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fur une hauteur, à 13d 4' de latitude septentrionale, selon l'observation que le pere Brevedent fit à midi le 21 mars 1699. Les maisons n'ont qu'un étage, & font mal bâties; mais les terrasses, qui leur fervent de toit, sont fort commodes. Dans les fauxbourgs on ne voit que des cabannes faites de cannes. Le palais du roi est environné de hautes murailles de briques cuites au soleil, il n'a rien de régulier. On n'y voit qu'un amas confus de bâtimens, qui n'ont aucune beauté. Les appartemens sont affez richement meublés, avec de grands tapis à la maniere du Levant.

Les étrangers, qui font adımis à saluer le roi, sont obligés de quitter leurs fouliers: on le salue à genoux en baifant trois fois la terre. Mais les sujets du prince ne paroissent jamais devant lui que les pieds nuds. On le voit vêtu d'une longue robe de foie brodée d'or, & ceint d'une espéce d'écharpe de toile de coton très-fine. Il a sur sa tête un turban blanc. Il ne paroît jamais en public que le visage couvert d'une gaze de foie de plusieurs couleurs. Il va à la promenade régulierement le mercredi & le samedi. Les autres jours il tient son conseil, & s'applique à rendre justice à ses sujets, dont il ne laisse aucun crime impuni. Aufsitôt qu'un criminel est arrêté, on le présente au juge, qui l'interroge & le condamne à mort, s'il est coupable. La sentence s'exécute sur le champ: on prend le criminel, on le renverse par terre, & on le frappe sur la poitrine à grands coups de bâton, jusqu'à ce qu'il expire.

Tout est à grand marché à Sennar. Un chameau ne coute que sept à huit livres, un bœuf cinquante sols, un mouton quinze & une poule un fol. Il en est ainsi à proportion des autres denrées. Le pain de froment n'est pas du gout de ces peuples: ils n'en font que pour les étrangers. Celui dont ils se servent est d'un grain appellé Dora. Ce pain est bon, quand il est frais; mais après un jour il est insipide, & on ne peut en manger. Les marchandises de ce pays sont les dents d'éléphant, le tamarin, la civette, le tabac, la poudre d'or, &c. On tient tous les jours des marchés où l'on vend les esclaves. On en a un des plus forts & des plus robustes pour dix écus.

La monnoie la plus basse de ce royaume vaut un double de France. Le fadda est une monnoie d'argent fort mince, & moins grande qu'un denier : elle vient de Turquie, & vaut un fol marqué. Outre ces deux monnoies, on ne se sert que de reaux & de piastres d'Espagne, qui doivent être rondes. Les piastres valent environ quatre francs en ce pays.

Les chaleurs de Sennar sont si insupportables, qu'on a peine à respirer pendant le jour. Elles commencent au mois de janvier, & finissent à la fin d'avril. Elles sont suivies de pluyes abondantes, qui durent trois mois, qui infectent l'air & causent une grande mortalité parmi les hommes & parmi les animaux.

Ces peuples sont naturellement fourbes & trompeurs, superstitieux & fort attachés au mahométisme. Leur boisfon ordinaire est une espéce de biere. Ils ont aussi l'usage du café, quoiqu'on ne s'en serve pas en Ethiopie. Les femmes de qualité sont couvertes d'une veste de foie ou de toile de coton fort fine avec de larges manches, qui pendent jusqu'à terre. Leurs cheveux sont treffes & chargés d'anneaux d'argent, de cuivre, de laiton, d'yvoire, ou de verre de diverses couleurs. Ces anneaux sont attachés à leurs treffes, en forme de couronnes; leurs bras, leurs jambes, leurs oreilles, & leurs narrines même sont chargées de ces mêmes anneaux. Elles ont aux doigts plusieurs bagues, dont les pierres ne sont pas fines. Toute leur chausfure consiste en de simples semeles, qu'elles attachent aux pieds avec des cordons. Les femmes & les filles du commun ne sont couvertes que depuis la ceinture jusqu'aux

genoux.

Les marchandises qu'on porte au royaume de Sennar, sont des épiceries, du papier du laiton, du fer, du fil d'archal, du vermillon, du sublimé, de l'arsenic blanc & jaune, de la quincaillerie, du spica de France, du mahaleb d'Egypte, qui est une graine d'une odeur forte, des couteries de Venise, qui sont des espéces de chapelets de verre de toutes couleurs, & enfin du noir à noircir, qu'ils appellent kool, & qui est fort estimé dans ce pays; parce qu'on s'en sert pour noircir les yeux & les sourcils.

Les marchands de Sennar font un gros commerce du côté de l'Orient. Au tems de la mouçon, ils s'embarquent à Suaquen, sur la mer Rouge. Ils portent l'or, la civette &

les dents d'éléphant, & rapportent les épiceries & les-autres marchandises des Indes. Ils employent ordinairernent deux ans à faire ce voyage.

Lorsque le roi de Sennar est mort, le grand conseil s'assemble, & fait égorger tous les freres du prince qui doit monter sur le trône.

Tout le pays qu'on trouve depuis le Caire jusqu'à Dongola, & même jusqu'à celui de Sennar, est fort agréable; mais il n'a qu'environ une lieue de largeur; ce ne font audelà que des déserts affreux. Le Nil passe au milieu de Cette délicieuse plaine. Les bords en sont hauts & élevés, ainsi ce n'est point l'inondation de ce fleuve, qui cause comme en Egypte, la fertilité de cette campagne, e, mais l'industrie & le travail des habitans, qui conduisent de l'eau dans des réservoirs, d'où ils les tire ensuite, quand ils en ont besoin pour arroser leurs terres, qui seroient stériles & incultes sans ce secours.

On ne se sert point d'argent en ce pays-là pour le com. merce. Tout s'y fait par échange comme dans les premiers tems. Les habitans de Sennar font forts & robustes. Les chevaux sont très-beaux, & on y est fort habile à les dresser au manege. Les personnes de qualité ont la tête nue, & les cheveux treffés affez proprement. Tout leur habit con fifte dans une espéce de veste aslez mal-propre & sans manche, & leurs chaussures dans une simple semelle, qu'ils attachent avec des courroyes. Les gens du commun s'enveloppent d'une pièce de toile, qu'ils mettent autour de leurs corps. Les enfans sont presque nuds. Les hommes portent partout une lance; ceux qui ont des épées les portent pendues au bras gauche. Les juremens & les blasphemes sont fort communs parmi ces peuples grossiers, qui d'ailleurs sont si débauchés, qu'ils n'ont ni pudeur, ni politesse, ni religion; car quoiqu'ils fassent aujourd'hui profession du ma. hométisme, ils n'en savent que la profession de foi, qu'ils répétent à tous momens : (Il n'y a qu'un seul Dieu & Mahomet est son prophéte :) fur-tout quand ils voyent des chrétiens. Il n'y a pas encore long-tems, que ce pays n'est plus chrétien. On trouve encore quantité d'église & d' hermitages à demi-ruinés.

Les habitans du royaume de Sennar ou de la Nubie, ont le nez écrafé, les lévres grosses & le visage fort noir. SENNATES, peuples de la Gaule Aquitanique, felon Pline, 1. 4, с. 19.

SENNE, Senna, riviere des Pays-Bas. Elle prend sa source dans le Hainaut, entre le Roeulx & Soignies, près du village nommé l'hermitage: delà elle coule à Soignies, d. à Homes, d. à Steinkerque, g. à Kenast, g. à Tubise, g. à Halle,g. à l'abbaye de Werst, d. à Bruxelles, à Haren, d. à Vilvorde, à Wert, g. passe à demi-lieue de Malines, qu'elle laisse à la droite, à Hessein; & delà elle va se perdre dans la Dyle, au-dessus du château de Battelbroeck, à une grande lieue au-dessus de Malines.

SENNEN OU SENNHEIN, connu des François sous le nom de Cerney, petite ville du Sungaw, située sur la Thur, au pied des montagnes de Vosge, à sept lieues de Betfort, & à trois de Mulhausen. En allant de Betfort à Cerney, on passe au travers d'une grande plaine sablonneuse, que les Allemands nomment Ochsenfeld, fameuse par la victoire que remporta en 1638 le duc de Saxe Weymar, sur le duc Charles de Lorraine, mais plus encore par la glorieuse retraite que fit ce dernier, que le grand Condé égaloit à la plus signalée de ses victoires. * Supplément au manuscrit de la bibliotheque de M. de Corberon, premier président au conseil souverain d' Alface.

SENNO, felon Corneille, Dict. & SINO, selon Magin, Atlas, Ital. Corneille ne s'accorde guère mieux avec Magin, pour le cours de cette riviere que pour le nom. 11 dit: Senno, riviere d'Italie, qui a son cours dans le royaume de Naples, en latin Siris ou Ciris. Il ajoute: elle a sa source aux confins de la haute Calabre, d'où coulant dans la Pouille par la Bafilicate, elle baigne Grumento, & se rend dans le golfe de Tarente, près de la tour de Saint-Basile, à huit milles de Tursi, du côté de l'Orient.

Selon Magin, le Sino a sa source dans la Basilicate, & dans l'Apennin, aux confins de la Calabre, & prenant fon cours vers l'orient septentrional, il baigne Latroni co, Episcopia, Francavilla, Clarimonte, Colobraro; après quoi, grossi de divers ruisseaux, il va se jetter dans le golfe de Tarente, près de la tour de Saint-Basfile.

SENNONES. Voyez SENONES.
SENOESSANI. Voyez SINUESSA.

SENOGALLIA. Voyez SENA-GALLICA.

SENONCHES, Senones Celfi, bourg de France, dans le Perche, élection de Verneuil, avec titre de principauté. Ce bourg qui est fort peuplé est la seconde place de la partie du Perche, que l'on appelle terres démembrées ou pays de Thiméraïs. C'est un bailliage qui ressortit au préfidial de Chartres. La forêt de Senonches est située entre le bourg de la Ferté-au-Vidame, celui de Senonches, & les grandes forges de fer de Maillebois, dans l'élection de Verneuil. Cette forêt peut avoir fix à sept licues de

tour.

SENONGES, bourg du duché de Lorraine, au bailliage de Vosge, office de Darnay. Il y a deux églises paroissiales: la principale qui se trouve au milieu des champs, est sous le titre de S. Vincent, & on l'appelle communément l'église des Abbesses; l'autre a été bâtie dans le bourg, pour la commodité des habitans. Il y a une chapelle en titre sous l'invocation de S. Nicolas.

1. SENONES, peuple de la Gaule Celtique ou Lyon. noise, vers l'embouchure de l'Yonne. Strabon écrit Σένωνες, & Prolomée Σένονες. Cette derniere ortographe est apparemment la meilleure; car les poëtes Latins font dans Senones la seconde sillabe breve. Silius Italicus, lib. 8, v. 454, dic:

Et Clanis & Rubico & Senonum de nomine Sena.

Et dans Sidonius Apollinaris, Panegyr. Majoriani, v. 82,

on trouve

.......

Sed reppulit unus

pays, depuis l'Æsis jusqu'au Rubicon, & les Romains avoient envoyé une colome à Sena-Gallica, aujourd'hui Sinigaglia. Ils occupoient le reste du pays depuis le Rubicon jusqu'à l'Utens, lorsque P. Cornelius Dolabella les défit fur les bords du lac de Vadimon en Etrurie. * Plut. in Camillo. Tite Live, 1. s.

3. SENONES, bourgade du duché de Lorraine, au diocèse de Toul, dans la principauté de Salmes. Elle doit fon origine & fon nom à l'abbaye de Senones, autour de laquelle elle s'est formée depuis la fondation de cette abbaye dont elle dépend. Il y a deux cures : l'une qui garde le nom du lieu, & l'autre qui est sous le titre de SaintJean.

de

4. SENONES, abbaye du duché de Lorraine, au diocèse de Toul, dans la principauté de Salmes. C'est une abbaye d'hommes, de l'ordre de saint Benoît, congrégation de saint Vanne & de faint Hydulphe. Elle reconnoît pour son fondateur saint Gondelberd, évêque de Sens, qui se retira dans ce pays dans le huitième siècle. Il jetta dans ce désert les fondemens de cette abbaye, sous le regne Childeric II, roi d'Austrasie. Ce prince lui donna le terrein, avec les droits de haute , moyenne & basse justice. La haute justice vint au pouvoir des comtes de Salmes en 1573, avec la plus grande partie des rentes & des revenus, qui sont à présent partagés entre le duc de Lorraine & le prince de Salmes. Le reste de l'abbaye fut séparé en 1602, en deux manse: l'abbatiale, qui est de six mille cinq cents livres, & la conventuelle qui va à trois mille cinq cents.

SENONNE, bourg de France, dans l'Anjou, élection d'Angers.

SENONOIS, pays de France, le long de la riviere d'Yonne, faisant partie du grand gouvernement de Champagne. Ce fut en partie la demeure des anciens Senones, peuples puissans de la Gaule Celtique, dont Céfar, Com.

Tum quoque totam aciem, Senones dum garrulus Anser 15, dit: Civitas imprimis firma, & magna inter Gallos auNuntiat, & vigilat veftrum fine milite fatum.

Prolomée, l. 2, c. 8, nomme leur capitale Agendicum. Voyez ce mot.

2. SENONES, peuples d'Italie, dans la Gaule Cispadane, sur le bord de la mer Adriatique. Ces peuples Gaulois d'origine ne s'étoient point avisés de passer les Alpes, aux quatre premieres migrations des Gaulois sous Bellovèse. Ils n'y penserent qu'environ deux cents ans après, à la sollicitation d'Aruns, qui vouloit se venger de Lucumon, Celui-ci parmi tous les peuples de la Gaule Celtique, choifit les Sénonois, peut-être parce que leur pays étoit moins épuisé d'hommes, puisque les Sénonois n'avoient point suivi Bellovèse. Il leur vanta l'abondance dont ils jouiroient en Italie, & leur fit goûter du vin qu'il en avoit apporté. Les Sénonois se déterminerent à le suivre, & leur armée fut très-nombreuse. Après avoir passé les Alpes, ils allerent se jetter sur l'Umbrie, qui n'avoit encore été que peu entamée. Ils s'y établirent, felon Polybe & Tite-Live, depuis l'Utens jusqu'à l'Æsis, & depuis la mer Adriatique jusques vers l'Apennin. Ils mirent environ fix ans à cet établissement. Au bout de ce tems, & dans l'année de Rome 362, Aruns les conduisit devant Clufium, pour affiéger cette place où la femme & fon raviffeur s'étoient enfermés. Les Romains inquiets du voisinage de ces peuples, offrirent de terminer le différend à l'amiable par leur médiation. Cette médiation fut rejettée. Les ambassadeurs Romains, de pacificateurs étant devenu ennemis, les Sénonois qui s'en apperçurent en envoyerent demander justice à la république; & comme elle refusa de leur donner la fatisfaction qu'ils exigeoient, ils marcherent droit à Rome. Ils défirent l'armée romaine, & entrerent quelques jours après dans Rome, qu'ils pillerent & réduisirent en cendres, à l'exception du capitole, qu'ils tenterent inutilement d'emporter, & dont la résistance facilita aux Romains le moyen de chasser à la fin leurs ennemis. Environ cent ans après cette grande expédition, les Sénonois furent, selon Strabon, 1. s, exterminés par les Romains ; mais Polibe, l. 2, plus exact dans cet endroit que Strabon, dit qu'ils furent chaslés du pays qu'ils occupoient par M. Curius Dentatus, conful avec P. Cornelius Rufinus, l'an de Rome 463. Ce ne fut que fept ans après, à ce que nous apprennent Polybe, Denys d'Halicarnaffe, & Florus, que les Sénonois furent exterminés par le conful Dolabella. Dès le consultat de M. Curius Dentatus ils avoient perdu la plus grande partie de leurs

toritatis. Il faut remarquer en passant que civitas, dans Céfar, se prend très souvent, de l'aveu des savans, pour le peuple dépendant d'un pays. Ainsi les Senones, au jugement de Célar, avoient une valeur qui les accréditoit beaucoup parmi les Gaulois. Les Senonois étoient néanmoins in fide Eduorum, ce qu'il faut entendre d'une espéce de ligue offensive & défensive qui étoit entre ces peuples. Mais comme l'ancienne étendue est impénétrable, il faut se contenter de celle de nos jours, qui ne va pas d'un côté jusqu'à Joigny, & de l'autre va beaucoup au delà. Ceux qui voudront s'en tenir à quelque chose de vraisemblable sur l'étendue du pays Senonois, dans le tems qu'il a été possédé par des seigneurs particuliers, pourront avoir égard à ce qui étoit de la dépendance des anciens comtes de Sens. Pour éviter le fabuleux, il est bon de ne pas pousser plus loin les bornes de ce pays. Les Sequaniens & les Senonois étoient deux peuples diftingués; & pour peu qu'on life Florus avec attention, on verra qu'il ne confond point ces deux peuples. Cet historien dit, d'une maniere fort claire, que les Sénonois étoient des peuples de la Gaule, qui étoient venus s'établir entre les Alpes & le Pô. Ainsi une colonie des Senonois, ou les Seronois domiciliers, doivent encore être diftingués. Voici comme s'explique Florus, 1.1, c. 13, Hi, id eft Senones Galli, quondam ab ultimis terrarum oris, & cingente omnia Oceano, ingenti agmine profecti, quum jam media vastassent, positis inter Alpes & Padum sedibus, ne his quidem contenti, per Italiam vagabantur. Florus, dans un autre endroit, assure que cette colonie fut entierement détruite par la valeur des Romains.

SENOUILLAC, bourg de France, dans le haut Languedoc, recette d'Alby. Il est assez considérable.

SENONUM ORA. Pline en parle; & les difficultés ont besoin d'être éclaircies par une petite differtation, que nous donnerons dans la suite.

SENOS, ville d'Egypte, selon Etienne le géographe, qui cite Hecathée.

1. SENS, ville de France, dans la Champagne, au Senonois, à côté de la riviere d'Yonne, dans l'endroit où cette riviere reçoit la Vanne, à vingt-cinq ou vingt-fix lieues de Paris, & environ à quatorze d'Auxerre. Sens est située sur le penchant d'un côteau, qui regarde l'occident, en forme d'ovale, dont le grand diametre est de l'est l'oueft. Elle a quatre grands fauxbourgs, dont un est dans une ifle que fait l'Yonne à l'occident. Au couchant elle a une chaîne de côteaux fort élevés, qui rendent sa commuTome V. Pppij

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Après Beauvais, Sens est la plus peuplée de la généralité de Paris. Il y a deux ponts sur l'Yonne qui menent au Garinois. Elle étoit la capitale du peuple Senonois. Son ancien nom est Agendicum. On trouve d'anciens monumens qui la nomment aulli Agetineum, Agredineum, ou Agen niacum, comme on peut le voir par un vieux fragment d'inscription. Peut être que ce dernier est le vrai nom,& que les autres en sont des corruptions. Son nom d'Agendicum se perdit peu à peu, & fit place insensiblement à celui de Senones. En forte qu'il est arrivé à ce nom la même chose qu'à ceux de presque toutes les villes septentrionales des Gaules, qui ont perdu leur vrai nom pour prendre celui des peuples dont elles étoient les capitales. Le nom de Senones s'est ensuite corrompu en celui de Sennis, d'où est venu le nom de Sens. Cette ville étoit célébre dès le tems de César. L'em- pereur Julien l'Apostat n'étant encore que César, soutint un fiége dans Sens contre les Allemands. L'enceinte de Sens n'est pas à présent la même qu'autrefois: elle n'est formée que depuis que le paganisme en a été entierement banni. On y voit même des fragmens d'inscriptions de temples païens, ce qui donne lieu de penser que Sens païen n'est pas au même endroit que Sens chrétien. Vers l'an 940, elle étoit au pouvoir de Hugues le Grand, duc de France, qui en commit le gouvernement à un seigneur nommé Frotmond. Après la mort du duc Hugues, le comte Rainard se rendit seigneur propriétaire de cette ville, qu'il laissa à son fils Frotmond, & celui ci à son fils Rainard II, qui ayant commis plusieurs violences contre l'archevêque Leotheric, obligea le roi Robert en 1015, à confisquer sur lui ce comté, qu'il réunit à la couronne, après avoir pris la ville le 10 des kalendes de mai de cette année.

nion de cette abbaye, est du 13 mai 1664; elle a été faite à la charge que toutes les fois que le siége archiepiscopal sera vacant, le chapitre aura une année du revenu de cene abbaye, pour l'indemnifer du profit qu'il tiroit des fuffragans qui ne sont plus de cette métropole, soit par les chapes que les évêques devoient lors du ferment, soit pour le seau de l'officialité & du secrétariat pendant les vacances du siége. Sur cette annate l'archidiacre de Sens a droit de prendre mille livres pour le dédommager du droit d'un marc d'or que les mêmes évêques suffragans lui devoient lorsqu'il alloit les mettre en possession de leurs fiéges épiscopaux. C'est aussi lui qui met l'archevêque lui même, & les abbés de fon archidiaconné, en poffeflion, & il a pour cela un marc d'or pour chacun des actes d'intronization, & deux marcs d'argent pour les chanoines qui lui fervent de témoins. Il a encore le droit d'avoir un official, & une jurisdiction permanente, & non pas transitoire, in cursu vasitationum, comme les autres archidiacres, ce qui est singulier, & en même tems très-ancien.

L'archevêché de Sens vaut environ soixante & dix mille livres de revenu. Ce diocèse est fort grand, & s'étend du côté du gouvernement de Champagne, & fort avant dans l'Orléanois, le Gatinois, la Brie, la vallée d'Aillant, en forte que les villes d'Etampes, de Lorriz, de Montargis, de Nemours, de Milly, de Châtillon-fur-Loire, de Fontainebleau, de Melun, de Provins, de Bray-fur-Seine, de Joigni, de Saint-Florentin, de Crui-le-Châtel, & plusieurs antres en font: il s'étend fort près de Paris. Hyeble & Guines y sont compris. Suivant le Pouillé, il y a sept cents soixante-fix cures, tant séculieres que régulieres; vingt- fix abbayes, tant d'hommes que de femmes, en ne comptant point celles dont les manses conventuelles sont supprimées ou unies à d'autres ; onze chapitres, sans compter celui de la métropole. Dans la seule ville de Sens il y a seize paroisses, & des seize curés il y en avoit treize qui étoient qualifiés prêtres cardinaux, lesquels, vêtus facerdotalement, affistoient l'archevêque à la messe, officiant pontificalement dans sa métropole. Sous M. de Gondrin cela s'observoit encore les grandes fêtes; mais à présent ce n'est plus que le jeudi saint, pour les saintes huiles, & à la fête-Dieu, pour porter le dais à la procession du matin. Le jeudi saint les douze doyens ruraux du diocèse se trouvoient à la métropo

Saint Savinien ou Sabinien, & faint Potentien son compagnon, font les apôtres de Sens. Saint Savinien en est le premier évêque. L'auteur moderne de l'histoire, encore manuscrite des archevêques de Sens, place la prédication de faint Savinien & de faint Potentien avant le milieu du troifiéme siécle, & leur martyre dans le tems de la persécution de Valerien, vers l'an 253 ou 254. Le pere de Tournemine, après avoir examiné les raisons de cet auteur, les a fort approuvées. On ne fait point en quel tems la cathédrale de Sens fut érigée en métropole; il est certain qu'elle étoit dé-le, mais ils n'y viennent plus.

corée de ce titre dès l'an 472. De Marca en place l'origine du tems de l'empereur Gratien, 1, vers l'an 380. Il est certain que depuis ce tems ce fiége est un des plus considérabies, & a presque toujours été rempli par des hommes illuftres, foit par leur sainteté, soit par leur naillance, soit par les grands emplois, soit par le savoir ou le métite personnel. Depuis saint Savien on compte plus de cent neuf prélats de Sens. En 769, dans le concile de Latran, qui a été donné au public depuis quelques années par l'abbé Cenni, Villicaire, archevêque de Sens, y est qualifié d'archevêque des Gaules, & il eut le rang immédiatement après le député de l'archevêque de Ravenne, avant les archevêques & évêques d'Italie & des Gaules. Charles le Chauve obtint du pape Jean VIII, la primatie des Gaules & de Germanie en 876. Les évêques de France, assemblés à Pontyon, désapprouverent cette élévation de l'église de Sens. Cependant les archevêques de cette église ont joui de cette prérogative pendant deux cents ans. En 1079, le pape Grégoire VII confirma à l'archevêque de Lyon la primatie fur les quatre provinces Lyonnoises, qui font Lyon, Rouen, Tours & Sens. Les archevêques de Sens ont essayé plusieurs fois de revenir contre cette conceffion. Mais Charles de Bourbon, cardinal & archevêque de Lyon, ayant porté la décision de ce procès à l'assemblée provinciale, celui de Sens, pour lors de la maison de Melun, s'y laissa condamner par défaut, & depuis ce jugement, qui n'est point définitif, la primatie des Gaules est demeurée provisionellement à l'archevêque de Lyon, celui de Sens n'a conservé que le titre de primat des Gaules & de Germanie. Il avoit autrefois pour fuffragans les évêques de Paris, de Chartres, de Meaux, d'Auxerre, d'Orléans, de Troyes, de Nevers; mais depuis l'érection de l'évêché de Paris en archevêché, il ne reste à l'archevêque de Sens, pour suffragans, que les évêques de Troyes, d'Auxerre & de Nevers; & pour l'indemnifer de ce démembreinent, on a uni à fon archevêché l'abbaye du mont Saint-Martin en Picardie, qui vaut plus de douze mille livres de rente. Le brevet du roi, pour l'u

Le chapitre de l'église de Sens est composé de cinq di. gnités; l'archidiaconé de Sens, la trésorerie, le doyenné, la préchanterie & la célérerie; de quatre personnats, qui font les archidiaconés de Gatinois, de Melun, de Provins & d'Etampes; de trente & un canonicats, & quatorze semi-prébendes, &c. Les dignités d'archidiacre de Sens & de trésorier, les personnats, & tous les canonicats, font à la nomination de l'archevêque. Le doyen, le préchantre & le célérier sont électifs par le chapitre, & confirmatifs par le pape. Les deux hautes vicairies dépendent du chapitre, qui a aussi la présentation des quatorze semi-prébendes, à la réserve d'une, qui dépend du trésorier. Il y a quatre de ces semi-prébendes qui donnent l'entrée au chœur, & les droits des capitulans: on appelle les poslesseurs de ces bénéfices chanoines de Sens à l'autel de Notre-Dame. Ces bénéfices, ainsi que les neuf autres dépendants du chapitre, sont destinés pour les enfans de chœur, ou pour ceux qui ont servi à la métropole en qualité d'habitués. Ils ne peuvent être résignés.

L'église métropolitaine de Sens a la garde gardienne, comme on l'appelle; ce droit est très-ancien, & on en voit des traces dans un diplome de Louis le Débonnaire, donné en 827, on le trouve ensuite en usage sous le roi Philippe le Bel, & ensuite il a été confirmé de regne en regne lans interruption. C'est le privilége par lequel le chapitre en corps, & tous les chanoines de Sens, peuvent attirer au bailliage leurs affaires, même les personnelles, qui sont nées dans le diocèse de Sens, & au plus prochain bailliage royal les affaires nées au dehors de ce diocèse. Ce qu'il y a en cela de fort singulier, est le droit qu'ont d'en user les chanoines pour leurs biens particuliers. Le second privilége est celui de Committimus aux requêtes du palais ou de l'hôtel. Celui-ci n'est que pour les affaires qui concernent la manse du chapitre, & les biens capitulaires. Il est du roi Henri II, accordé au mois de novembre 1548, & renouvellé de regne en regne fans interruption jusqu'aujourd'hui. Le troisieme eft celui de la robe rouge, que portent aux

fères folemnelles toutes les dignités, personnats & capitu1 ans de cette église: on ne fait pas l'origine de ce droit, mais l'usage en est très-ancien, &'il y en avoit même autrefois un monument dans les anciennes sépultures qui étoient autour du chœur de l'église de Paris, comme on le voit par le procès-verbal fait avant la démolition de cet ancien chœur. Louise de Savoye, duchesse d'Angoulême, & régente en France pendant l'absence de François I son fils, renouvella l'ancien droit fur la justice que le chapitre a toujours exercée dans son cloître par la concession des rois. Ainsi le chapitre est seigneur dans l'étendue de son cloître : en cette qualité il fait faire les inventaires de tous ceux qui y décedent par ses officiers, à l'exclusion des juges royaux, sauf l'appel. François I confirma le 17 février de l'an 1516, ce que sa mere avoit fait en faveur du chapitre de cette métropole.

Le chapitre de Sens n'est pas riche, mais il est recommandable par son attachement aux anciens usages, d'où on a fait une espéce de proverbe : Ecclefia Senonenfis nescit novitates. On y chante le symbole Quicumque tous les jours à prime. On en donne pour raison que cette église n'a jamais été gâtée par aucune hérésie. On y dit encore tous les jours les prieres ordonnées par le pape Jean XXII, pro his qui funt in fublimitate conftituti, ce qui se fait après le pater, & avant la communion. C'est peut-être la seule église du monde où cela se soit confervé.

Cette église a produit des hommes illustre, qui ont rempli les premiers postes du royaume. Le pape Grégoire XI y avoit été archidiacre: deux princes, de la maison de Bourbon, y ont été chanoines & archidiacres au commencement du quinzimé siécle. M. le cardinal de Tencin, archevêque de Lyon, y a été chanoine & archidiacre. M. de Chalon, évêque de Lescar, en a été chanoine. Le pape Alexandre III a cherché dans cette ville un asyle contre ses ennemis, & il y est demeuré depuis le 30 septembre 1163, jusqu'après Pâques 1165, & y a consacré l'église de l'abbaye de sainte Colombe, aussi bien que l'église paroissiale de saint Benoît à Sens, & l'aurel de saint Pierre, au fond du sanctuaire de la métropole de Sens. Cet autel fut démoli, & réédifié en marbre à la fin de 1739. Saint Thomas de Cantorberry s'y est aussi réfugié. Le chapitre garde un ornement sacerdotal qui lui a appartenu, dont on se sert le jour de sa fête.

L'église de Sens a été successivement dédiée à la sainte Vierge, à saint Etienne & à saint Jean-Baptiste; enfin à faint Etienne, & n'a pas changé depuis. Cette métropole est grande; le chœur & la nef sont plus larges, & ont moins de hauteur que Notre-Dame de Paris. Il y a une tour fort belle & fort haute; la sonnerie est une des plus belles du royaume, on peut l'entendre de cinq ou fix lieues lorsque le vent est bon.

Le trésor en est considérable par les monumens précieux, mais encore plus par l'acienneté & l'authenticité des reliques, que par l'or & l'argent. La plupart de toutes les reliques qui y sont viennent de Gréce. On y voit entr'autres deux morceaux très-considérables de la vraie croix, & un doigt de faint Lucle jeune, comme l'inscription grecque le porte expreflément, Ts veov. On voit à l'autel un retable d'or très-riche, orné de pierres gravées en grande quantité. Il représente Jesus-Christ, entre la Vierge & faint JeanBaptiste, les quatre évangélistes, & dans les intervales la dispute de saint Etienne entre les Juifs, & sa mort. Ce morcea u a été donné par l'archevêque Sevin, qui a fini & consacré le bâtiment de l'église. Ce retable a été travaillé par deux chanoines de Sens. On a ajouté des chapelles & des bas côtés plus beaux que ceux que Sevin avoit fait construire. On y a fait en divers tems des augmentations & des embellissemens, dont les derniers sont des stales, des grilles & des orgues, le tout à neuf.

Le chapitre a une bibliotheque qui lui a été donnée par M. Charles-Henri Fenel, doyen de Sens en 1725. Il ya quelques manuscrits remarquables; plusieurs livres des premieres impressions, & beaucoup d'ouvrages manuscrits, composés par celui qui a fait ce présent, & par son oncle maternel Charles-Nicolas Taffoureau, mort évêque d'Alet en Languedoc en 1708. Ce prélat avoit été doyen de Sens. Il y a entr'autres les lettres de l'abbé Jacques de Billy; des fermons françois, tels qu'ils ont été prononcés par un évêque de Paris vers le tems de saint Louis; un ancien symbole de la foi chrétienne, plus long que tous les autres : on y

trouve aussi d'anciennes chroniques; mais un desplus finguliers morceaux des cette bibliotheque, eit f'original de l'ancien office des Fous, tel qu'il se chantoit autrefois dans l'église de Sens; c'est un in-folio long & étroit, écrit en lettres affez menues, & couvert d'yvoire sculptée: on y voit des bacchanales & autres folies représentées grossierement. On peut dire que cette piéce est unique: on y lit au commencement une prose rimée, au sujet de l'ane, dont on faisoit aussi la fête dans quelques diocèses. Le chant & le refrein ont quelque chose de bizare. Le reste de l'office est composé de prieres de l'église, qui sont confondues les unes dans les autres, pour répondre au titre de la fête.

On voit encore dans cette église plusieurs tombeaux remarquables, entr'autres celui du cardinal du Perron, orné de statues, celui du chancelier du Prat, le plus beau de tous, & dont les bas-reliefs sont fort estimés. Les tombeaux des derniers archevêques sont aussi dans le chœur. La plupart des quarante premiers ont été enterrés à faint Pierre le Vif. Cette église n'est point dans le premier cimetiere des chrétiens, c'est la paroisse de saint Savinien qui y est. Il y avoit autrefois deux églises ou basiliques, comme on peut le voir par des inscriptions très-anciennes. A la crypte de saint Pierre le Vif, on voit l'ancien monogramme de Christ, qui est d'une très haute antiquité. Cette curiosité est échappée à tous les écrivains. On voit encore, dans cette même église, la chaire où saint Bernard prêcha, & l'endroit où le roi saint Louis épousa Marguerite de Provence. Cette abbaye est de l'ordre de saint Benoît, de la congrégation de saint Maur. La sacristie est une chapelle souterreine, dans laquelle est un puits profond, où on jettoit les corps des chrétiens. On prétend que Théodécilde, qu'on dit petit-fils de Clovis, a fait bâtir cette abbaye, & qu'elle y fut enterrée. On y voit une belle châsse, dans laquelle sont fes reliques. Il y a aufli plusieurs autres corps saints, & le chef de saint Grégoire le Grand. Cette abbaye a été détruite neuf ou dix fois. Le chœur est majestueux, orné de belles chaires; d'un autel tout de marbre, derriere lequel est la chapelle de la sainte Vierge, dont les grandes colonnes de marbre font un bel effet; parce que cette chapelle est élevée au-dessus d'une autre qui sert de sacristie, où se trouve ce puits dont nous venons de parler. La manse abbatiale de faint Pierre le Vif & celle de saint Remy, font unies à messieurs de la mission, en qualité de curés de Versailles, & ne font plus qu'une même manse monacale. On en a reconsttuit tous les bâtimens depuis le commencement de ce siècle. Saint Remy étoit auparavant à Versailles. L'abbaye de saint Jean est possédée par les chanoines réguliers de la congrégation de sainte Geneviève de Paris, Dans le neuvième siècle, il y avoit deux monastères d'hommes, dont l'un sous le nom de saint Eracle, archevêque, qui, suivant toutes les apparences, y fut enterré, & l'autre du nom de saint Jean. Il paroît que dans la suite un de ces couvens a passé à des filles; mais au douziéme siécle, il n'y en avoit plus, & il appartenoit à la métropole de Sens, qui le donna, avec une grande partie de ses biens, à ceux d'entre ses propres chanoines, qui voulurent continuer la vie commune, qui avoit été observée dans cette église depuis le fameux concile d'Aix-la-Chapelle. Les autres chanoines, qui resterent à la métropole, se séculariserent; ainsi tous les biens de cette abbaye sont un démembrement de ceux du chapitre de Sens. Il ne reste plus de l'église que le chœur, qui est beau, & deux chapelles fort propres, qui font le tour du chœur. La manse abbatiale est unie à l'archevêché de Sens. Dans la nef de l'abbaye de sainte Colombe, on voit le tombeau de saint Loup, l'un des archevêques ; ses reliques y sont conservées dans une trèsbelle chasse d'argent, qui est dans le trésor, ainsi que celles de sainte Colombe & de faint Flavet. Les reliques de Thibault I, comte de Champagne, y font ause dans une châsse de bois. Raoul roi de France, & Richard, duc de Bourgogne, ont choisi leur sépulture dans cette églife; mais on n'y voit plus leurs tombeaux. L'abbaye de saint Paul, de l'ordre de prémontré, est le refuge de celle de Dilo. Sa fondation est du tems des guerres. Celle de NotreDame étoit autrefois établie à la campagne, au lieu dit la Pommeraye. Plusieurs des paroisses sont extrêmement petites, & ont très peu de communians: la même chose se remarque dans toutes les anciennes villes. Il y a à Sens une maison de célestins, une de jacobins ; un couvent de cordeliers, un de capucins, un de picpuces ou pénitens ;

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Un des plus célébres conciles qui s'est tenu à Sens est celui de 1140, auquel Louis le Jeune assista, & où saint Bernard fit condamner Abeillard, qui en appella au pape. Sevin, archevêque de Sens, célébra un concile provincial en 986 ou 987. Gelduin en assembla deux en 1048, le premier à Etampes, & l'autre dans sa ville. En 1080, l'archevêque Richer tint un synode à Sens. Henri Sanglier en célébra un autte en 1127. Robert, moine de saint Marian d'Auxerre, parle d'un concile tenu en 1198. Gilles ou Gillon Cornu, archevêque de Sens, afssembla un concile en 1252. En 1310, on tint un concile, de la province de Sens, à Paris, pour l'affaire des templiers. Ce concile fut suivi de deux autres, en 1320 & en 1324. On en tint un autre sous l'archevêque Louis de Melun, en 1461, qui fut suivi d'un autre sous le pontificat de Tristan de Salazar, l'an 1485. En 1528, le cardinal du Prat convoqua les prélats de sa province à Paris. En 1612, le cardinal du Perron les y assembla Etienne Poncher, le cardinal Louis de Bourbon, & Octavien de Bellegarde, ont publié des ordonnances synodales; ce dernier en 1644, les autres en 1525 &

en 1554.

On mene de Sens à Paris par l'Yonne, des vins, du bois, du charbon, de l'avoine & du foin; de la vesse, du tan, des horloges d'eau, dont le trafic est fort bon: on les envoye fort loin, & particulierement dans les pays de la Zone Torride, où l'humidité de l'air ne permet pas de conserver des horloges de fer & de cuivre. Il y a à Sens un collége. Le séminaire jouit d'environ trois mille livres de rente, que le roi a permis qu'on imposa annuellement sur le clergé du diocèse. L'hôtel-dieu a plus de six mille livres de rente: il est gouverné par trois ecclésiastiques nommés par le chapitre, & par trois laïcs nommés par la ville. Le chapitre nomme encore un économe ou administrateur, qui fait la recette & la dépense. Il y a une maison qui en dépend, dans laquelle on éleve par charité de pauvres filles. Il y a auffi un hôpital général, établi depuis peu. On a auffi établi une maison d'orphelines au fauxbourg d'Yonne. Outre cela, il y a un petit féminaire, que M. Languet avoit établi, & qu'il faifoit fubfifter par ses libéralités.

Le bailliage de Sens étoit un des plus grands, des quatre premiers & des plus anciens du royaume, de même rang que ceux de Macon, de Saint-Pierre - le - Moutier & de Vermandois. On les appelloit tous quatre les gardiens & confervateurs des droits du roi & de la couronne; mais celui de Sens a été démembré pour former ceux de Troyes, de Langres, de Châlons, de Melun, d'Auxerre, de Montargis, de Chaumont en Baffigny, &c. Il y a aussi un présidial, une prévôté, qui ressortit au présidial, une élection, un grenier-à-fel, une maréchauffée & une jurisdiction consulaire. On fuit la coutume du bailliage de Sens, & celle de Loris ou Montargis.

Sur la remontrance que les habitans de Sens firent que le démembrement de l'archevêché ruineroit la ville, que le nombre & l'étendue de ses jurisdictions rendoient florissante, Louis XIII leur a accordé une exemption de tailles, qui subsiste encore aujourd'hui. Il est vrai que la raison, qu'on en donna dans la déclaration, fut que le roi étoit né dans ce diocèse; muis le vrai motif est celui que nous avons avancé. Pendant le tems des guerres de Charles VI, cette ville, aussi-bien que Paris, passa au pouvoir des Anglois. Sens montra beaucoup d'ardeur pour la ligue; mais peu de tenis après elle rentra sous l'obéissance de ses rois, & ils lui accorderent des édits très-favorables.

Cette ville n'a pas produit un grand nombre de gens de lettres & d'hommes illuftres. Le docteur Almain, & le jurisconsulte Loiseau, qu'on dit avoir été lieutenant particulier, en font. Il y a quelques médecins qui ont écrit fur l'enfant de pierre de la Cavitade: Factus lapideus, quem per 27 annos in utero gestavit quadam mulier, uxor fartoris Senonenfis cognominati Cavitad. Cet enfant est à présent dans le trésor du roi de Danemarck. Et d'autres qui ont pareille

ment écrit fur l'enfant de Vauprofonde, qui fut fi long. tems fans manger, sous le regne de Henri IV. Je n'avancerai point fans preuve que Gonthier, qui a fait le traité de Jure manium, & l'archevêque Magnus, étoient de Sens. Pour avoir demeuré à Sens, ou pour en avoir occupé le siége, on n'est pas réputé être né du diocèse ou de la ville. La famille des le Blancs, dont est sorti le fameux mini ftre de la guerre, est de Sens. Deux le Blancs ont été préchantres.

Les qualités du terroir font bonnes, il porte tout ce qui est nécessaire à la vie : le seigle y est beaucoup plus commun que le froment: les habitans y font d'un caractère bon & doux. On y vit long-tems, sans inconimodité notable, ce qui prouve que l'air & les alimens y font très-bons. A la fin de 1735, on y trouva quelques inscriptions, qui prouvent qu'il y avoit autrefois en cette ville un temple de Vesta, Vesta mater; un à l'honneur d'Auguste; des prêtres pour y faire l'office, qui avoient donné des spectacles au pearple, & avoient paslé par tous les honneurs de la ville. On trouvera l'explication de ces inscriptions dans le premier volume du mercure de France de 1735, & de février 1736; ce sont deux lettres adressées à l'abbé Fernel, qui nous a donné, sur Sens, tous les éclaircissemens dont nous avons eu besoin pour l'utilité du public. C'est ce savant abbé qui a déchiffré le premier ces piéces si antiques. On voit encore à l'est de la ville des vestiges d'une espéce d'amphithéatre. On voit encore bien des monn oies de Charlemagne & de sa postérité, qui sont battues à Sens.

Les habitans de Sens, (Senonenfes,) se révolterent contre César, qui dissimula quelque tems, & fit ensuite périr leur chef Accon.

A l'égard de la Motte du Siavre, qui est un reste de mafure, au midi de la ville, on ne sauroit absolument décider ce que c'est & ce que ç'a été. On en retire de tems en tems des fragmens de marbre d'albâtre, de pavé, & d'autres choses qui peuvent conduire à conjecturer que ç'a été autrefois un temple de Sens paienne, & que l'ancienne ville alloit jusques-là: les pavés qui en fortent font taillés à la romaine; on y remarque des conduits d'eau.

Pour ce qui est de l'inscription qu'on lisoit sur une maison située au bord de l'Yonne, carcer Cafaris, un manuscrit porte qu'on la trouva dans la terre en 1675, & des livres imprimés avant cette année, en parloient comme d'une chose ancienne; mais l'abbé Fenel assure que, si elle a existé, c'étoit une chose faite à plaisir.

2. SENS, bourg de France, dans la Bourgogne, au bailliage de Châlons, recette de Saint-Laurent, entre les. rivieres de Breigne & de Seille. On y voit le pont de l'Etalet, pour paffer la riviere de Breigne, & qui fert de grand paslage pour la Franche-Comté. C'est un pays de plaines. Les hameaux de Visargent, Gérau, Condez, les Terrains & Bure en dépendent.

3. SENS, bourg de France, dans le Berry, élection de Bourges. Ce lieu, qui est régi par la coutume de LorisMontargis, est situé sur la riviere de la Sauldre, à huit lieues de Bourges, trois d'Henrichemont & deux de Sancerre. La taille y est personnelle. La cure vaut quatre cents livres: les venerables du chapitre de Sancerre en sont collateurs & patrons. Une partie du terroir est ardent, sec & maigre, & l'autre humide & en bruyeres, bois & paccages. Ce licu est une châtellenie. Le château de Baujeu en dépend.

4. SENS & LA FARGE, lieu de France, dans la Bourgogne, au bailliage de Châlons. Ce lieu est situé partie en montagne, partie en plaine. Il n'y passe qu'un petit ruisseau nommé Merdery. Il y a un grand chemin qui va à Tournus & à Mâcon. On recueille du vin dans le voifinage. La tour de Vert & de Ruffey dépendent de Sens & la Farge.

SENSENNA, ville de la tribu de Juda, Jofué 15, 30. L'hébreu la nomme Sansanna.

SENSET, ou la SanSSE, riviere des Pays-Bas. Elle prend sa source auprès du village de Boilioux, en Artois, d'où elle coule à Saint-Martin, g. à l'abbaye du Vivier, d. à l'Ecluse, d. à Arleux, à l'abbaye du Verger, à Aubigny, à Freham, à Wasne, g. à Crupilli, d. à Wavrechin, gà Bouchain, où elle se perd dans l'Escaut. * Dict. géogr. des Pays-Bas.

SENTA, lieu de la Dalmatie, sur la côte. Pline, 1.2, 6,45, dit que le vent y avoit formé une vaste & profonde

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