaume de Grenade, que l'on conduit à la mer, il ne leur faut ordinairement que trois semaines pour descendre. * De Laet. Desc. des Ind. occident. 1. 8, c. 17.

42. III. RIO-GRANDE, riviere de l'Amérique méridionale au Brésil, nommée par les Sauvages Poteingi ou Potigi. L'entrée en est fort difficile; ensuite elle est belle & suffisamment profonde. Les François avoient coutume d'y aborder, après avoir quitté la riviere de Janvier. Alliés des sauvages Pétiguares, ils avoient bâti des maisons sur le bord de Rio-Grande. Le roi d'Espagne, ne les voulant point avoir fi voisins, chargea en 1597 le gouverneur de Paraiba de les en chasser. Ils s'y maintinrent cependant jusqu'en 1601 qu'ils se retirerent. Le cacique des Petiguares se rendit alors vassal du roi d'Espagne, & les Espagnols bâtirent sur le bord de la riviere un fort, où fut mis un nouveau capitaine, qui a le dixiéme rang parmi ceux du Bréfil.

43. IV. RIO GRANDE capitainie dans l'Amérique méridionale, au Brésil. On vient d'en voir l'origine dans l'article précédent Elle est bornée au nord par le pays des Patuguei, à l'est par la mer du nord, au sud par la capitainie de Tamaracas, à l'ouest par la nation des Tapuyes. Les Portugais y font en petit nombre. Soixante ou quatrevingts foldats composent la garnison du fort; & le village voisin n'a que très-peu d'habitans, avec un ou deux moulins à sucre; & quelques métairies, où l'on nourrit des brebis. On trouve peu d'Indiens dans ce canton, parce qu'on en a d'abord massacré une prodigieuse quantité, & que la plupart des autres, en haine des Portugais, se sont retirés chez les Tapuyes. * De l'Isle, Atlas. De Laet, Desc. des Ind. occid. 1. 16, c. 5.

44. V. RIO-GRANDE. Voyez au mot PUERTO Particle PUERTO-DE-SAN-PEDRO.

45. RIO-LONGO ou RIO-MORENO, riviere d'Afrique, au pays de Benguela. Son embouchure est à 11d 4' de latitude méridionale. Elle est à cinq lieues de la baye de Benguela-vieilla, & à 8 de Manikicongo. Elle a si peu de fond, qu'un esquif peut à peine y passer. Les Negres la remontent pourtant avec leurs gangales. Les Portugais ont tenté de pénétrer dans cette riviere: mais les écueils, les bancs de fable, & la force de la marée ont rendu leurs tentatives inutiles.

46. RIO MARTIN, riviere d'Espagne, au royaume d'Aragon. Sortie des montagnes de Segura, elle passe à Montalvan & à Hijar, & se jette dans l'Ebre, à l'ouest de Caspe. * Délic. de l'Espag. p. 634.

47. RIO-MENOCH. Voyez RIO-AQUADO. 48. RIO-MORENO. Voyez R1O-LONGO.

49. RIO-NEGRO ou RIVIERE - NOIRE, riviere de l'Amérique méridionale. Sa fource, la même que celle de l'Yupara & de l'Orinoque, est à l'est de Pasto dans la province de Macoa. L'on a dit ailleurs que la Caqueta se partage en trois branches, dont la seconde est Rio-Negro. De l'Isle fait courir Rio-Negro du nord au sud. Il vient de l'ouest; & court à l'est, en tirant un peu vers le sud. Il entre si parallelement dans l'Amazone, que sans la transparence de ses eaux, on le prendroit pour un bras séparé de ce fleuve par une ifle. Les Portugais ont, à 3d 9' de latitude,

!

tude, un fort sur le bord septentrional de Rio Negro. C'est, aux miffions près, leur premier établissement en descendant l'Amazone. Depuis plus d'un siécle qu'ils fréquentent Rio-Negro, ils y font un grand commerce d'esclaves. On avoit douté jusqu'à présent de sa communication avec l'Orénoque; mais en 1743 les Portugais ont été du fort, dont on vient de parler, dans cette derniere riviere sans débarquer. * MS. De la Condamine, Voy. de l'Amérique. 50. RIO-REAL, riviere du Brésil, dans l'Amérique méridionale: sa source est mal connue. On prétend qu'elle a des bras qui s'étendent 150, 200 & même 240 lieues dans les terres, & qu'elle court long-tems avec la riviere de S. François. Elle sépare la capitainie de la Baie de celle de Sérégippe; & tombe dans la mer aux confins de ces deux capi

tainies.

51. RIO-SAINT-ANDRÉ, riviere d'Afrique, dans la Guinée, donnant son nom à la côte voisine jusqu'à certaine distance. Elle est entre le cap des Palmes, & celui des Trois-Pointes, environ une lieue & demie à l'est-nordest du grand Drevin. A cinquante pas au-dessus de l'embouchure de cette riviere, eft une pointe que la mer & la riviere environnent de tous côtés, à la réserve d'un isthme de douze à quinze toises de large, par lequel elle tient à la terre. Le dessus est plat, & fait une esplanade d'environ quatre cents toises de circonférence, assez élevée pour commander de tous côtés, & affez éloignée de toute hauteur pour n'être commandée de nulle part. Cet endroit est de toute la côte le plus propre à placer une forterelle. La pointe escarpée & coupée presque par-tout à plomb, n'est abordable que du côté de l'ouest, c'est-à-dire de la riviere, où la pointe est un peu moins rude; & par où l'on pour roit hazarder d'y grimper, si cet endroit n'étoit pas défendu par des rochers pointus semés dans le lit de la riviere, l'espace de cinquante à soixante pas. Le courant de la riviere & les flots de la mer s'y brisent avec tant de violence, qu'aucun espece de bâtiment ne peut risquer d'essayer de prendre terre en cet endroit. L'on ne peut donc arriver sur la pente que par l'isthme, que l'on couperoit aisément par un fossé profond. Tout ce terrein isolé de cette maniere, n'auroit besoin pour être défendu par peu de gens, que d'un pan de mur à angle rentrant pour y placer une porte avec un pont-levis. C'en seroit affez pour se mettre à l'abri des négres de ces quartiers, gens féroces & de mauvaise composition, comme l'ont éprouvé les Hollandois, dont ils mangerent quatorze en un seul repas. La riviere qui passe au pied du rocher est salée : mais à cent pas de l'isthme est une source d'excellente eau douce, qui ne tarit jamais. Le pays d'ailleurs est admirable. La riviere de Rio-Saint André qui vient du nord-ouest, eft considérable par elle-même, avant d'avoir, à une lieue de son embouchure, reçu les eaux d'une autre riviere, qui vient du nord-est. Elles font bordées l'une & l'autre de grands arbres, avec des prairies & de vastes campagnes. Le terrein, gras, profond, & coupé par des ruisseaux, est naturellement fertile. Le riz, le miel, le mahis, les pois, les patates, les melons, en un mot tous les légumes y viennent très-bien. D'espace en espace sont des bouquets de palmiers, d'orangers, de citroniers, de cotoniers, qui sans culture portent d'excellens fruits. Il y a aussi une espece particuliere de noiers, dont les noix, plus petites que les nôtres & n'ayant point de zeft, ont la chair très-approchante de celle de nos meilleures amandes. Les cannes à sucre y viennent naturellement, dans une abondance prodigieuse, plus grandes, plus grosses & plus sucrées que celles d'Amérique. Le pays abonde d'ailleurs en bœufs, chèvres, moutons, cochons & toutes fortes de volailles, qui se donnent presque pour rien. Le plus beau bœuf n'y a jamais valu qu'une douzaine de couteaux à deux sols piece, & le refte à proportion.

Les negres de Rio-Saint-André vont nuds, à la réserve d'un très-petit morceau de toile par devant. Les gens de distinction seuls s'envelopent d'une ou de deux paignes; & portent un poignard & un couteau à leur côté. Ils font grands, bien faits & robustes, avec de l'esprit & du courage. Trompés par les Européens, qui en ont enlevé plusieurs, ils font très-défians Les femmes font ordinairement d'une taille petite, déliée & bien prise. Elles ont de très-beaux traits, les yeux beaux & très-vifs, la bouche petite, & les dents extrêmement blanches. Enjouées, vives, ingénieuses, fines, elles ont une phisionomie libertine, qui tient ce qu'elle promet. Tous les négres de ces

quartiers, fur-tout du côté de l'est, aiment beaucoup les 105 de grelots. Les femmes s'en garniffent les jambes au-desmenilles de fer & de cuivre, garnies de petites sonnetes ou fus de la cheville, & les bras au-dessus du poignet du coude, & trouvent que cela fait un charivari très-agréable quand elles dansent. C'est un exercice qui leur plaît tant, que, lorsqu'elles ont travaillé toute la journée, elles se délassent par cinq ou fix heures de danse.

Il y a sans doute dans le pays des éléphans prodigieux. Les négres en fournissent des dents, qui pesent plus de deux cents livres. On traite encore à Saint André de captifs & d'or. On ne fait pas si l'or est du pays même. Quand on demande aux négres d'où ils le tirent, ils montrent de hautes montagnes du côté du nord-est, qui ne paroissent éloiGuinée, t. 1, p. 183. gnées que de quinze à vingt lieues. * Labat, Voyage de

née. Son embouchure est à douze lieues de celle de Rio52. RIO-SANGUIN, riviere d'Afrique, dans la GuiSextos, à 5d 12' longitude. Il faut faire le sud durant quatre heures, pour de latitude septentrionale, & à 12d de éviter des roches dangereuses, qui sont à l'est de Rio-Sextos. On prend ensuire l'est-quart-fud, pour arriver à RioSanguin. Cette riviere court fud-fud-est & nord-nordouest. Les barques remontent à douze ou quinze lieues audessus de l'embouchure, laquelle a cinq à fix cents pas de large. Au bord de la mer est un affez gros village, situé très-agréablement entre les grands arbres, dont la riviere est bordée de tous côtés. C'est à Rio-Sanguin que la côte de Malaguette ou Maniguette commence, pour s'étendre l'espace de soixante lieues jusqu'au cap de los Palmas. Elle est arrosée de quantité de rivieres & de gros ruisseaux embouchures desquels font des villages, qui portent les noms de ces mêmes rivieres ou ruisseaux. En suivant la côte de l'est à l'ouest on trouve les rivieres & les villages de Sestrokrou, de Brova, de Basson, de Zino, de Waro, de Batow, du grand-Sestre ou grand-Paris, du petit Seftre ou petit-Paris, de Goyane, &c.

, aux

Les François avoient autrefois un établissement à RioSanguin; mais durant les longues guerres que la France eut à foutenir, les Portugais les en chassferent, ainsi que de tous les autres établissemens qu'ils avoient sur les côtes de Guinée. Maîtres de tout ce pays, & n'y craignant point de compétiteurs, les Portugais y firent un commerce immense, & maltraiterent extrêmement les naturels du pays. Les richesses des Portugais exciterent la jaloufie des Anglois & des Hollandois, qui s'étoient jusque-là contentés de troubler leur commerce par l'enlevement de quelques vaisseaux, & le pillage de quelques comtoirs écartés & de peu de défense En 1704, ils s'unirent pour attaquer les Portugais à force ouverte. Ils les chasserent de tous les forts & de tous les comtoirs qu'ils avoient sur la côte, & les forcerent de se retirer bien avant dans les terres ; & pour s'y maintenir de s'unir intimement aux négres par des traités & des mariages. Delà viennent tous ces Portugais mulâtres, que l'on trouve dans tous ces cantons, & que ceux de Portugal traitent comme leurs freres, qu'ils reconnoislent pour Fidalques ou gentils-hommes, qu'ils honorent de l'ordre de Christ, qu'ils admettent aux ordres sacrés, & qu'ils font gouverneurs des places qu'ils ont dans l'intérieur du pays, & des établissemens en petit nombre qui leur restent sur les côtes. * Labat, Voy. de Guinée, t. 1, p. 160.

53. RIO-SEXTOS, riviere d'Afrique, dans la Guinée. Les Hollandois la nomment riviere de Sestre, & les François simplement Sestre. C'est là que les Portugais virent, pour la premiere fois, de ce petit poivre, qu'on appelle graine de paradis, malaguette ou maniguette, d'où la côte a pris le nom de côte de Malaguette ou Maniguette. Les Hollandois l'appellent la côte du Grain, & les Portugais la côte de Sextos. La superficie de la graine de maniguette est raboteuse, avec quelques élévations très-pointues, mais dont le nombre n'est pas toujours le même. Les Portugais ayant jugé à propos de le fixer à fix, en ont pris occafion de nommer à leur maniere la côte & la riviere. Ainsi quand ils disent côte de Sextos ou Rio-Sextos, ils veulent dire côte ou riviere de la graine à fix pointes. * Labat, Voy. de Guinée, t. 1, p. 147.

Cette riviere, dont l'embouchure est à dix lieues à l'est du petit Dieppe, & paroît avoir trois quarts de lieue, vient du nord-nord-oueft. Elle est bordée de grands arbres de chaque côté. On prétend qu'elle a affez d'eau pour Tome V.

[ocr errors]

porter une barque jusqu'à vingt lieues au-dessus de fon embouchure. Elle est ensuite coupée par des bancs & des seches, qui ne peuvent porter que des canots. Cela n'empêcheroit pas qu'on ne s'y établit, si l'on y pouvoit entretenir un commerce. Les Anglois y ont eu un comtoir, dont on voit encore les masures. Les habitans de ces quartiers font brutaux ; & le commerce, qu'on peut faire avec eux, est difficile à cause de la grosse mer qui regne fur la côte. Le meilleur mouillage est devant l'embouchure de la riviere, à une lieue de terre, sur douze brasses d'eau, ayant les rochers du nord-ouest au nord quart-de-nord-ouest. Mais il faut se défier d'un banc qui est au nord-oueft, & qui s'avance une lieue en mer. Il y a fur ce banc cinq, fix, fept & huit braffes d'eau, fond de roches pointues; de forte que pour naviger avec sureté, on ne doit point ranger cette côte, à moins de deux lieues au large. Les courans le long de cette côte porte sud-eft & nord-oueft avec force, & les marées dans la riviere sont de fix heures. Voici trois reconnoissances très importantes pour ceux qui n'ont jamais mouillé à la rade de Rio-Sextos.

La premiere est une montagne enfoncée dans son milieu, & lorsqu'on est à fix lieues au large, la côte paroît baffe & toute bordée d'arbres. La seconde reconnoissance eft que, lorsqu'on n'est plus qu'à une lieue de la riviere, la terre paroît double, la montagne plus longue, l'enfoncement moins considérable, & la côte basse bordée d'arbres. La troifiéme reconnoissance c'est que lorsqu'on est par le travers de la riviere, on voit un cap sur lequel il y a un gros arbre; au pied & derriere on apperçoit un village. La côte est toute bordée d'arbres, & la montagne paroît encore plus longue, l'enfoncement moins sensible, & dans l'éloignement.

L'entrée de la riviere est au sud-est-nord-d'ouest : elle a près d'une lieue de largeur ; mais il y a sous l'eau des roches & d'autres qui se découvrent. La passe, qui est plus près de l'arbre que du côté oppofé, a trois brasses d'eau, puis cinq, fix & fepr; ce qui suffit pour toutes fortes de barques. On voit à droite trois villages affez voisins. Entre le premier & le second, est un petit étang d'eau douce, & un autre à une lieue & demie plus loin fur la langue de terre, qui forme l'entrée de la riviere. Le commerce se fait au village du milieu, lequel est grand, & les cafes y sont comme à Mesurado. Lorsqu'on est par le travers du second étang, on voit que la riviere fait un coude, & qu'elle court nord & fud. Elle a presque une lieue de large, & au moins cinq brasses de profondeur, jusque devant le village du roi, qui est à près de trois lieues de la pointe de la gauche, & environ à cinq de l'embouchure de la riviere. Le terrein où est situé le village du roi, & un autre village, distant d'une lieue, est uni & bas, gras & profond, mais souvent noyé. On y seme du riz qui vient en perfection.

Les négres de cet endroit font grands & bien faits, forts, & ont l'air martial. Ils font braves, & font souvent des courses sur leurs voisins, pour enlever des captifs. C'est ce qui empêche les marchands négres de venir commercer avec eux, & ce qui les prive du commerce de l'or qu'ils feroient comme leurs voisins. Ils en ont pourtant, mais ils le gardent. On trouve chez eux de l'yvoire qui est fort beau : ils en reglent le prix, felon le besoin qu'ils ont des marchandises d'Europe. Quand ils en manquent leur morphil eft à bon marché ; mais quand ils en sont fournis, ils tiennent le morphil fort cher. Leurs autres marchandises font la maniguette ou poivre de guinée, le riz, le mahis, les volailles, les bestiaux; toutes ces choses à grand marché. Outre ces marchandises, on trouve dans Rio Sextos des cailloux, de même espece à peu près que ceux de Médoc, mais plus durs, plus beaux & ayant beaucoup plus de feu. Ils font plus aisés à tailler que le diamant. Quand on leur donne un fond, ils font un très-bel effet.

La plupart des négres de ce canton sont pêcheurs. On voit tout les matins fortir de la riviere une petite flotte de canots, qui se dispersent de tous côtés pour pêcher à la ligne. La côte est si poifonneuse, qu'ils reviennent toujours chargés de poiffons, dont ils donnent une certaine quantité au roi. Le prince chez eux est fort absolu. Il est rare qu'il condamne à mort les criminels. Son intérêt est de commuer la peine de mort en un bannissement perpétuel hors du pays, c'est-à-dire, à l'esclavage, parce qu'il vend les bannis aux Européens, & profite du prix de la vente. Ces peuples font fort obligeans. Il ne faut qu'un verre d'eau de

vie, pour en tirer une infinité de services; car ils aiment cette liqueur sur toutes choses. Ils ont retenu des François, qui ont demeuré parmi eux, la coutume de porter des noms de saints, quoiqu'ils ne foient pas chrétiens, & qu'ils ne marquent aucune disposition à le devenir. Rien de si commun que d'en trouver qui se nomment Pierre, Paul, Jean, André, & autres noms de saints, auxquels les maîtres des villages & les gens de quelque distinction ajoutent la qualité de capitaine. Quand quelque Européen leur plaît, c'est-à-dire, quand il les a fait boire, ou qu'il leur a fait quelque présent, ils lui demandent son nom & le prennent, ou le font porter à leurs enfans. Il y en a même plusieurs, qui depuis plus d'un siécle, ont des surnoms françois héréditaires dans leurs familles. D'autres en portent de portugais, d'anglois ou de hollandois, selon qu'ils ont été bien avec ces peuples.

54. RIO-TINTO, riviere d'Espagne, dans l'Andalou sie, appellée aussi AzIGE, & par les anciens Vrium. Son cours est parallele à celui de l'Odier, & elle se jette dans l'océan, tout près de l'embouchure de cette derniere riviere. Son eau, dit-on, pétrifie son sable, mais elle est trèsmauvaise, nuisible aux herbes & aux racines des arbres, & d'une telle amertume, qu'on n'en fauroit boire. Elle ne nourrit aucun poisson, & ne porte rien qui ait vie. On prétend seulement qu'elle sert de médecine aux bœufs qui la boivent, lorsqu'ils font atteints de quelque mal.

55. RIO-TURBIDO, riviere d'Italie, dans l'Orviétan. Elle coule du sud occidental au nord oriental, & se jette dans le Tibre à la droite, un peu au-dessous d'Agliano.

56. RIO-VERDE, que les François appellent quelquefois riviere verte, ruisseau de l'isle de Saint-Domingue, dans le quartier de Sant-Jago de los Cavalieros. Il a fon cours presque parallele à celui de la riviere d'Yaque ou de Sant-Yago, aux environs de la ville de ce nom, au-dessus de laquelle est sa source, à quatre lieues du côté du midi oriental. A même distance, au-dessous de cette ville, il se jette dans la riviere, à la droite. On dit qu'il y avoit sur les bords de ce ruisseau une mine d'or, dont le principal rameau étoit de trois pouces de circonférence, d'un or très-pur, massif & fans mélange d'aucune autre matiere. On ajoute qu'il traîne une quantité prodigieuse de grains d'or, mêlés dans son sable. * Frezier, Carte de l'ifle de Saint-Domingue. Le pere de Charlevoix, Hift. de l'isle de Saint-Domingue.

1. RIOJA, ville de l'Amérique méridionale, bâtie vers 1596, par dom Jean Ramirez, gouverneur du Tucurman, à peu près à l'entrée d'une plaine, qui s'étend presque jusqu'à la Cordilliere du Chili, par les 30d de latitude sud; & assez près de l'endroit où étoit auparavant une autre ville, qui n'a pas long-tems subsisté, & qui portoit le nom de Tous-les-Saints. * Charlevoix, Hift. du Paraguay.

2. RIOJA. Voyez RIOXA.

RIOM, ville de France, en Auvergne, dont elle est la seconde ville. Elle est à deux lieues de Clermont. Son nom latin est Ricomagus, c'est-à-dire, ville riche. Ce nom de Ricomagus fut corrompu il y a sept à huit cents ans, en celui de Ricomum ou Riomum, d'où RIOM. Grégoire de Tours fait mention de cette ville en plusieurs endroits de ses ouvrages, où il rapporte les miracles de S. Amable, prêtre & patron de Riom. * Longuerue, Desc. de la France, part. 1, p. 135.

Le roi Philippe-Auguste, ayant afsfiégé cette ville, ne s'en rendit maître, après plusieurs aflauts, que par capitulation. Il en emmena quarante orages, qu'il retint longtems en prison à Paris. Riom fut très-peuplé sous les ducs d'Auvergne, de la maison de France, lesquels étoient fils & petits-fils du roi Jean. Leur résidence en cette ville y attira les plus grands seigneurs de la province, qui compofoient leur cour. On y voit encore les hôtels de Blot, de Fleurat de Montboiffier, & des anciens Chazerons fondus dans Monetay. * Piganiol, Descr. de la France, t. 6, p. 328.

Aujourd'hui Riom est considérable par sa sénéchauffée, par son présidial, dont le ressort est un des plus étendus du royaume, par son bureau des finances, par une chambre des monnoies, & par trois chapitres. Une de ces églises collégiales porte le nom de S. Amable, le patron de la ville. Elle fut bâtie par ce saint, & dédiée sous l'invocation de S. Benigne. S. Gal, qui fut ensuite évêque d'Auvergne, n'étant qu'archidiacre, trouva que cette église

« PrécédentContinuer »