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dans une fituation plus commode & plus proche de l'eau,
& qui conferva le même nom. Cette ville fe peupla, s'a-
grandit, devint floriffante & riche. On la ferma de bon-
nes murailles, défendue d'un double foffé. Son port fut
muni d'un château, bâti de pierres de taille ; & comme
elle étoit la capitale du comté, elle lui donna le nom de
Southampton, vulgairement Hantshire. Il fe faifoit autre-
fois dans cette ville un commerce confidérable; mais il eft
diminué. Elle ne laiffe pas d'être encore grande & peuplée,
& on y compte cinq paroiffes. Son havre, qui eft affez
bon, eft revêtu d'un beau quai. Southampton le gouverne
par elle-même. Ce fut dans cette ville que le grand Canut
fit cette action fi vantée. Un flateur lui répétant fans ceffe
qu'il étoit tout-puiffant, ce prince pour réponse se fit appor-
ter un fiége au bord de l'eau, dans le tems que la mer
montoit; d'autres difent qu'il prit fon manteau, & en fit
un peloton, fur lequel s'étant mis, il dit à la mer: Puisque
je fuis tout puiffant, & que tu es fous mon empire, je te
défends de monter fur mes terres, & de mouiller ni mes pieds
ni mes habits. Mais comme l'eau ne laiffoit pas de monter,
il te leva brusquement, & dit: Que tous les hommes fachent
que tout le pouvoir des rois n'eft rien, & qu'aucun d'eux ne
mérite le nom de roi, finon celui qui eft le maître abfolu du
ciel, de la terre & de la mer. Depuis ce tems il ne voulut
plus porter la couronne fur la tête. La terre de Sou-
thampton fut érigée en duché, par le roi Charles II,
en faveur de l'aîné de fes fils naturels qu'il avoit eu de la
ducheffe de Cleveland. * Délices de la Grande Bretagne,

p. 779.

à la fois deux marées oppofées. L'Océan pouffé d'un côté de l'oueft à l'eft, & de l'autre de l'est à l'ouest le long des côtes méridionales de l'Angleterre : ces deux marées oppofées coulent l'une contre l'autre, & fe rencontrent vers l'embouchure du Humble, avec un bruit effroyable. Une autre petite riviere, qui coule auffi du nord au fud, à l'orient du Humble, arrofe un bourg nommé Winckham; & plus avant à l'est l'Océan, ayant détaché du continent fix ou fept morceaux de terre en fait autant d'ifles, dont les plus confidérables font celle de Portfey, de Halingt & de Thorney.

SOUTHERLAND. Voyez SUTHERLAND.

SOUTH-LOCH. Du côté du nord, la ville d'Edimbourg a pour rempart un petit lac ou étang profond nommé North-Loch, & autrefois la partie du fud étoit auffi bordée d'un étang tout femblable, nommé SouthLoch; mais il a été delfeché vers le milieu du feizième fiécle. Par-là on a donné un peu plus d'étendue à la ville, qui étoit refferrée en cet endroit. Les deux bords de l'étang ont été converts de deux rangs de belles maifons; & l'étang defféché a été converti en une rue, qu'on a nommée Cowgate. Délices de la Grande Bretagne, p. 1217.

*

SOUTH MINSTER, village d'Angleterre, dans la province d'Effex, dans le territoire de Dangy, vers l'Océan, entre les deux golfes de Blackwater & de Crouch. En 1581 il arriva dans les prairies de Dagny, voifines de çe village, un accident merveilleux. Une multitude effroyable de rats fit un ravage horrible dans ces prairies. Ils rongerent les herbes & les plantes jusqu'à la racine, & leur impriment le venin de leurs dents; de forte que tout le bétail qui en mangea après eux, en fut empoisonné. Quelques tems après on vit paroître des troupes de hiboux, couverts de plumes de différentes couleurs, qui croquerent tous ces rats fans en lailler un feul. On ne fait point d'où ces hiboux étoient venus, ni où il retournerent. La même chofe arriva encore dans la même province d'Effez en 1648.* Délices de la Grande Bretagne, p. 89.

SOUTH PATERTON, bourg d'Angleterre, dans la province de Sommerfet. Il a droit de marché public. * Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1.

SOUTHWALD, autrement SowOLDE, village d'Angleterre, dans la province de Suffolck. En avançant le long du rivage de l'Océan du nord au fud, on trouve la pointe d'Eafton, qui eft le cap le plus oriental de toute l'Angleterre. Un peu au-deffous de ce cap eft la ville de Southwald, fituée dans un fond bas, fur le rivage de l'Océan, à l'embouchure de la petite riviere de Blith, avec un port médiocre, dont les habitans tirent beaucoup de fit. Comme le terrein eft bas, lorsque la marée monte toute la ville est entourée d'eau, & on la prendroit pour une ifle.* Délices de la Grande Bretagne, p. 92.

pro

La BAYE DE SOUTHAMPTON ou de HAMPTON, a près de huit inilles de longueur, & trois milles de largeur. Elle eft fort droite, & presque fans courbure, s'étendant du nord-oueft au fud-eft. Ses côtes occidentales fe terminent par une pointe où l'on a bâti le château de Calshot, fur un rocher avancé, pour défendre l'entrée de la baye. A l'occident de cette baye le pays eft couvert d'une grande & vafte forêt de trente milles de tour, nommée New-Foreft, & anciennement Ithene. Avant le regne de Guillaume le Conquérant, ce quartier étoit habité; mais ce prince le changea en une forêt. Il détruifit pour cet effet trente-fix paroilles qui s'y trouvoient. Son fecond fils Guillaume le Roux, roi d'Angleterre, chaflant dans cette forêt, fut tué par un gentilhomme François, nommé Gauthier Tirell, qui le perça d'une fléche tirée par mégarde, & fon petitfils Richard, fils de Robert fon aîné, pourfuivant une bête avec ardeur, y fut auffi percé d'une fleche par un de fes gentilshommes. Ces deux accidens arriverent en 1100, je fais bien que Cambden & d'autres écrivains rapportent la chofe autrement; mais j'ai donné le fentiment des anciens hiftoriens. Il y en a même quelques-uns qui difent que cette que cette forêt fut faite par Guillaume le Roux, & non par fon pere. Du refte le pays que cette forêt occupe & tout ce qui eft aux environs d'un côté jusqu'à la mer, & de l'autre jus- SOUTHWARC, ou plus communément SOUDRIK, qu'au comté de Dorfet, étoit la demeure des anciens re- bourg d'Angleterre, dans la province de Surrey, uni à la gnes, avant l'invafion des Saxons. Delà vient qu'un bourg ville de Londres par un beau pont fur la Tamife, & inancien, fitué vers l'entrée de la forêt, porte le nom de corporé à la ville dont il fait une partie confidérable. De la Regne wood ou Ring-wood, autrefois Rencewed, & du tems ville de Londres il faut paffer le pont, ou bien fe faire condes Romains il avoit celui de Regnum. Il est bâti fur une duire en bâteau pour voir le bourg 'de Southwark. Ce petite riviere nommée Aven, qui lave la partie orientale de bourg eft fi grand, fi beau, fi bien bati, & fi peuplé, qu'il la forêt, & va se jetter dans la mer, où elle fait un petit pafferoit ailleurs pour une fort grande ville, puisqu'on n'y port à Chrift-Church. La côte, qui s'étend au midi de la fo- compte pas moins que cinq grandes paroiffes. On y va voir rêt, fut toute ouverte jusqu'au feiziéme fiécle; mais Henri le jardin des ours, où fe font les combats des ours & des VIII y fit conftruire le château de Hurft, fur une langue taureaux avec les dogues, Il s'y trouve une verrerie, où de terre avancée, à l'endroit où elle approché le plus de l'on fait d'aflez beau vertes, & une boutique de poterie, l'ifle de Whigt, & où le trajet eft le plus court & le plus où l'on fait de la porcelaine. Delà on palle dans la paaifé, n'ayant guères plus de deux milles. Ce château eft roifle de Lambeth, pour voir le palais des Archevêques placé au milieu de la longueur des côtes, à moitié .che- de Cantorbery. C'est un bâtiment antique, construit au min de Chrift-Church, au château de Calshot. Vis-à-vis bord de la Tamife, au-deffus de l'endroit où elle fait un de Hurst, au nord, eft Lymington, bon bourg, avec coude, & vis-à-vis du palais de Vestminster. Les archevêun port médiocre, que la marée y fait à la rencontre d'une ques de Cantorbery font ordinairement leur réfidence dans petite riviere. Une autre riviere qui eft à l'orient de Ly. cet endroit, quoique l'air ne paffe pas pour y être fort mington, mouille les ruines d'un vieux château, où le roi fain. Ils y ont une riche bibliotheque, qui eft ouverte aux Jean avoit établi un asyle inviolable, à l'Italienne, pour honnêtes gens à de certaines heures. Près de ce palais, on toutes fortes de meurtriers, il eft aboli depuis le change- peut aller voir une promenade fort longue & fort agréa ment arrivé dans la religion. A l'orient de l'Itching, une une ble, nommée Foxhall. Entre les églifes de Southwarek, autre riviere nommée Humble ou Hamble, anciennement la plus belle eft celle de fainte Marie Overy, ou Over-Ry, Homelea, fortant du voisinage d'un bourg appellé Bushwal- qui étoit anciennement de la dépendance d'un prieuré fontham, coule droit au fud, & fejette dans l'Océan, à l'entrée dé dans le treiziéme fiécle. Le prieuré fut ruiné par Henri de la baye, par une large embouchure, vis à-vis du châ- VIII, mais l'églife fut confervée, & en 1540 les bourteau de Calshot. C'est dans cet endroit que l'on fent tout geois l'acheterent du roi pour en faire une églife paroif

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SOUVENCE'-MONT-DOYEN, baronnie de France, baronnie de France, dans le Perche, près de Nogent. Elle a cinquante fiefs dans fa mouvance.

1. SOUVIGNE, bourg de France, dans l'Anjou, élection de la Fléche.

2. SOUVIGNE', bourg de France, dans le Maine, élection du Mans.

1. SOUVIGNY, en latin Silviniæus, ville de France, dans le Bourbonnois, élection de Moulins. On ne compte aujourd'hui dans cette ville qu'environ mille habitans, y compris les baillyes. Elle a une chatellenie qui reffortit à la fénéchauffée de Moulins. Elle eft fituée fur le ruiffeau de Quesne, qui fe jette dans l'Allier, à trois lieues de Bourbon l'Archambaud, & à deux de Moulins. C'étoit autrefois la capitale du Bourbonnois. L'histoire de Charlemagne obferve qu'il y fit fes premieres armes dans la guerre du roi Pepin fon pere, contre le duc de Guyenne : qu'il y palla depuis, & y fit quelque féjour, ainsi qu'à Chancellade, en allant à la guerre d'Espagne. En effet la ville de Souvigny étoit an ciennement la rélidence des Sires de Bourbon, auxquels on attribue la fondation d'un prieuré magnifique de l'ordre de faint Benoît. L'église en eft fort belle. Les fires de Bourbon y avoient leur fépulture; & celle de la branche, d'où eft venue la famille regnante aujourd'hui, eft aux cordeliers du village nommé Champagne, à une lieue de Souvigny. Le prieuré, dont il vient d'être parlé, eft un ancien monastère d'hommes, de l'ordre de Clony. Ce fut Aimard, ou Ademare, fire de Bourbon, qui par dévotion donna à Cluny la meilleure partie des biens qu'il poffédoit, & en particulier ce lieu de Souvigny, comme on le voit par l'acte authentique de donation, en date de la vinge troifiéme année du regne de Charles le Chauve; c'eft-à-dire, en 863. Cet acte fe trouve dans le chartrier de Cluny, au cinquième fiécle de l'histoire des bénédictins, par le pere Mabillon, p. 85. Il paroît premierement par ce titre, qu'avant que ce lieu fut donné à Cluny, il y avoit une églife fons l'invocation de faint Pierre: fecondement qu'il y avoit auparavant un monaftère, dont on trouve plufieurs abbés & fupérieurs. Aymon, feigneur de Bourbon, fils d'Aimard, après la mort de fon pere, voulut revendiquer Souvigny; mais il fe défifta & augmenta même la donation de fon pere. Le prieur de Souvigny eft feigneur d'une partie de la ville, & y excerce la juftice. Le revenu de ce monaftère va environ à neuf mille livres. Outre les tombeaux de plufieurs fires de Bourbon, on voit encore à Souvigny ceux des faints Mayol & Odilon, abbés de Cluny.

La baillye d'Enbourg, & la baillye d'Averaud, forment une partie du diftrict de cette ville. Le pays confifte en plaines & en quelques hauteurs, en terres fortes à froment, féyes, orge, & avoine d'un bon rapport. Les foins font abondans, les pacages peu étendus, mais bons. On y nourrit du bétail, qui rapporte un profit confidérable. Il y a auffi plufieurs vignes d'un bon produit ; mais il vient peu de menus fruits, & il n'y ani bois, ni étangs. Il y a dans la dépendance des baillyes ci-devant nommées, une carriere d'un affez grand revenu. On y a pris pour le pont de la ville de Moulins, plufieurs quartiers de pierre. Elle elt fort bonne, affez dure, & d'une taille allez facile.

2. SOUVIGNY, bourg de France, dans la Touraine, élection d'Amboife.

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4. SOUVIGNY, bourg de France, dans l'Orléanois, élection d'Orléans.

SOXATÆ, peuples de la Carmanie. Prolomée, 1. 6, c. 8, les nomme autrement Camelobesci, & dit qu'ils habitoient au voisinage des Déferts. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Sozata pour Soxata.

SOXTRA. Voyez SosXETRA.

SOYONS, ancienne abbaye de filles en France, de l'ordre de faint Benoît, dans le Vivarais, fur le bord du Rhône, au diocèle de Valence. Cette abbaye ayant été ruinée, les religieufes furent obligées de fe retirer à Valence, où Jean de Montluc qui en étoit évêque les reçut dans fon palais épiscopal, leur permit de faire l'office dans fa cathédra

le. Ce prélat fut foupçonné d'avoir abufé de l'abbelle qui dans la fuite abandonna fa religion & mourut calvinifte.

SOZ, bourgade d'Espagne, au royaume d'Aragon, vers les contins de la Navarre, fur la riviere d'Onzella, à deux lieues de la ville de Sanguefa. Ce fut dans ce lieu que naquit Ferdinand V, toi d'Aragon, en 1452..

SOZA, ou Sosa, ville d'Afie, dans la Dandarique. Voyez DANDARIENS.

SOZOA, ville de la Médie : Ptolomée, 1. 6, c. 2, la marque dans les terres. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Sazon latine lit Sazon pour Sozoa.

SOZOPETRA, ville de Syrie, felon Cédréne & Zonare, 1.3 cités par Ortelius. Cette ville fut détruite par Theophile empereur d'Orient.

1. SOZOPOLIS, petite ville que Grégoras met au voifinage de Conftantinople. Il eft aufli parlé de cette ville dans le fixième concile de Conftantinople. * Ortel. The faur.

2. SOZOPOLIS, ville de l'Afie mineure, dans la Pifidie, felon Evagre & Callifte. Le premier & le fixieme con orle de Conftantinople font auffi mention de cette ville. C'eft la même que Cédrène & Nicétas, in Alexio Comneno, tacttent dans la Pamphylie.

SOZOTE. Voyez SoxATA.

SOZUSÆ: Etienne le géographe connoît trois villes de ce nom, l'une dans la Phénicie, l'autre dans la Pilidie, & la troifiéme dans l'Ethiopie. S. Epiphane en met encore une dans la Pentapole, & il en fait un fiége épiscopal, dont il nomme l'évêque Héliodore. C'est peut-être d'une de ces villes dont il eft parlé dans le cinquième concile de Conftantinople, fous le nom de Sozytana civitas.

SOZYTANA-CIVITAS. Voyez Sozusa.

SPA, bourg d'Allemagne, au pays de Liége, vers les confins du duché de Limbourg, à cinq milles ou environ de la ville de Liége. Ce bourg eft renommé pour fes eaux mtnérales, qui y attirent du monde de toutes parts. Il y a deux fontaines, l'une appellée la Saviniere, & l'autre Pouhon. Ces eaux étoient connues des anciens ; & il n'y a point à douter que Pline ne les ait voulu décrire, en difant dans fon hiftoire naturelle, l. 31, c. 2, Tungri civitas Gallie, fontem habet infignem, plurimis bullis ftellantem, ferruginei faporis, quod ipfum non nifi in fine potus intelligitur. Purgat hic corpora, tertianas febres discutit, calculorumque vita. Eadem aqua, igne admoto, turbida fit ac poftremum rubescit.

SPACHIA, ville de l'ifle de Candie, felon Dapper, qui appelle ainfi la ville que le pere Coronelli nomme Sfachia. Ces deux géographes ne différent pas moins pour la description de la ville que pour le nom. Dapper, Descr. de l'Archipel, p. 416, dit que Spachia eft une ville fituée fur une très haute montagne appellée auffi Spachia ou Madére. Elle n'eft point, ajoute-t-il, environnée de murailles, quoique par le nombre de fes maifons disperfées de côté & d'autre, elle pût former un grand bourg. Dans le tems que les Vémtiens en étoient les maîtres, on y voyoit un petit château bâti tout auprès, pour fervir de retraite aux pirates, & cechateau avoir un gouverneur. On prétend que les habitans de Spachia furpaffent tous les habitans de l'ifle dans l'art militaire, & font plus experts à tirer de l'arc. Voyez SFAC

CHIA.

SPACORUM VICUS, lieu d'Espagne : l'itinéraire d'Antonin le marque fur la route de Bracara à Afturica, en prenant le long de la côte. Ce heu étoit entre Aqua Celina, & ad duos Pontes, à cent quatre-vingt-quinze stades du premier de ces gîtes, & à cent cinquante du fecond. Simler lit Spa7corum pour Spacorum.

1. SPADA, orum, village de la Perfe. Etienne le géographe dir , que ce fut dans ce lieu que l'on fit les premiers cunuques, qui delà furent appellés zaad; ou Endoves.

2. SPADA, cap de l'ifle de Candie, dans le territoire de la Canée, fur la côte feptentrionale, à huit lieues au conchant de la Canée. On l'appelle auffi Spata, & en latin Pfacum promontorium. Coronelli, Carre de l'ifle de Candie.

*

SPAINSHART, abbaye d'homnies, ordre de promon. tré, dans la baffe Baviere au haat Palatinat, dans le diocèse de Ratisbonne.

SPALATHRA. Voyez SPALETHRA.

"

SPALATO OU SPALATRO, ville de l'Etat de Venife, dans la Dalmatie, & la capitale d'un comté de même nom, fituée entre les comtés de Trau & de Cliffa, & la Primoria inferiore. Cette ville n'est qu'à douze milles de Trau, & en viron à quatre cents milles de Venise. Elle n'eft pas plus grande que Sebenico; mais elle eft beaucoup plus peuplée, parce que c'elt une échelle pour les caravanes de Turquie, qui déchargent là leurs marchandifes pour Venife. Le port eft grand, & a un bon fond, de bonne tenue, quoiqu'un peu à découvert au fud, & au fad oueft. Au fond du port, près des murailles de la ville, il y a un beau & grand Lazaret. C'eft le nom que les Italiens donnent aux lieux où l'on fait la quarantaine. L'abord de Spalatro par mer eft fort agréable. Cette ville eft fituée au fond d'un grand port fait en demi-lane. Elle eft carrée, & n'a pas plus d'un mille de tour. Dans les monumens anciens de trois à quatre cents ans, elle eft appellée Spaletum, Spalatum & Aspalatum, & de cette maniere Spalato feinbleroit plus conforme à l'origine que Spalatro, quoique ce dernier foit plus en ufage. Ce nom lui peut être venu du mot Palatium, parce que ce n'étoit anciennement qu'un palais de l'empereur Dioclétien, natif de Salone, qui n'est éloignée de Spalatro que d'une liente. Constantin Porphyrogéněte remarque que ce palais étoit tout bâti de grandes pierres de taille. Ceux qui ont pris Spalatro, pour l'ancienne Eperium, fe font écartés de fix ou fept milles; cat on voit les ruines de cette derniere plus audelà, vers l'embouchure de la petite riviere de Zarnovifia. Spalatro eft fortifiée de bons baftions de pierres de taille, dont il y en a trois entiers du côté de la terre, & deux demi vers la mer. Elle n'eft pas forte, parce que le terrein d'alentour eft plus élevé, & que la colline au couchant, où eft le fauxbourg, commande toute la ville. A une portée de mousquet hors de la porte du levant, il y a une fortereffe fur une éminence, qui commande auffi la ville, avec quatre baftions, qui ne font ni achevés ni réguliers. Les Véni riens y tiennent peu de foldats : ils fe fient fur leur fortereffe de Cliffa, fous laquelle il faut paller pour venir de Turquie à Spalatro. Il y a un autre petite fort de terre à la pointe du croiffant qui forme le port; quand ils ont la paix avec le Turc, ils n'ont à Spalatro qu'une compagie d'infanterie, & la moitié d'une compagnie de cavalerie, dont l'autre moi fe tient à Cliffa. Le dôme de Spalatro étoit autrefois un petit temple au milieu du palais de Dioclétien. Il eft octogone, au-dehors, & rond au-dedans, tout bâti de pierres de taille, excepté la voute qui eft de brique, & au-deffous de laquelle eft une galerie foutenue de huit colonnes corinthiennes de porphyre & de granite. Entre le cul-de-lampe & cette galerie, il y a une frise chargée de différens animaux de feftons, de mascarons, & de quelques têtes, que les gens du pays prennent pour des têtes de Dioclétien. Au-dehors du temple, regne à moitié de fa hauteur, un corridor couvert de pierres de taille, travaillées en compartimens, & foutena de huit colonnes corinthiennes de marbre, avec une frise bien travaillée. On y montoit par un autre temple carré-long, qui donnoit auffi l'entrée à un autre, & en avoit un troifiéme à main droite, qu'on appelle maintenant faint Jean Baptifte. Le plan & la dispofition de l'ouvrage étoient de quelque bon maître; mais dans le détail les corniches, les feuillages & les chapiteaux n'étoient pas de fi bonne main. Depuis que ce temple a été changé en église, on l'a percé pour y faire un chœur,& on y a fait quelques jours; car auparavant, il n'en recevoit que par la porte. Les païens faifoient presque tous leurs temples obscurs. On a auffi ajouté au-devant de la porte fur l'escalier un trèsbeau clocher, percé de quantité de fenêtrages, dont les matériaux de marbre ou de belle pierre, ont été tirés des ruines de Salone, & parmi lesquelles on trouve quelques inscriptions qui parlent de cette derniere ville. Appien & Gruter en citent une dans ce temple carré, proche d'une idole de Cybèle. J'y vis l'inscription, pourfuit Spon; mais cette prétendue idole n'eft autre chofe qu'un fphinx de marbre granite d'Egypte. Les colonnes qui font autour font de la même pierre.* Spon, Voyage de Dalmatie,

tom. I.

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Les murailles du palais de Dioclétien, qui embraflent les deux tiers de la ville, font presque toutes entieres, & font un carré jufte, avec une porte au milieu de chaque face. Il en refte trois d'une architecture auffi belle que folide. Les pierres fous l'arc font entées en mortaise les unes fur les autres. Aux côtés de chaque porte, il y avoit deux

petites tours hexagones, qui gardoient l'entrée, & y ajou toient quelque embelliffement. Tout ce quartier de la ville enfermé dans cette enceinte, est vouté en plufieurs endroits, & a quantité de mafures antiques. Du côté de la marine, il y avoit un corridor entre le palais & un mur élevé à même hauteur, mais percé de fenêtres, qui luí laifoient la vûe de la mer. Ces fenêtres ont des entrecolonnes, & une frife au-deffus, d'ordre dorique, affez bien proportionnée. On y voit une douzaine d'inscriptions, qui peuvent avoir été apportées de Salone; & dans l'églife de S. François, il y a un bas-relief avec vingt-cinq figures ou environ, qui paroît être la victoire de Conftan tin fur Maxence. Vers la pointe occidentale du port, il y a une églife de S. George, qui est apparemment l'endroit appellé ad Dianam, dans la table de Peutinger, à cause de quelque temple de Diane qui y étoit. Près de la porte il y a deux ou trois petits ruiffeaux d'eau falée & foufrée qui coulent dans la mer, & dont on ne tire aucun avan` tage.

Les perdrix ne valent à Spalatro que cinq fols, & un liévre n'y coute guères davantage. On a la viande de boucherie pour un fol la livre, & les tortues groffes comme les deux points pour quatre à cinq. On vante fur-tout les petites truites de Salone. Dioclétien avoit fait faire un conduit qui les amenoit dans fon palais.

Ce prince fit bâtir ce palais en 304, dans le mois d'avril, felon Coronelli Solario, p. 151, lorsqu'il fe retira à Salone, après avoir renoncé à l'empire. Spalatro, à la fin de 1124, paffa fous la domination des Vénitiens; mais en 1170, 1313 & 1357, elle changea de gouvernement & de maître. Enfin elle recouvra fa premiere félicité, en retournant fous le pouvoir de la république. Camille Gonzague, général de l'infanterie des Vénitiens, réduifit fon circuit à huit cents pas ; il jetta les fondemens de nouvelles fortifications; il agrandit fes murailles, & y ajouta cinq baltions. Mais voyant que cette ville n'étoit pas affez grande pour contenir tous les payfans de fon territoire, au cas que l'ennemi entrât dans le pays, il fortifia de nouveau en 1657, le fort qui eft bâti dans un lieu fort élevé ; ce fut cé même général, qui fur faire autour de cette fortereffe un bon foffe, & qui lui donna le nom de Borticelle. Cette ville a le titre d'archevêché, qui y fut transféré vers 650, de la métropole de Salone, ruinée alors par les Esclavons. L'archevêque, qui fe dit primat de Dalmatie, eft, à ce qu'on prétend, fujet lui-même à la primatie de Venife; il a douze fuffragans, dont la plupart ont été mis en pauvre état par le voisinage du Turc. Ces fuffragans sont :

Almiffa, Dalminium, uni à Spalatro.
Trau, Tragurium,
Sebenico, Sibenicum,

Scardona, Scardona,

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SPALMADORI, petite ifle de l'Archipel, à l'entrée du canal de Scio, du côté du nord, près de l'ifle de ce

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!

nom, vis-à-vis de Portho-Delphino. Ce fut aux environs de cette ifle que les Turcs défirent l'armée navale des Véni

tiens en 1695

SPALMAX. Voyez TAMARITIUM. SPANDAW ou SPANDOW, ville d'Allemagne, dans la moyenne Marche de Brandebourg, fur le Havel, vis à-vis de l'embouchure de la Sprée, à trois lieues au-dellous & au nord occidental de Berlin. Avant que d'entrer dans Spandaw, on paffe fur la grande chauffée d'un étang, au milieu duquel paroît la grande citadelle de cette ville, flanquée de plufieurs baltions, où s'éleve un donjon_trèsancien, défendu par plufieurs piéces de canon, ainfi que toute les fortifications de cette citadelle, que l'on dit imprenable, à caufe de ce grand étang, qui, en l'environnant, empêche que l'on n'y puiffe aborder facilement. Elle renferme un arcenal qu'on eftime l'un des principaux d'Allemagne pour la quantité de belles armes dont il eft fourni. Cette place fert comme de clef à l'électeur de Brandebourg; auffi a-t-il foin d'y entretenir une groffe garnison, de même que dans la ville que quelques-uns nomment Spadaon, & qui n'eft éloignée de cette citadelle que d'une mousquetade. Cette ville eft fortifiée de remparts de terre & de murailles de briques. Il y paffe une riviere qui porte bateaux, jusqu'à dix lieues par de-là, en un lieu où il y a de fort belles mines, d'où l'on tire le fer à peu de frais, à caufe de la quantité de bois qui fe trouve dans le pays, & des moulins qu'on a établis pour faire mouvoir les forges. Jaillot, Atlas. Corn. Di&. Jovin de Rochefort, Voyage de Suède.

*

Il y a dans cette ville une colonie de réfugiés François. SPANDEUS, fontaine de l'ifle de Coa; c'eft Vibius Sequefter qui en parle.

SPANETA. Voyez HISPANETA.

SPANGENBERG, ville d'Allemagne, dans le bas landgraviat de Helle, au quartier appellé Ampt-Spangenberg, dont elle eft le chef-lieu. Cette ville fituée environ à quatre lieues au midi oriental de Caffel, fur une petite riviere qui fe jette dans la Fulde, eft accompagnée d'un château.* Gerard Valk, Carte de la Heffe.

SPANHEIM, ou SPONHEIM, comté d'Allemagne, dans le bas Palatinat. Ses bornes font l'électorat du Palatinat à l'orient; les terres de l'électorat de Mayence au feptentrion; celles de Treves à l'occident, & les duchés de Lorraine & de Deux Ponts au midi. Il avoit une étendue fort confidérable, & étoit divifé en anterieur & ultérieur, après le partage qu'en firent les deux branches de la maifon de Spanheim. L'électeur palatin poffede trois cinquièmes parties du comté antérieur, avec la ville de Creutznac: le marquis de Bade a les deux autres parties, avec la moitié du château de Kaufenberg qui domine cette ville. Elizabeth, fils unique de Simon, comte de Spanheim, époufa Robert le Petit, fils de l'empereur Robert, & en reconnoiffance de l'amitié que cet empereur conferva pour elle après la mort de fon mari, dont elle n'eut point d'enfans, elle lui donna en 1405 la cinquième partie du comté antérieur de Spanheim, du confentement de fon pere, après la mort duquel les autres parties pafferent à Jean fon coufin, comte de Spanheim, qui poflédoit le comté ultérieur. Jean fe voyant fans enfans, inftitua pour fes héritiers, Bernard, marquis de Bade, & Frédéric, comte de Weldentz fes coufins, laillant à chacun deux quints du comté antérieur, & la moitié de l'ultérieur, qu'ils gouvernerent en commun. Frédéric, comte de Weldentz, n'eut qu'une fille nommée Anne, qui porta cette fucceffion, à Etienne comte Palatin, cinquième fils de l'empereur Robert, qui avoit eu en partage la feigneurie de Simmeren. Il en eut deux fils Frédéric & Louis. Le premier eut le pays de Simmeren, & les deux cinquièmes du comté antérieur de Spanheim, & Louis eut les comtés des Deux-Ponts & de Weldentz, avec la moitié du comté ultérieur de Spanheim. Ce comté ultérieur eft divifé en cinq bailliages. Le prince palatin de Birckenfeld jouit feul de celui de Birckenfeld, & le marquis de Bade de celui de Caftellaum; mais ils poffedent en commun ceux de Traerbach, d'Allenbach, & de Winterberg. SPANIA, ville d'Egypte : Palladius, in vita Aphtonii, y met un monastère.

SPANIENSIS CIVITAS; faint Augustin, Epift. 169, parle d'un foudiacre de cette ville, nommé Primus. SPANIJA. Voyez. ESPAGNE.

SPANYDRION, lieu de la Phénicie ; Siméon le Méta

phrafte, in vita Epiph. dit que c'eft dans ce lieu que faint Epiphane s'étoit caché.

SPARENBERG, château d'Allemagne, dans la Westphalie, au comté de Ravenfberg, au voifinage de la ville de Bilefeld fur une montague. Il est très fort. SPARSA. Voyez Nova.

SPARTA. Voyez LACÉDÉMONE, THERAMNE & SPARTE.

SPARTACUS. Etienne le géographe met une ville de ce nom dans la Thrace, & cite Eratofthéne.

SPARTANI, peuple Afiatique, felon Juftin, I. 41; mais, dit Ortélius, peut-être faut-il lire Ariani, car on ne connoît point de Spartani en Alie.

SPARTARIA. Voyez CARTHAGE, No 4.

SPARTARIUS CAMPUS, campagne dont parle Strabon, l. 3, p. 160. Il la met en Espagne, & dit que le chemin de Sagunte & de Setabis à Cordoue, s'éloignoit un peu de la mer, & paffoit par cette campagne : Strabon entend parler de la campagne qui étoit aux environs de Car. thage la neuve, & où l'on trouvoit cette espèce de jonc, appellé Spartum, Esparte, qui avoit donné à la ville le nom de Spartaria, & à la campagne celui de Spartarius Campus. C'étoit une espéce de jonc blanc & fec, qui croiffoit fans eau. Il étoit d'un ufage presque univerfel. Il fe filoit, & on en faifoit des cordes pour les chariots, des cables pour les vailfeaux, des nates pour fervir de lits, des naffes pour la pêche, des fouliers & des habits pour les pauvres gens, & enfin il fervoit à brûler. On le transportoit de toutes parts, & fur tout en Italie. Cette espéce de jonc fe trouve encore à préfent dans la même campa gne, & dans la même quantité aux environs de Carthagene.

1. SPARTE, ville de Péloponnéfe, dans la Laconie, fur le fleuve Eurotas. J'ai déja parlé de cette ville à l'arucle Lacédémone, nom fous lequel elle a été peut-être autant connue que fous celui de Sparte. Il n'eft question ici que de donner la description de cette célébre ville, & je l'emprunte de Paufanias, l. 3, c. 11 & suiv. de la traduction de l'abbé Gedoyn, celui des anciens qui la donne avec plus d'exactitude.

En descendant de Thornax, on recontre Sparte, qui étoit appellée ainfi de la fondation, mais qui dans la fuite prit le nom de Lacédémone, parce que c'étoit celui du pays. Il y avoit dans cette ville beaucoup de chofes dignes de curiofité. En premier lieu la place publique, où fe tenoit le fénat des vieillards, qui étoient au nombre de vingt huit; le fénat de ceux qui font les confervateurs des loix; le fénat des éphores & le fénat de ces magiftrats, qu'ils appelloient Bidicens. Le fénat des vieillards étoit le fouverain tribunal des Lacédémoniens; il régloit toutes les affaires de l'état. Les autres fénateurs étoient, à proprement parler, des archontes; les éphores étoient au nombre de cinq, & les bidiéens de même. Ceux-ci étoient commis pour veiller fur les jeunes gens, & préfider à leurs exercices, foit dans le lieu qu'ils nommoient le Platanifte, foit ailleurs. Ceux-là étoient chargés de foins moins importans, & chaque année ils en nommoient un d'entr'eux qui préfidoit aux autres, & dont le nom fervoit à marquer l'année, de la même maniere qu'à Athénes les neuf élifoient un d'entre enx qui avoit le nom d'Archonte par excellence. Le plus bel édifice qu'il y eût dans la place étoit le portique des Perfes, ainfi nommé, parce qu'il avoit été bâti des dépouilles remportées fur les Perfes. Dans la fuite on l'avoit beaucoup agrandi & orné. Tous les chefs de l'armée des Barbares, & entr'autres Mardonius, fils de Gobryas, avoient là leurs ftatues de marbre blanc, fur autant de colonnes. On y voyoit auffi celle d'Artemife, fille de Lygdamis & reine d'Halicarnaffe, laquelle, dit-on, joignit fes forces à celles de Xerxès contre les Grecs, & marqua beaucoup de valeur dans le combat navale près de Salamine. Après le pottique des Perfes, ce qu'il y avoit de plus beau à voir dans cette place, étoient deux temples, dont l'un confacré à Jules Célar, l'autre à Augufte. On remarquoit fur l'autel de ce dernier une figure d'Agias, gravée fur du cuivre; c'est cet Agias qui prédic à Lylander qu'il fe rendroit maître de toute la flotte d'Athénes à Égespotame, à la réferve de dix galeres, qui en effet fe fauverent en Chypre. Dans la place de Sparte, on voyoit encore trois ftatues, une d'Apollon Pythæus, l'autre de Diane, & la troifiéme de Latone. L'endroit où étoient ces ftatues, étoit une enceinte appellée Choeur,

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parce que dans ces jeux publics auxquels les jeunes gens
s'exerçoient, & qui fe célébroient avec beaucoup de fo-
lemnité, toute la jeuneffe alloit là, & y formoit des chœurs
de mufique en l'honneur d'Apollon; près delà étoient plu-
fieurs temples, l'un confacré à la Terre, l'autre à Jupiter
Agorcus, un autre à Minerve Agorea, & un quatrième à
Neptune, furnommé Asphalius. Apollon & Junon avoient
aufli chacun le leur. On voyoit aufli une grande statue qui
repréfentoit le peuple de Sparte, & un peu plus bas le
temple des Parques; près ce temple étoit le tombeau
d'Orefte: auprès de fa fépulture on remarquoit le portrait
du roi Polydore, fils d'Alcaméne. Au même lieu, il y
avoit un Mercure furnommé Agoreus, lequel portoit un
petit Bacchus. Il y avoit auffi dans le même endroit des
rangées d'anciennes ftatues, qui repréfentoient les éphores
de ces tems. Parmi ces ftatues on voyoit le tombeau d'Epi-
ménide, & celui d'Aphareus, fils de Périeres. Du côté où
étoient les parques, on voyoit les falles, où les Lacédé-
moniens prenoient ces repas publics, qu'ils appelloient
Phiditia ; là étoit Jupiter Hospitalier & Minerve Hospita-
liere. En fortant de la place, & paffant par la rue des Bar
rieres, on trouvoit une maifon qu'ils appelloient le Boo-
néte. Au-deffus du fénat des Bidiéens, il y avoit un temple
de Minerve, où l'on dit qu'Ulyffe confacra une statue à la
déeffe, fous le nom de Minerve Celeuthea, comme un
monument de la victoire qu'il avoit remportée fur les
amans de Pénélope, & fit bâtir fous le même nom trois
temples en trois différens endroits. Au bout de la rue des
Barrieres, on trouvoit une fépulture dé héros, entr'autres
celle d'Iops, qu'on croit avoir vécu environ le tems de
Lelex & de Mylés, celle d'Amphiaraus, fils d'Oïclés. Près
delà étoit le temple de Neptune, furnommé Tenarius, &
allez près on voyoit une ftatue de Minerve. Du même côté
on trouvoit la place Hellénie, ainfi appellée, parce que
dans le tems que Xerxès pafla en Europe, toutes les villes
grecques, qui prirent les armes contre lui, envoyerent leurs
députés à Sparte, & ces députés s'aboucherent là. D'autres
difoient que cette dénomination venoit de ce que tous les
princes de la Gréce, ayant pour l'amour de Ménelas, en-
trepris le fiége de Troye, s'affemblerent en ce lieu. Près de
cette place on montroit le tombeau de Talthybius; mais
ceux d'Egion en Achaie, avoient auffi dans le marché de
leur ville un tombeau, qu'ils affuroient être celui de Tal-
thybius. Dans le même quartier on voyoit un autel, dédié
à Apollon Acritas, ainfi appellé parce que cet autel étoit
bâti fur une hauteur. On trouvoit dans le même endroit un
temple de la Terre, qu'ils nommoient Gafepton, & un peu
au deffous en autre temple d'Apollon, furnommé Maléa
tès; paffé la rue des Barrieres, contre les murs de la ville,
on trouvoit une chapelle dédiée à Dictynna, & enfuite les
tombeaux de ces rois, qui ont été appellés Eurypontides.
Auprès de la place Hellénienne, étoit le temple d'Arfinoé,
fille de Leucippe, & belle-fœur de Caftor & de Pollux.
Du côté des remparts, on voyoit un temple de Diane, &
uu peu plus loin la fépulture de ces devins, qui vinrent
d'Elis, & qu'on appelloit Jamides. Maron & Alphée y
avoient auffi leurs temples. C'étoit deux grands capitaines,
qui, après Léonidas, fignalerent le plus leur courage au
combat des Thermopyles. A quelques pas de là, on voyoit
le temple de Jupiter Tropeus. Mais de tous les temples, qui
étoient à Sparte, le plus réyeré étoit celui de la mere des
dieux. On voyoit auprès le monument héroïque d'Hyppo-
lyte, fils de Thefée, & celui d'Aulon Arcadien, fils de
Tlefiméne, frere de Parthénopée, fils de Mélanion, &
d'autres le faifoient fon propre fils. La grande place de
Sparte avoit encore une autre iffue,du côté de laquelle on
trouvoit un édifice, où les habitans venoient prendre le
frais. On difoit que ce bâtiment étoit un ouvrage de Théo-
dore de Samos, qui le premier trouva l'art de fondre le
fer, & d'en faire des ftatues. C'est à la voute de cet édifi-
ce, que les Lacédémoniens avoient fuspendu la lyre de
Timothée de Milet, après l'avoir puni de ce qu'aux fept
cordes de l'ancienne lyre, il en avoit ajouté quatre autres.
Près de là étoit une rotonde, où il y avoit deux ftatues,
l'une de Jupiter Olympien, l'autre de Venus Olympienne.
On trouvoit près de là le tombeau de Cynortas, fils d'A-
myclas, & un peu plus loin celui de Caftor, avec fon
temple qui étoit tout auprès. On montroit aufli le tombeau
de ces deux fils d'Aphareus, auprès de l'édifice dont on a
parlé, & qu'on nommoit Sxias. Auprès de la chapelle de

Venus Olympienne, on voyoit un temple de Proferpine Confervatrice, bâti par Orphée de Thrace, & felon d'autres, par cet Abaris, qui étoit venu des pays Hyperboréens. Quant à Carnéus, furnommé le Domestique, il étoit honoré à Sparte, avant même le retour des Héraclides dans le Peloponnéfe. A l'égard du culte d'Apollon Carnéus, qui avoit été embraffé de tous les Doriens, il tiroit fon origine d'un certain Carnus, qui étoit d'Acarnanie, & qui avoit reçu d'Apollon même l'art de deviner; mais le Carnéus, que les Lacédémoniens avoient furnommé le Domestique, étoit différent, puisqu'il avoit déja fon culte à Sparte, dans la maifon du devin Crius, lorsque les Achéens étoient encore maîtres de la ville. Cependant d'autres difoient que ks Grecs, pour conftruire ce cheval de bois, qui fut íî fatal aux Troyens, couperent une grande quantité de cornouillers fur le mont Ida, dans un bois confacré à Apollon, & que par là ayant attiré fur eux la colere du dieu, ils inftituerent un culte en fon honneur, & du nom de l'arbre don nerent à Apollon le furnom de Carnéus, en transpofant une lettre à la maniere des anciens. Auprès de ce temple d'Apollon, on voyoit la ftatue d'Aphéteus; du même côté, mais un peu au deflus, on trouvoit des portiques de figure carrée, où l'on vendoit anciennement toute forte de mercerie. A quelques pas de là étoient trois autels dédiés à Jupiter Ambulius, à Minerve Ambulia, & aux Dioscures qui avoient le furnom d'Ambulii. Vis-à-vis étoit une éminence appellée Colona, où il y avoit un temple de Bacchus Colonate; ce temple tenoit presqu'à un bois qu'ils avoient confacré à ce héros, qui eut l'honneur de conduire Bacchus à Sparte. Les temples de Bacchus & de Jupiter Evanemus, étoient proche l'un de l'autre. De ce dernier on voyoit le monument héroïque de Pleuron, dont les erfans de Tyndare descendoient par leur mere. Près de là étoit une colline, où Junon Argiva avoit un temple qui avoit été confacré, dit-on, par Eurydice, fille de Lacédémon, & femme d'Acrifius, fils d'Abas; car le temple de Junon Hyperchiria, avoit été bâti par le confeil de l'Oracle, dans le tems que le fleuve Eurotas inondoit toute la campagne. On voyoit dans ce temple une ftatue de bois d'un gout fort ancien, qui repréfentoit Venus Junon. Tou tes les femmes, qui avoient des filles à marier, faifoient des facrifices à cette déeffe. Sur le chemin qui menoit à la colline, on trouvoit à droite une ftatue d'un certain Héfymoclès, fils d'Hippofténe. Au fortir de la place, en allant au couchant, on voyoit le cénotaphe de Brafidas, fils de Telleis, & enfuite le théâtre ; il étoit bâti de marbre blanc. Vis-à-vis du théâtre étoit le tombeau du roi Paufanias, qui commandoit les Lacédémoniens au combat de Platée. La fépulture de Léonidas étoit auprès. Tous les ans on faifoit les oraifons funébres de ces grands capitaines fur leurs tombeaux : ces oraifons étoient fuivies de jeux funéraires, où il n'y avoit que les Lacédémoniens qui fus fent reçûs à disputer le prix. Léonidas étoit véritablement inhumé dans ce lieu; car fes os avoient été rapportés des Thermopyles par Paufanias, quarante ans après la mort. On voyoit auffi là une colonne, fur laquelle étoient vés les noms de ces braves, qui foutinrent l'effort des Perfes aux Thermopyles, & ceux de leurs peres. Il y avoit un quartier dans la ville qu'on nommoit le Théomélide, où étoient les tombeaux des rois, dits Agides. Le Lesché étoit tout contre. C'étoit le lieu où les Crotanes s'allembloient; & les Crotanes étoient la cohorte des Pitanates, On trouvoit enfuite le temple d'Esculape, qu'ils nomment l'Enapadon, & un peu plus loin le tombeau de Tenatus, d'où un promontoire fort connu avoit pris fa dénomination. Dans le même quartier on voyoit le temple de Neptune Hippocurius, & celui de Diane Eginea. En retournant vers le Lesché, on trouvoit fur fon chemin le temple de Diane Ifforia, autrement dite Limnéa. Près de ces tombeaux des Agides, on voyoit une colonne, fur laquelle on avoit gravé les victoires qu'un Lacédémonien, nommé Anchionis, avoit remportées, au nombre de fept, tant à Olympe qu'ailleurs. Ou voyoit auffi le temple de Thetis dans ce quartier. Pour le culte de Cérès Cthonia, qui étoit établi à Sparte, les habitans croyoient l'avoir reçu d'Orphée ; mais il y a plus d'apparence qu'ils l'avoient pris des habitans d'Hermione, chez qui cette déefle étoit honorée sous le même nom. On voyoit auffi à Sparte un temple de Serapis & un de Jupiter Olympien. Il y avoit un lieu qu'ils appelloient Dromos, où ils exerçoient leurs jeunes gens

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