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2. SEGEBERG, ville de Danemarck, au duché de Holstein, dans la Wagrie, & le chef-lieu de la préfecture de même nom, avec château fur une haute montagne. Du vivant de faint Vicelin, Canut, roi des Venedes, & duc de Sleswic, qui tenoit alors ce pays en fief de l'empereur Lothaire, fit bâtir fur cette montagne, que l'on appelloit alors Ail ou Alberg, quelques petites maifons, & il les donna pour logement à des foldats. Ces habitations furent détruites par Adolphe I, comte de Holstein. Après que Magnus, prince de Danemarck, eut tué le roi Canut, l'empereur Lothaire, à la priere de faint Vicelin, vint dans ce pays, & bâtit fur la même montagne la fortereffe de Segeberg ou Siegeberg, c'est-à-dire, la montagne de la victoire. S. Vicelin y fit alors conftruire l'église & le monaftère, par l'ordre du même empereur. Lorsque Henri le Superbe, duc de Baviere & de Saxe, disputoit à Albert, margrave de Brandebourg, le duché de Saxe, Henri comte de Badewide, général de l'armée d'Albert, chaffa du Holstein le comte Adolphe, allié de Henri le Superbe, & prit Segeberg: Pribislaus vint de Lubech avec fes Venedes, brula un village qui étoit au bas de la montagne, & ce même incendie confuma l'églife; mais bien-tôt après le comte Henri fit rentrer fous fon obéiffance les Wagriens, les Venedes & les habitans du Holstein; enfin le duc Henri & le comte Adolphe étant devenus les plus forts, Henri, comte de Badewide, détruifit la fortereffe de Segeberg & celle de Hambourg, & fortit de Holftein. Il furvint eufuite un accommodement: Henri de Badewide fut fait comte de Batzeburg, & le comte Adolphe retint Segeberg & toute la Wagrie: il rétablit la fortereffe de Segeberg, & donna ordre à S. Vicelin de faire rebâtir le monaftère; mais les moines aimerent mieux demeurer à Hoherdorp, village qui eft fur la Trave, & appellé aujourd'hui Hagelsdorp. L'évêque Gérolde en transporta les moines à Segeberg. Depuis ce tems, ce monaftère a été fort confidérable. Du tems du comte Adolphe II, Schewenon, roi de Danemarck, qui faifoit la guerre au roi Canut, ami d'Adolphe, brula Segeberg & ravagea toute la Wagrie. Lorsqu'Adolphe III fe fouleva contre Henti le Lion, celui-ci ordonna à Bernard, comte de Batzeburg d'affiéger & de prendre Segeberg. Le comte Adolphe, que l'empereur Frédéric Barberouffe avoit fecouru, reprit presque aulli-tôt cette ville; après cela ce comte accompagna l'empereur dans le voyage qu'il fit à la Terre-Sainte. Pendant ce temslà le duc Henri le Lion revint d'Angleterre & prit tout le Holstein, à l'exception de Segeberg. Egge de Sture, qui étoit d'une famille illuftre du Holftein, fit une fortie fur Waller de Blauderfil, qui affiégeoit cette ville, & le fit prifonnier. Les habitans du Holftein défirent auffi Helmode, comte de Schwerin, & Jourdain Truchfes, qu'ils conduifirent prifonniers à Segeberg. Le comte Adolphe, à fon retour de la Terre-Sainte, reprit tout le Holftein. Quelque tems après, il en fut encore chaffé par Canut, roi de Danemark, & par Woldemar, duc de Schleswic, frere du roi il ne refta à Adolphe que Segeberg & Travemunde, & même la ville de Travemunde fut obligée de fe rendre pour éviter la famine. Henri comte de Schwerin, ayant fait prifonnier Woldemar, roi de Danemarck, les habitans du Holstein tuerent le gouverneur Danois, fe rendirent maîtres du château, & le mirent entre les mains du comte Adolphe IV. Le Holftein fut partagé entre les deux freres Jean & Gerard. La préfecture avec la petite ville de Segeberg, fut la portion de Jean, qui, se mariant en fecondes nôces avec Agnès, veuve d'Eric, roi de Danemarck, partagea à fes enfans du premier lit la part qu'il avoit dans le comté. Le cadet, qui s'appelloit Adolphe, cut Segeberg; mais à peine pouvoit-il en tirer affez pour foutenir fon rang de comte; auffi fe porta-t il à plufieurs vexations contre la nobleffe & contre fes autres fujets. Ses officiers enleverent par fon ordre le bled d'un certain Spletius, gentilhomme du Holftein, & le firent porter dans la fortereffe. Spletius, ayant trouvé du fecours, coupa les jambes aux officiers du comte, & les lui renvoya dans cet état. On dit enfin que ce miférable Adolphe fut tué par Hartwic. Henri de Rantzow, lieutenant du duc, dans le Jutlant, rapporte ainfi le fait. Le comte Adolphe avoit violé la fille d'Hartwic de Reventlau, gentilhomme du Holftein; cet Hartwic affembla fes freres à Segeberg, pour confulter avec eux de quelle façon il fe vengeroit d'Adol phe : le comte, ayant fu cette affemblée fit arrêter un de fes

freres, qui difoit beaucoup de mal de lui, le fit conduire dans la fortereffe, & le fit décapiter; il ordonna auffi que la tête de cet infortuné gentilhomme fut portée à fes freres. Hartwic faili d'horreur, & devenu furieux, monte auffi tôt à cheval, reçoit dans fa main un peu de fang, qui coule de la tête de fon frere, le boit, & dit à ceux que le comte avoit envoyés : Allez, & dites au comte qu'aujourd'hui je jure par le fang de mon frere, que j'ai gouté, que ces mains vengeront fa mort, & l'affront qu'a reçu toute ma famille. A peine eut-il fini de parler, qu'il donna de l'éperon à fon cheval, & s'enfuit au galop. Quelques années s'étoient déja écoulées fans qu'il eût pu trouver le moyen de fe venger. A la fin, il fe mit en embuscade dans une forêt épaiffe, & y furprit un des chafleurs du comte; le dépouilla, l'attacha à un arbre, prit fes habits, monta fon cheval, & s'étant ainfi déguifé, il alla à Segeberg, menant à l'attache les chiens de chaffe. Dans cet état il entra dans la cour du palais, descendit de cheval, & pénétra jusqu'à la chambre du comte, le tua avec fon fils, fortit enfuite du palais, & fe fauva à la faveur de fon habit de chafleur. Le comte Gerhard, qui demeuroit à Rendefburg, fe rendit bientôt maître de Segeberg, ce qui fit croire qu'il étoit complice de la mort d'Adolphe. Jean, frere d'Adolphe, & qui faifoit fa réfidence à Kiel, se mit auffi-tôt en état d'attaquer Segeberg, avec une petite armée; il demanda du fecours à Adolphe, comte de Schavenburg, qui lui conduifit des troupes mais Gerard le battit, le fit prifonnier, & refta maître de Segeberg, qui palla à fon fils Henri, après la mort. Les habitans de Lubech & de Hambourg y avoient fait entrer par adreffe deux cents cavaliers, pour empêcher les vols qui fe commettoient fur les grands chemins, par la négligence ou par la connivence du comte. Cependant les habitans de Segeberg, ennuyés de leurs nouveaux hôtes, appellerent le comte Henri, & l'introduifirent pendant la nuit. Celui-ci s'affura auffi-tôt de deux cents cavaliers & de quelques habitans de Lubech & de Hambourg, qui furent obligés de donner quelqu'argent pour le racheter. La forterefle de Segeberg a été détruite par les Suédois: quant à la ville, en 1260, elle reçut en don des deux freres Jean & Gerhard, comtes du Holstein & de la Stormarie, les droits de bourgeoifie, de pâcage & de pêche. En 1534, Chriftophe, comte d'Oldenburg, & les habitans de Lubech, ennemis de Chriftian III, & amis de Chriftian II, que l'on avoit chaffé du royaume, & qui pour lors étoit en exil, détruifirent & brulerent la même ville. Les villages & les autres lieux qui dépendent de cette province, font en partie dans la Wagrie, & en partie dans la Stormarie.

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2. SEGEDA ou SEGEDE, ville de l'Espagne Bétique: Pline lui donne le furnom de Reftituta-Julia.

3. SEGEDA, ville d'Espagne, dans la Celtibérie. Appien, de Bell Hisp. dit qu'elle appartenoit aux Celtibéres, furnommés Beffi. C'étoit une ville grande & puiffante. C'est la même que Strabon & Etienne le géographe nomment SEGIDA; & quelques uns croyent que c'eft aujourd'hui Caceres. Voyez SEGESTICA. 2.

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SEGEDIN ou SEGEDI, ville de la haute Hongrie,'au comté de Czongrad, fur la Teiffe, vis-à-vis de l'endroit où cette riviere reçoit celle de Marisch, en latin Segedu num. Il y a la ville baffe & le château. Cette place étant le feul partage considérable qui reftât aux Turcs de ce côté, en 1686, le baron de Merci & le colonel Heufler tâcherent de les en chaffer. Dès le mois de janvier ils fe rendirent maîtres des fauxbourgs & d'une partie de la ville; mais le bacha qui y commandoit fe retira au château avec la garnifon & les habitans : les Impériaux, qui étoient en trop petit nombre, fe contenterent de piller ce qu'ils avoient occupé, & d'y mettre enfuite le feu. Outre le butin

que les foldats firent, on gagna quatre cents chevaux, quatre drapeaux, & autant de mortiers & de canons. Le baron de Merci remporta au mois d'avril de la même année un grand avantage fur les Turcs, près de Segedin. Les vaincus le retirerent dans la ville, que les vainqueurs affiégerent peu après, fous les ordres du comte Wallis, qui défit une armée de Turcs, commandée par le grand Vilir en perfonne, lequel venoit au fecours des affiégés. La ville capitula peu après, & la garnifon fortit avec ce que chaque foldat pouvoit emporter. * De l'Ifle, Atlas. Corneille, Dict. hift. & Descr. de la Hongrie, l. 3, 1688.

1. SEGEDUNUM, ville des Jazyges, aux confins de la Dace, fur le fleuve Tibiscus ; & aujourd'hui SEGEDIN ou SEGED, felon Lazius, qui fe fonde fur une ancienne inscription. Ortelius femble confondre cette ville avec celle qui eft appellée Singidonenfis Urbs, par Aurelius Victor; mais celle-ci étoit de l'autre côté du Danube, dans la Pannonie, près de Sirmium.

2. SEGEDUNUM, ville de la grande Bretagne, felon la notice des dignités de l'Empire. Cambden veut que ce foit aujourd'hui Seton, dans le Northumberland, à côté du chemin de New Caftle à Berwick, & à la droite fur la côte.

SEGELMESSAH, ville du pays que les Arabes appellent Magreb-Al Akf, à l'extrémité de l'Afrique ou de l'occident, ce qui eft la même chofe que ce que nous appellons la Mauritanie. Elle eft fituée dans le fecond climat, fous les 374 de longitude, & 314 30' de latitude fepten trionale.* D'Herbelot, Biblioth. orient.

Cette ville fépare le pays des Magrebins, c'est-à-dire, des Arabes d'Afrique, d'avec celui des Négres, que les mêmes Arabes appellent Al Soudan. Elle a une fort grande riviere qui paffe le long de fes murailles, & qui prend fa fource dans les montagnes qui la couvrent, du côté du levant & du midi, & plufieurs ruiffeaux fur les bords desquels il y a plufieurs jardins que l'on trouve en fortant de Les portes.

Le géographe Perfien écrit que la ville de Segelmeffe a huit portes, au fortir desquelles il y a des promenades trèsagréables, & un terroir abondant en toute forte de fruits, ce qui eft fort rare dans tout le refte du pays, qui eft fur les confins du défert que les Arabes appellent Sahara, & que c'eft de cette ville que les Négres tirent les feuis fruits qu'ils ayent.

L'on compte depuis Segelmeffe jusqu'aux villes de Tekrour & de Selah, fituées fur le fleuve Niger, quarante journées de chemin, & autant jusqu'à l'ifle nommée Ulil, qui eft proche de l'embouchure de ce fleuve, & l'on ne peut faire ce trajet qu'en portant fa provifion d'eau, car l'on n'en trouve point dans tout le Sahara.

Ce fut la ville de Segelmeffe, que les Marabouts ou Al Moravides, eurent pour le premier fiége de leur dynaftie ou empire, qu'ils étendirent depuis ce lieu-là jusques fur les bords de la mer Atlantique, & enfuite du côté de la Méditerranée, & bien avant dans l'Espagne.

La puiffance des Fathimites, qui regnerent dans toute l'Afrique occidentale, & qui fonderent le kalifat d'Egypte, prit fes commencemens dans la même ville; car ce fut dans Segelmeffe qu'Obeïdallah fut premierement reconnu pour le Mahadi ou Mehedi, c'est-à-dire, le chef fouverain & le directeur général de tous les Mufulmans:

SEGELMESSE. Voyez SUGULMESSE. SEGELOCUM, ville de la grande Bretage. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Londres à Luguvallium, près du retranchement, entre Lindum & Danum, à quatorze milles du premier de ces lieux, & à vingt-un milles du fecond. Le même itinéraire, mais dans une autre route, écrit Agelocum, au lieu de Segelocum, & quelques manuscrits lifent Segilocum. La diftance des lieux fait croire que ce doit être aujourd'hui Littleboroug, où Th. Gale dit qu'il a trouvé une urne de terre rouge & une médaille fur laquelle étoit la tête de Domitien.

SEGEME, montagne d'Afrique, dans la province de Tedla. Elle commence du côté de l'occident à celle de Tescevin, & va finir à celle de Magran vers l'orient, ayant au midi celle de Dedez, & au feptentrion les campagnes de Fiftelle. Cette montagne eft peuplée de Bereberes de la tribu de Zenega, qui font dispos, robuftes, & fe piquent de valeur. Ils vont toujours armés de malfies, de lances, de poignards ou d'épées, & ont des frondes, en quoi ils

excellent, avec quelques arquebufes. Leurs petites hutes ou maitons font éloignées les unes des autres, de forte qu'à peine y en a-t-il quatre qui fe touchent. Leur trafic eft de chèvres & de mulets, qu'ils nourriffent pour vendre aux étrangers, & l'orge eft leur principale nourriture. Il y en a quantité en ce pays-là, & force fontaines. Ces Bereberes vivoient autrefois en liberté, & étoient continuellement en guerre avec leurs voifins. Lorsque Zarangi, général du roi de Fez, fe fut emparé de la ville de Tebza, il marcha contre eux avec deux mille chevaux, & un fort grand nombre de fantaffins; mais s'étant ralfemblés, ils lui drefferent une embuscade auprès d'un détroit, & il ne fut pas plutôt paffé, qu'ils vinrent fondre deffus de toutes parts à coups de maffues & de pierres. Ceux de Fez, ne pouvant avancer ni reculer, fe culbutoient les uns fur les autres, & plufieurs cavaliers & fantallins fe précipiterent en bas des rochers, de forte que la plupart moururent ou furent pris, le général s'étant fauvé à pied avec grande peine. Ces barbares mirent leurs prifonniers entre les mains de leurs femmes, qui leur firent les plus cruelles indignités. Enfuite ils traiterent avec le général du roi de Fez, nommé Laatas, qui. fuccéda à Zarangi, & au bruit de l'arrivée des chérifs, ils retournerent à leur ancienne liberté, jusqu'à ce que les chérifs les affujettirent, après avoir conquis les provinces de Dara & de Tafilet. Ces peuples ne font fujets qu'autant qu'il leur plaît, parce qu'ils ne craignent rien dans leur montagne, qui eft fi roide, & dont les avenues font fi difficiles, qu'aucun ennemi ne les y peut attaquer. * Marmel, Desc. d'Afrique.

SEGERI-RABAT, province du pays des Kalmouks, fituée fur les frontieres de la grande Bucharie, vers la rive méridionale de la riviere de Sirth.* Hiftoire générale des Tatars, p. 796.

SEGERMIS. Voyez SEGGERA.

SEGERMITENSIS ou SEGER MITANUS, fiége épiscopal d'Afrique. La notice des évêchés de cette province le place dans la Byzacène. Dans la conférence de Carthage, n°. 126, Felix eft qualifié episcopus Plebis Segermitenfis; & Dupin remarque que Nicomedes à Segermis opina dans le concile de Carthage fous Saint Cyprien. SEGESA. Voyez SEGOSA.

SEGESAMA. Voyez SEGISAMA.

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1. SEGESTA, ville de Sicile. Ptolomée, l. 3, c. 4, la marque dans les terres, & lui donne un port, appellé Stgeftanorum Emporium. Strabon, l. 6, connoît aufli l'Emporium des Segeftani; mais il écrit Aysia au lieu de Esca w : γείων Σεγεςάνω ce n'eft pas une faute, car la ville eft auffi nommée quelquefois gefta, Egefta, ou Segefta. Quoique fituée un peu dans les terres, elle eft cependant réputée maritime par Thucydide, l. 6, p. 453, & par Diodore de Sicile, l. iz c. 6, qui parlent d'une navigation à Egefta. Le nom d'Egefte eft le plus ancien : il lui fut donné par Egeftus le Troyen, qui, à ce que dir Strabon, l. 6, palloit pour un des fondateurs. Feftus, néanmoins, dit que Segefta paroisfoit avoir été fondée par Enée, & qu'il lui avoit donné pour gouverneur un certain Egeftus, qui lui avoit donné le nom d'Egefta; mais, pourfuit-il, on y a mis une lettre au-devant, pour que fon nom ne fût pas obscène. Ciceron remarque que Segefta étoit une ville très-ancienne, que fes habitans montroient avoir été bâtie par Enée; ce qui faifoit que les Segeftains fe difoient, non-feulement attachés aux Romains par une alliance & une amitié éternelle, mais encore par les liens du fang. Si nous en croyons Virgile, Æneid. lib. 5, v. 718, elle fut nommée Acesta :

Urbem appellabunt permiffo nomine Aceftam.

La ville Segefta étoit bâtie fur une riviere, qui un peu andeffus en recevoit une autre, & toutes deux avoient des noms troyens, car l'une s'appelloit Simois, & l'autre Scamander.

2. SEGESTA-TIGÜLIORUM, ville d'Italie, dans la Ligurie. Pline, l. 3, c. 5, dit qu'elle étoit dans les terres, ce qui ne s'accorde pas avec l'itinéraire d'Antonin, qui la marque fur la côte, entre Luna & Portus Veneris, à trente milles de chacun de ces lieux.

SEGESTAN & SIGISTAN, nom d'un pays qui a la pro. vince de Khoralfan au nord, le Makran au midi, les Indes à l'orient. Son terroir eft fort uni, & porte beau

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de palmiers. Mais il eft fi expofé aux vents, que les fables couvrent plufieurs maifons & des villages même. * D'Herbelot, Bibl. orient.

Les mines d'or du pays de Segeftan font fi abondantes, que fi l'on en veut croire les hiftoriens dans la vie de Mahmoud, fils de Sebekteghin, l'or y fort de terre, & pouffe des branches, comme s'il étoit végétal.

Les principales villes font Boft, Corfiat & Zereng, d'où le poëte Bolti étoit né; & plufieurs favans, qui font furnommés Sag'zi & Segestani.

Le pays de Segeltan, que l'on appelle auffi Siftan & Nimrouz, c'est-à-dire, le pays du midi, a été autrefois la demeure de plufieurs rois de Perfe de la premiere dynastie des Pischdadiens, comme de Giamschid, avant qu'il eût bâti la ville d'Eftekhar, de Manugcher & de Naudher.

Le géographe Perfien place le pays de Segeftan entre le Thokhareftan, le Khoraffan & le Sind, qui eft la partie des Indes, au-deçà du fleuve Indus, & lui donne encore à fon orient le pays de Gour, & au-delà de Gour celui de Baver.

C'est aufli dans le même pays que Roftam, ce héros de la Perfe, faifoit fon féjour ordinaire; car il le tenoit en apanage du roi de Perfe, & n'en fortoit que pour marcher à la tête des armées contre Afrafiab & les Turcs, leurs

ennemis.

Houffain Schah fut dépouillé de cet état, dont il s'étoit emparé, par , par Khalil Hindougheh, général des armées de Mirza Aboul Caffem Babor; car Tamerlan, fon ayeul, s'étoit rendu maître de cet état, & en avoit entierement ruiné la ville capitale, à laquelle Ahmed Arabschah donne auffi le nom de Ségeftan.

Petit de la Croix, Hift. de Timur-Bec, l. 2, c. 44, parle ainfi de Segeftan, qu'il appelle Siftan, & que d'autres nomment Softan. Siftan, elt une ville & une province. La ville, qui eft fituée à 974 de longitude, & à 32d 20' de latitude, eft autrement nommée Zarandge, & fituée fur la riviere Senaroud, qui eft une branche du Hendmend qui fe décharge dans le lac de Zéré ; & la province qui eft de Coraffane, eft autrement nommée Sedgeftan & Nimrouz. Timur-Bec, ajoute Petit de la Croix, ayant difpofé fon armée autour de cette place, s'avança jufqu'à la porte, avec une troupe de gens d'élite, & monta fur

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une colline de fable. Plufieurs émirs fortirent de la ville, & vinrent fe rendre à lui : pendant ce pour parler les affiegés firent une fortie. Timur-Bec, qui s'apperçut de leur deflein, les prévint, & les pouffa l'épée dans les reins jufqu'aux portes de la ville, qu'il affiéga enfuite dans les formes. Chah-Cotobeddin, roi du pays, connoiffant qu'il n'étoit pas affez puiffant pour fe défendre contre une armée auffi formidable, fortit de la ville, & alla demander pardon à l'empereur, qui, touché de fa confiance, lui pardonna: mais le vainqueur étant monté à cheval pour faire la revue de fon armée apprit que vingt à trente mille hommes de la populace de Siftan, s'étoient armés d'arcs & de fléches, étoient montés fur les murailles, & que de là fe tenant les mains les uns des autres, ils étoient defcendus au bas des murs, & avoient eu la hardieffe de marcher contre fon armée. Cette nouvelle obligea Timur-Bec de tourner bride vers le corps de bataille pour le commander & fon cheval en fut bleffé. Ce prince ne fut pas plûtôt arrivé dans fa tente, qu'il fit mettre Chah-Cotobeddin dans les fers. En même tems les émirs allerent fondre fur les ennemis, dont ils firent un grand carnage. Les foldats de Timur-Bec donnerent tout de fuite un rude aflaut & fe rendirent maîtres de la place. Ils en ruinerent & les maisons & les édifices publics, acheverent de passer au fil de l'épée les cavaliers qui reftoient, & enfin raferent les murailles de cette belle ville, dont ils firent périr les habitans, hommes, femmes, jeunes, & vieux ; depuis les vieillards de cent ans jufqu'aux enfans au berceau. L'empereur s'y arrêta quelques jours, durant lefquels on enleva les tréfors des rois de Siftan, & tout ce qui fe trouva de pierreries & d'autres richeffes. Les foldats pillerent le refte, jufqu'aux clous des portes, & le feu fut mis à tout ce qui pouvoit être confumé. Cette conquête fut faite au mois du chawal, l'an de l'hégire 785, qui étoit l'année de la fouris, & le foleil étoit alors dans le figne du capricorne. On envoya le Chah, c'est-à-dire, le roi de Siftan Cotobeddin, à Samarcande, ainfi que les géneraux d'armées,

& les gouverneurs des provinces : & la ville de Ferah fut le lieu de retraire des cadis, des docteurs, & autres gens de loi.

SEGESTANORUM-EMPORIUM. Voyez SEGESTA. SEGESTANE-AQUE, eaux minerales, dans la Sicile, près de la ville de Segefta, d'où elles prenoient leur nom. Elles font marquées, dans l'itinéraire d'Antonin fur la route du promontoire Lilybaum à Tyndaris, en prenant le long de la mer, entre Drepanum & Parthenicum, à quatorze milles du premier de ces lieux, & à douze milles du fecond. Strabon, i. 6, p. 275, & Diodore de Sicile, l. 4, p. 231, parlent de ces eaux. Elles font chaudes & fulphureufes. Selon l'itinéraire d'Antonin on les nommoit aufli Pintiana Aqua, peut-être à caufe de la ville Pintia.

SEGESTANI, peuple d'Afie, aux environs de la Perfe. Ammien Marcellin, l. 19, c. 2, en fait un peuple guerrier jufqu'à la fureur. Ce font les Segetani d'Aga

thias.

SEGESTE, ville de l'Iftrie. Pline, l. 3, c. 19, la donne aux Carni; mais il la met au nombre des villes qui étoient détruites de fon tems. Strabon, l. 7, p. 313, qui écrit Segeftica, dit que c'eft une ville de la Pannonie, fituée au confluent de diverfes rivieres navigables, qui fervoient à y transporter, non feulement les marchandifes de l'Italie, mais encore celles de divers autres pays, ce qui avoit engagé les Romains à y établir leurs magafins durant la guerre contre les Daces. Les habitans de cette ville font appellés Segeftani par Appien, in Illyr. Le licu où elle étoit s'appelle à préfent Segesd ou Segeftum, felon Bonfinius, qui ajoute qu'on y voit à peine les traces d'une ville.

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SEGESTERORUM-CIVITAS, ville de la Gaule Narbonnoife. Il en eft parlé dans la notice des provinces des Gaules, qui la met fous la feconde Narbonnoife. Dans l'itinéraire, dont quelques exemplaires lifent Seguftero, & d'autres Segoftero, Setufitero, ou Secuftero on trouve cette ville fur la route de Milan à Arles, en prenant par Alpes Cotiennes, entre Alabomis & Alaunium, à seize milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du fecond. C'est aujourd'hui la ville de Sifteron. Voyez SISTERON.

les

1. SEGESTICA, ville de la Pannonie. Voyez SEGESTE. 2. SEGESTICA, ville de l'Espagne Tarragonnoife felon Tite-Live, l. 34, c. 17, qui dans un autre endroit, 1. 40, c. 47, l'appelle CERTIMA. On croit que c'eft la même ville qui eft nommée TuUTIA dans Florus, & dans Plutarque, in Sertorio, & SEGEDA dans Appien.

SEGETHUSA. Voyez ZARMISOGETHUSA. SEGETICA, ville de la Myfie Européenne, ou plutôt de la Mafie. Il eft dit dans Dion Caffis, l. 51, que Craffus s'empara de cette ville.

SEGESWAR, ville de la Tranfilvanie, fur le grand Kokel, au comté de Schesbourg, dont elle eft le cheflieu. Cette ville que les Allemands nomment Schasbourg eft fituée fur le penchant d'un côteau, qui eft caufe que les maifons y font élevées les unes au-deffus des autres en forme d'aniphithéatre. Quelques-uns la prennent pour l'ancienne Sandava. * De lIfle, Atlas. Corn. Dict. hift. & Defc. de la Hongrie, 1. 4, 1688.

SEGEWOLD, ou SEWOLD, ville de l'Empire Ruffien, dans la Livonie, au quartier de Letten, ou Lettie, fur la Treiden, à la gauche, vis-à-vis de la ville de Treiden. * De l'Ifle, Atlas.

SEGGERA, ville de l'Afrique propre, felon Antonin. Simler croit qu'elle eft nommée SEGERMIS dans le livre des conciles. Saint Auguftin & faint Cyprien parlent de cette ville dans le concile de Carthage. ** Ortel. Thefaur.

SEGIDA, ville de la Celtibérie, 1.5, c. 23, qui lui donne l'éphithéte de nobilis, écrit qu'elle avoit été prise par Pompée. Un manuscrit de cet auteur, confulté parOrtelius, portoit BELGIDA, pour SEGIDA. C'est la même ville que Segeda. 3.

SEGIENSES, peuples de l'Espagne citérieure, felon Pli. ne, l. 3, c. 3.

SEGIMONENSES. Voyez SEGISAMA.

SEGISA, ville de l'Espagne Tarragonnoife: Prolomée, 1. 2, c. 6, qui la donne aux Baftitains, la place dans les

terres.

1. SEGISAMA, ville de l'Espagne Tarragonnoife. Il eft parlé de cette ville dans Florus, I. 4, C. 12. Le pere Har-, douin veut que fes habitans foient les Segifamonenfes de Pline, l. 3, c. 3; mais je croirois plus volontiers, que ce font les Segifama-Julienfes, dont Pline fait mention au même endroit l'un de ces noms dérive bien plus naturellement de Segifama que l'autre. Ces deux peuples dépendoient des Turmodigi, fous le nom desquels ils paroiffoient à l'affemblée générale de Clania. Du tems de Ptolomée, 1. 2, c. 6, la ville Segifama-Julia dépendoit des Vaccéens, peuples qui habitoient dans ces quartiers. Il ne paroît pas que l'itinéraire d'Antonin ait connu cette ville de Segifama Julia; mais bien celle de Segifamon, ou Segefamon, qu'il met fur la route des Gaules en Espagne, entre Virovefca, & Licobriga, à quarante-fept milles de la premiere de ces places & à trente milles de la feconde. Au lieu de tyμ, SEGISAMON, il écrit Zerry, & il donne cette ville aux Murbogi, qui font les Turmodigi de Pline. Dans une autre route de l'itinéraire d'Antonin on lit Legifamone pour Segifamone, ce qui eft apparemment une faute. On croit que c'eft aujourd'hui Baycama.

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2. SEGISAMA JULIA. Voyez SEGISAMA, SEGNA, SENG, ou SEGNI, ville de la Croatie, dans la Morlaquie, fur la côte du golfe de Venife. Cette ville qui appartient à l'impératrice, comme reine de Hongrie, eft très-forte par fa fituation fur une hauteur, & elle eft défendue outre cela par une bonne forteresse. Son évêché fut érigé vers l'an 1180, par le pape Allexandre III, & foumis à Spalatro. C'eft le pays des Ufcoques, peuples chez qui il n'y a guères de religion, & qui font les plus grands pirates du golfe. Segna a un bon port. Les anciens l'ont connue fous le nom de Senia, ou Sinia.* Commainville, Table des évêchés.

1. SEGNI, ville d'Italie, dans l'état de l'Eglife, & dans la Campagne de Rome, vers le milieu de cette province. Cette ville, nommée anciennement Signia, elt évêché dès le cinquiéme fiécle, & fon évêque elt immédiatement foumis au pape. Il n'y a pas long-tems que Segni n'étoit qu'an comté : elle a aujourd'hui le titre de duché. Les papes Innocent III, Grégoire IX & Alexandre IV étoient de la famille des comtes de Segni. On tient que les orgues furent inventées dans cette ville. C'eft la patrie du pape Vitalien. 2. SEGNI, montagne de l'Etat eccléfiaftique, dans la Campagne de Rome, qu'elle traverfe & qu'elle divife en deux parties, anciennement Lepinus. La partie de cette province, au midi de la montagne, est appellée Campagna, & la partie méridionale Marina. * Baudrand, Dict.

lomée, 1. 2, c. 11. Cluvier, Germ. ant. l. 3, c. 8, croit qu'elle étoit fur le Segus, dans le lieu où eft aujourd'hui la ville de Sigen. Il fe fonde fur ce que cette ville eft fituée fur le bord d'une riviere nommée encore aujourd'hui Sige, & fur une éminence, qui étoit indiquée par le mot dun; de forte que l'ancien nom pouvoit être Sigedun, dont les Romains avoient fait Segodunum.

2. SEGODUNUM, ville de la Gaule Celtique : Ptolomée, l. 2, c. 7, la donne aux Rutani, ou Ruteni; qui font les Rutheni de Célar. C'est aujourd'hui la ville de Rhodez. Voyez RHODES.

3. SEGODUNUM, ou SEGEDUNUM. Voyez SEGEDU NUM. N° 2.

1. SEGONTIA ville de l'Espagne Tarragonnoife. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route d'Emerita à Sarragoffe entre Cafada & Arcobriga, à vingt fix milles de la premiere de ces places & à ving-trois milles de la feconde. Cette ville, qui fe nomme aujourd'hui Siguença, pourroit bien être l'ancienne Segobrica, capitale de la Celtibérie, à moins que l'itinéraire d'Antonin n'ait pas connu cette derniere, & que Segontia ne fubfiftât pas du tems de Ptolomée. Pline diftingue à la vérité Segobrica de Sagontia ; mais comme il y avoit deux Segontia fur la route d'Emerita à Sarragoffe, & qu'il n'en connoît qu'une dans ces quartiers, on pourroit fort bien dire qu'il entend celle qui étoit la plus voifine de Saragoffe ; & l'autre qui eft aujourd'hui Siguença feroit l'ancienne Segobriga, ou Segobrica.

2. SEGONTIA, ville de l'Espagne Tarragonnoife, fur la route d'Emerita à Sarragoffe, entre Nertobriga & Sarragoffe, à quatorze milles de la premiere de ces places, & à feize milles de la feconde. Quelques manuscrits lifent Secontia pour Segontia. * Antonini Itiner.

3. SEGONTIA, ou SEGONCIA,"ville de l'Espagne Bétique, vers le détroit, felon Ambroifé Moralés qui cite Pline. Il ajoute qu'elle étoit fur le fleuve Lethé, & qu'on en voit les ruines près de Gisgonça. Cependant Pline

3, c. 1, écrit Saguntia, Strabon Serguntia, & TiteLive Seguntea.

SEGONTIA-PARAMICA, ville de la Tarragonnoife: Ptolomée, l. 2, c. 6, la donne aux Varduli, & la place dans les terres.

SEGONTIACI, peuples de la Grande-Bretage. Ils furent du nombre de ceux qui fe foumirent à Céfar. Ils habitoient au voisinage des Trinobantes ; c'est tout ce qu'on fait de leur pays. De Bel. Gal. l. 5.

Leur capitale s'appelloit Vindomum, ou Vindonium, anjourd'hui Farnham, felon quelques-uns, & felon d'autres Silcefter, au comté de Southampton.

3. SEGNI, peuples de la Germanie. Du tems de Céfar, SEGONTIUM, ville de la Grande-Bretagne. Il y a dans de Bell. Gall. ils habitoient en deçà du Rhin, entre les l'itinéraire d'Antonin une route, qui conduit de Segoncium Eburones & les Treviri: Segni, dit il, Condrufique ex à Deva, & où la premiere de ces villes eft marquée à gente & numero Germanorum, qui funt inter Eburones Tre-vingt-quatre milles de Conovium. Il fembleroit d'abord virosque, legatos ad Cafarem miferunt. Spener, Notit. Germ. ant. 1. 4, c. 1, juge que les Segni étoient originairement compris fous le nom des Iftevons.

SEGNIA Voyez SIGNIA.

SEGOBRIGA, ville de l'Espagne Tarragonnoife: Strabon, l. 4, p. 162, la place dans la Celtiberie, & lit Segobrida; mais, comme le marque Cafaubon, la terminaifon Briga eft plus espagnole ; d'ailleurs Ptolomée, 1. 2, c. 6, écrit Segobriga, & donne auffi cette ville aux Celtibériens. Pline, I. 36, c. zz, qui dans ces fortes de mots change ordinairement le g en c, dit, 1. 3, c. 3, Segobrica, quoiqu'en parlant des peuples, il les nomme Segobrigenfes. Leur ville, felon le même auteur, étoit la capitale de la Celtiberie. Ou elle n'a pas été connue de l'itinéraire d'Antonin, ou elle y eft appellée SEGONTIA, & dans ce cas placée fur la route d'Emerita à Saragoffe, entre Cefada & Arcobriga, à vingt-fix milles de la premiere de ces places, & à vingt-trois milles de la feconde, pofition qui s'accorde affez avec la carte de Ptolomée. Il y en a qui veulent que Segobriga foit aujourd'hui la ville de Segorbe; mais ils n'ont confulté ni la carte de Ptolomée, ni l'itinéraire d'Antonin, ni même Strabon, qui met Segobriga au voifinage de Numence & de Bilbilis. Il ne feroit pas impoffible que Siguenza fût l'ancienne Segobriga, ou Segontia, s'il eft vrai que par ces deux derniers noms on doit entendre la même ville, comme je ferois tenté de le croire. Voyez SEGORBE, SEPULVEDA, & SIGUENZA.

1. SEGODUNUM, ville de la Germanie, felon Pro

que ce pourroit être une ville des Segontiaci; mais ces peuples étoient voifins des Tribonantes, & par conféquent trop éloignés de l'endroit où étoit Segoncium, qui eft aujourd'hui Caernarvam, fur le fleuve Šejont, & vis-à-vis de l'ifle de Mone.

SEGONTIUS, ancienne riviere de la Grande-Bretagne, aujourd'hui Sejont. Voyez ce mot.

que

SEGOR, ville de la Palestine dans la Pentapole, (1) à l'extrémité méridionale de la mer morte. Elle étoit deftinée, comme les quatre autres villes, à être confumée par le feu du ciel; mais à la priere de Loth, qui défira de s'y retirer, elle fut confervée. (b) Elle fe nommoit auparavant Bala; (c) mais on lui donna le nom de Segor, à caufe Loth avoit fouvent infifté fur la petiteffe de cette ville (en hébreu Segor fignifie petit) en demandant à l'Ange qu'il pût s'y retirer; voyez l'article BALA. Les Hébreux lifent Zoara, au lieu de Segor ou Segora. (d) Les Romains avoient une garnifon à Zoara ou à Segor. Saint Jérôme, Quaft. Habr. in Genef. 14, & in 19, 30, remarque que nom de BALA fut donné à cette ville, parce qu'auffitôt que Loth en fut forti elle fut engloutie par un blement de terre Bala en hébreu fignifie engloutir. Theodoret, Quaft. in Genef. parle de la même tradition. Le même faint Jérôme dit de plus, que les Hébreux croyent que Segor porte auffi le nom de Salifa, (*) & celui de Geniffe de trois ans, Vitula conternans. (f) Ils veulent que cette ville ait fouvent été renverfée par des tremblemens de terre. (a) Dom Calmet, Dict. (b) Genef. c. 19,

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V. 22. (c) Genef. c. 14, v. 2. (d) Hieronim. Onomaft. in Bala. (c) 1. Reg. c. 9, v. 4. (f) Ifai. c. 48, v. 34.

SEGORBE, ville d'Espagne, au royaume de Valence, fur le chemin de Valence en Catalogne. En remontant la riviere de Morvedro, ou Morviedro, on trouve la ville de SEGORBE, en latin Segobriga. Cette ville, qui eft ancienne & fort agréable, eft fituée au bord de la riviere, fur le penchant d'une colline, dans une vallée, entre des montagnes. Elle fut honorée d'une évêché dès l'an 500. Elle le perdit lorfque les Maures fe rendirent maîtres du pays: fon évêché fut uni alors à Albarazin; mais lorfque cette ville eut été reprise fur les infidéles en 1245, par Jacques I, roi d'Aragon, on lui rendit la dignité épifcopale. Elle jouit auffi du titre de duché, & appartient en cette qualité à des feigneurs héritiers de la maifon de Cardona. Son terroir eft fertile en froment, en vins & en fruit. On y trouve des carrieres d'un marbre fi beau, que les Romains en ont fait quelquefois porter chez eux, pour en orner les bâtimens de leur ville. On voit à Tarragone une belle infcription antique faite par les habitans de Segorbia: elle eft conçue de la forte :

L. ANNIO L. F. GAL.
CANTABRO.

FLAM. ROMÆ. ET DIVOR. AUGUST. P. H. C. OMNIBUS. HONORIBUS. GESTIS. SEGORBIACE DECCETO. ORDINIS. PECUNIA PUBLICA SEGO BRICENSES.

Délices d'Espagne, p. 567.

on ne pou

Quand cette infcription feroit à Segorbe roit pas affurer qu'elle eût été faite par les habitans de cette ville. Il y a deux autres villes nommées Segobriga; & entr'autres celle qui étoit la capitale de la Celtibérie devoit être bien loin de SEGORBE. Voyez SEGOBRIGA.

SEGOREGII, peuple de la Gaule Narbonnoife. Ils devoient habiter à l'orient du Rhône, fur le bord de la mer. C'est Justin, l. 43, c. 3, qui fait mention de ces peu ples, à l'ocafion de l'arrivée des Phocéens dans ces quartiers pour y fonder la ville de Marseille. Voici le paffage : Itaque Regem Segoregiorum, Senanum nomine, in cujus finibus urbem condere geftiebant conveniunt. Les dernieres éditions lifent néanmoins Segobrigiorum Regem Nannum; & quelques manuscrits écrivent Segobriorum.

:

SEGORTIALACTA, ville de l'Espagne Tarragonnoife Ptolomée, l. 2, c. 6, la donne aux Arevaca; Villeneuve veut que ce foit Sepulveda. Il y a des éditions qui portent Setortia Lacta; Zeropria λáxra, au lieu lieu de opri Σετορτία λάκτα λáxτa, Segortia-Lacta. SEGOSA, ville de la Gaule Aquitanique. Elle eft marquée dans l'itinéraire d'Antonin fur la route d'Afturica à Bordeaux, entre Mofconum & Lofa, à douze milles de chacun de ces lieux. Quelques manuscrits lifent Segefa, ou Segufa pour Segofa.

SÉGOVELLAUNI, peuples de la Gaule Narbonnoife, & dans les terres: Intus, dit Pline, l. 3, c. 4, regio Tricollorum, Vocontiorum & Segovellaunorum, mox Allobrogum. Ce font les SEGALAUNI de Ptolomée, 7. 2, c. 5, qui leur donne la ville de Valentia: ainfi ces peuples habitoient le Valentinois.

que

1. SEGOVIA, ville de l'Espagne Tarragonnoife: Prolomée, l. 2, c. 6, & Pline, 1. 3, 4, 3, la donnent aux Arevaci: le premier écrit néanmoins youßía, Segubia, au lieu de Segovia. Le pere Hardouin dit que cette ville n'eft pas celle que nous connoiffons aujourd'hui fous le nom de Ségovie, entre Madrid & Valladolid, & où l'on voit cependant un aquéduc admirable, qui eft un ouvrage des Romains, mais une petite ville que Ptolomée marque fous le même climat Numance. Il fe fonde fur les nombres de Ptolomée, qui, s'ils étoient exacts, donneroient à Segubia la même longitude qu'à Numance, & la placeroient feulement plus au nord. Mais comme les nombres de Prolomée errent en plufieurs endroits, cela fuffit pour ne pas abandonner une ville célébre en faveur d'un lieu inconnu. Il eft vrai que Ptolomée & Pline donnent Segobra aux peuples Arevaci, & que la ville de Segovie pourroit à peine fe trouver dans leur pays; mais, quand cela feroit, comme Ptolomée, Pline & l'itiné taire d'Antonin, ne connoiffent point d'autre Segovia dans

ces quartiers,il n'eft pas poffible qu'ils parlent d'une autre place. L'itinéraire d'Antonin dont quelques manuscrits portent Segovia, & d'autres, Secovia ou Segobia, place cette ville fur la route d'Emerita à Sarragoce, entre Cauca & Miacum, à vingt-huit milles du premier de ces lieux, & à vingtquatre milles du fecond.

2. SEGOVIA, ville de l'Espagne Bétique, felon Hirtius, de bell. Alex. & Florus, l. 3, 6. 22, dont le premier dit qu'elle eft ad flumen Silicense. Cette ville eft nommée Segontia par Pline, & Sagontia par Ptolomée. Elle conferve encore fon ancien nom; car Moralès dit qu'on l'appelle Segovia la Menor. Ortelius, qui cite Arias Montanus, dit que Segovia la Menor eft fituée au voisinage d'Eciia, près du fleuve Xenil, à moitié chemin entre Seville & Cordoue.

3. SEGOVIA, ville de la Germanie, felon Ortelius, qui cite Ptolomée, L. 2, c. 11; mais je trouve que Ptolomée écrit Esrvía, Setovia ; & que fes interprétes lifent Setuia. On croit que c'eft à préfent Seckow, fiége épiscopal, dans la Știrie, fous l'archevêché de Saltzbourg.

1. SÉGOVIE, ville d'Espagne, dans la vieille Castille, eft fort ancienne & des plus confidérables d'Espagne. Elle eft fituée fur une montagne, entre deux grandes collines. Elle eft grande, bien peuplée, & ornée de beaux édifices. On y compte environ sept mille maisons, compris les fauxbourgs. Une bonne muraille l'environne, flanquée de tous côtés de tours & de remparts ; c'eft dans cette ville que fe font les meilleurs draps d'Espagne. Le terroir eft fort fertile, & on y nourrit des troupeaux de brebis, qui portent cette laine fi fine, & fi eftimée dans les autres pays. On y fait auffi du papier fort fin. Le commerce enfin rend cette ville fort riche : tout le monde s'occupe aux manufactures. Il y a un évêché fort ancien, fuffragant de Toléde, qui n'a valu d'abord que quatorze mille ducats de revenu ; mais depuis un fiécle & demi, il a monté jusqu'à vingtcinq mille. L'église cathédrale eft à un des côtés de la grande place; on y voit fur le maître autel une face de la fainte Vierge, toute d'argent maffif, & dans un coin le tombeau du fameux jurisconfulte Diego Covarruvias. * Don Juan Alvarez de Colmenar, Délic. d'Espagne & de Port. t. I, p. 202.

La riviere d'Atayada, qui prend sa source un peu audeffus de Ségovie, coule dans un lit affez large, par un lieu qu'on appelle le Parra!, entre la ville & la montagne. De beaux grands ormeaux, plantés le long de fes bords compofent une longue allée, qui fait une promenade charmanic. La montagne eft couverte de maisons religieuses, & entr'autres des couvents de faint Vincent & de faint Jérôme, qui ont tous deux de fort belles allées d'arbres ; & le dernier eft célébre prrticulierement pour avoir été le lieu où faint Dominique faifoit fes oraifons, & prenoit la discipline. L'endroit où il réprimoit fi févérement les aiguillons de la chair eft fous terre.

L'alcaçal, ou château royal eft fitué fur un rocher, dans un quartier élevé ; il est tout couvert de plomb. On y monte par des dégrés taillés dans le roc. Il y a toujours fentinelle dans les tours ; & fur une plateforme on voit plufieurs canons, dont la plûpart font pointés contre la ville, & les autres contre le fauxbourg, & contre la campagne. On y voit feize chambres tapiffées richement, dont l'une a un foyer de porphyre. De-là, on descend dans une autre plate-forme, plus petite, garnie auffi de canons. On entre de-là dans une petite chambre, dont le lambris eft doré, le foyer de marbre, & les murailles toutes incruftées de verre depuis le bas jusqu'à la hauteur de la ceinture. Tout près eft la chapelle royale, parée de beaux tableaux, entre lesquels celui qui repréfente les trois Rois palle pour une piéce d'une beauté achevée. Au fortir de la chapelle, on entre dans une falle magnifique, dorée depuis le bas jusqu'au plancher : on l'appelle la fala de los reyes, parce que l'on y voit tous les rois d'Espagne, depuis Pélage jusqu'à Jeanne, mere des empereurs Charles-Quint & Ferdinand. Ils font repréfentés affis fur des thrônes, fous des dais fi artistement travaillés, qu'ils femblent être d'agathe. On voit encore une aurre falle, incrustée de verre, comme la précédente, à la hauteur de trois pieds, avec des bancs de marbre, & le plat fond doré de fin or de ducat. Toutes ces falles font ornées diverfement; & à la dorure près, il n'y en a pas une dont les enjolivemens ne foient un ouvrage différent de ceux des autres. La riviere, qui lave les mu

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