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QUITO, ville du Pérou, dans la province à laquelle elle donne son nom, & dont elle est la capitale. Les Espagnols l'appellent fant Francisco de Quito, saint François du Quito. Elle est lituée dans une vallée, bornée du côté du nord & du couchant par des montagnes fort droites, qui s'étendent d'une suite continue, depuis Puerto Viejo sur la mer du sud, jusqu'à Carthagène sur la mer du nord. Le terroir est sablonneux, & fort sec, & ouvre au travers de la ville une grande crevasse, sur laquelle on voit plusieurs ponts; les rues y font larges & droites. Il y a quatre places, dont l'une est devant l'église cathédrale, & deux autres devant les couvens des dominicains & des franciscains. Outre cette église cathédrale, il y en a encore deux autres, l'une dédiée à faint Sébastien, & l'autre à saint Blaise. Cette ville eft fort bien fortifiée: elle est habitée par un mélange d'Espagnols, de Portugais, & d'autres Européens & d'Indiens au nombre de quarante mille. C'est le siége d'un évêque, qui reconnoît Lima pour métropole. L'évêque demeure à Quito, & a un fort beau chapitre de chanoines. Son diocèse s'étend sur plus de cinquante mille Indiens tributaires, repartis en quatre-vingt-sept départemens. Ceux qui demeurent près de la ville font plus civils, & ont plus d'adresse & d'industrie que le reste des peuples du Pérou. Ils font de moyenne taille, & adonnés au travail. Le trésorier du roi, & les autres officiers royaux, ainsi que le président & les officiers de l'audience royale, font leur réfidence à Quito. On y apporte le vin, l'huile, les épiceries, & autres marchandises de l'Europe, par la mer du sud, premierement en remontant la riviere de Guayaquil, & enfuite par charriots. Les Indiens y tiennent aussi leurs foires & leurs marchés, & y vendent leurs denrées sans poids ni mesure certaine, mais par échange. Ces denrées sont, outre les fruits & les animaux, des fromages de brebis, de vaches & de chevres. Ils vendent aussi des habits de coton, & du drap de toute forte; des bonnets, des cordes de navire, de la laine, du lin & du cuir. Les marchandises qui viennent d'Europe, & qu'on apporte à Quito très-difficilement, sont d'un prix exceflif: un gobelet de verre s'y vend dix huit ou vingt livres.

QUITROS, ville de la Turquie, en Afie, sur la Mer Noire, avec un port très-profond, où les vaisseaux sont à l'abri de toutes sortes de vents; mais l'entrée en est fort difficile; & il n'y a que les pilotes du pays, & ceux qui ont fait plusieurs voyages sur cette mer, qui la puissent bien trouver. Il paroît qu'il y a eu anciennement de superbes bâtimens autour de ce port: on y voit encore grand nombre de colonnes le long du rivage, & jusques dans la mer, quoiqu'on en ait transporté plusieurs à Constantinople. Assez près de la ville, du côté du midi, est une haute montagne, d'où il fort une quantité de fort bonne eau, qui forme dans le bas une très-belle fontaine.

Si Corneille eut marqué de qui il a emprunté cet article, en suivant la trace du voyageur, on eut pu dire plus particulierement où est ce port, & quelle ville de l'antiquité y peut avoir du rapport.

QUIVIRA, province de l'Amérique septentrionale, au levant, & près des montagnes, où prend sa source la riviere de Missouri, au couchant des Sioux, de l'ouest au nord du nouveau Mexique. Ce pays est si peu connu, qu'il y auroit de la témérité à en donner le moindre détail. Ce que de Laet en a hafardé n'est d'aucune certitude. Corneille, par distraction, le met dans l'Amérique méridionale.

QUIXOS, (LOS) province particuliere du Pérou, dans sa partie septentrionale, & dans l'audience de Quito. Ce pays est borné au nord par l'équateur, à l'orient par la riviere des Amazones, au midi par los Paçamores, & au couchant par le Quito, proprement dit. Les principaux lieux font,

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potageres. Cette province appartient à l'évêché de Quito : ses habitans naturels, dont la plupart étoient déja chrétiens, lorsque de Laet, Ind. occid. l. 10, c. 16, écrivoit vers le milieu du siécle paffé, ont une langue particuliere. Ils entendent néanmoins la langue qui eft commune au Pérou. Le pays de la canelle a des forêts de canelliers, ou des arbres qui font de la grandeur d'un olivier, & qui produisent de petites bourses avec leurs fleurs, qui étant broyées, approchent de la canelle pour le goût & pour l'odeur.

QUIZA, ville de la Mauritanie Cesariense. Pomponius Mela, 1.1, 6.6, dit, Quiza, Caftellum, Quiza, forteresse. Pline, 1.5, 6.2, dit, Quiza, Zenitana peregrinorum oppidum: Zenirana est ici un surnom pris de la langue grecque, dans laquelle Zévos veut dire un étranger; ainsi les deux mots qui suivent Peregrinorum oppidum, la ville des étrangers, ne sont qu'une explication de ce surnom. Ptolomée, 1.4, c. 2, donne Βινίζα οι Κουίζα pour une colonie ; & Antonin, qui en a fait un municipe, la met entre Portus Magnus & Arsenaria, à quarante mille pas de l'une & de l'autre. Quelques savans soupçonnent que c'est cette ville qui est nommée QUIDIENSIS dans les notices ecclésiattiques. Nous avons parlé ailleurs de l'affinité du Z & de la syllabe di.

QUIZINA, OU TEUZIN, montagne d'Afrique, dans la province de Garet, au royaume de Fez. Elle touche à celle d'Azgangan, vers le midi; & s'étend depuis le désert de Garet jusqu'à la riviere de Nocor, par l'espace de plus de quatre lieues. Les habitans font riches & belliqueux, & ont d'un côté de grandes plaines, où ils recueillent quantité d'orge, & nourriffent leurs troupeaux. Ils ne payent aucune chose pour les terres qu'ils labourent, parce qu'ils font plus puissans, & ont plus de cavalerie, que les gouverneurs de Tezote, de Velez & de Mégée n'en ont tous ensemble. Ils aiment fort les habitans de cette derniere ville, parce qu'ils favoriserent la révolte d'un jeune homme de la race des Almoades, qui s'en rendit maître. Les Bénimérinis les traitoient fort bien dans le tems qu'ils regnoient dans Fez, à cause qu'ils étoient, comme eux, d'entre les Zenétes. La mere d'Abuzayd, troisiéme roi de Fez de cette branche, étoit de cette montagne, & fille d'un gentilhomme confidérable. * Marmol, Afrique, t. 2, 1.4, c. 104.

par

QUO, fortereffe de la Chine, dans la province de Chekiang, au département de Chinxan, premiere forteresse de la province. Elle est plus orientale que Pekin de 6d 6', les 29d 30' de latitude. * Atlas Sinensis. QUOAQUIS, (les) peuples sauvages de l'Amérique septentrionale dans la Louisiane. Les hommes font extrêmement bazanés, & ont les cheveux noirs & assez beaux, le visage plat, les yeux noirs, grands, bien fendus, les dents très-blanches, le nez écrafé & dégagés. Ils ont des corselets d'un double cuir, à l'épreuve de la fleche, & depuis la ceinture jusqu'au genou ils portent une espece de culote de peau d'ours, de cerfou de loup. Leur tête est couverte d'une maniere de turban, fait des mêmes peaux, & ils ont des botines de peaux de bœuf, d'élan ou de cheval très-bien paffées. Ils se servent de felles faites de plusieurs cuirs ajoutés & collés les uns fur les autres. Leurs étriers sont de bois, leurs brides & les mords font des dents d'ours ou de loups. Les femmes qui ne sont pas moins bazanées que les hommes, ont pour coëffure un tissu de jonc ou de cannes différemment coloré, & leurs cheveux tantôt cordonnés, & tantôt noués. Leur corps est couvert d'une veste, d'un tislu très fin, jusqu'à demi-cuisse. Elles font chaussées à peu près comme les hommes, avec des botines à fleur de jambe. A deux lieues de terre de ces fauvages, est une très-belle riviere, sur le bord de laquelle paissent de nombreux troupeaux de cibolas. Ce font des bœufs d'une grosseur extraordinaire, bossus depuis le chignon du cou jusques au milieu du dos. Ils paissent dans les cannes & s'attroupent quelquefois jusqu'à quinze cents. Voici de quelle maniere on en fait la chaffe. Comme ils font au milieu de ces cannes dans des forts impénétrables, les sauvages font un grand circuit tout à l'entour, & y mettent le feu par divers endroits, sur-tout quand le vent souffle un peu plus fort qu'à l'ordinaire, ils excitent un grand incendie. Tout l'air est d'abord rempli de fumée, qui se change en flamme en un moment. La rapidité du feu, jointe au bruit que fait cette forêt fragile & brûlante, jette l'épouvante dans le troupeau. Ces gros bœufs effrayés commencent à fuir, & les Tome V. Dij

perchés d'intervalle en intervalle sur des arbres, dardent les uns, tirent sur les autres, & en tuent beaucoup. * Corn. Dict. Nouv. Retation de l'Amér. fept.

QUOCE'-LE-VIVORIN, bourg de France, en Anjou, aux confins de la Bretagne, près de l'Oudon, à trois lieues de Craon, & à quatre de Château-Gonthier. Il est remarquable par un gros marché qui s'y tient toutes les semaines, & par une foire qui s'y tient tous les ans. * Corn. Dict.

QUODADIQUIO OU CADADOQUIO, peuples sauvages de l'Amérique septentrionale, dans la Louisiane. Ils font joints avec deux nations appellées Natchitoches, & Cenis ou Tecas. Ils habitent le long de la riviere Rouge, que l'on nomme ainsi, parce qu'elle jette un sable qui la rend rouge comme du sang. Ces trois nations parlent une même langue, & ne sont pas affemblées par villages, mais par habitations affez éloignées les unes des autres. Leurs terres font fort belles: ils ont la pêche & la chaffe en abondance, mais il y a fort peu de bœufs. Ces peuples font une guerre cruelle à leurs voisins, aussi leurs villages ne font-ils guères peuplés. Pour tous ouvrages, ils font des arcs & des Héches, dont ils trafiquent avec des nations éloignées. Ils ont tous de fort beaux chevaux : les hommes & les femmes sont piqués au visage, & par tout le corps. C'est parmi eux un trait de beauté.

QUOJA, (le royaume de) pays de l'Afrique, dans la Guinée, sur la côte dans sa partie occidentale. Il s'étend depuis Sierra Liona jusqu'à la côte des grains, & comprend les royaumes de Bulm-Monou, de Silm-Monou, de Quilliga-Monou, de Karadabo-Monou, & les Folgias, qui font tous tributaires de Quoja.

Le royaume de FOLGIA, d'où sont venus les Carroux, qui font présentement les maîtres de ce pays.

On appelle aussi tout ce pays, le ROYAUME DES CARROUS, du nom des vainqueurs. Voyez aux mots CARROUS, BULM & QUILLIGA, ce qui regarde ces articles. SILMMONOU est un pays peu connu dans les terres, vers la source de Rio das Palmas. De même, KARADABO-MONOU, est au haut de la riviere des Galhinas; ses habitans sont presque toujours en querelle avec les seigneurs de Hondo, qui font encore plus avant dans les terres. On les prend pour des brutaux, dit Dapper; mais ils ne sont pas si sots que l'on croit; & quand ils vont au Quoja pour vendre quelque chose au roi & aux seigneurs de sa cour, ils savent bien dire leurs raisons. Chacun de ces royaumes tributaires, savoir Blum-Monou, Silm-Monou, Quilliga-Monou & Karadabo-Monou, font gouvernés par des vice-rois que le roi de Quoja y envoye. On y fait grand commerce sur le Rio das Galinhas, & on les va querir avec des canots dans le pays de Karadabo-Monou, & même dans celui de Hondo. * Afrique, p. 252.

Les rivieres qui arrosent ce pays, sont Rio de GAMBOAS, au nord-ouest du pays de Bulm-Monou, Rio de MADREBOMBA, qui traverse ce canton, & vient de celui de Cilm. Les Portugais le nomment Rio das PALMAS OU de SELBOLE. Ce dernier nom lui vient par corruption de Serbera, bourgade, située à l'orient de son entrée dans la mer. Les pays de Karadabo-Monou & de Quilliga, font traversés par la riviere de MAGUALBARI, que les Portugais nomment DAS GALLINAS, riviere des Poules.

En suivant la côte vers l'orient, on entre dans le royaume de Quoja, proprement dit. Il se termine au nord par une grande forêt, placée entre lui & le Royaume de Hondo. Il a environ vingt ou vingt-une lieues de côtes (lieues de vingt au degré.) Il se divise en deux parties: l'occidentale s'appelle VEYBERCOMA, l'orientale QUOJA-BERCOMA; ces mots fignifient le pays de Vey & le pays de Quoja; les Veys étoient les anciens habitans de la contrée. Ils font maintenant en petit nombre, & n'ont plus que quelques méchans villages tous ruinés, les Carrous, qui les ont fubjugués, les ont presque réduits à rien. Le nom de Quoja Bercoma fait connoître que ce canton est originairement l'ancienne patrie des Quojas. Ces deux cantons sont séparés par la riviere de Maguiba ou Nugnez.

En revenant au pays de Quilliga Monou, pour examiner la côte de Quoja, on trouve pour premiere riviere celle de Magualbari ou Gallinas, plus loin celle de Maguiba ou Nugnez; vient ensuite celle de Mava ou Maffa; on trouve après la riviere de Menoch. Le pays de Gebbé-Monou, est près du cap Mesurado, vers l'eft, & fait partie du royaume de Folgia, & d'où sont sortis les Carrous, qui ont conquis tout ce qui eft à l'occident jusqu'à Sierra Liona. Au nord du royaume de Quoja, entre lui & la grande forêt dont on a parlé, aux environs de la riviere de Mava ou Massa, dans les terres, font les Galaveys; ils prennent ce nom, parce que chaffés de leur pays par le roi de Hondo, ils sont venus s'établir à l'extrémité septentrionale du pays des Weys. Leur nom propre eft Gala, qu'ils ont joint à celui du pays qu'on leur a abandonné. Ils dépendent du roi de Quoja. Les Galas qui font restés au pays dépendent du roi de Monou, & font situés entre lui & celui de Hondo. Ce royaume de Monou (les Hollandois écrivent Manoe) est dans les terres au nord du royaume de Folgia. Il a fon roi particulier nommé Mondi-Manou. (Mandi signifie seigneur.)

On peut voir dans Dapper ou dans la Croix, les plantes & les animaux du pays de Quoja, les mœurs, les usages de ce peuple, & le nom des villages de cette côte.

QUON, ville de la Chine, dans la province de Suchuen, au département de Chingtu, premiere métropole de cette province. Elle est de 13d 3d 34' plus occidentale que Pekin, par les 30d 55' de latitude; elle est à une des extrémités du Cingching, montagne qui couvre plus de mille lis de terrein, & que l'on compte pour la cinquiéme entre les montagnes de la Chine. Elle est au couchant & à peu du fleuve Che, à l'eft-nord-ouest de Chingtu. * Atlas Sinenfis.

QUONCHING, ville de la Chine, dans la province de Channton, au département de Tungchang, troifiéme métropole de la province. Elle est de 1d 37' plus occidentale que Pekin, sous les 36d 34' de latitude. * Atlas Sinensis.

QUONTAO, ville de la Chine, dans la province de Channton, au département de Tungchang, troisiéme métropole de la province. Elle est de 1d 33 plus occidentale que Pekin, sous les 37d 10' de latitude. * Atlas Sinenfis.

QUONYANG, ville de la Chine, dans la province de Quangsi, au département de Queilin, premiere métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de 6d 36, par les 26d de latitude. * Atlas Sinenfis.

VOLS

LE GRAND

DICTIONNAIRE

GÉOGRAPHIQUE,

HISTORIQUE ET CRITIQUE.

RAA

R

AAB. Voyez RAHAB.

2. RAAB OU RAB, en latin Arrabo, riviere qui a sa source dans la basse Stirie, au nord de Gratz, & qui après être entrée dans la BaffeHongrie, & avoir mouillé le comté de Sarwar ou de Castel-Ferrat, va

te jetter dans le Danube, un peu au-dessous de Raab ou Javarin. Les principaux lieux qu'elle arrose font Sarwar & Javarin. Dans sa course elle reçoit les rivieres de Feistritz, g. de Sava, g. de Lausnitz, g. de Marczal, d. & de Rabnitz. Au-dessous de Sarwar, elle se divise en deux bras ; le gauche appellé Rabnitz, forme une ifle de sept milles germaniques d'étendue, qu'on appelle l'ISLE DE RAAB. Cette riviere est devenue célébre par la victoire que les Impériaux & les François, qui étoient allés au secours de l'empereur Léopold, remporterent sur ses bords, près de Saint-Gottard, en 1664. * De l'Isle, Atlas.

3. RAAB, autrement JAVARIN, en latin Jaurinum; ville de la Basse-Hongrie, dans le comté de Javarin, dont elle est le chef-lieu. Elle est située à l'endroit où les rivieres de Raab & de Rabnitz se joignent. (a) C'est une place trèsforte. Elle a deux ponts, l'un du côté de l'Autriche, & l'autre du côté d'Albe-Royale ou Stulweissemburg. Raab paroît de figure carrée. Il y a sept bastions, d'où l'on peut tout voir. Sur le premier bastion est le château ou palais du gouverneur. Le second est sur le bord du Danube. Le troi fiéme sur la Sainte-Montagne, & lorsque les Turcs le firent fauter par le moyen d'une mine, un homme, qui se trouvoit à cheval sur ce bastion, fut emporté jusques dans le Danube, où ni lui, ni son cheval, n'eurent aucun mal. Le quatriéme bastion est celui du milieu, & il regarde la terre du côté de l'orient. Le cinquiéme s'appelle le nouveau bastion: le sixiéme est le bastion impérial; & le septième, qui est sur le bord de la riviere de Raab, se nomme le baftion de Hongrie. Le château n'est pas fort considérable, (b) L'église cathédrale en est proche. Auprès du Raab eft l'église & le couvent des franciscains. L'église & le college des jésuites sont sur la place publique, & ces deux édifices sont d'une grande magnificence. Au devant de leur église,

RAB

ils ont élevé une colonne à l'honneur de la fainte Vierge; dont on y voit la statue. Les maisons des particuliers, fans être magnifiques, font agréables: mais les rues font fort fales, parce qu'elles ne sont pas pavées. Il y a au-delà du Rabnitz un fauxbourg qui est très-grand. On voit aux environs de cette ville (c) une grande plaine, & rien ne la commande, comma si ce n'est une petite montagne, qui en est pourtant affez éloignée, & qu'on pourroit aisément faire fauter par le moyen d'une mine. Il y a au-delà une petite tour dans le milieu de la campagne, & d'où l'on peut facilement découvrir l'approche de l'ennemi. Sinan Bacha affiégea Raab, sous le régne du sultan Amurath III. Il y perdit beaucoup de monde: on lui tua douze mille hommes dans une seule attaque. A la fin la ville se rendit par la trahison du comte d'Hardeck, qui en étoit le gouverneur, & qui fut pour cela décolé à Vienne. On la reprit peu d'années après. Le comte de Schwartzenbourg & le comte de Palfi, la surprirent la nuit, & firent un grand carnage de tous les Turcs qu'ils y trouverent. Leur gouverneur fut tué sur le bastion de Hongrie. On voit une partie de la porte qu'on rompit par le moyen d'un petard, qu'on garde encore dans l'église cathédrale, comme un monument de cette victoire. * (a) Ed. Brown. Voy. de Vienne à Lariffe, p. 36. (b) J. Tollii, epist. itineraria, p. 147. (c) Ed. Brown, p. 37.

RAARSA, isle de la mer d'Ecosse, l'une de celles qui sont à l'occident de ce royaume. Elle est située au nord, assez près de l'ifle de Skia, & gît nord-ouest & fud-est. Cette isle est longue de sept milles & large de deux. Davity, Hebrides, dit qu'il y a beaucoup de cerfs dans ses forêts. * Blaeu, Atlas.

RABAÇAL, Rapaciale, bourg de Portugal, dans la province de Beira, à quatre lieues de Coimbre. C'est audessus de ce bourg qu'est la partie la plus haute des montagnes appellées Anfidianus ou Sera d'Ançaon, autrefois Tapiaeus-Mons. * Délices de Portugal, p. 730.

RABAH, ville des Indes, felon d'Herbelot, bibliotheque orientale. Il remarque que l'auteur du Mircat dit que f'on trouve beaucoup de camphre dans cette ville, & qus l'on en tire des arbres qui croiffent dans son terroir.

:

RABANITÆ, ancien peuple de l'Arabie heureuse, selon Ptolomée, l. 6, c. 7: ses interprétes lisent Arabanita, & on croit que c'est le même peuple que Strabon appelle

Rhamanite.

RABANNA. Voyez NABANNA.

1. RABASTENS, ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèse d'Alby, sur le Tarn, à fix lieues de la ville d'Alby. Son nom latin est Caftrum Rabastense. Elle est ancienne; mais la ville & le chateau sont aujourd'hui fort délabrés. Les rues de Rabastens font fort étroites. C'est la troisiéme ville de l'Albigeois. On y fait quelque commerce, particulierement des vins qui croiffent aux environs, & qui font bons. Il y a une collégiale, plusieurs couvens. Il y avoit autrefois un prieuré de l'ordre de cluny: il a été uni au collége des jésuites de Toulouze. Les fauxbourgs font affez considérables. * Piganiol, descr. de la France, t. 4, p. 322.

2. RABASTENS, bourgade de France, dans la Gascogne, au diocèse de Tarbes.

RABAT, en latin Rabacha, grande ville d'Afrique, qui fut autrefois comprise dans la Mauritanie Tingitane, & qui est aujourd'hui en la province de Tremecen, au royaume de Fez, entre la ville de ce nom & celle de Tan ger, à vingt-cinq lieues de la premiere, & à vingt & une de l'autre. Elle est située sur la côte de l'océan, à l'embouchure de la riviere de Burregreg, du côté de l'occident. Elle a été bâtie par Jacob Almanfor, felon Abdulmalic. D'autres attribuent sa fondation à Abdulmumen, qui la nomma Méhédie. Quelques-uns la prennent pour l'Oppidum de Ptolomée. Cette ville a un fort château, que la mer borde d'un côté & la riviere de l'autre. Elle ressemble pour les bâtimens à Maroc : mais elle est plus petite. Son fondateur la fit construire pour y demeurer l'été, afin d'être plus proche de l'armee qu'il envoyoit en Espagne. Elle fut nommée Rabat, comme qui diroit fauxbourg, & achevée en peu de tems Quoiqu'il y eut de grands palais & de grandes mosquées, avec plusieurs autres édifices pour l'ornement de la ville, il prit tant de foin pour l'embellir, qu'à peine celle de Maroc l'emportoit. La tour de sa principale mosquée est toute semblable à celle de la forteresse de cette derniere ville, & à la tour de la grande église de Seville. Aussi ont-elles été faites, dit on, par le même maître, quoique l'escalier de celle de la grande mosquée de Rabat, soit plus large que celui des deux autres tours: quatre chevaux peuvent monter de front jusqu'au haut. On la tient la plus élevée de toute l'Afrique.

On y découvre un vaisseau de vingt lieues de loin. Dès que cette ville eut été bâtie, Jacob Almansor y mit toutes fortes d'artisans, de marchands, de docteurs, & les entretint à ses dépens. Il y demeuroit depuis le commencement d'avril jusqu'à la fin de septembre, ce qui y attira tant de monde, qu'elle devint une des meilleures villes d'Afrique. Comme l'eau des puits & celle de la riviere sont gâtées par le flux de l'océan, ce prince fit venir sur des arcades une fontaine éloignée de quatre lieues, & on en repartit l'eau dans les places, dans les mosquées & dans les palais. Tant qu'il vécut la ville augmenta toujours: mais après sa mort la guerre des Almohades & des Bénimérinis n'y laissa pas la dixiéme partie des habitans. Le grand aqueduc fut tout rompu, & on ruina plusieurs temples & divers palais. Il n'y a pas aujourd'hui plus de fix cents feux dans trois quartiers, proche du château. Tout le reste est réduit en clos & en jardinages. Les Chaviens possedent tout le pays d'alentour, & s'étendent jusques aux campagnes qui sont au levant du fleuve, où il y a de beaux pâturages. Le château ne vaut rien contre le canon, parce qu'il n'a point de rempart. Le port de la ville est à demi-lieue plus haut le long du fleuve. * Marmol, Description du royaume de Fez, t. 2, 1. 4, c. 5.

RABBA, ville de la Palestine, dans la tribu de Juda. Il en est parlé dans Josué, 1. 15, c. 60. Peut-être est-ce la même qu'Arreba ou Arabba, & encore la même qu'Arbée ou Hébron. Au lieu d'Arabba, on peut lire Rabba la grande, dans l'hébreu.

RABBAT OU RABBAT-AMMON, RABBAT-AMMANA, ou fimplement AMMANA ou Rabbat filiorum Ammon, nommée depuis PHILADELPHIE, capitale des Amimonites, ville située au-delà du Jourdain. Elle étoit fameuse & considérable dès le tems de Moyse, qui nous dit qu'on y

montroit le lit de fer du roi Og. (2) David ayant déclaré la guerre aux Ammonites, Joab général de ses troupes fit le siége de Rabbat Ammon, & le brave Urie y fut tué (b) par l'ordre secret que ce prince avoit donné qu'on l'abandonnat dans le danger. Lorsque la ville fut réduite à l'extrémité, David y alla lui-même pour avoir l'honneur de sa reddition. (c) Depuis ce tems elle fut foumise aux rois de Juda. Ensnite les rois d'Israël s'en rendirent les maîtres, avec tout le reste de la tribu au-delà le Jourdain. Mais sur la fin du royaume d'Israël, Téglathphalafar ayant enlevé une grande partie des Israëlites de ces cantons-là, les Ammonites exercerent diverses cruautés contre ceux qui resterent. De-là vient que les prophétes Jérémie & Ezechiel ont prononcé contre Rabbat, capitale des Ammonites, (d) & contre le reste du pays, de très-fâcheuses prophéties, qui eurent apparemment leur accomplissement cinq ans après la ruine de Jerufalem. Antiochus le grand prit la ville de Rabbat-Ammon, vers l'an du monde 3786. Quelque tems auparavant Ptolomée Philadelphe lui avoit donné le nom de Philadelphie. (*) On croit que c'est à cette ville que saint Ignace le martyr écrivit peu de tems avant fon martyre. Philadelphie est proche de la source de l'Arnon.* (2) Deut. III, 11. (b) 2 Reg. XI, 1, 15, 16, &c. (c) 2 Reg. XII, 28, 29. (d) Jérém. XLIX. 1, 2, 3. Vide & Sophon. 11, 8. Ezech. XX, 20. XXV, s.(c) Jofeph. Antiq. 1. 13, c. 17. Polyb. 1. 5.

RABBAT-MOAB, ou Rabbat filiorum Moab, la capitale des Moabites, nommée autrement RABBAT-MOBA, AR, ARÉOPOLIS, ARIEL DE MOAB, KIR HARESETH, ou la ville aux murailles de briques. Clamabo ad viros muri fictilis, dit Jérémie, XLVIII, 31, 36, &c. Cette ville étoit située sur'l'Arnon, qui la partageoit en deux, d'où vient que dans les livres des Rois, elle est nommée les deux Ariel de Moab, ou les deux lions de Moab, par allusion à fon nom propre, qui est Ar ou Arié, un lion. Cette ville a souffert une infinité de viciffitudes, & les prophéties la menacent assez souvent de fort grands malheurs. Les rois de Juda, d'Israël & d'Edom affiégeant un jour cette place, (4 Reg. III, 5, 6, 7, 8, &c.) le roi de Moab qui se vit sur le point de tomber entre les mains de ses ennemis, prit son fils aîné, & se mit en devoir de l'immoler à ses dieux; ce qui causa une telle indignation aux rois assiégeans, qu'ils se retirerent & abandonnerent ce siége. Nous avons déja parlé de cette ville sur l'article d'Ar. Les Romains entretenoient d'ordinaire une garnison à Aréopolis, à cause de l'importance du passage de l'Arnon. Voyez les anciennes notices, Eusébe & faint Jerôme, sous le mot Arnon.

RABBI, bois de France, dans la Normandie, au département de Caen & d'Alençon, maîtrise de Valognes. Il est de huit cents vingt arpens.

RABBOT, ville de la Palestine dans la tribu d'Issachar. Il en est fait mention dans Jofué, 19, c. 20, & elle est nommée Rabbith dans l'hébreu.

RABLE, bourg de France, dans l'Anjou, élection d'Angers.

RABOTH. Voyez RABBOT.

RACADAH, ville d'Afrique. D'Herbelot, dans sa bibliotheque orientale, dit que cette ville étoit des dépendances de celle de Caïroan, c'est-à-dire qu'elle étoit située dans la province que les anciens appelloient Cyrénaïque. Ce fut Mahadi, khalife des Abbassides, qui la fit bâtir. Elle est dans le troisiéme climat.

RACAH, ville de l'Iraque Babylonienne ou Chaldée, que quelques-uns mettent en Mésopotamie. Elle est située au 73d 15' de longitude, & à 36d de latitude septentrionale. C'est la même qui a été appellée ARACIA, d'où étoit natif Al-Bathani, célébre astronome, qui est ordinairement nommé par les latins Albategnius Aractensis. Le khalife Almamon ne passoit jamais par cette ville, parce qu'on lui avoit prédit qu'il devoit mourir, fuivant son horoscope à Racah. Mais il arriva que ce khalife étant campé sur les bords d'une fontaine, qui fait la source de la riviere de Bedidoun, près de la ville de Tharse, en Cilicie, il demanda à un Grec, qui étoit prisonnier de guerre dans son armée, quel étoit le nom de cette fontaine. Le Greclui ayant dit que les gens du pays l'appelloit Racah : la fiévre qui lui étoit venue un peu auparavant pour avoir mangé des dates fraiches, & bu trop d'eau de cette fontaine, redoubla auffi-tot. Ce khalife qui étoit grand aftrelogue, considérant que le lieu & le tems s'accordoient parfaitement avec la prédiction qui lui avoit été faite, crut que l'heure de sa mort étoit fort proche; ce qui se vérifia par l'effet, l'an 218 de l'Hégire, felon le rapport du Tarikh-Al-Abbas, qui est l'histoire des Abbassides.

RACANELLO, fleuve d'Italie, dans la Calabre Citérieure ; il a sa source dans l'Apennin, & ayant pris son cours par Caffano, il va se jetter ensuite dans le golfe de Venise, que Corneille appelle mal-à-propos golfe de Tarente. L'embouchure de ce fleuve est au nord de celle de Sibari. Le Racanello est le Cylistarnus des anciens. * Magin, carte de la Calabre Citérieure.

RACASTA. Ortelius, Thefaur. qui cite Cédréne, dit qu'on donna anciennement ce nom à la ville d'Alexandrie en Égypte. On le nomme aussi Racotis, selon Pline, 1.5,

6. 10.

RACATE. Voyez RHACATE.

RACHAL, ville de la Palestine, dans la tribu de Juda. Il en est parlé au premier livre des rois, 30, 29, & c'est dans cette ville que David envoya le butin qu'il avoit pris fur les ennemis qui avoient pillé Siceleg.

RACHMICDON, ville de Perse, selon Tavernier, qui la met à 87d 34' de longitude, & à 35d 15' de latitude.

RACHUSII, peuple de l'Inde, selon Arrien dans son Périple de la mer Erythrée, p. 27.

RACKELSBURG, ville d'Allemagne, dans la basse Stirie, & que les anciens nomment Raclitanum, & les Wandales Radcony. Elle est située à huit milles au-dessous de Gratz, fur la gauche du Muer, qui fait affez souvent beausoup de dommage aux fortifications de cette ville; elle a été diverses fois mise en cendres, & rebâtie. Il y a un arsenal. Les Turcs & les rebelles d'Hongrie ont souvent inutilement tâché de la prendre, & les premiers ont été battus devant cette ville l'an 1418, par Ernest, duc d'Autriche. Ses environs sont très-fertiles en vignes, & l'on trouve proche de la ville un château situé sur une montagne sablonneuse, qui, de même que la ville, & toutes ses dépen dances, appartenoit autrefois à la famille de Wildan; mais le tout ayant été réuni depuis au domaine du souverain, a été engagé au prince d'Eggenberg, dont la famille le possede encore. * Zeyler, Topogr. Stiriac.

Villanovanus, cité par Baudrand, croit que c'est la Bolentium de la haute Pannonie.

en co

RACLIA, écueil de l'Archipel, à trois milles de Skino. sa, entre les ifles de Naxie & de Nio, à douze milles ou environ de l'une & de l'autre. Cet écueil a douze milles de tour. Les moines d'Amorgos, maîtres de Raclia, y font nourrir huit ou neuf cents chevres ou brebis. On n'y trouve ordinairement que deux pauvres caloyers qui prennent foin, & qui vivent de biscuit fort noir & de quillages. Leur fromage est très-bon. Ces moines logés vers le haut de la montagne, auprès d'une fource affez abondante, sont inquiétés à tout moment par les corsaires, qui n'y abordent souvent que pour prendre quelques chevres. Il n'y passe pas même de caïque, dont les matelots n'en volent quelqu'une.

Il semble d'abord que le nom de Raclia soit tiré d'Héraclée; mais outre que les géographes anciens n'ont fait mention d'aucune isle de ce nom, il y a beaucoup d'apparence que celle dont il s'agit ici, a été connue sous le nom de Nicafia, que Pline, Etienne le géographe, Suidas, & Euftathe, placent auprès de Naxos. * Tournefort, Voyage du Levant, t. 1, p. 94.

RACLINE ou RACLINDE, isle de la mer d'Ecosse, voyez RAGHLIUS, au-delà du cap de Cantyr, du côté de l'est-fud-ouest, & à quatre milles seulement des côtes d'Irlande. On la prend pour l'isle de Ricina de Ptolomée, & pour celle de Ricnea de Pline. Voyez RICINA.

RACONI Ou RACONIGI, ville d'Italie, dans la principauté de Piémont, & dans la province de Savillan, entre Savillan au midi & Carmagnole au nord, sur le chemin qui conduit de Savillan à Turin. Cette ville est située dans une des plus fertiles plaines du Piémont, & dans un pays très-agréable. Deux rivieres l'arrosent, savoir la Grana & la Macra. Il y a quatre avenues & autant de fauxbourgs qui font très-peuplés. Le château du prince Carignan, à qui Raconi appartient, est fort beau & bien entretenu. Les habitans qui sont au nombre de douze mille, sont partagés en deux paroisses. On compte outre cela

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quatre couvens d'hommes, & une maison de religieuses. * Theatrum Pedemontii, t. 1, p. 2.

t. 2, p.

RACOVI Ou ARACOVI, village de Grece, dans la Livadie. Géorge Wheler, Voyage, 16, dit: dans ce village, compofé de Grecs & d'Albanois, avec un soubachi ou vayvode Turc qui les gouverne, il n'y a point de mosquée; mais il y a des églises, dont la principale & la meilleure est Panagia, ou l'église de la très-fainte Vierge; les autres font dédiées à faint Géorge, à faint Demetrius & à saint Nicolas, & quelques autres petites chapelles. Les femmes ajustent là leur tête de petites pieces de monnoye, qui leur pendent sur le cou & sur leurs épaules: elles en parent aussi leurs corps-de-jupes & leurs manches: elles peignent leurs cheveux en arriere, qu'elles treffent fur leur dos, & y pendent à l'extrémité des boutons d'argent; le reste de leur habillement est un longue veste de drap blanc; ce sont tous des bergers & bergeres qui paissent leurs troupeaux fur les montagnes. On trouve quelques fragmens d'antiquités dans une église, on y voit quelques morceaux de colonnes de marbre & des chapiteaux d'ordre corinthien; ce qui fait croire que Racovi est une place ancienne. Spon a jugé que c'étoit l'ancienne Amphrysus ou Ambbryssus; mais Weher, Voyage de Zante à Athenes, 1.1, p. 58, dit que Strabon & Paufanias placent Amphryssus fort loin de l'endroit où est Racovi. Strabon décrivant les places maritimes de Phocée, & non du golfe de Corinthe, comme Lawrenberg, & autres l'entendent, parle du lieu où il croyoit qu'étoit située Anticyrrhe & le cap Pharygion: enfaite venant au port de Mycus, il dit que c'étoit le dernier port des Phocéens, au-dessous d'Hélicon & d'Ascra, & ajoute qu'Aba & Amphryssus n'en étoient pas éloignées. Après quoi il vient aux villes qui étoient dans les terres. La premiere, dont il parle, est Daulis, qu'il place à l'orient de Delphes, & rapportant une partie d'un vers d'Homère ἳ Κυπαρισσον ἔχοντες, &c. il dit que quelques-uns entendent par ces paroles des arbres & des cyprès, & d'autres un village au-dessous de Lycoria, qui portoit ce nom. Or Lycoria étant la plus haute croupe du Parnasse, & Racovi se trouvant directement au-dessous de cette croupe, il y a plus d'apparence que Racovi est l'ancienne Cypariffus. De plus on ne voit pas comment Cypariffus ou Racovi peuvent être prises pour Amphryssus. Car Didyme remarque sur ce vers d'Homére, que Cyparissus est une ville de la Phocide, ainsi appellée, ou de Cураrissus frere d'Orchomenus, ou de la quantité de cyprès qui croissoient aux environs; mais il ne dit rien d'approchant en décrivant Amphryssus. Paufanias semble appliquer mieux ce passage d'Homère à Anticyrrha, qu'il diftingue cependant d'Amphryssus, qu'il place entre Stiria & Anticyrrha, & quoiqu'il semble la mettre au-dessous du Parnafle, il ne la met pas pourtant dans ce passage étroit de la montagne, où est Racovi; mais dans la plaine qui se trouve entre les montagnes, & qu'il appelle le territoire ou la plaine d'Amphryssus. La distance qui est entre Racovi & Stiri ne s'accorde pas non plus avec la Stiria & l'Amphryssus de Paufanias; car il n'y a pas moins de fix ou huit lieues de Stiri à Racovi, au lieu que Paufanias ne met Stiria & Amphryssus qu'à foixante stades l'une de l'autre, ce qui ne revient qu'à trois lieues & demie. Enfin Paufanias ne marque point Amphryssus dans ce chemin, entre Chæronea & Delphes, qu'il met près de Panopeus & de Daulis, & qui communique au chemin nommé Schistis, qu'on ne fauroit concevoir être ailleurs qu'entre le mont Parnaffe & Cirphis, soit que l'on considere la place même ou l'étymologie du nom, qui signifie division, ou des choses séparées l'une de l'autre. Racovi se trouve dans ce chemin, à deux lieues de Castri, au-delà de Daulis, appellée présentement Dalia, & du côté de l'orient. Enfin Paufanias ajoute qu'en allant d'Amphryssus à Anticyrrha, il faut monter l'espace de deux stades, au lieu qu'on ne monte point en y allant de Racovi, qui est au-dessous du mont Parnaffe: tous les chemins vers la mer descendent considérablement.

RACOVIE, ville de la petite Pologne, dans le Palati, nat de Sendomir. Elle est fameuse dans l'histoire, par l'école & l'imprimerie que les Sociniens y ont eues; & ils la regardoient comme le siége de leur secte. Ils furent chassés de cette ville en 1645. Cette ville est ruinée depuis l'an 1688. * Andr. Cellar. Descr. Polon. p. 186.

RADACOPHANUM, ville de la Toscane, selon Ortelius, Thefaur. qui cite Annius de Viterbe, & ajoute

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