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la plaine est une fontaine ornée d'un bassin de bronze. Les maisons n'ont qu'un rez de-chaussée bâti de briques crues, excepté qu'elles font plus propres à San lago qu'ailleurs. Les églises font plus riches de dorures; mais toute l'architecture en est d'un mauvais gout, si j'en excepte celle des jéfuites, qui est une croix latine voutée sur un ordre dorique. Elles ont toutes au-devant une petite place pour la commodité des caleches & des processions: la plupart sont bâties de briques, il y en a de pierre de grain & de maçonnerie de moilon, qu'on tire d'un petit rocher qui est au bout de la ville à l'est, appellé la montagne de Sainte-Lucie, du haut de laquelle on découvre toute la ville & ses environs, qui forment un paysage très-riant. Le gouverneur du royaume de Chili, fait la résidence ordinaire à San Iago; antrefois ceux qui aimoient les intérêts du roi, demeuroient à la Conception ou sur la frontiere d'Arauco, pour pouffer les conquêtes sur les Indiens. Ils font même obligés d'y aller tous les trois ans. Aujourd'hui ils s'en dispensent, à cause qu'ils ont la paix avec les Indiens, & que la paye du Réal Situado a manqué. Le gouverneur est président & capitaine général, & préside à l'audience royale, composée de quatre oidors ou audienciers, de deux fiscaux, dont il y en a un chargé de la protection des Indiens & des affaires de la croifade, enfuite d'un alguazil mayor de Corte, & des chanceliers, fecrétaires, rapporteurs, &c. Il n'y a point d'appel d'une fentence de revista ou revue de cette royale délibération, qui ne connoît que des choses de conféquence ou déja décidées en justice, si ce n'est au conseil royal des Indes.

Les affaires ordinaires se décident au cabildo, qui est compofé comme celui de la Conception de deux alcaldes, d'un alferès réal, d'un alguazil mayor, d'un dépositaire général, & de fix régideres, dont la moitié sont encomendadores en charge, d'autres habirans, moradores, & d'autres qu'on appelle propriétaires, pour avoir acheté la varre, c'est à dire, leur dignité, dont la marque est de porter en public une baguette longue de fix à sept pieds. Quoique le président de l'audience royale établie à San Iago, releve du vice roi du Pérou, l'éloignement diminue beaucoup de sa dépendance; en sorte qu'on peut le regarder au Chili, comme vice-roi lui même, pendant sept années que dure son gouvernement.

L'état ecclésiastique, comme le gouvernement séculier, releve de Lima métropole du Chili. Le pouvoir de l'évêque de San lago est fort limité. Les loix du pays ne lui laissent la disposition d'aucune cure. Il a seulement le droit de présenter trois sujets, parmi lesquels le président en choisit un au nom du roi, en quelque mois que ce soit; de forte que le pape n'a pas même son tour conime en Europ. 2. Les moines prétendent encore empiéter, sur les fonctions curiales que les jésuites croyent avoir droit d'exercer par-tout, sans parler d'une infinité d'autres priviléges qu'ils ont dans les Indes. Tout cela contribue à rendre les églises désertes. Il y a trois paroiffes outre la cathédrale, faint Paul, fainte Anne & faint Ifidore. Ces églises sont les plus petites & les plus négligées. Celles des religieux font incomparablement plus propres. Il y a huit couvents d'hommes, trois de cordeliers, deux maisons de jésuites, un de la Mercy, un des freres de saint Jean de Dieu, & un de dominicains, qui font les seuls ordres établis dans le Chili. Il y en a cinq de religieuses, un de carmélites, un d'augustines, un de beates, confrairie de fœurs sous la regle de faint Auguftin, & deux de l'ordre de fainte Claire. Toutes les communautés font nombreuses, & il y en a telle où l'on compte plus de deux cents personnes.

Le tribunal de l'inquifition du Chili y est aussi établi. Le commissaire général fait sa résidence à San lago, & fes officiers, comme familiers & commiffaires, font dispersés dans toutes les villes ou villages de sa dépendance. Il n'y a point d'université à San Iago; mais les peres jésuites & les dominicains peuvent, en vertu d'un privilége des papes, donner les grades de licentié & de docteur, à ceux * qui ont allez étudié de théologie & de morale.

3. SAN IAGO DE ALHANIA, petite ville de l'Amé. rique, dans la terre-ferme, au gouvernement de Panama, ama, près des rivieres de Cochea & de l'Arpa, vers la province de Guaymi, felon Baudrand. Il ajoute, on l'appelle autrement Chiriqui.

4. SAN IAGO DE ARMA, ville de l'Amérique au

Popayan. Voyez ARMA.

5. SAN IAGO DE CACEM, bourgade de Portugal, dans l'Alentejo, près de la côte, à treize lieues de Beja. On soupçonne qu'elle occupe la place de la MEROBRIGA des anciens. Voyez ce mot n°. 3.

6. SAN IAGO DE LOS CAVALLEROS, ville de l'Amérique, dans l'isle Espagnole, dans les terres, au midi de Puerto di Plata, qui lui fert de port au couchant septentrional, & à dix lieues de la Conception de la Vega, sur le bord oriental de la riviere d'Yague, qui va se perdre dans la mer, à Puerto Real, auprès de Monte Chrifto. Le terroir des environs est aslez bon, & l'air est si sain & fi agréable, qu'elle est comptée entre les principales de la partie espagnole de l'ifle. Les maisons y font mal bâties; mais les églises sont fort belles. Les habitans y font fort pauvres. IAGO.

7. SAN IAGO DE CHILI. Voyez ci-devant SAN

8. SAN IAGO DE COMPOSTELLLE. Voyez Сом

POSTELLE.

9. SAN IAGO DE CUBA, ville de l'Amérique septentrionale, dans l'isle de Cuba, avec un bon port, fur la côte méridionale de l'ifle, au fond d'une baye que forme une riviere qui en reçoit plusieurs autres. La baye Ez la riviere portent le même nom que l'isle. Elle fut bâtie en 1514 par les Espagnols, & fut fort long-tems la capitale & le fiége d'un évêque fuffragant de Saint-Domingue. Mais avec le tems la Havana a pris le dessus, les navires ont preféré ce port; & l'évêché & le principal commerce de l'ifle y ont été transférés.

10. SAN IAGO DEL ESTERO, ville de l'Amérique méridionale, au Tucuman, dont elle est une des plus considérables. Il n'y a pourtant qu'environ trois cents maisons, fans fosse ni murailles. Elle est située en un pays plat, environné de forêts d'algarobe, fur une affez grande riviere qui peut porter bateau, & qui est affez poiffonneuse. L'air y est fort chaud & fort étouffé, ce qui rend les habitans peu propres au travail; ils ont tous le teint fort jaune, & ne s'adonnent guères qu'aux divertissemens, & peu au commerce. Il n'y a pas plus de trois cents hommes en état de porter les armes, y compris les naturels du pays & les esclaves. La plupart des femmes y font assez belles; mais elles. ont presque toutes une espéce de goître à la gorge. On ap pelle cela Goto dans le pays. Les environs sont riches en gibier, en bêtes fauves, & fertiles en froment, en seigle, en orge & en fruits, comme figues, pavis, pommes, poires, prunes, guines, raisins & autres. Il s'y trouve aufli une grande quantité de tigres, qui font méchans & carnaciers, de lions, qui font doux, & des guanacos, qui font grands comme des chevaux. Ils ont le cou fort long, la tête trèspetite, & la queue bien courte; dans leur estomac se trouve la pierre nommée Bezoard. Il y a dans cette ville quatre églises; savoir, la paroiffe, l'église des jéluites, celle des récollets & encore une autre. L'inquifiteur de la province de Tucuman fait fa résidence à San lago del Estero. Il est prêtre séculier, & fes commissaires ou lieutenans sont éta. blis par lui dans les autres lieux. On compte de cette ville à Potosi cent foixante & dix lieues.

11. SAN IAGO DE GUATIMALA. Vovez GUATI

MALA,

12. SAN IAGO DE GUAYAQUIL. Voyez GUAYAQUIL.

13. SAN IAGO DE LÉON, ville de l'Amérique méridionale, dans le gouvernement de Venezuela, Elle est à trois ou quatre lieues de Nuestra Senora de Carvalleda, vers le midi, & à cinq ou fix de la mer, d'où l'on y va par deux chemins différens, l'un court & aifé, mais qui peut être gardé facilement par les habitans, à cause qu'après qu'on en a fait la moitié, il se trouve si fort resserré des hautes montagnes & de bocages inaccessibles qui le bordent de côté & d'autre, qu'à peine a-t-il vingt-cinq pieds de large. L'autre est difficile & raboteux, au travers des montagnes & des précipices. C'est celui dont les Sauvages ont accoutumé de se servir. Ces montagnes étant pallées, on descend dans une plaine où cette ville est bâtie. Le gouverneur de toute la province y fait quelquefois fa résidence. Les Anglois la prirent en 1595, après qu'ils se furent rendus maîtres du fort que les Espagnols appellent de Caracas, du nom des peuples de la contrée desquels il a été élevé.

14. SAN IAGO DE LAS MONTANAS, hameau

de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audiance de Quito, fur les confins du gouvernement de Maynas, à l'embouchure de la riviere de même nom, dans l'Amazone. Ce hameau eft formé des débris d'une ville qui avoit donné le sien à la riviere. Voyage de M. de la Condamine dans l'Amérique.

15. SAN IAGO, riviere de l'Amérique méridionale au Pérou. Voyez ZAMORA, n°. 3.

16. SAN IAGO DE LAS VALLES, petite ville de l'Amérique feptentrionale, dans l'audience du Méxique. Elle est située dans une plaine, sur la riviere de Panuco, trente lieues au-dessus de la ville de ce nom, & entourée d'un rempart de terre. Le roi d'Espagne accorda de grands priviléges aux premiers Espagnols qui l'habiterent, afin de les engager à tenir dans leur devoir les Sauvages de ces Lieux, & à garder les limites du pays.

17. SAN IAGO DE LA VEGA, ville de l'Amérique, dans l'ifle de la Jamaïque. Elle est à deux lieues ou environ de la mer, dans une plaine, sur le bord d'une riviere, & à quatre lieues de Port-Royal. Cette ville bâtie par les Espagnols, du tems qu'ils étoient les maîtres de l'isle, étoit d'une affez grande étendue, & contenoit près de deux mille maisons. Il y avoit deux églises, deux chapelles & une abbaye; mais après que les Anglois en eurent chaffé les Espagnols, on réduisit San Iago à quatre ou cinq cents maisons, & le reste fut détruit. Cette ville s'est pourtant rétablie sous les Anglois; c'est le lieu où le gouverneur fait sa résidence, & où se tiennent les principales cours de justice, ce qui la rend fort peuplée. On y voit grand nombre de belles maisons, & on y mene une vie très-agréable. Le Havana, promenade où les plus honnêtes gens se trouvent le foir en carosle ou à cheval, y tient lieu du cours de Paris ou du parc de Londres. Le passage est situé sur l'embouchure de la riviere, à deux lieues également de San Iago & de Port-Royal.

Il faut remarquer que dans ce nom San Iago, l'est voyelle, & doit être prononcé comme s'il étoit écrit par

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&

SANTILLIFONSO DE LOS ZAPOTECAS, ville de la nouvelle Espagne, dans le diocèse de Guaxaca. Elle est à vingt lieues d'Antequera, vers le nord-oueft, & bâtie fur une montagne, au pays des sauvages, appellés Migas. Ce font gens fort hauts & barbus, cruels, belliqueux, pour qui la chair humaine est délicieuse. Ils alloient autrefois nuds, & ceints sur les reins d'une peau de cerf, & on ne put les dompter que par le moyen des chiens de chaffe ou des dogues, parce qu'ils se retranchoient dans les bois & dans les hautes montagnes, où les chasseurs ne pouvoient aller. Ainh un fort petit nombre d'Espagnols ont habité cette ville jusqu'à ce que la crainte des chiens ait obligé ces peuples sauvages à recevoir des conditions de paix.

1. SAN JORGE, isle de la mer du Sud, l'une des isfles de Salomon.

2. SAN-JORGE, petite ville de l'Amérique septentrionale, au gouvernement de Honduras, dans la vallée d'Olancho, qui est cause qu'on l'appelle San Jorge d'Olancho. Elle est à quarante lieues de Valladolid, vers l'est, & habitée d'un fort petit nombre d'Espagnols. Il y a dans fon territoire seize mille Sauvages ou Indiens qui payent tribut. On y a autrefois trouvé quantité d'or, principalemenr dans la riviere de Guyape, qui passe à douze lieues de cette ville. La vallée d'Olancho est belle, & abonde en veines d'or; ce qui a été cause que le gouverneur de Honduras & celui de Nicaragua ont long-tems disputé entre eux le droit de la posseder, & ont même combattu en champ ouvert, jusqu'à ce que le roi d'Espagne ait jugé le différend.

1. SAN JOSEPH, (prononcez SAN GOSEF ) ifle de l'Océan oriental, entre les ifles Mariannes ; c'est la même que les cartes nomment Zorpano ou Saypna.

2. SAN JOSEPH, petite ville de l'Amérique méridionale. Elle est dans l'ifle de la Trinité, fut un rocher escarpe, près d'un torrent, à deux lieues de la côte de l'ifle, vers la nouvelle Andalousie. Les Espagnols la bâtirent en 1591. Baudrand n'en fait qu'un bourg, qu'il nomme San Joseph de Oruna.

1. SAN JUAN, (prononcez San Ghouan) ifle entre les Philippines. Voyez au mot ISLE, l'article SAINT JEAN,

No.1.

2. SAN JUAN DE ALFARACHE, bourgade d'Espagne, dans l'Andalousie, près de Triana; quelques-uns la prennent pour OSSET. Voyez ce mot.

3. SAN JUAN DE LA FRONTERA, colonie espagnole, dons l'Amérique, au Chili, au pied des montagnes des Andes, & dans la province de Chicuito, près du lac de Guanacacho, felon Baudrand, ou felon de Laet, dans la province de Chacas ou Chachapoyas, à cent vingt lieues de Lima. Elle fut d'abord placée en un lieu fort rude & fort raboteux, que les Indiens nommoient Llevanto, & depuis elle fut transférée duns la province des Chachas ou Chachapoyas, qui appartient à son diocèse, ainsi que celles des Huacrachucos, & de Cassaynca, dans lesquels il y a beaucoup de mines d'or, & une grande quantité de brebis qui fourniffent beaucoup de laine aux Indiens, qui en font de fort bons draps. Le territoire de cette ville est habité de plus de vingt mille Indiens tributaires, qui sont plus blancs que les autres Américains. Les femmes y sont si belles, qu'on les envoyoit autrefois au Pérou, pour être les concubines des Incas. Il croît dans cette contrée une forte d'amande, qui est un fruit très-délicat, & qui surpasse en bonté tous les fruits de l'Amérique. Elles sont fort tendres, molles, pleines de suc & fort douces. Ce fruit est couvert de piquants, comme les chataigniers, mais il est un peu plus gros, & s'ouvre fort aisement quand il est sec. * De Laet, Ind. occid. 1. 10, с. 27.

4. SAN JUAN DE LA MAGUANA, ville bâtie dans l'isle Espagnole, par les Castillans, & qui ne subsiste plus. Elle étoit située sur le bord de la riviere Neyba, dans une prairie, que les François appellent aujourd'hui la Savano de San Ovan, & au même lieu, où le roi de la Maguana, un des cinq royaumes qui partageoient l'ifle, faisoit sa réfidence. Ce fut le grand commandeur D. Nicolas Ovando, qui fonda cette ville en 1504. Elle fut quelque tems trèsHorissante: :on y faifoit beaucoup de fucre, & ce fucre étoit estimé le meilleur de l'ifle. Le pays est d'ailleurs très-fertile, & il y al a beaucoup de mines aux environs. Le Cacique Henri s'étant cantonné dans les montagnes de Baoruco, qui n'en sont pas éloignées, obligea les Espagnols à abandonner cette ville. * Le P. de Charlevoix, Hift. de SaintDomingue, 1. 2.

5. SAN JUAN DE ORO, bourg de l'Amérique méridionale, dans le Pérou, entre les montagnes, dans les provinces de Camata, à trente-cinq lieues du lac de Titicaca, vers l'orient.

6. SAN JUAN D'ORTEGA, ville d'Espagne, dans la vieille Castille, selon Davity.

7. SAN JUAN DE LA PENA, monastère d'Espagne, dans l'Aragon: en descendant de Jacca la riviere d'Aragon, on voit fur la gauche ce monastère. Il est magnifique, & on y voit les tombeaux des anciens souverains de Sobrarve. La ville de Jacca en est à trois lieues; celle de Berdun ou Verdun en est à deux.

8. SAN JUAN DE PUERTO-RICCO ou PORTORicco. Les François disent simplement Porto-Ric, ifle de l'Amérique septentrionale, entre les Antilles. Son ancien nom est l'ifle de Boriquen. Elle est située par les 17 & 18d de latitude nord; & n'a pas vingt lieues de sa plus grande largeur, qui se prend du nord au fud; mais la longueur de l'est à l'ouest est de quarante. Elle a peu de plaines, beaucoup de collines, de montagnes très-hautes, de vallées extrêmement fertiles, & d'assez belles rivieres. Christophle Colomb la découvrit en 1493, au mois d'octobre, la nomma l'isle de Saint-Jean-Baptifte, & s'y arrêta quelque tems dans une baye, où il trouva des maisons mieux bâties qu'il n'en avoit vû dans l'Espagnole. Il paroît que les habitans de ces deux ifles, qui ne sont séparées que par un détroit, avoient une même origine: ils avoient la même douceur: mais comme ceux de Portoric étoient toujours aux prises avec les Caraïbes des petites Antilles, ils étoient. moins policés. Dans les guerres que les Espagnols eurent pour soumettre le Higuey, province de l'Espagnole, à l'orient, Ponce de Léon, qui y avoit conduit des milices, y apprit qu'il y avoit beaucoup d'or dans l'ifle de Boriquen ou de Saint-Jean. Il en donna avis à d'Ovando, commandant général de l'Espagnole, & obtint la permiffion d'y pafler. Il s'y rendit, & en commenca la conquête par des voyes de douceur & d'amitié, & fut fait gouverneur de l'ile. D'un autre côté le roi, instruit de la découverte, y nomma un autre gouverneur, qui l'abandonna ensuite. D. Diégue Colomb, fils aîné de Christophle & Amiral, ayant relevé Ovando dans son emploi de commandant général, nomma un troifiéme gouverneur, qui prit en effet poffeffion; mais Ovando retourné à la cour, fit valoir le droit de Ponce de Léon, qui rentra dans l'isle, s'y rendit maître, & envoya l'autre gouverneur prifonnier en Espagne. Ponce de Léon s'y étoit introduit amiablement : les autres y vinrent comme dans un pays de conquête, & traiterent les infulaires comme des esclaves, les partageant entr'eux. Ces peuples ne purent souffrir un tel joug, & il se commença une guerre qui couta bien du sang; mais enfin ils se soumirent. De Laet parlant de cette ifle, dit qu'elle est à quinze ou seize lieues de l'Espagnole, & explique ces lieues de dix-fept & demie au degré. Il la met à cent trentefix de ces mêmes lieues de la terre ferme qui est au midi & du cap Paria. L'air y est d'une température fort agréable, excepté en décembre & janvier, n'étant ni trop brulée par les ardeurs du soleil, ni trop abreuvée par les pluyes, sice n'est depuis la fin de mai jusqu'en septembre. Elle est pareillement tourmentée d'ouragans aux mois d'août & de septembre, & quelquefois les semences y font brulées par un vent de nord-est. Sa terre est riche & abondante en paturages; mais il y a un arbre fort incommode, nommé guaiabe: il porte un fruit comme une pomme, d'une écorce brune, ayant la chair rougeâtre, & rempli de pepins, qui, tombant en terre, s'élevent d'abord par la graifle & la fertilité du terroir, & prennent insensiblement 'un accroiffement si grand, qu'ils couvrent toute la plaine d'une forêt épaisse, qui empêche, par son ombre, que T'herbe n'y croiffe. Les vaches & autres animaux domestiques, s'y effarouchent aisément, jusqu'à un point qu'il n'est presque plus poffible de les apprivoiser. Les montagnes, que les Espagnols appellent la Sierra DEL LOQUILLO commencent au cap, à l'est de l'isle, dix lieues au-dessus de la principale ville, vers le sud-est; & traversant l'ifle sans interruption, elles s'étendent jusqu'à la partie occidentale de l'ifle, près de San Germain. L'ifle a affez de rivieres, les principales sont le Cairabon, le Bayamon, dont l'embouchure est auprès du fort qui commande le port de la capitale; la Luisa & la Toa, qui viennent d'une même fource, au pied du mont Gayamo, & se séparent au mont Cauvas. Il y a outre cela la Gujane, l'Arezibo & le Gabiabo, outre plusieurs torrens qui portent de l'or : les plus riches font le Manatuabon & le Cebuco. Il y a eu dans l'ifle de riches mines d'or, qui font ou épuisées ou négligées, gligées, fautes d'ouvriers.

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Les arbres de l'isle les plus finguliers sont les tabernaculo ou taborucu, duquel il coule un bitume blanc, propre pour gaudronner les vaisseaux : les peintres s'en fervent auffi, & il a de grandes vertus pour guérir les playes & les douleurs causées dans les membres par le froid; le maga, dont le bois est fort dur, nullement sujet à la vermoulure : on s'en fert pour la charpente; le bois faint, peu différent du gayac, (Oviédo le diftingue ) & ayant les mêmes usages contre les maladies vénériennes, en se servant de sa décoction, faite selon l'art.

Outre cela il y croît deux arbrisseaux, l'un nommé higillo pintado, dont les feuilles ont un suc admirable pour consolider les playes; l'autre est l'arbrisseau de Sainte Marie, & ne lui cede en rien pour sa qualité médicinale. Il y a d'un autre côté des plantes nuisibles & dangereuses, sa. voir le quibei, qui a les feuilles piquantes, la fleur tirant fur la violette, mais un peu plus longue; les bêtes sauvages qui en mangent meurent aussi-tôt. Il croît aussi près du rivage plusieurs petits arbres, dont le fruit est un poison pour les poiffons, lorsqu'il tombe dans l'eau; son ombre même est préjudiciable aux hommes qui s'y endorment. On les nomme mancanillo. Il se trouve aussi dans l'isle un autre arbre nommé guao par les Infulaires, & thetlatian par les Mexicains, à qui il est fort connu. Il a les feuilles rouges & velues: elles ne tombent jamais: elles sont épaisses, avec plusieurs petites veines de couleur de feu: son fruit eft verd, & reflemble, pour la figure & la grosseur, à celui de l'arboisier. Le suc de cet arbre est fort caustique : il fait tomber le poil aux animaux qui s'y frotent: il fait le même effet aux hommes qui s'endorment sous lui. On ne laisse pas d'en porter du bois en Europe, à cause de sa couleur peu commune, qui imite le verd du vitriol: on l'employe à faire des quenouilles de lit, parce qu'il tue les punaises; mais il cause aux ouvriers qui le travaillent

ume enflure aux mains & au visage, qui dure plusieurs jours.

Les principales richesses de l'ifle consistent en sucre, en caffe, & en une grande quantité de bœufs. De Laet, qui écrivoit vers le milieu du siécle passe, & dont je tire la plus grande partie de cet article, dit que les bœufs & les vaches se sont tellement multipliés dans l'ifle, qu'on les y tue seulement pour les cuirs, & qu'on en abandonne la chair aux chiens & aux oiseaux.

Ponce de Léon, qui la découvrit, & y fit le premier établissement, mit d'abord sa colonie au côté du nord, à une lieue de la mer & du principal port, que l'on a ensuite nommé Puerto-Ricco. Il la nomma Cappara: mais à cause de sa situation incommode, & de fon accès difficile, on l'abandonna au bout de dix à douze ans, & les habitans furent transportés à Ganica, près du lieu où la ville de san German est aujourd'hui. On quitta encore ce lieu pour bâtir Sotomayor, près d'Aguada, & enfin cette colonie se fixa à fan German. En 1514, après qu'on eut joint la petite ifle qui est à l'embouchure du principal port, en faisant delà une chauslée jusqu'à la grande, au travers du havre, on donna commencement à la principale ville, qui est aujourd'hui Puerto-Ricco on Portoric.

Cette ville est sur la côte septentrionale de l'isle: elle n'a ni murailles, ni remparts; du reste elle est assez bien bâtie: ses rues font larges, & fes maisons ont peu de fenêtres, à la maniere d'Espagne, mais de larges portes, par lesquelles le vent y entre dès les huit heures du matin, jusques sur les quatre heures après midi: on s'en sert pour tempérer la chaleur, qui y est extrême jusqu'après minuit. L'église cathédrale est assez belle, à double rang de colonnes, avec de petites fenêtres, qui, pour la rareté du verre, sont garnies d'un fin canevas. Il y a deux petites chapelles, & tout près de la ville est un couvent de dominicains. Son port est spacieux, à l'abri des vents, & à couvert de l'insulte des ennemis : l'entrée est étroite, & commandée par un fort château, augmenté considérablement en 1590, & bien pourvû d'artillerie. Près de celui-là, un peu plus avant, vers le sud-ouest de la ville, il y a la Fortaleza, forteresse où l'on garde le trésor royal, & les munitions de guerre. Le reste de cette petite isle est impénétrable, à cause d'un bois épais qui la couvre, excepté une place, & les sentiers qui vont à la chauffée, & ce lieu est gardé par deux petits forts, pour couper le passage à l'ennemi, s'il vouloit passer par-là pour arriver à la ville.

Le chevalier François Drac attaqua cette ville en 1595, mais il ne put la prendre. Deux ans après, le comte de Cumberland ayant fait une descente dans l'ifle, & ayant conduit fon monde par un chemin très-difficile jusqu'à la chauffée, prit du premier assaut les forts qui défendent le passage, entrant avec peu de danger dans la ville qu'il trouva presque vuide, & après huit jours de fiége il prit par composition la fortereffe, qui commande à l'embouchure du havre. Il avoit résolu de s'y arrêter, & d'y mener une colonie d'Anglois; mais comme il avoit perdu quatre cents de ses gens qui furent emportés par les maladies, il changea de résolution, & partit, laissant la ville presque entiere, & fe contenta d'emporter un riche butin, in, & les plus grosses piéces de canon. En 1615, Baudouin Henri, Bourguemestre d'Edam, général de la Flote, que la compagnie hollandoise des Indes occidentales envoyoit au secours des Hollandois, affiégés dans le Bresil, vint à l'ifle de SaintJean de Portoric, franchit l'entrée étroite du port, au travers des canonades du château, jetta les ancres dans le port, descendit avec deux cents cinquante soldats, & quatre cents matelots, & prit la ville: il attaqua la principale forteresse: mais n'ayant ni affez de monde, ni affez de tems pour en venir à bout, il brûla sept navires espagnols qu'il trouva à l'ancre, prit le canon de la ville qu'il détruifit en partie & se retira.

La seconde ville de l'isle est San German, en françois Saint-Germain, anciennement la nouvelle Salamanque, NOVA SALAMANCA: elle est petite, peu fortifiée, ce qui a donné aux François la facilité de la piller plusieurs fois. Il n'y a qu'une rade, fort incommode, & de mauvais abri à l'embouchure du Guarabo. La troisiéme ville s'appelle Arizibo, & est à trente lieues de la capitale, vers le cou

chant.

Il y a outre cela quelques bourgades dans l'ifle, & des métairies ou fermes, que les Espagnols nomment Estancias; mais mais elle a peu de havres pour sa grandeur, & le peu de rades qu'elle a n'ont point un bon abri. La côte du nord est fort exposée au vent de bise, & la mer y brise beaucoup. Le premier port à l'est est Luisa, nom qu'il a recû de la ri

basco, &c. rendent cette ville opulente, & y fait abonder toutes les richesses du continent de l'Amérique, & des Indes orientales. Elle n'est pourtant guères peuplée à proportion; le mauvais air en est la cause. Le petit nombre d'habi

viere qui le forme, ou qu'il lui a donné: le suivant est Ca-tans, joint au grand commerce qui s'y fait, rend les mar

noba, après lequel on trouve la Cabeça, vers le cap de l'est, qui regarde le nord. C'est à ce cap que commencent à s'élever les très-hautes montagnes del Loquillo. De-là la côte se courbe vers le sud. La côte orientale n'a que deux havres, San Iago & Yabucoa, séparés l'un de l'autre par une distance de trois lieues. Elle a aussi plusieurs isles, connues sous le nom de Vierges ; & au cap meridional de ce côté, est la petite isle de boyque. La côte se tourne ensuite à l'ouest, & devient méridionale. Le port de Gayama s'y présente le premier: on trouve ensuite les rivieres Neabon & Xavia, & fix lieues au-delà de cette derniere le havre Gadianilla. Une lieue plus loin est la riviere des Mosquites, & en avançant un peu plus on arrive à Ganica. Encore fix lieues, & la côte méridionale est terminée par un cap occidental, nommé Cabo Roxo, auprès duquel les Anglois ont trouvé des salines. La côte méridionale a aussi ses isles qui sont petites, & s'appellent Santana, Haberiana & Bomba del Infierno; de Cabo Roxo la côte se courbe vers le nord, & le rivage, s'enfonçant peu à peu, forme une espéce de baye, où l'on découvre d'abord le port de Pinos, ensuite celui de Mayagues, & un peu plus loin la baye de Saint-Germain le Vieux, fort commode pour les mariniers, à cause d'une vallée voisine, fertile en excellentes oranges, en limons, & autres fruits semblables. Du même côté on trouve l'embouchure de la riviere Ganabo, que l'on appelle Aguada, c'està-dire, l'Aiguade, à cause de la commodité qu'ont les vaisseaux d'y faire de l'eau. Suit enfin le havre Gahataca, tout près de l'autre cap occidental qui regarde le nord. Selon Coréal, Voyages, t. 1, p. 22, le nord de l'isse est riche en or, & le fud abonde en grains, en fruits, en pâturages & en poiffons.

i. SAN JUAN DE PUERTO RICO, ville capitale de l'isle de même nom. Elle est sur la côte septentrionale, avec un bon port, dont nous avons parlé dans l'article précédent. Elle a un évêché suffragant de l'archevêché de Saint-Domingue, & est défendue par la fortereffe de San FELIPPE DEL MORO. On compte quatre-vingt-dix lieues de cette ville à celle de Saint-Domingue, dans l'ifle Espagnole.

2. SAN JUAN DE SALINAS, ville de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans le pays des Paçamores, au pied des Andes. On la nomme aussi la NOUVELLE VALLADO

LID.

3. SAN JUAN DE ULUA, (prononcez Oulouva) port, ville & forteresse de l'Amérique, dans la nouvelle Espagne. C'étoit en premier lieu le nom d'une ifle. Grijalva, l'un des Espagnols qui découvrirent cette côte à Tabasco, ayant montré de l'or à des naturels du pays où il étoit, pour leur demander si l'on trouvoit ce métal chez eux, ils ne répondirent qu'en lui montrant de la main un pays situé à l'occident, & en répétant plusieurs fois Culua. Grijalva poussant sa route vers l'occident, entre autres isles, il en vit une que les infulaires nommoient Culua, & qu'il crut être cette terre abondante en or qu'on lui avoit indiquée. En effet il traita beaucoup d'or, & la nomma Saint Jean d'Ulua. Cette ifle est cependant peu de chose par elle-même, & enferme un port, qui eft accompagné d'une ville que Thomas Gage, témoin oculaire, décrit ainfi.

La ville est fondée sur un terrein sablonneux, où la terre est marécageuse, & pleine de fondrieres; ce qui, joint aux grandes chaleurs qu'il y fait, rend ce lieu fort mal fain. Le nombre des habitans est environ de trois mille, parmi lesquels il y a plusieurs riches marchands, les uns de deux cents, les autres de trois ou quatre cents mille ducats vaillant. Les bâtimens sont tous de bois, tant les églises & les couvens, que les maisons des particuliers; de forte que les murailles de la maison du plus riche habitant n'étant que de planches, la violence des vents du nord a fait que diverses fois la ville a été brûlée rez pied rez terre. Le trafic qui se fait d'Espagne au Mexique, & par le Mexique aux Indes orientales, celui de Cuba, de Saint-Domingue, de l'Yucatan, de Portobelo, du Pérou, de Carthagéne, & de toutes les isles de la mer du nord, & par la riviere d'Alvarado, en montant aux Zapotecas, Saint-Alphonse, & vers Guaxaca, & par la riviere de Grijalva, montant vers Ta

chands extraordinairement riches, & ils le seroient encore plus, sans les pertes qu'ils ont faites toutes les fois que la ville a été brûlée.

Toute la force de cette ville consiste en ce que l'entré du havre est très-difficile & très-dangereuse, & en un rocher qui est à une portée de mousquet devant la ville, sur lequel on a bâti une forteresse ou Citadelle, dans laquelle on entretient une petite garnison; mais à la ville il n'y a aucune fortification, ni gens de guerre. Le rocher & la forteresse fervent de muraille, de rempart & de clôture au port, qui sans cela seroit ouvert, & sujets aux vents du nord. Les navires n'osent mouiller dans le havre, si ce n'est sous le rocher & la forteresse, encore n'y font-ils pas en sureté, à moins qu'ils ne foient amarrés avec des cables à des anneaux de fer attachés exprès dans le rocher. Il est arrivé quelquefois que les navires étant portés par le courant de la marée d'un côté du rocher, ont été jettés contre les autres rochers, ou emportés en pleine mer, les cables avec quoi ils étoient amarrés à la forteresse ayant caffé par la violence des vents.

Cette ville a quité le nom de Saint-Jean d'Ulua, pour prendre celui de la VERA CRUZ, autre ville bâtie par les Espagnols qui l'ont ensuite abandonnée, en transportant les habitans à San Jean d'Ulua.

1. SAN JULIAN, (La baye de) baye de l'Amérique méridionale, sur la côte orientale de la Terre Magellanique. Les cartes la nomment en françois BAYE DE SAINTJULIEN.

2. SAN JULIAN, forteresse du Portugal, à l'embouchure du Tage. Voyez, au mot SAINT, l'article SAINT-JU

LIEN.

SAN JUST. Voyez de même, au mot SAINT, l'article SAINT-JUST.

SAN LAURENZO. Voyez SAN LORENCO & SAN LORENZO.

SAN LEO, ville d'Italie, dans l'Etat de l'Eglise, au du ché d'Urbin, & dans le pays de Montefeltro. Elle est forte par sa situation, & placée sur une haute montagne, auprès de la Marrecchia, & aux confins de la Romagne, à cinq milles de San Marino, en allant vers Penna de Billi, qui en est à pareille distance, & à quinze milles de Sarfina. C'est le siége d'un évêché, qu'on appelle ordinairement du nom du pays, l'évêché de Montefeltro ; & comme la ville de San Leo est fort petite, mal peuplée, & que c'est plutôt une forteresle qu'une ville, la résidence de l'évêque a été transférée à Penna de Billi. Et enfin dans la ville de San Marino qui est dans le même diocèse.

SAN LEONARDO, (RIO DI) riviere de Sicile, dans la vallée de Noto. Elle arrose la ville de Leontini, traverse le lac de même nom, & se jette dans le golfe de Catano, selon Baudrand; mais de l'isse en donne une idée fort différente. La riviere qui coule à Lentini se nomme REGINA, & entre dans un lac nommé lac de Pantano, qui n'a point de sortie visible, pour porter ses eaux à la mer. Au nordouest de Lentini & de cette riviere de Regina, est un lac beaucoup plus grand, avec lequel elle n'a aucune communication. Il est nommé LAGO BEVERIO, & est formé par une branche de la riviere Seuma, qui y vient tomber; l'autre branche va grossir la Regina au couchant de Lentini. C'est proprement la décharge du lac Beverio, que l'on appelle Fiume di San Leonardo, du nom d'un village situé au midi de cette riviere, entre le lac & le golfe de Catane, mais beauco acoup plus près du lac. La Regina est le Lissus des anciens, avec ce changement que son embouchure n'est plus dans la mer, mais dans le lac de Pantano: San Leonardo est la TERI AS des anciens. Il y a bien de l'apparence que les deux lacs n'en ont point été connus, & qu'ils se sont formés depuis; celui de Beverio couvre une partie des Lestrigonii campi.

SAN LORENÇO, monastère d'Espagne. Voyez au mot ESCURIAL.

1. SAN LORENZO, ville d'Italie, en Istrie, près de la source de la riviere de Lemo, entre Rovigo & Montana. Elle est aux Vénitiens, à qui elle s'est soumise volontairement.

Tome V.

Xx

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2. SAN LORENZO, ville d'Italie, dans l'Etat de l'Eglise, sur la côte de la campagne de Rome, entre le cap Anzio & l'embouchure du Tibre. C'est le Laurentum des anciens, dans le Latium.

1. SAN LUCAR, c'est-à-dire, SAINT-LUC Il y atrois villes de ce nom en Espagne; on les diftingue chacune par un furnom particulier.

2. SAN LUCAR DE BARRAMEDA, ville & port de mer d'Espagne, dans l'Andalousie, sur la côte de l'Océan, à l'embouchure du Guadalquivir. Cette ville que les anciens ont appellée LuX DUBIA PHOSPHORUS SACER, & que quelques-uns nomment en latin LUCIFERI FANUM, est au bord oriental de ce fleuve, fur le penchant d'une colline. Elle jouit du titre de cité, a un port très-fameux, très-bon

joignant, la Falona & la Malofa, qui font ensemble la riviere nommée Senito, affez près & à l'orient de l'Apennin. C'est le siége d'un évêché fuffragant de Cosenza, mais qui s'est tiré de la jurisdiction de fa métropole, & ne releve plus que du faint fiége. La ville est petite, peu peuplée, & eft à dix milles de la côte de la mer de Naples, en allant vers Bisignano, dont eile est à sept milles, & à seize de Cosenza. Quelques-uns y placent l'argentanum des Brutiens, que d'autres mettent au bourg d'Argentina, qui est beaucoup plus au midi.

2. SAN MARCO, petite ville de Sicile, dans la vallée de Demona, vers sa côte septentrionale, dont elle n'est éloignée que de deux milles sur la riviere de Figuera, & à vingt milles de Patti, au couchant, dans une plaine nom

& très-important. Les rues y font belles & larges, les égli-mée aussi de San Marco, selon Baudrand. Selon de l'lfle,

fes fort propres, & fort richement ornées. Il y en a une entre autres appellée Nuestra Senora de Caridad, Notre-Dame de la Charité, renommée pour les miracles qui s'y sont faits, & qu'on voit représentés dans des tableaux au portique. L'église est éclairée de dix-sept lampes d'argent, entre lesquelles paroît un petit navire d'argent suspendu. Devant l'église se trouve une belle place, où se tient le marché, avec une fontaine d'eau douce, chose rare le long de ces côtes. Son port est la clef de Seville, qui en est à quinze lieues; & celui qui se rendroit le maître de San Lucar, pourroit arrêter tous les navires, & les empêcher de monter. Ce port est au bas de la ville : l'entrée en est très-difficile, à cause d'un écueil qui est caché sous l'eau. On le nomme la Barra de San Lucar; plusieurs pilotes y ont fait naufrage, ourre cela, on a élevé sur le port une terrafle revêtue de pierres, en forme de bastion, & l'on y tient toujours du canon pointé contre l'eau: de forte qu'il ne monte à Seville aucun navire qui ne soit obligé de passer fous le canon de San Lucar; du reste, il y a une belle rade capable de contenir une très-nombreuse flotte. Les marchands ont une très belle maison dans la ville, près du port. C'est dans le voisinage de San Lucar, qu'étoit autrefois une ville ancienne, nommée ONOBA', dont le nom feroit péri avec elle, s'il ne s'étoit conservé dans les écrits des anciens: la fameuse Tarteffe, dont on ne trouve pas même les ruines, étoit ausli dans ces quartierslà.

3. SAN LUCAR DE GUADIANA, ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, aux confins de l'Algarve & du Portugal, fur la rive orientale de la Guadiana, à l'orient d'Alcoytin, qui eft du Portugal, au nord occidental, & à trois on quatre lieues d'Ayamonte, sur une haute montagne. Du côté du fleuve elle est défendue par trois groffes tours, & de l'autre par deux bastions revêtus de demi-lunes. La marée qui monte jusques-là y fait un petit port où des barques

peuvent voguer.

4. SAN LUCAR LA MAYOR, petite ville d'Espagne dans l'Andaloufie, sur la riviere de Guadiamar, au couchant septentrional de Seville, & à trois lieues de cette ville. La contrée où est située San Lucar, dont il s'agit, est très-fertile, & s'appelle Ajarase. Cette ville reçût le titre de cité du roi Philippe IV, l'an 1636, & le même roi l'érigea en duché, en faveur de Gaspar Gusman, comte d'Olivarès.

5. SAN LUCAR, (le cap) cap de l'Amérique septentrionale, dans la mer du Sud. C'est la pointe la plus méridionale de la Californie,

SAN LUCIDO, bourg d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, sur la côte de la mer de Toscane, à une lieue de Paula, vers le midi. Voyez TEMESA OU TEMPSA.

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1. SAN LUIS. Voyez MARAGNAN & au mot ISLE.

2. SAN LUIS DE POTOSI, petite ville de l'Amérique septentrionale, dans la province de Mechoacan. Les riches mines d'or & d'argent qu'on y a trouvées, lui ont fait donner le nom de Potofi, déja célébre au Pérou par ses mines.

3: SAN LUIS DE ZACATECAS, ville de l'Amérique, dans la nouvelle Espagne, dans l'audience de Guadala Jara. Elle eit la capitale du pays de Zacatecas, & riche par ses mines d'argent.

1. SAN MARCO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, fur la riviere de Senito, ou, pour parler plus juste, à la pointe que forment, en se

San Marco, n'est rien moins qu'une ville, mais c'est un village situé sur une montagne avec un ancien aqueduc, au midi. Il n'y passe point de riviere, mais la montagné est entre deux rivieres, savoir Fiume Rosmarini , au couchant, & Fiume di Fitalia ou di Zaputto, au levant. Ce ne fauroit être l'Agathyrfum ou Agathyrnum des anciens, qui étoit plus au nord, & presque au cap d'Orlando; mais l'Aluntium, qui occupoit précisément le même lieu.

3. SAN MARCO, village d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre d'Otrante, entre les villes d'Otrante & de Brindes. On prend communément ce village pour le reste d'une ancienne ville de la Messapie, nommée autrefois Balefium, Valetium ou Valentium, que quelques-uns mettent au bourg de Cataldo.

SAN MARCOS, isle de la mer du Sud, l'une des isles de Salomon. Elle est peu connue.

1. SAN MARINO, petite ville d'Italie, dans une pe. tite république qui porte le même nom, enclavée dans l'Etat de l'Eglife, au duché d'Urbin, sur les confins de la Romagne, à fix milles de San Leo, à dix de Rimini, à seize de Catholica, à vingt de Sartina, & à vingt-quatre de Ceféne & de Pesaro. Cette ville fut bâtie sur la fin du dixiéme fiécle, à l'occasion d'un pieux hermite qui s'y étoit retiré, & qui y mourut en odeur de sainteté. Cette ville so gouverne en république, crée elle-même ses officiers & fes magiftrats. Ses officiers sont deux capitaines qu'elle choisit deux fois l'année, aux mois de mars & de septembre. Comme il y a peu de commerce, ses habitans sont pauvres, ses revenus confiftent en vins, en chairs & en un passage de cochons & autres beftiaux. Elle a sur ses montagnes quantité d'arbres fruitiers, & de belles vignes qui pro'duisent des vins excellens & délicats, que les habitans gardent long tems dans des cavernes qui font dans les mon. tagnes. L'afliette favorable de cette place, la bonté de ses fortifications, le courage & l'union de ses habitans, & plus encore les protections qu'elle a toujours eu soin de se pro. curer, tout cela contribue à conferver la liberté de cette petite république qui s'y maintient. Elle a été sous la protection des ducs de ce nom aussi long-tems que cette maison a fubfifté, & ce n'est qu'après l'extinction de leur famille, qu'elle s'est mise sous la protection du pape. Son petit terri toire s'étend jusqu'à la rivière de Marecchia, & l'état de San Marino consiste en la ville de ce nom, avec quelques autres lieux, savoir la forteresse de Penna Rosta, qu'elle acheta des comtes de Montefeltro l'an 1000; le château de Cazolo, acquis en 1170. Le pape Pie II lui donna en 1463 les châteaux de Serravalle, de Fatano, de Mongiardino, de Fiorentino & le bourg de Piagge. On dit que toute la république fait environ neuf mille ames. Baudrand en retranche un tiers. La ville a trois châteaux dans son enceinte. Il ne faut pas la confondre avec les lieux dont il est question dans les articles suivans.

San-Marino est aujourd'hui la résidence de l'évêque de Montefeltro qui résidoirauparavant à Penna di Billi.

2. SAN MARINO, petite principauté d'Italie, dans le patrimoine de S. Pierre.

3. SAN MARINO, bourgade d'Italie, dans le Mantouan, avec titre de comté.

4. SAN MARINO, autre comté d'Italie, dans le Modénois.

5. SAN MARINO, fortereffe d'Italie, dans la Toscane, au nord de la ville de Florence.

I. SAN MARTINO, forteresse d'Italie, dans le Florentin, sur la riviere de Siéve, vers le nord, à quatre lieues

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