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sont possédées par trente filles ou veuves. On croit qu'el. les doivent leur institution à des filles ou des veuves, qui travailloient autrefois au blanchissage & au racommodage du linge de cette église. C'est l'archevêque qui pourvoit à ces prebendes, & c'est lui aussi qui en paye le gros. Ces prébendieres sont aujourd'hui obligées à fort peu de choses, puisqu'elles ne sont tenues que d'assister à trois obits, qui se disent l'un le 15 de janvier, un autre le 23 juin, & le troifiéme le 11 de juillet. L'assistance commence la veille aux vigiles, & continue le lendemain à la grand'messe, où elles vont toutes à l'offrande. Le chapitre distribue fix livres à celles qui sont présentes. Quoique chacune de ces prébendes ne rapporte que très-peu de choses, elles ne laissent point d'être fort recherchées, parce qu'en vertu des priviléges du chapitre, les filles ou les veuves, qui en sont pourvues, ont droit de committimus, & leurs causes commises aux requêtes du palais. Elles peuvent, quand il leur plaît, résigner leurs prébendes. C'est un droit de l'église cathédrale de Rouen, que les évêques suffragans de la province sont obligés de lui prêter ferment d'obéislance, comme auffi à l'archevêque: Venerabili ecclefia Rothomagenfi, ac reverendissimo domino patriarchiepiscopo, &c. Ils pretent ce ferment entre les mains de ce prélat, ou en fon abfence entre celles du célébrant, dès qu'il est monté à l'autel, avant que de dire l'introit. Ces évêques doivent aussi donner à diner à ceux qui composent le chapitre; mais pour ce diner, ils donnent ordinairement cent écus. Avant que d'avoir prêté ce serment, les évêques fuffragans ne sont point reconnus dans l'église métropolitaine, ne sont point admis aux afssemblées provinciales, & ne peuvent point être députés de la province pour les assemblées générales du clergé de France.

Le droit le plus fingulier qu'ait l'église de Rouen, est le pouvoir qu'elle a de délivrer un criminel & ses complices tous les ans au jour de l'ascension, après que ce crimi nel a levé la fierte, c'est-à-dire, la chấsse de S. Romain. La tradition populaire rapporte l'origine de ce privilége au roi Dagobert, qui l'accorda à S. Ouen. Elle veut que du tems de S. Romain, évêque de Rouen, il y eut un horrible dragon, qui défoloit le pays, & dévoroit les hommes & les animaux; que S. Romain demanda à la justice un ou deux criminels condamnés à mort, avec lesquels il délivra le pays de ce monstre: qu'en considération de ce grand miracle, le roi Dagobert accorda à S. Ouen, succeffeur de S. Romain à l'évêché de Rouen, le privilége de délivrer tous les ans un prifonnier, & qu'en mémoire de cette délivrance, on porte en proceffion le jour de l'ascenfion la figure de ce dragon, que l'on nomme la Gargouille. En 1699, les officiers du bailliage & fiége présidial de Rouen, présenterent une requête au roi, dans laquelle ils prétendirent faire voir trois choses: 1°. que le dragon ou la gargouille, portée à Rouen aux proceslions des rogations & du jour de l'ascension, n'est pas la figure d'un animal tué miraculeusement pas S. Romain, mais une ancienne cérémonie de l'église; 2°. que le privilége de délivrer un prifonnier, le jour de l'ascension, doit fon origine à la piété des ducs de Normandie, & non pas au prétendu miracle de la gargouille; 3°. que ce privilége ne doit pas s'étendre aux crimes appellés cas présidiaux, & ne doit avoir lieu que pour des homicides malheureux, commis dans la province. Ils prouverent la fausseté du miracle par le filence des auteurs contemporains, & de ceux des fiécles suivans. S. Ouen n'en dit pas un mot dans la vie de S. Eloy, ni dans son livre de_anima Dagoberti. Il n'est nullement croyable qu'il eut oublié un fait de cette importance, qui regardoit le roi Dagobert, & S. Ouen lui-même. Sigebert dans sa Chronique, Jonas dans ses Vies, Béde, Usuard, Vincent de Beauvais, Baronius, ni la vie de S. Romain, que Rigaut a fait imprimer, n'en disent pas un seul mor. On lit dans cette vie que S. Romain obtint de Dieu par fes prieres, que la riviere de Seine qui s'étoit débordée, rentrát dans fon lit ordinaire. Il est constant qu'on n'a commencé à parler de ce miracle que sur la fin du quatorziéme fiécle, & ç'a toujours été avec des contradictions qui le rendent peu croyable. Tantôt le dragon fut seulement chaflé par S. Romain; tantôt il fut tué dans la forêt de Rouvrai, enimené jusqu'au pont, & jetté dans la riviere; tantôt il fut dompté dans une caverne, qui étoit auprès des murailles de la ville, & fut emmené avec l'étole, & brûlé dans la place publique; tantôt le faint avoit avec lui deux

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prifonniers, un voleur & un meurtrier, dont le voleur s'enfuit, & tantôt un seulement. Dans quelques titres le privilége est accordé à S. Romain, archevêque de Rouen & chancelier de France, par le roi Clotaire II, en 520. Dans d'autres il a été accordé à S. Quen par le roi Dagobert, & dans un autre il a été apporté du ciel au chapitre par un Ange. A ces variations succédent les erreurs de chronolo gie. S. Romain n'étoit point évêque de Rouen en 520, il ne le fut qu'en 622, & le roi Clotaire II ne naquit qu'en 534. On ne trouve pas mieux son compte à foutenir, que ce privilége a été accordé à S. Ouen par le roi Dagobert. Tous les chronologistes placent l'époque de la mort de ce prince trois ans au moins avant que S. Ouen fut élu évêque de Rouen. D'ailleurs ce saint évêque n'en dit pas un mot dans ses livres. Dans cette obscurité, & au milieu de tant de contradictions, il paroît que les ducs de Normandie, faisant leur séjour dans leur capitale, avoient la pieuse coutume d'accorder un prisonnier à l'église de Rouen lorsqu'ils assistoient à la cérémonie du jour de l'ascenfion. En effet, on remarque que Richard I, duc de Normandie & roi d'Angleterre, ayant été détenu prifonnier en Autriche, il n'y eut point cette année-là de prisonnier délivré, & qu'à fon retour il en accorda deux l'année d'après, en actions de graces de la liberté qu'il avoit lui-même recouvrée. De cette coutume volontaire de la part des ducs l'église de Rouen se prévalant des changemens arrivés en Normandie par l'invasion des Anglois, s'en est fait un droit qui a été toléré par nos rois, & confirmé même par Louis XII & Henri IV, à condition de ne pouvoir ufer de ce privilége pour des criminels accusés de crimes de léze-majesté, d'hérésie, de vol, de viol, d'affaffinat, de guet-à-pens & de fausse monnoie. A ces restrictions le conseil d'état en ajouta d'autres par son arrêt du mois de mai 1699, en faisant défenses aux chanoines d'élire d'autre prisonnier, qu'un qui soit originaire de la province, & qui y ait été décrété. Quinze jours avant l'ascension, le chapitre de la cathédrale députe quatre chanoines au parlement, à la cour des aydes & au bailliage, afin que depuis ce jourlà, jusqu'à ce que le privilége ait eu son effet, aucun des criminels qui sont détenus dans les prisons de la ville, & des fauxbourgs, ne soit transféré, mis à la question, ni exécuté. Après le lundi des rogations, le chapitre nomme deux chanoines prêtres, qui se transportent avec leur greffier, qui est aussi prêtre, dans les prisons, pour y entendre les confessions des criminels qui prétendent au privilége, & par là recevoir leurs dépositions sur le crime dont on les accuse. Le jour de l'ascension, sur les sept heures du matin, le chapitre composé, seulement des chanoines prêtres, s'assemble pour l'élection du criminel qui doit être délivré. Après avoir invoqué le S. Esprit, & fait ferment de garder le secret, on fait lecture des confessions des prifonniers, lesquelles font brûlées dans le lieu même, auffitôt que l'élection du criminel est faite. Le même jour sur les neuf heures du matin, les présidens & conseillers du parlement, revêtus de leurs robes rouges, se rendent dans la grand'sale du palais, pour y assister à une messe solemnelle qui est célébrée par le curé de S. Lo. Après la messe ils vont dans la grand chambre dorée, où à midi on leur fert un magnifique dîner. Vers les deux heures après midi, le chapelain de la confrairie de S. Romain va en surplis, aumuffe & bonnet carré, porter au parlement le billet de l'élection que le chapitre a faite d'un prisonner détenu pour crime. Sur cela la cour ordonne à deux huiffiers d'aller avec le chapelain de la confrairie de S. Romain, prendre le prisonnier dans la prifon. Ils le conduisent au parlement, où il est mis sur la selette. Ayant été interrogé, & ses informations ayant été rapportées, il est condamné au fupplice que mérite son crime, puis en vertu du privilége, sa grace lui est donnée, & il est livré entre les mains dudit chapelain de S. Romain, qui le conduit tête nue à la place de la vieille tour, où la procession étant arrivée, l'archevêque assisté du célébrant, du diacre, du sous-diacre & de quelques chanoines, monte au haut du perron avec eux, & avec les deux prêtres qui portent la fierte ou châsse de S. Romain: laquelle étant posée sous une arcade, fur une table décemment ornée, l'archevêque, ou en son abfence, le chanoine célébrant, fait une exhortation au criminel qui est à genoux, & tête nue, lui représente toute l'horreur de fon crime, & l'obligation qu'il a à Dieu & à S. Romain, aux mérites duquel il doit sa délivrance. Il lui

ordonne ensuite de dire le confiteor, puis lui met la main sur la tête, & dit le misereatur & l'indulgentiam. Enfin, il lui fait mettre sur les épaules un bout de la châsse, & la lui fait un peu élever. Après cela on lui met une couronne de fleurs blanches sur la tête, & la procession retourne à l'église de Notre-Dame, le prifonnier portant la châsse par la partie antérieure. La procession étant rentrée, on dit la grand'mefle, quoiqu'il soit cinq ou fix heures du soir. L'archevêque, les dignités & le chapitre, font succeffivement une exhortation au prifonnier, qui est ensuite mené en la chapelle de S. Romain, où il entend la messe. On le conduit ensuite à la vicomté de l'eau, où l'on lui donne la collation, & de-là chez le maître ou bâtonnier de la confrairie de S. Romain, où il soupe & couche. Le lendemain sur les huit heures du matin, il est conduit par le chapelain dans le chapitre, où le pénitencier, ou un autre chanoine, lui fait encore une exhortation, après laquelle il le confefle, & enfin lui fait jurer sur le livre des évangiles, qu'il aidera de ses armes messieurs du chapitre, quand il en fera requis; après quoi le prisonnier est renvoyé absous & libre.

Outre le chapitre de la cathédrale, il y en a encore deux dans la ville de Rouen : celui de S. George, & celui de la Ronde. On en compte sept autres dans ce diocèse, qui sont ceux d'Andely, d'Econy, de Gournay, de Blainville, de Chalmenil, d'Yvetot & de Sacqueville.

L'abbaye de faint Ouen de Rouen est de bénédictins réformés, & fut fondée par Clotaire I, vers la vingtiéme année de fon regne, sous l'invocation de faint Pierre. Elle prit ensuite le nom de saint Ouen, & jouit à présent de soixante mille liv. de revenu. Saint Amand de Rouen, est anssi de l'ordre de saint Benoît, mais elle est pour des filles, Elle fur fondée par le vicomte Goscelin & Ameline sa femme, en l'honneur de la fainte vierge & de saint Amand, évêque d'Utrecht, vers l'an 1030. Elle jouit d'environ vingt - sept mille livres de revenu. Les autres abbayes du diocèse de Rouen font; 1°. Fécamp, 2°. Jumiéges, 3°. le Bec, 4°. Saint George, so. Tréport, ULTERIOR PORTUS, 6°. Saint Victor, 7°. Vallemont, 8°. Saint Martin d'Acy, 9°. Saint Martin de Pontoise, 10°. Montivilliers, 11°. Gomer-Fontaine, 12o. la Trinité-du-Mont, 13o. la Valace, 14°. Mortemer, 15o. Beaubec, 16°. Foucarmon, 17°. Corneville, 18°. le Tresor, 19°. Notre-Dame d'Eu, 20°. Fontaine-Guerard, 21°. Bival, 22°. Refsons, 23°. Bellofane, 24°. Macheroux, MARCHASIUM RUDOLPHI, 25°. Иле

Dieu.

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Le parlement de Rouen a été établi en la place de l'échiquier, dont quelques-uns rapportent l'institution à Philippe le Bel; mais dont l'origine se tire avec plus de fondement des assises générales que tenoient les ducs de Normandie tant pour l'administration de la justice, que pour toutes les autres affaires qui regardoient le bien du pays. Cet échiquier étoit comme un parlement ambulatoire. On l'assembloit tantôt à Rouen, tantôt à Caën, quelquefois à Falaise ou en d'autres villes, selon les ordres du prince, fans qu'il eût aucun lieu fixe. On le convoquoit deux fois l'année vers Pâques, & vers la saint Michel; & on l'employoit deux ou trois mois dans l'un & dans l'autre tems, pour approuver ou pour réformer les sentences, qui avoient été données par les juges subalternes. C'étoit le grand-fénéchal de Normandie qui y présidoit; & les principaux du clergé & de la noblesse de la province y étoient appellés. Ils étoient obligés, sous peine d'amende, d'y comparoître en personne, & ils y avoient voix délibérative. Ensuite on y appelloit les sept grands baillis de Normandie, qui font ceux de Rouen, de Caux, de Gifors, d'Evreux, de Caën, du Cotentin, & d'Alençon, avec les officiers des bailliages; & enfin les avocats & les procureurs, ainsi que les juges, afin de recorder de l'usance & du style de la coutume, qui n'étoit point rédigée alors par écrit, du moins par autorité publique. Les guerres & les divisions survenues, ayant obligé nos rois à porter du changement dans l'administration de l'échiquier, ils députerent des présidens & des conseillers, tant ecclésiastiques que laïques, & des gentilshommes distingués pour être les juges de cette assemblée. L'échiquier comprenoit un grand nonmbre de personnes; & fans parler des gens de justice de toutes les jurisdictions de la province, il y en avoit quatrevingt-quinze du corps du clergé, & foixante-douze de celui de la noblesse. Louis XII rendit cette cour perpétuelle

I

en 1499; & François I lui donna le nom de parlement en 1515. Il y avoit une chambre de l'édit, qui fut fuppriméo avec celle de Paris; & depuis quelques années on y a établi une seconde chambre des enquêtes. Le reffort de ce parlement comprend la haute & basse Normandie, & l'on y appelle des bailliages & présidiaux de Rouen, Caudebec, Caux, Evreux, Alençon, Caën, Coûtances, & Gifors.

Le bailliage de Rouen renferme les vicomtés de Rouen, du Pont-Audemer, du Pont-l'Evêque & du Pont-de l'Arche. Les vicomtes exercent la même jurisdiction sur les habitans roturiers & non privilégiés que celle qu'exercent les lieutenans-généraux des baillis sur les nobles & fur les privilégiés. Le bailli de Rouen est d'épée, & ses appointemens font de trois cents soixante-cinq livres par an, payés fur le domaine. Il n'a aucuns droits. Quant aux fonctions, il va présider quand bon lui semble à la jurisdiction, où il n'a point de voix délibérative. Il commande aussi la noblesse, lorsqu'il en reçoit les ordres du roi. M. de Longueville fit unir l'office de bailli de Rouen au gouvernement de la province en 1649.

La chambre des comptes de Rouen fut créée en 1380, supprimée en 1353 par Henri II, & rétablie en 1580 par Henri III. Elle est composée de quatre présidens, de vingt-neuf maîtres, de huit correcteurs, & de trente auditeurs servant par sémestre. La cour des aydes de Normandie fut établie à Rouen par l'édit de l'an 1483. Le roi en érigea une à Caen l'an 1638, laquelle fut unie à celle de Rouen par l'édit donné à Saint-Germain en-Laye au mois de janvier 1641. La cour des aydes de Rouen fut unie à fon tour à la chambre des comptes de la même ville par édit du mois d'octobre 1705; & au mois de janvier 1706, il y eut un autre édit portant réglement pour l'exécution de celui de l'an 1705. Ces deux cours unies ont toute la province de Normandie dans leur département.

Le bureau des finances de Rouen fut établi au mois de janvier 1551. Il est composé de vingt-fix officiers, y compris les gens du roi & le greffier. Cette généralité comprend quatorze élections, qui font celles, 1o. de Rouen, 2o. du Pont-de-l'Arche, 3°. d'Andely, 4°. d'Evreux, so. de Magny, 6°. de Gisors, 7°. de Lions, 8°. de Caudebec, 9°. de Montivilliers, 10°. d'Arques, 11°. d'Eu, 12°. de Neufchatel, 13°. du Pont-Audemer, 14°. du Pont-l'Evêque. Ces quatorze élections renferment mille huit cents cinquante paroisses, & environ cent soixante-quatre mille deux cents cinquante deux feux.

Outre ces jurisdictions, il y a à Rouen une table de marbre, une jurisdiction appellée la vicomté de l'eau, qui est très-ancienne, & dont le juge connoît de tout ce qui arrive sur la riviere, depuis Vernon jusqu'à la mer, & de tous les poids & mesures de Rouen; un fiége d'amirauté ; & un confulat.

Comme la Normandie est une des grandes provinces du royaume, il y a trois grands maîtres des eaux & forêts. L'un a le département de Rouen, & dans ce département il y a les maîtrises particulieres 1o. de Rouen, 2°. de Caudebec, 3o. d'Arque's, 4°. de Vernon, s. de Lions, 6°. du Pont-de l'Arche, 7°. de Passi.

Le domaine du roi, dans la généralité de Rouen, rapporte année commune environ cent quarante-neuf mille livres. Il y a un receveur du domaine en titre d'office, qui reçoit aussi le produit des coupes de bois, qui communément monte à deux cents mille livres. On ne peut pas positivement dire à quoi montent les tailles, que les besoins de l'état font augmenter ou diminuer selon les

tems.

On compte vingt greniers à sel dans la généralité de Rouen, dont huit font greniers d'impôt ; c'est-à-dire, que l'intendant, avec les officiers du grenier à fel, impose la quantité de minots que chaque paroisse doit prendre. Ces huit font; 1°. Dieppe, 2°. Fescamp, 3°. Harfleur, 4°, Honfleur, 5o. Eu, 6°. Tréport, 7°. le Havre, 8°. SaintValery. Les douze autres greniers sont de vente volontaire, c'est-à-dire, que les habitans ne prennent que la quantité de sel qu'ils veulent. Ces douze font ; 1°. Rouen, 2°. Caudebec, 3°. Gisors, 4°. Pont-Audemer, 5°. Louviers, 6°. Neufchatel, 7°. Evreux, 8°. Vernon, 9°. Gournay, 10°. Pont-de-l'Arche, 11°. Andely, 12°. la Bouille. La consommation du sel dans la généralité de Rouen nionte ordinairement aux environs de sept cents muids.

Les droits sur les boissons font fort considérables dans cette généralité, & fur-tout dans la ville de Rouen, où un muid de vin paye plus de vingt-quatre livres avant que d'y entrer, & un muid de cidre sept livres. Une partie de ces droits, sous le nom de grandes entrées, sont perçus par les fermiers généraux. Les autres dépendent de la sous-ferme des aydes, & cela sans compter les droits de la vente en détail. Il y a encore des droits établis fur toutes les denrées, qui servent à l'usage ordinaire de la vie, & qui entrent dans la ville de Rouen.

Il y a aussi dans cette généralité plusients bureaux des traites foraines, où l'on reçoit des droits sur les marchandises qui entrent ou qui sortent du royaume. Le seul bureau de Rouen, vulgairement appellé la Romaine, produisit en 1688 un million deux cents quarante-sept mille fix cents quatre-vingt-sept livres; mais en tems de guerre, avec la Hollande & l'Angleterre, il produit beaucoup moins, & les plus fortes années ne vont pas au de-là de quatie cents mille livres, parce qu'alors les vaisseaux, afin d'éviter les corsaires, vont plutôt chercher l'entrée de la riviere de Loire, qui est plus éloignée des Anglois, que celle de la Seine, qui est dans la Manche & vis-à-vis de l'Angleterre. Les rolles de la capitation montent dans cette généralité à plus de quatre cents mille livres, dont la seule ville de Rouen paye la moitié.

Le commerce de la ville & de la généralité de Rouen est très - considérable. Il consiste en laines, draperies, toiles, cuirs, chapeaux, peignes, cartes, papier, & une infinité d'autres marchandises. Le commerce des draperies & autres étoffes est fort avantageux pour toute la province; car plusieurs milliers d'ouvriers y font employés, & y trouvent une honnête subsistance. Toutes ces étoffes se vendent & se consument en France. Le commerce des toiles qui se fabriquent dans cette généralité, & qui fortent pour la plus grande partie du royaume, elt préférable à celui de la draperie, en ce qu'il attire l'argent de l'étranger. Ces toiles font de plusieurs fortes. Les principales font, celles qu'on appelle fleurets blancards, qui se fabriquent dans les élections du Pont-Audemer, Lifieux & Bernay. Elles se vendent au bourg Saint-George, & font envoyées en Espagne, avec une autre forte de toiles, que l'on nomme toiles de coffre, fabriquées à Evreux & à Louviers. Elles paffent d'Espagne aux Indes occidentales, où elles font en grande réputation sous le nom de toiles de Rouen. Les retours s'en font en or & en argent. L'on compte qu'en tems de paix il s'en débite pour plus d'un million par an. Les cuirs & les chapeaux donnent lieu à un commerce confidérable. Les peignes, le papier, les cartes à jouer, & d'autres merceries passent dans le reste du royaume, dans le Nord, en Espagne & en Portugal. Les manufactures de draperie établies à Rouen & aux environs font très-confidérables. Il y a cent vingt cinq métiers de draps façon d'Elbeuf établis à Rouen, trois de Sceau, cinq de ratines & cinquante d'espagnolettes. Toutes ces manufactures occupent en tems de paix plus de trois mille cinq cents ouvriers. On y voit outre cela plus de soixante métiers occupés à la fabrique des baracans. Enfin, on fait à Rouen de ces petites tapisseries appellées communément tapisseries de la porte de Paris, qui occupent plus de deux cents métiers. Il y en a bien soixante autres employés à la fabrique de la bergame; mais elle n'est pas d'une aufli bonne qualité que celle qui se fait à Elbeuf. La draperie de Darnetal, près de Rouen, est de quarante métiers de draps façon d'Elbeuf, de douze métiers pour le drap de Sceau, & de cinquante de droguet, qu'on appelle pinchinat. Tous ces ouvrages occupent & font vivre près de trois mille ouvriers. Les cuirs des bêtes que l'on tue aux boucheries, & quantité de ceux qui viennent des Ifles, font tannés à Rouen & aux environs, & de-là transportés dans le reste du royaume. C'est une manufacture très-confidérable & très-utile. La pêche est encore un des principaux commerce de cette généralité, & même de toute la province.

Le roi, par sa déclaration du 9 avril 1720, a a établi un prévôt général à Rouen, deux lieutenans, un afsesseur, un procureur du roi & un greffier.

Le corps de ville étoit autrefois composé d'un maire & de trente-fix pairs; mais ayant été supprimé à la fin du quatorziéme fiécle, on en fit un nouveau, compofé seulement de fix échevins, ayant à leur tête le bailli & fon lieutenant-général. Cette forme subsista jusqu'en 1695, qu'y

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ayant eu une création de maires perpétuels dans toutes les villes du royaume, celle de Ronen acheta cette charge & la réunit à fon corps. Par ce moyen elle a droit de se choifir un maire qui est triennal. Les revenus de cette communauté, tant en deniers patrimoniaux que d'octroi, est de plus de cinquante mille livres; mais elle est engagée à de fortes dépenses.

Le collége étoit tenu par les jésuites; c'est un des plus considérables de la province, & une fondation du cardinal de Joyeuse.

La ville de Rouen a produit de fort grands hommes, entr'autres Pierre Bardin, de l'académie françoise, Samuel Bochart, Pierre Corneille, Thomas Corneille son frere, (voyez Andely,) de Fontenelle, neveu de ces derniers & Jouvenet excellent peintre.

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ROVERE ou ROVEREDO, petite ville du comté de Tyrol, sur les frontieres de l'Italie, & de l'état de Venise, en latin Roboretum & Roveretum. Elle est près de l'Adige, à douze milles de Trente & du lac de Garde, à quarantesept de Breffe, & assise au pied d'une montagne, sur les bords d'un gros torrent, qu'on traverse sur un pont de pierre, dont le passage est défendu de deux grofles tours massives & bien percées, qui sont soutenues d'un château placé sur une éminence, qui voit le pont & toute la ville en cavalier. Outre que la situation du château le rend inaccessible, il est flanqué de quatre grosses tours fort massives aussi-bien que leurs courtines, le tout percé d'embrasures basses. On n'a pû y faire ni fossés, ni dehors, & l'on ne voit point d'endroit où l'on pût dresser des batteries. Le chemin par où l'on y peut aller, est extrêmement étroit & tout enfilé. La ville n'a que ses simples murailles pour fortifications. A quatre milles de Rovere, sur le chemin de Trente, on rencontre un autre pas fermé d'un méchant fort, au derriere duquel, à trois ou quatre cents pas, fur une éminence fort élevée, il y a un allez bon château, qui voit le chemin bas de la montagne. Ses fortifications font ordinaires, composées de grosses tours. Sa figure est un carré long, bien percé, & fes courtines sont d'une belle maçonnerie, avec des merlets; mais ses dehors sont plus réguliers. Une fausse braye bien revêtue, bâtie en angles rentrans & faillans, défend le pied de ce château, & rend l'accès fort difficile. Le glacis qui regne le long de ce bas fort, est tellement droit & découvert, que ce ser oit entreprendre une chose bien périlleuse que de s'y vouloir loger. A l'angle le plus proche du passage de la plaine qui est toute vue & battue de ces fortifications, est bâti un gros ravelin de figure plate, percé d'embrasures basses, & dont le dessus ferviroit de cavalier, sur lequel des piéces montées foudroyeroient la plaine & le passage.* Corn. Dict. Mém. & plans géographiques.

ROUERGUE, province de France, dans le gouverne. ment de Guyenne. Elle a les hautes Cévénes & le Gévaudan à l'est, le Quercy à l'ouest, l'Auvergne & une partie du Quercy au nord, & l'Albigeois au fud. Sa longueur depuis S. Jean de Breuil jusqu'à S. Antonin, selon Piganiol, Descr.de la France, t. 4, P. 558, est d'environ trente lieues,

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& fa largeur depuis S. Pierre d'Yffis, jusqu'au mur de Barrès, de vingt lieues. On divise cette province en COMTÉ, HAUTE & BASSE-MARCHE. Dans le comté sont, 1°.RoDEZ, 2°. S. Geniez-de-Rivedalt, 3°. Entraigues, 4°. la Guiolle, so. le mur de Barrès, 6°. Eftain, 7°. Marcillac 8°. Aubin, 9°. Rignac, 10°. Cassagnes-Begognes. Dans la HAUTE-MARCHE on trouve; 1°. Milhau, 2o. Espalion, 3°. Nant, 4°. Saint-Afrique, 5o. le Pont-de-Camarès, 6°. Campeyre, 7°. Saint Rome-de-Tarn, 8°. Saint-Sernin 9°. Belmont, 10°. Vabres, 11°. Severac-le-Château. La BASSE-MARCHE renferme; 1°. Ville-Franche, 2°. SaintAntonin, 3°. Najac, 4°. Verfeuil, so. Ronpeyroux, 6°. Sauveterre, 7°. la Salvetat, 8°. Peyrales, 9°. Conques, 10°. Peyruffe, 11°. Villeneuve.

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Le ROUERGUE & sa capitale Rodez ont pris leur nom des peuples Rutheni, dont César fait mention dans ses commentaires, où il marque que les Rutbeni faisoient partie des Celtes, quoiqu'il y eut quelques-uns d'entre les Rutheni joints alors à la province romaine. Céfar, à cause de cela appelle ceux-ci Rutheni provinciales. Auguste mit ensuite les peuples du Rouergue dans l'Aquitaine; ce qui n'empêcha pas que durant quelque-tems, il n'y eut une partie de ces Rutheni qui fussent dans la Gaule Narbonnoise, comme nous l'apprenons de Pline. Cet auteur remarque ailleurs que

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ces peuples étoient du nombre des Aquitains, & confi-
noient avec la Gaule Narbonnoise. * Longuerue, Descr. de
la France, p. 175, part. 1.

Lorsque sous Valentinien I l'Aquitaine fut divisée en
deux, les Rutheni furent attribués à la premiere Aquitaine.
Ils furent conquis par les Visigoths dans le cinquiéme siècle,
& Clovis s'en rendit le maître au commencement du sixie-
me; mais après sa mort les Goths se remirent en poffeffion
du Rouergue. Ce pays fut plusieurs fois pris & repris par
l'une & l'autre nation; & lorsqu'enfin les François en
demeurerent paisibles poffeffeurs, tantôt les rois de Neus-
trie, & tantôt ceux d'Austrasie en ont été les maîtres jus-
qu'après le milieu du septiéme siécle. Alors les rois de
Neustrie furent feuls reconnus en Aquitaine, ou plutôt les
maires du palais qui dominoient fous leur nom. Ce pays
passa dans le huitiéme siécle au pouvoir du duc Eudes; &
le roi Pepin en dépouilla Gaifre petit-fils d'Eudes. Les rois
Carlovingiens, successeurs de Pepin, jouirent du Rouergue
jusqu'à la diffipation de leurs états, où chacun se rendit le
maître où il put. Sous le regne de Lothaire, & fous celui
de Hugues-Capet, quoique le Rouergue eut ses seigneurs,
comme les autres pays voisins, on ne fait pas néanmoins
le nom du premier comte de Rodez, qui se rendit hérédi-
taire. On ne voit pas qu'avant Raymond de Saint-Gilles,
les princes de la maison de Toulouse ayent dominé dans ce
pays; car encore que Raymond, comte de Toulouse ait
fondé dans le neuviéme siécle de ses biens dans le Rouer
gue l'abbaye de Vabres, on ne peut rien conclure de ce fait-
là, puisqu'alors les comtes n'étoient pas des seigneurs
propriétaires. Ainsi l'on ignore entierement les noms de
ceux qui ont possédé le Rouergue, jusqu'après le milieu
du onzième siécle, où l'on voit par un titre de Moissac,
que cette abbaye fut donnée pour la réformer aux abbés de
Clugny & de Vabres en 1061, par l'autorité de Beren-
ger, évêque de Rodez, & des deux comtesses de cette ville,
nommées Richarde & Berthe. Après elles le comté de Ro-
dez fur tenu par Gilbert, comte de Milhau & de Gévau-
dan, qui ayant épousé Giburge ou Giberge, héritiere du
conté de Provence, fut aussi comte du même pays. Nous
prouvons, en traitant de la Provence, que Gilbert n'étoit
cornte de ce pays que par sa femme. On ne connoît point
la généalogie de ce Gilbert, ni comment il étoit parent &
héritier des comteffes Richarde & Berthe. Il fut dépouillé
du comté de Rodez par Raymond de Saint-Gilles, qui lui fit
la guerre pendant plusieurs années, pour conquérir la Pro-
verice, que Gilbert ne posséda paisiblement qu'après que
Raymond de Saint-Gilles fut allé à la Terre Sainte. A
l'égard de Rodez & d'une partie de Rouergue, les succes-
feurs de Gilbert & de sa fille Doulce, furent les comtes de
Barcelone, enfuite rois d'Aragon, qui soutinrent toujours
leur prétention fur le Rouergue, jusqu'à la transaction faite
en 1258, avec S. Louis.

Le comté de Rodez, après la mort de Saint-Gilles, fut. tenu par ses deux fils Bertrand & Alphonfe. Le dernier étant fur le point de faire le voyage de la Terre-Sainte avec le roi Louis le Jeune, vendit le comté de Rodez à Richard, vicomte de Carlat, dans la haute Auvergne, & à son fils Hugues, qui fut le premier comte de Rodez, forti de la maison de Carlat. Le comte Hugues fut troublé en la pos. session de ce comté, & de ses autres terres, par Alphonse, roi d'Aragon. Ils tranfigerent en 1167. Le roi d'Aragon ne se réserva rien sur la ville de Rodez & ses dépendances; mais il retint la moitié du Carladez en propriété, & donna l'autre en fief au comte de Rodez. Il est dit dans le traité, que cette portion du Carladez venoit au roi d'Aragon, de fon bisayeul Gilbert; par où l'on voit que Gilbert étoit originaire de ces pays-là, & héritier ou defcendant des anciens seigneurs de Carlat. Le roi d'Aragon, comte de Barcelone & de Provence, se réserva par ce traité tout ce qui lui appartenoit en propre dans les diocèses de Rodez & de Mende, dont il conserva toujours la seigneurie utile, ou la directe, jusqu'à la transaction passée avec S. Louis, en 1258, par laquelle il renonça à tout ce qui lui appartenoit dans le Rouergue & le comté de Rodez.

La sénéchauffée de Rouergue a deux fiéges présidiaux, Ville-Franche & Rodez. Le présidial de Ville-Franche est de la premiere création des préfidiaux, & a dans fon resfort toute l'élection de Ville-Franche & celle de Milhau. Le présidial de Rodez a été démembré de celui de VilleFranche, en 1635, & foon reffort ne va pas au-delà de

l'élection de cette ville. Il y a même un fiége de juftice royale à Rignac, dans l'élection de Rodez, lequel est du reffort de Ville-Franche. Le sénéchal de Rouergue a les mêmes droits que celni de Quercy. Ses appointemens font de quatre mille livres, dont il touche trois mille cinq cents livres au trésor royal, deux cents livres fur l'état du domaine de la généralité de Montauban, & cent livres à cause de Rodez, fur le domaine de Navarre à Pau. * Piganiol, t. 4, p. 510.

ROUESSE, bourg de France, dans le Maine, élection du Mans.

ROVESIUM. Voyez RUESSIUM.

ROUEZ, bourg de France, dans le Maine, élection du Mans.

ROUFFIAC, bourg de France, dans la Saintonge, élection de Saintes. Ce bourg est le siége d'un bailliage. ROUFFIGNAT, terre de France, dans le Perigord, élection de Périgueux.

1. ROUGE, (l'isle ) ifle de l'Amérique septentrionale, dans le fleuve de Saint-Laurent, vis-à-vis la riviere du loup.

2. ROUGE, riviere de l'Amérique septentrionale, dans la Martinique, paroisse de la grande Ance, à la bande du nord.

3. ROUGE (Morne) petite montagne de l'Amérique septentrionale, dans la Martinique vers le fort Saint-Pierre, à la Cabestere, & à la paroisse de la Passe-Pointe; les freres de la charité y ont une habitation affez considérable, où ils élevent des beftiaux en quantité, & beaucoup de cairiers & de roucouiers. Il y a beaucoup de particuliers qui sont venus s'établir auprès d'eux, pour faire le même commerce, qui est d'un bon débit.

4. ROUGE, (cap) dans l'Amérique septentrionale, a la côte du nord de l'ifle de Saint-Domingue, dans le canton des François, vis-à-vis la pointe de l'ifle de la Tor

tue.

5. ROUGE, (riviere) de l'Amérique septentrionale, dans l'isle de Saint-Domingue, à la bande du nord ; c'est une petite riviere qui fort des montagnes, qui environnent la plaine de Pilate, & se rend dans la mer, à deux ou trois lieues à l'occident du port Margot.

1. ROUGEMONT, Rubeus Mons, petite ville de France, dans la Champagne, au diocèse de Langres, sur la riviere d'Armançon, à deux lieues au-deffus de Ravieres, & à six de Châtillon sur Seine au fud-ouest, députe aux assemblées du pays, & fa noblesse s'assemble le jour de faint George. Il y a une abbaye de filles de l'ordre de saint Benoît, fondée en 1147, & transférée à Dijon en 1677. Le principal commerce de Rougemont confifte en grains.

de

2. ROUGEMONT, bailliage de la Suiffe, au canton de Berne. Ce bailliage est considérable; il s'étend d'un côté jusqu'au Vallais, & de l'autre jusqu'au canton Fribourg: il comprend fix paroisses. Trois font allemandes, Sanen, Gesteig, & Lowinen. Trois font romandes Rougemont, Château d'Oex, & la Roffiniere. Du côté que ce bailliage confine aux Fribourgeois, il en est séparé par un détroit où les montagnes s'approchent tellement, qu'à peine y a-t-il place pour un chemin étroit, & pour le passage de la riviere, qui se précipite à travers les rochers. La est entre autres le célébre Dent de Jaman, qui est comme une corne extrêmement élevée entre les montagnes, qui sépare le Rougemont du pays de Vaud, & qui est sur le chemin de Rougemont à Vevay. Les habitans de ce bailliage jouissent de beaucoup de beaux priviléges, qui leur ont été accordés autrefois par les anciens comtes de Gruyere leurs premiers seigneurs, & confirmés par les Bernois, lorsque ces derniers acheterent ce pays-là, l'an 1554, dans la discussion des biens du comte de Gruyere. * Etat & Délices de la Suisse, t. 3, p. 231.

ROUGEMONTIER, lieu de France, dans la Normandie, élection de Pont-Audemer.

ROUGNAT, terre de France, dans l'Angoumois, élection d'Angoulême.

ROVIGNO, ville d'Italie, dans l'Istrie, sur la côte occidentale, au midi de l'embouchure du Lemo, près de l'écueil de Saint-André. Elle est bâtie dans une ifle qu'un pont attache à la terre ferme. On l'estime pour la bonté de ses ports, & pour la belle pierre qu'on y va prendre pour les édifices de Venise, dont elle dépend depuis l'an 1330, qu'elle se soumit à cette république. Spon, dans fon l'Italie, Nemfiah, l'Allemagne, Leh, & Jcheh, la Polone, Bonne-ville, le château Tilly, proche du Bec, celui de

voyage de Dalmatie, t. 1, p. 47, dit que ROVIGNO ou ROUVIGNE, est sur une langue de terre ou presqu'ifle, & entierement habitée par des mariniers, dont la plupart font pilotes de profeflion. Pour les encourager, tous les vaisseaux, foit vénitiens, soit étrangers, sont obligés d'y toucher & d'y prendre des pilotes pour les conduire à travers des bancs difficiles & dangereux qui sont aux environs de Venise. Le terroir voifin de Rovigno, est fertile en excellentes vignes & en oliviers. C'est peut-être la raison pourquoi on y voit quantité de boiteux; car le vin violent est le pere nourricier de la goute & de la sciatique. Les femmes y portent des vertugadins à l'espagnole. La ville n'est pas grande; mais elle paroît peuplée. Corneille fait mal-à-propos deux villes de Rovigno & de Rouvigne. * Magin, Carte de l'Istrie. Welher, Voy. t. 1.

ROVIGO, petite ville d'Italie, dans la Polefine de Rovigo, dont elle est la capitale. Elle est située sur l'Adigefto, & affez bien bâtie; mais sal & mal propre, & peu peuplée. C'est le fiége de l'évêque d'Adria. Leandro Alberti, qui cite Priscien, dit que Rovigo fut bâtie avec le confentement du pape. Barthelemi Rovarella, cardinal & archevêque de Ravenne, & le docte Louis Celius surnommé Rhodoginus, ont illuftré cette petite ville, qui étoit leur patrie. * La forêt de Bourgon, Geogr. hift. t. 2,

P. 459.

SIN.

2. ROVIGO OU POLESINE DE ROVIGO. Voyez POLE

ROUILLAC, bourg de France, dans l'Angoumois, élection de Cognac.

ROUILLÉ, bourg de France, dans le Poitou, élection de Poitiers.

ROUILLET & ROCHEVAUD, terre de France, dans l'Angoumois, élection d'Angoulême.

ROUILLIERS, bourg de France, dans le Maine, élection du Mans.

ROUINDIZ, c'est-à-dire Château d'Airain. C'est le nom d'une place du Turquestan, estimée très forte, rant par sa structure que par sa situation. Asfendiar prit cette place d'affaut, & y tua de sa propre main Argiaft, roi du Turquestan qui la défendoit. * D'Herbelot, Biblioth. or.

ROUM: c'est le nom que les Arabes & autres Orientaux ont donné au pays & aux peuples que les Romains, & enfuite les Grecs & les Turcs, ont foumis à leur obéisfance.

Il faut pourtant diftinguer les deux fignifications que ce mot peut avoir. Car outre cette générale, de laquelle on vient de parler, Ebn Al Ouardi, dans sa géographie intitulée Kheridat Alagiaib, en donne une particuliere. Il dit que le pays de Roum commence à l'océan Atlantique ou occidental, & comprend le pays de Gialaleca, la Galice, Andalous, l'Espagne, Afrangiah, la France, Roumiah,

dynastie des Selgiucides, appellés par les Arabes, Selagekah Roum, les Selgiucides de Roum, & d'où les Turcs Ottomans, qui regnent aujourd'hui à Constantinople, ont pris leur origine, ce qui fait que les Perfans & les Mogols aux Indes, appellent les Turcs encore aujourd'hui Roumi. Les auteurs musulmans disent, que Roum, quia donné le nom à ce pays-là, étoit un des enfans d'Aïs, qui est Efai ou Edom, ce qui fait dire à Hamdi Ichelebi, dans son histoire de Joseph & de Zulikha, écrite en turc, que Dieu donna plusieurs enfans à Efaü, & qu'il y en eut un d'entre eux nommé Roum, qui a donné fon nom à tous les Roumilcar, c'est-à-dire, à tous les Grecs & Romains, & que les princes souverains de ces nations ont porté le titre Caiallerah, ou de Céfars.

Cette descendance ou généalogie, tirée d'Efaü, n'est pas de l'invention des Musulmans. Ce font les Juifs qui l'ont fabriquée les premiers en haine des chrétiens; car ils leur ont donné le nom d'Esavites ou d'Edomites, & ont porté leurs blasphemes, jusqu'à dire que l'ame d'Esai ou d'Edom, étoit paffée en la personne de Jesus-Christ. Les Arabes appellent ordinairement les Grecs & les Romains, Bani Asfar, les enfans ou la postérité du Blond, nom qui est tiré de la signification hébraïque d'Edom. On peut ajouter ici, que les Orientaux, & particulierement les plus savans, diftinguent entre les anciens Grecs qui avoient leurs rois ou leur gouvernement particulier, & ceux qui ont été joints & foumis à l'empire romain; car ils appellent les premiers Jounan, Jones, de Javan, & ils donnent à ceuxci le nom de Roum.

ROUMEGOUX, bourg de France, dans la Saintonge, élection de Saintes.

ROUMIEU, bourg de France, dans le Condomois, élection de Condom.

ROUMOIS, pays de France, dans la haute Normandie, l'un des quatre dont le diocèse de Rouen est composé, en latin Rothomagenfis Ager. Ce pays, qui est à peu près de forme triangulaire, est situé entre la riviere de Seine & celle de Rille en remontant depuis l'embouchure de cette derniere dans l'autre à la Roque, jusqu'à Brionne & Elbœuf, qui en sont éloignés de neuf ou dix lieues. La campagne de Neubourg, qui est au diocèse d'Evreux, borne le Roumois, dont la petite ville de Quillebœuf est la capitale, felon Duval. L'on y diftingue Brionne, que plusieurs auteurs noniment aussi ville. Ce même pays comprend le bourg d'Elbœuf, qui a titre de duché, & ceux de la Bouille, Bourg-Achard, Routot, Bonneville, Annebaut, Montfort, le Bec, & Bourg Theroulde. L'on y voit les abbayes de Notre-Dame du Bec, & de Notre-Dame de Corneville, le fameux prieuré claustral de faint Lo du Bourg-Achard, plusieurs prieurés simples, les marquisats de Mauny & de la Londe, la baronnie, bourg, & église canoniale du Bourg-Theroulde, les baronnies d'Afier, Trouville-fur-Sei

gne & la Bohême, Inkitar, l'Angleterre, Magiar, la Hongrie, jusqu'à Conftantinople, & au Pont-Euxin, par où il joint le pays de Secalebah, ou les Slaves & Esclavons, qui confinent avec les Russes ou Moscovites, enfin le pays dit encore plus proprement, Roum, Romaniah & Roumiliah, qui est la Thrace & la Grece d'aujourd'hui. Ce même auteur, qui écrivoit l'an 381 de l'Hégire, qui est de Jesus-Chrift 995, dit que l'empire des Romains, dont Conftantinople étoit la capitale, comprenoit dans son étendue, plusieurs nations de différentes langues, qui ne reconnoissoient qu'un seul chef & empereur, par où il paroît qu'il entend parler seulement de l'Europe, & des chrétiens.

L'auteur du Maffahat Alardh, l'étendue de la terre, écrit dans le second traité de la géographie, que le pays de Roum, dans lequel il comprend seulement une partie de l'Afie mineure, a à fon occident Khalig Al Constantini, le canal de la Mer Noire ; à son midi Belad Scham, & Belad Gezirah, qui font la Syrie, la Mésopotamie, Armi niah ou l'Arménie; au levant & au septentrion, Belad Kurg, qui est la Géorgie, & Bahr Pontos le Pont-Euxin, & qu'au milieu de ce pays de Roum, est Gebal Carman, la montagne de Caramanie, c'est-à-dire, le mont Taurus, où habitent plusieurs familles turques & turcomanes, & dont la chaîne s'étend depuis Tharsous, qui est Tharse en Cilicie, jusqu'à l'Hellespont. Et c'est dans ce pays de Roum, proprement dit, que regnoient les sultans de la

la Mailleraye fur Seine, la seigneurie d'Infreville, près le Bourg-Theroulde, & plus de cent églises paroisiales * Corn. Dict. Mémoires dressés fur les lieux en 1706.

L'abbaye de Jumiége sur Seine est aussi mise par quelques-uns dans le Roumois, quoiqu'elle soit du même côté que Rouen. Cette contrée est abondante en bleds & en fruits. L'on fait estime des toiles du Roumois, dites toiles de ménage. La forêt de Bretonne lui fournit du bois à bâtir & à brûler, & même l'on en transporte dans pluficurs villes de la Province.

• ROVOREIT, en latin Rovoretum, ville du Tyrol, près de la riviere d'Etsch, sur les frontieres de l'état de Venise, du côté de Vérone. Cette ville fut prise par Nicolas Priuli, comniandant des troupes vénitiennes, du tems de Sigismond, archiduc d'Autriche, en 1448. Les Autrichiens l'ayant reprise, les Vénitiens s'en emparerent de nouveau. Par le traité de Noyon de l'année 1516, la ville de Rovoreit fut remise à l'empereur Maximilien I, jusqu'à ce que les rois de France & d'Espagne eussent réglé le différend qui étoit entre cet empereur & la république de Venise, touchant les limites du Tyrol. * Zeyler, Topogr. comit. Tyrol.

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ROUPEROUX & TERREHAUT bourg de France dans le Maine, élection du Mans.

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ROUPEYROUX, bourg de France, dans le Rouergue, diocèse de Rodès, élection de Villefranche. Il y a un chapitre.

ROUSA,

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