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& flanqué de cinq groffes tours. La cour en eft petite & fermée du côté de l'avenue par une très belle grille de fer. L'appartement du roi eft grand, commode & magnifiquement meublé. La premiere piece dont il eft compofé, eft une grande falle de cinquante pieds de longueur, fur environ trente de largeur. Cette piéce eft toute lambriffée, & ornée des portrais de Louis XIV, de M. le dauphin fon fils, de M. le dauphin fon petit-fils, de Me. la dauphine morte en 1712, du roi d'Espagne Philippe V. & de la feu reine fa premiere femme. Une grande carte du duché de Rambouillet, peinte fur toile & ornée d'une belle bordure, occupe un espace de vingt-fept pieds de long, fur douze de large. C'eft un morceau magnifique dans fon genre, & qui a couté dix mille écus. Les autres appartemens au nombre de vingt-deux font tous différemment meublés, & ne fe reffemblent que par la propreté & la richeffe des meubles. Les appartemens du bas font au rez-de-chauffée du jardin, & tous auffi-bien éclairés que ceux d'en-haut. Il y a une grande falle à manger, qui eft toute incruftée de marbre, & qui feroit une piece parfaite, fi elle n'étoit un peu balle. En face du château, où du côté des jardins, eft une grande pièce d'eau de cent quatre-vingts toifes de longueur, laquelle en cet endroit communique avec un beau canal qui regne le long du jardin, & qui fans compter le retour qu'il a du côté de la futaye, & du côté de l'abreuvoir, a environ trois cents quatre-vingts toifes de longueur fur vingt de largeur.

Le jardin eft fort grand, &, pour ainfi dire, partagé en deux par le château. D'un côté c'eft un fpacieux quinconce de tilleuls nouvellement plantés ; & de l'autre ce font plufieurs compartimens de gazon & de fleurs, parmi lesquels il y a une grande & belle piéce d'eau. Le jardin de ce même côté eft bordé par deux longues allées de tilleuls. Depuis quelques années on a fait une magnifique pièce d'eau entre ce jardin & le grand chemin de Chartres. Elle a quatrevingt-dix toifes de longueur fur quarante-cinq de largeur. Le parc contient deux mille quatre cents arpens, en y comprenant les aggrandiffemens que l'on y fit en 1712, &

cn 1713.

La forêt ou les bois confiftent en vingt-huit mille deux cents foixante & onze arpens, dans lesquels on a tracé plus de trois cents lieues de routes pour le plaifir de la challe.

La terre de Rambouillet n'étoit autrefois qu'un marquifat, qui paffa de la maifon d'Angennes dans celle de Sainte-Maure Montaufier, & de celle-ci dans celle d'Uzès. Elle fut enfuite vendue à M. d'Armenonville, qui la vendit à M. le comte de Toulouse. Jusqu'alors ce n'étoit qu'une terre d'environ dix mille livres de rente; mais elle a aujourd'hui trente à trente-cinq lieues de pourtour, & vaut plus de cent mille livres de rente. Louis XIV l'érigea en duché-pairie en 1714.

François I mourut dans le château de Rambouillet en 1547,& fon cœur fut porté dans l'église des religieufes de Haute-Bruyere, où il eft fous un pilier de marbre.

RAMBURE, bourg de France dans la Picardie, en Vimieu, élection d'Amiens. Il y a environ mille habitans. C'est une ancienne châtellenie & firie, fituée dans une plaine, à quatre lieues d'Abbeville, à une & demie d'Oife& à égale distance de Gamaches. La cure vaut mille livres de rente, & dépend du chapitre de faint Firmin d'Amiens. Le terroir eft excellent pour les blés & autres grains. Il y a un beau & fort château à l'antique.

mont,

RAME ou ROAME, ville d'Italie, dans les Alpes : l'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Milan à Arles, en prenant par les Alpes Cottiennes. Elle étoit entre Brigantio & Eburodunum, à dix-neuf milles du premier de ces lieux, & à dix-huit milles du second. C'est maintenant un village du Dauphiné, fur la Durance, à deux lieues audeffous d'Ambrun, près du paffage des Alpes, appellé le Pertuis Roftan. Il y avoit du tems de l'empereur Frideric Barberouffe, près de ce lieu, une mine d'argent, que ce prince donna aux dauphins.

RAMERU, Ramerucum, bourg de France, dans la Champagne, élection de Troyes, fur la riviere d'Aube, au levant d'Arcis. C'eft une baronnie qui appartient depuis long-tems à la maifon de Luxembourg. Ce bourg eft encore remarquable par une abbaye de l'ordre de cîteaux, appellée la piété. Erard, comte de Brienne, & Philippine de Champagne, fa femme, la fonderent pour des filles, en

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1260. Elle fut donnée à des religieux en 1440. Elle est réguliere.

RAMESSÉS, ville bâtie par les Hébreux, 'du tems qu'ils étoient en Egypte. (Exod. 1, 11.) Elle prit apparemment fon nom du roi du pays, qui les faifoit travailler. On n'en fait pas la fituation. Herodote, l. 2,6. 59,71 &165 parle de Papremife, dans la baffe Egypte, & Pline, l. 6, c. 27, joint les Ramifes & les Patamiens aux Arabes, du côté de l'Egypte. Sur quoi D. Calmet, Dict. remarque que ces Ramifes & ces Patamiens étoient apparemment les peuples qui habitoient les villes de Pithom & de Ramefsès.

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1. RAMETH ou RAMATH, (a) ou BEER-RAMATH (b) ou RAMOTH DU MIDI : () tous ces noms ne fignifient que la même chofe; favoir une ville de la tribu de Simeon, dans la partie méridionale de cette tribu.* (1) Jofué, 19, 21. (b) Jofué, 19, 8. (c) 1 Reg. 30, 17. 2. RAMETH, ville de la tribu d'Iflachar. Il en eft parlé dans Jofué, 19, 21. C'est la même qui eft appellée Ramoth, dans le premier livre des Paralipomenes, 6, 73, & c'eft apparemment encore la même, qui eft appellée Jaramoth, dans Jofué, 21, 29. C'étoit une ville attribuée aux Lévites.

.

RAMETTA. Voyez ROMETTA.

RAMEY, abbaye de filles, ordre de cîteaux, dans le Brabant Walon, fur la Geete, une lieue au-deffus de Judoigne, & dépendante pour le fpirituel du diocèfe de Namur.

RAMHERMEZ. Voyez au mot RAM, l'article RAMHERMES.

RAMHERMOZ ou RAMHOR MOUz, ville de la petite province nommée par les Arabes Ahuaz, & qui fait partie de l'ancienne Chaldée. Soliman Farfi, dont la mémoire eft en bénédiction parmi les Arabes & les Perfans, étoit natif de cette ville. * D'Herbelot, Biblioth. or.

RAMI. D'Herbelot dit: Cezirat al Rami, c'est-à-dire l'ile dé Rami. C'eft une des ifles de la mer des Indes, qui n'eft éloignée de celle de Serendib ou Ceylan, que de trois journées de navigation. Son terroir eft très-fertile, & porte l'arbre que les Arabes appelleut Bacam, & que nous nommons le bois de bréfil, qui fert à la teinture. On y trouve auffi l'animal que les Arabes & les Perfans appellent kerkedan, qui eft le rhinoceros.

RAMIERS, (iflet à) petite ifle, baye ou rocher dans l'Amérique feptentrionale, fituée auprès de la paroiffe du Lamentin, & vis-à-vis à une lieue, au fud du fort Royal de la Martinique ; ce rocher prend fon nom de la quantité de ramiers que l'on y trouve ordinairement.

RAMILLIES, village des Pays-Bas, dans le Brabant, dans la partie méridionale du quartier de Louvain, vers la fource de la Geete. Ce village n'eft remarquable que par la bataille qui s'y donna en 1706, de 23 de Mai, & que les alliés, commandés par le lord duc de Marlebouroug, gagnerent fur les François, qui avoient à leur tête l'électeur de Baviere & le maréchal duc de Villeroy.* De l'Ifle, Carte du Brabant.

RAMISI, peuples Arabes, felon Pline, l. 6, c. 28, qui les place aux environs de l'Arabie déferte.

RAMLAH, ville du pays que les Arabes appellent Fa lastin, qui est la Palestine. Cette ville eft fituée à une petite journée de Jerufalem. Les Mufulmans réverent affez près de ce lieu le tombeau de Locman, furnommé Alkakim le Sage, auffi-bien que les fépulcres de foixante & dix prophétes, qu'ils croyent y être enterrés. C'est cette même ville que nos voyageurs appellent Rama, par où paffent les pèlerins qui débarquent à Jafa, pour aller à Jerufalem. *D'Herbelot, Biblioth. or.

RAMLAS (le royaume de ) étoit un démembrement de Fempire des Seljoucides d'Iconium. Les émirs de cet empire s'emparerent de tous les pays voifins, & formerent onze petits royaumes dans l'Afie mineure. Celui de Ramlas étoit poffédé par Arkhan, fils de Mantascha : la capitale étoit Foukeh. Il pouvoit mettre trois mille hommes fur pied. Ces princes, dans la fuite, devinrent les plus puis-. fans de tous ceux qui avoient partagé l'empire des Seljoucides: ils foumirent tous les autres émirs; enfin c'eft le berceau de l'empire ottoman. Hift. générale des Huns, par M. de Guignes, l. 3, p. 76, 77.

RAMMEKENS ou RAMEKENS, fortereffe des PaysBas, dans l'ifle de Walcheren, fur la mer en Zeelande. Elle

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eft à une petite lieue de Fleffingue, & à une grande lieue de Middelbourg. On la nomme autrement Zeebourg.*Dict. géog. des Pays-Bas..

RAMMELSBERG, grande montagne d'Allemagne, (a) dans la Saxe, au-deffus de la ville de Goflar. Elle n'eft couverte que de brouffailles, comme un défert. D'un côté elle touche au Hartz. Au pied on voit une belle fontaine, (b) nommée la fontaine des enfans, parce que fous la voute qui la couvre, il y a deux enfans de pierre. Après la mort de l'empereur Otton le Grand, les mines de cette montagnes ont appartenu aux empereurs jusqu'à l'année 1235. Mais fous le régne de l'empereur Fréderic II, le duc Otton, tige de tous les ducs de Brunswig-Lunebourg, en fut invefti à la diete de l'empire, tenue à Mayence le 21 d'août 1235. Sa postérité les pofféda jusqu'à l'an 1359, qu'Erneft l'aîné, duc de Grubenhagen, Magnus l'aîné, duc de Brunswig, & Erneft le jeune, duc de Gottingen, les engagerent au magiftrat de la ville de Goflar, qui les pofféda tranquillement l'espace de cent quatre-vingtdix ans, jusqu'à ce que Henri le jeune, duc de Brunswig & de Lunebourg, les retira en 1552, après de grandes conteftations. Ces mines, avec leurs dépendances, refterent dans fa maison jusqu'en 1634, que fa poftérité mâle étant éteinte, fes héritiers les ont poffédées en commun, en vertu de l'accord fait entr'eux. On y trouve de l'argent & d'autres métaux & minéraux, dont on peut voir la lité & le nombre dans l'auteur cité en marge.* (a) Zeyler, Topog. (b) Ducat. Brunswic-Luneb. p. 169.

RAMNUS. Voyez RHAMNUS.

qua

RAMOTH, ville célébre dans les montagnes de Galaad, On l'appelle fouvent Ramoth de Galaad, quelquefois Romoth fimplement; quelquefois Ramoth de Mas pha, (a) ou de la fentinelle. Jofeph la nomme Ramathan, ou Aramatha. Elle appartenoit à la tribu de Gad : elle étoit affignée pour demeure aux Lévites, (b) & c'étoit une des villes de refuge d'au-delà du Jourdain. () Ramoth devint célébre, durant les regnes des derniers rois d'Israël; & fut l'occafion de plufieurs guerres, entre ces princes & les rois de Damas qui l'avoient conquife, & fur lesquels les rois d'Israël, à qui elle appartenoit, vouloient la re prendre. (d) Joram, roi de Juda, fut dangéreufement bleffé au fiége de cette place, (e) & Jéhu, fils de Namfi, y fut facré roi d'Israël par un prophéte, envoyé par Elifée. (f) Achab, roi d'Israël, fut tué dans un combat, qu'il livra aux Syriens devant cette place. (5) Eufébe dit, que Ramoth étoit à quinze milles de Philadelphie, vers l'orient. Saint Jerôme la met dans le voifinage de Jabock & par conféquent au feptentrion de Philadelphie. * (a) Jofué, 13, 26. La vulgate en fait deux villes, Ramoth & Masphé. (b) Deuter. 4, 43, 20, 8. (c) Josué, 20, 8, 31, 37. (d) 3 Reg. 22, 3, 4. & feq. (e) 4 Reg. 8 28, 29. 2 Par. 22, 5. (f) 4 Reg. 9, 1, 2, 3, &c. (5) 2 Par. 18, 3, 4, 5, &c.

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RAMPANO, RAPANI, ou RAPINI, port & bourgade de la Morée, dans le Brazzo di Maina, fur la côte du golfe de Colochine. Le port Rapani, felon la Guilletiere, dans fa description d'Athènes, ancienne & nouvelle, page 66, étoit autrefois la ville de Geronthra. Ce port fe découvre de loin, fur-tour quand on vient du fudTud-eft, à caufe de deux montagnes, extrêmement rondes qui l'enferment. Il y a dans cet endroit de la côte des caux douces qui font excellentes.

1.RAMSEY, bourg d'Angleterre, dans Huntingtonshire. Il a droit de marché public, & il a été fameux autrefois par les richeffes de fon abbaye. * Etat préfent de la grande Bretagne. t. 1, p. 74.

2. RAMSEY, bourg d'Angleterre dans l'ifle de Man. Il elt fitué fur la côte orientale, & il ne faut pas le confondre avec celui qui fait le sujet de l'article précédent. * De l'Ifle, Atlas. Robert.

RAMSLO ou RAMESLO, chapitre d'Allemagne, au duché de Lunebourg. Il doit fa fondation à faint Anscher, ar-, chevêque de Hambourg, qui étant contraint de fe fauver avec fon clergé, pour éviter la fureur des Pirates, qui pillerent & brûlerent la ville de Hambourg, trouva une dame charitable, nommée Jekia, laquelle lui donna un terrein pour bâtir une habitation dans un bois, nommé Ramsloa. L'empereur Louis le Débonnaire, engagea Walgare, évêque de Werden, dans le diocèfe duquel fe trouvoit ce lieu, à le céder à l'archevêque de Hambourg. Cette

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RAMULA, nom que Guillaume de Tyr, l. 10, c. 16, donne à la ville de Rama ou Rames, dans la Palestine Voyez RAMA, no 3.

RANAH, RANEH ou RANEG. C'eft le nom d'une ifle de la mer d'Oman & Etkend, qui eft l'ccéan éthiopique que les géographes orientaux placent dans le premier climat, à cent milles ou environ des côtes de Zanguebar & de la Cafrerie. Cette ifle jette du feu, auffi-bien que plufieurs autres ifles plus petites qui font à l'entour; & l'on y voit des ferpens fi terribles, qu'ils renverfent les hommes, & même les buffles. Abdal Môal écrit dans le premier climat de fa géographie perfienne, que le nom de Raneg' fe donne à toutes les ifles qui font dans l'océan éthiopique ou méridional, & qui jettent du feu; mais que la plus grande de toutes porte en particulier le nom de Serendah. * D'Herbelot, Biblioth. orient.

RANALS, RONALS, RONANS Ou RONALSA. Ce nom eft commun à deux ifles, comprises parmi les Orcades, & que par oppofition on nomme North-Ronalfa & SouthRonalfa. L'état préfent de la grande Bretagne, t. 2, p. 303 ? dit

que North-Ronalfa eft, de toutes les Orcades, celle qui avance le plus du côté du nord, & qu'elle a environ trois milles de longueur, & un demi-mille de largeur. Quant à l'ifle South-Ronalfa, voyez au mot Ifle, Particle l'ile de South-Ronalfa. Corneille, Dict. qui cite Maty, met fur le compte de ce dernier une impertinence dont il n'eft pas cou pable: il lui fait dire, que ces deux ifles ne font féparées de l'Ecoffe que par le détroit de Pichtland. Comment une ifle au nord des Orcades, & une ifle au fud des Orcades, pourroient-elles avoir un détroit commun? La bévue eft de la façon de Corneille, qui a attribué à ces deux ifles co que Maty dit feulement de l'ifle de South-Ronalfa.

RANCE, riviere de France, dans la Bretagne. Elle a fa fource dans les bois du diocèfe de faint Brieu, près de Moncontour, & après avoir paffé au bas de la ville de Dinan, & dans le monaftère de faint Magloire de Léon, elle va fe perdre dans la mer à la tour de Solidor, près de faint Malo.* Coulon, Riviere de France, p. 226.

RANCHERIA, ifle de la mer du fud, au nord de l'ifle de Quibo, & au fud-oueft de celles de Canales & de Cantarras. L'ifle de Rancheria, dit Dampier, Voyage autour du monde, t. 1, c. 8, n'eft pas grande. On y voit quantité d'arbres de palme marie. Cet arbre eft grand & droit, & il a la tête petite; mais il eft fort différent du palmier, nonobftant la reffemblance des noms. Il eft fort eftimé pour faire des mâts, parce qu'il eft fort, & de bonne longueur. Les veines de ce bois ne vont pas droit tout le long de l'arbre, mais circulent tout à l'entour. Ces arbres croiffent en plufieurs endroits des Indes occidentales, & les Anglois, auffi-bien que les Espagnols, s'en fervent beaucoup.

1. RANÇON, petite riviere de France, dans la Normandie, au pays de Caux. Elle a fa fource au nord du village de Rançon, palle à faint Vandrille; & après avoir fait tourner quelques moulins, & reçu le ruiffeau de Caillouville, elle va fe décharger dans la Seine, près de la ville de Caudebec.* Corn. Dict.

2. RANÇON, bois de France, dans la baffe Marche : il dépend de la maîtrise des eaux & forêts de Gueret, & contient onze cents quatre-vingt-dix arpens.

3.RANÇON (cap de la) ou rescate. Cap d'Afrique fur la côte occidentale, entre Arguin au nord, & Portendic au midi. Carte de l'océan occid. par M. Bellin.

RANCULAT, ville aux environs de la Syrie & de l'Euphrate, felon Guillaume de Tyr, cité par Ortelius, Thefaur.

RANCY-LES VILLARO, paroiffe de France, dans la Bourgogne, recette de faint Laurent, fur le bord de la riviere de Seille. C'eft un pays de plaines, & le paffage pour aller de Louhans à la riviere de Sône.

RANDANS, en latin Randanum, ville de France, dans la baffe Auvergne, près de l'Allier, entre Maringues & Vichy.

Le connetable du Guesclin mourut de maladie le 13 Juillet l'an 1380 devant cette place qu'il affiégeoit. RANDASSO, ville de Sicile, dans le Val Demone, vers la fource de la riviere Cantara, au pied du mont Etna, du côté du nord. Tout auprès de cette ville, du côté du couchant, on voit les ruines de Randaffo-Vecchio, qui étoit, felon les apparences, l'ancienne Tiffa. * De L'Ifle, Atlas.

RANDASSO-VECCHIO. Voyez l'article précédent. RANDEIA, ville de l'Arménie, fur le bord du fleuve Arfanius, felon Ortelius, Thefaur. qui cite un fragment de Dion Caffius.

RANDERSEN ou RANDE, en latin Randrufium, ou Randrufia Civitas, ville du Danemarck, dans le nord Jutland. Elle n'eft pas éloignée de l'embouchure de la riviere Gude ou Gute, dans la mer Baltique. Aux environs on recueille beaucoup de bled, & la pêche du faumon eft confidé. rable. Cette ville eft fort ancienne. Abel duc de Schleswic, la brûla en 1247. Le comte Gerhard de Holstein, furnommé le Chauvre, y fut tué en 1340.* Rutgeri Hermannida Descr. Daniæ, p. 770.

RANDULFO,( S. André de ) abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, en Portugal, dans la province EntreDuero e Minho, au diocèfe & à deux lieues au nord de Brague. Elle eft confidérable.

RANGAMATI, ville des Indes, à l'extrémité des états du grand Mogol, du côté de l'orient, à 27a de latitude nord. On prétend que de cette ville on peut fe rendre en quinze jours à la province d'Yunan, dans la Chine. Mais les chemins ne font aucunement frayés, & le milieu des terres eft occupé, à ce qu'on affure, par des princes, qui refusent de donner paffage aux étrangers. On regarde le voyage de Daca à Rangamati comme très-dangereux; & c'est un proverbe commun à Bengale, que de deux perfonnes qui vont à Rangamati, il y en a toujours une qui refte. Le pere Barbier, miffionnaire de la compagnie de Jefus, a fait cette route, & nous en a donné une description, Letzres édif. t. 8, p. 406. Nous partimes, dit-il, de Daca auffi-tôt après la tête des Rois, pour Rangamati, & nous fumes trois femaines à nous y rendre, à caufe de la violence des courans qui obligeoient fans ceffe de hâler la cordelle. L'eau étoit extrêmement claire: auffi ne navigeoit-on plus fur le Gange, dont l'eau eft par-tout bourbeufe, mais fur une riviere particuliere, qui venant de l'eft, fe jette dans le Gange, au-deffous de Daca, de laquelle on ne connoît pas encore la fource. Le cinquième ou fixième jour, continue le pere Barbier, nous abordâmes à une bourgade toute chrétienne, nommée Offumpur, où nous ne reftâmes qu'un jour. La route que nous trouvâmes fut pénible. C'étoit un pays défert, dont le climat eft très froid. La riviere, comme il arrive en cette faison, étoit couverte de continuels brouillards, qui ne permettoient pas de voir à dix pas. Le courant d'ailleurs étoit rapide, & des pierres à fleur d'eau, & en d'autres endroits des bancs de fable préfentoient des périls continuels.

Lorsque le pere Barbier & fa compagnie furent arrivés à Rangamati, ils ne trouverent que des gens pâles, défigurés, qui portoient fur le vifage les indices de la fièvre qui les confumoit au-dedans. Il apprit d'eux que la contrée avoit été infettée d'un monftre épouvantable; c'étoit un ferpent d'une groffeur fi prodigieufe qu'en rempant, il frayoit un chemin de huit ou dix pieds de large. Il fe retiroit d'ordinaire dans une montagne peu éloignée de Rangamati, en remontant la riviere. De-là il découvroit aifément le cours du fleuve, & auffi-tôt qu'il appercevoit quelque bateau, il descendoit à tems, fe plongeoit dans l'eau, renverfoit le bateau, & dévoroit tous ceux qui y étoient. Ce fléau dura jusqu'à ce qu'un criminel condamné mort s'offrit de purger le pays de ce monftre, pourvû qu'on lui accordât la vie. Son offre ayant été acceptée, il trouva moyen de remonter la riviere jusqu'au-deffus de l'endroit où étoit le dragon. Il conftruifit plufieurs figures d'hommes de paille, qu'il couvrit de vêtemens, & dont le corps étoit rempli d'hameçons, de crocs, de harpons qui tenoient à différentes cordes attachées à un même cable, qui étoit fortement lié au pied d'un arbre. Il lança à l'eau ces hommes de paille, plantés sur des bananiers Hottans,

à

avec lesquels ils furent emportés par le courant. Le ftratagême réuffit: le dragon les ayant vûs, descendit pour les engloutir; mais il y refta déchiré par cette quantité de crocs & de harpons qu'il avoit avallés. Pour moi, ajoute le pere Barbier, j'ai compté dans ce parage jusqu'à onze crocodiles étendus fur le fable, dont trois ou quatre paroisfoient avoir vingt-cinq ou trente pieds de longueur.

RANGERAID, petite ville d'Allemagne, au duché de Juliers, près de Gelekirck, fur la riviere de Worm. Cette place fut prife en 1642, par M. Rofa, général-major du duc de Saxe-Weimar.* Zeyler, Topogr. Ducat. Jul.

RANGEVAL ou RAINVAL, en latin Regalis Vallis: abbaye de France, au diocèfe de Toul, vers les confins du Barrois, à une grande lieue de Commerci. C'eft une abbaye de l'ordre de prémontré, en régle, élective & de la réforme. Elle fut fondée en 1140, par Raynard, comte de Bar.

RANGNIT, ville du royaume de Pruffe, dans le cercle de Samland, fur le bord méridional de la riviere de Niemen, à quelques milles des confins de la Samogitic. * Homan, Carte du royaume de Pruffe.

RANRAN, province des Indes, au royaume de la Cochinchine, dans fa partie méridionale. Cette province eft fort belle, pleine de ports de mer, & de grandes rivieres qui donnent beaucoup de commodité à ceux qui voyagent. Le roi a plufieurs galeres dans les ports de cette province, afin d'empêcher les invasions de Champa, qui est limitrophe. C'est dans cette province qu'on trouve le plus précieux calamba & les nids qui donnent fi bon goût aux viandes. La capitale de la province, s'appelle auffi RANRAN.* Le P. Alexandre de Rhodes, Voyage, 2 F. C. 17.

RANI ou RAMI, peuples de la Sarmatie Afiatique, felon Pline, l. 6, c. 7. Le P. Hardouin préfére la derniere ortographe.

RANIENSIS : Elianus episcopus Ranienfis affifta au concile de Conftantinople, tenu fous l'empereur Theodofe le Vieux. * Ortelius, Thefaur.

RANSTAD, village d'Allemagne, dans la Misnie, au diocèfe de Merfbourg. C'eft là que fut conclu le traité de paix de l'an 1707, entre Charles XII, roi de Suede, & le roi Augufte.

RANTZOW, château d'Allemagne, au duché de Holstein, dans la Wagrie, au nord d'Eutin & de Ploen. (Rutgeri Hermannid. Descr. Daniæ, p. 1004.) C'est l'ancienne réfidence des comtes de la maifon de Rantzaw Henri de Rantzaw, gouverneur du duché de Holstein, pour le roi de Danemarck, fit démolir l'ancien château, & en fit bâtir un d'une belle architecture, & à l'italienne en 1595. Ce feigneur avoit alors foixante-dix ans ; ce qui occafionna les vers fuivans, qu'il fit mettre fur une pierre du château :

Hac domus eft domuum forfan poftrema mearum,
Inftat enim vita jam prope meta mea.
Hoc opus eft operum poftremum forte meorum,
Sentio enim gelidam non procul effe necem.
Quare trado manum: mortalia cuncta valete;

Mi domus in celfo eft adificanda Polo.

RAOLCONDA, lieu des Indes, renommé par une mine de diamans qui s'y trouve. Il eft fur les terres du roi de Vifapour, dans la province de Carratica, à cinq journées de Golconde, & à huit ou neuf de Vilapour. Du tems que Tavernier écrivoit la relation de fon voyage des Indes, il n'y avoit que deux cents ans que cette mine de Raolconda avoit été découverte. Tavernier, Voyage des Indes, l. 2, c. 15.

La terre eft fablonneufe, & pleine de roches & de taillis autour de la mine, à peu près comme autour de Fontainebleau. Il y a dans ces roches plufieurs veines, tantôt d'un demi-doigt de large, & tantôt d'un doigt entier. Les mineurs ont de petits fers crochus par le bout: ils les fourent dans ces veines pour en tirer le fable ou la terre qu'ils mettent dans des vaiffeaux; & c'eft dans cette terre qu'on trouve les dianans. Cependant comme ces veines ne vont pas toujours droit, & que tantôt elles montent, tantôt elles baiffent, ils font contraints de caffer ces roches, en fuivant néanmoins toujours la trace des veines. C'eft dans cette mine de Raolconda, › que Le trouvent

les pierres les plus blanches d'eau; mais le mal eft, que pour tirer plus aifément le fable de ces rochers, on donne de fi grands coups d'un gros levier de fer que cela met des glaces dans le diamant. C'eft ce qui fait qu'on trouve à cette mine quantité de pierres foibles; car dès que les mineurs voyent une pierre où la glace eft un peu grande, ils fe mettent à la cliver, c'eft-à-dire, à la fendre, à quoi ils ne font pas beaucoup plus ftylés que nous. Ce font les pierres que nous appellons foibles, & qui font de grande montre. Si la pierre eft nette, ils ne font que la paffer deffus & deffous la roue, & ne s'amufent point à lui donner de forme, de peur de lui ôter fon poids. S'il y a quelque petite glace, ou quelques points, ou quelque petit fable noir ou rouge, ils couvrent toute la pierre de facettes, afin qu'on ne voye point les défauts qu'elle a; & s'il y a quelque glace fort petite, ils la couvrent de T'arrête de l'une des facettes. Mais il faut remarquer que le marchand aimant mieux un point noir dans une pierre qu'un point rouge, quand il y a un point rouge, on brûle la pierre, & il devient noir.

Le négoce fe fait aux mines librement & avec facilité. On paye, de tout ce que l'on achette, deux pour cent au roi, qui tire auffi un droit des marchands, pour avoir la permiffion de faire miner. Ces marchands, après avoir cherché avec les mineurs, qui favent les endroits où l'on peut trouver des diamans, prennent une place d'environ deux cents pas de tour, où ils employent cinquante mineurs & quelquefois cent, felon qu'ils veulent que le travail aille vite. Du jour que l'on commence à miner, jusqu'à ce que l'on finiffe, ces marchands, pour cinquante hommes, payent tous les jours au roi deux pagodes, & quatre quand ils en employent cent. Ces pauvres gens ne gagnent tous les ans que trois pagodes, encore faut-il qu'ils foient de ceux qui favent bien leur métier. Comme leurs gages font fi modiques, ils ne fe font point un fcrupule, en cherchant parmi le fable, de cacher, s'ils peuvent, une pierre à leur profit ; & comme il font tout nuds, à la réferve d'un petit linge qui leur couvre ce que la pudeur ne permet pas de nommer, ils tâchent adroitement d'avaler cette pierre. Pour prévenir ces larcins, für cinquante mineurs il y a douze à quinze perfonnes gagées du marchand, pour prendre garde qu'on ne dérobe rien. Si par hafard un mineur trouve une pierre qui pefe au-delà de fept à huit mengelins, il court la porter au maître qui fait miner, & il a pour récompenfe le farpo, qui eft une piece de toile pour faire un toque ce qui peut valoir vingt-cinq à trente fols. Outre cela il a demi-pagode, ou même une pagode, quand on ne lui donne pas le ris & un plat de fucre. Les marchands, qui vont à la mine pour négocier, fe tiennent dans leur logis, & tous les matins fur les dix à onze heures les maîtres des mineurs, après qu'ils ont diné, (car les banianes ne fortent jamais de leur logis fans avoir lavé leur corps, & fans avoir mangé ;) ces maîtres des mineurs, dis je, leur apportent des diamans pour les leur faire voir. Si les parties font groffes, & qu'il y ait plufieurs pierres qui pourroient valoir depuis deux mille jusqu'à quinze ou feize mille écus, ils les laiffent & les confient au marchand étranger pendant fept à huit jours ou davantage pour les bien confidérer. Quand ils reviennent, il faut que le marchand, fi les pierres lui convien nent, conclue en peu de tems le marché, autrement celui à qui appartient les pierres les reprend, les lie dans le coin de fa ceinture ou de fa toque, ou de fa chemife, & s'en va fans qu'on revoye jamais les même pierres; ou du moins elles font mêlées avec d'autres, s'il revient pour apporter une autre partie. Lorsque le marché eft conclu, l'acheteur donne un billet de la fomme pour l'aller prendre auprès du cheraf, qui eft celui qui donne & reçoit les lettres de change. Si l'on eft convenu de payer dans trois ou quatre jours, & qu'on falle attendre davantage, il faut payer au vendeur fur le pied d'un & demi pour cent par mois d'intérêt. Le plus fouvent quand on fait que le marchand eft folvable, on aime mieux une lettre de change fur Agra, ou fur Golconde ou fur Vilapour, & principale ment fur la ville de Surate, où l'on va achetter des marchandifes qui viennent avec les vaiffeaux étrangers.

Il y a du plaifir à voir venir tous les matins les jeunes enfans de ces marchands, & d'autres gens du pays, depuis dix aus jusqu'à quinze à feize, qui vont s'affeoir fous un gros

arbre qui eft dans la place du bourg. Chacun a fon poids de diamans dans un petit fac pendu à un de fes côtés : de l'autre une bourse attachée à fa ceinture, où il y en a tel qui aura jusqu'à cinq ou fix cents pagodes d'or. Ils font là affis en attendant que quelqu'un leur vienne vendre quelques diamans, foit du lieu même, ou de quelqu'autre mine. Quand on leur apporte quelque chofe, on le met entre les mains du plus âgé, qui eft comme le chef de la bande. 11 regarde ce que c'eft, & le mettant dans la main de celui qui eft auprès de lui, la pierre va de main en main jusqu'à ce qu'elle revienne à la fienne, fans qu'aucun d'eux dife mot. Il demande enfuite le prix: & fi par hafard il l'achette trop cher, c'eft pour fon compte. Le foir, tous ces enfans font une fomme de tout ce qu'ils ont achetté, & regardent leurs pierres & les mettent à part, felon leurs eaux, leurs poids & leur netteté. Puis ils mettent le prix pour chacune à peu près comme elles fe pourroient vendre aux étrangers, & par ce dernier prix il voyent combien il eft plus haut que celui de l'achat. Enfuite ils portent leurs pierres aux gros marchands, qui ont toujours quantité de pierres à affortir; & tout le profit eft partagé entre ces enfans, le premier d'entr'eux ayant néanmoins un quart pour cent de plus que les autres. Quelque jeunes qu'ils foient, ils favent fi bien le prix de toutes les pierres, que fi l'un d'eux à acheté quelque chofe, & qu'il veuille perdre demi pour cent, un autre lui rend fon argent.

RAON ou RAON-L'ETAPE, ville du duché de Lorraine, au diocèle de Toul, dans le comté de Salmes, au pied du mont Vauge, à l'endroit où la riviere d'Etape fe décharge dans la Meurte; ce qui l'a fait appeller Raon-l'Etape, pour la diftinguer de Raon-fur-Plaine, bourg de la même contrée, fitué à la fource de la riviere de Plaine. La ville de Raon & celle de Saint-Dié ou Saint-Diey, font chef-lieu d'une prévôté.

La PRÉVÔTÉ DE RAON & DE SAINT-DIE ou SAINTDIEY, a été mife par les ducs de Lorraine fous le bailliage de Nancy. Elle eft dans les montagnes de Vauge, & s'étend jusqu'aux confins de l'Alface. La vallée dans laquelle la ville de Saint-Diey eft fituée, s'appelle le Val de Galilée, qui eft entre de fort hautes montagnes ; & le lieu où cette ville est fituée s'appelloit Junctura ou les Jointures. Ce n'étoit qu'un affreux défert, lorsque faint Deodat, appellé vulgairerement Saint-Diey, s'y retira, & y fonda un monaftère vers l'an 670. Les Lorrains prétendent qu'il n'eft d'aucun diocèfe; mais l'évêque de Toul le foutient être du fien, & alfurément à bon titre.* Longuerue, Desc. de la France, part 2, p. 148.

Les moines de faint Diey fe relâcherent fi fort dans le dixiéme fiécle, & devinrent fi fcandaleux, que le duc Frédéric qui mourut en 984, les chaffa & mit les chanoines ou clercs féculiers en leur place. L'église de faint Diey ou Dieudonné, ayant éte brûlée dans le onzième fiècle avec toute la maifon & les titres, les chanoines s'adrefferent au pape Leon IX, qui avoit été évêque de Toul, & qui étant en Lorraine en 1049, confirma les priviléges & l'exemption de cette églife collégiale, avec les droits quafi épiscopaux du grand prévôt de l'Eglife, dans fon territoire. Plufieurs perfonnes vinrent dans la fuite s'habituer aux environs du cloître de faint Diey, & le prévôt & les chanoines donnerent un grand quartier au duc de Lorraine, avec la feigneurie. Alors ce prince y fit bâtir des maisons qui augmenterent ce lieu. Matthieu II, duc de Lorraine, fit commencer l'enceinte des murailles, qui furent achevées en 1284, fous Ferri II. Elles ont fubfifté jusqu'à la domination des François. Le duc a la feigneurie entière de la ville de Raon, en latin Rado.

RAPA. Voyez RAPHIA. RAPALLO, ville d'Italie, dans l'état de Gènes, fur le golfe auquel elle communique fon nom.

Le GOLFE DE RAPALLO eft fort grand; on y voit plufieurs villes & villages. Il a environ une petite lieue d'ouverture & autant d'enfoncement. Dans le fond du Golfe, on voit deux villages, qui ne font féparés que par une pointe, fur laquelle eft un très-beau palais, avec une église auprès. Le village, qui eft du côté de l'oueft, fe nomme fainte Marie, & l'autre faint Michel. On pourroit mouiller devant le village avec des galeres, par cinq à fix braffes d'eau, fond d'herbe vafeux, & avec des vaiffeaux tenant un peu plus au large par quinze à vingt braffes. Il n'y a que

les

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les vents de fud-eft & de fud-fud-eft qui y donnent à plein. De l'autre côté du village de Saint-Michel eft la petite ville Rapallo, devant laquelle on pourroit mouiller de même dans une néceffité. Tout près de cette ville eft le village nommé Parage. Par le milieu du golfe, il y a grande profondeur d'eau.* Michelot, Port de la Méditer. p. 94.

RAPERSWYL, ville de Suiffe, aux confins du canton de Zuric, du côté du midi. Elle eft fituée fur une langue de terre, qui s'avance dans le lac de Zuric, en forme de promontoire, dont elle remplit toute l'étendue. Elle fut bâtie par un comte du vieux Raperswyl, en 1091. Elle demeura quelque tems fous la puiffance de fes comtes, jouisfant néanmoins de grands priviléges, qu'elle défendit jus qu'à l'an 1458; alors elle fe mit fous la protection de quelques cantons, comme on le verra plus bas. * Etat & délices de la Suiffe, t. 2, p. 52.

Il y a dans Raperswyl deux confeils, le grand & le petit. Ce dernier eft compoté de quinze perfonnes, compris l'avoyer, appellé Schultheis, le fecrétaire de la ville, nommé ftadschreiber, & l'adminiftrateur de la cour, autrement le grosweibel. Ces trois perfonnes peuvent y dire leur fentiment; mais leur voix n'eft point comptée. Le grand confeil eft compofé de vingt-quatre membres, fans compter les trois officiers dont il vient d'être parlé, qui ont voix pondérante, c'est à-dire, que l'opinion d'un d'entre eux decide en tas de partage. Le petit confeil juge fans appel; il a néanmoins la liberté de propofer au grand confeil les affaires difficiles & épineufes. Tous deux enfemble dispolent des charges de la ville. Le petit élit lui-même fes membres. Pour remplacer les membres du grand confeil & les magiftrats qui rendent la juftice dans la cour des jugemens, appellée das gericht, les deux confeils s'uniffent & font cette fonction en commun. Le grand confeil affifte le petit dans les affaires criminelles, & foumet à fon examen les comptes généraux que l'on rend. Le petit fait la même chofe dans les comptes particuliers. La cour des jugemens décide les procès entre les créanciers & les débiteurs, &c. Le petit confeil juge de tout le refte Les bourgeois élifeut l'avoyer, & les deux fénats choififfent le fecrétaire & l'administrateur. Du tems que la ville étoit fous la protection des quatre petits cantons catholiques, on pouvoit refever les appels des jugemens, & les porter devant les cantons protecteurs; en forte qu'il ne reftoit aux bourgeois de Raperswyl, qu'une ombre de liberté : mais à la paix de 1712, on a rendu à la ville tous fes anciens droits.

Le pays est très-agréable : le lac est abondant en poisfon, & dès le mois d'août on y en pêche une espèce qu'on appelle albulen, & qui eft de très bon gout. Les endroits les plus remarquables dans Raperswyl, font le couvent font le couvent des capucins, qui eft dans une fituation très-agréable vers l'extrémité de la ville, la plus avancée dans le lac; le vieux château de la maifon de ville, & l'églife paroiffiale où l'on monte à l'orgue par deux escaliers ronds, qui font faits chacun d'un fapin. Mais ce qu'il y a de plus con-fidérable, c'eft le beau & grand pont qui traverfe toute la largeur du lac de Raperswyl, au village de HURDEN, Téparant le lac fupérieur d'avec le lac inférieur, qui eft celui de Zuric. Ce pont a dix-huit cents cinquante pas de longueur & douze pieds de largeur. Albert II, archiduc d'Autriche, furnommé le Sage ou le Boiteux, commença à le bâtir en 1358, & fes fils Rodolphe IV & Léopold III, l'acheverent. Il n'y a qu'un feul défaut, c'eft qu'il n'eft point garni d'appuis ou garde-fous. Le paffage en eft dangereux quand il y fait un grand vent, ce qui arrive affez Touvent. Les habitans de haperswyl font obligés à entretenir ce pont & à le réparer ; pour cet effet, ils out établi un péage. Les hommes & les chevaux qui y pallent payent un certain droit. * Schewchzer, Itin. Alp. VIII, an. 1710.

I

Le VIEUX RAPERSWYL étoit autrefois un château fort bâti fur la rive gauche di lae de Zuric, par faint Rupert, duc de Suabe, chef de l'armée de Clovis II, roi de Fran environ Pan 680, & qui lui donna fon nom. Mais il fut ruiné en 1350, par l'armée de Zuric & de fes alliés.

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Raperswyl a eu les comtés particuliers. Le dernier mou rut en 1284, & laiffa deux filles. L'une époufa le comte Jean de Habibourg, & Pautre le comte Wernher de Hombourg, qm partagerent cette terre. L'an eat le vieux Raperswyl & l'autre le nouveatur De Longueue, dans fa

description de la France, part. 2, p. 295, dit que le dernier des anciens comtes de Raperswyl ne laiffa qu'une fille nommée Elifabeth, qui époufa Rodolphe, comte de Habfbourg, qui étoit de la branche qui refta en Suiffe, & auquel elle apporta Raperswyl & d'autres grandes terres. Cette branche, ajoute-t-il, étant finie, les princes d'Autriche, qui étoient de même origine, eurent tous leurs biens, que les Suiffes conquirent en différen

tes guerres.

Raperswyl leur réfifta long-tems; mais Sigifmond d'Autriche, ayant été excommunié par le pape Pie II, pour avoir emprifonné le cardinal Cufan, évêque de Brixan dans le Tirol, refufa d'obéir, & appella du jugement du pape au futur concile; ce qui choqua fi fort ce Pape, qu'il exhorta les Suiffes à envahir les états de Sigismond. Les Suilles ne s'accorderent pas entre eux fur cette guerre, & ils feroient demeurés en repos, fi les fréquentes injures faites par les officiers du prince à ceux de Zuric, ne leur avoient pas fait prendre les armes & à leurs alliés, qui affiégerent & prirent Vinterthur, place des Autrichiens, près de Zuric.

Ils s'emparerent auffi de la ville de Frawenfeld, de celle de Diffenhove, & de tout le Turgau, qu'ils ont toujours gardé depuis. Ils ne fongerent plus à rendre Raperswil, où ayant demandé paffage l'an 1558, ils s'étoient rendus les plus forts dans la ville, dont les habitans prêterent alors ferment de fidélité aux cantons d'Uri, de Schwitz, d'Undervald & de Glaris.

Selon l'auteur de l'état & des délices de la Suiffe, t. 1, p. 52, dès l'an 1458, Raperswyl s'étoit mife fous la protection des quatre petits cantons, Uri, Schwitz, Undervald & Glaris. Mais ce droit de protection, continue t-il, fuc infenfiblement changé en droit de fouveraineté. Les habitans perdirent par-là une grande partie de leur liberté. Ils l'ont pourtant en grande partie recouvrée en passant sous la domination des cantons de Berne & de Zuric, qui s'en rendirent les maîtres en 1712, & fous la protection desquels le traité d'Arau régla qu'elle demeureroit à l'avenir fans préjudicier aux droits qu'avoit le canton de Glaris, fur cette même ville. Par ce même traité, Raperswyl conferva fes droits & fes priviléges, ce qui a engagé les habitans à mettre fur leurs portes cette inscription, peu flatteufe, cependant, pour leurs fouverains: AMICIS TUTO

RIBUS FLORET LIBERTAS.

On fit quelques efforts en 1531, pour introduire la religion proteftante à Raperswyl; mais après la bataille de Cappel, la religion catholique ayant repris le deffus, l'ancien culte y fut rétabli & s'y est toujours confervé depuis. Les jéfuites demanderent en 1646, la permiffion de s'y établir; mais elle leur fut refufée.

On a trouvé dans le territoire de Raperswyl, quantité de médailles romaines. En 1689, un tonnelier de Raperswyl, faifant creufer les fondemens d'une grange, dans un champ près de la ville, trouva un pot de terre pelanc douze livres, dans lequel il y avoit dix-neuf cents piéces de vieille monnoye romaine. Il y en avoit entr'autres de Valerien, de Claude II, d'Aurélien & de Severine, fa femme, de Probus & de quelques-uns des trente tyrans. Comme l'on apprend par l'hiftoire, que le pays fut défolé fous l'empire de Probus, il y a apparence que quelqu'un enterra alors cet argent, pour le dérober à la fureur du foldat, & qu'il perit lui-même. En 1690 on trouva encore dans le même endroit dix-fept cents autres pièces de vieille monnoye romaine. A quelques cents pas hors de la ville, eft un village nonimé Jona, où l'on voyoit autrefois cette infcription:

G. OC. PROVIN,

S. L. D. D. D.

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RAPHAÏM ou REPHAIM, (4) auciens géans du pays de Chanaan. Il y en avoit anciennement plufieurs familles dans ce pays, On croit communément qu'ils étoient descendus d'un nommé Repha ou Rapha, mais d'autres

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