1. SAN MATHEO. Voyez SAINT MATHIEU au mot SAINT. 2. SAN MATHEO, ville d'Espagne, dans l'Aragon, à quatre lieues des frontieres de Catalogue, & à deux de Traiguera. Elle est dans une plaine fertile en bleds, en vins, en fruits, en légumes; avec de bons pâturages pour les brebis, dont la laine est employée à faire de fines étoffes. Le territoire est arrosé de quantité de fontaines, qui lui donnent de la beauté & de la fertilité. Il y a fix cents habitans, une église paroissiale de même nom, c'est-à-dire, sous l'invocation de saint Mathieu, & une rectorerie dans l'étendue de laquelle il y a soixante bénéfices simples: il y a de plus, à San Matheo, deux couvens de religieux & un de religieuses, un riche hôpital, & un collége où l'on enseigne les langues latine & grecque. La ville fut fondée par le roi Jayme I, l'an 1237, sur un terrein qui avoit appartenu à Hugues de Forcalquier, maître du temple, qui le lui céda. En creusant les fondemens, on trouva une ancienne pierre où étoit ce nom Sanctus Matheus, ce qui le fit donner à cette ville. D'autres disent que l'on trouva le portrait de cet apôtre ; & il y en a d'autres encore qui veulent que le roi passant par là le jour de saint Mathieu, promit à Dieu que s'il pouvoit se voir maître de Valence, il établiroit là un bourg en l'honneur de saint Mathieu. Le commandeur de Montése y établit un gouverneur ou lieutenant général, pour y entretenir la manse magistériale de huit villages, dont cette ville est le chef-lieu. Le roi dom Pedre IV y tint les Cortes l'an 1370. Elle a eu des hommes célébres dans la guerre & dans les lettres; entr'autres le docteur Pedro Jayme Estevan, le premier qui ait enseignéle grec publiquemant à Valence. 3. SAN MATHEO, petite ville d'Espagne, au royaume de Valence, dans la contrée de Millares, près de la côte de la mer Méditerranée, à trois lieues de Vineros & de Peniscola, & à cinq des confins de la Catalogne, vers le couchant. 4. SAN MATHEO, petit port de la Floride. C'étoit la Caroline des François, qui fut nommée ainsi par les Espagnols, après qu'ils l'eurent conquise. Voyez FLORIDE & CAROLINE. SAN MAURO, village d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, à trois lieues de Rossano, vers le couchant. C'étoit autrefois une ville épiscopale, sous la métropole de Rhegio. 1. SAN MIGUEL, château d'Espagne, dans l'Estramadure, auprès de Badajos, qu'il couvre du côté de Portugal & del'Andalousie. 2. SAN MIGUEL, ville de l'Amérique, dans la nouvelle Espagne, au pays de Guatimala, à soixante lieues de la ville de ce nom, à l'embouchure de la riviere de Lempa, dans la mer du sud, felon Baudrand. Mais l'auteur du supplément au voyage de Wodes Rogers, nomme la riviere de Saint Michel, & la diftingue de celle de Lempa. Dans la riviere de Saint Michel, il ya, dit-il, en haute marée trois brasses d'eau, & quatre lieues depuis la barre à Saint-Michel, c'est-à-dire, depuis l'entrée de la riviere jusqu'à la ville de même nom. Du volcan de Cataculo à la barre d'Ibaltique, il y a deux lieues ; & à deux grandes lieues nord & fud de cette barre, il y a un volcan qui paroît plus que les autres, & qui porte le nom de San Miguel. De l'Isle met cette ville de San Miguel au haut d'une petite riviere dont l'embouchure est entre San Salvador ou Cuzcatlan & le golfe de Fonseca. 3. SAN MIGUEL, ville de l'Amérique, dans la nouvelle Espagne, au pays de Mechoacan, au midi de San Felippe, au couchant méridional de la grande mine de Guanaxate, au nord-est du lac de Chapala, & au nord-ouest de Mexico, à quarante lieues de cette derniere. 4. SAN MIGUEL, ville de l'Amérique septentrionale, dans la province de Cinaloa, sur une grande riviere dont l'embouchure est dans la mer Vermeille, au midi de celle de la Sonosa. Baudrand, qui dit qu'elle est au pays de Culiacan, la met à cent soixante lieues de Guadala jara, & à deux cents soixante de México, au couchant d'été. 5. SAN MIGUEL, ville de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans le gouvernement général de Quito, dans la vallée de Piura; ce qui fait qu'on nomme cette ville San Miguel de Piura. Elle est à douze lieues de la mer du sud. C'est la premiere colonie que les Espagnols ayent eu en ce pays-la. Elle est au bord de la mer à l'embouchure de la riviere de Chuquimayo, jointe à la riviere de Catamayo. De l'ifle la nomme. 6. SAN MIGUEL DE COLLAN. Zarate, dans sa conquête du Pérou, dit que cette ville fut peuplée dans un pays nommé Tangarara, sur le bord de la riviere de Chira, près de la mer. 7. SAN MIGUEL DE IBARRA, ville de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Quito, au nord de la ville de Quito & du palais de Carangues, près de l'équateur, aux confins du Popayan. 8. SAN MIGUEL, ville de l'Amérique méridionale, dans la terre-ferme, dans le nouveau royaume de Grenade, au nord de la ville de Santa Fe. 9. SAN MIGUEL DE LA RIBERA, ville de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Lima, au couchant feptentrional d'Arequipa, & au sud-ouest du lac où est la source de l'Apurima, riviere qui, jointe avec, forme celle de Moyobamba, qui va grossir la riviere des Amazones. 10. SAN MIGUEL, ville de l'Amérique méridionale, au Tucuman, fur un ruisseau qui, coulant vers l'orient, va se perdre à Sant lago del Estero, dans Rio Dolce, ou Rio de Sant Iago. Baudrand, qui la nomme San Miguel del Estero, dit qu'elle est la capitale du Tucuman, que les François l'appellent souvent Saint Michel de la Nate, & qu'elle est à vingt huit lieues de Sant lago del Estero. C'est, felon lui, le fiége de l'évêché de Tucuman, fuffragant de l'archevêché de la Plata. Cet évêché a été transféré à Cordoue. 11. SAN MIGUEL, (le golfe de) petit golfe de la mer du sud, sur la côte orientale de la baye de Panama. 12. SAN MIGUEL. (l'isle de ) Voyez au mot ISLE les articles ISLE DE S. MICHEL. 13. SAN MIGUEL, ifle entre les Açores & l'une des plus orientales. Elle est à sept ou huit lieues au sud-est de la Tercére, en a près de vingt de long, & plusieurs villes & bourgs. Sa ville capitale s'appelle Punta del Gado. Il s'y fait un plus grand commerce de pasteb qu'à la Tercére, parce qu'il y en a plus qu'en aucune des autres ifles, & il s'y en fait tous les ans plus de deux cents mille quintaux, chaque quintal compté pour cent livres poids de Hollande. Il y a aussi beaucoup de terres labourables, ce qui la met en état de fournir du bled aux isles voisines. Il y a près d'un fiécle que cette ifle fut exposée à d'horribles dangers par des tremblemens de terre. Le pere Kircher, dans son livre intitulé Mundus fubterraneus, 1, 2, c. 12, p. 82, dit, sur le rapport des peres jésuites, que le 26 juin 1634, d'épouvantables tremblemens de terre commencerent à secouer tellement toute l'isle entiere durant huit jours, que les hommes fortis des villes, des bourgs & des châteaux, furent réduits à demeurer en rase campagne, & à découvert; furtout les habitans du canton nommé VARGEN, où les secousses étoient plus violentes qu'ailleurs. Ces tremblemens furent suivis de ce prodige: à fix milles de PICO DELLE CAMERINE, il y a un lieu appellé la FERREIRA, où les pêcheurs de l'isle avoient coutume d'aller pêcher avec leurs barques, fur-tout durant l'été. On y pêchoit fi abondamment toutes fortes de poissons, qu'il n'y avoit point de barque qui, en l'espace d'un jour, n'en revint chargée au moins de dix mille poiffons. Dans ce parage, il arriva un samedi au mois de juillet de l'an 1638, que malgré la profondeur de l'eau, qui selon l'épreuve réitérée des pêcheurs étoit de cent vingt pieds, il s'éleva un feu avec une telle violence, que cette quantité d'eau ne fut point capable de l'éteindre. L'espace que ce feu occupoit étoit égal au terrein qu'il faudroit pour femer deux boisseaux de bled; il fortoit avec tant d'impétuosité, qu'il montoit jusqu'aux nuées, & jusqu'à la plus haute région de l'air, entraînant avec lui de l'eau, du sable, de la terre, des cailloux & d'autres matieres folides, qui de loin offroient aux yeux un affreux spectacle, & paroiffoient des floccons de coton. Cette matiere liquefiée retombant fur la mer y furnageoit comme une espéce de bouillie. On regarde comme un effet de la bonté Tome V. Xx ij nature divine que le vent de terre souffloit alors, sans quoi toute l'ifle eut été abymée par cette effroyable incendie. De tems en tems il s'élevoit à la hauteur de trois piques des roches d'une énorme grosseur; on eut dit que ce n'étoient pas des roches, mais des montagnes que la terre vomiffoit. Ce qui augmentoit la frayeur, c'est que ces montagnes de pierre, tombant fur d'autres la violence de la que élevoit dans ce moment hors des entrailles de la mer, se brisoient en mille piéces avec un horrible fracas, & ces morceaux, dès qu'on les prenoit, se broyoient aifément en un sable noir. De cette immense quantité de vuidanges & de cet amas d'une infinité de roches, il se forma au milieu une nouvelle isle, qui fortit du fond de la mer. Elle étoit d'abord fort petite, & n'avoit pas plus de cinq arpens d'étendue; mais elle s'acrut de jour en jour, & en quinze jours de tems elle avoit cinq mille pas de long. Cet incendie fit périr une si étrange quantité de poissons, qu'à peine huit gros navires, de ceux qu'on envoye aux Indes, purent les prendre. Ils se répandirent le long de l'isle; & pour prévenir les maladies que leur corruption auroit infailliblement caufées, les habitans enfouirent dans des fosses trèsprofondes, ce qu'ils en purent amasser dans une étendue de dix-huit milles. On sentoit une odeur de soufre à vingtquatre milles de distance. Le pere Kicher apporte cet exemple pour faire juger de ce qui a pu autrefois arriver dans ces mêmes lieux, & il infére que de pareilles révolutions de la nature pourroient bien avoir détruit en partie l'ifle Atlantide des anciens, dont il conjecture que les Açores font un reste. 14. SAN MIGUEL, petites isles de l'Océan oriental ental: : elles font au nombre de huit ou neuf, & courent du sud au nord, au midi de l'ifle de Paragoa, & au nord de la baye de Sainte-Anne, qui est dans la partie du nord-est de l'isle de Borneo. SAN MILLAN DE LA COGOLLA, fameuse abbaye d'hommes, ordre de S. Benoît, de la congrégation de Valladolid, en Espagne, dans la vieille Castille, au diocèse de Calahorra, fondée dans le sixiéme siècle, par S. Emilien, son premier abbé. L'abbé est régulier, & exerce la jurisdiction spirituelle sur plusieurs paroisses. SAN MINIATO, ville d'Italie, en Toscane, dans le Florentin, sur une colline, fur la riviere de l'Arno, avec un évêché fuffragant de l'archevêché de Florence. Elle est entre Florence & Pise, à vingt milles de Luques, & à environ autant des deux autres villes. La colline sur laquelle elle est située, lui donne une vûe très-étendue & un air trèspur; mais le chemin pour y arriver de la plaine est rude & long, fur-tout pour un voyageur à pied. Le chemin de San Miniato à Florence est très-beau. Son évêché n'est que de l'an 1622, & fut érigé par Grégoire XV. 1. SAN NICOLO, montagne d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour. Voyez CASERTA, No. 1. 2. SAN NICOLO, ifle du golfe de Venise, & l'une des trois isles qu'on appelle de Tremiti. Elle est à l'orient de San Domino, & au midi de la Capparara, qui est la plus petite. San Nicolo est la plus considérable, la plus forte & la plus peuplée des trois. On croit que c'est dans cette isle qu'avoit sa cour Dioméde, dont les isles ont pris le nom de Diomedea Infula. Il y avoit un temple, dont on voit encore les ruines, & on y montre une grotte que l'on croit avoir servi de tombeau à Dioméde. On y trouva un trésor avec un squelette d'un homme qui devoit avoir été fort grand, avec une épée à son côté, & fur la tête une riche couronne ornée de pierres précieuses, que l'on conserva long-tems pendue au-dessus de la lampe. Ces ifles, avec le tems, furent abandonnées & désertes, & fervirent de retraite aux corsaires, jusqu'à ce qu'un saint homme, au rapport d'une tradition nationale, s'y réfugia, & bâtit sa cellule, afin d'y passer sa vie dans la folitude. Cette cellule étoit, dit-on, à l'endroit où est la chapelle de S. Nicolas. Un jour qu'il étoit en prieres, la fainte Vierge lui apparut, & lui dit: Prenez votre bêche, creusez à l'endroit que je vous montrerai, vous y trouverez une somme avec laquelle vous irez en terre-ferme chercher tout ce qu'il faut pour me bâtir une église. Le folitaire n'osa se fier à cette vision, & foupçonna pouvoit être une illufion du démon; mais le jour fuivant la fainte Vierge lui apparut de nouveau, & avec un visage sévere, le reprit de sa défobéissance. Il fit ce qui lui étoit ordonné, & trouva des vases pleins d'or & d'argent que ce 1054, monnoyé, & la couronne dont on a parlé ci-dessus. Il en fit l'usage qui lui étoit prescrit: l'église fut bâtie, & devint bien-tôt célébre par plusieurs miracles: le bon hermite obtint qu'on y envoyât des religieux pour la deflervir & y célébrer les fair faints offices. On ignore le nom du folitaire, & celui des premiers religieux qui y vinrent: on fait seulement que par un bref du pape Leon IX, du 3 décembre il est accordé que cette église sera desservie par des PP. bénédictins. Il est adresse à l'abbé Quisinolfe. On y spécifie les biens appartenans à l'église & au monastère qui devoit déja être établi, & on lui accorde plusieurs priviléges qui ont été confirmés par Nicolas II, dans un autre bref de l'an 1061, vers l'an 1150. Les bénédictins se trouverent en si petit nombre dans l'abbaye, qu'ils ne suffisoient pas pour chanter l'office. Le pape Eugene III les en retira, & y mic des moines de câteaux, tirés du monastère de Casa Nuova, auprès de Parme, comme il paroît par une bulle & un privilége d'Innocent III, donné à Pérouse le 1 juin 1207, & par un autre d'Alexandre IV, de l'an 1256, adressé aux abbés de Casa Nuova. La vie exemplaire de ces religieux, & les faveurs que la sainte Vierge obtenoit pour ceux qui l'imploroient dévotement devant son image, y attirerent un grand concours de peuple & de fidéles de tout pays. Les dons, les legs, les aumônes & les ex voto y vinrent en telle abondance, qu'il s'y forma un riche trésor de vases, de lampes & d'ornemens sacrés. Des corsaires débarquerent dans l'ifle, tuerent les moines, pillerent l'église, brulerent le monastère. Il n'y eut que la chapelle où étoit l'image miraculeuse de la sainte Vierge, qui ne fut point endommagée. Le bonheur voulut que l'abbé & quelques moines de la maison se trouverent alors en terreferme pour les affaires du monastère, & ils y retournerent justement dans le tems que les brigands s'en alloient par un autre côté. L'abbé vit l'incendie, & trouva le massacre; & jugeant qu'il ne falloit plus laisser en ce lieu des moines exposés à de tels dangers, il abandonna entierement l'ifle, & ne voulut plus y retourner. Le pape convertit alors l'abbaye en commande, & la donna au cardinal Jean Dome nici, ou, selon d'autres, Jean Domico, évêque de Raguse, qui jouit long-tems des revenus que l'abbaye avoit dans le comté de Moliffe & dans la Capitanate. L'ifle demeura déferte, & l'église de la Vierge ne fut re levée de ses ruines qu'en 1412: le cardinal commendataire fongea alors à y rétablir le service divin : il commença à rétablir la chapelle, persuada au pape Gregoire XII, d'y envoyer des chanoines réguliers de la congrégation de Trigdianara, ce qui fut exécuté par le P. Léon de Caratte Milanez, qui y alla avec quatre compagnons, au mois de septembre de la la même année 1412. Le pape par un bref, régla que l'abbaye rentreroit dans ses biens, revenus & priviléges, après la mort du cardinal. La circonstance de ce délai fit que ces bonnes gens vécurent dans la pauvreté, subsistant des aumônes qu'on leur faisoit; mais le commendataire étant mort, & l'abbaye jouillant de ses biens, le nombre des chanoines s'augmenta, & ils exercerent l'hospitalité envers tous les pauvres qui abordoient dans l'ifle. Leurs revenus s'augmenterent encore. Le monastère fut relevé. L'abbé Cyprien le commença ; l'abbé Mathieu, son successeur, le perfectionna. Après avoir enfermé l'ifle de fortes murailles, on y ajouta des tours, & quatre principaux bastions revêtus de pierres. Leurs nom font ACONCIARIA ou de Soldati; SAN MICHIELE, HOSPITALE & d'ELLA CISTERNA, ou di San Nicolo. Près du rivage est un petit arsenal, pour y mettre les agrets des vaisseaux ; & de là par une rue bien pavée, longue d'un quart de mille, on monte à une tour allez forte, qui commande le port, & dans laquelle on ne peut entrer avec des armes d'aucune façon. De là, par une esplanade faite par l'art à un autre quart de mille, on arrive à la fortereffe. Quand on applanit cet endroit, on trouva les fondemens d'anciens édifices avec de riches pavés, ce qui montre que ce lieu avoit été habité par des gens de distinction. Les côtés de cette esplanade sont taillés en précipices très-profonds & inaccessibles. Et du côté du midi, par où l'on pourroit monter, le passage est défendu par trois fortes tours. La forteresle ou le château dont la face est vers l'occident, est fur un rocher où l'on a taillé à force de bras un foffe large & profond, & fur le roc on a élevé à plomb une trèsforte & grosse muraille, qui rend la place imprenable: on y entre par un pont-levis; on passe trois portes très-fortes, à l'une desquelles il y a une herse; c'est là que l'on trouve le monastère qui est grand & magnifique. Au milieu de son nouveau cloître, il y a une citerne très-grande, pour l'usage des chanoines. Il y en a outre ce dix ou douze autres dans la forteresse; mais au lieu où l'on trouva des vestiges des anciens fondemens du temple de Dioméde, est aujourd'hui l'église de la fainte Vierge, où l'on conserve son image miraculeuse, & que saluent tous ceux qui passent dans le golfe de Venise. Elle est à trois nefs & voutée, & a cent pieds de long jusqu'à soixante & dix de large. Le chœur qui est d'un très beau travail, en occupe la moitié, & le pavé en est d'une mosaïque de marbre fin; la chapelle de la fainte Vierge est magnifique & enrichie d'offrandes d'or & d'argent. La chapelle basse du crucifix miraculeux est aussi très-riche. Les sept autres autels méritent d'être vûs. On admire la façade de l'église qui est de marbre blanc, & d'une belle architecture. On peut voir les priviléges de l'Abbaye dans l'solario du P. Coronelli, dont ceci est pris. L'ifle est en quelque façon partagée en deux par un ifthme. Le port est à l'occident du côté de l'isle de San Domino. SAN ORESTE, petite ville d'Italie, dans l'Etat de l'Eglise, dans la province du patrimoine, au pied de la montagne de même nom, près du Tibre, , & à vingt milles de Rome en remontant ce fleuve. On y cherche la Feronia des anciens. Voyez FERONIA. SAN OYO, bourg d'Espagne, au royaume de Léon, dans la contrée de Campos, entre la riviere de Carion & celle de Puiserga. C'est l'ancienne Gella, selon Baudrand. SAN PANTALEON, petite ifle de la Méditerranée, à deux mille pas de la côte occidentale de Sicile, entre les villes de Marfala & de Trapani. On y cherche les ruines de l'ancienne MOTYA. 1. SAN PAULO, hermitage d'Espagne, près de Madrid, & de Buen-Retiro. C'est une agréable folitude, & une maison de plaisance, où le roi va quelquefois prendre le plaisir de la promenade. Il est voifin de celui de San Antonio, mais beaucoup plus beau & plus orné. C'est un lieu où l'on voit de toutes parts des objets riants & fort agréables; un grand & magnifique jardin, où, de quelque côté que l'on le tourne, on ne voit que de beaux cabinets de verdure fort longs & fort élevés. Un beau bâtiment, placé à l'un des côtés, présente à la vue une façade la plus riante que l'on puisse voir. Quatre statues sur des piédestaux fort hauts font l'ornement de l'étage d'en-bas; & fur les deux d'en-haut on ne voit que fleurons, que figures, que bustes & autres enjolivemens répandus par-tout, & ménagés avec beaucoup d'art & de symmétrie, de forte qu'ils font un très-bel effet; & le toit eft chargé de cinq grandes statues. La principale fontaine a au-dessus de fon jet une statue plus haute que le naturel, supportée par un baffin: audessous on voit deux figures agroupées, qui jettent l'eau par la bouche dans un autre baffin qui les soutient, plus large que le premier; & de ce baffin l'eau tombe à gros bouillons par des trous, dans un autre qui est sur terre, fermé en façon de treillis; il s'y voit encore quelques autres fontaines qui ont sur leur jet un bassin qui soutient une statue. 2. SAN PAULO, ville de l'Amérique, au Brefil. Voyez faint Paul au mot SAINT. 3. SAN PAULO, riviere. Voyez la Jaretta. 4. SAN PAULO DE LOANDA. Voyez LOANDA, n° 2. 1. SAN PEDRO, ville d'Espagne, dans la vieille Castille, sur la riviere d'Arlanza, au-dessous de Lerma, en tirant à l'orient. Il y a un couvent fort ancien, célébre par une image miraculeuse qu'on y venere. Dans ce monastère est la sépulture de D. Fernand Gonçalès, comte de Castille. 2. SAN PEDRO, port de l'Amérique méridionale, sur l'Océan, & fur la côte orientale du Brefil, à l'embouchure de Rio grande, par le 32d de latitude méridionale, & vers le 525 de longitude. Les Portugais qui ont étendu leur domination jusqu'à l'embouchure de la Plata, font les maîtres de cette côte, qui n'est encore guères connue à préfent. 3. SAN PEDRO, ville de l'Amérique, au gouvernement de Honduras, à onze lieues du port de Cavallos, & à trente de Valladolid. Comme le port de Cavallos est mal-sain, ceux qui y reçoivent les droits du roi, font leur plus grande résidence à San Pedro, & ne vont au port, que quand il faut expédier les navires. San Pedro étoit une ville fort marchande avant que l'on connut la commodité de Golpho Dolce, qui lui a fait perdre beaucoup de son lus tre. SAN PELEGRINO, village d'Italie, en Toscane, dans la république de Luques, entre la ville de ce nom & celle de Modène, sur une montagne très-rude que l'on nommoit anciennement Letus Mons, & qu'on appelle du nom de San Pelegrino. SAN PERÉ DE PESCADOR, bourg d'Espagne, dans la viguerie de Girone, en Catalogne. 1. SAN PIETRO, bourg d'Afie, dans la Natolie, sur la côte de l'Archipel, avec un port, dans la province de Sarcum: on l'appelle autrement ASKEM KALESI. Voyez ce mot. 2. SAN PIETRO, village de l'isle de Sardaigne, près la côte orientale, à neuf lieues de Cagliari : on le prend pour un lieu nommé anciennement Sufalei Villa, ou Sufaleus Vicus. 3. SAN PIETRO, quartier de Rome: c'est celui qui est au côté occidental du Tibre, & où sont le palais du vatican & l'église de saint Pierre. Le pape saint Léon ayant fait fermer de murailles ce quartier, pour garantir cette église des fréquentes attaques des ennemis, ce quartier fut nommé Urbs Leonina, la ville de Saint-Léon. On la nomme auffi Urbs Transtiberina, la ville d'au-delà du Tibre. 4. SAN PIETRO CELAURO: c'étoit autrefois un fauxbourg de la ville de Padoue, mais on l'a enfermé dans la ville dont il fait partie. 5. SAN PIETRO DE I FRATI, petite ifle d'Italie, au royaume de Naples, à l'entrée du golfe de Salerne près de la principauté citérieure. Elle tire fon nom d'une église de Saint Pierre poffédée par des religieux. 6. SAN PIETRO IN GALATINA, petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Terre d'Otrante, fur une montagne de l'Apennin, à cinq milles de Nardo à l'orient, & à dix de Lecce au midi. Cette ville est devenue considérable par l'église de sainte Catherine, & par le monastère & l'hôpital qui y font joints, que Remon Orsini, prince de Tarente, y a bâti. 7. SAN PIETRO IN GRADO, village d'Italie en Toscane; quelques-uns y placent l'ancienne Triturita, qui étoit le port de Pise; d'autres mettent Triturita à Capanone, autre village situé à l'embouchure de l'Arno. 8. SAN PIETRO DI USEL. Voyez USEL. SAN QUILES, bourg d'Espagne, dans l'Aragon, au pied des Pyrénées, sur l'Elfera, à deux lieues de Graus, vers les frontieres de la France. SAN QUIRICO, petite ville d'Italie, en Toscane, dans le Siénois, sur une colline près de la riviere d'Orcia, entre Sienne, dont elle est à vingt milles au levant d'hyver & Radicofani, sur le grand chemin de Rome, à trois milles & au fud-ouest de Pienza. L'auteur du journal d'un voyage de France & d'Italie n'en fait qu'un village. On y voit, dit-il, un couvent de saint François de la fondation d'un pape, & une tour très-ancienne & carrée, au milieu de laquelle est la figure de Pallas avec cette inscription: Sola nec infidias inter, nec militis enfem, Cette tour est environnée de quantité de ruines de maisons du tems des Romains, parmi lesquelles on voit encore le carré d'une sale, où auprès d'une fenêtre est un taureau de marbre, qui donne de ses cornes contre un tronc d'arbre, avec cette inscription Irasci in cornua dicit. La maison des Chigi mérite d'y être remarquée. SAN REMO, ville d'Italie, dans l'Etat de Gènes, fur la riviere du Ponent, c'est-à-dire dans sa partie occidentale, dans une vallée très-fertile, & connue pour ses bonnes huiles, avec un petit port à neuf milles de Vintimille, en passant de cette ville à Oneille & à Albengue, à trois milles de Borgdighere. San Remo a un bon port & un terroir fi fertile en orangers, en citrons, en olives & autres fruirs, qu'on l'appelle le paradis de l'Italie. Non-seulement les jardins font remplis d'orangers, de citroniers & de palmiers; mais encore on en voit en quantité dans les campagnes & dans la plaine', qui est entre la ville & la mer. Ils envoyent en Provence & en Languedoc de leurs fruits pour en tirer des grains; que la terre ne produit point chez eux. L'église paroissiale est au lieu le plus élevé & fait la pointe & l'angle d'un triangle, dont le côté opposé est sur le bord de la mer. Les rues sont étroites & presque toutes paralleles à la mer. Il y a d'assez jolies inaisons bourgeoises, & quelques palais couverts en terrasse & peints en dehors. Les jésuites y ont un collége. SAN ROCH, grand banc de sable, dans la mer du Brefil, près de la Capirainie de Rio grande. SAN ROMAN, cap de l'Amérique, dans la terre ferme, au gouvernement de Venezuela, dans la presqu'isle de Paragoana à son extrémité. Après ce cap, la côte tourne vers le sud fud-est, sept ou huit lieues du côté de Coro, principale ville de Venezuela. SAN SALONI, bourg d'Espagne, en Catalogne, sur la Tordera, sur la route de Barcelone à Ostalvic, dont elle est à deux lieues, & à sept de Barcelone & de Gi rone. 1. SAN SALVADOR, ville d'Afrique, sur la côte orientale de l'Ethiopie au Congo, dont elle est la capitale & la résidence de ses rois; elle est située sur une montagne élevée, escarpée de tous côtés, dont le sommet est uni, plein & vaste, & allez grand pour loger près de quatrevingts mille personnes. Au midi & au pied de cette montagne, coule la riviere de Lelunda, dont l'embouchure est au midi, & affez voisine de celle du fleuve Zaïre. La ville s'appelloit Gongo avant que les Portugais lui eussent donné le nom du Sauveur du monde. Ses rues sont longues, larges & accompagnées de plans de palmiers, disposés en un très-bel ordre. Les maisons sont basses & enduites dehors & dedans d'une chaux très-blanche, qui, jointe à la verdure continuelle des arbres, fait un effet très-agréable. Les premiers Portugais qui entrerent dans le pays y bâtirent des églises d'une grande magnificence, & une forteresse sur la partie la plus élevée de la montagne, dans laquelle ils établirent leurs maisons particulieres. Depuis les changemens qui font arrivés dans le royaume, les églises ont été ruinées, les Négres ont fait de la forteresse le palais du roi. Les Européens se sont établis ailleurs. Les édifices qu'ils élevent tous les jours sont à la maniere d'Europe & tous bien bâtis. On compte plus de quatre mille Européens établis à San Salvador, où ils ont introduit tous les arts & métiers dont on peut avoir besoin. On n'y voit presque point de mouches, de moucherons, de puces, ni de punaises; mais les fourmis y font fort incommodes. Le palais du roi a près d'une lieue de tour. C'étoit autrefois la seule maison qui eût un plancher; mais les Portugais ont donné aux principaux l'envie d'enrichir & de meubler leurs maifons. L'église cathédrale est bâtie de pierres de même que celles de Notre-Dame, de S. Pierre & de S. Antoine de Padoue, où sont les tombeaux des rois. Celle des jésuites, sous l'invocation de S. Ignace, n'est pas la moins belle. Notre-Dame de la Victoire est de terre, mais blanchie par dehors. Elle fut donnée aux capucins par le roi Alphofe III. Ce que cette ville a d'incommode, c'est qu'elle est sujette à une infinité de bouleversemens qui suivent ordinairement les guerres civiles, qui ne manquent pas d'arriver presque à toutes les mutations de rois. Dans ces tems malheureux, les maisons sont brûlées, le peuple en fuite; mais comme ces malheurs durent peu, les habitans reviennent aussi vite qu'ils se sont retirés; ils ont bien-tôt rétabli leurs demeures, & on la revoit dans le même état, & auffi peuplée qu'elle étoit auparavant. Quoique la cour du roi n'approche pas de celle des rois d'Europe, elle ne laisse pas d'avoir de la grandeur, du faste & de la magnificence; on en peut voir des détails dans l'Ethiopie occidentale du P. Labat, t. 2, p. 335. 2. La province, où cette ville est située, est nommée par Baudrand Banza. Il ajoute qu'on appelle souvent cette ville Banza dans le pays. Cela n'est point exact. Les peres miffionnaires en ce pays-là, & dont les écrits font inférés dans le recueil du P. Labat, nous ont appris que ce mot Banza ne fignifie que ville, & que les capitales des provinces s'appellent Banza, c'est-à-dire, ville par excellence; & pour les diftinguer l'une de l'autre, on y ajoute Je nom du royaume ou de la province: ainsi Banza Congo, Banza Sogno, Banza Batta, ne veulent dire que la capi tale du royaume de Congo, la capitale du duché de Sogno, la capitale du duché de Batta, & ainsi des autres villes capitales. Cette province où est la ville de San Salvador est aussi nommée PROVINCE DE SAN SALVADOR. Quelques-uns la nomment la PROVINCE DE CONGO, proprement dite. 3. SAN SALVADOR DE LEYRE, belle & grande abbaye d'Espagne, au royaume de Navarre, dans la Mérindade de Sanguesa, aux confins de l'Aragon. Elle est fort ancienne, & les évêques de Pampelune s'y retirerent pendant quelque tems, lorsque les Maures eurent envahi le royaume. 4. SAN SALVADOR. Christophle Colomb donna ce nom à la premiere isle qu'il vit, & où il aborda dans le nouveau monde en 1492, le 12 d'octobre. Cette ifle, qui est une des isles des Lucayes, n'a pas conservé ce nom, que la piété de Colomb lui avoit imposé. On lui a rendu celui de GUANAHANI, que les habitans lui donnoient alors. Ces habitans se nommoient LUCAYES, & ce nom leur étoit commun avec les habitans de quelques autres ifles voisines. Delà vient qu'en étendant ce nom peut-être plus loin qu'il ne falloit, on a appellé ainsi en général toute cette suite d'ifles, qui occupe l'Océan à l'orient de la Floride. Il est bon de remarquer ici que les Lucayes n'est pas le nom de ces ifles, mais du peuple qui les habitoit alors. Ainsion ne doit pas dire les ISLES LUCAYES, mais les ISLES DES LUCAYES. 5. SAN SALVADOR, ville de l'Amérique, au gouvernement de Guatimala, dans une contrée à laquelle elle donne son nom. Cette contrée commence à la bourgade d'Atiquizaya, en laquelle la riviere de Guacapa prend fon origine. Cette riviere devient navigable à sept lieues ou environ de sa source, & à treize elle se mêle dans la mer du sud; de forte qu'il n'y a point de riviere dans l'Amérique, qui en si peu d'espace amasse & jette tant d'eau. Au pied d'une montagne qui vomit du feu, près de Coatan, il se forme un lac très profond & rempli de crocodiles. Au milieu de ce lac est une petite isle, où les Sauvages, appellés Pipeles, croyoient que l'on ne pouvoit aller fans mourir presque aussi tôt. Les Espagnols, pour les détromper, y firent passer des Négres, qui traverserent le lac avec des radeaux, & trouverent dans l'ifle une idole en forme de femme, avec des autels dressés pour sacrifier. Vers la bourgade de Guaymoco croiffent plusieurs arbres qui rendent du baume. Toute la côte appellée Tonala en nourrit d'un bois fort ferme & fort pesant, dont on trouve des colonnes de cinquante pieds de haut dans un certain temple. Il y a un petit sentier qui va de ce lieu à la ville de SAN SALVADOR, & il faut passer à gué la riviere plus de soixante fois, jusqu'au pied du volcan de San Salvador, qui ne jette plus de flamme. L'embouchure a de circuit une demilieue. En descendant de cette montagne, on voit comme deux fournaises, du fond desquelles fort encore une fumée épaisse d'une si mauvaise odeur, que l'on tombe évanoui quand on s'en approche de trop près. Du pied jusqu'au fommet, elle est couverte de grands cedres & de pins, & on y voit en plusieurs endroits de la matiere brulée. Au pied de cette montagne, on trouve aujourd'hui une caverne ronde, qui a été autrefois une ouverture des flammes qu'elle vomissoit, comme le marquent les pierres brulées & la terre seche & stérile qui est à l'entour. De cette caverne fort une fontaine fort claire, où les habitans de la bourgade de Cuzcatlan, qui est auprès, vont puifer leur eau. Proche delà est la ville de San Salvador. Elle est 13d & quelques minutes de latitude septentrionale, à quarante lieues vers le sud-est de la ville de Sant lago de Guatimala, & à sept de la mer du fud & du port Acaxutla. Les Sauvages l'appelloient anciennement Cuzcatlan ou Cuzcatan. Tout son territoire est fertile en fruits & d'un air sain & tempéré. Il y a un monastère de dominicains. Proche de la ville, on voit un lac de quatre ou cinq lieues de tour, où les Sauvages racontent qu'il y avoit autrefois des ferpens d'une grandeur incroyable. La bourgade que les Espagnols appellent la TRINIDAD, & les Sauvages SONSONATE, est à quatre lieues du port d'Acaxutla, vers le sud-ouest. Elle eft fituée en un terroir fertile & très-abondant en Cacao. C'est le seul lieu de trafic de toute cette contrée, & où toutes les marchandises qui viennent de la nouvelle Espagne & du Pérou, font transportées. Les dominicains y ont auffi un couvent; mais les Sauvages, qui habitent les campa gnes, font du diocèse de Guatimala. 6. SAN SALVADOR, ville de l'Amérique méridionale, au Bréfil, dont elle est la capitale, la résidence du viceroi, & le fiége d'un archevêque. Eile est grande, bien bâtie & fort peuplée, située sur la baye de tous les Saints; mais l'affiette n'en est pas avantageuse, parce qu'elle est haute & baffe, & qu'il n'y a presque point de rues qui foient droites. Il y a un conseil souverain, & une cour des monoyes, où pour faciliter le commerce, on fabrique des espéces qui n'ont cours que dans le pays. Elles portent d'un côté les armes de Portugal, & de l'autre une croix chargée d'une sphere, avec cette inscription, SUBQ. SIGN. STABO. La ville est défendue par quelques forts & par plusieurs batteries de canon du côté de la mer, & flanquée vers la campagne de bastions de terre affez mal conftruits. Les Hollandois ont fait différens efforts pour s'en rendre maîtres, mais toujours fans succès. Le menu peuple y est infolent; mais les autres habitans sont civils & honnêtes, ils font riches, aiment le commerce; & lorsqu'un bourgeois veut faire un de ses enfans ecclésiastique, on l'oblige de faire preuve du chriftianisme de ses ancêtres, parce que la plupart des familles viennent de race juive. Les maisons y font hautes & presque toutes de pierres de taille & de brique. Les églises sont enrichies de dorures, d'argenteries & d'un fort grand nombre de beaux ornemens. On voit dans la cathédrale des croix, des lampes, des chandeliers d'argent si hauts & fi massifs, qu'à peine deux hommes les peuvent porter. Il y a un petit couvent de capucins François & Italiens, & d'autres de bénédictins, de carmes & de cordeliers, qui tous sont fort riches; les jésuites, qui font au nombre de près de deux cents, y font fort considérés. Leur maison est d'un vaste étendue, & leur église grande & bien ornée. Leur sacriftie, qui est longue de plus de vingt-cinq toises, & large à proportion, est d'une magnificence dont rien n'approche. Il y a trois autels, un au milieu de la face qui joint l'église, & les deux autres aux deux extrémités. Sur celui du milieu, on voit tous les matins plus de vingt calices, les uns d'or, & les autres de vermeil & d'argent. Le terroir de tous les Saints est plat, & arrofé de belles rivieres, & les Portugais y ont des habitations à plus de cinquante lieues dans les terres. Les Indiens qui se retirent dans les bois, pour n'être point sujets à leur domination, leur enlevent fort souvent des bestiaux. La terre produit des cannes de sucre, du tabac, du coton, du ris, du mays & du manioc, & il s'y trouve des pâturages où l'on nourrit un si grand nombre de bestiaux, que l'on y donne la viande à un fol la livre. On y voit une abondance incroyable de fourmis, auxquelle on eft obligé de porter à manger sur les chemins, pour qu'ils n'aillent pas dans les champs manger le bled. Ceux qui veulent entretenir des jardins, font réduits à faire de chaque carreau une espéce d'isle, par le moyen de plusieurs petits canaux, où ces fourmis se noyent en paffant. Laet, l. 23, rapporte de cette ville de San Salvador, dans sa description des Indes occidentales Elle est située sur une haute colline, au côté du nord de Baya de Todos os Sanctos: elle est couverte d'épais arbrisseaux, où l'on a peine à pafler; de sorte que l'on n'y monte que par quelques chemins étroits; Thomas de Sousa l'avoit fait bâtir d'abord en une autre place, qui garde encore le nom de vieille Ville, Villa Veya, auprès du château de Saint Antoine. Elle a deux portes, l'une vers le fud, & l'autre du côté du nord, avec ses fauxbourgs, & plusieurs maifons au pied du coreau, sur le rivage même de la baye. On y a bâti quelques châteaux pour la fureté de la ville & de fon port. L'un commande l'embouchure de certe baye, & s'appelle le CHÂTEAU DE SAINT-ANTOINE; & l'autre, qui est sous la ville même, a le nom de SAINT PHILIPPE : le trois fiémé qui est le plus grand & le plus forr, est au dessus de la ville, dans le retour d'un cap nommé TASPSIPE. Le gou verneur de ce gouvernement pour le roi, l'évêque, l'auditeur général de tout le Brefil, & les autres officiers royaux demeurent en cette ville, qui est ceinte de murailles, & ornée de temples & autres beaux édifices. Le monastère de S. François y est remarquable ; les jéfuites le poffedent, & ils y ont un collége magnifique, avec fix régens, pour enseigner & inftruire la jeunesse. Ils font quatre-vingts, tant dans ce collége que dans les endroits voisins, & c'est à leur industrie & au pouvoir qu'ils se sont acquis fur les Indiens, que la conservation du gouvernement elt due. Le P. Jarric rapporte que quelques navires anglois s'étant efforcés en 15, C. 1588, de descendre en cette baye, Christophle Govean, vifiteur des colléges & des maisons des jésuites par tout le Brefil, voyant que les Portugais étoient trop foibles pour les repouffer, avertit de ce péril les peres qui habitoient les villages. Ils assemblerent aussi-tôt un grand nombre d'Indiens, qui armés d'arcs & de fleches, accoururent au rivage, & forcerent les Anglois de s'en retourner. L'an 1623, les Portugais craignant la venue des Hollandois, bâtirent un éperon triangulaire de pierres sur un rocher, environné de la mer, pour empêcher la descente & conferver les navires qui seroient ancrés en ce lieu. car, Quoique ces mots, Baye de tous les Saints, BAHIA DE TODOS LOS SANTOS, foient le nom de la baye, & non pas celui de la ville, qui est située sur cette baye, quelques-uns l'ont nommée ainfi: Dampier & Coréal font de ce nombre. Ce dernier dit que San Salvador, Bahia de todos los Santos, fait un grand commerce, de toiles, grosses & fines, de bayes, de ferges & de perpétuanes, de chapeaux, bas de foie & de fil; de biscuits, farines, froment, vins de portà-port, &c. d'huile, beurre, fromage, bateries de cuisine, esclaves de Guinée, &c. Pour toutes ces choses on y reçoit en retour de l'or, du sucre, du tabac, du bois de teinture de Brefil, & autres; des peaux, des huiles, des suifs, du beaume de copahu, de l'ypecacuana, &c. La ville est fortifiée; mais mal gardée. Les habitans, felon Coréal, font volupteux, vains, superbes, rodomons, lâches, ignorans & fort bigots. Ce n'est pas qu'ils ne paroissent honnêtes & polis dans leurs manieres ; mais ils sont si délicats fur le point d'honneur, si jaloux sur le chapitre des femmes, & fi vains fur leur grandeur, qu'il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de s'en faire des amis. Les femmes sont moins visibles qu'au Méxique, à cause de la grande jalousie des maris; mais elles n'en sont pas moins libertines, & elles mettent pour venir à bout de leur passion toutes fortes de stratagêmes en œuvre, quoiqu'aux dépens de leur vie : si elles sont surprises dans le crime, leurs maris les poignardent, sans qu'il en soit autre chose. Les filles font prostituées par leurs peres, leurs freres, même par leurs meres. Alors elles deviennent des courtisannes publiques, tant pour les blancs que pour les noirs. Avec des mœurs si corompues, les habitans de San Salvador ne laiffent pas de conserver un extérieur allez religieux. Les églises y font fréquentées ; la confeffion y est fort commune. On n'y marche point sans un rofaire à la main, un chapelet au cou, & un faint Antoine sur l'estomac. On est exact à s'agenouiller au son de l'Angelus au milieu des rues; mais en même-tems on a la précaution de ne point fortir de chez soi sans un poignard dans le sein, un pistolet dans la poche, & une épée des plus longues au côté, afin de ne pas perdre l'occafion de se venger d'un ennemi tout en difant fon chapelet. La mollesse des habitans de San Salvador & la pente des rues, qui est fort roide, leur fait regarder l'usage de marcher comme indigne d'eux. Ils fe font porter dans une espéce de lit de coton à reseau, suspendu à une longue perche & épaisse, que deux Négres portent fur leurs épaules. Ce lit est couvert d'une impériale d'où pendent des rideaux verds, ou rouges, ou bleus. On y est fort à fon aise, la tête sur un chevet & le corps sur un petit matelat fort proprement piqué. L'air de cette ville n'est pas sain, à cause de la chaleur violente du climat, qui cause aux habitans, & fur-tout aux nouveaux venus, des maladies ardentes. Les vivres n'y sont pas bons, & les fruits sont si exposés aux ravages des insectes, qu'on a de la peine à y encultiver de médiocres. Ce n'est pas que les habitans ne pussent y remédier avec un peu d'industrie; mais la paresse les en empêche; & dans ce pays-là, on aime mieux dormir & faire l'amour, que s'occuper à la moindre chofe pénible. : SAN SAVINO. ( Monte di ) Voyez au mot MONTE. 1. SAN SEBASTIAN, ville & port de mer d'Espagne, dans le Guipuscoa. Voyez au mot SAINT, l'article SAINT SEBASTIEN. 2. SAN SEBASTIAN, au Brefil. Voyez auffi SAINT SEBASTIEN. 3. SAN SEBASTIAN, place de Portugal, dans l'Estremadure, près de la ville de Leyria, C'est un reste de l'ancienne ville de Colippo, ville épiscopale de Lufitanie, dont le siége a été transféré à Leyria. 4. SAN SEBASTIAN DE LOS REYES, petite ville de ( |