Images de page
PDF
ePub

:

Il s'en faut beaucoup qu'elle ait toujours eu des bornes auffi étendues. Ses accroissemens se sont faits peu à peu, & elle ne s'est même si prodigieusement étendue du côté de l'orient que depuis un sfiécle. L'histoire de ce pays n'est qu'un tislu de fables ou de traditions très-incertaines jusqu'au duc Wolodimir, qui s'y fit chrétien l'an 987, après avoir fait mourir ses freres pour s'agrandir, & pris le nom de grand-duc. Il épousa Anne, fœur des empereurs Grecs Balile & Constantin; & ce fut à l'occasion de son mariage qu'il se fit baptifer, & qu'il introduisit dans ses états le chriftianisme selon le rit grec. Il partagea ses états à douze fils, qu'il laissoit & dont il fit autant de ducs. Leurs diflentions & leurs guerres continuelles, fournirent aux Tartares l'occasion d'envahir la plupart de ces principautés & de les rendre tributaires. Jean, fils de Bafile l'aveugle, s'affranchit de cette servitude en 1 500, par les conseils de Sophie Paléologue sa femme; & après avoir réuni toute la Moscovie sous sa domination, il se fit appeller monarque de la Ruffie. Gabriel son fils lui succéda en 1504, sous le nom de Bafile. Il se rendit maître des contrées voisines de la mer Glaciale, reprit la principauté de Plescow sur les Polonois, auxquels il enleva les duchés de Smolensko & de Severie; & prit le premier la qualité de czar: mais ayant été défait par les Tartares de Cazan, qui pillerent la ville de Moscou, il en conçut un fi grand déplaisir, qu'il en mourut de regret en 1533. Jean-Bafile, son fils, conquit une partie de la Livonie, les royaumes de Cazan & d'Astracan, & les provinces qui sont sur les frontieres de la Perse, & le long de la mer Caspienne. Il mourut en 1584, laissant d'Anaftafie sa premiere femme, Theodore, qui hérita de son empire, mais non pas de sa vertu: du second lit il eut le malheureux Démétrius. Boris Hodun, grandécuyer de Moscovie, & mari de la sœur du czar Théodore, s'empara de son esprit & du gouvernement; & le voyant fans enfans, fit alfaffiner le jeune prince Démétrius ; & empoisonna Théodore, qui mourut en 1597, & qui fut le dernier de la race de Rurich. Les Russes n'ayant plus de princes, déférerent la couronne à Boris; qui, pour se maintenir & gagner l'affection de ses sujets, diminua les charges du peuple, augmenta les prérogatives de la nobleffe, & donna divers priviléges aux négocians. Un jeune moine qui se nommoit Arisko-Otropeia, & qui étoit d'une famille ancienne & noble de Jaroslaw, fut instruit de l'état du gouvernement de la Ruffie, des affaires les plus importantes de la maison royale, & des moyens dont Boris s'étoit servi pour monter sur le trône. Ce fut un vieux moine ennemi de Boris, qui mit Otropeia au fait de tout ce qu'il falloit qu'il sçut pour l'exécution du projet qu'avoit formé celui qui l'inftruisoit. C'étoit de le faire passer pour le prin. ce Démétrius, qu'on devoit dire avoir été sauvé par sa mere, laquelle avoit eu vent des desseins de Boris ; ensorte qu'en la place de ce prince on avoit tué le fils d'un prêtre qui étoit de fon âge & de sa taille, & qui lui ressembloit. Quand le vieux moine eut mis Otropeia en état de bien jouer son rôle, il l'envoya en Pologne chez le prince Winowieski, palatin de Kiowie; & lui-même alla en Moscovie annoncer que le prince Démétrius étoit vivant, & qu'il s'étoit réfugié à Kiow. Otropeia de son côté, reçu au nombre des chambellans du prince Winowieski, gagne l'amitié de ce prince & de tous ses courtisans ; & quand il juge qu'il en est tems, il révéle son secret à Winowieski, de maniere à le faire croire, lui fait des offres considérables, & lui promet quelques provinces, s'il l'aide à remonter sur le trône de ses ancêtres. Winowieski, ne doutant point qu'Otropeia ne fut véritablement le prince Démétrius, fonge d'abord à le mettre en fûreté, en l'envoyant chez George Mniszek palatin de Sendomir. Otropeia, sous le nom de Démétrius, y devint amoureux de Marine, fille du palatin, la demande en mariage & l'obtient. Sigismond, roi de Pologne, & le fénat, permirent aux deux palatins de Kiowie, & de Sendomir de faire des levées ; & bientôt le faux Démétrius, à la tête d'une armée considérable ent re dans la Moscovie. Cependant l'ufurpateur Boris perd tête, s'empoisonne & meurt. Son fils Fedro-Borisswits, qui n'avoit que seize ans, est élu czar, sous la régence de la czarine sa mere. Démétrius vole auffi-tôt à Moscou, dont les portes lui sont ouvertes par les habitans qui lui livrent Fedro & fa mere, qu'il fait étrangler. Il se fait couronner avec sa femme Marine, le 21 de juillet 1605; & fait venir à la cour la mere du véritable Démétrius, laquelle

ne fait pas difficulté de le reconnoître pour son fils. Tout alloit bien, si le faux Démétrius eut été capable de regner: mais il ne se voit pas plutôt tranquille poslesseur du trône, que se remettant à des ministres polonois du soin des affaires, il se livre sans réserve aux débauches les plus outrees; & pour avoir dequoi fournir aux dépenses exceflives qu'elles occasionnoient, il furcharge ses peuples, & fe rend extrêmement odieux. Les principaux knez & boyards, outrés de n'avoir aucune part au gouvernement, & d'être traîtés par Marine avec une hauteur insupportable, conspirent en faveur de Basile Suiski, issu des grands-ducs de Moscovie par les ducs de Susdal. Le 17 de mai 1606, ils entrent pendant la nuit dans la chambre du czar. Il se sauve par une fenêtre. On le prend. La czarine douairiere avoue qu'il n'est point son fils; & Suiski le tue d'un coup de pistolet. Marine est mise en prison avec son pere & son frere; & cette révolution coute la vie à mil sept cents des partisans du faux Démétrius.

Suiski, proclamé czar, fut couronné le 1 de juin; presqu'aussi-tôt un autre fourbe, commis d'un secrétaire d'état, se donna pour Démétrius, qui s'étoit sauvé à la faveur de la nuit. Les Polonois lui donnerent des troupes. Marine le vint trouver dans son camp, & le reconnut pour fon mari. Après trois ans de guerre, Suiski fut pris, enfermé dans un cloître ; & puis relegué dans un château de Polo. gne où il mourut. L'imposteur fut ensuite assasliné par les Tartares, qui jetterent Marine & son fils dans une riviere. Les Moscovites, pour éviter d'être en guerre avec la Pologne, prierent le roi Sigismond de leur donner pour grand-duc son fils aîné Uladislas, à condition pourtant que ce prince embrasseroit le rit grec. Une armée polonoise va recevoir le ferment des Moscovites à Moscou; & pille cette ville, dont plusieurs quartiers font brulés, & grand nombre d'habitans massacrés. Uladislas ne se rendant point à Moscou, les Polonois en sortent. Les Moscovites assemblent leurs troupes; poursuivent les Polonois, & les chassent de leurs états. Ils dépossedent ensuite Uladislas, & choisissent pour czar Michel-Fédérowitz Romanou, qui fut proclamé à la fin de 1613. Au commencement de son regne, un nouvel imposteur se donne pour un fils de Suiski, quelques brouillons l'aident à s'emparer de Pleskou; comme il ne fongeoit qu'à s'y livrer à la débauche, on le prend, on le mene à Moscou; il y subit dans le grand-marché le supplice qu'il méritoit.

Michel, qui desiroit de rendre à ses états un calme dont ils avoient besoin, tente inutilement de faire, par la inédiation de l'empereur Matthias, la paix avec la Pologne. La guerre recommence. Les Moscovites ont quelques avantages, qui sont suivis d'une suspension d'armes, laquelle en 1618 fut convertie en une trève de quatorze ans. Celle-ci fut suivie d'une nouvelle guerre, qui fut enfin terminée en 1634, par le traité de Polanou. Uladillas, roi de Pologne, renonça aux prétentions qu'il avoit fur la Moscovie, en vertu d'une élection dont il n'avoit pas voulu profiter; il quitta le titre de grand-duc, & resta possesseur à perpétuité des duchés de Severie & de Smolensko. Michel mourut subitement au mois de juillet 1645, n'ayant pas encore quarante neuf ans.

Alexis Michalowits, son fils, qui n'avoit que seize ans, fut couronné deux jours après. Il éloigna tous les ministres de son pere, & recommença la guerre contre la Pologne. L'empereur Ferdinand III fit conclure entre les deux couronnes une tréve, qui fut suivie d'un traité de paix. Alexis

mourut en 1676.

Il eut pour successeur son fils Théodore Alexiowitz qui déplut à ses sujets par son mariage avec une noble Polonoise, & plus encore par le dessein qu'il forma d'introduire le rit latin dans ses états, & d'y faire reconnoître l'autorité du pape. Ceux dont les conseils le faifoient agir, l'avoient engagé d'avoir toujours quarante mille hommes dans Moscou. Les boyards mécontens, ne pouvant recourir à la voie des armes, firent empoisonner Théodore, qui mourut le 27 de juin 1682, dans des convulfions horribles, n'ayant pas pu faire de testament; mais ayant seulement recommandé aux boyards, qui se trouvoient près de lui, le prince Pierre Alexiowitz, fon frere du second lit, qu'il croyoit plus capable de gouverner que son frere puisné du premier lit, Iwan Alexiowits, lequel étoit aveugle & foible d'esprit.

Pierre, qui n'avoit que dix ans, fut proclamé czar.
Tome V.
Aa ij

[ocr errors]

Par les manœuvres de la princesse Sophie, sœur du Iwan,
les Strelitz se fouleverent le 15 de mai 1683, forcerent le
palais, le pillerent, & durant deux jours matfacrerent
beaucoup de grands seigneurs & d'autres personnes. Le
prince Iwan fut proclamé grand-duc & affocié au czar
Pierre, & Sophie s'empara de toute l'autorité. Pour se la
conferver plus long-tems, elle maria son frere Iwan, qui
ne paroissoit pas devoir vivre long-tems. S'il eut laiflé des
fils, elle auroit continué d'être régente pendant leur mino-
rité. Iwan n'eut que trois filles; 1°. Catherine, qui fut ma-
riée au duc de Mecklenbourg; 2o. Anne qui fut mariée au
duc de Courlande; 3°. Prescovie, qui mourut sans avoir
été mariée. Sophie, s'ennuyant d'une autorité partagée,
voulut se placer fur le trône. Le complot qu'elle forma
pour cet effet, fut découvert, & le czar Pierre la relégua
dans un couvent, où elle mourut en 1704. Iwan, qui avoit
pris peu de part, peut-être même aucune, aux projets de fa
fœur, céda toute l'autorité à son frere, qui continua de ré-
gner seul.

Pierre, qui mérita fi justement le surnom de Grand, est
fi connu par les merveilles de fon regne, qui ont fait de
notre tems l'objet de l'admiration & de l'entretien de
toute l'Europe, dont il avoit lui-même visité les princi-
paux états, qu'il est inutile d'entrer ici dans aucun dérail à
son sujet. Il suffit de dire, qu'il eut la gloire de créer un
peuple nouveau, en donnant à ses sujets des sciences, des
arts & des mœurs ; & de faire d'une puissance jusqu'alors,
presque ignorée, une des plus formidables du monde. Se
voyant privé d'un fils, qui s'étoit révolté contre lui, & qui
ne laiffoit en mourant qu'un fils très-jeune, il régla l'ordre
de la succession par une déclaration du 5 de février 1722,
& mourut en 1725.

Catherine Alexiewna, sa veuve, lui succéda, comme il avoit réglé, & mourut le 17 de mai 1727.

J

Pierre II, petit-fils de Pierre le Grand, monta sur le trône alors, & mourut de la petite vérole le 18 de janvier 1730.

Suivant le testament de l'impératrice Catherine, la couronne devoit appartenir à sa fille aînée Anne Petrowna, duchesse de Holstein-Gottorp; mais elle étoit morte le 15 d'avril 1728, laissant un fils né au mois de février précédent. On ne voulut point s'exposer aux dangers d'une longue régence; &, comme les filles de Pierre le Grand n'étoient que de la branche cadette, on résolut de rendre le trône à la branche aînée, en couronnant une des filles du czar Iwan. Comme on redoutoit l'humeur entreprenante & ferme du duc de Mecklenbourg, on exclut la duchesse Catherine sa femme: & comme par les nouveaux arrangemens de Pierre le Grand, le fouverain avoit acquis le droit de se nommer un fucceffeur à son gré; on publia que Pierre II avoit nommé son héritiere la duchesse douairiere de Courlande, Anne Iwanowna. On lui forma un conseil, on lui prescrivit des conditions, qui la réduisoient à n'être qu'une représentante de la dignité impériale, tandis que Pon auroit régné sous fon nom. Elle confentit à tout, & fut bien après reprendre toute l'autorité qui lui devoit appartenir. Elle mourut en 1740, ayant nommé pour fon successeur fon petit-neveu Jean, fils d'Antoine-Ulric de Brunswick-Wolfembutel, & d'Anne, fille unique du duc de Mecklenbourg, & de Catherine, fille aînée du czar Iwan.

Le jeune prince n'avoit que deux mois, & fa mere fut déclarée régente.

Le 6 de décembre 1741, par une révolution qui parut subite, mais que la personne intéressée avoit su ménager de longue main, avec beaucoup d'adresse, le jeune empereur & la régente furent arrêtés, & la princesse ElizabethPetrowna, seconde fille de Pierre le Grand, fut proclamée impératrice & fouveraine de toutes les Ruffies. Le 12 elle renvoya l'empereur déposé & la régente sa mere, dans leurs états d'Allemagne. En 1742, elle nomma son successeur sous le nom de grand duc de Moscovie, CharlesPierre-Ulric de Holstein-Gottorp, fon neveu, fils de sa sœur aînée Anne Petrowna, duchesse de Holstein-Gottorp, morte en 1728. Elle le fit venir à sa cour & élever dans la religion grecque, afin que les Russes ne fassent aucune difficulté de le reconnoître pour leur fouverain.

La Russie est un état parfaitement monarchique, dont le souverain porte les mêmes armes que l'empereur d'Allemagne, parce qu'il prétend tirer son origine des empereurs

eut aucun

Romains. Toute la différence est qu'il y a un saint Géorge à
cheval sur la poitrine de l'aigle, & une mitre couronnée fur
ses deux têtes. Le louverain de Ruffie est accoutumé à com-
mander avec hauteur. Ci-devant il n'appartenoit qu'à lui
de tout savoir; & pour empêcher qu'on ne pénétrat dans
les mystères de sa domination, il avoit banni les sciences
de fes états. Il ne vouloit point permettre d'établissement de
colléges, où la jeunesse fut instruite, afin qu'il n'y
de ses sujets qui en fût plus que lui; ce qui causa la disgrace
du patriarche Micon, qui vouloit établir à Moscou, fous
le regne d'Alexis Michalowitz, deux chaires pour y enfei-
gner les langues latine & grecque. Quand les Moscovites
parloient autrefois de quelque chose caché ou difficile, ils
disoient communément, Il n'y a que Dieu & le czar qui
le puisse savoir. Toute leur capacité consistoit à savoir lite &
écrire. Les ordonnances du czar étoient très-rigoureuses à
l'égard de ceux qui sortoient de ses états sans sa permission.
Il ne vouloit pas que ses sujets voyageassent, de peur que
par la fréquentation des étrangers ils ne se rendiffent trop
habiles, & n'apprissent à vivre avec plus de liberté. Il n'étoit
pas aussi permis aux grands de pouvoir se retirer de la cour;
& bien qu'ils eussent de grands biens dans les provinces,
ils n'y alloient jamais: mais ils y tenoient des économes.
Cette politique ne laissoit pas d'être raisonnable, quoique
sentant la barbarie. Par une suite de cette même politique
& pour n'être pas obligé d'admettre des étrangers à sa cour,
le czar ne prenoit une femme que parmi ses sujets. Souvent
il la choisissoit dans la noblesse; quelquefois auffi dans le
peuple: &, quand il se marioit avec une roturiere, les
parens de cette femme n'étoient considérés que tant qu'elle

vivoit.

Quoique le czar gouverne d'une maniere fort despotique, il ne régle aucune affaire sans la participation de fon conseil d'état, qui est 'composé des boyars, ou principaux seigneurs de la cour, de quelques ocolnics ou gentils-hommes de fa chambre, des dumni-duoranins ou grands conseillers, qui font tous nobles & des trois dumni-diaks ou grands chanceliers, qui font choisis entre les bourgeois, & qui demeurent debout, au lieu que tous les autres font affis. On traite généralement dans ce conseil de toutes les affaires qui regardent le dedans & le dehors de l'état ; on en prend les commissaires qu'on donne aux ambassadeurs ; & le czar en choisit toujours les chefs des ambassades qu'il envoye dans les cours étrangeres, & auxquels il donne ordinairement des diaks, ou petits chanceliers pour collegues. Il y a plusieurs tribunaux pour l'administration de la justice, qu'on nomme Pricaks, c'est-à-dire, cours de justice. Les conseillers d'état, tant boyars qu'ocolnics & dumniduoranins, y président; les diaks y font la charge de greffiers; on y juge les affaires en premiere instance, & on en appelle au conseil d'état. La vaste étendue des états que le czar poslede, lui fournit les moyens de lever en peu de tems des armées fort nombreuses. Ceux qui ont fait quelque séjour en Moscovie, disent que dans l'espace de quarante jours il peut mettre trois cents mille hommes fur pied, parce que dès que la répartition des provinces eft faite, on l'envoye aux vayvodes ou gouverneurs; & chaque province est obligée d'envoyer dans le tems ordonné le nombre des foldats qu'elle doit fournir. Ces troupes ne font proprement que des milices, qui ne font bonnes qu'après avoir fait de suite quelques campagnes. Elles n'ont d'abord que le mérite de l'obéissance. Le czar entretient toujours pour fa garde quarante mille homines, qu'on nomme Strelitz. Il en demeure un tiers auprès de sa personne; le reste est dans les places de la frontiere. La cavalerie est réduite à peu de compagnies pendant la paix, mais en tems de guerre on l'augmente de plusieurs régimens, qui sont chacun d'onze compagnies,& chaque compagnie de cent hommes. Il y a auffi un corps de dragons, qui font tous de petits gentilshommes, apppellés Simboiarks. Le commandement des armées s'y donne ordinairement à la naissance. De-là vient que les généraux, étant sans expérience, sont sujets à faire de grandes fautes, d'autant plus qu'ils n'ont point d'officiers généraux comme par-tout ailleurs. Les colonels, les lieutenanscolonels, les majors, les capitaines & autres officiers fubalternes sont presque tous étrangers, la plupart soldats de fortune, à qui l'on donne de grosses payes, & pour qui l'on a des égards, qui marquent combien les Moscovites sont dénués d'officiers. Le czar ménage avec beaucoup de soin l'amitié & l'alliance de ses voisins. Il est fort uni

avec le roi de Perse, qui a les mêmes intérêts que lui à diminuer la puissance du Turc, leur commun ennemi. Il conserve la paix avec les Suédois; & se ligue presque toujours avec les Polonois, lorsqu'il s'agit de faire la guerre aux infidéles. Ses prédécefleurs avoient autrefois prétendu à la couronne de Pologne; mais, outre la différence d'humeur & de religion, les Polonois ont appréhendé que fi les grands ducs de Moscovie étoient élus, ils ne se servissent de la commodité du voisinage de leurs états, que pour les opprimer plûtot que pour les protéger.

Les Moscovites étoient ci-devant groffiers, sans honnêteté & fans politeffe, parce qu'ils n'avoient pas la liberté de voyager, & que les sciences étoient bannies de leur pays. Ils étoient déreglés dans leurs mœurs. Ils ne connoilloient ni la foi des traités, ni la religion des fermens. Leur meilleure qualité étoit d'être fort fobres, & de se contenter de peu, fur-tout à la guerre, où ils ne vivoient que de fleur d'avoine détrempée dans l'eau froide. Ils font schismatiques, & suivent en tout la foi, la discipline & les cérémonies des Grecs. Le patriarche, dont la dignité est la premiere de leur église, est élu par les métropolitains, par les archevêques, par les évêques, & par le clergé. On le choisit parmi les moines de l'ordre de saint Bafile, & fon élection doit être confirmée par le czar, ce qu'il fait en lui mettant en main le bâton paftoral. Il dépendoit autrefois de celui de Constantinople. Wolodimir, fils de Suatoslas, ayant em braffé le christianisme en 987, Nicolas Chryfoberg, patriarche de Constantinople, établit Michel métropolitain de toute la Ruffie. Ses fuccesseurs se contenterent de ce titre jusqu'à Job, qui prit celui de patriarche en 1588, & en reçut la confirmation de Jérémie, qui l'étoit de Constantinople. Celui qui lui fuccéda, jaloux de sa grandeur, se racheta de cette sujetion pour une somme d'argent, qu'il eut l'adresse d'exiger des Moscovites, sous prétexte qu'ils ne devoient point reconnoître de supérieur étranger en matiere de religion, & qu'il étoit de leur intérêt & de leut honneur de faire un corps particulier & une communion séparée. D'ailleurs la raison d'état se mêla dans ce changement. Le czar regardoit comme autant d'espions des Turcs, ceux qui lui étoient envoyés de la part du patriarche de Conftantinople. Pour éviter cet inconvénient, dont les suites pouvoient être dangérenfes, la séparation lui parut le moyen le plus für. Le patriarche fe dit proto-archimandrite de l'ordre de saint Basile, c'est à lai, selon l'ancienne coutume, de couronner le czar. Il regle absolument toutes les affaires de la religion. Il y a des tribunaux particuliers où la justice se rend en fon nom. Le premier qu'on nomme Roferad, connoît de tout ce qui regarde les biens ecclésiastiques. Le second qui s'appelle Sudnoi, juge toutes les affaires des moines de saint Bafile; & le troisieme, qui porte le nom de Cafannoi, a inspection sur son trésor & fur les revenus. Après le patriarche, les métropolitains de Novogrod, de Casan, de Rostou & de Sark tiennent le premier rang. Ils président aux provinces ecclésiastiques; & leur pouvoir est considérable dans le clergé. Il y a ensuite les archevêques de Vologda, de Smolensko, de Refan, de Susdal, de Tuver, d'Astracan, de Sybérie, d'Archangel & de Plescou. On n'y compte que deux évêques, qui sont ceux de Viatka & de Columna, plus de cinquante abbés ou archimandrites; plusieurs prévôts qu'on appelle Protopapas, & un très-grand nombre de prêtres ou papas, la plupart ignorans & débauchés.

Les préceptes de la loi chrétienne & les pleaumes qu'on chante à l'église sont écrits en langue & en caractères esclavons. Les Moscovites croyent le baptême nul, fi celui qui le reçoit n'est plongé trois fois dans l'eau, felon l'ancienne pratique de l'église; ils tiennent le purgatoire pour une fable. Ils communient sous les deux especes, & donnent la communion aux enfans dès l'âge de sept ans, parce qu'ils commencent dans cet âge à être sujets au péché. Ils se confeffent, & font comme nous des prieres pour les morts. Ils croyent que le monde a été créé en automne. C'est pourquoi le i septembre est toujours le commenceme nt de leur année. Ils ont divers jeûnes, qu'ils observent for t rigoureusement, car, outre le carême, il y a le jeûne de faint Pierre, qui dure depuis l'octave de la pentecôte jusqu'à la fête de ce faint; celui de la Vierge, depuis le I d'août jusqu'à l'assomption; & celui de faint Philippe, qui commence le 14 de novembre & finit à Noel. Ils s'abandonnent après pâques à toutes fortes de divertissemens, pour marquer la joie qu'ils ont de la résurrection du Sei

gneur. Comme cette fête est parmi eux la plus folemnelle, ils en font la cérémonie en placant le plus qualifié du lieu où ils font, au milieu d'une chambre, & chantent accompagnés de leurs prêtres, d'une maniere qui ressemble à notre plein-chant, & après avoir tourné trois fois autour de lui, ils lui donnent chacun le baifer de paix & des œufs rouges ou dorés. Ceux du premier rang en ont trois, les autres deux, & les derniers un. Il n'y a point de secte parmi eux, parce qu'il leur est défendu de disputer de la religion, fur la maxime que ceux qui en parlent le moins, en parlent le mieux, & qu'il faut que les esprits vulgaires foient fincérement attachés à la foi qu'ils ont reçue de Dieu, sans s'embarrasser des difficultés & des questions qui patsent leur intelligence. De-là vient qu'ils font toujours demeurés dans leur créance, & qu'ils n'ont reçu aucune des opinions nou. velles qui ont troublé l'église dans les derniers siécles. La vénération qu'ils ont pour les faints, & particulierement pour saint Nicolas, ne fauroit être plus grande. Chaque famille a un saint particulier, qu'elle révere par-dessus les autres. Son image est toujours placée en vue dans le logis, &, fi ceux qui viennent leur rendre visite ne la voient pas d'abord, ils demandent où eft le faint, & le saluent avant le maître du logis. C'est la coutume d'en porter l'image aux enterremens, & ils n'ensevelissent personne qu'ils ne mettent dans la biere un certificat du métropolitain pour instruire saint Nicolas, d'autres disent saint Pierre, de la vie & des mœurs du défunt. Il est encore ordinaire de jetter une pièce d'argent dans le tombeau, & de laisser au-dessus de quoi manger & de quoi boire.

e

re

Mais si ces peuples avoient des coutumes ridicules & pleines de superstition, ils en avoient aussi de fort bonnes & de fort judicieuses, comine de mettre une couronne d'absynthe fur la tête des nouveaux mariés, po pour leur présenter l'amertume du mariage, de jetter fur eux du houblon, pour en marquer la fécondité, & de couvrir d'un voile les yeux de la femme, pour lui apprendre à ne pas voir les déportemens d'un mari fâcheux. La bigamie, per mise par leurs loix, deshonore ceux qui la pratiquent, & le deshonneur rejaillit sur leurs familles. Toute la vertu des femmes consiste chez eux à fuir la compagnie des hom& à rester renfermées dans leurs maisons. La plus farouche passe pour la plus vertueuse. Les loix ne sévissent point contre les maris, qui tuent leurs femmes en les voulant corriger. Ils peuvent, quand elles sont tériles, les répudier & les forcer de se retirer dans un couvent. Au reste la jalousie & tous les emportemens des maris, font pris, par leurs femmes pour des marques d'amour. Les peres cependant, depuis quelque tems, stipulent dans les con tracts de mariage, que leurs filles feront entretenues convenablement à leur condition, qu'elles feront nourries de bonne viande, & qu'elles ne feront point maltraitées.

mes,

[ocr errors]

Les Moscovites, qui font gloire de se dire goloppes, c'est-à-dire, esclaves de leur prince, font beaucoup plus soumis que les Turcs. La servitude leur est si naturelle, que le gouvernement le plus dur leur paroît un joug léger. Ils tremblent à la vue de leur fouverain. Ils se jettent à ses pieds quand il passe; ils reconnoiffent ne tenir que de lui leurs biens & leur vie, & ne pouvoir en jouir qu'autant qu'il lui plaît. Il profite de leur crédulité. Il fait seul le trafic des martres de Sibérie. Il tire immensement des douanes des droits fur les tabacks, où l'on vend de l'eau-de-vie & de la biere; de la ferme des bains & des étuves; des droits d'entrée & de fortie d'Archangel; des impots établis sut le caviar d'Astracan, sur l'ictycolle & fur l'agaric; des droits sur les marchandises de Perse & d'Arménie, & fut les pelleteries, la cire, le miel, le chanvre, & la filace qu'il fait faire par ses officiers. Il est en outre, héritier de tous ceux qui meurent ab inteftat, ou qui font accufés de quelque crime; &, comme il est maître de tous les biens de ses sujets, il les rend à leurs enfans moyennant un don proportionné à leur valeur.

Les Anglois & les Hollandois, qui font un commerce très-grand en Ruffie, conseillerent au czar Basile de joindre par un canal le Jug, qui se jette dans la Dwina & le Volga, & de faire un autre canal dans le royaume d'Astracan, pour passer de l'embouchure du Volga dans la mer Cas pienne, au Don ou Tanaïs, qui va se jetter dans les Palus Méotides. Ces canaux auroient joint toutes les mers voifines; & l'on auroit par leurs moyens porté les richetses & l'abondance dans toutes les parties des états du czar. A a iij

Bafile, fans s'arrêter aux avantages de ce projet, qui l'auroit immortalisé, le rejetta, parce que la grande commodité du commerce auroit attiré trop d'étrangers dans fes états; & que le concours de différentes nations auroit altéré la religion & les mœurs de ses sujets. Depuis, en confidération du grand nombre de negocians allemands, anglois, fuédois & hollandois, & les soldats, que les czars prirent en très-grand nombre à leur folde chez ces différentes nations, ces princes ont permis aux luthériens & aux calvinistes l'exercice de leur religion, mais sans pouvoir se servir de cloches. Les catholiques n'ont jamais pu obtenir la même grace, quoiqu'il y en ait quantité dans le pays, soit officiers, soit artisans: la politique & les entreprises trop connues des émissaires de la cour de Rome, effrayent également la cour de Ruffie.

Depuis le regne de Pierre-le-Grand, les choses ont beaucoup changé à tous égards. Il n'a rien oublié pour civiliser ses peuples; & pour y mieux réussir il a attiré les étrangers dans ses états, & forcé la jeune noblesse à

voyager.

Les géographes ont coutume de diviser la Russie, en 1o. MOSCOVIE ORIENTALE, 2°. MOSCOVIE OCCIDENTALE, 3°. TARTARIE MOSCOVITE, 4°. LAPONIE MOSCOVITE, S. nouvelles CONQUÊTES DANS L'ASIE.

La RUSSIE OU MOSCOVIE OCCIDENTALE comprend; 1o. la seigneurie de PLESKOW ou PsKow, dont les villes font; 1°. Pleskow ou Pskow, 2°. Abdova, 3°. Petzur ou Pitzur, 4°. Oftrove, s°. Fieburg, 6°. Voronecz, 7°. Postarzova. II. Le DUCHÉ DE LA GRANDE NOVOGOROD, dont les villes sont; 1°. Neugart ou la grande Novogorod, 2°. Staraia- Ruffa on la vieille Russa, 3°. Nova Russa, ou la nouvelle Russa, 4°. Parcof. III. Le duché de TVERE, dont les villes font; 1°. Tvere, 2°. Tuerjok, 3°. Volkofkoi, 4°. Starica, s°. Prezysta, 6°. Oleschna, 7°. Maigrova, 8°. Clin, 9°. Czornaia-Sloboda. IV. Le duché de RZEVA OU RESCHOW, dont les villes sont; 1°. Rzeva-la-déferte, 2o. Rzeva-Volodimerskoi, 3°. Toropecz, 4°. Borgocove, o. Zary, 6°. Boriovo, 7°. Lubicze, 8°. Dudure. V. La principauté de BIELA OU BIELSKY, dont l'unique ville est Biela. VI. Le grand-duché & palatinat de SMOLENSKO, dont les villes font; :. Smolensko, 2°. Zuerkova louki, 3°. Gravisk, 4°. Dorgobouge, s. Boglovestine. VII. Le duché de SÉVÉRIE, dont les villes font; 1°. Novogrodeck ou Novogrod-Servierski, 2°. Demetrowicz, 3°. Serensk, 4°. Novo Serpskoy-Gorodok, 5o. Starodub, 6°. Branski, 7°. Caraczef, 8°. Siefsk, 9°. Krupice, 10°. Putivl. VIII. Le duché & palatinat de CZERNICHOW, dont les villes sont; 1°. Czernichow, 2°. Omby, 3°. Perecop, 4°. Wibbi, s. Sosnica, 6°. Kvalczin, 7°. Puska. IX. La principauté de VORONTIN, dont les villes font; 1°. Vorontinsk, 2. Colouga, 3°. Beloff, 4°. Alexin. X. Le duché de REZAN, dont les villes font ; 1°. Rezan, ruinée, 2°. Czerpacof, 3°. Cochira, 4. Michailof, so. Grematzof, 6°. PereslavleRefanski, 7. Tmerskaia-Sloboda, 8°. Pronefk. 9°. Reesco ou Raescoi, 10°. Tumbof, 11°. Koslof, 12°. Donco, Tuinée, 13°. Lebedan, 14°. Talecz, 15°. Voronecz, I 1 G. Serog ou Sercot, 17°. Bogatoy-Satoon, 18°. TzernacaOzeristaia, 19°. Pianzi, 20°. Epifan, 21°. Veretova ou Veretva, 22°. Toula, 23°. Crapivna, 24°. Badela ou Badelof. XI. La province de MORDVA, contenant les Mordva, peuples idolâtres, habitans des forêts immenfes. XII. La seigneurie de NISI-NOVOGOROD ou du BAS-NOVOGOROD, dont les villes sont; 1°. Nifi - Novogorod, 2°. Bafilgorod, 3°. Sloboda, 4°. Paflof. XIII. Le duché de VOLODIMER, dont les villes sont; 1°. Volodimer, 2°. Plefs, 3°. Gorochowitz, 4°. Balachna. XIV. Le duché de SUSDAL, dont les villes sont; 1°. Susdal, 2°. Louch, 3°. Castroma, 4°. Ifouriel. XV. Le duché de Moskou, dont les villes font 1. Moskou, 2°. Dmitrof, 3°. Sloboda, 4°. Colomenskoe, 5. Golutvina-Sloboda, 6°. Colomna, 7°. Mosaysk, 8°. Viesma. XVI. Le duché de Rosrow, dont les villes sont; 1°. Rostow, 2°. Mologa, 3°. Uglits, 4°. Imbilova, so. Pereflavle. XVII. Le duché d'YEROSLAVLE, dont les villes font 1o. Yeroslavle, 2°. Danielojka. XVIII. Le duché de BILEJEZORA OU BELOZERO, n'ayant de ville que Bilejezora ou Belozero. XIX. Le duché de VoLOGDA, n'ayant qu'une ville de même nom. XX. La province de CARGAPOL, dont Cargapol est la seule ville. XXI. La province de DWINA, dont les villes font; 1°. Archangel, 2°. Saint - Nicolas, 3°. Colmogorod, 4°. Ous-Vaga, 5°. Peremogorie, 6°. Coeia

0

Osoil, 7°. Solotissa, 8°. Kowloay, 9°. Malepinoske, 10o. Nicolai, 11°. Pinega ou Ous-Pinega, 12°. Saoferia, 13°. Verika-Dereefna ou la Grande-Dereefna, 14°. OusJorga, 15°. Stara, 16°. Siacola, 17°. Tsoie, 18°. Pantfina, 19°. Ourdema, 20°. Vofama, 21°. Picroi, 22°. Irtha.

[ocr errors]

La RUSSIE OU MOSCOVIE ORIENTALE comprend I. Le pays de MEZZEN, dont les villes sont 1°. Mezzen, 2°. Tofliekh, 3°. Camenech, 4°. Lampazenkaia, so. Slobotka, 6°. Vuie. II. La province de JUGORA OU JUGORIE, OU JUGORSKI, dont les villes sont ; 1°. Plovonicka, 2°. Waasgorta, 3°. Golotina, 4°. Vosgora, so. Tidera. III. Le pays de TEESCA, qui n'a pour ville que Gorodisse. IV. La province de PETZORA OU BORANDAY, dont les villes font ; 1o. Petzora, 2°. Koptoga, 3°. Ouloma, 4°. Outswaske, 5°. Pusto-Ofero, 6°. Uscelemskaia-Slobotka, 7°. Nicolai, 8°. Petforskoi, 9°. Isemskaia Slobotka. V. La province de PERMIE, dont les villes sont; 1°. Perma-Velikaia ou la grande-Permie, 2°. Ischma, 3°. Otkapnoy, 4°. Parsieche, so. Toeven, 6o°. Kaigorod ou Heigorodek, 7°. Piskof, 8°. Oreol, 9°. Bibnaia-Sloboda, 10°. Serapoulé, 11o. SuSofkoy, 12o. Solkamskaia, 13°. Ustlegorod, 14°. Surdin ou Tferdin, 15°. Viatra, 16°. Staraia-Perma ou la vieillePermie. VI. Le pays d'OUSTIOUG, dont les villes sont ; 1°. Ouftioug, 2°. Vitsogdskaia-Sol, 3°. Dwina, 4°. Totma, s. Steraia-Totma. VII. La province de ZIRANNIE, ou le pays de ZIRANNI dont les villes sont ; 1°. Zerecova ou Seregova, 2o. Touria, 3°. Vesto-Vuin ou Ousvuina, 4°. Oockla, s. Veislena, 6°. Voysema, 7°. Larenscoi, 8°. Oufoil, 9°. Seleneets, 10°. Ouffizoli, 11°. Kirsa. VIII. La province de VIATKA, dont les villes sont; 1°. Viatka, 2°. Orlo ou Orlovecz, 3°. Sloboda, 4°. Jeranske, s°. Cotelnicz, 6o. Chlinof ou Chlinova, 7°. Sestanox ou Sextakof.

La TarTARIE MOSCOVITE, comprend, 1. Le royaume d'ASTRACAN, dont les villes sont ; 1°. Aftracan, 2°. Seraye ou Zarefgorod, ruinée, 3°. Haracoevan, 4°. Berkela, 5°. Ochtouba, 6°. Krasnier. II. Le duché de BULGAR, dont les villes sont ; 1°. Bulgar, 2°. Simberskaia-Gora, ruinée 3°. Sumara. III. Le royaume de Cazan, dont les villes font; 1°. Cazan, 2°. Laisof, 3°. Pagantzina, 4°. Swiatsk, 5°. Kokchaga, 6°. Koleio.

[ocr errors]

La LAPONIE MOSCOVITE, comprend; I. Le royaume de SIBÉRIE, dont l'unique ville est Tobolskoy. II. La province des Samoyedes, ville unique, Turuxan. III. MUREMANSKOI-LEPORIE OU LEPORIE MARITIME, ville unique, Kola. IV. TERSKOY - LEPORIE. V. BELLA - MORESKOILEPORIE.

Cette division, adoptée par presque tous les géographes, commence à n'être plus d'usage. Le nouvel ATLAS RUSSIEN partage toutes les RUSSIES en RUSSIE-EUROPÉENNE & RUSSIE-ASIATIQUE, lesquelles comprennent ensemble quatorze gouvernemens généraux, dont la premiere onze & la seconde trois.

Les onze gouvernemens généraux de la RUSSIE EUROPÉENNE font; 1°. Riga, 2°. Revel, compris, ainsi que le précédent, dans la Livonie, 3°. Novogorod, 4°. Archangel, S. Moskou, 6°. Smolensko, 7°. Kiovie, 8°. Bielgorod, 9°. Woronitz, 10°. Nifi Novogorod.

Les trois gouvernemens généraux de la RUSSIE-ASIATIQUE font, 1°. Cazan, 2°. Aftracan, 3°. la Sibérie ou Tobolskoi.

Suivant cette nouvelle division, on partage encore la RusSIE EUROPÉENNE en SEPTENTRIONALE & MÉRIDIONALE. La premiere, située à la gauche du Volga, comprent cinq gouvernemens généraux ; & la seconde, située à la droite de ce fleuve, en comprend fix.

La RUSSIE EUROPÉENNE, en y comprenant la LAPONIE MOSCOVITE, s'étend du 46o au 70o degré de latitude septentrionale, & du 42o au 62o de longitude.

Quand les jésuites, envoyés par le roi de France à la Chine en 1683, manderent que les Chinois étoient en guerre avec les Moscovites, & qu'on envoyoit des plénipotentiaires des deux empires sur les frontieres pour faire la paix, on ne le put croire ; & l'on regarda comme une espece de paradoxe en matiere de géographie, que l'empire chinois & l'empire moscovite fuffent limitrophes. A la fin du fiécle paflé, quelques chasseurs de Sibérie vinrent vendre en Moscovie des peaux de martres, qu'on nomme Zibelines, du nom de leur pays: comme ces peaux étoient beaucoup plus belles que celles qu'on avoit vues jusqu'alors, on fit des présens à ces chasseurs, & on les

[ocr errors]

engagea de revenir. Quelques Moscovites même allerent chaffer avec eux dans leur pays, pour en faire la découverte. Ils n'y trouverent aucune espece d'habitation fixe, mais seulement quelques hordes errantes; mais ils reconnurent que la chasse des martres étoit extrêmement abondante. Ils en instruisirent Boris, beau-frere & premier ministre du czar Théodore. Boris envoya des ambassadeurs aux Sibériens, pour leur proposer de faire alliance avec les Moscovires. Ces ambassadeurs emmenerent avec eux à Moskou quelques-uns des principaux de la nation. Ces Sibériens, charmés de la grandeur de Moskou, de la magnificence de la cour du czar, & de l'accueil qu'on leur fit, confentirent de reconnoître le czar pour leur souverain; &, de retour chez eux, ils perfuaderent à leurs compatriotes de ratifier ce qu'ils avoient fait. Ainsi les Moscovites, se mêlant avec ces nouveaux sujets, ne firent plus qu'un même peuple avec eux. Ils parcoururent ces vastes pays de la Tartarie, que nous ne connoissons que de nom. Ils découvrirent plusieurs grandes rivieres, sur le bord desquelles ils bâtirent des forts, sans opposition des Tartares. Comme ces peuples font errans, ils n'étoient pas fachés de trouver des établissemens qui leur fournissoient quelques commodités de la vie. Les Moscovites, marchant toujours sur la même ligne de l'ouest à l'est en tournant un peu vers le fud, & bâtiffant de distance en distance des forts & des bourgs sur ces grandes rivieres & dans les gorges des montagnes pour s'en assurer, parvinrent enfin jusqu'à la mer orientale, & jusqu'aux frontieres des Manchéous ou Tartares orientaux, qui se sont rendus maîtres de la Chine. Ceux-ci, moins endurans que les Tartares occidentaux, furent surpris de voir des gens inconnus bâtir des forts fur leurs terres, & se mirent en devoir de les en empêcher. Les Moscovites, qui s'étoient emparés d'une petite ifle où l'on trouve les plus belles martres, représenterent que ces terres étant désertes, ils étoient en droit de s'y établir, puisqu'elles appartenoient à ceux qui les vouloient occuper. Après bien des contestations , on en vint à la guerre. Les Manchéous raferent jusqu'à deux fois un fort bâti par les Moscovites. Ceux-ci le rétablirent une troifiéme fois, & le munirent si bien, qu'ils le crurent hors d'insulte. Les Chinois & les Manchéous l'affiégerent encore; mais le canon des Moscovites rendit leurs efforts inutiles. On se lassa de part & d'autre d'une guerre ruineuse, & dont il ne pouvoit revenir aucun avantage réel à la Chine. La cour de Moscovie envoya un amballadeur à Pekin dire à l'empereur que les czars Jean & Pierre avoient envoyé des plénipotentiaires à Selingue, pour terminer cette guerre par un traité; qu'il n'avoit qu'à nommer un lieu pour les conférences, & que les plénipotentiaires s'y rendroient. L'empereur de la Chine reçut fort bien la proposition des czars, & l'année suivante (1688,) il envoya des plénipotentiaires à Selingue : mais la guerre que se faifoient alors deux peuples Tartares, par le pays desquels il falloit paffer, obligea ces plénipotentiaires de retourner à Pekin, ce qui différa les conférences jusqu'en 1689; & l'on convint de se trouver à Nipchou, forteresse des Moscovites fous les 51d 40' de latitude septentrionale, à trois cents lieues de Pekin. Les ambafladeurs chinois s'y rendirent le 31 de juillet 1689, & le traité se fit aux conditions qu'ils prescrivirent. Les Moscovites eurent le bons sens de sacrifier quelques forts & de vains honneurs à l'avantage de profiter du commerce de la Chine. Le traité de paix & d'alliance fut juré dans l'église de Nipchou, le 3 de septembre 1689. Les bornes de l'empire des Moscovites furent de ce côté-la marquées au 48o dégré, à peu près dans le même méridien que Pekin; mais en avançant vers l'est, ses bornes s'étendent bien plus au nord.

La RUSSIE-BLANCHE OU RUSSIE-LITHUANIENNE, est ainsi nommée, ou de la blancheur de ses habitans, ou des neiges qui couvrent le pays une bonne partie de l'année, ou des bonnets de peaux blanches que les habitans portent sur leur tête. On la nomme RUSSIE-LITHUANIENNE, parce qu'elle formme une des deux parties du grand-duché de LITHUANIE. Cette Russie comprend, I. dans le palatinat de NovoGRODECK; 1°. Novogrodeck, 2°. Wolkowiska, 3°. Nowydwoe, 4°. Slonim, so. Myss, 6°. Neswies. II. dans le palatinat de MINSKI, 1o. Minski, 2o. Horodeck, 3°. Koidanow, 4°. Zycin, 5o. Borysow, 6°. Toloczyn, 7°. Smoluny 8°. Supienno, 9°. Bialymfie. III. dans le palatinat de MSCISLAW, 1°. Mscislaw, 2°. Mobilow, 3°. Propoisk, 4°. Rhoac

,

zow, & dans le territoire de cette ville, so. Giecieresk 6°. Homel, 7°. Loiowogorod. IV. Dans le palatinat de WITEPSK; 1°. Witepsk, 2°. Usuiath, 3°. Horodeck, 4°. Lepel, so. Dubrowna, 60. Orfa. V. Dans le palatinat de POLOCZK; 1°. Poloczk, 2°. Oskala, 3°. Nieffeva. VI. le palatinat de SMOLENSKO, lequel appartient à présent à la GRANDE-RUSSIE.

Sous la dénomination de RUSSIE-FOLONOISE, on com prend la RUSSIE-BLANCHE & la RUSSIE-ROUGE, qui sont aux Polonois, hors quelques portions dont les Russes se font rendus maîtres.

La RUSSIE-ROUGE, ou la PETITE-RUSSIE, appellée par quelques-uns la RUSSIE-NOIRE, est une contrée de Pologne, qui s'étend depuis les frontieres méridionales de la Lithuanie, jusqu'à l'embouchure du Nieper, dans la mer Noire. Ce fleuve la sépare de la Moscovie à l'est ; & les monts Crapac la séparent de la Hongrie. Le nom de RUSSIEROUGE vient, à ce qu'on dit, de ce que la terre de cette contrée est rouge. Quelques-uns veulent que ce soit de ce que la plupart des hommes & des femmes du pays ont les cheveux roux. D'autres appellent ce pays Ruffie noire, à cause des forêts dont il est couvert. Il eut autrefois des princes particuliers, qui se rendirent redoutables aux Polonois & aux Moscovites. Cafimir III, dit le Grand, l'incorpora à la Pologne. Le pays consiste en vastes campagnes, où le bled croît en abondance; & en forêts remplies d'abeilles, où l'on recueille beaucoup de cire & de miel. Il a beaucoup de lacs très-poislonneux. Il seroit bien plus riche, si les habitans avoient la commodité de transporter leurs denrées dans les pays étrangers, du côté de la mer Baltique, ou de la mer Noire. Le défaut de ce commerce les oblige à ne semer que pour leur subsistance, & à ne point tirer parti de la culture des terres , pour avoir d'autres denrées qui pourroient être d'un grand revenu. Autrefois on proposa d'établir le commerce par le Niester, qui se rend dans la mer Noire, d'où l'on passeroit dans la Méditerranée; mais le Niester plein de sables & de rochers, n'est guère navigable; & les Turcs conçurent de l'ombrage de ce projet de commerce. Ces deux raisons furent cause qu'il n'eut point d'exécution.

La RUSSIE-ROUGE comprend, I. Dans le palatinat de RUSSIE, OU de LEMBERG, ou de LEOPOLD; 1°. Lemberg ou Leopold, 2o. Turobin, 3°. Chelm, 4°. Vinnice, s°. W lodowa 6°. Grabow, 7°. Zamoscie, 8°. Szebrzin, 9°. Prze. worsw, 10°. Romanov, 11°. Przemyslie, 12°. Dinaw. 13°. Crosne, 14°. Sanok, 15°. Sambor, 16°. Felstin, 17°. Grodeck, 18°. Javarow, 19°. Gliniany, 20°. Soloczow, 21°. Zborow, 22°. Buczacz, & dans la POKUCIE, 23°. Ha licz, 24°. Colomey, 25°. Snyatin. II. dans le palatinat de BELZ OU BELCZ; 1°. Belz ou Belcz, 2o. Hrodlow, 3°. Busk. III. Dans le palatinat de VOLHINIE; 1°. Luck, 20. Koffar, 3o. Kowel, 4°. Czartorisk, so. Stepan, 6°. Oleusko, 7°. Alexandria, 8°. Clevan, 9°. Olika, 10°. Barasze, 11°. Horosk, 12°. Zytomiertz, 13o. Niesolone, 14°. Constantinowe, 15°. Ostrozek, 16°. Zaslaw, 17°. Medziboz, 18°. Wies nowiec, 19°. Kzemieniec, 20o. Dubna, 21°. Olesko, 22°. Wlodzimierz. IV. Dans le palatinat de PODOLIE ; 1°. Kaminieck, 2o. Jaslowiecz 3o. Tarnopol, 4°. Tramblowa, so. Lahiczow, 6°. Kmielnick. V. Dans le palatinat de KIOVIE ; 1°. Kiovie, qui est aux Russes, 2°. Czernobel, 3°. Norzinsk, 4°. Leliza, s°. Lubiny, 6°. Turczynska, 7°. Owrucze, 8°. Norodicz, 9°. Rudomyls, 10°. Roffowo, 11°. Korosteszom, 12°. Czerniechow, 13°. Bialegrudk, 14°. Czarnegrodka, 15°. Chwas tow, 16°. Bialacerkien, 17°. Storcica, 18°. Kaniow, 19°. Boguflaw, 20°. Korfum, 21°. Czyrcally, appartenant aux Cofaques, 22°. Czehryn, qui leur appartient aussi. VI. Dans le palatinat de BRACLAW; 1°. Braclaw, 20. Krasne, 3°. Win nieza, 4°. Kalnick.

RUSSIPPISER, lieu d'Afrique, selon Ortelius, qui cite un fragment de la carte de Peutinger, qui lui avoit été communiqué par Velser.

RUSTAN, petit pays de France, aux confins du Bigorre, & de l'Astarac. Il étoit compris autrefois dans le comté de Bigorre, & renfermoit, à ce qu'on prétend, les villes de Saint-Séver-de-Rustan, de Jornac & de Tournay. Aujourd'hui il n'est guères connu que par le surnom de la premiere de ces trois villes, qui n'est plus elle-même du Bigorre, mais de l'Astarac. * De l'Ifle, Atlas.

RUSTAN (LE TERRITOIRE DE) est dans le Schirwan: il touche du côté du nord, à Cuba, au Dagistan inférieur

« PrécédentContinuer »