Scydrothemis, lequel gagné par des présens d'un grand prix, après avoir amusé les ambaffadeurs pendant trois ans, sous divers prétextes, permit enfin que le dieu partit; mais ce ne fut pas fans miracle. Pour fatisfaire apparemment le peuple, qui i envioit un si grand bonheur à l'Egypte, & qui appréhendoit les suites facheuses du départ de la divinité, on fit courir le bruit que le temple étoit tombé, & que la statue étoit venue elle-même s'embarquer. Le bruit se répandit qu'elle avoit paflé dans trois jours de Sinope à Alexandrie. On lui dressa dans cette ville un temple magnifique, dans le même endroit où il y en avoit eu un autrefois consacré à Sérapis & à Isis. Le nom même de Sérapis lui en resta, peut-être pour cette raison; car Euftathe remarque que le dieu Sérapis des Egyptiens est le même que le jupiter de Sinope. * Tournefort, Voyage du Levant, t. 2, p.91. Pharnace, après la mort de son pere, le grand Mithridate, obtint de Pompée le Bosphore Cimmerien: mais pendant les guerres civiles entre César & Pompée, il leva le masque, & prit plusieurs villes des côtes du Pont-Euxin, Sinope ne fut pas des dernieres. Il fut battu ensuite par César, & obligé de rendre Sinope à Domitius Calvinus, qui eut ordre du général de continuer la guerre contre Pharnace. On ne fait pas si la ville fut maltraitée alors; mais il est certain que les murailles en étoient encore belles du tems de Strabon, qui vivoit sous Auguste: celles d'aujourd'hui ont été bâties sous les derniers empereurs Grecs, Elles font à double rempart, défendues par des tours la plûpart triangulaires & pentagones, qui ne présentent qu'un angle. La ville est commandée du côté de terre ; & il faudroit deux armées navales pour l'assiéger par mer. Le château est fort négligé aujourd'hui. Il y a peu de Janissaires dans la ville, où l'on ne souffre aucun Juif. Les Turcs, qui se méfient des Grecs, les obligent de loger dans un grand fauxbourg sans défense. Si l'on ne trouve aucune inscription, ni dans la ville, ni dans les environs, en récompense, outre les morceaux de colonnes de marbre, qui font enclavés dans les murailles, on en voit une prodigieufe quantité dans le cimetiere des Turcs, parmi plusieurs chapiteaux, bases & piédestaux de même espéce. Ce sont les restes des débris de ce magnifique gymnase, du marché & des portiques dont Strabon fait mention, sans parler des anciens temples de la ville. Les eaux font excellentes à Sinope & aux environs, où l'on cultive des oliviers d'une grandeur affez raisonnable. Mais quelque belie que foit cette campagne, elle ne produit que des plantes affez communes, si l'on en excepte une espéce d'absinthe, qui naît dans le sable, le long de la marine, & qui, suivant les apparences, doit être l'abfinthe pontique des anciens. Charatice, capitaine mahométan, surprit Sinope & la pilla, dans le dessein d'enlever les trésors que les empereurs y avoient mis en dépôt ; mais il fut obligé d'abandonner la place, sans toucher aux richesses, sur l'ordre du sultan son maître, qui recherchoit l'amitié d'Alexis Comnene, & qui lui avoit envoyé un ambassadeur. Le gouvernement de la ville fut donné à Constantin Dalastène, parent de l'empereur, & le plus grand capitaine de ce tems. Lorsque les François & les Vénitiens se rendirent maître de Constantinople, Sinope tomba sous la puissance des Comnènes, & fut une des principales villes de l'empire de Trebizonde. Elle devint dans la suite une principauté indépendante de Trebizonde; & ce fut apparemment quelque fultan qui en fit la conquête, dans le tems qu'ils se répandirent dans l'Afie mineure ; car Ducas rapporte que Mahomet II étant à Angora, , en 1461, il fut falué, & reçut les présens d'Ismaël, prince de Sinope, par les mains de son fils. Mahomet lui ordonna de faire savoir à son pere qu'il eut à lui remettre ses états: il obeit. Calchondyle assure qu'il fit un échange de sa principauté avec la ville de Philippopolis en Thrace, quoiqu'il y eut quatre cents piéces d'artillerie sur les remparts de Sinope. Par le même traité, Mahomet acquit Castamêne, ville très forte, qui dépendoit de la même principauté. On ne fauroit parler de Sinope sans se ressouvenir du fameux philosophe Diogène le Cynique, ce Diogène, dont Alexandre admiroit les bons mots, en étoit natif. On voit son épitaphe sur un ancien marbre à Venise, dans la cour de la maison d'Erizzo. Elle est au-dessous de la figure d'un chien, qui est assis sur son derriere ; & on peut la traduire ainsi : Demande; Parle donc, Chien, de qui gardes tu le tombeau avec tant de foin? Rep. Du Chien. Dem. Qui étoit donc cet homme que tu appelles Chien? Rep. C'étoit Diogène. Dem. D'où est ce qu'il étoit ? Rep. De Sinope C eft lui qui vivoit autrefois dans un tonneau, & qui a présentement les aftres pour domicile. Au reste, la terre de Sinope, de laquelle Strabon, Dioscoride, Pline & Vitruve ont parlé, n'est pas verte, comme plusieurs personnes le croyent, s'imaginant que la couleur verte, qu'on appelle finople, en terme de blafon en a tiré son nom. La terre de Sinope est une espéce de bol, plus ou moins foncé, que l'on trouvoit autrefois autour de cette ville, & que l'on y appottoit pour le distribuer. Ce qui marque que ce n'étoit autre chose que du bol, c'est que les auteurs qui viennent d'être cités assurent qu'il étoit aussi beau que celui d'Espagne. Tout le monde sair qu'on trouve de très-beau bol en plusieurs endroits de ce royaume, où on l'appelle Almagra; & ce bol, suivant les apparences, est du safran de mars naturel. Il se peut faire néanmoins qu'il y ait quelque espéce de terre verte dans la campagne de Sinope; car Calchondyle assure qu'il y a d'excellent cuivre aux environs; & de Tournefort croit que la terre verte, que les anciens nommoient Theodotion, n'étoit proprement que du verd-de-gris naturel, tel qu'on le trouve dans les mines de cuivre. Strabon, qui ne négligeoit rien dans ses descriptions, remarque avec raison que les côtes, depuis Sinope jusqu'en Bithynie, sont couvertes d'arbres, dont le bois est propre à faire des navires, que les campagnes sont pleines d'oliviers, & que les menuifiers de Sinope faifoient de belles tables de bois d'érable & de noyer. Tout cela se pratique encore aujourd'hui, excepté qu'au lieu de tables, qui ne conviennent pas aux Turcs, ils employent l'érable & le noyer à faire des sophas, & à boiser ou lanıbriffer des appartemens: ainsi ce n'est pas contre ce quartier de la mer Noire qu'Ovide a déclamé avec tant de vehemence, dans sa troisième lettre écrite du Pont à Rufin. 2. SINOPE, fleuve de l'Asie mineure, dans la Paplıfagonie. Ortelius qui cite Euftathe, dit que ce fleuve couloit près de la ville de Sinope. 3. SINOPE, riviere de France, dans la balle Normandie, au Cotentin. Elle sort de plusieurs fources, dont la principale est vers Tamerville, & paffe par Saint Germain de Tournebus: deux autres viennent du bois de Rabe, & une autre du bois de Montebourg. Le tout va tomber dans le havre & boccage de Quineville. * Corneille, Dictionnaire. Vaudome, Manuscrits géogr. SINOPIUM, montagne d'Egypte. Elle étoit, selon Eustathe, au voisinage, ou peut-être dans la ville de Memphis; car il dit Sinopium Memphidis mons. SINOPOLI ou SILLO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, felon Corneille, qui ne cite point de garant. Il ajoute que cette ville est située dans les montagnes, à quatre milles de la mer, près des mines d'or, d'argent & de fer. Magin, dans sa carte de la Calabre ultérieure, ne connoît ni Sinopoli ni Sillo. Je soupçonnerois que Corneille veut parler de la petite ville de Stilo, fur le Cacino. Elle est effectivement dans les montagnes, & environ à quatre milles de la mer Ionienne. SINOREGA, lieu fortifié, dans l'Asse mineure, felon Appien, in Mithridat. Ce pourroit être le fort SINORIA, l'un des soixante-quinze que fit bâtir Mithridate Eupator, & où il renfermoit ses trésors. Le fort de Sinoria (elon Strabon, 1. 12, P.555, étoit dans le Pont, aux confins de la grande Arménie. ŠINORIA. Voyez SINOREGA. SINOTIUM, ville de l'Illyrie, dans la Dalmatie. Il y avoit selon Strabon, 1.7, p. 315, le vieux & le nouveau Sinotium, qui étoient du nombre de cinquante principales villes que possedoient les Dalmates, & qu'Auguste réduifit en cendres. On ne fait point au juste en quel endroit de la Dalmatie étoit SINOTIUM. SINOUSA. Voyez ARNE. SINPING, ville de la Chine, dans la province d'Iunnan, au département de Lingan, troisiéme métropole de la province. Elle est de 14d 25 plus occidentale que Pekin, sous les 234 42' de latitude septentrionale. ** Atlas Sinensis. SINQUIRIUM, ou, comme porte le grec de Denys d'Halicarnaffe, 1.5, SYNCERIUM, poste d'Italie, aux confins du Latium & du pays des Herniques. Les confuls dans l'année 245 de Rome munirent ce poste, qui peutêtre fut la même ville que Plutarque appelle SIGLIURIA. On la fortifia de bonnes murailles, & bâties à grands frais. Par-là Rome vouloit faire fentir à ses ennemis que son tréfor n'étoit point épuisé, & elle vouloit opposer une barriere aux courses des Latins & des Herniques. SINSII, peuples de la Dace: Ptolomée, 1. 3, c. 8, les place au nord des Saldenfii & de quelques autres peuples. SINTACORA, ville de la presqu'isle de l'Inde, sur la côte de Malabar, dans la partie septentrionale du royaume de Canara, aux confins du royaume de Visapour. Elle est fituée sur un cap, à la gauche de l'embouchure de la riviere Aliga, vis-à-vis de l'ifle d'Angediva, entre Goa & Onor. * De l'Isle, Atlas. 2. SINTÆ, peuples de l'Afrique propre, selon Strabon, 1. 2, p. 131. Cafaubon croit que ce font les Sentites de Ptolomée. Voyez SENTITES. 2. SINTÆ, peuples dont parle Strabon, 1.10, p.457, qui cite Homére. Il laisse en doute si ces peuples étoient les mêmes que les SAPAI OU SALI de Trace, qui habiterent autrefois l'ifle de Samos, ou si c'étoient des peuples différens. SINTAI, ville de la Chine, dans la province de Channton, au département de Cinan, premiere métropole de la province. Elle de 1d 15' plus orientale que Pekin, sous les 36d 19' de latitude septentrionale. * Ailas Sinenfis. 1. SINTHUS, ville de la Macédoine, dans l'Amphaxitide, près du golfe Therinaus, felon Etienne le géographe, qui cite le septiéme livre d'Hérodote, où on lit aujourd'hui Sindus pour Sinthus. 2. SINTHUS. Arrien, 2. Periple. p. 21, appelle ainsi le plus grand des fleuves, qui se jettent dans la mer Erythrée, & Ptolomée donne le nom de SINTHUS à une des bouches du fleuve Indus. Il pouvoit se faire que cette embouchure fût la plus grande de toutes; ce qui aura engagé à donner fon nom au Heuve. SINTI, peuples qui habitoient au-dessus du Bosphore de Thrace, selon Polyen, 1.8, & Orphée, Argonaut. Il y a apparence, dit Ortelius, que ce sont les Sindi dont parlent d'autres auteurs. Voyez l'article sui SINTICA ou SINTICE. Voyez SINTIA. SINTIEN, ville de la Chine, dans la province de Queicheu, où elie a le rang de seconde ville militaire de la province. Elle donne la loi à quatre forteresses, qui sont habitées par des peuples fort rustiques; mais qui ont cela de particulier qu'ils font extrêmement tristes & affligés de la mort de leurs proches parens, jusques-là qu'ils se coupent les cheveux en figne de douleur. Plusieurs d'entr'eux, comme autrefois les Bardes, peuples de la Thrace, préférent la mort à la vie, & disent que les pensées de la mort ne font pas à rejetter, & que ces pensées en diminuent plutôt qu'elles n'en augmentent la crainte. Les quatre forteresses en question font: SINTRA OU CINTRA, ville & montagne de Portugal, dans l'Estramadoure. La terre s'avance dans l'Océan, bien loin au-delà de l'embouchure du Tage, & forme un cap avancé, que les anciens ont appellé promontorium Lune ou promontorium Olisiponnense. C'est un rameau d'une mon. tagne fort élevée, qui se présente de fort loin aux vaiffeaux qui rasent cette côte: fon nom étoit autrefois mons Lune; & aujourd'hui c'est Sintra ou Cintra. A l'un des côtés de la montagne est une petite ville qui porte le même nom, & qui est située derriere Caftaes, à sept lieues de Lifbonne. Au sommet de la montagne on voit un beau monastère de religieux Hieronymites, dédié à Nossa Senhora da Rocca, c'est-à-dire à Notre-Dame du Roc, & accompagné d'une église, qui est un lieu d'une grande dévotion, où l'on va faire des neuvaines. Le monastère & l'église sont tous deux taillés dans le roc. Les religieux ont un petit jardin, où il a fallu porter d'ailleurs toute la terre qu'on y voit. On jouit dans ce licu d'une vue charmante. D'un côté on voit l'Océan, de l'autre le Tage, & des deux autres le continent, où de belles & de riches campagnes forment un paysage agréable. Au pied de la montagne, au-dessus du cap ou promontoire, il y avoit anciennement un temple dédié au soleil & à la lune. On en voit encore les ruines, & quelques colonnes chargées d'inscriptions. Je n'en rapporterai qu'une : SOLI ÆTERNO LUNA Du côté que la montagne de Sintra regarde l'Océan, il y a un petit village nommé Collares, auprès duquel est une grotte fort ancienne & fort longue, au pied d'un rocher battu des flots de la mer, & dans laquelle on dit qu'on a vũ de tems en tems des tritons ou hommes marins, jouant de leur cornet, comme les habitans de Lifbonne le firent favoir autrefois à Tibere, par une ambassade qu'ils lui envoyerent à ce sujet. Entre ce village & la montagne est la vallée de Collares, la plus agréable, la plus délicieuse & la plus fertile qui se puisse voir. Elle est longue d'une lieue, si bien cultivée & fi bien plantée d'arbres, qu'elle nourrit presque toute la ville de Lisbonne, par les fruits, le bled & le vin qu'elle fournit. On y marche presque partout à l'ombre; & quand on s'y repose sous quelque arbre, on se trouve d'abord couvert de fleurs. * Délices de Portugal, pag. 774. SINTU, ville de la Chine, dans la province de Suchuen, au département de Chingtu, premiere métropole de la province. Elle est de 13d 2' plus occidentale que Pekin, sous le 30d 55' de latitude septentrionale. nenfis. * Atlas Si SINTZHEIM Ou SINSHEIM, village d'Allemagne, dans le Creigow, contrée de la Suabe, à quatre ou cinq lieues d'Heidelberg, du côté du midi, & à pareille distance d'Hailbron, vers l'occident. Elle est située dans un fond, où aboutissent des ruisseaux marécageux. Cette ville étoit autrefois la capitale de Creigow, & fut le siége des anciens comtes de ce nom, dont le dernier, nommé Jean, ayant été élu évêque de Spire, la donna à son église avec les autres villes & places de son comté, après que fon frere fut mort sans enfans. Le maréchal de Turenne y défit en 1674 l'armée impériale, que commandoit le duc de Lorraine avec le comte Caprara. Les François brulerent cette même ville en 1689. * D'Audifret, Geog. anc. & mod. τ. 3. ŚINUESSA, ville d'Italie, dans le Latium ajouré, aux confins de la Campanie, au-delà du Liris, fur le bord de la mer. Tite-Live, 1. 10, 6.21, lui donne le titre de colonie romaine. La ville de Minturne, selon Strabon, 1.5, étoit entre celles de Formies & de Sinuessa. Pline, 1.3, 6.5, fait de Sinuessa la derniere ville du Larium ajouté, & dit que quelques-uns l'avoient appellée Sinope; mais Tite-Live, l. 10, c. 21, fait entendre que Sinuessa prit ce nom, lorsque lorsque les Romains eurent envoyé une colonie dans un endroit où l'on croyoit qu'avoit été Sinope, ville grecque : Placuit ut dua colonia circa Vescinum & Falernum agrum deducerentur : una ad oftium Liris fluvii, que Minturna appellata; altera in Saltu Vescino, Falernum contingente agrum, ubi Sinope dicitur Graca urbs fuisse: Sinuessa deinde ab colonis Romanis appellata. Les habitans de cette ville font appellés Sinuessani ou populus Sinuessanus, par le même historien, & Senuifani dans une inscription rapportée par Holsten, p. 224. Il y avoit au voisinage de cette ville des eaux minérales, qui en prenoient le nom d'Aqua Sinuessana. Pline, 1. 31, c. 2, met ces eaux dans la Campanie, & la ville de Sinuessa dans le Latium ajouté, C'étoient des bains d'eaux chaudes: d'où Silius Italicus, 1. 8, v. 528, a donné à la ville de Sinuessa l'épitheto de tepens. Nous voyons dans Tacite, l. 12, c. 66, que l'empereur Claude usa de ces bains. On voit encore aujourd'hui les ruines de Sinuessa, & elles confervent le nom de la ville. Voyez SUESSANA. Ptolomée appelle cette ville Soeffa, & la place près de la mer. A peine trouve-t-on aujourd'hui les vestiges de cette ville: il y a cependant près du mont Dracon quelques ruines d'édifices, de même que vers le bord de la mer, où sans doute étoient les grandes murailles du port. Cette Sinuessa n'étoit pas la Suessa des Aurunzes. L'on voit aujourdhui dans l'endroit où étoit autrefois Sinuessa une petite forteresse, qu'on appelle monte Dracone: eile est à un mille de la mer. SINUNIA, ville de la Parthie, selon Ptolomée, 1.6, 6. 5. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Oenunia au lieu de Sinunia ; & Ortelius croit que c'est la ville Genunia d'Ammien Marcellin. SINUS TRISTIS, nom que Solin donne au lac Asphaltite. Voyez ASPHALTITE & MER MORTE. SINXUI, cité de la Chine, dans la province de Channsi, au département de Çe, troifiéme grande cité de la province. Elle est de sd 14 plus occidentale que Pekin, sous les 36d 56'de latitude septentrionale. * Ailas Sinenfis. SINY, ville de la Chine, dans la province de Quan tung, au département de Caochen, septiéme métropole de la province. Elle est de sd 41' plus occidentale que Pekin, sous les 23d 13 de latitude septentrionale. 1. SINYANG, ville de la Chine, dans la province de Xensi, au département de Hanchung, troisieme métropole de la province. Elle est de 7d 54' plus occidentale que Pekin, sous les 34d 5' de latitude septentrionale. 2. SINYANG, ville de la Chine, dans la province de Honan, au département d'luning, huitiéme métropole de la province. Elle est de 324 22' plus occidentale que Pekin, sous les 33d 20 de latitude septentrionale. Sinyang est défendue par une forteresle. SINYÉ, ville de la Chine, dans la province de Honan, au département de Nanyang, feptiéme métropole de la province. Elle est de sd 25 plus occidentale que Pekin, sous les 33d 55' de latitude septentrionale. * Atlas Sinenfis. SINYU, ville de la Chine, dans la province de Kiangsi, au département de Linkiang, huitiéme métropole de la province. Elle est de 2d 22' plus occidentale que Pekin, sous les 28d 30' de latitude septentrionale. SINZITA, ville de la petite Arménie. Ptolomée, 1.5, c. 7, la place dans la préfecture Muriane. Au lieu de Sinzita, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Sindita. SIODA, ville de l'Albanie. Elle est mise par Ptolomée, 1. 5, c. 12, au nombre des villes situées entre le Cyrrhus & l'Albanus. 1. SION OU ZION, montagne sur laquelle le temple du Seigneur fut bâti dans Jeruselem par Salomon, & où David, (pfal. 47, 3.3) bâtit la cité de David, vis-à-vis & au nord de l'ancienne Jébus ou Jerufalem, qui occupoit le côté opposé à Sion. L'écriture met ordinairement le mont Sion pour le lieu où étoit le temple ; mais dans la rigueur il étoit plutôt sur le mont Moria, 2. Par. 3, 1, qui étoit un des côteaux qui composoient la montagne de Sion. Reland, Palaft. t. 2, p. 847 & 848, prétend que le mont Sion étoit au midi, & non pas au septentrion de Jerufalem. Le P. Barthelemi Deschamps, p. 446, dit: Du tems des Jébuséens, il y avoit une belle forteresse, avec une ville ceinte de fortes murailles, & qui avoit plusieurs portes & quantité de tours. David l'ayant prise, y établit sa demeure, & la rendit beaucoup plus forte qu'elle n'étoit auparavant. Il fit bâtir un riche palais, dans lequel Salomon tint ensuite sa co cour, & tous les autres rois de la Judée. C'est pour cela que l'écriture sainte l'appelle château royal, maifon & trône de David. Quelque tems après, ayant été ruiné par les guerres, Judas Machabée le fit rebâtir, & y fit conftruire des tours & des murailles si hautes, fi fortes & fi folides, que, selon le témoignage de Joseph, jamais il n'a pû être pris que par la famine; ce que l'empereur Tite avona luimême, après qu'il s'en fut rendu maître, & qu'il eut vû la hauteur & l'épaisseur des tours & des murailles, la grosseur prodigieuse des pierres si bien jointes, & comme colées ensemble: C'a été, dit-il, le bras du Tout-Puissant qui a combattu pour nous. Il n'y a que Dieu qui a chaffé les Juifs de cette forteresse; car il n'y a point de force humaine qui soit capable d'abattre ni de renverser de telles machines. C'est ausli sur ce mont que David & les autres rois ont choisi leurs sépultures. Salomon enferma de grandes richesses dans le sépulcre du roi David son pere. Le grand-prêtre Hircan en emporta trois mille talens. Hérode Ascalonite, quelque tems après, ayant voulu tenter la même chose, il en fortit une flamme qui brula deux de ses gens. Ce prodige le rem plit de frayeur, & lui fit quitter son entreprise. On ne fait où sont situés les tombeaux de David & de Salomon. Benjamin, Juif, dans son itinéraire, dit: Le lieu des sépulcres de David & de Salomon, a été bouché depuis mille ans par le commandement du patriarche des chrétiens, de forte qu'encore aujourd'hui il est ignoré ; car le temple de Sion étant venu à tomber, on tira des pierres hors des fondemens des anciennes murailles de ce mont pour le rebâtir, & tandis qu'on travailloit à les tirer, il arriva, par cas fortuit, que les ouvriers ayant levé une des plus groffes pierres, ils découvrirent la porte d'un antre, dans lequel étant entrés, ils arriverent comme à un petit bâtiment, foutenu par des colonnes de marbre, où ils virent un riche monument tout garni d'or & d'argent, devant lequel il y avoit une table, fur laquelle étoit un sceptre & une couronne d'or; à gauche il y avoit aufli un monument semblable au premier; mais ils ne purent savoir ce qu'il contenoit. Comme ces hommes voulurent, par curiofité, pénétrer plus avant, ils furent repouflés par un tourbillon de vent hors de la porte de cet antre, où ils demeurerent conchés par terre, comme s'ils eussent été morts. Sur le foir ayant été éveillés par un autre tourbillon, ils entendirent une voix qui leur dit: Levez-vous, & fortez de ce lieu; ce qu'ils firent aufli-tôt en tremblant, & faisis de frayeur : ils allerent faire le récit au patriarche de tout ce qu'ils avoient vû, & de ce qui leur étoit arrivé. Le mont de Sion joint du côté du midi la cité de Jerusalem: il étoit autrefois dans l'enceinte des murailles; mais aujourd'hui il est au dehors, du côté du septentrion, & pres que d'une même égalité avec la ville, quoiqu'anciennement il ait été entouré de profondes vallées. Ce mont, dont la beauté est tant vantée dans l'écriture sainte, eft à présent si difforme, qu'on ne jugeroit jamais qu'il y eût eu une ville; car, excepté le cénacle de Notre Seigneur, & la maison de Caïphe, on n'y voit que de grands monceaux de pierre. Le pere Nau, p. 97, & suiv. dans son voyage de la Terre Sainte, décrit, comme il suit, le faint cénacle, la maison de Caiphe, & le château de la ville. La partie du mont Sion, dit-il, où étoit autrefois la ville de David, est maintenant inhabitée & hors de Jerufalem : il n'y a plus que le saint cénacle, la maison de Caïphe, & le château de la ville: tout le reste se laboure & se seme, à la réserve du côté le plus haut; qui est au-dessus du saint cénacle & de la maison de Caïphe: la providence a confervé ce côté aux chrétiens pour leur sépulture. Le château de Jerusalem est bâti au midi de cette fainte ville, près la porte d'Elkhalil, que nous nommons la porte de Bethleem. Il y paroît être nouveau, & il y a apparence que le même empereur des Turcs, Soliman, qui a fait faire les murailles qu'on voit aujourd'hui à la ville, a fait aussi rebâtir, ou fortifier ce château; il paroît avoir double rang de remparts. On voit ceux de dehors revêtus de belles pierres : ceux de dedans le sont aussi peut-être. Après tout les fortifications de cette place, qui eft commandée d'un lieu voisin, sont peu de chose. La porte est dans la ville: il ne paroît pas qu'il y en ait plus d'une. Du tems que les chrétiens possédoient la terre fainte, le château de Jerufalem étoit en ce même endroit. on l'appelloit Château Pifan, parce, dit-on, que ceux de Tome V. Cccc Pise y entretenoient & commandoient la garnison. C'étoit aufli là qu'étoit anciennement la citadelle de Sion; mais elle avoit bien plus d'étendue, & le palais qu'y avoit David n'a pas été moins renommé par la perte funeste qu'il fit de son innocence. Ce fut du haut de la terrasse, où il se promenoit, qu'il laissa échapper ce regard inconsidéré sur Bethsabéc, femme d'Urie. Ce fut là même que le prophéte Nathan l'ayant repris, de la part de Dieu, de l'adultere qu'il avoit commis, il reconnut sa faute. Les étrangers n'entrent point dans ce château; ils n'osent même le regarder avec quelque forte d'attention, fans s'exposer à de mauvais traitemens, à cause du soupçon qu'ils donneroient de vouloir le reconnoître à mauvais dessein. Les Mahométans sont si passionnés à Jerufalem contre les chrétiens, & principalement contre les Francs, que pour les moindres sujets ils leur font insulte. On passe promptement ce lieu, & fortant de la ville par la porte de David, qui est celle du mont Sion, on va visiter la maifon de Caïphe qui en est proche. Elle est à présent changée en une église que les Arméniens desservent. On entre d'abord dans une cour par une porte, & on descend ensuite par quatre ou cinq dégrés. On montre là un oranger qu'on dit être planté au lieu où se chauffoit faint Pierre avec les valets, devant lesquels il eut honte de paroître disciple de fon maître. On voit l'image d'un coq gravé sur une pietre plate, qu'on a placée dans une petite niche, pratiquée dans la muraille qui fait la face de l'église qui est bâtie sur les ruines de celle que sainte Hélène fit faire autrefois. On y tint le conseil appellé fanedrin, composé des chefs des vingt quatre familles facerdotales, & des principaux feigneurs de la nation. On fit comparoître dans ce même endroit Notre Seigneur Jesus Chrift pour y être jugé. On voit encore près de l'autel, & du côté de l'épitre, le monument & l'endroit du cachot, où, après plusieurs tourmens, Notre Seigneur fut mis. C'est une petite chambre carrée, où il y a un autel dressé. On y entre par une porte fort basse & étroite. On n'y peut être que deux ou trois personnes à la fois. Il n'y a rien de remarquable en cette église que le devant de l'autel, où les Arméniens ont enfermé la grosse pierre qui fermoit le sépulcre du Sauveur, & fur laquelle l'ange s'afflit après l'avoir renversée le jour de la résurrection. On dit qu'elle est là toute entiere. On n'en voit pourtant que deux morceaux à chaque côté de l'autel qu'on n'a point couvert de plâtre ou de chaux, coinme tout le reste. Les religieux de Jerufalem disent que les Arméniens la leur ont enlevée comme plusieurs autres chofes, lorsqu'au tems de la guerre que le Turc fit aux chrétiens à la prise de Cypre, ils furent tous mis en prison. Car alors les Arméniens furent les dépofitaires de leur sanctuaire, & se saisirent de plusieurs chofes qu'on n'a jamais pû retirer. Un peu plus loin que la maison de Caïphe, avançant quelques pas vers le midi, on trouve ce lieu auguste qu'on nomme le Cénacle. C'est un sanctuaire mémorable de l'ancien & du nouveau testament;car ce fut là que David plaça son sépulcre: il est probable que ce fut près de ce lien que le même roi fit faire le tabernacle, où il plaça l'arche d'alliance, lorsqu'ayant appris les bénédictions qu'elle avoit répandues sur le lévite Obed-Edom, & fur toute sa maison, pendant trois mois qu'il eut le bonheur de la posséder; il désira y avoir part, l'ayant dans sa ville & dans fon palais. Comme l'endroit où l'arche avoit été mise étoit le plus faint du palais, David voulut que celui de sa sépulture en fût le plus proche qu'il feroit poffible. On ne fait si ce sanctuaire étoit dans la maison de ce disciple fortuné, qui prêta sa sale au Sauveur du monde e, pour yn y manger l'agneau paschal la veille de sa passion. Il étoit du moins tout joignant; & peut-être que ces paroles de faint Pierre, fepulcrum ejus eft apud nos usque in hodiernam diem, se doivent prendre à la rigueur de la lettre, & ne veulent pas seulement dire que le sépulcre de David étoit alors encore en Jerufalem, où il se trouvoit, mais dans l'endroit même de la ville où il logeoit avec ses freres les apôtres. Quoi qu'il en foit, c'étoit une grande maison, & la maison d'un homme riche, comme il paroît par la grandeur & l'ameublement de la fale haute, où Notre Seigneur fit la Pâque avec ses diciples, Cænaculum grande ftratum. Ce fut dans cette maison que J. C. mit fin à toutes les figures de la loi ancienne, dans la cérémonie de l'agneau paschal qu'il y mangea avec ses apôtres; & il y exerça son miniftere de prêtre selon l'ordre de Melchifedec, offrant à Dieu le facrifice de fon corps & de son sang adorable, sous les espéces du pain & du vin. Après sa mort, le jour de sa résurrection, il apparut dans cet endroit à ses disciples; il leur y présenta son corps à toucher, & y mangea avec eux. Huit jours après, il y retourna pour guérir l'aveuglement de S.Tho. mas, en l'obligeant de porter sa main dans ses plaies. Ce fut là encore apparemment qu'il vint trouver les disciples le jour qu'il monta au ciel. Ce même lieu fut assigné par Notre Seigneur à ses disciples, pour y faire une retraite de dix jours, & pour se disposer à recevoir le faint Esprit. S. Mathias fut élu dans le cénacle pour remplir la place du perfide Judas. C'étoit encore dans le cénacle que les disciples, au nombre d'environ cent vingt, étoient assemblés avec la Ste. Vierge & quelques femmes dévotes, lorsque le S. Esprit descendit en forme de langues de feu. Ce faint lieu devint la premiere église chrétienne; S. Jacquesle mineur y fut établi premier évêque de Jerufalem; les sept premiers diacres y furent ordonnés; le premier concile y fat tenu. Enfin c'est à la porte de ce cénacle que faint Pierre annonça l'évangile pour la premiere fois, & convertit trois mille personnes. Sainte Hélène orna l'église de ce faint lieu, & y fit mettre la colonne teinte du fang de Notre Seigneur Jesus-Chrift. Cette colonne foutenoit le portique de l'église, qui, au rapport de saint Cyrille, étoit à deux érages. Depuis ayant été ruinée par les infideles, Sancia, reine de Sicile, la releva, & la mit à peu près dans l'état où on la voyoit du tems que les religieux Francs en étoient en possession. Elle est encore à deux étages, & terminée dans sa longeur par un dome couvert de plomb d'une grandeur médiocre. On marque aux pélerins, qui font atlez heureux pour y entrer, tous les divers lieux, où l'on croit que se sont paffés les mysteres, sans oublier même celui, où l'on fit rotir l'agneau paschal; mais il y a apparence que ce sont plutôt les divers lieux, qu'on a consacrés à la mémoire de ces merveilles, que les endroits véritables où elles sesont paífées. Car il eft vraisemblable que le cénacle, c'est-à-dire, la fale haute, où Notre Seigneur mangea l'agneau, fut le lieu même où il institua l'Eucharistie, & où saint Matthias fut élu ; mais l'endroit où l'on veut que soit descendu le saint Esprit est trop petit, & il ne peut pas contenir la moitié de cent vingt personnes, & davantage, qui étoient assemblées là, & qui eurent partà cette grace. Les Mahométans n'y laissent entrer que fort rarement les chrétiens, & encore le font-ils payer des sommes confidérables. Il y a environ un fiécle qu'un miférable fanton, c'est-à-dire, un des faux dévots de Mahomet, ravit ce sanctuaire à nos religieux françois. Il alla présenter requête à la Porte Ottomane, & remontrer que c'étoit une chofe indigne de voir le sépulcre du grand roi, & admirable prophéte David, entre les mains des chrétiens & des chrétiens francs, qui le possédoient hors de la ville dans un endroit avantageux, où ils pour roient introduire de nuit tant d'ennemis qu'il leur plairoit, sans qu'on s'en apperçût, & les rendre maîtres de la ville & du château. Il obtint donc aisément un haut commandement pour chaffer les religieux, & y introduire les Mahométans. Le désir de tirer de l'argent des religieux le faisoit plutôt agir que l'amour de sa loi: il les fonda même sur cet article; mais ceux-ci qui jugeoient qu'il pourroit aisément faire venir un nouvel or. dre, & qu'ils perdroient leur argent, le renvoyerent avec peu de fatisfaction, & en vertu du commandement qu'il avoit, il les mit hors du saint Cénacle. Les religieux n'ont pu y entrer depuis ce tems, & ils n'y entreront jamais tant que les Turcs feront maîtres de Jerufalem. Ils en ont fait une mosquée, & ils ont changé le couvent en un hôpital, pour les pauvres filles orphelines, qui font sans fecours; par ce moyen ils ont rendu ce lieu inaliénable. Ils ne veulent pas même permettre qu'on approche de la porte, ni qu'on arrête la vue sur les bâtiniens. Dans ce cas on est exposé à leurs infultes, ou bien ils vont chez les religieux faire de grandes plaintes & des menaces; & souvent on trouve qu'il vaut mieux les faire taire avec un peu d'argent, que d'avoir un procès avec eux. Cependant ils ne sont pas toujours de si mauvaise humeur. Quelquefois ils permettent aux chrétiens de regarder ce lieu à leur aise. Dans la place qui est au-devant du cénacle, on voit une citerne qui eft fort remarquable. On dit que ce fut là que les apôtres se séparerent douze ans après la mort de Notre-Sauveur. A l'occident & comme vis-à-vis de cette maison, dans l'éloignement de trente ou quarante pas, étoit la maison de S. Jean l'Evangéliste, où la sainte Vierge demeuroit après l'ascension du Sauveur. On n'en voit plus aucune marque, & on n'en connoît le lieu que par tradition. La sainte Vierge vécut dans cette même maison jusqu'à la soixantedouziéme année de son âge, près de vingt-trois ans après la mort de son fils. L'heure de sa mort étant arrivée, tous les apôtres qui vivoient alors y furent miraculcusement transportés des diverses parties du monde où ils travailloient. Sanut écrit qu'il y avoit près de-là une église, où S. Jean le fils adoptif de la sainte Vierge, & fon heureux chapelain, avoit coutume de lui célébrer la messe & de la communier. Il n'y a plus là ni église ni maison: on n'y voit que des sépulcres. Tout le champ, qui s'étend depuis cet endroit & au-dessus de la maison de Caïphe, a été accordé aux chrétiens pour leur sépulture. Ils y font enterrés pêle-mêle de quelque secte & de quelque nation qu'ils foient; ce qui ne se pratique point dans les autres endroits de la TerreSainte, où les Francs, les Grecs, les Arméniens, les Syriens & les autres nations, ont leur quartier à part. En descendant on rencontre au-dessous du cénacle, à la portée d'un ou deux traits d'arbalète le lieu où se fit ce miracle illuftre dont parlent S. Jean Damascène, Métaphrafte & Nicéphore. Un prêtre Juif, ayant appris qu'on portoit en terre la sainte Vierge, vint avec une indignation sacrilége frapper contre le cercueil pour le renverser. Mais, comme il y porta les mains, elles furent coupées par une vertu invifible, & elles demeurerent attachées à la sainte châsse. Sa peine lui fit connoître sa faute, & le mérite de la sainte Vierge. Comme il publioit l'un & l'autre & demandoit miféricorde, S. Pierre lui ordonna de joindre ses bras à ses mains, & elles s'y remirent au même moment. Un peu plus bas, vers la porte des Mégarebes, que quelques-uns veulent faire paffer contre la vérité, pour la porte Sterquilinaire, ou de la fiente, on voyoit, il y a quelques années, une espéce de grotte qu'on a murée, où l'on dit que saint Pierre alla pleurer son péché, & qu'autrefois il y avoit une église qu'on nommoit du chant du coq Galli cantus. Il n'y a pourtant pas apparence que du tems de S. Pierre, cette grotte fut comme elle est aujourd'hui. Elle étoit apparemment dans quelque maison de connoissance, où il s'alla cacher accablé de confusion & de douleur, ou bien c'étoit quelque lieu public où se déchargeoient les ordures; car tout le mont Sion étant alors bâti & peuplé, il n'y a què res d'apparence qu'on laissât une grotte au milieu des rues. 2. SION, ville de la tribu d'Issakar. Elle est nommée Séon, dans la vulgate: Eufébe & S. Jérôme disent, qu'on voyoit de leur tems un lieu nommé Séon, près le mont Thabor. * Jofué, 19. 3. SION. C'est un des noms du mont Hermon. C'est apparemment de cette montagne dont il est parlé dans le Pl. 132, 3. Sicut ros Hermon, qui descendit in montem Sion: l'hébreu porte Zion. L'union & la bonne intelligence des prêtres & des lévites est aussi agréable que la rosée qui tombe sur Hermon & fur Sion, deux montagnes contiguës, & qui ne font que la même chaîne des montagnes. Jesus, fils de Sirach, parle aussi du mont Hermon, sous le nom de Sion, Quafi cypressus in monte Sion, le grec, in monte Hermon.* Deut. 4, 48. Ecclef. 34, 17. 4. SION Ou SYON, en latin Sedunum, & en allemand Sitten, ville de Suisse, dans le Vallais, la capitale du département de Sion & de tout le pays même, & comme dans le centre de l'un & de l'autre. Cette ville est fort ancienne, fon nom latin lui vient des anciens Séduniens 1547, la rebâtit beaucoup plus belle qu'elle n'étoit auparavant. La ville qui est au pied de ces hauteurs, est unie, bien bâtie & affez propre. Les habitans, qui parlent allemand & romand, l'ont fort embellie depuis un siècle. On y voit plusieurs églises dont la plus remarquable est celle de Notre-Dame, qui est la cathédrale. Près de la grande porte, on remarque un marbre antique à demi rongé, avec ce fragment d'inscription romaine, à l'honneur de l'empereur Auguste: Dans le palais on voit l'inscription suivante, qui, à ce que DEVOTIONE VIGENS Pontius Asci 000 Tus Vp. Pi. * Etat & Délices de la Suisse, t. 4, p. 192. La ville de Sion n'a point eu d'évêque jusqu'à la fin du sixiéme siècle, qu'Héliodore s'établit à Sion, (Seduni) & il figna, l'an 185, au second concile de Mâcon, en qualité d'évêque de Sion, (episcopus Sedunenfis. ) Cet évêché a toujours, pour la jurisdiction ecclésiastique, reconnu la métropole de Tarentaise, depuis que l'évêque de cette ville a été reconnu métropolitain de la province des Alpes Graïennes & Pennines; car, auparavant, cette province dépendoit de l'archevêque de Vienne, habitans du pays, & fon nonı allemand d'une petite rivie- en quoi il a été quelquefois troublé par celui de Milan. Les re, qui la traverse & qui sert à la tenir nette. Elle est située évêques de Sion furent reconnus comtes de Vallais, & sur la rive droite du Rhône, & à quelque distance de ce avoient un droir ancien sur le gouvernement de ce pays, fleuve, dans une belle plaine, bordée d'un côté par deux dont la préfecture avoit été donnée à saint Théodule, évêmonts isolés, sur l'un desquels on voit un château fort, que de Sion, & à ses successeurs par Charlemagne. Ceux nommé Valeria, avec une église dédiée à sainte Catherine, du pays aimoient fort la liberté, que leur situation leur & plusieurs belles maisons, où demeurent les chanoines de donnoit le moyen de conserver; de forte que s'étant opl'église cathédrale de Sion. L'autre mont est aussi occupé posés aux entreprises de quelques-uns de leurs évêques, ils par un château fort, qu'on nomme Tourbillon, en allemand les réduisirent à l'état de simples gouverneurs ou magiftrats. Turbelen, qui appartient à l'évêque. On descend de ce Ils prennent encore le titre de princes de l'Empire, quoichâteau par des dégrés fermés de murailles ou de rochers qu'ils n'ayent aucune féance aux diétes, & qu'ils ne doi. de deux côtés, & on arrive à un autre château, situé sur vent aucune obéissance à l'empereur & aux états de l'Emune petite hauteur, nommé la Mayorie, où les évêques font pire, ni aux chambres impériales, jouissans de la franchise ordinairement leur résidence. Il appartenoit autrefois à des accordée au corps helvétique, & autorisée par le traité de gentilshommes, qui portoient le titre de mayors de Sion; Westphalie. & un évêque l'acheta de l'un d'eux dans le quatorziéme fiécle. Cette fortereffe ayant été confumée par le feu Adrien de Riedmatten, évêque de Sion, qui mourut en L'abbé de saint Maurice, qui prenoit la qualité de prince de l'Empire, fut obligé de se soumettre à l'évêque de Sion, & de le reconnoîtte au spirituel & au temporel, Tome V. Ccccij |