conjectures que le nom de Raphaïm signifie des géans dans l'ancien langage de ces peuples. Il y avoit des Raphaïm au-delà du Jourdain, à Aftaroth - Carnaïm, du tems d'Abraham, lorsque Codorlahomor leur fit la guerre. (b) Il y en avoit encore dans ce pays du tems de Moyfe. Og, roi de Bafan, étoit des descendans des Raphaim. (c) Il s'en trouvoit auffi dans le pays de Chanaan, du tems de Jofué. (d) Enfin nous en voyons encore dans la ville de Geth, du tems de David. (c) Les géans Goliath, Saphai & quelques autres, étoient de la race des Raphaïm. Leur grandeur & leurs forces sont connues par l'écriture. Voyez la differtation de D. Calmet sur les géans. * (2) D. Calmet. Dist. (6) Genef. 14, 5. (c) Josué, 12, 4. (d) Ibid. 17, 15. (c) 1 Par. 20, 6, 7. a 2. RAPHAÏM ou la VALLÉE DES RAPHAÏM, vallée du pays de Chanaan. Elle étoit fort célébre sous Josué (a) & sous le régne de David. (b) Ifaïe en parle aufli: Erit ficut quarens spicas in valle Raphaim. Les Philistins y ont campé plus d'une fois. Elle est encore appellée dans le grec (c) la Vallée des Titans, & dans la vulgate, la Vallée des Géans. (d) Jofué met la vallée des Raphaïm comme une limite du lot de Juda. Elle étoit fort près de Jerufalem, & on doute si elle appartenoit à Juda ou à Benjamin, à cause de la proximité de ces tribus. Eufébe la place dans Benjamin. Josué & les endroits du livre des Rois, où il en est parlé, infinuent qu'elle appartenoit à Juda, & qu'elle étoit au midi ou au couchant de Jerufalem. (4) Josué, 15,8,18, 16. (b) 2 Reg. 5, 18, 22. & 1 Par. 11, 15, 14, 9. (c) Josué, 15, 8. & 2 Reg. 5, 18. (d) 2 Reg. 23, 13. RAPHANÉE, ville de Syrie, entre laquelle & Arcae ou Arac, ville de Judée, & qui étoit du royaume d'Agrippa, couloit le fleuve Sabbatique, dont il sera parlé en fon lieu. Raphanée est peut-être la même qu'Arphad, dont il est parlé au quarriéme livre des Rois, chap. 18, verset 37, & chap. 19, vers 13, dans Ifaïe, c. 10, V. 9. C. 36, V. 19. c. 37, v. 13. dans Jérémie, c. 49, v. 23. * Joseph, de Bel. 1.7, с. 24. RAPHIA, ville célébre sur la Méditerranée, entre Gaze & Rhinocorure. Je ne trouve pas, dit D. Calmet, Dict. fon nom dans les livres de l'ancien testament, ce qui est affez fingulier, à moins que ce ne soit la ville de Geth, qui appartenoit aux Raphaïm, 1 Par. 20, 7, d'où peut-être lui étoit venu le nom de Raphia ou Rapheia. Geth ne devoit pas être loin delà. Raphia est célébre par la victoire que Philopator, roi d'Egypte, gagna en ce lieu-là sur antiochus le Grand, toi de Syrie, 3 Macc. 1, 11, an du monde 3787, avant l'ére vulgaire 217. C'est la premiere fois que je trouve le nom de Raphia dans les livres des Juifs. Jofeph, Antiq. l. 13, c. 21, dit que Raphia fut prise par le roi Alexandre Jannée, & qu'ayant été ruinée dans les guerres, elle fut rétablie par Gabinius, Ibid. 1. 14, c. 10. Le même Joseph, de Bell. l. 5, c. 14, & Polybe, 1. 5. Hift. mettent Raphia pour la premiere ville de Syrie que l'on rencontre en venant de l'Egypte. On trouve quelques anciennes médailles frappées à Raphia, & quelques évêques de cette ville dans les conciles d'Orient. * Reland, Palæst. 1. 3, p. 967 & 968. RAPHIDIM, Station ou campement des Israëlites, dans le désert, Exod. 17, 2, τ. Etant fortis du désert de Sin, ils arriverent à Raphidim, où le peuple manquant d'eau commença à murmurer contre Moyfe, en disant: Pour quoi nous avez-vous tirés de l'Egypte, pour nous faire mourir de foif dans ce désert, nous, nos enfans & nos bestiaux ? Moyfe cria au Seigneur, & lui dit: Que ferai je à ce peuple? Peu s'en faut qu'il ne me lapide. Dieu lui répondit: Menez le peuple au rocher d'Horeb, & prenez avec vous quelques anciens: je me trouverai avant vous fur ce rocher: vous le frapperez avec la verge miraculeuse, & il en fortira de l'eau, pour donner à boire au peuple. Moyse fit, en présence des anciens, ce que le Seigneur lui avoit ordonné. Il frappa le rocher, & il en fortit de l'eau en abondance, pour défaltérer le peuple. Ce lieu fut nommé Tentation, à cause des plaintes des enfans d'Israël, & parce qu'ils y tenterent le Seigneur, en disant: Le Seigneur eft-il au milieu de nous, ou n'y est-il pas ? Raphidim, dit D. Clamet, Dict. ne devoit pas être éloigné d'Horeb, puisque Dieu ordonne à Moyse d'aller au rocher d'Horeb pour en tirer de l'eau. C'est cette même eau qui servoit aux Israëlites, dans les campemens de Raphidim & du mont Sinar, & les autres, peut-être même 4 jusqu'à Cadès-Barné. S. Paul, 1. Cor. 10, 4, dit que ce rocher les suivoit dans leur voyage, & qu'il étoit la figure de JESUS-CHRIST : bibebant de spirituali consequente eos petra; petra autem erat Chriftus: soit que l'eau les fuivit, ou qu'ils suivissent le courant de l'eau: soit qu'ils portassent toujours de l'eau dans leur marche, comme Elien, Var. Hist. l. 12, c. 40, dit que l'eau du Choaspe suivoit toujours le roi de Perse, parce qu'il n'en buvoit point d'autre; soit enfin qu'on traînât le rocher d'Horeb sur un chariot, à la maniere d'un gras muid toujours plein & tou jours ouvert à quiconque en vouloit boire. Ce dernier sentiment est suivi par les Rabbins & par quelques anciens peres. Par exemple Tertullien, de Patientia, dit: Poft manna scatilem pluviam, poft petre aquatila sequelam. Saint Ambroise, l. 1, c. 1, de Sacramentis, en parle en' ces termes : Nonne immobilis petra que populum sequebatur. Saint Chrysostôme, l'Ambrosiaster, Phocius cité par Oecuménius, saint Thomas & Cantacuzene, dans leurs commentaires sur le dixiéme chapitre de la premiere épître aux Corinthiens, parlent à peu près de même. Les Juifs ajoutent que ces eaux ayant été données aux mérites de Marie, sœur de Moyse, elles manquerent auffi-tôt qu'elle fut morte; & de-là vient qu'au campement de Cadès-Barné, qui suivit la mort de Marie, on voit le peuple tomber dans le murmure, parce qu'il manquoit d'eau, Num. c. 20, V. 1,2,3, &c. On peut voir la critique de ces divers sentimens dans les commentateurs sur l'Exode, c. 17, & sur la premiere épître aux Corinthiens, c. 10, v. 4. Le lecteur judicieux prendra aisément son parti sur le seul exposé de ces opinions. Les voyageurs disent que l'on voit encore aujourd'hui au pied du mont Horeb le ruisseau que Dieu tira du rocher par le moyen de Moyse. D'autres disent qu'effectivement il y a un ruisseau qui coule au pied de cette montagne; mais qu'à l'égard du rocher, il n'en coule plus d'eau, qu'on y voit seulement comme douze bouches, d'où l'on croit que l'eau couloit autrefois. * Morizon, Voyage, 1.1, с. 1. Ce fut dans le même campement de Raphidim, que Josué remporta cette fameuse victoire sur les Analécites, Exoll. c. 17, v. 8, 9, & 10. Pendant que Josué avec les Israëlites combattoit contre Amalec, Moyfe élevoit les mains vers le ciel ; & lorsqu'il commença à se laffer, Aaron & Hur qui étoient avec lui sur la montagne, lui foutenoient les bras, parce qu'ils s'appercevoient qu'à mesure qu'ils les abaissoit, Amalec avoit l'avantage; & que lorsqu'il les relevoit, Israël prenoit le dessus. Voyez le livre de l'Exode, c. 17, v. 8,9,10, &c. Le rocher de Raphidim est décrit dans les nouveaux mémoires des miffions de la compagnie de Jesus, t. 7. Vers le milieu du vallon Raphidim, portent ces mémoires, dans un terrein sec & stérile, est une roche d'un granit rouge, haute de douze pieds, plus large que haute, percée de vingt-quatre trous, dont chacun a un pied de longueur, & un pouce de largeur: douze de ces trous sont dans une face plate du rocher: douze dans une face ronde & opposée, Ils font placés horisontalement à deux pieds du bord supérieur, éloignés les uns des autres de quatre travers de doigt, rangés presque sur la même ligne. On voit un poliment qui regne depuis la levre inférieure de chaque trou jusqu'à terre. Ce poliment ne s'observe que le long d'une petite rigole creusée dans la surface du rocher. Les bords des trous & des rigoles sont tapissés d'une petite mousse verte & fine : point d'herbe en aucune partie du rocher; nulle apparence de source dans les environs, toutes circonstances d'une eau miraculeuse. : RAPHON, ville située au-delà du Jourdain, fur un torrent pas loin de Carnaïm. C'est dans cet endroit que Judas Maccabée défit l'armée de Timothée, 1. Macc. 5, 37, 43. RAPHTI, port de la Livadie, sur la côte orientale de cette province, à l'entrée du détroit de Négrepont. C'est de Potamos des anciens, & c'est aujourd'hui un bon port, & l'un des plus assurés de tous ces quartiers. On y mouille sur sept à huit brasses d'eau, fond de vase mêlé d'herbes marines & de bonne tenue. Mais ce qui en fait l'excellence, c'est qu'il est couvert presque de tous côtés par une petite isle qui laisse à droite & à gauche ce qu'il faut d'espace pour entrer dans le port. Sur la pointe de cette ifle il y a une grande figure de marbre, & une autre statue eft placée sur un petit écueil qui est auprès. L'écueil est rond par en-bas, & pointu par en-haut. Le meilleur mouillage eft auprès d'une petite ifle fort basse, qui est dans le port. * La Guilletiere, Athenes anc. & nouv. p. 105. *RAPHTUS. Voyez RAPTUS. RAPIDUM ou Rapida Caftra, lieu de la Mauritanie Céfarienne. L'itinéraire d'Antonin le met sur la route de Carthage à Sitifis, entre Auza & Tirinadis, à seize milles de la premiere de ces places, & à vingt-cing de la feconde. RAPINUM, port d'Italie, selon l'itinéraire d'Antonin, Itiner, maritim. qui le place sur la côte de Toscane, entre Alga & Gravisca, à trois milles de la premiere, & à fix milles de la feconde. • RAPOE OU RAPHOE, ville d'Irlande, dans la province d'Ulster, au comté de Dunnegal. Cette ville qui est le chef-lieu d'une baronnie de même nom, est à huit milles au fud de S. Johns-Town; mais c'est une pauvre ville presque abandonnée, quoiqu'elle ait eu autrefois un évêché: Le fiége épiscopal est aujourd'hui réuni avec celui de Londonderry..... RAPÓLFSTEIN, en françois RIBAUPIERRE, baronnie de France, dans la haute Alface, au dessus de Schlestat, près de la riviere de Stenbach. Cette baronnie a été connue il y a plus de sept cents ans. Elle a eu des seigneurs dont on ne fait ni le nom, ni l'origine, ni la suite jusqu'à la fin du treiziéme fiécle. Alors cette baronnie étoit tenue par un seigneur nommé Anshelme, ennemi de l'empereur Adolphe de Nassau, qui le fit prisonnier en 1291. C'est de lui que descendoit George Fréderic, comte de Rapolfstein, qui ne laissa qu'une fille; de forte qu'il eut pour fucéeffeur son frere Jacques, qui ne laissa non plus qu'une fille nommée Catherine-Agathe, mariée avec Chrétien palatin de Birkenfeld. Comme ce prince étoit au service de France, le feu roi Louis XIV, l'investit de toute la baronnie de Rapolfstein ou Ribaupierre, & des fiefs de cette maison, où il fut maintenu contre les prétentions de Chrétien-Louis, comte de Waldeck, qui avoit épousé la fille de George Frédéric, aîné de Jean-Jacques, pere de la princesse de Birkenfeld. Rapolfstein a trois différens châteaux, & n'a d'ailleurs qu'environ trois cents cinquante maisons, cinq cents familles, & deux mille deux cents habitans. Le seigneur n'en retire que deux mille cinq cents livres, mais il a un droit fort fingulier. Tous les violons d'Alface dépendent de lui, & font obligés de se présenter une fois par an; ceux de la haute Alface à Rapolfstein, & ceux de la basse à Bischweiler. Ils ne peuvent jouer de leur instrument, qu'après avoir rendu ce devoir, & avoit payé au seigneur une redevance de cinq livres par chaque bande de violons. * Longuerue, Description de la France, part. 2, p. 241. Piganiol, Description de la France, t. 7, P. 433. RAPOLLA, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bafilicate, avec titre de duché. Elle est située sur une montagne, au nord de l'Apennin, aux confins de la Capitanate & de la principauté ultérieure, environ à trois milles au midi de Melfi, & à cinq milles à l'occident de Venosa. Cette ville est presque ruinée; son evêché fut uni à celui de Melfi en 1528.* Mangin, Carte de la Bafilicate. Commanville, Table des archev. & évêch. RAPOLZWEYER ou RAPOLXWEYLER, ville de France, dans la haute Alface, au-delà de Bercken, près d'un petit lac, que les cartes du pays ne nomment point, mais que quelques-uns appellent Arengbach. Herzog dit, dans sa chronique d'Alface, 1.3, c. 4, que cette seigneurie avec ses dépendances, est un fief de l'évêché de Bâle, & que la ville avoit été nommée autrefois ROSKSPOLETIN. Elle a appartenu à la famille de Rapolfstein. Aujourd'hui Rapolzweyer est une bourgade assisse au pied du château de Rapolfstein ou Ribaupierre dont elle dépend. Voyez RAPOLFSTEIN.* Longuerue, Descr. de la France, part. 2, P. 241. 1. RAPSA, ville de la Médie : elle étoit dans les terres, selon Ptolomée, 1.6, c. 2, qui la place entre Gerepa & Andriaca. 2. RAPSA, ville de l'Afrique intérieure: Pline, 1.5, c.s, la met au nombre des villes qui furent subjuguées par Cornelius Balbus. RAPSACIUM, lieu fortifié dans l'Armenie, selon Ortelius, Thes. qui cite Cédréne & Curopalate. RAPTRA, ou RAPTUS, fleuve de l'Ethiopie, sous l'Egypte : Prolomée, l. 4, c. 7, marque son embouchure entre la ville Tonice & celle de RAPTA, qui étoit apparemment sur le bord de ce fleuve. Arrien, dans son periple de la Mer Rouge, dit que RAPTA étoit le dernier entrepôt de l'Azanie; & comme Ptolomée fait de cette ville la métropole de la Barbarie, il s'enfuit que les bornes de l'Azanie & de la Barbarie n'ont pas toujours été bien fixes. Etienne le géographe appelle cette ville Rapta, & lui donne le titre de métropole des villes de l'Ethiopie ; & dans un autre en droit, il écrit Raptra, & en fait la métropole de la barbarie. C'est cependant toujours la même ville, & Raptra est un mot corrompu de Rapta ou Raptae, car dans ce quartier-là il n'y a pas eu deux métropoles. Au-delà du fleuve Raptus & de la ville Rapta, Ptolomée marque encore le promontoire Raptum. Le nom moderne du fleuve Raptus est Obii, selon Barros, qui dit que néanmoins vers fon embouchure on le nomme Quilmanci. Marmol connoît autli un fleuve nommé Obii; mais il dit que les habitans du pays l'appellent Buyl-Mancy. * Ortel. Thefaur. RARASSA, ville de l'Inde, en-déça du Gange: Prolomée, 1.7, 6.1, lui donne le titre de métropole, & la marque entre Gagasmira & Modura. Au lieu de RARASSA le texte Grec porte Cragausa. Le nom moderne est Racanga, selon Ortelius, Thef. qui cite Caftald. RARIAM. Voyez RHARIUM. RARUNGAE, peuple de l'Inde, selon Pline, 1.6, c. 20. RAS, riviere de France, en Guyenne, felon Corneille, Dict. qui cite Atlas. Il ajoute qu'elle tire sa source du Con domois qu'elle arrose, & qu'elle va fe décharger dans la Garonne, environ à deux lienes de la ville d'Agen, fans dire si c'est au dessus ou au-dessous de cette ville. Cou lon, dans son livre des rivieres de France, p. 5oo, dit que la Garonne reçoit le Rat du côté de la Gascogne, un peu au-dessus de Layrac. Ce Rat & le Ras de Corneille, pourroient bien être la même riviere, & il y a grande apparence que c'est celle que de l'iste, Atlas, appelle l'Arrats. Dans ce cas l'embouchure de cetre riviere n'auroit pas été bien marquée par Coulon & par Corneille; car l'Arrats se jette dans la Garonne, près de Valence. Voyez ARRATS. RAS-ALAIN, c'est-à-dire Source de Fontaine ; c'est le nom d'une ville appellée vulgairement RASSALINA, située dans la partie de la Mésopotamie appellée Diarbekir, ou Diarbekr. Cette ville fut saccagée & détruite par Ta merlan, dans l'année de l'Hégire 796. * D'Herbelot, Biblioth. or. RAS - ALCANTARA, c'est-à-dire la tête du Pont. C'est le nom d'une des bourgades de la Sogd, ou de la plaine de Samarcande, que l'on nomme auffi Khoschoufgan. * D'Herbelot, Biblioth. or. RAS-DE-BLANQUEST ou RAS-BLANCHARD, OU d'ALDERNAY, petit détroit de France, dans la mer de Bretagne, entre l'isle d'Aldernay & le cap de la Hogue, qui est à la pointe occidentale du Coutantin. Ce détroit a un courant très-violent, qu'on appelle le Jusant. RASAPHE, petite ville de Syrie, où fut martyrifé S. Serge. Voyez SERGIOPOLIS. RASAY, ifle d'Ecosse, au nord de Skie. Elle est mise au nombre des ifles du second rang, & eft à peu près de la même longueur que celle de Rum. Il y a beaucoup de bois, & elle est plus propre au pâturage qu'à produire du bled. Du côté de l'orient il y a une fource qui fort d'un rocher. Son eau se pétrifie en une fort bonne pierre à chaux qu'elle produit en abondance. Il y a auffi une carriere de très bonne pierre de taille: au couchant on voit quantité de souterreins, où logent ceux qui vont l'été dans cette ifle, soit pour la pêche, soit pour engraisser le bétail: on y trouve aussi quelques forts. Le seigneur de cette ifsle eft un cadet de la famille de Maccleod, qui est respecté comme un prince par les habitans. * Etat prés. de la gr. Bret. t. 2, p. 288. RASCALI ou RASKAILLIS, ou RASCALIDG, ville d'Egypte, selon Dapper, Descr. de l'Egypte, p. 55. Il dit, qu'en allant du septentrion au midi, ou en remontant le Nil depuis les côtes de la mer jusqu'au Caire, on trouve deux places fort anciennes; savoir Seru & Raskaillis, fort proches l'une de l'autre ; & il ajoute qu'on vient ensuite à Tome V. Fij Mafur ou Mafura ou la Manfoure. De cette façon Rascali devroit être fur le bras oriental du Nil; mais de quel côté est elle ? C'est ce que ne dit point Dapper. Lucas, dans sa carte du Delta, ne nous donne pas de plus grandes lumieres; car il nomme seulement cette ville, fans en marquer la position précise : peut être eft-ce un oubli du graveur. RASCHIAH ou la RASCIE. Ce nom, qui est esclavon, se donne ordinairement à la province de Servie, qui est une partie de ce que les anciens appelloient Moesie; car la Moesie avoit beaucoup plus d'étendue, que n'en a aujourd'hui la Servie, la Bulgarie y étoit comprise. Les Turcs la nomment aujourd'hui Sirf. Le mot RASCHIA peut cependant être dérivé du turc Ros ou Rous, qui fignifie le pays & les peuples de Ruffie ou Moscovie, que les anciens appelloient Roxii & Roxolani. * D'Herbelot, Biblioth. or. RASCIE, Rascia, pays d'Europe, qu'on connoît plus communément sous le nom de Servie. Voyez SERVIE. RASEBORG, canton de la Suéde, dans la Finlande, & dans la province de Nylande, aux confins de la Finlande méridionale. C'est proprement une terre qui a titre de comté. Elle eft baignée au midi par le golfe de Finlande. Ce n'est pas Borgo qui en est le chef-lieu, comme le dit Corneille, mais RASEBORG, petite ville située sur le golfe de Finlande, à l'orient septentrional d'Ekenes. * De l'ifle, Atlas. RASELAIN, ville de Mésopotamie, entre Mouffel & Riha.On y voit quantité de sources qui donnent naissance à la riviere de Cabour, felon Petit de la Croix, dans son histoire de Timur-Bec, 1.3, c. 36. RASELASIR. Voyez RASELINE. RASEN, bourg d'Angleterre dans la province de Lincoln. On y tient marché public. Etat présent de la grande Bretagne, t. 1. RASENDE, petit lieu, au royaume de Portugal, dans la province de Beja, dans la Comarca de Lamego, sur une hauteur, à trois lieues de Lamego. Il est formé de quelques maisons séparées les unes des autres, en maniere de fermes, & au nombre de quatre-vingts. Le terroir des environs produit le meilleur grain de la province, du lin & du millet. Il fut peuplé par don Rausendo, fils de don Hermige, qui étoit né d'Albomazar Ramirez, fils naturel de don Ramirez II, roi de Léon, qui, en 1030, donna son nom à ce lieu; car Rasende est corrompu de Raufendo. C'est dans cet endroit que le fameux don Alphonse Henriquez, premier roi de Portugal, passa une partie de sa jeunesse, dans la compagnie de son gouverneur Egas Munis, à qui il le donna lorsqu'il fut roi, & par héritage ce lieu passa aux chevaliers de Rafende ses descendans. * Brito, 1. 8, c. 27. Brandam, 1.8, c. 27. & l. 9, с. 6. RASEZ, pays de France, dans le bas Languedoc, avec titre de comté, dont Limoux est le chef-lieu. Ce comté fut donné, suivant le continuateur d'Aimoin le Moine, à Bernard II, comte de Toulouse, par Charles le Chauve en 871. Il appartint ensuite aux comtes de Carcassonne ; & il fut très-souvent l'apanage de leur second fils. Raimond Trincavel, fils de Raimond Roger, comte de Carcassonne, quitta malgré lui à Simon de Montfort en 1211, les droits qu'il avoit au pays de Rasez qu'Amaury de Montfort, fils de Simon, céda au roi Louis VIII, en 1227; & en 1247, Trincavel déclara à S. Louis, en tant qu'il pouvoit en être besoin, qu'il n'avoit aucun droit fur le comté de Rafez, qui a depuis ce tems-là appartenu à la couronne; Jacques, roi d'Aragon, ayant auffi cédé au roi en 1258, les prétentions qu'il y pouvoit avoir. * Corn. Dict. Graverol, Abrégé hist. des villes, chefs-lieux des diocèses de Languedoc. RASGRAD OU HRASGRAD, ville des états du Turc, dans la Bulgarie, entre Rorzig, Marcenopoli & Ternovo. Les Turcs, qui en font les maîtres, y tiennent in fangeac, pour défendre aux Valaques & aux Tranfilvains le patlage du Danube, ou pour l'avoir libre dans Toccafion. * De l'Ifle, Atlas. RASIAPOUR, ville des Indes, au royaume de Decan, felon Corneille, qui cite Mandeslo, & ajoute qu'elle est éloignée d'environ vingt lieues de Goa; mais Mandeslo, 1. 2, p. 239, écrit RASAPOUR, & non RASIAPOUR. C'est la même ville que RAJAPOUR. Voyez ce mot. RASELINE, c'est-à-dire, la tête ou la source de l'eau, lieu situé entre l'Egypte & la Syrie, selon Ortelius, Thes. 1. 22, qui cite Guillaume de Tyr. Il ajoute que François Junius dit, qu'au lieu de Rafeline, il faut lire Rafelme. Guillaume de Tyr met dans le même quartier un lien nommé Rafelrafir, qui pourroit être le même que Rafeline. RASINA: Ortelius, Thes. dit que c'est le nom d'un fleuve dont Martial fait mention, 1.3, Epigr. 67, V. 2 Vaterno Rafinaque pigriores. Sur quoi le pere Jouvenci remarque que Vaternus ou Vatrenus, est une riviere d'Italie nommée présentement Santerno, qui vient du val di Mugello en Tofcane, & qui se jette dans le Pô, felon Pline, 1.3, 6. 16. A l'égard de la riviere Rafina, ou Tefina, comme écrit Bernardinus Scardeonius dans ses antiquités de la ville de Padoue; c'est, aussi une riviere ou un ruisseau, qui se jette dans le Pô. Martial donne à ces deux rivieres l'épithete piger, parca que leurs eaux coulent lentement. Quelques exemplaires de Martial au lieu de Rafina portent Refina; c'est une faute qu'a occafioné la difficulté que l'on trouvoit à expliquer cette épigramme. 1 RASIS, ville de l'Osrhoene, selon la notice des dignis tés de l'empire, sect. 25. : RASNUSI, village de la Perside, dans la contrée api pellée Razeh: c'étoit la patrie de S. Anastase, selon Ortelius qui cite Siméon le Métaphrafte. RASOCALMO, selon Corneille, Dit, & Maty, & RASICULMO, selon de l'Isle, Atlas, cap sur la côte septentrionale de la Sicile. C'est celui qui forme la pointe orientale du golfe de Milazzo. Les anciens le nommoient Falerium Promontorium. RASSAD, lieu d'observation ou observatoire. L'auteur du Leb. Tarikh, écrit que Caïcaqus II, roi de la seconde dynastie de Perse, fit construire deux observatoires, l'un à Babel ou Babylone, sur l'Euphrate, & l'autre sur le Tygre dans le lieu où la ville de Bagdat a été depuis bâtie. Caicaoüs fut depuis imité par Nouschirvan, roi de la quatriéme dynastie, qui est celle Khosroès de Perse; & plusieurs autres princes de l'orient en bâtirent en divers endroits de l'Asie avant le mahométisme. Les khalifes Abbassides, Al-Manfor, & Al-Mamon, qui ont cultivé particulierement la science des astres, en ont fair construire dans l'Iraque & dans le Khorassan; & les Selgiucides qui se rendirent ensuite les maîtres de presque toute l'Asie, en éleverent aussi dans les villes de Hamadan & de Rei, où Maleck Sthah, surnommé Gelaleddin, fit obferver diligemment le point des équinoxes, & réforma l'ancien calendrier des Persans, nommé Jezdigirdique; & en institua un nouveau que l'on appella de son nom, le Gélaléen. Enfin les Tartares mêmes de la dynastie des Ginghizkhaniens, sous Holagou, en firent bâtir un à Marah, où les tables ilekhaniennes de Nassireddin Al-Toussi furent dressées, & Ulugh-Beg petit-fils de Tamerlan fut le fondateur de l'observatoire de Samarcande, où ce prince fit examiner les tables de Naffireddin, & publia les siennes particulieres. * D'Herbelot, Biblioth. or. RASSEB, nom d'un château d'Asie, dans la province Maouaralnabar, ou Transoxane, situé à six parasanges de la ville de Vaschgerd. * D'Herb. Bibl. or. de RASTAT, grand bourg d'Allemagne, dans la Suabe, au marquisat de Bade, avec un beau château sur la Murg, au-dessous de Kuppenheim. Ce lieu appartenoit autrefois aux comtes d'Eberstein. Il fut brûlé en 1424, par les habitans de la ville de Strasbourg, dans la guerre qu'ils eurent contre le margrave de Bade. Il y a des auteurs qui donnent à Rastat le titre de ville. C'est la résidence ordinaire des Margravines de Bade qui se trouvent veuves. Raftat a eu l'honneur d'être le lieu où se traita la paix entre l'empereur & le roi de France en 1714. * Zeyler, Tor pogr. Sueviæ, p. 98. Hubner, Géogr. RASTENBURG, petite ville de Prusse, dans le Bartenland, fur la petite riviere de Guber, près de Reffel. Elle fut bâtie en 1329, & brûlée par les Lithuaniens en 1348. Zeyler, Topogr. Pruf. RASTIA, ville de la Galatie: Ptolomée, 1.5, 6.4, la donne aux Træmi. RATANEUM. Voyez Rhatinum. RATÆ, ville de la Grande-Bretagne. L'itinéraire d'An tonin la place sur la route de Londinium à Lindum, entre Vennonis & Verometum, à douze milles de la premiere de ces places, & à treize milles de la seconde. Ptolomée, 1.2, 6.3, nomme cette ville RHAGE; & Cambden croit que c'est aujourd'hui Ratby. D'autres la marquent aux environs du Rusland, ou près de Ratiford. RATEAS, lieu du Péloponnese, dans l'Arcadie. Paufanias, l. 8, c. 28, dit qu'il étoit au confluent de l'Alphée & du Gortynius. Quelques exemplaires portent RHAETAE. RATENAU, ville d'Allemagne, dans la moyenne Marche de Brandebourg, sur la riviere de Havel, entre les villes de Brandebourg & de Havelberg. Elle fut bâtie en 430, & souffrit beaucoup de la part des Moraviens, étant, pour ainsi dire, la porte pour entrer dans l'évêché de Magdebourg. Elle fouffrit ausli beaucoup dans les guerres du fiécle paffé. Elle fut prise & reprise par les Suédois & par les Impériaux; & les Brandebourgeois la pillerent en 1641.* Zeyler, Topogr. Brandenburg. & Pomeran. p. 87. RATENBURG, ville du comté de Tyrol, que les cartes du pays nomment quelquefois RADTENBERG, RADENBERG & ROTENBURG. Elle est située sur le fleuve Inn, en tre Kufstein & Schwaz, & elle a un château, lequel, conjointement avec la ville & ses dépendances, fut engagé par Louis, duc de Baviere, à Chainhart, duc de Carinthie & comte de Tyrol. Ses fils, Louis, Otton & Henri, ne voulant pas restituer ces domaines à Rudolphe, duc de Baviere, quoiqu'il offroit de leur payer les sommes prêtées. L'empereur Adolfe ordonna au duc de Baviere, de s'en emparer par les armes. Cette dispute ne fut pourtant terminée que l'an 1366, par l'empereur Charles IV, qui moyennant un accommodement entre les maisons d'Autriche & de Baviere, fit rendre cette ville & ce qui en dépend, à la Baviere, qui la garda jusqu'à l'année 1504, que l'empereur Maximilien I, ayant une guerre contre les Bavarois, reprit cette ville, & la rejoignit au comté de Tyrol. * Zeyler, Topogr. Tyrol, p. 146. RATENELLE, paroiffe de France, dans la Bourgogne, prieuré de l'ordre de saint Benoît, au bailliage de Châlon. Elle est située au bord de la riviere de Seille, en pays de plaine. RATHAUSEN, abbaye de filles, ordre de câteaux, dans la Suiffe, au canton de Lucerne, sur la Russ. RATHDOCEN, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des fix qui composent le comté de Wicklow. Etat présent de la grande Bretagne, tome I. RATHDOWNE, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des fix baronnies, qui composent le comté de Dublin, Etat présent de l'Irlande page 37. RATHLIN, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des fix qui composent le comté de Longford. Etat présent de l'Irlande, p. 43. RATIARIA. Voyez RAETIARIA. RATIARNA, ville de la Moesie, selon l'histoire Miscellanée, citée par Ortelius, qui croit que ce pourroit être la même que Ratiaria. Voyez RAETIARIA. RATIASTUM. Voyez LIMOGES. RATIBOR, ville d'Allemagne, la capitale du duché du même nom, situé dans la haute Silésie. Il s'étend jusques dans les montagnes de Bohême, aux confins de la Moravie, & contient les villes d'Oderberg, Sora, Ribenick, Pilzoviz & Miesoviz. Valentin, dernier prince de Ratibor, mourut l'an 1516, & après sa mort, ce duché fut incorporé au royaume de Bohême, conjointement avec la principauté d'Oppelen. La ville étoit déja båtie, avant l'an 1164: elle est située très agréablement à fix milles de la ville d'Oppelen, dans un terrein trèsfertile en toute forte de bleds & de fruits. La riviere d'Oder l'arrose. Il y a des églises & des couvens de divers ordres, & un château sur le bord de l'Oder. Les armes de la ville font, partie de la moitié d'un aigle d'argent, & de la moitié d'une roue de même. En 1627, l'armée du roi de Danemarck assiégea cette place inutilement; mais en 1633 & en 1642, elle fut prise par les Suédois. * Zeyler, Top, Bohemiæ, p. 173. RATINGEN, petite ville du duché de Berg, près de Dufleldorp. RATISBONNE, en allemand Regensburg, ville impériale & libre, fur le Danube, dans le cercle de Baviere. Les auteurs font de différente opinion sur l'origine de cette ville, qui est très-ancienne, & fur la dérivation de fon nom. Quelques-uns disent, que Tibére bâtit cette ville quatorze ans avant la naissance du Sauveur, & la nomma COLONIA AUGUSTA TIBERIA: Onuphre, felon Ortelius, dit avoir trouvé dans une inscription une ville ainsi nommée; & Goltzius rapporte une médaille, fur laquelle on lit: COL. AUG. TIB. Aventin ne doute pas que cette ville ne soit Regensburg, c'est-à-dire, Ratisbonne, Cette opinion est d'ailleurs établie sur deux anciennes ins. criptions, qui se trouvent dans cette ville, l'une est sur la derniere tour du pont de pierre, & l'autre sur la tour de la porte de S. Pierre. On ajoute que Tibére bâtit cette ville pour y loger la quatriéme légion italienne; & que les foldats romains Thabiterent cinq cents vingt-un ans de suite. Simler sour tient que Regensburg eft le Regium d'Antonin, & le Castra Regia de la notice de l'Empire. Voyez REGIUM & CASTRA REGIA. Comme il n'est point parlé dans Tacite ni dans aucun historien de cette colonie, fondée par Tibére; quelques auteurs veulent qu'Ingram ou Hermann, roi des Allemands, ait bâti cette ville, & l'ait nommée Germansheim ou Ingransheim. On trouve dans Althamerque, qu'outre ces deux noms, cette ville en a porté plusieurs autres, comme Reginoburgum, Rhatobona, Rhatopolis, Hyaspolis, Imbripolis, Regnipolis, Tetrapolis & Quadrata. Quoi qu'il en soit des différentes opinions sur l'origine de cette ville, fon nom allemand lui vient de la riviere de Regen, qui se jette auprès dans le Danube. Pour le nom latin RATISBONA; si ce n'est pas une altération de Rhaetabona, il peut s'être fait de Ratis bona, qu'il faudroit entendre, un endroit propre à l'abord des bateaux. Au reste, il est certain que les Romains ont possédé cette ville jusqu'à l'an 508, que les anciens rois & princes de Baviere en firent leur résidence, & la capitale de leur pays. Ils l'ont gardée jusqu'au regne de l'empereur Frédéric I. Les trois rivieres la Nab, le Regen & le Danube, se joignent près de la ville de Ratisbonne, & lui font d'une grande utilité pour la navigation & le commerce. Le pont de pierre qui étoit sur la riviere de Regen, & dont on voit encore quelques restes, fut ruiné par une inondation, en 1573. Celui qui est sur le Danube, est le plus solidement bâti de tous ceux qui soient sur ce fleuve & fur le Rhin. Sa largeur est de vingt-trois pieds, & fa longueur de onze cents. Il est porté fur quatre arcades très-hautes, & larges de vingt-trois pieds, foutenues par des piliers en triangles, pour rompre la rapidité de l'eau & la force des glaces. Henri X, duc de Baviere, & les bourgeois de Ratisbonne, le commencerent en 1135. Il fut achevé en 1146. Les environs de la ville sont très-fertiles; mais les jardins qu'on y voyoit autrefois, le lazareth, l'église dédiée à S. Lazare, avec son cimetiere, & grande quantité d'épitaphes mémorables, & tout le fauxbourg sur le D. nube, où logeoient autrefois les fayanciers, les bateliers & les faiseurs de briques, furent entierement ruinés pendant le siége que cette ville soutint dans le siécle passé. On trouve encore de ce côté beaucoup de monumens des Juifs, dont, après leur bannissement, on détruisit près de quatre mille deux cents maisons, les pierres furent la construction de la nouvelle paroisse. Les fauxbourgs de cette ville s'étendoient ci-devant des deux côtés, à un bon demi-mille vers l'orient, jusqu'au village de Weinding, & vers l'ocçident, jusqu'à une abbaye de prémontrés, nommée Pruling. Il y a encore à présent deux isles dans le Danube, appellées l'Ober Werth & l'Under-Werth, de la longueur d'un bon quart de mille, dans lesquelles on descend par le grand pont de pierre. Elles font habitées par des meuniers, des bateliers & des pêcheurs, & il y a de fort belles promenades. De l'autre côté de la ville, il y a une très-belle chartreuse nommée Bruel. C'étoit jusqu'en 1484 un couvent de bénédictins. Albert, duc de Baviere, le donna aux chartreux. Dans la ville même, qui est ceinte d'une double muraille, & défendue par des bastions & des fossés, avec quarante-quatre tours attachées à la maraille, il y a de très-beaux édifices & de belles églises. La plus remarquable de ces dernieres est la cathédrale dédiée à S. Pierre, église très ancienne, ruinée souvent. par les flammes, & mise en l'état où on la voit à présent par Jean I, furnommé Mofburger, & par Henri IV, tous deux évêques de Ratisbonne, en 1400 & 1482. Il y a dans cette église beaucoup de reliques, des drapeaux, des armes & autres piéces curieuses. À côté on voit l'église de S. Jean, par laquelle on va à la résidence de l'évêque, où logeoient les empereurs, quand ils se trouvoient à la diette. L'église de S. Caffien fut seule conservée en 891, le 10 d'Août, quand toutes les autres furent confumées par le feu tombé du ciel. Le collége des jésuites a une belle église dédiée à S. Paul, ainsi que l'abbaye de S. Emmeram, ou Haimeram. En 640 ce Saint vint de Poitiers prêcher l'évangile en Baviere. Il fut tué par les idolâtres à Helffendorf, près de Munich. Son corps fut ensuite porté à Ratisbonne, & déposé dans l'église de S. George, hors de la ville, où l'on bâtit ensuite une abbaye de bénédictins, avec une nouvelle église dédiée à S. Pierre & à S. Emmeran, dont le corps y repose. L'abbé est prince de l'empire. L'empereur Otton le Grand, donna à cette abbaye le village d'Helffendorf. Précédemment l'empereur Arnoul ayant agrandi la ville, y renferma cette abbaye, dans l'église de laquelle il est enterré avec son fils Louis V, roi de Germanie. On montre dans cette église un prétendu tombeau de S. Denis: & l'on raconte à ce sujet une fable ridicule. On y voit encore la tête de S. Wolfgang, évêque de Ratisbonne, mort l'an 994, & quantité d'autres reliques & antiquités. Il y a dans cette ville deux chapitres de dames, qui font preuve de seize quartiers de noblesle pour y entrer. Les abbesses de ces chapitres sont princesses de l'Empire, & font des vœux ; mais les autres dames peuvent se marier. L'un s'appelle Nider-Munster, & fut fondé par Judith, épouse de Henri, frere de l'empereur Otton I, & fille d'Arnoul, duc de Baviere, laquelle y est enterrée. L'autre est nommé Ober - Munster, & fut fondé par Emma épouse de Louis I, roi de Baviere, elle y est enterrée. Il y a encore différentes maisons religieuses, comme de dominicains, de carmes déchauffés, de capucins, de recolets, & d'autres moines, & deux belles maisons appartenantes à l'ordre teutonique, dans l'une desquelles réside un commandeur de cet ordre. Les luthériens ont aussi dans cette ville de belles églises, des écoles très-bien réglées pour la jeunesse, & des bibliotheques très-célébres. , Quant aux autres bâtimens, il y en a quantité de trèsbeaux. Les évêques de Saltzbourg, de Passau, de Freyling, de Brixen, d'Augsbourg, d'Eichstett, de Seccaw & de Bamberg, y ont leurs palais; & d'autres seigneurs & nobles ont des maisons fort commodes. Cette ville est remplie de noblesse; de forte qu'en 1320, le magistrat n'étoit composé que de gentilshommes, dont il reste encore plusieurs familles, comme celles d'Auer, de Premberg, de Krazer, de Balduin, de Berbing & autres. On voit encore, vis-à-vis le grand arsenal, près de la cour de faint Jacques, une résidence impériale, avec une vieille tour appellée la tour des empereurs, & près de la chapelle de saint Benoît, un palais royal, nommé la Cour des rois. La maison de ville & la grande salle où s'assemble la diette de l'empire sont très-dignes d'être vues; cette derniere est ornée de belles peintures. Les magasins & autres édifices publics sont bien entretenus. Vis-à-vis de la maison de ville, on voit sur une grande maison de pierre un bas-relief représentant le combat de Jean Dollinger, gentilhomine d'ancienne extraction, & conseiller de Ratisbonne, contre un capitaine Hun, nommé Craco, haut, dit-on, de dix pieds. Ce combat se fit en 930, en présence de Henri l'Oiseleur, roi de Germanie. Craco fut tué; & Dollinger fut créé chevalier par le roi Henri, qui lui accorda de grands priviléges pour lui & pour sa famille. Le dernier des Dollinger, nommé Frédéric, vivoit encore en 1541. La ville est gouvernée par le magistrat, qui est divisé en divers tribunaux. Quoiqu'elle ait été autrefois la résidence des princes de Baviere, ils n'y ont point de jurisdiction, depuis que de leur consentement elle a été déclarée ville libre de l'empire, ils ont néanmoins une douane, & la place où l'on exécute les criminels, que le magistrat tient en fief de la maison de Baviere. L'an 1483, les bourgeois de Ratisbonne s'étant révoltés, le magistrat se soumit avec la ville à Albert, duc de Baviere; mais l'empereur Frédéric IV, ayant déclaré la guerre à ce prince, il rendit cette ville après l'avoir possédée six ans, & Frédéric margrave de Bran debourg, accompagné du comte de Zorn, en prit poffes fion au nom de l'empereur, en 1492, fit prêter le ferment de fidélité aux bourgeois & créa un nouveau magiftrat. L'an 891, Ratisbonne fut presque réduite en cendres, excepté les églises de saint Caffien & de saint Emmeram. En 916, l'empereur Conrad I, y tint une diete générale de l'empire. Sous le régne de l'empereur Otton 1, on amena en cette ville un roi des Huns, avec quatre de leurs chefs, que Henri, duc de Baviere, y fit pendre. L'an 1172, & diverses fois depuis, cette ville a été entierement ruinée par les flammes. L'empereur Frédé ric II, tint en 1215, a Ratisbonne, une diete générale, & accorda beaucoup de priviléges à cette ville. On y tint une conférence en 1546, sur les matiere de la religion : & on accepta l'Interim de la confeffion d'Augsbourg, qui dura jusqu'à l'année 1551, qu'on introduifit entierement l'exercice de la religion luthérienne. A cet effet, on appella, pour être curé de la nouvelle paroiffe, Nicolas Gallus de Magdebourg. Cette religion s'y est toujours conservée depuis. En 1555, on y érigea un confistoire lutherien. Le 28 d'avril de l'année 1624, un coup de tonnerre tomba sur un grand magasin à poudre, qui creva avec une telle violence, que la plus grande partie des murailles, des bastions & des bâtimens, autour de saint Emmeram, en fut renversée, & les pierres du magasin jettées jusqu'au milieu de la ville, où elles firent beaucoup de dommage. Bernard, duc de Saxe-Weimar, prit Ratisbonne par accord en 1633, & y étant entre avec ses troupes, il fit prononcer le premier fermon luthérien dans la cathédrale, après que les catholiques eurent fini leur office; mais cette ville fut reprise l'année suivante par les Impériaux. * Voyez Keyler, Topog. Bavar. & Brunner, 1.13, Annal. p. 523. RATOLFZELL. Voyez RATOLFZELL. RATONNEAU; on donne ce nom à l'une des isles de Marseille, dans la mer Méditerranée, sur la côte de Provence. Cette ifle eft voisine du château d'If, du coté du nordouest, & elle n'en est éloignée que d'environ trois cents toises. Il y a sur la pointe du nord-est de cette ifle, une batterie de canon, & fur le haut quelques fortifications avec une tour carrée au milieu. Cette isle peut avoir envi ron une demi-lieue de longueur. A l'ouest elle a un gros écueil, qu'on appelle le tiboullen, entre lequel & l'ifle on peut paffer, y ayant vingt brasses d'eau. Mais tout auprès de la pointe de Ratonneau il y a une séche où la mer brife quelquefois. Il y a aussi quelques écueils qui sont hors de l'eau. * Michelot, Port. de la Méditer. p. 64. On peut mouiller en plusieurs endroits aux environs de l'isie de Ratonneau ; mais principalement vers la pointe de l'isle de Saint-Jean, où est la tour, & aux environs d'un écueil qui est vis-à-vis une petite plage, au-deffous de la forteresse: on y est par trois, quatre & cinq brasses d'eau, fond d'herbe vaseux. Il faut avoir une bonne ancre vers le sud-est, qui en est le traversier & une amarre sur l'isle de Ratonneau ou sur les écueils, suivant l'endroit où l'on est. Il y a quelques galeres qui portent une amarre sur l'ifle de Saint-Jean, & un fer au nord-ouest, Il faut bien s'amarrer du côté de l'ifle de Ratonneau, à cause des rafales du nord-ouest, qui viennent avec violence par dessus l'ifle. On peut facilement paffer entre les deux ifles avec des vaisseaux & des galeres. Il y a fix à sept brasses de profondeur au plus étroit passage. RATOTH, baronnie d'Irlande dans la province de Leinster. C'est une des onze, qui composent le comté d'Eastmeath. Etat présent de l'Irlande, p. 38. RATSCHACH, bourg de la basse Carniole, sur le fleuve Sau, au-delà du bourg de Lichtenwald. * Zeyler, Topogr. Carniæ, p. 129. RATSITCHCANDABAN ou SITCHCANDABAN, montagne d'Asie, dans la Tartarie, au Turquestan, entre les sources de l'Irtich & de l'Oby. Petit de la Croix, 1.3, c.6, dir, dans son histoire de Timur-Bec, que cette montagne est à 14d 53' de longitude, & à 53d 30' de latitude. RATTE, lieu de France, dans la Bourgogne, au bailliage de Châlon. C'est une paroisse qui a pour dépendances les Villerots, les Nuelles, Villejamay & Chezlonotte. Elle eft située au milieu des bois; & il y passe un chemin qui va de Louans à Lons-le-Saunier. |