11 y eut quelques escarmouches, après lesquelles les Maures se retirerent; & le blessé s'étant traîné vers les siens, malgré les blessures qu'il avoit reçues, leur raconta tout ce qui s'étoit paflé. * Marmol, Afrique, t. 2, 1.6, c. 40. QUERQUENNE AQUÆ. Voyez QUACERNI. QUERQUENSIA, place de la Mésopotamie, aux environs d'Edesse, selon Guillaume de Tyr, cité par Ortelius. QUERQUETULANI, ancien peuple de l'Italie, dans la premiere légion selon Pline, 1. 3, c. 5. Ce font les Corcutulani de Denis d'Halicarnasse. Voyez ce mot. QUERSONNESE, en latin CHERSONESUS: les Grecs ont dit χερρονήσος χερσόνησος : ce mot signifie une PRESQUE-ISLE, une PENINSULE, du inot latin Peninsula. Les Italiens disent PENISOLA: les Espagnols PENINSCOLA & PENINSULA. Nous avons déja remarqué ailleurs, que la lan. gue arabe, n'ayant point de mot particulier pour signifier une presquifle, elle se sert de Gezira, ou avec l'article Algefir, qui signifie simplement une ifle, lors même qu'il eft question d'une presqu'ifle. Les savans, en introduisant ce mot dans la langue, lui ont confervé son ortographe primitive, prise de la langue grecque, & ont écrit CHERSONNESE, en lui confervant néanmoins la prononciation du Chou x des Grecs qui est assez semblable à notre Qu, mais comme les personnes sans lettres prononçoient ce mot par le Ch françois, comme dans chercher, d'Ablancourt ofa fixer la prononciation en écrivant ce mot Qu, QUERSONNESE. Il fut imité par de Tillemont, de Toureil, & autres écrivains illuftres; de sorte que cette ortographe a acquis un usage affez respectable, & l'éditeur du dictionnaire de Trévoux en 1721, a eu tort de dire que de Tillemont contre l'usage général, & la raison de l'étymologie, écrit Quersonnese. Il est vrai que quelques savans ont tenu bon pour le Ch; de ce nombre sont Rollin dans son his toire ancienne, & de Boze dans sa dissertation sur les rois du Bosphore Cimmerien; d'Ablancourt, de Tillemont & de Toureil, ne feront jamais soupçonnés d'avoir ignoré que le mot Chersonnese s'écrit en Grec par un x. Les Grecs employoient ce mot de Querronese ou Quersonnese en des occasions, où nous ne l'employerions pas aujourd'hui. Comme ils n'avoient que ce mot pour signifier une presqu'ifle, ils l'employoient non-feulement pour les grandes presqu'ifles, pour lesquelles il semble présentement être réservé, mais encore pour des places situées bien avant dans les terres. Il fuffisoit pour cela, qu'elles fussent dans un terrein qu'une riviere, ou un lac, ou un étang entouroit de trois côtés, pour que ce fut une Cherfonnese. Le P. Lubin, Merc. géogr. p. 162, observe que la Chersonnese de Syrie n'étoit autre chose que la ville d' d'Apamée. Les Macédoniens qui s'y étoient établis, lui avoient donné le nom de Pella, nom d'une ville de Macédoine, de même que les Espagnols, les Anglois & autres peuples de l'Europe, ont donné les noms des villes de leur pays à des villes de l'Amérique, où ils se sont placés. Le fleuve Oronte entouroit une partie de la ville d'Apamée. Elle avoit de l'autre côté des prairies fort grandes, mais tellement entourées de marais, que l'on ne pouvoit y entrer, non plus que dans la ville, que par une chauffée, ce qui donnoit à cette ville la figure, & en même tems le nom de Quersonefe. Etienne le géographe donne jusqu'à sept villes, ou lieux particuliers, nommé χερρόνησος, QUERRONESE. Selon lui il y avoit : 1. QUERRONESE, ville dans la presqu'ifle, auprès de Cnide. Mais Cnide étoit elle-même dans la presqu'ifle de la Doride, entre le golfe de la Doride, & le golfe Céramique. Mais le passage d'Elien, rapporté pour fonder cette ville, me fait craindre que le Grammairien Hermolais, n'ait mis là, à fon ordinaire, une bêtise de sa façon, χερρονήσιοι δι' ἀλπὸ Κνίδου. Cela ne dit point qu'il y cût auprès de Cnide une ville nommée Kerronese. 2. QUERRONESE, autre ville dans la Thrace : Étienne cite sur celle-ci Hecatée. Il paroît qu'elle étoit dans l'Isth me. 3. QUERRONESE, ville de la Taurique. On cite là-dessus Hérodote, dont le passage n'est pas fort décisif pour prouver qu'il y ait eu une ville de ce nom. On y voit feulement que le peuple de la Taurique s'étend jusqu'à la Cherronese nommée montagneuse. Habitat taurica gens ad Cherronesum usque que aspera vocatur. Il y avoit la Quersonnese Taurique, dont nous parlerons ci-après. Ce n'est point d'Hérodote, mais de Ptolomée, 1.3, c.6, & d'Arrien, que nous apprenons que dans la Quersonnese Taurique, il y avoit une ville nommée CHERSONNESE, entre le promontoire Parthenium & le front du Belier, autre promontoire. 4. QUERRONESE, isle voisine de la Crete. Elle a, dit l'auteur, une petite ville nommée comme elle. Un pafsage de Xenion la met entre Cnosus & O.... Ce dernier nom manque dans le livre d'Etienne, à la réserve de la lettre initiale, & on conjecture que c'est Oaxus. Voyez la remarque ci-après. S. QUERRONESE, ville de la Libye. Elle est appellée CHERRURA par Alexandre, dans son troisiéme livre des affaires de Libye, 6. QUERRONESE, promontoire de la Lycie. 7. QUERRONESE. Il y avoit selon le même Etienne, un lieu nommé ainsi, apparemment un promontoire, auprès de la ville Corronite. Berkelius doute s'il ne faut pas lire Coronide. Telles font les Querroneses d'Etienne. A l'égard de la quatrième, il y avoit dans l'isle de Crete deux promontoires en forme de presqu'ifle, & que Ptoloméee appelle par cette raison CHERSONESUS. Ses interprêtes Puna di Corinto, le plus occidental. Il n'a aucun rapport avec la Querronese 4 d'Etienne. Mais dans la partie orientale, il y avoit un lieu que Ptolomée place au fond d'un golfe. Il y a bien de l'apparence que c'étoit une presqu'isle, comme le nom le fignifie, & Ortelius dit que c'étoit un promontoire. Les interprêtes de Ptolomée veulent que ç'ait été une ville, & c'est sur ce pied qu'elle est représentée dans les cartes drefsées sur les tables de cet auteur. Elle s'y trouve effectivement sur une même ligne, entre Gnossus, qui est dans les terres, & OLULIS qui est au bord de la mer. Ainsi c'est OLULIS, qu'il faut reftituer dans Etienne le géographe, & non Oaxus, comme le veut Berkelius. On pourroit même dire que l'AFRIQUE toute entiere est une grande presqu'ifle, qui ne tient au continent de l'Asse que par l'isthme de Suez.. L'ARABIE eft elle-même une grande presqu'isle entre la mer Rouge & le golfe Persique. L'AMÉRIQUE est un composé de deux grandes prèsqu'isles qui se tiennent lieu l'une à l'autre de continent. La grande Bretagne qui se retrécit entre les golfes de Forth & de la Clyd, forme du reste de l'Ecofle une assez grande presqu'ifle, composée de quantité d'autres. Mais mon but n'étant point de parcourir ici toutes les presqu'isles de l'univers, je ne veux que choisir celles que les anciens ont nontmée Cherfonese ou Quersonnese. Ainsi je ne parlerai point ici de l'Espagne, qui est véritablement une Quersonnese, ni de l'Italie entiere, ni de la presqu'isle en deça du Gange, que les anciens terminoient en un angle beaucoup plus obtus, ou, ce qui revient au même, dont ils supposoient les côtés beaucoup plus courts qu'ils ne sont effectivement. Je ne parlerai point du PÉLOPONNESE, dont on peut voir des descriptions suffisantes, sous ce nom & fous celui de Morée. Je m'attacherai principalement aux quatre Quersonneses, fameuses dans les écrits des anciens; savoir la QUERSONNESE CIMBRIQUE, la QUERSONNESE D'OR, la QUERSONNESE TAURIQUE & la QUERSONNESE DE THRACE. J'ai déja traité la premiere au mot CIMBRES; ainsi il me reste à parler ici des trois autres. La QUERSONNESE D'OR. Les anciens ont ainsi nommé ce que nous appellons la presqu'ifle de Malaca, entre les golfes de Bengale & de Siam; mais il faut y joindre encore une partie de la côte occidentale de Siam, & peut-être quelque chose de celle du Pégu; car sur la côte occidentale de la Quersonnese d'Or, je trouve le port de TACOLA, qui me paroît être celui de TAVAY. Ptolomée eft celui des anciens qui nous donne le plus de connoiffance de cette presqu'ifle, mais il n'en a pas mis les positions telles que les donnent les missionnaires qui ont scrupuleusement examiné ce pays. Ce qu'il en dit suffit, cependant, pour faire voir qu'on connoissoit de son tems, quoiqu'imparfai.. tement, cette presqu'ifle. On peut mettre entre les idées chimériques qu'on lui en avoit données, un fleuve qu'il place dans l'Iithme, qu'il conduit à BALONGA, & qu'il partage ensuite en deux branches, dont la plus orientale coupe l'équateur & va se jetter dans la mer, sous le nom Tome V. C : d'ATTABAS, au fud-est de l'ifle, entre Coli, ville maritime, située presque sous l'équateur & le promontoire MALAU COLON. L'autre branche se partage encore en deux : l'une nommée CHRYSOANA, va au couchant se perdre dans la mer, en deça de l'équateur : l'autre, courant vers le midi, par le milieu de l'isle, se nomme PALANDAS, & coupant l'équateur, arrose une ville de même nom, un peu avant que de se jetter dans la mer. Cette riviere est une pure imagination. Ptolomée met au midi la ville marchande, qu'il nomme SABANA, & qui ne doit pas avoir été bien loin de l'endroit où est présentement Malaca. Sur la côte orientale au nord de Coli, il met la ville de PERIMULA. د Quelques auteurs se sont imaginé que cette Cherfonnese d'Or étoit l'ophir de Salomon. Voyez OPHIR. La Quersonese Taurique, Chersonesus Taurica. Les anciens ont ainsi nommé la presqu'isle de CRIMÉE, dans la petite Tartarie. Voyez CRIMÉE. Nous avons remarqué dans cet article que les anciens la nommoient aussi SCYTICA, Scytique, CIMMERIA, Cimmérienne, & PONTICA, Pontique. Ptolomée, 1.3, c. 6, ne la nomme que Taurique. Elle est, dit-il, terminée par le lac Carcynite, jusqu'au marais de Bycé, joignant lequel est l'Ifthme: il diftribue ainsi les rivages de la Quersonese le long du Pont-Euxin, du Bosphore Cimmérien & du Palus Méotide. Après l'Isthme, le long du fleuve Carcynite, on trouve fur le Pont-Euxin, Eupatoria, ville, Le port des Symboles, Charax, Théodofie, Nymphée. Le long du Bosphore Cimmerien. Tyricłaca, Panticapad பு Et ensuite la ville de Gallipoli. Du tems que Pisistrate régnoit à Athènes, les Dolonques, ancien peuple de Thrace, occupoient cette presqu'ifle, & les Thraces Absynthiens y faifoient des incurfions continuelles. Ceux-là, pour derniere ressource, s'aviserent d'invoquer Apollon, & envoyerent à Delphes une ambassade solemnelle demander à l'oracle une voie pour fortir d'un état si violent. La Pythie répondit que Miltiade, fils de Cypsele, Athénien, les en tireroit. Ils le solliciterent tant, qu'il partit accompagné d'une troupe de volontaires. A fon arrivée on l'élut roi de la Quersonese. Ce Miltiade étoit oncle du fameux Miltiade, qui gagna la bataille de Marathon. Il voulut d'abord mettre la Quersonese à couvert des invasions des Absynthiens, & bâtit une muraille depuis la ville de Cardie jusqu'à celle de Pactye, la premiere sur la Propontide, & l'autre sur la mer Égée. Cette muraille fut en divers tems, tantôt abattue, tantôt relevée. L'ancien Miltiade mourut sans enfans; deux de ses neveux lui fuccéderent l'un après l'autre. Le second nommé Miltiade comme son oncle, essuya de terribles revers. Les Scythes Nomades le chasserent, & les Dolonques le rétablirent; mais à trois ans delà, rechassé par les Phéniciens qui étoient au service de Darius, il se retira dans Athénes, & se vengea à Marathon. Sa victoire rendit depuis la Le front du belier, promontoire, Quersonese aux Athéniens. Ils en joüirent paisiblement, & par le conseil de Périclès y envoyerent une colonie. Quand Lysander eut détruit Athénes, les habitans de cette presqu'ifle se mirent sous la protection de Lacedemone ; & quand Conon, fils de Timothée, eut relevé sa patrie, ils retournerent sous la domination des Athéniens leurs premiers maîtres. Sous les Lacédémoniens, Dercylide, leur général, que les Chersonésiens avoient appellé d'Afie, avoit rétabli la muraille; mais les Thraces la forcerent de nouveau, & Cotys, roi de Thrace, conquit la Quersonese fur eux. Chersoblepte, fils de ce Cotys, s'en accommoda enfin avec eux & la leur céda. Cette presqu'isle demeura cependant exposée aux continuelles incursions des Thraces, qui sur le plus léger prétexte se jettoient fur ce pays. L'unique moyen de les arrêter, étoit de percer l'Ifthme. Le La Chersonese de Zenon, moindre petit trajet eût été pour eux une barriere infurmontable; ils n'avoient ni vaisseaux ni bâtimens armés en guerre. Athènes prenoit fort à cœur la sureté & la tranquillité de la Quersonese. Philippe promit qu'en faveur des Athéniens & de leurs colonies, il perceroit l'isthme à ses dépens. Cela est encore à faire. On se contenta seulement de rebâtir la vieille muraille dont Pline, 1.4, c. 12, parle comme d'un monument qui subsistoit de son tems. * Herodot. l. 6, c. 34. & le promontoire Myrmecium. Le long du Palus Méotide. Parthenium, Voyez au mot CRIMÉE, son état moderne. La QUERSONESE DE THRACE, presqu'ifle d'Europe, entre la mer de Marmora, autrefois la Propontide, l'Hellespont, l'Archipel, autrefois la mer Egée, & le golfe de Megariffe, autrefois Melanis Sinus. Elle tient à la Thrace par le nord-eft; elle a la Propontide à l'orient, le détroit des Dardanelles ou l'Hellespont au sud-est & au midi; l'Archipel au fud-ouest & le golfe de Mégariffe au nordoueft & au nord; Ptolomée en a mal conçu le gisement; il appelle couchant, ce qui est le nord-ouest; midi, ce qui eft le fud-oueft, & orient, ce qui est le midi & le fud-est. Justinien fit travailler à cette muraille. Procope, Edific. 1.4, c. 10, parle ainsi des ouvrages qu'il y fit faire. Je me servirai de la traduction de Cousin: la Chersonnese s'avance à l'opposite d'une partie de la Thrace, & femble être prête de se joindre à l'Afie. Elle a un promontoire de la ville d'Eleonte (c'est l'Elaus de Ptolomée) qui s'étend à l'endroit même où se forme le golfe de la mer Noire. (Je crois que le traducteur se trompe. L'entrée de l'Hellespont où Eleonte, est bien loin de la mer Noire, à moins qu'il ne veuille regarder le Bosphore, la Propontide & l'Hellespont comme des parties de cette mer.) Il s'en faut peu qu'elle ne foit une isle, & il n'y a qu'un ifthme fort étroit qui l'en empêche; c'est pour cela qu'elle a été appellée Chersonnese. Les anciens avoient bâti sur cet isthme une muraille, qui pouvoit être prise sans peine, & qui étoit aussi basse que fi elle n'eut été faite que pour enclore un jardin. Ils avoient élevé aux deux côtés de l'isthme deux moles fi foibles & fi méprisables, qu'ils sembloient plus propres à faire entrer l'ennemi qu'à le repouffer. Regardant cependant ces moles comme imprenables, ils n'avoient élevé aucune fortification dans la Chersonnese, bien Au midi, elle a la mer Egée ou l'Archipel, sur lequel qu'elle eût le chemin de trois journées en longueur. Il n'y a elle a une ville & un promontoire, savoir, pas long-tems que les ennemis, en parcourant la Thrace, tenterent d'entrer dans l'isthme, qu'ils chasserent fans peine ceux qui le gardoient, & pafferent la muraille. Justinien, qui veilloït avec une application continuelle au bien de ses sujets, fit abattre entierement la vieille muraille, fans en laisser le moindre vestige, & en fit élever au même endroit une autre, d'une hauteur & d'une largeur fort raisonnable. Au-dessus des creneaux, il fit faire une galerie voutée, afin que les foldats fussent à couvert, & au-dessus de cette galerie, il fit faire un autre rang de creneaux, afin de doubler le nombre des foldats. Aux deux bouts, il fit construire deux moles, & les fit élever à une hauteur égale à celle des murailles. Il fit nétoyer & creuser les foffés d'une largeur & d'une profondeur extraordinaires. Il y mit de plus une garnison fort nombreuse & capable de garder la grande muraille, & de repouffer ceux à qui il prendroit envie de l'attaquer. Après avoir pourvu de la forte à la sureté des avenues, il mit les fortifications du dedans en état de résister, au cas que la grande muraille fut prise. Il fit fermer pour cet effet la ville d'APHRODISIAS, qui n'avoit jamais éré fermée, rebâtit entierement celle de CIBERIS, qui étoit en ruine, la peupla de nouveaux habitans. Il y construifit des bains, des hôpitaux & d'autres édifices qui font la beauté des villes; fit encore entourer de fortes murailles la ville de Callipole (Gallipoli) que les anciens avoient tout-àfait négligée par la confiance qu'ils avoient eue dans la muraille de la Chersonnese. Il y fit aussi bâtir des caves & des greniers pour renfermer les provisions nécessaires aux gens de guerre. Il y a à l'opposite d'Abide, une ville fort ancienne, nommée Seste (Sestos) qui est commandée par une coline ; & qui n'avoit autrefois ni fortifications ni murailles. L'empereur y a fait bâtir une citadelle, qui est de très-difficile accès, & passe pour imprenable. Il y a proche de Seste une autre ville, nommée Eléonte, où il s'éleve un rocher fort vaste & détaché de la mer, au haut duquel Justinien a fait bâtir un fort. Il en a fait construire un autre à côté de la grande muraille, d'une maniere fort solide, ainsi il a pourvu à la sureté des peuples de la Cherfonnefe. OUTRE ces grandes Quersonneses, il y a eu diverses presqu'ifles, caps ou lieux nommés Chersonneses par les anciens. I. CHERSONESI EXTREMA, ou le promontoire Quersonnese, cap de l'Arabie heureuse, au pays des Léanites, joignant le golfe Léanite d'un côté, & la ville de Maleade de l'autre, fur le golfe Persique. * Ptolom. 1. 6, c. 7. 2. CHERSONESI EXTREMA, autre cap de l'Arabie heureuse, sur le golfe Arabique, en approchant du golfe d'Alana, entre le village de Raunathe & celui de Jambie. Ptolom. 1. 6, с. 7. qui forme au midi le port de Syracuse, & au nord celui de Lognina. 10. Le même Fazel cite le quatriéme livre de l'interprête d'Apollonius, où il trouve une autre Chersonnese de Sicile : ce doit être, selon lui, la pointe de Milazzo. II. CHERSONESUs, promontoire d'Asie, dans la Troa de, selon Lucien, Dialog. marin. p. 251, édit. Amstel. 1687, qui dit qu'Hellé y fut enterrée. Les anciens Grecs ont également dit Querronese & Quer sonnese, la différence n'est que dans les lettres; c'est da reste le même mot & la même signification. QUESAC OU QUEZAC, ville de France, en Languedoc, dans le Gévaudan, au diocèse de Mende. Elle est remarquable par les ravages qu'elle souffrit en 1563, durant les guerres de religion. Les protestans ruinerent les églises, brulerent une fameufe image de la fainte Vierge, & emporterent pour près de trois cents marcs d'argent, tant en reliquaires qu'en vases sacrés. * Corneille, dictionnaire. Dutheshe, antiquité des villes de France. QUESKO. Baudrand dit: ville de la grande Tartarie, près de l'Oby. Elle dépend du grand duc de Mofcovie, & est à deux journées de Narime & à quinze de Mascoskoye: Le vrai nom de cette ville est KETSKOI, elle est dans l'em pire ruffien, dans la Sibérie, sur la rive orientale de l'Oby, qui y reçoit la riviete de KETA. C'est de cette riviere que cette ville prend son nom. On peut remarquer que les principales villes situées ainsi sur des rivieres, forment leur nom de cette terminaison Koy, ajoutée au nom de la riviere; Tobol, riviere; Tobolskoy, riviere; Jenifea, Jeniseskoi, Keta, Ketskoi, Selinga, Selingaiskoi; & ainsi des autres, quelquefois le mot Koi se joint au nom du peuple. QUESNOY, (LE) petite ville des Pays-Bas, dans la Flandre françoise, entre Cambray & Maubeuge: fon nom latin est Quercecum & Cafnetum. Elle est située dans uně grande plaine. La place est fort irréguliere & composée de huit bastions. On y entre par trois portes, & les rues en font affez bien percées. La grande place est un carré long devant le château. Ce château est un vieil édifice de peu de défense & affez négligé. Le fossé de la place est extrêmement large & plein d'eau, excepté du côté de la porte de Valenciennes. La partie de la ville qui est de ce côté-là, à son enceinte particuliere: ses ouvrages, fon foffe & fon chemin-couvert dans ce fosse, sont placés vis-à-vis des courtines, huit demi-lunes & deux contrescarpes construi 3. CHERSONESUS PARVA, la petite Quersonnese, Pro-tes, l'une sur un bastion & l'autre sur une demi-lune. Le montoire d'Egypte, sur la mer Méditerranée, selon Pto. Lomée, l. 4, c. 5. elle étoit sur la côte, dans le Nome Maréote, entre Plinthine & Alexandrie; il la nomme petite, pour la diftinguer de celle qui suit. 4. CHERSONESUs Magna, ou la grande Quersonnese, promontoire d'Afrique, dans la Marmarique, selon Prolomée, entre Axylis, village, & le port de Phthia. 5. CHERSONESUs Promontorium, promontoire de l'Eubée, sur la côte orientale, selon Ptolomée, 1. 3, 6. 15. Ses interprétes disent que le nom moderne de ce cap est CABO D'ORO. 6. CHERSONESUS, promontoire de l'isle de Malthe, selon Ptolomée, 1.4, 6. 3. On tient que c'est présentement la cale de S. Paul: mais on n'a pas fait réflexion que le mot de cale ou calle signifie une baye ou une anse, chose direCtement opposée à un promontoire. En comparant Ptolomée avec la carte de Malthe, il est clair qu'il a entendu par Quersonnese la presqu'ifle, qui termine l'isle au nordouest, & où est la rade & la pointe du Frioul, entre l'isle de Cuming & la calle de Melleaa. 3,6. 7. CHERSONESUS, promontoire du Péloponnése, dans l'Argie, selon Ptolomée, 1. 16. Sophien croit que le nom moderne est Phanar. Elle est dans le golfe Saronique, entre Træzène & Epidaure. Voyez METHANA. 8. CHERSONESUS, promontoire de la Perside, selon Ptolomée, 1. 6, 6. 4. Arrien, in Indicis, en parle aussli; mais selon Ortelius, il nomme Mesembria le pays où est cette presqu'ifle. 9. CHERSONESUS, promontoire de Sicile, entre le long promontoire & Syracuse. C'est ce qui m'empêche de dire, comme Fazel, que c'est AUGUSTA, quoique cette ville foit fur un promontoire. Mais cela ne suffit pas, il faut que le promontoire nommé Cherfonesus, par Ptolomée, soit au midi de Syracuse, & alors ce ne peut être que la presqu'ifle chemin-couvert & le glacis sont comme aux autres places. Le côté de la porte de Forêt n'est pas si bien fortifié que les autres, parce qu'il est couvert de deux étangs qui en font les défenses naturelles. Ces étangs forment une inondation, & sont séparés l'un de l'autre par tune solide & forte digue ou chauffée de maçonnerie, des mieux construites qui se voyent. Le printe Eugene prit cette place le 4 juillet 1712, & le maréchal de Villars la reprit le 4 octobre de cette même année. On compte dans le Quesnoy environ fix cents trente feux & deux mille fix cents quatre-vingts habitans. Il y a au Quesnoy un bailliage, créé en 1661, & qui devoit être composé d'un bailli d'honneur, d'un lieutenant civil & criminel, d'un lieutenant particulier, de quatre conseillers, d'un procureur du roi, d'un avocat du roi & d'un greffier. La même chose devoit être à Avesnes, mais il ya, dit l'auteur cité, si peu de personnes qui soient capables de remplir ces charges, que la plupart n'ont pas été achetées. Les charges de grand bailli d'Avesnes & du Quesnoy, sont possédées par les gouverneurs de ces deux places, & les jugemens sont intitulés de leur nom. Il y a aussi au Quesnoy une jurisdiction, pour avoir foin de l'administration de la forêt de MORMALL. Cette maîtrise particuliere est sous le grand-maître des eaux & forêts de Picardie, de Flandres & de Hainatit. Elle est composée d'un maître particulier, d'un procureur du roi & d'un garde-marteau. * Piganiol de la Force, Description de la France, t. 7, p. 270. QUESTORIANENSIS, ou plutôt QUASTORIANENSIS, siége episcopal d'Afrique, dans la Byzacene. La notice episcopale d'Afrique, nomme cette province Victorianus Questorianenfis. Entre les évêques qui souscrivirent la let tre qu'écrivirent ceux de la Byzacene, qui étoient au concile de Latran, tentu sous le pape Martin, on trouve Stephanus spes in Deo, episcopus sancta ecclesia Quastorianenfis. Tome V. Cij QUEVILLY, village de France en Normandie, à une licue au-dessous de Rouen, sur la Seine : il étoit fort fréquenté avant la révocation de l'édit de Nantes. Les protestans qui étoient en grand nombre à Rouen, avoient leur temple à Quevilly. Il y a deux villages de ce nom, le grand Quevilly où étoit ce temple, & le petit Quevilly qui n'est qu'à une demi-lieue de Rouen. QUEULHE, bourg de France, dans la basse Auvergne, à une des fources de la Soulle, à fix lieues de Clermont, vers le couchant. QUEXIMI. Voyez KISMICH, QUEYANG. Voyez QUEIYANG. QUEYRANE, petite ville de France, dans le Dauphiné, environ à trois lieues de Vaison, vers le couchant. QUEYRAS, bourg de France, en Dauphiné, dans les montagnes, environ à quatre lieues au sud-est de Briançon, & à fix au nord-est d'Ambrun. QUIANSI. Voyez KIANSI. QUIBERON, petite presqu'isle de France, en basse Bretagne, dans l'évêché de Vannes, au nord de Bellisle, mais au continent, auquel elle est attachée par un ifthme. Il y a au midi une petite ifle nommée pointe de Quiberon. Le canal qui la sépare de la presqu'ifle s'appelle pas de Quiberon. QUIBO, OU CABOYA, ifle de la mer du fud, sur la côte de la province de Veragua, dans la Nouvelle Espagne, au couchant du golfe de Panama. Elle est, selon Dampier, Voyages, t. 1, c. 8, p. 227, à 7d 14 de latitude septentrionale. Elle a environ fix ou sept lieues de long, & trois ou quatre de large. Les terres font basses, à la réserve de celles qui font au bout, du côté du nord-est. Il y a quantité de grands arbres fleuris de plusieurs fortes, & de bonne eau à l'est & au nord est de l'ifle. Il y a quelques bêtes fauves, & force gros finges noirs, dont la chair est bonne & faine. Il y a aussi quelques guanos & ferpens. Au fud-est de la pointe de l'ifle il y a un fond bas qui s'étend demi-lieue en mer, & à une lieue au nord de ce fond bas il y a un rocher à environ un mille (Anglois) de la côte, qui fur la fin de la marée paroît au-dessus de l'eau. A ces deux endroits près il n'y a aucun danger de ce côté-là; les vaisseaux peuvent aller à un quart de mille de la côte, & mouiller à fix, huit, dix, ou douze brasses d'eau, sur un fable bon & clair. 0 Cet auteur donne le nom général d'isles de Quibo, à plusieurs autres ifles, dont les unes font au fud-ouest, les autres au nord & au nord-est de celle-ci, comme l'ifle de Quicaro, celle de Rancheria, celles de Canale & Cantarras. Elles font, dit-il, toutes séparées par des canaux, & on peut ancrer tout à l'entour. Elles ne sont pas moins riches que Quibo, en arbres & en eau; mais Quibo est la plus grande & la plus remarquable; car quoique les autres ayent des noms, on ne s'en fert néanmoins presque jamais que pour les diftinguer. Le capitaine Swan donna à plusieurs de ces ifles les noms des marchands Anglois ausquels fon vaisseau appartenoit: nomenclature frivole, & que le public n'adopte point, fur-tout quand ces noms sont donnés par des étrangers à qui ces pays n'appartiennent aucunement, & qui n'y sont que sur le pied de passagers. De l'ifle ne connoît de ces isles que celle de Quicaro. Cependant celle de Quibo ou Caboya existe, & eft telle qu'on la décrit ici. QUIBRICHE, Corneille dit: ville du royaume de Barca, dans la Barbarie: elle est située sur la côte du golfe de la Sydre: on l'appelloit anciennement Berenice. La caravane de Maroc y fait provision d'eau pour passer le pays de Barca, & aller à Alexandrie joindre la caravane de Tétuan. Voyez BINGAZI & BERENICE 6. QUIDALET. Voyez ALETH. QUIDIENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Numidie, felon Ortelius; mais il se trompe : ce siége étoit de la Mauritanie Césariense. La notice épiscopale d'Afrique range fous cette Mauritanie Tiberianus Quindiensis; & la conférence de Carthage nomme Prifcus epifcopus ecclefia Quidienfis. On conjecture que c'est la même ville que QUIZA. Voyez ce mot. QUIENNE, petite riviere de France, en la basse Normandie dans le Cótentin. Elle a dumoins autant d'eau que la Dromme, à laquelle elle se joint entre Saint-Mathurin & Corniere, après avoir passé par Ménil-Cauthois, les Sept-Freres, Compigni & Landelle. La Quienne a deux fources proche le bourg & l'abbaye de saint Sever. * Corn. dict. Vandôme, mém. géograph. manusc. QUIERS, en latin, Carium, en Italien Chieri, grande ville d'Italie, au Piémont, à cinq mille pas de Turin, vers l'orient, dans la province de même nom, dont elle eft la capitale. On croit que c'est la même ville que Pline ap pelle Carrea Potentia, entre Pollentia & Forum Fulvii. Plusieurs croient que son nom latin Carium, lui vient de Cara, fille de Numérien, laquelle naquit en ce lieu, ou des empereurs Carus & Carin: mais cette opinion n'est ap puyée fur aucune autorité. Tout ce qu'il y a de certain, c'eft que cette ville est fort ancienne. Il y a en ce lieu beaucoup de choses qui fentent le tems des Romains: mais on ne trouve aucun écrit où il soit bien, distinctement parlé de cette ville avant l'an 1154. Lorsque Frédéric Barbe rouffe, partant de Verceil pour Turin, proscrivit les ha bitans de Quiers, oppidanos Caira, pour parler comme Othon de Freifingue, & les habitans d'Afti, parce qu'ils avoient méprisé le commandement qu'il leur avoit fait de rendre justice à leur seigneur Guillaume, marquis de Montferrat ; & qu'ayant mené une armée pour les punir de leur contumace, il vint à Quiers, (Cairam) qu'il trouva remplie de vivres, mais fans habitans, ceux-ci s'étant retirés dans les montagnes, il détruisit plusieurs tours qui y étoient, & mit le feu à la ville. Elle se releva, & fut rebâtie plus belle qu'elle n'avoit été. Car, quoique le même empereur, étant cinq ans après à Occimiano, donnût à Charles, évêque de Turin, prélat qui tenoit son parti contre le pape, Quiers & ses dépendances, ou pour parler en latin de ce tems-là (Curtem de Cario, cum plebe & castello & mercatis districto.) Milon Cardan, successeur de ce prélat, ne trouvant pas beaucoup de soumission dans les habitans de Quiers, fit démolir les tours qu'ils avoient relevées, & par là les contraignit à lui prêter le ferment de fidélité. Mais les choses revinrent à leur premier état; Quiers se repeupla, devint un très grand village, & même on le fortifia. Cette place ayant mis ordre à ses affaires, soit en forme de république, soit au nom de l'empire, se gouverna quelque tems sur le înême pied que la plupart des autres villes de la Lombardie, qui toutes s'arrogeoient le droit de faire la paix ou la guerre, & de se faire à elles-mêmes de nouvelles loix. De là est venu, que quoiqu'elle n'ait jamais eu d'évêque, & que pour le spirituel elle ait toujours été soumise à l'évêque ou à l'archevêque de Turin, les souverains, même des écrivains déja anciens & estimés, ne l'ont pas crue indigne du titre de cité. La ville est sur le penchant d'une coline, exposée à Porient & au midi, au pied des montagnes qui étoient autrefois censées faire partie du Montferrat, dans un terrein fort agréable, un air doux & falubre. Elle est entourée au nord & au couchant de côteaux couverts de vignes & d'arbres fruitiers; au midi & à l'orient, il y a la plus belle vûe du monde sur une belle plaine; & comme le territoire est trèsfertile, les habitans vivent agréablement. Cette abondance ne les rend point négligens, ils travaillent le lin, la laine, la foie, & en font des toiles & des étoffes qui se transportent ailleurs. Ces esprits si propres à la méchanique, ne le sont pas moins à l'étude des sciences, quand ils font tant que de s'y appliquer. Ils réussissent aussi dans les armes. Il y a peu de villes dans la domination de Savoye & de Piémont, qui puissent se vanter d'avoir produit tant d'hommes qui se sont diftingués dans les études & à la guerre. Il y a tant de noblesse dans cette ville, que l'on y comptoit, il y a près d'un siècle, jusqu'à vingt-deux chevaliers de Malthe, dont quelques-uns étoient grands-croix, fans compter ceux qui étoient à Malthe ou ailleurs. Plusieurs de ces gentils-hommes font seigneurs de très-belles terres : quelques-uns ont à la campagne des châteaux avec des tours; d'autres ont de fort beaux palais, qui marquent combien ceux qui les ont élevés étoient riches. La ville est entourée d'une muraille à l'antique, flanquée de tours, & munie d'un fossé. Il y avoit autrefois une citadelle, nommée la Rochetta, que l'on a détruite dans le dix-septiéme fiécle. Il y avoit aussi trois autres forts, l'un au-dessus, & les deux autres au-dessous de la ville; mais ils ont été démolis durant les guerres. La ville a fix portes, qui répondent à autant de quartiers. L'une au quartier nommé Dell' Arena, peut-être à cause qu'il y avoit dans ce lieu un amphithéâtre : les autres font appellées de Novo, de Vayro, de Moreto, de Albafana, de Gialdo. De ces portes on va par des rues, où il y a de tems en tems de belles maisons & des tours, en quatre grandes places, qui servent tant aux marchés, qu'on y tient deux fois la semaine, qu'aux promenades de personnes de qualité. Ces tours ont été élevées dans, le tems des guerres civiles. Chacun s'y réfugioit, & y mettoit à couvert ce qu'il avoit de plus précieux. Ces diffentions finirent en 1533. Tous se réunirent sous un même syndic; & pour ôter le prétexte des troubles que causoit la préséance, il fut réglé qu'elle se donneroit à l'ancienneté de l'âge, hon à celle de la race. Cette pacification, confirmée par l'autorité du souverain, s'est maintenue jusqu'à présent. Cette ville s'étoit donnée dès l'an 1347, à Amédée de Savoye, nommé le Comte Verd, & à Jacques de Savoye fon coufin, appellé le prince d'Achaïe. Elle avoit été auparavant à Jeanne, reine de Naples. La grande église, qui est une collégiale, s'appelle sancta Maria de Scala. On croit que c'étoit un temple de Minerve. Les dignités du chapitre font, le prévôt, l'archiprêtre & le chantre. Les dominicains, & les franciscains ou freres inineurs, ont de beaux couvens en cette ville, où ils font, dit-on, établis depuis la fondation de leur ordre. Les hermites de faint Auguftin ont en-haut un couvent; plus haut encore eft celui des freres mineurs observantins. Leur église est sous l'invocation de saint George; il y a auffi d'autres freres mineurs de l'étroite observance sous l'invocation de Notre-Dame de la Paix. L'église qui étoit fous le titre de faint Antoine, abbé, a été donnée par Maurice, comte de Savoye, aux peres jésuites, qui ont tout auprès un noviciat, & un collége pour la jeunesse. On a aussi à Quiers des clercs de la Carniole, auprès de Pinguente, d'où coulant vers le sud-ouest, elle pafle à Sdregna, & s'étant enfuite chargée d'un ruisseau, elle se replie vers l'occident, traverse l'Istrie, pafle entre Emonia Rouinata & Bastia, & va former à son embouchure dans le golfe de Venise un port nommé port de Quiéto; au midi de son embouchure est une pointe appellée PUNTA D'ABREGA. Voyez. ISTER 2. QUILA, riviere d'Afrique, au Congo, au royaume de Loango. Elle coule entre les provinces de Cilongo & de Loangiri, arrose Katte & Kaye, & se perd ensuite dans l'océan, entre le cap de Cilongo & le Luy thœc. • QUILLAN, petite ville de France, en Languedoc, au diocèse d'Alet, à deux lieues & un demi-quart de lieue (lieues de Languedoc) & au midi de la ville d'Alet, fur la rive occidentale de l'Aude que l'on y passe sur un pont, affez près des confins du diocèse de Mirepoix. C'est une baronnie. Davity dit qu'elle appartient à l'archevêque de Narbonne. Baudrand dit Quilla; Corneille dit Quilhan, petite ville, & fait immédiatement après un autre article de Quilla, bourg. C'est le même lieu nommé Quillan par de l'Isle dans sa carte du diocèse de Narbonne. QUILLEBEUF, Henricopolis, petite ville de France, avec fiége d'amirauté, en la haute Normandie, diocèse de Rouen, & dans le petit pays du Roumois, dont elle est capitale. Elle est située sur la rive gauche de la Seine, entre Caudebec & Honfleur, à sept lieues au-dessus du Havre réguliers de saint Paul, ou barnabites, & des prêtres de l'o-de-Grace, & à trois de Ponteau-de-Mer. Cette ville étoit ratoire de la congrégation de faint Philippe de Neri. L'ordre de Malthe y a une commanderie, dont le titre est saint Léonard. L'ordre de faint Maurice y en a aussi une sous le titre de saint Jacques. Les religieuses de l'annonciation ont leur chapelle dans le quartier des Arènes. Il y a à Quiers un hôpital pour les malades. On y a soin des enfans trouvés, & on y reçoit les passans. Dans une autre maison, nommée la maison de l'aumône, on donne, selon un usage très-ancien, des vivres & des habits aux pauvres gens. Il y a en outre fix confrairies de laïcs, qui s'associent pour des œuvres pies, & la congrégation du saint sacrement. Ajoutez une communauté de femmes, nommées les humiliées; une maison d'orphelines, pour l'entretien des petites filles qui ont perdu leurs parens. Il y a trois couvens de religieuses; le monastére de saint André, ordre de citeaux; le couvent des clariffes, & celui de fainte Marguerite, sous la régle de saint Dominique. Les capucins sont dehors, & au haut des colines, vers le nord, sur le chemin de Turin, on voit l'église des carmes, avec la paroiffe de Notre-Dame du Pin: outre cette paroisse qui est hors la ville, il y en a deux dans la ville même: la collégiale, & l'église de S. George des freres mineurs obfervantins. C'est à ces trois paroisses que le peuple, tant hors la ville que dedans, reçoit les facremens. Ce peuple fait environ treize mille ames. La ville est gouvernée par un lieutenant du souverain, comme prince de Piémont. Il juge tant du civil que du cri minel. Il a sous lui un juge qui est à sa nomination, & qui doit être un des plus habiles jurisconsultes. Il y a outre cela un tribunal de quatre nobles, de deux marchands & de deux bourgeois, qui font nommés par leurs corps respectifs. On appelle à eux des sentences du juge inférieur, & de leur sentence on appelle encore au lieutenant du souverain ou Vicaire. Il y a aussi dans la province de Quiers une autre forte de magiftrat, savoir le référendaire, qui connoît des causes qui concernent les finances du prince, ou qui lui font renvoyées par le conseil souverain. L'air de Quiers est si bon, qu'on y transfére l'académie de Turin dans des tems de contagion. La PROVINCE DE QUIERS est bornée au nord par le haut Montferrat, à l'orient par le comté d'Asti, au midi par la province de Carmagnole & au couchant par le Pô, qui la sépare de cette province & de celle de Turin. Les principaux lieux font, affez considérable sous le régne de Louis XIII, mais fes fortifications & fes murailles ont été rasées. Son église paroissiale porte le titre de Notre-Dame. La grande rue est bâtie sur le rivage au pied d'une roche vive, & escarpée en précipice. Ses autres rues font du côté du marais, où eft l'hôpital; & ces rues s'élévent en partie sur le penchant de la côte. Au pied de la roche l'on voit une plage limoneuse, qui est un affez bon mouillage pour les vaisseaux qui montent à Rouen & qui en descendent. Il y a très-peu de terre de labour sur la paroisse de Quillebeuf. Les femmes & les filles y font de la dentelle; les hommes s'occupent à la pêche, dont la principale est celle de l'éperlant. Ils pêchent auffi des flondes, des plies, des limandes, des carlais, des foles, des alozes, & d'autres poiffons. Ils ont des chassemarées qui les portent à Paris. Le passage du Havre à Quillebeuf est en réputation d'être difficile pour les vaisseaux, à cause de la quantité des bancs de sable qui s'y forment & qui changent de place, ce qui oblige les vailleaux étrangers à prendre des pilotes de Quillebeuf, où il n'y a qu'un lieutenant particulier pour adminiftrer la justice & la police. Les autres procédures se font à la vicomté & au bailliage. * Mémoires dresses sur les lieux en 1704. Baudrand lui donne pour nom latin HENRICOPOLIS. J'ai appris sur les lieux que l'ancien nom de Quillebeuf est Aricarville, Haricarvile ou Erricarville, ce qui revient à l'Henricopolis de Baudrand. QUILLIGA-MONOU, au nord-est de Bulm-monou, (le pays de) contrée d'Afrique, dans la partie occidentale de la côte de Guinée, & au nord du royaume de Quoja, dont cette province & celle de Bulm-monou dépendent. Ce pays est traversé par la riviere que les naturels nomment MAGUALBARI, & les Portugais, Rio das Gallinhas, la riviere des Poules, à cause de la quantité de poules qu'ils trouverent sur ses bords. Les peuples de Quilliga ont une langue particuliere & fort différente de celles des autres Négres. Le roi de Quoja y envoye une espéce de viceroi pour les gouverner. On fait chez eux un commerce de peaux. * Dapper, Afrique, p. 252. 1. QUILMANCI, (LE) grande riviere d'Afrique, dans l'Ethiopie. Elle a sa source auprès de Bochæ, au royaume de Narea, dans l'Abiffinie; & faisant presque un cercle vers le nord & l'orient, comme pour enferiner dans une presqu'ifle la résidence du roi de Gingiro, dont elle sépare les états de la nation des Galles. Jusques-là cette riviere se nomme ZEBÉE; delà elle passe chez les Maracares qu'elle laisse à l'orient, traverse la ligne équinoxiale, baigne le pays des Mossegayes, caffres très-barbares, & coupant enfin la côte de Zanguebar, elle se perd dans l'océan, au royaume de Mélinde, au midi d'une place nommée comme elle QUILMANCI. Quelques-uns la prennent pour le RAPTUS on RAGPUS des anciens. * De l'Ifle, Atlas. |