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faire aboutir le canal de communication de la Gironde à la Seudre. C'est aussi où il vouloit placer le siége du grand établissement qu'il projettoit pour la Saintonge. La duchelle d'Aiguillon en a joui jusqu'à la mort, après laquelle cette seigneurie a paffé au duc de Richelieu.

SAVIUS. Voyez SAVUS.

SAULA. Le capitaine Jean Ribeyro, part. 1, c. 24, dit, dans son histoire de l'isle de Ceylan, qu'il y avoit autrefois dans cette isle, près de Balané, un petit royaume, nommé Saula. Ce royaume, ajoute-t-il, s'étendoit seulement trois lieues sur la côte, & deux au dedans du pays. Les terres y étoient fort basses; de forte que la mer s'étant extraordinairement enflée pendant un printems, elle fubmergea tout le pays. Cette plaine, auparavant fi fertile, fut changée en une aire de sel, & c'est là que s'en fournislent tous les peuples de Candy, d'Uva, de Batecalou, de Triquinimalé & de quelques autres, qui dépendoient autrefois des Portugais, qui aimoient mieux l'aller prendre là, que de l'aller acheter dans les villes des Portugais, où on le leur vendoit extrêmement cher. Le roi de Candy étant en guerre avec les Portugais, envoyoit à ces salines jusqu'à cinq ou fix mille bœufs ou bufles, qui y faisoient trois voyages, depuis la fin de décembre jusqu'au commencement d'avril, & fous une forte escorte de gens de guerre. Les Portugais prenoient quelquefois ou battoient ces convois; mais comme ils étoient campés trop loin delà, ils ne réussissoient pas toujours. On se sert de ce sel pour la table; mais il ne vaut rien pour saler le poisson, ou la viande qu'on veut garder. Il est clair & transparent comme le crystal. Il paroît dans les salines comme une glace fort unie, & il est si dur, qu'on ne peut le rompre qu'avec le pic ou la hache.

A quatre lieues de là est un pagode, qui est en trèsgrande vénération parmi tous ces Gentils. On y garde des offrandes très-riches, qu'on y porte depuis plusieurs fiécles, & qui confiftent en pierreries & en ouvrages d'or. C'est pour cela qu'on y entretient toujours un corps de quinze cents hommes, qui y montent la garde tous les jours. Nous avons, continue Ribeyro, souvent eu envie de nous saisir de ce trésor, & nous avons fait diverses tentatives, dans l'espérance de devenir riches tout d'un coup. Ce qu'il ajoute est curieux. Je fus, dit-il, commandé en 1642, avec cent cinquante Portugais, & deux mille Lascarins, la plupart chrétiens. Nous avions pour général Gaspard Figueira de Cerpe, qui connoissoit très-bien le pays, qui savoit la langue, & qui passoit pour un des plus

caves sont marquées sur la grande carte du diocèse du Mans, au nord de ce village, avec le nom du lieu, dit la Cité. Ce dernier mot a fait croire qu'il y avoit eu une ville en ce lien. * Observations de Lebeuf, sur le Maine, 1739, p. 189.

1. SAULGEN, ville d'Allemagne, dans la Suabe, sur la petite riviere de Schwartzach, & le chef - lieu d'un comté auquel elle donne son nom. * De l'Isle, Atlas.

2. SAULGEN, (le comté de) ou SULGEN, est au midi du Danube, & appartient aux barons de Waldburg. Le seul licu remarquable de ce comté est la petite ville de Sulgen.

SAULGON, bourg de France, dans l'Angoumois, élection d'Angoulême. Ce bourg est bien peuplé.

SAULIEU, Sidoleucum ou Sedelaucum, ville de France, dans la Bourgogne, au bailliage de Semur en Auxois, à cinq lieues de la ville de ce nom, & à quinze lieues de Dijon, sur la route de Lyon à Paris. Sa longueur est de cinq cents pas, sa largeur de trois cents cinquante, & fon circuit de seize cents. Elle a deux portes & cinq fauxbourgs, dans lesquels il se trouve un plus grand nombre d'habitans que dans la ville. Un de ces fauxbourgs porte le nom de Morvant, parce qu'il est sur le territoire de Morvant. La ville est bâtie sur une éminence, fermée de murailles, & environnée de fossés pleins d'eau, quoique sur une hauteur. Il y a dans cette ville, outre le chapitre, plusieurs maisons religieuses, savoir; des capucins, des ursulines, un collége, & dans le fauxbourg de SaintJacques un petit hôtel-dieu, qui a fept lits. Le chapitre, ou l'église collégiale, est sous le titre de faint Andoche. C'étoit autrefois une abbaye, fondée par Charlemagne. Elle fut sécularisée dès le douziéme siècle, & la manse abbatiale fut unie à l'évêché d'Autun en 1202. C'est à ce titre que cet évêque est comte & seigneur de Saulieu, & que la justice lui appartient, tant dans la ville que dans les fauxbourgs. Les appellations des jugemens de ses officiers se relevent au bailliage royal de Saulieu, & de là vont au parlement de Dijon. Le chapitre eft composé aujourd'hui d'un doyen, de douze chanoines, & de quelques chapelains. Les premieres prébendes peuvent valoir quatre cents livres, & les autres cent livres. Elles sont à la collation de l'évêque d'Autun. Il y a plusieurs chapelles. Saint Saturnin est la cure principale: saint Andoche & faint Nicolas en sont les annexes. Les hameaux de Vezilly, de Coulaige, de Valneuf, de Coulon, de Chevre, de Con

braves hommes que nous eussions. Lorsque nous approcha-clas, de Château-Benoît, & les métairies du plat pays, SAULT, petit pays de France, dans le Languedoc, au diocèse d'Alet, & voisin des pays de Fenouillades & de Donazan. Son lieu principal est Esconloubre, qui étoit un pofte important pour couvrir les frontieres, avant la conquête du Rouffillon. Ce pays a un bailliage royal, qui reffortit à la fénéchauflée de Limoux.

mes des bois où est ce pagode, nous primes un homme du lieu pour nous guider : il nous promit de nous bien conduire, & nous entrâmes dans les bois avec lui. Nous le traversâmes de part en part de tous côtés, fans jamais pouvoir trouver le pagode, quoique nous fussions bien fûrs que nous n'en étions pas loin. Enfin notre guide fit le fou: : il le devint même en effet, & nous le tuames. La même chose arriva à deux autres que nous primes, & que nous tuâmes encore. Enfin, nous en eûmes jusqu'à cinq, qui nous firent le même manége. Nous voulûmes épargner les deux derniers, & nous fumes contraints de revenir sur nos pas, sans avoir pû piller le pagode.

1. SAULCE, lieu de France, dans le Dauphiné, à une lieue de Livron. C'est une maison toute seule, bâtie pour la commodité des voyageurs.

2. SAULCE MENIL, bourg de France, dans la Normandie, élection de Valognes, près de la Quille. C'est une grande paroisse environnée de bois, & de la forêt de Cherbourg. Il y a une chapelle fuccursale. Le seigneur est maître des eaux & forêts de Valognes. Il y a à SaulceMénil un prieuré simple qu'on appelle saint Martin. On en pourvoit un religieux non réformé de l'abbaye de Lessey. Ce prieuré vaut environ cinq cents livres de

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dépendent de saint Nicolas & de saint Saturnin. Le collége, ou plutôt l'école publique de la ville, est dirigée par un recteur, qui a sous lui un régent & un maître à écrire.

La ville de Saulieu est le siége d'un bailliage particulier, qui est le quatrième de l'Auxois, & qui reffortit au présidial de Seinur: elle est aussi le siége d'une mairie, d'un grenier à sel & d'une justice consulaire ; & c'est la seiziéme ville qui députe aux états de la province. Le bailliage ne fut érigé qu'au mois de mai de l'année 1694. Il fut formé des démembremens de l'Auxois, de l'Autunois & du Morvant. Il a sept lieues de longueur, sur cinq de largeur; renferme vingt-fix paroiffes, & confine au Nivernois à l'occident, au bailliage d'Arnay-le-Duc à l'orient, à celui d'Autun vers le midi, & à celui de Semur vers le nord. La partie détachée de l'Auxois est une plaine très-fertile en grains de toute espéce : celle qui est détachée du Morvant a des montagnes couvertes de bois, & remplies de pacages. Il ne s'y trouve néanmoins ni bois ni rivieres considérables. On n'y compte de bénéfices que le chapitre de Thil, fondé par les seigneurs du lieu, qui est composé d'un doyen, qui a quatre cents livres, & de cinq chanoines, qui ont chacun deux cents livres de revenu. Le principal commerce de Saulieu est en grains & en bétail.

SAULIUM, ville de la Ligurie, selon Biondo, qui dit que ce nom lui est donné par les Latins modernes; & Leander dit que le nom vulgaire est Sori ou Soli.

SAULNOY, petit canton de France, au pays Messin. Il a pris son nom des salines qui y font.

SAULON LA CHAPELLE, comté de France, dans la Bourgogne, recette de Dijon.

SAULSEUSE. Voyez SAUSSEUSE.

1. SAULT, bourg de France, dans la Provence, au diocèse diocèse de Carpentras, vers les confins du Comtat Venais fan, & le chef-lieu d'un comté & d'une vallée qui en prennent leur nom, avec un siége d'Apeaux.

2. SAULT, (la vallée de) est composée du bourg de Sault, & de trois villages. Elle est située au pied du mont Ventoux, & est du nombre des terres adjacentes. Le nom que lui donne son chef-lieu, vient de la quantité de bois qu'il y a dans son territoire, & où l'on a établi un grand nombre de verrerie.

Le comté de Sault est une des plus grandes terres de la Provence, & dont l'ancienne indépendance est la mieux reconnue. On prétend que l'empereur Henri II l'inféoda en 1004, à Algoult de Volf, de qui on fait descendre fabuleusement la maison d'Agoult, puisque ce n'est pas la premiere famille connue sous ce nom qui a possédé cette terre, & qu'elle l'a acquise depuis un tems allez récent.

Les mouvances de cette terre étoient si considérables, qu'elles comprenoient une partie de la ville de Sisteron, celle de Veillane, & plusieurs vallées, qui depuis, & par arrêt du confeil, sont réduites au même pied que le reste de la Provence. De la maison d'Estrevance, la baronnie de Sault passa par succession de tems dans celle d'Agoult, qu'on regarde comme originaire du Dauphiné.

De Longuerue, Descr. de la France, part. I, p. 374, dit: La vallée de Sault, ou Saltus en latin, est au nord du bailliage d'Apt, auquel elle eft jointe; mais pour le spirituel elle est du diocèse de Carpentras. On ne voit point que ses anciens seigneurs, qui étoient de la maison d'Entravenne d'Agoult, ayent reconnu les comtes de Provence ou de Forcalquier; ils prétendoient être souverains & n'avoir aucun supérieur au temporel. Le premier qui se soumit aux comtes de Provence fut Isnard d'Entravenne, qui fit volonta irement hommage à Charles II, roi de Sicile, comte de Provence, en 1261, pour s'attirer sa protection; c'est pour cela que la vallée de Sault, où est le bourg de Sault, avec trois villages, est comptée jusqu'aujourd'hui entre les terres adjacentes, qui font un corps séparé du comté de Provence.

Cette vallée est au-dessous d'une fort haute montagne, appellée le mont Venteux. Sault n'a porté long tems que le titre de seigneurie ou baronnie, & n'a été érigée en comté que l'an 1562 par Charles IX, en faveur de François d'Agout de Montauban, après la mort duquel le comté vint à la maison de Crequy-Blanchefort; parce que Chrétienne d'Aguerre, mere de l'ancien maréchal de Crequy, gendre du connérable de Lesdiguieres, ayant épousé en seconde nôces François Louis d'Agout de Montauban, comte de Sault, elle en eut un fils qui mourut sans enfans, & l'institua héritiere de tout ses biens. Elle les laissa au maréchal son fils du premier lit, dont la postérité s'est enfin éteinte dans la maison du maréchal de Villeroi, fils de Madelaine de Crequy, au droit de laquelle cette maison poslede aujourd'hui le comté de Sault.

3.

4. SAULT, licu de France, au diocèse de Chartres, à une lieu & demie de Verneuil, dans le Perche, sur le chemin de cette ville à Dreux. Il y a dans ce lieu plusieurs hôtelleries pour la commodité des marchands qui s'y arrêtent volontiers, à cause de la bonté des foins du pays. Sault n'est cependant qu'un hameau, dont la situation répond fort à la fignification de son nom.

5. SAULT, riviere de France, dans la Champagne. Elle prend sa source dans la Lorraine, au levant de Joinville, passe à Monstier, à Escurey, à Stainville, entre enfuite dans la Champagne, où elle arrose Vitri-le-Brulé, au-dessous duquel elle s'unit à la Marne au-dessous de Vitrile-François.

6. SAULT DE PINET. (le) On donne ce nom, en France, à un endroit de la riviere de Loire, près de Rouanne, où cette riviere étant grossie dans la plaine du Forez, par les ruisseaux qu'elle y reçoit, son cours est interromptu par des rochers, dont le plus considérable est à une lieue de Rouanne.

SAULX-LE-DUC, bourg de France, dans la province

de Bourgogne, au bailliage de Dijon: église collégiale, fondée en 1147, par Guy de Saulx, conite de ce lieu, paroisse du diocèse de Dijon : grenier à sel. Les franchises & priviléges de ce bourg furent concedés en 1246 par Jacques de Saulx, ancêtre de M. de Saulx, comte de Tavanes, premier lieutenant général du roi, au gouvernement de Bourgogne ; & cette terre fut acquise, en par le duc de Bourgogne Robert II. * Garreau, Descr. de la Bourgogne, édit. 1734.

1299,

SAUMAISE-LE-DUC on SALMAISE, bourg de France, en Bourgogne, dans l'Auxois, au bailliage de Châtillon. Ce licu est situé sur le penchant d'une montagne. Il y passe une petite riviere qui prend sa source près de Blaizi, & dont le lit est fort étroit. Saumaise-le-Duc est un comté ou une châtellenie royale, & a une gruerie. On y voit un prieuré de l'ordre de faint Benoît. Claude Saumaise, célébre critique, & l'un des plus savans du siécle paffé, étoit de ce lieu. Il y étoit né de Bénigne, seigneur de Saumaisele-Duc, & conseiller au parlement de Dijon. Il éleva dans les sciences ce fils à qui sa mere; fit fucer avec le lait la religion des calvinistes, quoique son pere, qui étoit catholique, eut ordonné le contraire. Claude Saunaise mourut en Hollande le 3 septembre 1652.

1. SAUMUR, ville de France, dans le Saumurois, fur le bord méridional de la Loire, à 47d 16' de latitude, & à 174 32' de longitude. Cette ville étoit beaucoup plus considérable lorsque les réformés y avoient une académie des sciences, fondée par le célébre du Plesfis-Mornay, fous l'autorité du roi Henri IV. Elle est encore le siége d'une prévôté, d'une sénéchauffée royale, d'une maréchauffée, d'un grenier à fel, d'une élection & d'un corps ou hôtel de ville. Le château est allez fort & très ancien. On le nomme en latin Salmurus, qu'on prétend être corrompu de Salvus murus ou forte muraille. Il étoit déja fortifié dans le dixiéme siècle, lorsque Gibaud comte de Blois y établit les moines de saint Florent, chaffés de leur monastère, nommé Gloma, sur les confins du pays Nantois, qu'on appelle encore aujourd'hui saint Florent le vieux. Mais l'an 1030, l'abbé Frédéric fit bâtir, hors du château & de la ville de Saumur, un nouveau monastère, qui est encore aujourd'hui célébre. Saumur est fort renommé dans l'histoire, à cause de son pont & du passage important de la riviere de Loire: aussi Henri IV, étant roi de Navarre, allant au secours d'Henri III, opprimé par les ligueurs, voulut pour sa sûreté que l'on lui donna cette place, où il établit pour gouverneur en chef du Plessi-Mornay, indépendant du gouverneur de la province d'Anjou.

2. SAUMUR étoit autrefois situé sur la riviere de Vienne, qui étoit dans la Loire, un peu au-dessous de Saint-Maur, à cinq lieues de cette ville, comme le prouve Ménage contre de Valois. Ce dernier ne donne à Saumur que cinq ou fix cents ans d'antiquité; mais Ménage a prétendu prouver, par plusieurs témoignages, qu'elle existoit dès l'an 400, & ne consistoit que dans le château & dans la rue qui est audeslus. L'an 575, le roi Pepin, pere de Charlemagne, fonda à Saumur une église, sous l'invocation de S. JeanBaptiste, laquelle fut ensuite achevée par Pepin, roi d'Aquitaine son petit-fils, qui y mit des reliques de saint Jean; & c'est de cette ancienne église de Saumur que la ville eft appellée dans quelques chartes Joannes Villa.

L'ancien château étoit nommé Truncus, le tronc ; mais il n'étoit pas au même lieu où est celui d'aujourd'hui.

Foulques de Nerre, comte d'Anjou, entreprit la guerre au sujet de cette place, s'en rendit maître en 1026, & l'unit au domaine d'Anjou, dont elle fait encore une partie. Charles de France, comte de Valois & d'Anjou, l'affiégea pour le douaire de Jeanne de Bourgogne, femme de fon fils Philippe, depuis roi de France, sous le nom de Philippe VI. Elle fut engagée en 1549 à François de Lorraine, duc de Guise & Anne d'Est sa femme, qui en jouirent jusqu'au 21 juin 1570, qu'elle leur fut retirée par Charles IX, moyennant la somme de soixante- quatre mille neuf cents quatre-vingt-onze livres.

Il y a un gouverneur de la ville & château de Saumur, & de leurs dépendances, un lieutenant de roi du château, un major & cinquante soldats de garnison; la situation de cette ville y attire beaucoup d'étrangers.

La sénéchauffée royale est une jurisdiction considérable, composée du sénéchal, d'un président, d'un lieutenant général, d'un lieutenant criminel, d'un lieutenant Tome V. Ddd

particulier, d'un assesseur, de fix conseillers, & des autres officiers à proportion.

La prévôté a aussi ses officiers, ainsi que l'élection, qui comprend quatre villes, Saumur, Monsoreau, Doué & Bourgueil, outre quatre-vingt-cinq paroisses ou hameaux, quatre abbayes & treize mille trois cents soixante-dix-huit

feux.

La ville de Saumur a trois paroisses; mais il n'y a qu'un curé, lequel a trois vicaires; ils n'ont tous ensemble qu'environ mille livres de revenu. Il y a aussi trente-trois chapelains, qui ont chacun cent soixante-quinze livres, compris les rétributions manuelles.

Il y a dans cette ville plusieurs couvens, de cordeliers, de capucins, de récolets, deux maisons de peres de l'oratoire, les Ardillers & Nantillé; ceux de celle-ci régissent le collége; une maison d'ursulines, une de filles de sainte Marie, de bénédictines, non-comprises les religieuses de l'hôpital des malades. Mais ce qu'il y a de plus fameux dans Saumur, est l'église de Notre-Dame des Ardillers, en grande réputation dans tout le pays. Elle est déservie par les peres de l'oratoire. Ils ont aussi celle de Notre-Dame de Nantillé. Dans la nef de cette derniere église, devant la chapelle de S. Michel, au cinquiéme pilier, on remarque un tombeau de pierre, sur lequel est la figure d'une femme, qui tient deux enfans entre ses bras. C'est le tombeau de Tiephaine la Magine, nourrice de Marie d'Anjou, née le 4 octobre 1404, femme de Charles VII & de René, duc d'Anjou, roi de Sicile, qui naquit au château d'Angers, le 16 janvier 1408. Tiephaine mourut le 13 mars 1458. On ne sera pas faché de trouver ici son épitaphe:

Ci gist la nourrice Tiephaine

La Magine. Qui ot grand peine
A nourrir de lait en enfance
Marie d'Anjou, reine de France,
Et après son frere René,
Duc d'Anjou, & depuis nommé
Comme encore roi de Sicile
Qui a voulu qu'en cette ville
Pour grand amour de nourriture
Faire sa sépulture;

De l'un à l'autre du devoir s'aquite
Qui à Dieu l'ame quite

Pour avoir grace & tout déduit,
Mille quatre cents cinquante-huit,
Au mois de mars treifiéme jour;
Je vous prie tous par bonne amour,
Afin qu'elle ait un peu du vôtre,
Donnes lui un Patre nôtre.

Le collége royal est aussi gouverné par les peres de l'oratoire. A un quart de lieue de Saumur est l'abbaye de saint Florent, monastère de bénédictins de la congrégation de faint Maur. La situation en est belle.

La ville de Saumur a été beaucoup plus considérable du tems des réformés, qu'elle ne l'est aujourd'hui : il y reste dix-sept cents vingt feux & environ fix mille cinq cents ames. Cette grande diminution vient de la suppreffion des temples, du collége & de l'académie, qui attiroit beaucoup de religionaires étrangers. Il y reste treize familles de nouveaux convertis.

Le marché de la ville est peu considérable, à cause du gros droit que l'abbesse de Fontevrault y prend du vingtiéme boisseau de bled. Les trois foires royales qu'on y tient, sont aussi de peu de conféquence, parce qu'elles ne sont pas franches.

Le commerce du lieu consiste en une rafinerie de salpêtre, qui a la réputation d'être le meilleur de France, & en quelques fabriques de quincailleries, médailles, bagues, chapelets, &c. Le débit des vins qui étoient autrefois fort grand, est tout-à-fait ceffé.

L'élection comprend quatre abbayes, Fontevrault, Asnieres, Saint-Florent & Saint-Maur; trente prieurés, dont trois à Saumur de huit cents livres de rente; celui de Canaut, ordre de Grammont, de cinq mille livres, un autre

de deux mille livres, deux de quinze cents livres, dix depuis sept jusqu'à neuf cents livres, & le reste au-dessous : soixante-sept cures, dont fix ou sept de huit cents livres de revenu, les autres de trois cents livres. Il n'y a presque point de vicaire dans les paroisses. Il y a quatre chapitres de chanoines. Celui de Monsoreau de quatre prébendes; ceux de Doué & de Martigné-Briant, de fix prébendes chacune, de deux à trois cents livres de revenu, & celui de la Grésille de cinq cents livres, & un chefcier de deux cents livres; cinquante chapelles ou environ & une aumônerie. On compte encore dans l'élection trente-neuf familles de noblesse, , y compris les veuves & les demoiselles, & en tout treize mille trois cents soixante dix-huit feux.

Il se tint à Saumur un concile l'an 1276, & un autre l'an 1315.

SAUMUROIS, gouvernement militaire de province, composé d'une partie du bas Anjou, du Mirebalais, & d'une partie du Poitou & de la Touraine. Ce gouvernement a été établi par Henri IV, lorsqu'il vint secourir Henri III, opprimé par les partisans de la ligue. Il n'a pas grande étendue. Sa ville capitale est Saumur. Les villes de ce gouvernement sont :

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SAUNA, ville de l'Arabie, selon Phlégon Traillian, qui dit qu'on y trouva un monstre demi-homme & demicheval, sur une montagne abondante en poissons. * Ortel. Thefaur.

SAUNARIS. Voyez SARA.

SAUNIA REGIÓ, contrée où Eusebe, preparat. 6, dit qu'on ne trouve ni banquier, ni peintre, ni architecte,

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SAMNITES.

SAUNIUS OU SAUNIUM, fontaine de la Phocide: Paufanias, l. 10, c. 37, la met au voisinage de la ville de Bulis, aux habitans de laquelle elle donnoit de l'eau suffifamment.

SAVO, fleuve d'Italie, dans la Campanie, auprès de Sinuessa. Il faisoit la borne du nouveau Latium. Pline, 1.3, c. s, a parlé de ce fleuve, & Stace lui donne l'épithete de piger :

Et Literna Palus pigerque Savo.

La table de Peutinger le marque entre Sinuessa & Vulturnum, dans cet ordre.

Sinuessa VII, Safo, Fl. XII, Vulturno.

Le nom moderne de ce fleuve est Saone.

SAVOCA, petite ville d'Italie, en Sicile, dans la vallée de Demona, sur la côte orientale de l'isle, à l'embouchure de la petite riviere de même nom, un peu au nord de sant Alexio. * De l'Ifle, Atlas. Jaillot. Baudrand.

SAVOLAX, province de Suéde, dans la Finlande. C'est une province Méditerranée, bornée au nord, par la Bothnie orientale, à l'orient par la Carelie de Kexholm, au midi, par la Carelie Finoise, & à l'occident par la Tavastie. Il y a le grand & le petit Savolax. Le premier contient quatre territoires, & le second en renferme cinq: celui-ci est au midi & l'autre au nord. Tout ce pays où l'on ne trouve pour tout lieu considérable, que le château de Nyflot ou Nieslot, est inculte & inhabité. Ce ne sont partout que des lacs & des forêts. * D'Audifred, Geogr. anc & mod. t. 1.

SAVONA Ou SAONA, ifle de l'Amérique septentrionale au midi, & tout proche de la côte orientale de l'isle de Saint-Domingue, dont elle est séparée par un canal assez large, où les petites barques seulement peuvent pasfer. L'ifle Saona appartient aux Espagnols.* Frezier, Carte de l'isle de Saint-Domingue.

SAVONE, Sana, selon les gens du pays, ville épiscopale d'Italie, dans l'état de Gènes, sur le rivage de la mer, à dix milles au nord oriental de Noli. Cette ville, après la capitale, est la plus considérable de l'état de Gènes. Elle est grande & bien bâtie; les rues font affez larges, & la plupart droites & bordées de belles maisons, entre lesquelles il y a des hôtels, qu'on nomme palais en ce pays, qui font d'une architecture très-belle, aufli-bien au-dedans qu'au dehors. Le tonnerre fit sauter il y a cinquante à foixante ans le magasin à poudre qui étoit au milieu de la ville, & renversa tout un quartier. Il a été rebâti : & on dit que cet accident a rendu la ville plus belle, en ce qu'il avoit donné occasion de faire les rues plus larges & plus droites. Il y a un grand nombre d'église, propres & bien ornées. Le marbre n'y est pas épargné, non plus que les ornemens de stuc, & les dorures: presque tous les ordres religieux y ont des couvens, ou des maisons riches pour la plûpart, & bien bâties.

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Les pas des portes, les marches des escaliers, les pieds droits & jambages des portes & des fenêtres, & les couvertures des maisons sont faites la plupart d'une pierre bleue obscure, qui se trouve en quantité dans tout ce pays, qui se leve ailément par planche, de telle épaisseur qu'on juge à propos: c'est une espéce d'ardoise, mais qui ne se délite pas comme l'ardoise. Cette pierre se taille aisément & n'est pas chere. On la trouve belle dans le pays par ces endroits; mais il semble qu'elle rend les entrées des maifons & des fenêtres trop triftes. On l'appelle Lavagna.

Il y a des manufactures de foie à Savone. Outre celle qui vient dans le pays, on en tire beaucoup du Piémont, de la Sicile, du royaume de Naples & du Levant. On y fait auffi beaucoup de confitures. Les environs de la ville font extrêmement bien cultivés. Les fruits de toutes espéces y vienraent en perfection & en quantité, les limons sur tout, les li mes & les bergamotes.

La ville paroît avoir été autrefois plus forte qu'à présent. Elle est commandée de tous côtés. Il couteroit beaucoup pour remédier à cet inconvénient. Elle a eu un port qui étoit bon, & qui attiroit le commerce. La république l'a détruit, afin que tout le négoce allât à Gènes, & afin que le duc de Savoye, à présent roi de Sardaigne, qui y a de grandes prétentions, ne songeât plus à s'emparer d'une place, qui ne lui seroit d'aucune utilité. Il ne reste plus à présent qu'une flaque d'eau, où les barques peuvent être à flot; elle se gate & se remplit de jour en jour.

Il y a une citadelle qui défendoit le port, quand il y en avoit un; elle sert à présent à défendre la rade, & à empêcher qu'on ne puisse insulter la ville du côté de la

mer.

Ce fut dans Savone, que se fit l'entrevûe de Louis XII, roi de France, & de Ferdinand roi de Naples; entrevûe qui fut remarquable par leur confiance réciproque. Louis entra dans les galeres de Ferdinand, sans armes & fans gardes; & Ferdinand demeura plusieurs jours dans une ville appartenante à Louis, qu'il venoit de chaffer du royaume de Naples, après l'avoir défait dans une bataille.

Savone a été la patrie des papes Sixte IV & Jules II, tous deux de la maison de la Rovere. Quelques-uns disent pourtant que ces deux papes étoient natifs d'Albizola bourg situé à une lieue de cette ville.

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1. SAVONIERES Saponaria, lieu anciennement mémorable, à une ou deux lieues de Toul, sur le chemin de Foug. Au bas de la montagne où l'on tourne pour aller de Toul à Commerci. On croit que les rois de la seconde race y ont eu un palais, parce qu'il s'y est tenu l'an 859 un concile auquel afsisterent les évêques de douze provinces des Gaules & de Germanie, avec trois rois. Le roi de France y fut qualifié de roi très-chrétien, mais cette qualification ne devint propre à nos rois qu'en 1469, sous le regne de Louis XI. On ne voit plus en ce lieu qu'une petite église du titre de saint Michel, que l'on dit avoir été la paroisse des habitans qui se sont retirés à Saint-Germain sur Meuse. Le terrein où étoit le palais, s'appelle encore aujourd'hui la Sale. D'autres disent que Savonieres dépendoit du monastère de saint Germain, qui en étoit voisin, lequel étoit sous l'invocation de l'évêque d'Auxerre, dont Héric, auteur du neuviéme fiécle, rapporte un miracle arrivé en ce lieu. Le fond du lieu de Savonieres, appartient aux moines de faint Evre de Toul, selon le diplomatique; peut-être que l'église de saint Germain étoit dès lors de leur dépendance, puisque dans un diplome du même livre, pag. 548, l'abbaye de saint Evre est dite

Sancti Apri, fancti Germani & Sancti Martini : ce titre est de l'an 874. Il y a un autre Savonieres au même diocèse de Toul, dans le duché de Bar, dont l'église dite saint Calixte, est à la présentation de l'abbé de saint Miel. Voyez sur l'abbaye de saint Germain, au diocèse de Toul, un titre de l'an 900 au premier tome du trésor des anecdotes de D. Martene, p. 60.

2. SAVONIERES, bourg de France, dans la Touraine, à deux lieues de Tours. Il y a auprès de ce lieu, des cavernes fameuses par leur congellation. On les appelle les gouttieres de Savonieres, parce qu'il en dégoute continuelle. ment de l'eau, qui forme des ruisseaux, fe congele, & avant de les former, même dans les plus grandes chaleurs de l'été, & dans leurs congellations, elles forment différentes figures curieuses. C'est apparemment comme les grottes d'Arcy en Bourgogne, proche Vermaniton. La paroitse de Savonieres dépend de l'abbaye de Tous Saints d'Angers.

1. SAVOIE, duché souverain d'Europe, entre la France & l'Italie. Du côté du nord, il est séparé de la Suiffe par le lac de Genève : les hautes Alpes le séparent de la vallée d'Aofte, & du Piémont vers l'orient: une branche des mêmes Alpes le borne au levant d'été, où il confine avec le Vallais; il a le Dauphiné au midi, & à l'occident le Rhône, qui le sépare du Bugey & du gouvernement de Bourgogne.

2. SAVOIE. Ce mot vient du latin Sapaudia, qu'on ne trouve point en usage avant le quatrième siècle, Ammien Marcellin, est le premier qui ait marqué le pays de Sapaudia, par lequel, comme par celui des Séquaniens, le Rhône passoit en fortant du lac Leman, * Longuerue, Defcr. de la France, part. 2, p. 317,

317, 1.15.

On appelloit Sapaudia la partie septentrionale du territoire des Allobroges. Avitus évêque de Vienne témoignant dans une lettre quelque mécontentement de Sigifmond roi des Bourguignons, dit qu'il avoit évité à dessein de fer à Vienne, en allant de Savoye, de Sapaudia, en pafProvence, in Provinciam ; car anciennement la Provence s'érendoit depuis la riviere d'Isére jusqu'à la mer : & les Bourguignons ont tenu durant quelque tems tout ce qui est entre l'lfére & la Durance.

La Savoye, Sapaudia, s'étendoit au-delà du Lac de Genève, hors des limites des Allobroges, comprenant le pays de Vaud, dont la plus grande partie appartenoit à la Belgique & à la province nommée Maxima Sequanorum. C'est ce que nous apprenons de la soixante-cinquiéme fection de la notice des dignités de l'empire, où il est fait mention du commandant de la flote des bateliers, qui étoient à Iverdun en Savoye : Barcariorum Ebreduni Sapaudie. Quelques-uns ont voulu qu'Ebredunum marqué dans la notice, fut la même ville qu'Embrun en Dauphiné; mais il n'est pas possible que les Romains ayent établi une flote de barques à Embrun qui est dans les Alpes, & n'a d'autre riviere que la Durance, qui par-tout n'est pas propre à porter bateau; ce que les anciens ont bien reconnu: car Tite-Live, au premier livre de la troisieme, dit que cette riviere n'est point navigable, non navium patiens eft ; & Silius Italicus dit que la Durance ne porte pas même les bateaux plats, patulis non pupibus æquus; de forte qu'on ne doit pas chercher cette flotte de barques, ailleurs qu'au lac d'Iverdun. Dans la fuite le p de Sapaudia fut changé en b & le nom corrompu en Saboia & Sabaugia.

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La Savoye fut anciennement habitée d'une partie des Allobroges, des Centrons, des Nantuates, des Garocelles, des Veragres & des Salasses, les Allobroges occupoient le pays qui est entre le Rhône, au fortir du lac Leman les Nantuates, les Centrons, & l'Isère; c'est cette isle dont parle Tite-Live, où Annibal s'arrêta avant de paffer les Alpes, elle renfermoit partie du Dauphiné, le duché de Savoye, le Foffigny & le Génevois : les Centrons demeuroient dans les vallées des Alpes grecques qui forment à present la Tarentaise: les Garocelles habitoient aux environs du Mont-Cenis. Vigenere, Marlian, Simler & le P. Monet les placent dans la Maurienne, qui fut selon d'autres, la demeure des Brannoviciens, les Nantuates confinoient selon Strabon & Pline, avec les Veragres, les Séduniens & le lac Leman, & leur pays comprenoit le Chablais, & le territoire de S. Maurice; les Veragres étoient entre les Nantuades, & les Salaffes, dans cette Tome V. Dddij

partie du Valais où est Martigni; & les Salasses dont Strabon parle, occupoient les vallées des Alpes qu'on nomme aujourd'hui le Val d'Aoste, bornées des terres des Veragres au nord des Lepontiens à l'orient, des Séguliens au midi, & des centrons au couchant: tous ces peuples furent vaincus par Auguste, à la réserve des Salasses que Terentius Varro subjugua; ils furent compris dans la Gaule narbonnoise: les Allobroges furent placés dans la troifiéme narbonnoise ; les Veragres & les Salasses dans la cinquiéme qu'on nommoit autrement la province des Alpes grecques. Leur pays étant devenu la proye des Barbares, après la chute de l'empire, fut occupé tantôt par les uns, & tantôt par les autres; les Bourguignons en demeurerent les maîtres, & l'incorporerent au royaume qu'ils formerent d'une partie de la Gaule celtique, & de la Gaule narbonnoise. Bofon comte d'Ardenne qui avoit épousé Ermengarde fille de Louis II, empereur d'Italie, se fit élire roi de Provence par les états du pays, allemblés à Mentale au mois d'octobre 879. Louis fon fils fut aussi roi d'Italie; Berenger lui fit crever les yeux comme il alloit prendre poffetsion de ce royaume; il laissa d'Adelaïs Charles Constantin prince de Vienne, qui eut de Theberge, Amé pere de Humbert aux blanches mains, chef de la maison de Savoye, dont l'origine a été recherchée par tant d'écrivains, avec sit peu de succès.

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Humbert fut comte de Savoye & de Maurienne. L'empereur Conrad le Salique lui donna les seigneuries de Chablais, & de Valais avec la propriété de faint Maurice, en recompense des services qu'il lui rendit contre Eudes comte de Champagne, son compétiteur au royaume de Bourgogne; il mourut l'an 1046, laissant d'Ancilie, Amé I, qui fut marié avec Adée ou Adalelgide, dont il eut un fils nommé Humbert mort avant lui. Odon son frere lui succéda l'an 1047, il épousa Adelaide de Suse, fille de Mainfroid, marquis de Sufe, & de Berthe d'Yvrée, & veuve d'Herman duc de Suabe, lequelle lui porta en dot le marquisat de Suse, le Val d'Aofte & le duché de Turin, avec plusieurs autres terres sur la côte de Genes; de ce mariage vinrent Pierre de Savoye, marquis de Suse, & Amédée II, comte de Savoye. Le premier mourut l'an 1078, & n'eut que deux filles d'Agnès de Guienne, Agnès qui fut mariée avec Fréderic de Montbelliard comte de Luxembourg, & Alix femme de Boniface, marquis de Saluces. Amé II acquit le Bugey par conceffion de l'empereur Henri III: il mourut vers l'an 1090, & laissa d'Adele fille de Gerard I, comte de Genève, Humbert II, furnommé le Renforcé, qui conquit la Tarantaise à la sollicitation d'Heraclius archevêque de Tarentaise, pour se délivrer des invasions d'Aymery, scigneur de Briançon; il prit le premier la qualité de comte de Piémont, comme héritier d'Adelaïde de Suse, son ayeule paternelle. Sa mort est marquée en 1103. Il épousa Gisle fille de Guillaume II, dit Tête hardie, comte de Bourgogne, de Vienne & de Mâcon, & de Gertrude de Limbourg, dont il eut Amé III que l'empereur Henri IV créa comte de l'Empire l'an 1107, ou 1111, felon d'autres ; il eut quelque différends avec le roi Louis le Jeune, qui furent terminés par Pierre le vénérable, abbé de Cluny. Il mourut l'an 1149, & eut de Mahaut fille de Guy VI, comte d'Albon & de Grenoble, & d'Agnès de Barcelone, Humbert III, furnommé le Saint. Ce prince fit de grandes libéralités à plusieurs églises: il prit le parti du pape Alexandre V, contre l'empezeur Frédéric Barberouffe, qui, pour s'en venger, donna aux évêques de Turin, de Maurienne, de Tarentaise, de Genève & de Bellai, la temporalité de leurs diocèles, & les déclara princes de l'Empire. Humbert mourut en odeur de sainteté à Chambery, le 4 mars de l'an 1188: il n'eut point d'enfans de Faydide fille d'Alphonse I, comte de Toulouse, mais il eut de Germaine fille de Bertold IV, due de Zernigen; Agnès de Savoye ; & ensuite de Beatrix fille de Gerard comte de Vienne & de Mâcon qu'il épousa en troisièmes nôces, Tomas I, qui régna après lui. L'empereur Philipe de Suéve donna à celui-ci l'investiture de tous les états qu'il possédoit avec les villes & châteaux de Quiers & de Testonne en Piémont, & le château de Modon dans le pays de Vaud: Amé seigneur de Pontverre lui céda tout ce qui lui appartenoit depuis Lausane jusqu'au mont faint Bernard: l'empereur Frédéric II le fit vicaire de l'Empire dans le Piémont, & dans la Lombardie : les villes de Savone & d'Albenga se mirent sous sa protec

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tion, & promirent de lui remettre toutes leurs terres sur la riviere de Genes ce qui causa quelques brouilleries entre lui & la république de Genes: il acquit de Berlion, vicomte de Chambery tous les droits qu'il avoit sur la ville & fur le territoire de Chambery, & ensuite il fit de cette ville la capitale de ses états déçà les monts ; il mourut à Aoste le 20 janvier 1233. Il lailla de Marguerite de Foucigny fille unique & héritiere de Guillaume seigneur de Fouci. gny, Amé IV, qui remit à fon obéissance la ville de Turin, laquelle s'en étoit soustraite durant le regne de son pere, & par le même traité, Boniface marquis de Montferrat lui céda tous les droits qu'il pouvoit avoir fur cette ville. Il acquit la seigneurie de Rivoles l'an 1236, & deux ans après l'empereur Frédéric II. érigea en sa faveur les seigneuries d'Aoste & de Chablais en duchés. Il mourut au château de Montmelian, le 24 juin 1253, laitsant d'Anne fille d'André de Bourgogne, dit Dauphin, comte de Vienne, de Gap & d'Albon, qu'il époula en premiere nôces, Beatrice & Marguerite, & de Cecilie de Beaux, furnommée Passe-Rose, à cause de son excellente beauté, fille de Barral, premier seigneür de Beaux & de Venaiffin, & vicomte de Marseille; Boniface qui lui succéda, & qui, après avoir remporté une victoire signalée, près de Rivoles, sur Charles d'Anjou, comte de Provence, & fur Guillaume de Montferrat, mourut de déplaisir d'avoir été battu par ceux d'Ast, dans la plaine de Turin. Comme il ne lailla point de postérité, ses sœurs Béatrix, Constance & Léonor prétendirent lui fuccéder; mais elles en furent exclues par la loi falique, & Pierre de Savoye, comte de Romond son oncle, fut déclaré fon fuccesseur présomptif, même au préjudice des enfans de Thomas, comte de Maurienne & de Flandre, fon frere aîné, parce que le droit de primogéniture n'étoit pas encore établi dans la maison de Savoye. Ce prince se rendit maître de Turin, malgré la résistance des habitans : il repassa en Angleterre, où l'empereur Richard son neveu lui donna l'investiture des duchés de Chablais & d'Aofte, & lui confirma le titre de vicaire de l'Empire; & en 1218, après la mort de Berthold V, dernier duc de Zeringen, il acquit la seigneurie de Vaud, dont il poslédoit déja la plus grande partie. La ville de Berne se mit sous sa protection Tan 1266, contre Everard d'Hasbourg, comte de Lauffemberg, qui vouloit l'envahir, & ce fut en exécution de ce traité que Rodolphe, seigneur de Stralinguen, lui fit hommage dans l'église de cette ville: fa mort arrivée le 7 juin 1268, fit passer la couronne de Savoye à Philippe son frere; parce qu'il ne laissa d'Agnès de Foucigny, qu'une fille nommée Béatrix, qui épousa en premieres nôces Guy Dauphin de Viennois, & en secondes Galton, vicomte de Bearn. Philippe fit d'abord la guerre à Guy Dauphin son neveu; mais elle fut terminée par la médiation de Marguerite, reine de France; les Bernois le reconnurent pour protecteur, ensuite pour seigneur souverain, par acte du 8 septembre 1268, lui remettant les péages, la monnoie & la justice de la ville pour en jouir avec la même autorité que les empereurs & les rois des Romains. Il fit lever le siége de Neuchâtel à Rodolphe, comte d'Hafbourg, & après cette expédition la ville de Nyon se donna à lui. Il mourut le 17 novembre 1285, & choisit pour son successeur Amé de Savoye son neveu, seigneur de Bresle & de Baugé, second fils de Thomas de Savoye, comte de Flandre, & de Béatrix de Fiesque, qu'il avoit épousée en secondes nôces. Ce prince qu'on furnomina le Grand, à cause de sa valeur, acheta la seigneurie de Revermond de Robert, duc de Bourgogne. Il assista ceux de Fribourg contre les Bernois. L'empereur Henri VII le créa en 1310, lui & ses successeurs, prince de l'Empire, en reconnoissance d'avoir beaucoup contribué à son élection, & deux ans après, la ville d'Yvrée le reconnut pour son souverain, par la négociation d'Albett de Gonzague, qui en étoit évêque; il fut arbitre des différends des rois de France & d'Angleterre, & cimenta cette paix par le mariage de Marguerite de France, sœur de Philippe le Bel, avec Henri d'Angleterre. II mourut le 16 octobre 1323. Edouard son fils, furnommé le Libéral, lui succéda. Son regne ne fut que de fix ans, on l'accuse d'avoir fait un notable préjudice à sa maison en donnant la liberté à ceux de Berne, qu'il affranchit de la souveraineté des comtes de Savoye. Aymon fon frere, lui fuccéda. Ce fut un prince fort sage, aimant la justice & ne s'appliquant qu'à maintenir la paix dans ses états. 11

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