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la Provence. Elle eft fertile en bleds excellens.

SENAULT, ou plutôt SENOTS, terre de France, dans le Vexin François, au diocèfe de Rouen, élection de Chaumont. Asculfe de Senots, ou du Fay, poffédoit la terre, quand il fonda, vers l'an 1158, l'abbaye de Marcheroux, de l'ordre de prémontré, & le prieuré Relfomb, érigé depuis auffi en l'abbaye du même ordre. L'abbé du Bec, à qui appartient la meilleure partie des groffes dimes a la nomination de la cure, comme auffi de la cha pelle de faint Aufbert, qui paffe pour un prieuré.

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SEND & SIND. Les Arabes divifent ordinairement le pays des Indes, que les Turcs & les Perfans appellent Hindoftan, en deux parties; à favoir, en celle qu'ils appellent Hend ou Hind, & en celle de Send ou Sind. * D'Herbelot, Biblioth. or.

Le mot de Sind fignifie proprement le fleuve que nous appellons Indus, & par extention tout le pays qui eft en deçà de l'occident, & au-delà à l'orient, comme contigu à ce fleuve, que les Perfans appellent auffi Sindab, & quel ques Arabes Sendab. C'eft de la même façon que les Arabes, qui appellent le fleuve du Jourdain Arden, donnent fouvent ce même nom à toute la Judée, la Galilée & la Palestine.

Les géographes orientaux écrivent que le pays de Send a à fon orient celui de Hend, qui eft proprement la partie des Indes, qui eft aux environs de deçà & de delà le Gange, depuis la fource jusqu'à fon embouchure ; à l'occident les provinces de Kerman, de Macran & de Segeftan, comprifes aujourd'hui fous l'empire des Perses.

Il a à fon feptentrion une partie du Hend, ou le Cabul, & le Touran ou Turqueftan, que quelques-uns appellent en cet endroit Turck-Hind, & nos géographes IndoScythia; & enfin au midi de la mer de Perfe, qui le borne en forme d'arc, ce que les Arabes appellent Fifebiltacouis, ce que nous appellerions nous, en forme d'anfe, ou de golfe.

Plufieurs géographes comprennent la province de Multan, auffi-bien que celles de Zablestan, de Gaznah & de Gour, & même les villes de Deïbul & de Mansourah, qui font peut-être Diu & Surate, dans le pays de Sind, & celle de Biroun, qui a donné la naissance au fameux auteur de la géographie intitulée canoun Albirouni.

SENDAFOULAT, & SENDIFOULAT, nom d'une ifle de la mer de la Chine, ou de l'Océan Indique oriental, qui eft une des principales échelles, ou entrepôt du commerce des Indes, de la Chine & du Japon, felon le cherif Al Edriffi. Elle n'eft éloignée d'une autre ifle, qui porte le nom de Senf, que l'on place ordinairement plus vers le midi, que de dix jours de navigation, & d'une ville de la Chine, nommée Kankhou, feulement que de quatre.

Le même Edriffi dit, dans la dixième partie de fon premier climat, que cette ifle eft un des ports ou portes de la Chine, qu'il compte jusqu'au nombre de douze, & qu'il qualifie de ce nom, des ouvertures des montagnes, qui font autant d'embouchures de différentes rivieres qui fe déchargent dans la mer,& par où les vaiffeaux remontent bien avant dans le pays.

SENDAFOUR, & SENDAPOUR, que l'on trouve auffi fouvent nommée SENDAFOUL & Sendapoul. Ce font les noms d'une ville du pays que les Arabes appellent Balad Alfoulfoul, pays du poivre, & Belad Almibar, que nous appellons la côte de Malabar, fur laquelle la ville de Calecut, qui eft la capitale, eft bâtie.

Les géographes orientaux difent que c'eft dans le terroir de cette ville que les cannes, qui portent le thabaschir, croiffent abondamment.

SENDAN, ville maritime des Indes, que quelques-uns nomment Sendaboun. D'Herbelot dit, dans fa bibliotheque orientale, que le géographe perfien la place au bord de la mer qu'il appelle Deria Akhdhar, c'est-à-dire, la mer Verte, qui eft proprement le golfe de Cambaya.

SEND BRARY, fontaine merveilleufe, dans le royaume de Cachemire, à trois petites journées de la ville capitale, & environ à une d'Achiavel, en tirant au nord-eft. Voici ce que Bernier (Voyage de Cachemire, tom. 1, lettre 9,) rapporte de cette fontaine, qu'il dit avoir examinée attentivement. Au mois de mai, tems auquel les neiges ne viennent que de fondre, cette fontaine flue & s'arrête reglément trois fois le jour; fur la pointe du jour, fur le midi, & fur la nuit. Son flux eft pour l'ordinaire de trois

quarts d'heure, quelquefois plus, quelquefois moins, & affez abondant pour remplir un réfervoir carré, qui a dix ou douze pieds de largeur, & autant de profondeur. Après les quinze premiers jours, fon cours commence à n'être plus fi réglé ni fi abondant, & enfin, après un mois ou environ, elle s'arrête tout-à-fait, & ne coule plus le refte de l'année, fi ce n'eft pendant quelques grandes & longues pluyes, qu'elle coule fans ceffe & fans regle comme les autres fontaines.

Les Gentils ont fur le bord du réfervoir un petit deüra ou temple de l'idole Brare, qui eft un de leur deüras ou fauffes divinités; & c'eft pour cela qu'ils appellent cette fontaine Send Brari, comme qui diroit eaux de Brare. On vient de toutes parts en pélérinage pour le baigner & se fanctifier dans cette eau miraculeufe. On fait fur l'origine de cette eau plufieurs fables.

que

La montagne, au pied de laquelle eft la fontaine, s'étend du nord au midi, & le trouve féparée des autres montagnes, qui néanmoins en font fort proches. Elle eft en forme de dos d'ane. Son fommet, qui eft très-long, n'a guères que cent pas dans l'endroit le plus large. Le côté du levanc eft couvert d'herbes vertes, le foleil néanmoins n'y donne fur les huit heures du matia, à caufe des autres montagnes oppofées ; enfin, l'autre côté qui eft oppofé au couchant, eft couvert d'arbres & de buiffons. Tout cela, avec la dispofition intérieure de la montagne, pourroit bien être la caufe de ce prétendu miracle. Car il fe peut faire que le foleil du matin, venant à donner fortement fur le côté qui lui eft oppofé, l'échauffe & fait fondre une partie des eaux glacées, qui durant l'hiver que tout eft couvert de neige, s'infinue au dedans de la montagne : que ces eaux venant à pénétrer & à couler en bas peu à peu, jusqu'à certaines couches ou tables de roches vives, qui les retiennent & conduifent vers la fource de la fontaine, produisent le flux du midi: que le foleil s'élevant au midi, & quittant ce côté, qui fe refroidit, pour frapper fur le fommet qu'il échauffe, fait encore fondre de femblables eaux gelées, qui descendent de même peu à peu, mais par d'autres circuits, jusqu'à ces couches de rochers, & font le flux du foir; & qu'enfin le foleil échauffant le côté occidental produit le même effet, & cause le flux du matin, lequel eft plus lent que les deux autres, ou parce que ce côté occidental eft éloigné de l'oriental, où eft la fource, ou parce qu'étant couvert de bois, il ne s'échaufte pas fi vite, ou bien à caufe de la froideur de la nuit. Cette explication s'accorde parfaitement avec ce qu'on dit que dans les premiers jours l'eau vient en plus grande abondance que fur les derniers ; & qu'elle vient enfin à s'arrêter & à ne couler plus du tout; car il eft naturel que, comme dans le commencement, il y a dans la terre une plus grande quantité de ces eaux gelées que fur la fin, elle produifent une plus grande abondance d'eau. Cette explication convient encore à ce que l'on a remarqué, qu'il y a des jours dans le commencement même, qu'un flux fe trouve plus abondant l'autre, & quelquefois au midi plus qu'au foir ou au matin, ou bien au matin plus qu'à midi : ce qui arrive, parce qu'il fe trouve des jours plus chauds les uns que les autres, ou qu'il s'élève des nuages qui interrompent cette égalité de chaleur, & rendent par conféquent les flux inégaux.

que

SENDE ou SINDE. C'eft le nom du fleuve Indus, felon Petit de la Croix, dans l'histoire de Timur-Bec, 1. 3, c. 2. Voyez SINDE.

4,

SENDICA, contrée de la Scythie, felon Pline, 1. c. 12, qui la met au voifinage du pays des Tauro-Scythes. Ses habitans étoient appellés Sendi ou Sindi. Voyez SINDI.

1. SENDOMIR ou SANDOMIR, palatinat de la petite Pologne. Il eft d'une affez grande étendue, & a pour bornes au nord les palatinats de Lencicza, de Rava, & de Mazovic; à l'orient les palatinats do Lublin & de Ruffie ; au midi, une partie du palatinat de Cracovie ; & au couchant occidental, encore une partie du palatinat de Cracovie. Ce palatinat, qui prend le nom de fa capitale, eft divifé en huit territoires, qui font ceux de

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Ce palatinat fournit neuf fénateurs du royaume, favoir; le palatin de Sendomir, & les caftellans de Sendomir, de Wislicza, de Radom, de Zavichost, de Zarnaw, de Malogoscz, de Polanecz & de Sechow. Il abonde en mines d'or, d'argent, de cuivre, de plomb, de fer & d'acier ; on y trouve des carrieres de diverfes fortes de marbre; & il produit quantité de fruits excellens, qui ne cédent point en bonté à ceux d'Italie. * De l'Ifle, Atlas. Andr. Cellar. Descr. Polon. p. 177.

2. SENDOMIR ou SANDOMIR, ville de Pologne, & la capitale du palatinat de même nom, dans l'endroit où le San fe joint à la Viftule. Elle eft fituée fur une colline, d'où elle a une belle vue fur la riviere. Sa fituation & les ouvrages qu'on y a élevés en font une place forte. Ses habitans paffent pour polis; auffi y voit-on toujours un grand nombre de nobleffe, parce que Sendomir eft le fiége du tribunal de la province. On y remarque une églife collégiale fort riche, une maifon de jéfuites, qui y enfeignent la jeuneffe, & quelques autres maifons religieufes. Près de la ville, on voit deux églifes, l'une dédiée à faint Jacques, & l'autre à faint Paul : toutes les deux font tellement environnées d'arbres, qu'on les diroit fituées au milieu d'une forêt. Ce font des pélérinages très-fréquentés. Le château, qui eft au midi de la ville, & bâti de pierres, fe trouve fur un rocher fi escarpé, qu'on a de la peine à y monter & à en descendre. Les Tartares s'emparerent de Sendomir en 1240, en 1241 & en 1260 : ils étoient affiftés des Ruffes, qui fe rendirent maîtres du château par ftratagême. Rien n'eft comparable aux cruautés qu'ils y exercerent. La plûpart des hommes furent paffés au fil de l'épée, & les femmes & les filles furent violées. Ces barbares, laffés de répandre du fang, s'aviferent de forcer le peuple à fe jetter en foule dans la Viftule. On dit qu'on égorgea tant de perfonnes dans le château, que leur fang coula jusques dans la riviere. On les regarda comme autant de martyrs, & en mémoire de cet événement, on célébre tous les ans une fête le 2 juin. Après cette cruelle boucherie, les Tartares mirent le feu au château & le réduifirent en cendres. Ils attaquerent cette ville en vain vers l'an 1287, & les Bohemes n'eurent pas plus de fuccès lorsqu'ils l'attaquerent; car ils furent contraints de fe retirer avec une perte affez confidérable. Boreccius. Annal. Bohem. fol 250,dit que les habitans de Sendomir ouvrirent volontairement leurs portes aux Bohemes. Quoi qu'il en foit, les Suédois prirent Sendomir en 1655, & les Polonois la reprirent l'année fuivante le 20 mars. Les Suédois avoient mis le feu au collége des jéfuites, qui fut confumé ainfi que la ville & le château. * Cromerus, 1. 9. Rer. Pol. fol. 232.

SENDROVIA. Voyez SPENDEROBIS, & SEMENDRIAH. SENE, ville de la Gaule Celtique: Etienne le géographe, qui fournit le nom de cette ville, pourroit bien entendre par là la ville de Sens.

SENEÆ, ville épiscopale de l'Afie mineure, dans la Pamphylie. Elle étoit fituée entre Cotana & Carallia. Nec-. tarius, fon évêque, fouscrivit au concile d'Ephèse, tenu l'an 431. Harduin. Collect. conc. t. I, p. 1427.

SENE FONTAINE, baronnie de France, en Champagne, dans l'élection de Chaumont. Elle a été long-tems poffédée par des feigneurs du même nom : depuis elle a paflé dans la maifon de Belain, l'une des plus anciennes & des plus confidérables du Baffigny : enfuite en celle d'Amboife, par le mariage de Jean d'Amboife avec Catherine d'Eft Belain; & enfin dans la maifon de Choifeuil. * Baugier, Mémoires hift. de Champ. t. 2, p. 347.

SENECEY, village de France, dans la Bourgogne, recette de Châlons. Ce lieu, qui eft bien peuplé, fe trouve dans une fituation affez belle, & dans la paroiffe de faint Julien. C'est le grand chemin de Châlons à Lyon. Il y a quelques vignes aux environs. Senecey eft une terre ancienne, érigée en marquifat en 1615, en faveur de la maifon de Baufremont: en 1720, il a paffé dans celle d'Ailly. On y compte trois fiefs, favoir; la Tour de Varet, lesJardins & le Meixcrochet, outre les métairies des Maifon-Dieu & le moulin de Vaniere. Il y a un petit chapitre dans le château de Senecey.

SENEF ou SENEFFE, village des Pays-Bas, dans le Brabant, à deux petites lieues de Nivelle, vers le midi. Ce lieu eft devenu célébre par la victoire que le prince de Condé y remporta le 11 d'août 1674 fur les Hollan

dois, commandés par Guillaume de Naffau, prince d'Orange, & depuis roi d'Angleterre.

1. SENEGA, ou SENEGAL, nom que les Européens donnent au fleuve Niger. Voyez NIGER.

2. SENEGA, SENEGAL, OU L'ISLE SAINT-LOUIS, ifle d'Afrique, à l'embouchure de la riviere de Senega, à deux lieues au-deffous de la grande ifle de Bifeche, & environ à trois quarts de lieue au-deffus de l'iflet aux Anglois. On la nomme l'ifle de Saint-Louis, à caufe du fort de ce nom, qui y eft fitué. C'est le principal comptoir de la compagnie, & la réfidence du directeur & commandant général. L'ifle de Senegal, dit le pere Labat, eft à 16d de latitude feptentrionale, au milieu de la riviere de Niger ou de Senegal, à trois ou quatre lieues de la Barre, felon que la riviere s'ouvre un paffage dans la langue de fable, qu'on appelle la pointe de Barbarie, & qui forme d'un côté l'embouchure de la riviere. Cette ifle n'eft pas grande. Bien des gens, qui y ont été, lui donnent une lieue ou environ de circonférence. Le fieur Froger, ingénieur, qui la mefura en 1705, dit qu'elle a onze cents cinquante toifes de longueur du nord au fud. Comme fa largeur eft fort inégale, il ne l'a pas déterminée. Un autre ingénieur, qui la mefura en 1714, ne donna à la pointe, qui eft plus voisine de la Barre, que quatre-vingt-dix toifes de largeur, & à celle qui lui eft oppofée cent quatre-vingt-douze, & à l'endroit où le fort eft conftruit cent trente toile. Le bras de la riviere, qu'elle a du côté de l'eft, a trois cents quatrevingts toiles de largeur, & celui de l'oueft deux cents dix. Le terrein en eft plat, maigre & fablonneux. L'extrémité qui regarde la barre étoit autrefois plus plate que tout le refte, & par conféquent inondée dans les grandes eaux. Elle n'y eft plus fujette préfentement. La riviere & les vents du nord y ont apporté des fables, qui ont fait des dunes, qui élevent le terrein, & qui font paroître le fort comme dans un enfoncement. Il refte pourtant à cette pointe une espéce de marais ou mare d'eau falée, qu'on appelle un Marigot, & qui eft environnée de plufieurs dunes de fable. La pointe du nord eft couverte de grands arbres, qui paroiffent comme une futaie, mais qui ne font que des mangles ou des peletuviers, dont le pied eft toujours dans l'eau. On trouve dans la terre ferme, & aux ifles de l'Amérique, plufieurs espéces de ces arbres, comme on peut le voir en plufieurs endroits de ce livre. L'espéce, que l'on trouve plus communément au Senegal, eft celle des mangles noirs. Ils font un feu vif & ardent; & fi on les employe à des ouvrages dans l'eau, comme pilotis & autres, ils durent long-tems. On fe fert encore de l'écorce des peletuviers pour taner les cuirs. Il y a un marais ou marigot confidérable dans le terrein occupé par ces arbres, & un autre plus petit, environ au milieu, de la longueur de l'ifle, avec un bouquet d'arbres de différentes espèces, qui en eft fort voifin, & fert de retraite aux moutons & cabris qu'on nourrit fur l'ifle, dont le fol, quoique fablonneux, ne laiffe pas de produire une herbe courte, déliée, touffue & un peu falée, que ces animaux aiment extrêmement, qui les engraiffe, & donne à leur chair un goût excellent. Ces marigots fervent encore à retirer les cochons de l'habitation de la compagnie. Ils y trouvent de quoi le vautrer, & paffer à couvert du Soleil une bonne partie de la journée. Mais les hommes ne peuvent y prendre le frais, parce que ces endroits fervent de retraite pendant le jour à des millions de mouftiques, & de coufins ou maringoins, qui fe tiennent à couvert de la chaleur. C'est le premier défagrément que l'on éprouve fur cette petite ifle. Le fecond eft qu'elle manque abfolument d'eau douce plus de la moitié de l'année. Il n'y a aucune fource ni fontaine ; & pour être au milieu d'une grande riviere, on n'en eft pas plus avancé, parce qu'elle eft falée depuis le mois de décembre jufqu'à celui de juillet. Pendant les autres mois la crûe des eaux, & la rapidité de leur cours, empêchent les marées de monter affez haut pour gâter l'eau de la riviere. On s'en fert alors: elle est très-bonne à boire, & fort faine; mais dans les autres tems il faut avoir recours aux puits, que l'on creufe dans le fable, où l'on trouve une eau faumâtre, c'est à dire un peu moins que demi-falée, & dont il faut ufer, faute d'autre. Pour la rendre plus pure & plus potable, on la fait paffer au travers d'une pierre un peu poreufe qu'on apporte des Canaries, & qui eft creulée en cône. L'eau, en filtant par les pores, s'y décharge de tou

res les impuretés qu'elle avoit, & même d'une partie de fon fel. Pour la rafraîchir on la met dans des vales de terre, qui ne doivent point être verniffés, & qu'on place dans un lieu expofé au vent du nord, qui elt toujours frais. Ce qu'il y a de défagréable dans les puits que l'on creufe, c'eft qu'ils ne durent pas long-tems: leur eau devient enfin tout-à-fait falée, & il en faut creufer d'autres. Il est vrai que la peine n'eft pas grande, parce qu'il y a peu à creufer pour trouver l'eau douce, & qu'on trouveroit infailli. blement la falée, fi l'on fe donnoit la peine de creufer davantage. Ce qu'il y a encore d'extraordinaire, c'eft que l'eau de ces puits devient falée à mefure que celle de la riviere devient douce, & qu'elle redevient douce en même tems que celle de la riviere fe gâte en fe falant. Labat, Relation de l'Afrique occidentale, t. 2,

p. 220.

tant qu'ils y trouvent des pâturages; au lieu que les Né gres font fédentaires, & habitent des villages. Ceux-là font libres; mais ceux-ci ont des rois, qui les tyrannisent, & les font efclaves. Les Maures font petits, maigres, & de mauvaise mine, ayant l'esprit fin & délie : les Négres au contraire font grands, gros & bienfaits, mais fimples & fans génie. Le pays habité par les Maures n'eft qu'un fable fterile, privé de toute verdure; & celui des Negres eft fécond en pâturages, en mil, & en arbres toujours verds, mais qui ne portent point de fruits bons à manger. C'eft de ces Maures que les François tirent la gomme Arabique. Ils la cueillent dans les déferts de la Libye intérieure. Elle croît aux arbres qui la portent, comme celle qui vient aux cerifiers, aux abricotiers & aux pruniers en France. Ils l'apportent vendre un mois ou fix femaines avant l'inondation du Niger. On leur donne en échange du drap bleu, de la toile de la même couleur, & quelque peu de fer. Ils viennent de cinq ou fix cents lieues dans les terres pour apporter, l'un un demi quintal de gomme, l'autre plus ou moins. Ils font tout nuds fur les chameaux, chevaux & bœufs, dont ils fe fervent auffi fouvent à porter leurs marchandises. Les plus confidérables d'entre eux ont une espece de manteau fait de peau fourée, qui reffemble affez à la chape de nos chantres: les autres n'ont qu'une méchante pièce de cuir qui cache leur nudité. Ils ne fe nourriffent tous que de lait, & de gomme qu'ils font diffoudre dedans. Les François les nourriffent en partie, lorfqu'ils viennent trafiquer. On achete leurs bœufs exprès pour les leur faire manger; mais ils les égorgent eux-mêmes autrement ils n'en mangeroient pas. Quoiqu'ils ayent beaucoup de beftiaux, ils en mangent rarement, fi ce n'eft lorfqu'ils les voyent prêts à mourir de maladie, ou de vieilleffe. Comme le trafic le fait fur le bord de la riviere, ils ne trompent pas facilement, parce qu'on embarque la marchandife à mesure qu'on la reçoit d'eux. Le commerce fe fait, dans les mois de mai & de juin, à trente lieues audeffus de l'habitation. Lorfque tout eft fini, ils fe répandent en injures; & s'ils attrapent quelques François, ou autre blanc, ils les tuent en repréfailles d'une querelle paffée il y aura vingt ans. Ils fe retirent dans les terres fi tôt que le Niger commence à fe déborder.

On ne fait précisément le temps où les directeurs de la compagnie tranfporterent leur établiffement de l'ifle de Bocos, où il étoit au commencement, à celle du Senegal. Ces établissemens ont changé plufieurs fois de figure, felon la néceffité ou le caprice des directeurs qui ont commandé fur les lieux. Il ne refte de ce premier établissement dans l'ifle de Senega que quatre tours rondes, d'environ vingt pieds de diamétre, , qui font un angle obtus : les deux tours du milieu ne font éloignées l'une de l'autre que de quatre toifes & demie, & celles des deux bouts font éloignées l'une de l'autre de onze. Il y a apparence qu'elles ne devoient pas être feules, & que leur nombre devoit être plus grand, & renfermer un efpace plus confidérable, en formant un château comme on les faifoit autrefois. Elles font de bonne maçonnnerie, & couvertes en pointe avec des tuiles. On juge par leur conftruction & par leur fituation qu'elles font très-anciennes, & du premier tems que la compagnie s'établit dans le pays. Les directeurs, qui ont gouverné les affaires de la compagnie, ont uni ces tours par des murs, & les ont renfermées dans une enceinte de bois terraffée, fous une partie de laquelle il y a des magasins, avec de mauvais baftions mal tracés, encore plus mal bâtis. De plus ce fort eft trop petit pour loger les employés de la compagnie, qui font obligés d'avoir des cafes de paille hors de l'enceinte, où ils font expofés à tout ce que les Négres voudroient entreprendre contre eux, fans fe pouvoir fecourir les uns les autres, même le fort, s'il prenoit envie aux Négres de l'infulter. Ce fort eft pourtant muni de trente canons, montés fur plufieurs batteries, avec une affez bonne quantité de menues armes, & l'on y fait la garde exactement; car quoique les François foient bien avec les Négres, les marchandifes, que ceux-ci favent être dans les magafins, font pour eux une tentation bien preffante. La compagnie entretient pour l'ordinaire environ deux cents hommes, qui font difperfés dans les fix établiffemens qu'elle a fur la côte, & au dedans du pays. C'est le directeur & commandant gé neral qui fait cette répartition, qui, fous le bon plaifir de la compagnie, pourvoit à tous les emplois qui viennent à vaquer, retient à son service ceux qu'il croit lui convenir, renvoye en France ceux qu'il ne juge pas à propos de garder. Son autorité eft grande, & le fait refpecter des employés de la compagnie, & des rois, princes & feigneurs

du pays.

C'est dans l'ifle de Senega que les Négres apportent leurs marchandises, comme cuirs, yvoire, captifs, & quelque fois de l'ambre gris; car pour la gomme Arabique, c'eft des Maures qu'on la tire. On donne en échange à ces Négres de la toile, du coton, du cuivre, de l'étain, du fer, de l'eau de vie, & quelques bagatelles de verre. Le profit qu'on tire de ce commerce eft de huit pour cent. Les cuirs, l'yvoire, la gomme, fe portent en France ; & on envoye les esclaves aux ifles françoifes de l'Amerique. On en a des meilleurs à dix francs pièce, & on les revend plus de cent écus. Souvent pour quatre ou cinq pots d'eau de vie on a un bon efclave; ainfi la dépenfe eft moins dans l'achat que dans le tranfport. * Voyage du Sieur le Maire, Voyage du Sieur le Maire, P. 72, & fuiv.

La riviere de Senega fépare les Azoaghes, Maures ou Bafanés, d'avec les Négres; de façon que d'un côté du fleuve ce font des Maures plus blancs que noirs, & de l'autre des hommes parfaitement noirs. Les premiers font errans, campent, & ne font de féjour en un lieu, qu'aufont de féjour en un lieu, qu'au

3. SENEGA, ou SENEGAL, royaume de l'Afrique Qo cidentale, & le premier de la Nigritie, du côté de l'embouchure du Niger. Il étoit autrefois très-considérable. Aujourd'hui c'eft peu de chofe, parce que fon roi eft devenu tributaire d'un autre. Sa domination s'étend le long du rivage, l'efpace de quarante lieues, fans compter quelques petits feigneurs près de l'embouchure, qui lui font tributaires; & il avance environ dix ou douze lieues dans les terres. Ce roi s'appelle Brac ; ce qui eft un nom de dignité, qui veut dire roi ou empereur des rois : il y joint auffi, quand bon lui femble, le nom de fa famille. Sa majefté n'a pas fouvent nême du mil à manger. Il aime tant les chevaux, que la plupart du tems il fe contente d'une pipe de tabac, & d'un peu d'eau de vie, afin de laiffer le mil à trois ou quatre chevaux qu'il a. Il s'en fert à faire des courfes fur le plus foible de fes voifins, fans le moindre prétexte ; & ainfi il leur enleve leurs bœufs, en quoi confiftent leurs richeffes, les fait quelquefois esclaves euxmêmes, & les vend pour de l'eau-de-vie. Quand il s'apperçoit que cette liqueur diminue chez lui, il enferme dans un coffre ce qui lui en refte, & en donne la clef à un de fes favoris, qu'il envoye à trente lieues de là dire quel ques bagatelles à fes femmes, afin que, pendant le tems qu'il eft privé de la clef, il ne boive point, & épargne ainfi ce qui lui refte. Si fa tyrannie n'a pû s'exercer fur les voifins, il la fait fentir à fes sujets parcourant fon pays, demeurant deux jours dans un village, trois jours dans un autre, où il fe fait nourrir avec toute fa fuite, eft compofée de deux cents coquins des plus rafinés, par‍le commerce qu'ils ont avec les blancs, dont ils ne retiennent que les mauvailes qualités. Lorfqu'ils ont ruiné les villages, ils y font fouvent des efclaves à la moindre ombre d'offenfe. Mais fi le prince eft perfide, fes fujets ne le font pas moins: le pere vend fon fils, le fils, fon pere & fa mere, quand le cas y échoit. Quand ils veulent vendre quelqu'un, ils le prient de les aider à porter quelque chofe à l'habitation, & quand il y eft, ils le livrent à quiconque en veut, lorsqu'il n'entend pas la langue.

qui

royaume d'Hoval, & il lui donne quarante-fix lieues d'étendue de l'eft à l'oueft. Il ajoute : Sa largeur ou hauteur, au nord de la riviere, n'eft pas confidérable : les Maures quoiqu'ils ne foient rien moins que fédentaires, le preffent & viennent allez fouvent camper fur les terres que le Brac prétend avoir été anciennement du domaine de fon royaume. Ce royaume eft beaucoup plus étendu au fud de la riviere. Les maifons des habitans du Senega même du roi font de paille. Elles ont environ quatre pas de diamêtre : une efpèce de dôme, dont le deffus eft de paille, & le deffous de palmiers en fait la couverture qui eft allez bien travaillée. Ce dôme eft foutenu par cinq ou fix fourchettes ; & la muraille eft aufli de paille ou de palmier, le tout affez induftrieufement entrelalle. Ils n'ont ni portes, ni fenêtres à leurs maifons, hormis un trou femblable à l'ouverture d'un four de village; de forte qu'il faut aller à quatre pates pour y entrer. Quoique la chaleur doive être exceffive daus un tel lieu, ils y font encore du feu qui eft toujours accompagné de beaucoup de fumée. Cette incommodité est pour eux un agrément ; car ils veulent de la fumée. Le bas de la maifon eft un plancher de fable, où l'on enfonce à im jambe. L'ouverture de ces maifons eft quelque fois fi petite, qu'on eft étonné qu'ils y puiffent paffer. Leurs lits font formés de quantité de bâtons deux fois gros comme le pouce, mis à deux doigts de distance l'un de l'autre, joints enfemble par une corde à peu près comnre une claye. De gros bâtons tortus comme est tout leur bois rempliffent les entre-deux, & femblent unique ment placés pour rompre les côtes. Ces lits ainfi que leurs toits ont pour appui des fourchetes. Ils couchent làdeflus fans autre façon, excepté que ceux qui font au-deffus du commun, ont une natte qui leur fort de matelats; de forte que fi ce pays là ne permet pas aux habitans d'être heureux à caufe de fa ftérilité, ils contribuent encore eux-mêmes à leur mifere par leur peu d'induftrie.

SENEGAGLIA, ou SINIGAGLIA. Voyez SINIGAGLIA. SENEGAS, & TREVISY, bourg de France, dans le Languedoc, recette de Caftres.

SENEJAC, bourg de France, dans le Rouergue, élection de Ville-franche.

SENELLES, (les) banc de rochers, fur la côte de la Sicile, au nord-eft de la pointe de l'oueft de Trapano, environ à deux milles. Ce petit banc eft dangereux. Il a des rochers hors de l'eau, & fous l'eau. Il ne faut pas l'approcher de plus d'un mille. * Michelot, Port. de la Médit. p. 133:

ques

SENEMSALIS, (A) fiége épiscopal d'Afrique, dans la province Proconfulaire. Fortunatianus eft qualifié dans la conférence de Carthage, N° 202, episcopus à Senemsalis. Dans le concile de Carthage, tenu en 525, fous Boniface, Patronianus Senemfalis eft compris parmi les évêde la province Proconfulaire ; & dans la lettre Synodique des évêques de cette même province, fous le pape Martin, on trouve cette foufcription: Julianus episcopus Sancta ecclefia duarum. Senepfalitinarum, ou Senemfalitinarum. Cela a donné lieu à Baluze de remarquer que dans la notice de la province Proconfulaire, au lieu de Duaffe Demfaï, il falloit lire Duarum Senemfalium.

SENENNIORUM, [ Plebs ] fiége épiscopal de l'Afie mineure, dans la Pamphylie. Le concile d'Ephèle fait mention d'un certain Nectaire évêque de cette ville. Ce fiége dont on parle ici eft le même que Sena. Voyez

ce mot.

SENERGUES, bourg de France, dans le Rouergue, élection de Ville-franche.

SENEZ, ou SENÉS, Urbs Sanitienfium, Sanitium, Sanitio, ou Sanefio, ville de France, dans la Provence, vi guerie & recette de Caftellane, avec évêché. Cette ville fituée dans un terrein froid, rude, & ftérile, entre des montagnes, à quatre lieues de Digne, & à autant de Caftellane, n'eft proprement qu'une méchante bourgade, où il y a peu d'habitans. C'eft pour cela que les évêques ont fait leurs efforts, depuis cent cinquante ans, pour transférer leur fiége dans la ville de Caftellane; mais inutilement n'ayant pû obtenir le confentement des intéreffés. Ce lieu s'appelle en latin Sanitium. Ptolomée a marqué un Sani tium, qu'il place près de Nice avec Cemelenum, c'est-àdire Cimier; mais cette fituation ne convient pas avec celle de Senez. Les notices, qu'on a accoutumé de citer,

ne font point de la premiere antiquité. Nous ne trouvons donc rien de bien certain de la ville, & de légife de Senez, avant le commencement du fixieme fiécle. Ce fut pour lors que Marcel évêque de Senez, Sanetu, còmparut, & figna au concile d'Agde l'an 506. Ses fuccefleurs ont affifté à divers conciles de France. Cette ville a toujours été des Alpes maritimes, & fes évêques ont toujours reconnu ceux d'Ambrun pour métropolitains, après que les archevêques d'Arles ont été dépouillés du droit qu'ils avoient fur les Alpes maritimes, comme fur la feconde Narbonnoife.* Longuerue, Defcr. de la France, part.

I, p. 270.

L'églife cathédrale eft dédiée à Notre-Dame. La ville eft à préfent en très-mauvais état. Elic appartient, partie à l'évêque, partie au chapitre, & partie au comte de Carcès. Son évêché elt fuffragant d'Ambrun, dont Senez eft éloigné de quatorze lieues; il vaut environ douze mille livres de rente. L'on a parlé de l'unir à celui de Vence, mais cela n'a point eu d'effet. Le chapitre de la Cathédrale eft compofé d'un prévôt, de deux autres dignités, & de deux chanoines, outre un curé & trois autres eccléfiaftiques. Ce chapitre a en tout trois mille quatre cents livres de rente. Son diocèle comprend quarante-deux paroiffes.

SENF, ifle de la Chine. Elle eft à dix journées de navigation de celle de Sendafoulat en tirant vers le midi, felon d'Herbelot, Biblioth. or.

SENGGUEI, fortereffe de la Chine, dans la province de Xenfi, au département d'lungchang, premiere fortereffe de la province. Elle eft de 10 o' plus occidentale que Pekin, fous les 384 56′ de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenf.

SÉNGKI, ville de la Chine, dans la Province de Queicheu, au département de Tunggin, fixiéme métropole de la province. Elle eft de 9d 15' plus occidentale que Pekin, fous les 284 22' de latitude feptentrionale. * Ailas Sinenf.

SENHEIM, ou SERNEY. Voyez SEBNEY.

SENIA, ville de la Liburnie, dans l'Illyrie: Ptolomée, 1.2, c. 16, la marque fur la côte, entre Velcena & Lopfica. Cette ville eft auffi connue de Pline, l. 3, c. 21, & de l'itinéraire d'Antonin, qui la met fur la route d'Aquileia à Sifcia, entre Ad Turres, & Avendone, à vingt milles du premier de ces lieux & à dix-huit milles du fecond. On a une ancienne infcription, où on lit ces mots : Senia, & PLEB. SENIENSIUM. C'eft aujourd'hui la ville de Segna.

SENIENSES. Voyez SENIA, & SENA-GALLICA. SENILLE', bourg de France, dans le Poitou, élection de Châtellerault.

SENIS. Voyez CANYS.

SENKAN, petite ville de Perfe, à fix lieues de Sultanie. Quoiqu'elle ne foit point close, elle ne laiffe pas d'avoir d'affez agréables maifons. Elle étoit fort grande & fort marchande avant que Tamerlan l'eût ruinée; mais le Turc l'ayant prife & pillée plufieurs fois, l'a réduite en l'état où elle eft préfentement. On ne voit aux environs de cette ville que des landes & des fables, où il ne croît que des ronces de la grandeur de la main. A une demi-lieue de là paroît une branche du mont Taurus, appellée par ceux du pays Keider Peijamber. Elle s'étend du nord au fud vers le Kurdeftan. On y trouve, à ce qu'ils difent, le fépulcre d'un de leurs plus anciens prophétes qui a donné le nom à cette montagne, au pied de laquelle il y a une très-belle vallée, parfemée d'un grand nombre de villages. Olearius, Voyage de Perfe.

*

pro

SENLIS, ville de l'ifle de France, & le chef-lieu d'une élection, avec évêché, bailliage, prévôté, qui en rellortit, préfidial, maîtrise des eaux & forêts, grenier à fel, maréchauffée & capitainerie royale des chaffes. Cette ville fituée fur la petite riviere de Nonnete, eft à dix lieues de Paris & à deux de Chantilly. Elle étoit autrefois de la feconde Belgique, & elle eft encore aujourd'hui de la vince eccléfiaftique de Rheims. Le nom latin eft Sylvanectes. Plufieurs croyent que cette ville a été ainfi appellée, parce que Sylvis nectitur; ce que Valois n'approuve point, les noms des peuples étant gaulois & non latins. Mais cette raifon eft foible; car Senlis, & fon prétendu peuple, ont été inconnus à Jules-Céfar, & perfonne n'a fait mention de ce nom Sylvanectes avant la conquête & l'établiflement des Romains dans ce pays-là. Ainfi lorsqu'ils ont bâti la ville Auguflomagus

1

Auguftomagus aujourd'hui SENLIS, ils lui ont attribué un territoire, & lui ont donné un nom romain. * Longuerue, Defcr. de la France, part. 1, p. 21.

Senlis a eu des comtes de la maifon de Vermandois, fur la fin du neuvième fiécle, & dans le dixième. Mais lorfque Hugues Capet fut élu roi, il étoit déja propriétaire de cette ville, où il ne reftoit plus que des chevaliers qu'on nommoit Bouteilliers de Senlis, parce qu'ils avoient poffédé cet office de bouteilliers fous les comtes ; & depuis Hugues Caper, plufieurs feigneurs de cette maison ont été bouteilliers des rois. Il y a tant dans la ville que dans les fauxbourgs fix paroiffes, Notre-Dame, faint Rieul, faint Pierre, fainte Geneviève, faint Martin & faint Etienne. Il y avoit ci-devant celle de faint Hilaire qui a été unie à celle de faint Pierre. Il n'y a guère de marchands à Senlis, parce qu'il s'y fait peu de commerce.* Piganiol, Descr, de la France, t. 3, p. 59.,

pour

L'évêché de Senlis eft fuffragant de Rheims, & a été établi vers le milieu du troifiéme fiécle. Regulus ou Rieul, qui vint dans les Gaules avec S. Denis, fut le premier évêque de Senlis. On n'a pas de mémoires aflez fürs déterminer le nombre des fucceffeurs de cet évêque, parmi lesquels trois fe font rendus recommandables par leurs dignités. Urfus ou Urfion, qui fut chancelier de France en 1090, fous le regne de Philippe I. Guerin natif de Pont Sainte Maixence, & chevalier de l'ordre de S. Jean de Jerufalem, fut auffi chancelier de France, fous le regne de Philippe-Augufte. Les hiftoires de fon fiécle lui donnent la principale gloire de la journée de Bouvines, où il rangea l'armée du roi en bataille, en qualité de lieutenant général; mais étant alors nommé à l'évêché de Senlis, il fe retira dans l'oratoire du roi, où il fut en prieres pendant tout le tems du combat. Il fut revêtu de la dignité de chancelier jusqu'au regne de S. Louis. Enfin le troifiéme des évêques de Senlis, qui a fait honneur à fon églife, & à la France, eft le cardinal de la Rochefoucaut, grand aumônier de France, & chef des confeils du roi Louis XIII. L'évêché de Senlis n'a que cent foixante-dix-fept paroisfes, quarante-quatre chapelles, trois abbayes, neuf prieués & dix maladreries. Il vaut vingt-cinq mille livres.

Le chapitre de la cathédrale eft compofé d'un doyen, d'un chantre, d'un archidiacre, de vingt quatre canonicats, de fix demi-prébendes & de deux grands chapelains. Ce chapitre a le privilége de garde gardienne, & de committimus, par lettres-patentes du mois de janvier de l'an 1550, regiftrées au parlement le 20 de mai de l'an 1560. Le clocher de la cathédrale eft un des plus hauts de France, & furpaffe les plus hautes montagnes du pays: on le voit de fept à huit lieues de loin. Le portail, qui eft à l'aile droite de cette églife, eft eftimé des curieux, à caufe d'un grand nombre de figures dont il eft orné depuis le haut jusqu'en bas, qui font un aflez bel aspect dans la place. La cité, c'est-à-dire, l'enceinte de l'ancienne ville, eft un morceau des Romains. On en voit encore des reftes, qui marquent une folidité admirable. Il y a d'espace en espace un lit de fort groffes briques, fur lequel ont été jettées quantité de pierres brutes, liées avec un ciment très-dur & d'une bonne confiftance. Le château eft un bâtiment du tems de S. Louis, & dans lequel ont été élevés quelques enfans de France, à caufe de la falubrité de l'air, c'eft aujourd'hui où le préfidial & les autres jurisdictions de la ville tiennent leurs féances. Senlis eft d'une figure ovale, fituée fur le penchant d'une côte, au pied de laquelle coule la Nonnette. Elle eft entourée de murailles & d'un foffé fec affez profond. Les baftions & demi-lunes font en partie revêtus de pierres. Trois fauxbourgs en ferment les déhors.

Le chapitre de S. Rieul eft auffi dans la ville de Senlis. Il est composé d'un doyen & d'un chantre, qui font dignités, & de quinze chanoines, qui ont trois cents livres de revenu. Celui de S. Frambouft eft encore dans Senlis. Il a un doyen, un chantre & dix chanoines, qui ont auffi environ trois cents livres de revenu.

Dans le château de Creil, il y a un petit chapitre de fix chanoines, dont les canonicats valent deux cents livres chacun. La juftice eft rendue dans cette ville par les officiers du préfidial & de la prévôté, à la réserve des quartiers, qui font dans le reffort des chapitres de Notre Dame, de S. Rieul & de S. Frambouft, qui ont leurs justices particulieres, & à la réferve encore de trois mai

fons de la ville, qui dépendent de Chantilly, à caufe du fief de Tournebœuf. Les officiers du préfidial de Senlis rendent la justice fur une coutume particuliere appellée la coutume du bailliage de Senlis, qui fut rédigée en l'an 1539.

Le bailli de Senlis a un lieutenant particulier à Compiégne, qui juge les différends conformément à la coutume de Senlis.

A Senlis on lave & on prépare les laines pour la manufacture de Beauvais. On y fabriquoit autrefois des draps, qui étoient d'un affez bon débit; mais depuis environ foixante ans cette manufacture eft tombée, parce qu'on en a diminué le fil, & qu'on les a rendus par là de mauvaise qualité.

Senlis eft un gouvernement particulier de l'isle de France. Le terroir de fon élection eft plus froid que celui de Paris: les meilleurs terres de labour ne valent que neuf à dix livres l'arpent. La récolte des vins monte jusqu'à quinze mille muids, dont le prix n'excéde guères vingt-cinq à trente livres, n'étant pas de bonne qualité.

SENLIS-HEDAUVILLE, bourg de France, dans la Picardie, élection de Doulens.

SENLISSE, village de France, dans le Hurepoix, près de Chevreufe. Il eft remarquable par une fontaine publique, dont l'eau fait tomber les dents fans fluxions, fans douleurs, & fans que l'on faigne.* Mémoire de l'académie, 1712.

1. SENNA ou SENA. Voyez SENA.

2. SENNA ou ZENNA, ville au midi de la terre promife, no. 34, 4, peut-être la même que Senaa, 1 Esdr. 2, 35, Jofué, 15, 3. Eufébe met un lieu nommé Migdal Senna, ou la tour de Senna, à huit milles de Jéricho, vers le feptentrion. Ce ne peut être Senna, marquée dans les Nombres, & dans Jofué; mais feroit-ce celle d'Esdras?

SENNAAR, contrée de la Babylonie, où les hommes entreprirent de conftruire la tour de Babel. (a) Calonné étoit bâtie dans le même pays. (b) Amraphel, roi de Sennaar, étoit puiffant dès le tems d'Abraham. (c) Daniel dit que Nabuchodonofor transporta les vafes du temple de Jerufalem, & les mit dans le temple de fon Dieu dans la terre de Sennaar. (d) Il y a affez d'apparence que les monts Singares ou Zagras, de même que la ville, & le fleuve de Singare, tirent leur nom de Sinnar ou Singar, (a) Genef. 6, 2. (b) Genef. 10, 10. (c) Genef. 14, 1. (d) Dan. I, 2.

*

SENNABRIS, lieu entre Scythopolis & Tibériade, à trente ftades de cette derniere: on l'écrit auffi Enabris & Gennabris; les Talmudiftes l'appellent Zinabri. * Jofeph, de bel. l. 3, c. 16, p. 757. Ligtfoot, Centur. chorogr. in Matt. c. 70.

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SENNAR, royaume d'Afrique. Il a l'Egypte au nord, la mer Rouge à l'orient, l'Ethiopie ou l'Abyffinie au midi, & le pays de Kovar avec le royaume de Gaoga ou de Kaugha au couchant. La partie feptentrionale de ce royaume, où font les Mahaffes & les Kenns, espéces de Barabra ou Barbarins, dépend du Turc. Voici comment Charles-Jacques Poncet, médecin François, parle du royaume & de la ville de Sennar, relation abrégée du voyage qu'il fit en Ethiopie en 1698, 1699 & 1700. Le royaume de Sudan eft à l'oueft de celui de Sennar. * De l'Isle, Atlas.

Ce royaume eft proche & à l'oueft de celui de Sennat. Les rois de ces deux royaumes font presque toujours en guerre. Machou, groffe bourgade, fur le bord oriental du Nil, eft du royaume de Sennar. Le Nil forme à l'endroit où Machou eft fitué, deux grandes ifles remplies de palmiers, de fené & de coloquinte. Machou eft le feul lieu habité depuis Helaoué : il eft dans la province de Fungi & fait le commencement du pays de Barauras, que nous appellons Barbarins. Le royaume de Dongola dépend de celui de Sennar. Il y a là fur le Nil un pont fort large, & bâti de pierres de taille : on croit que c'eft le feul qui foit fur cette riviere. On y voit les reftes d'un ancien & magnifique amphithéatre, avec quelque maufolées des anciens Romains. Lettres édif. t. 4, p.4 & 15.

La fituation de la ville de Sennar eft agréable. Cette ville a près d'une lieue & demie de circuit. Elle eft fort peuplée, mais mal propre & mal policée. On y compte environ cent mille ames. Elle eft fituée à l'occident du Nil,

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