Longitudes. Latitudes. Noms. Lokiang, Venchuen, p. Tunghiang, 13 42 31 40 p. Taiping, 7. Métropole. 13 19 29 10 53 32 34 P. 1. Grande Cité. 31 13 p. P. Xehung, II 16 II 24 32 42 P. Jenting, 32 30 P. Chungkiang, 12 35 31 SS P. Suining, 30 51 p. 3. Métropole. Fungki, Sango, Lochi, 2. Grande cité. 9 10 Forteresses. 7 56 14 50 21 p. SUCHZOW, ville de la Turquie, en Europe, & la capitale de la principauté de Valachie, avec un château, sur la riviere de Strech, aux confins de la Tranfilvanie. Cette ville, située à cinquante milles au couchant de Jaff, est posfédée par les Turcs, qui y tiennent garnison. * Band. Dict. SUCIDAVA, ville de la basse Mæsie: Ptolomée, 1. 3, c. το, la marque près du Danube, entre Tromarisca & Axium. Dans l'itinéraire d'Antonin elle se trouve sur la route de Viminacium à Nicomédie, en prenant le long du Danube; & elle se trouve entre Doroftorum & Axiopolis, à di hut milles du premier de ces lieux, & à douze milles du second. H eft fait mention de cette ville dans la notice des dignités de l'Empire, & dans Procope, Edif. l. 4, c. 7, qui dit que Sucidava fut un des forts, dont Justinien fit refaire les ruines le long du Danube. SUCINIO, château de France, dans la Bretagne, au diocèse de Vannes. Il y a un gouvernement pour ce château & pour la presqu'isle de Ruys. SUCK, riviere d'Irlande, dans la province de Connaught. Elle lave la frontiere du comté de Roscommon, au fud-ouest, le séparant du comté de Galloway, & à l'extrémité de la pointe méridionale du comté de Roscommon; elle se jette dans le Shanon. * Délices de la Gr. Bretagne, p.1614. SUCRO, fleuve de l'Espagne Tarragonnoise. Il est marqué dans le pays des Contestani par Ptolomée, 1.2, c.6, qui place fon embouchure entre le port Illicitanus, & l'embouchure du fleuve Pallantia. Strabon, 1.3, p. 158, met à l'embouchure de ce fleuve une ville de même nom, que Ptolomée passe sous filence; mais Pline, 1.3, 0.3, nous en donne la raison, c'est que cette ville ne subsistoit plus. Su. cro fluvius, dit-il, & quondam oppidum. Il ajoute que le Sucro faifoit la borne de la Contestanie, qui commençoit à Carthage la Neuve; & il s'accorde en cela avec Ptolomée. Cette riviere, felon Strabon, fortoit des montagnes qui s'étendent au nord de Malaca & de Carthage : on peut la passer à gué, & elle étoit presque parallele avec l'iberus, dont elle étoit un peu plus éloignée que de Carthage. C'en est assez pour nous faire connoître que cette riviere est préfentement le Xucar. Le Sucro donna le nom à la bataille qui fut livrée entre Pompée & Sertorius, & qui fut appellée Sucronenfis Pugna. SUÇUNG, ville de la Chine, dans la province d'Iunnan, au département de Quangli, neuviéme métropole de la province. Elle est de 13d 40 plus occidentale que Pekin, fous les 24d o' de latitude septentrionale. * Atlas Sinenfis. 2. SUDA, ifle ou rocher, sur la côte de l'isle de Candie. Voyez l'article suivant. 3. SUDA, golfe qui fait partie de la mer de Candie, sur la côte septentrionale de l'isle & du territoire de la Canée. Il est si petit qu'on ne lui donne que le nom de port. Mais c'est un port vaste & commode, connu des Italiens sous le nom de porto Suda ou porto da Suda. Il est situé à deux lieues d'Allemagne, fud-est, quart au sud, du cap de Calapada. Ce port & celui de Spinalonga font les deux meilleurs de toute l'ifle de Candie. Celui de Suda s'étend vers l'ouest & l'oueft-quart au fud. Tout au-devant & à l'embouchure du port il y a une petite ifle ou rocher qu'on prendroit pour une montagne; & au-dessus on voit un petit fort, que les Vénitiens appellent Fortezza ou la forteresse. Ils ont employé plusieurs années à le fortifier, & l'ont garni d'ouvrages jusqu'à l'extrémité des rochers. Le bastion du côté du fepten trion est appellé le baltion de Martinengo. L'isle ou le rocher de SUDA n'est pas d'une grande hauteur. On trouve ce rocher près du rivage septentrional de la grande isle; de forte pourtant que les grands vaisseaux peuvent faire voile entre deux, tant d'un côté que de l'autre. C'est la plus confidérable des trois forteresses que les Vénitiens possédent sous l'isle de Candie. Cette place étoit autrefois bien fortifiée du côté de la mer; mais peu du côté de la terre. Depuis la perte de l'isle de Candie les Vénitiens se sont appliqués à la rendre beaucoup plus forte. Ils y ont ajouté plusieurs ouvrages, & l'ont ornée d'un grand nombre d'églises & autres bâtimens. On peut aller donner fond au-delà de la premiere fortereffe, vis-à-vis de l'ifle de Candie, & dans l'embouchure du port, sur huit ou neuf brasses d'eau, avec de grands bâtimens. Mais lorsqu'on est entré dans le port, on ne trouve plus de fond avec la fonde en plusieurs endroits, tant il y a de profondeur. On commence pourtant à venir fur quarante & cinquante brafles, lorsqu'on a passé une haute montagne, qu'on trouve à moitié chemin quand on fait voile dans le port. A quelque distance delà on trouve deux autres ports sur la droite, dont le premier est appellé porto Nuovo, ou le port Neuf, & l'autre porto de Spalatea, où il y a fix, sept & huit braffes de profondeur. Il y a une autre petite ifle près de celle où ce fort est bâti du côté d'occident, & où les vaisseaux peuvent aller donner fond près de son côté méridional, & y demeurer amarés avec une corde au rivage, sur trente-fix ou quarante braffes d'eau. * Dapper, Description de l'Archipel, p. 444. A l'occident de Capo Bufa, qui est un cap médiocre. ment haut de l'isle de Candie, l'on trouve dans la mer deux rochers ou petites isles, dont celle qui est la plus près du cap est connue sous le nom de Carabusa Vecchia; mais l'autre est simplement appellée Carabusa, & est fortifiée d'un château. L'on peut en un tems serain découvrir de ces illes celle de Cerigotto, qui est possédée par les Vénitiens, de même que Suda & Spinalonga, ainsi qu'il fut conclu par le traité de paix. Les vaisseaux peuvent mouiller au côté méridional de l'ifle, dans une baye, tout près du château. Il y a une petite isfle dans cette même baye, où les vaisseaux peuvent aussi se mettre à l'ancre tout à l'entour. On peut avec de grands bâtimens faire voile entre ces illes & le cap de Busa, à cause que le fond en est par-tout net & sain, sans bancs ni rochers; mais il y regne souvent des tourbillons impétueux. On trouve une longue pointe de terre, qui s'étend du château dans la mer, du côté du midi, vers un cap haut & escarpé de l'isle de Candie, & cette pointe s'avance fort près du cap, il y a un écueil entre deux caché sous l'eau. Les Pirates chrétiens avoient accoutumé autrefois d'y aller relâcher de tems en tems. SUDA-MAGNA. Voyez LONGINI-FOSSATUM. SUDAN, petit royaume d'Ethiopie, dans les déserts, à l'ouest de celui de Sennar. Quoique Sudan soit dans un affreux désert, il ne laisse pas que d'être fréquenté par les étrangers, fur-tout par les marchands de la haute Egypte, qui y vont chercher de l'or & des esclaves. Les rois de Sennar & de Sudan font presque toujours en guerre. cet, Voyage d'Ethiopie. * Pon SUDANELANÆ, ville de Thrace, selon Ortelius, qui cite Procope, Edif. 1. 4, c. 11. Coufin, dans sa traduction de Procope, écrit Thudanelane pour Sudanelane. C'est un des forts que l'empereur Justinien rit élever dans la Thrace, pour la préserver des courses & des ravages des ennemis. Ce fortétoit dans la province de Rodope. SUDASANNA, ville de l'Inde, en-deça du Gange: Prolomée, Ptolomée, 1. 7, c. 1, la range parmi les villes qui étoient près du fleuve Indus. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Sudafsanna pour Sudasana. SUDAVA, ville de la Mauritanie Césariense, selon Prolomée, l. 4, c. 2: il la place dans les terres entre Tenissa & Tufiagath. SUDAVIE, contrée du royaume de Prusse, dans le cercle de Natangie, dont elle occupe la partie la plus orientale. Elle confine au nord avec le cercle de Samland, à l'orient avec la Lithuanie, au midi encore avec la Lithuanie, & du côté de l'occident la riviere de Pregel & celle de Pisch la séparent de la Bartonie. Ce pays est mal peuplé & mal cultivé. Le seul lieu remarquable est Lick. SUDBURY, ville d'Angleterre, dans Suffolckshire, à dix lieues de la ville d'Ipswich, aux confins d'Essex, sur la Stoure, en latin Colonia. C'est une ville riche, bien peuplée, où il se fait beaucoup de draps, & où il y a trois paroisses. Elle députe au parlement & a droit de marché. * Etat préf. de la Gr. Bretagne, t. 1, p. 113. SUDEIT. Voyez SUBEYT. SUDENI, peuple de la Sarmatie Européenne. Ptolomée, 1.2, 6.11, le place au midi des Marcomans. SUDER-JUTLAND, c'est-à-dire, Jutland méridional. On appelle ainsi communément le duché de Sleswick. Voyez SLESWICK. SUDERKOPING, ville de Suéde, dans l'Ostro-Gothland à sept milles de Nord-Koping, au levant d'hiver & à quinze milles de la mer Baltique. Cette ville nommée Soderkoeping, dans quelques cartes géographiques, est assez marchande. C'est cependant un lieu ouvert & fans murailles, au fond d'un bras de mer qui avance jusques-là. Olais Magnus, 1.2, 6. 13, dit qu'on trouve auprès de Suderkoping des crystaux hexagones, de la grosseur du pouce, & même de la grosseur du poing. SUDERMANIE OU SUDERMANLAND, province de la Suéde, dans la Sueonie, avec titre de duché, en latin Sudermania & Sudemandia. Elle est bornée par l'Uplande & par la Westmanie au septentrion, par la presqu'ifle de Toren à l'orient, par la mer Baltique au midi, & par la Néricie à l'occident. Cette province, dont la longueur est de vingt-cinq lieues, & la largeur de quinze, est une des mieux peuplées du royaume. On a coutume de la diviser en trois parties, qui font le Sudermanland propre, l'ifle de Toren, formée par le lac Meler & le Rekarne, fous lesquelles on compte dix territoires. La terre y produit quantité de bleds, & on y trouve des mines de divers métaux. Ses principales villes sont Nicoping, Stregnès & Trosa. Elle est devenue célébre par l'élévation de Charles, duc de Sudermanie, que les états de Suede couronnerent le 15 de mars 1607, sous le nom de Charles IX, à la place de Sigismond, roi de Pologne, son neveu. * D'Audifret, Géogr. anc. & mod. t. 1. SUDERNUM, ville d'Italie, dans la Toscane, selon Ptolomée, 1.3, c. 1, qui la marque dans les terres. C'est la même ville qui est nommée TuDERNUM dans un fragment de l'itinéraire d'Antonin; & c'est à présent Maderno, si nous en croyons Leander. SUDERTALGE, ville de Suede. Voyez SODER TALCE. SUDERTANI, peuples d'Italie, dans la Toscane, selon Pline, 1. 3, 6.5, ou plutôt selon Hermolais, car avant lui tous les manuscrits & tous les exemplaires imprimés portoient SUDERTANI. Il a lu SUDERTANI, parce qu'il a cru qu'il étoit question des habitans de Sudernum ; mais le pere Hardouin préfére Subertani, tant parce qu'il croit que ce sont les habitans de Suberetum, Soveretto, que parce qu'aux environs de cette petite ville, près de Soana, & dans le voisinage de la riviere Fiore, on voit croître le Suber ou l'arbre du liége en quantité. SUDETI MONTES, montagnes de la Germanie, selon les exemplaires latins de Ptolomée, l. 2, c. 11, car le texte grec porte Suditi montes. On appelle affez communément ces montagnes Hercinii montes, du nom de la forêt Hercinienne dont ils occupent une partie considérable. La forêt Gabreta étoit au midi de ces montagnes, qui font aujourd'hui les montagnes dont la Boheme est environnée, & qui servirent autrefois de retraite à Maroboduus. * Spener, Notit. Germ. ant. 1. 2, c. 3. SUDEYCA, ville d'Afrique, dans la province de Tripoli. Ptolomée, qui la nomme Trieron, lui donne avec son cap 43d 25' de longitude, & 31d 20' de latitude. Les Mahometans la rebâtirent lorsqu'ils entrerent en Afrique. Elle est au levant de Cacar Hamet. Cette ville étoit autrefois fort peuplée, mais d'autres l'ont détruite & démantelée depuis ce tems-là. Il n'y demeure aujourd'hui que quel. ques pauvres pêcheurs, vassaux de Tripoli. * Marmol, Descr. de l'Afrique, t. 2, l. 6, c.. 46. SUDGOTHIE, contrée du royaume de Suéde, qui fait l'une des trois parties de la Gothie, en latin Sudgothia ou Gothia meridionalis. Elle a l'Ostrogothie & la Westrogothie pour bornes au nord, & la mer aux autres endroits. On l'appelle quelquefois Schonen, ou Scanie, qui est le nom de la plus considérable de ses provinces. Les autres font le Bleking & la Hallande. Les Danois, qui ont été long-tems maîtres de ce pays, la céderent aux Suédois par le traité de paix qui fut fait en 1658. SUDIDENIS ou SYDDENIS, ville de l'Afrique propre, Ptolomée, l. 4, c. 3, la compte parmi les villes situées entre les deux Syrtes. SUDINI. Voyez SEDUSII. SUDRACE. Voyez OXYDRACE. SUDRAY (le) Subdriacum, bourg de France, dans le Berry, élection de Bourges. Il y a trois hameaux qui dépendent de ce bourg; savoir le Sollier, la Valée & Troncey. La nature du terroir est assez fertile. Il y a près de co bourg environ trois cents arpens de bois. SUE, ville dont Pline, 1.6, c. 26, fait mention. Il paroît la mettre aux environs de l'Aflyrie, & ajoute qu'elle est située au milieu des rochers. SUEBI OU SYEBI, peuples de la Scythie, en-deça de l'Imais, selon Ptolomée, 1.6, c. 14. Ortelius, qui cite le même auteur, a pris ces peuples pour des montagnes. SUECONI, peuple de la Gaule Belgique. Ce peuple n'est connu que de Pline, 1. 4, c. 17, aufli le pere Hardouin regarde-t-il le mot Sueconi, comme une répétition surnuméraire & corrompue du mot Suessiones, qui fuit. SUEDA, SUENDA OU SUMEDO, lieu fortifié dans la Cappadoce. Frontin, Strateg. l. 2, c. 2, dit qu'Antiochus affiégeant cette place, surprit des bêtes de charge, qu'on faisoit fortir pour aller chercher du bled, & qu'ayant tué ceux qui les conduisoient, il donna leurs habits à des fok dats, qui entrerent dans la place en cet équipage, comme s'ils eussent ramené du bled, se saisirent des portes, & donnerent entrée à leurs gens. SUEDE, royaume, l'un des plus grands & des plus septentrionaux de l'Europe. Ce royaume, qui a autrefois subjugué par ses colonies les plus beaux pays de l'Europe, qui dans le siécle paflé a fait trembler toute l'Europe, ce royaume, dis-je, est le pays que les Latins appellent Suecia, qui est nommé dans la langue du pays Sueden, & par les François Suéde. Il a pris ce nom des Suévans, qui en habitoient une partie. Les terres, qu'il renferme, font comprises à peu près entre le 30 & le 45d de longitude, & entre les 55 & 70d de latitude septentrionale. Il a ainsi dans sa plus grande longueur, plus de 350 lieues du septentrion au midi, & plus de 140 d'orient en occident. II est borné au nord par la Laponie Norwégienne ou Danoise, & par l'Océan septentrional; au sud par la mer Baltique & par le golfe de Finlande; à l'orient par la Moscovie, & au couchant par la Norwége, le détroit du Sund & le Categat. Ce royaume, malgré sa situation vers le nord de l'Europe, jouit d'un air très-sain. On y voit peu de malades, & on y trouve beaucoup de personnes qui vivent jusqu'à cent vingt ans, quelques-uns même jusqu'à cent trente. Cependant il est si peu tempéré, qu'à l'hiver, qui occupe les trois quarts de l'année, succedent, durant deux mois, des chaleurs excessives. Il n'y a presque point de printems, ni d'automne. Ainsi les fruits, les bleds, &c. y viennent plus vite que dans les autres climats. Nous en laissons la raison aux physiciens. Le pays arrosé de diverses rivieres, & entrecoupé de divers lacs, est partie marécageux, partie chargé de bois & partie couvert de montagnes la plûpart stériles. En général la terre est ingrate en beaucoup de choses utiles & même nécessaires à la vie : en récompense elle produit d'excellens pâturages & fournit des mi. nes de divers métaux, mais particulierement du cuivre, Tome V. qui rapportoient au roi un revenu considérable; mais depuis quelque tems ce revenu est fort diminué. On y voit des campagnes à perte de vûe, couvertes de chênes & de sapins; ce qui facilite aux rois de Suéde les moyens d'équiper de puiffantes armées navales. Les Hollandois commencent à s'y pourvoir de planches & de matures pour leurs vaisleaux, qu'ils trouvent aussi bonnes que celles de Norwége. Il y a une quantité prodigieuse de bêtes fauves. La mer y abonde en poiffons. La chasse & la pêche font une des plus grandes richesses du pays. On chafle & on mange les ours, des élans & plusieurs autres bêtes fauves. On va aussi à la chasse des loups, des renards, des chats sauvages, pour en avoir les peaux. Il y a très-peu de parcs, & ceux qu'on y trouve font même affez mal fournis, parce qu'il en couteroit plus à nourrir les bêtes pendant tout l'hiver, qu'on n'en tireroit de profit, ce qui diminue extrêmement le plaisir qui pourroit en revenir. Il n'y a de lapins que ceux qu'on y transporte par curiofité & qu'on apprivoise. Les renards & les écureuils, pendant l'hiver, deviennent grifâtres, & les lievres y deviennent blancs comme la neige. Les oiseaux fauvages & domestiques y font en grande quantité, & bons en leur espéce, excepté les oiseaux marins, qui se nourriffent de poislons, & qui en ont le gout. Les plus commun sont ceux qu'on appelle en langue du pays Orras & Keders. Les premiers font de la groffeur d'une poule, les autres de celle d'une poule d'Inde. Il y a auffi des perdrix & une autre espéce d'oiseaux qu'on appelle yerpers, qui ressemblent aux perdrix. On prend durant l'hiver quantité de grives, merles, & une espéce de cignes qu'on appelle sydenscswans. Ceux-ci qui sont de la grandeur de ceux qu'on appelle veldefares, mais meilleurs à manger, viennent, dit-on, de la Laponie ou des pays encore plus septentrionaux, & tirent leur nom de la beauté de leur plumage, dont les extrémités de quelques uns font marquetées de rouge. Il y a des pigeons; mais les sauvages y font très-rares, à cause des faucons. Il y a quantité d'aigles, de faucons & autres oiseaux de proye, dans les parties septentrionales & désertes, où il semble que la nature les appelle. On rapporte au sujet d'un grand faucon qui fut tué, il y a quelques années, dans le nord de Finlande. Ce faucon avoit à une jambe une petite piéce d'or avec cet écriteau, je suis au roi, & à l'autre jambe une d'argent, où se lisoient ces mots le duc de Chevreuse me garde. Le bétail de Ja Suéde eft en général petit, auffi-bien que dans les autres pays septentrionaux. La laine y est extrêmement grossfe, & ne peut fervir qu'aux habits des payfans. Les chevaux y font petits, mais ais ils ne laissent pas d'être hardis, vigoureux & forts. Ils marchent ferme, bronchent rarement & trotent légerement, ce qui est fort avantageux aux habitans, à cause de la longueur de l'hiver, parce qu'ils s'en servent pour le traîneau, qui est alors leur unique voiture, & les foldats prétendent que ces chevaux font capables de foutenir une attaque vigoureuse en tems de guerre, qu'ils peuvent même rompre un corps de la meilleure cavalerie allemande. Les principaux lacs de Suéde sont le Weter, le Wenner & le Mæler; le premier situé dans l'Ostrogothie est remarquable; premierement parce qu'il prédit les tempêtes par le bruit qu'il fait le jour précédent dans les lieux d'où doivent venir les orages; secondement, parce que les glaces se brisent si subitement, que les voyageurs y sont quelquefois surpris, & qu'en demi-heure de tems ce lac devient navigable; & enfin parce qu'il est fort profond, y ayant en certains endroits plus de trois cents brasses d'eau, quoiqu'il n'y en ait pas au delà de cinquante, dans les lieux les plus profonds de la mer Baltique. Il supplée à la riviere de Motala, qui passe au travers de Norcoping, où elle tombe d'environ trente pieds de haut, & il y a des hivers où cet endroit est tellement rempli de glace, que l'eau est plusieurs heures fans pouvoir passfer. Le second est dans la Westrogothie, d'où fort la riviere d'Elve, qui tombant d'un rocher d'environ soixante pieds, passe par la ville de Gottemburg. Le troifiéme se décharge à Stockholm, & fournit l'eau douce à une partie de la ville, comme la mer fournit l'eau falée à l'autre. Ces lacs & une infinité d'autres, auffi tranquilles pour la plupart, que s'ils n'étoient que de simples étangs, & qu'on appelle les mers du dedans, font pourvus de diverses fortes de poiffons, comme de faumons, de brochets, de perches, de tanches, de truites, d'anguilles & de plusieurs autres espéces qu'on ne connoît point ailleurs. Il y a fur-tout une infinité de streamlings, qui est une forte de poiffon plus petit qu'un harang; on le fale dans des barils, & on le distribue dans tout le pays. Outre cela, le Nord-Bottom ou la baye qui sépare la Suéde d'avec la Finiande, est si abondante en veaux marins, qu'il s'en fait beaucoup d'huile qui se transporte en divers lieux. Il se prend dans les lacs de Finlande une grande quantité de brochets; on les sale, on les séche & on les vend ensuite à très-bon marché. Ces lacs sont d'un grand usage pour la commodité des voitures, soit en bateau durant l'été, soit en traîneau pendant l'hiver. Entre ces lacs & sur les côtes de la mer, il y a un nombre presqu'innombrable d'ifles de différente grandeur, dont quelques-unes ne font que des rochers couverts de bois. Gotland, Oland & Aland, font trois grandes isles, dont l'une a soixante milles de long, & les deux autres un peu moins. De grands bois & de vastes forêts couvrent une grande étendue de la Suéde. Les arbres viennent si près les uns des autres, fur-tout dans la province de Blecking, & font tellement pourris dans les lieux où ils font tombés, que les bois se trouvent presque impraticables. Ces forêts produisent en abondance du bois à bruler. Comme les arbres sont en général droits & hauts, il s'en fait aisément du bois de charpente, dont on peut fe fervir à tout. Les bois font forts fuinés dans les lieux proche les mines; mais la commodité des rivieres & les voitures d'hiver, suppléent si bien à ce défaut dans les endroits éloignés, que le charbon de bois s'y donne fix fois à meilleur marché qu'en Angleterre. Entre les mines qui font en Suéde, il y en a une d'argent, où les ouvriers descendent dans des paniers jusqu'au premier étage, qui est cent cinq brasses sous terre. De là on descend par des échelles ou par des panniers, dans le fond de la mine, qui est de plus de quarante brasses; & c'est là où l'on travaille à présent. Les Suédois n'ont rien de plus ancien que la premiere découverte de cette mine ou de celle de cuivre. La mine rend rarement au-delà de quatre pour cent, & il en coute beaucoup à la rafiner. On est aussi obligé à la dépense d'un moulin à eau, pour dessécher la mine, & pour profiter d'un autre moulin qui la tire. Elle produit annuellement pour environ vingt mille écus d'argent fin, dont le roi a la préférence, & qu'il achete un quart moins qu'il ne vaut. La mine de cuivre est d'environ dix-huit braffes de profondeur & de grande étendue, mais sujette à être endommagée par la voute, qui tombe de tenis en tems; cependant on s'en dédommage quelquefois, par la quantité qu'on tire des colonnes minées. Le cuivre, qu'on tire annuellement de cette mine, revient environ à douze cents mille livres, dont le roi a le quart en espéce. Il y a de plus un impôt de vingt-cinq pour cent, lorsqu'on le transporte brut. Les mines de fer & les forges y font en grand nombre, fur-tout dans les lieux montagneux où les eaux tombent commodément pour faire tourner les moulins. Outre le fer qui se consume dans le pays, il s'en transporte tous les ans pour près de trois cents mille livres. Le nombre de ces forges s'est fort augmenté. Les campagnes sont enrichies durant l'été d'une infinité de différentes fleurs, & tout le pays est couvert de fraises, de framboises, de grofeilles rouges, & autres fruits qui croissent sur les rochers. Les melons viennent affez bien dans les jardins, lorsque l'année est seche; mais les abricots, les pêches, les autres fruits d'espalier y font presque aussi rares que les oranges. Il y a des cerises de plusieurs espéces, & il y en a même d'assez bonnes. On ne peut pas dire la même chose des pommes, des poires & des raisins, car ces fruits y font rares, & n'ont pas fort bon gout. Il y a de toutes fortes de racines en abondance, & elles contribuent même beaucoup à la nourriture des pauvres. Le foleil dans sa plus grande élevation, est dix-huit heures & demie sur l'horifon de Stockholm, & fait pendant quelques semaines un jour continuel. Les jours d'hiver sont plus courts à proportion, & le soleil n'y paroît que cinq heures & demie; mais ce défaut est si bien réparé par la lune, pour ce qui regarde la lumiere, par la blancheur de la neige, & par la clarté du ciel, qu'on marche la nuit aussi ordinairement que le jour, & que les voyages se commencent aussi souvent le soir que le matin. On se dédommage du peu de la chaleur du soleil par le moyen des poeles, & par de bonnes fourures, quand on eft obligé de fortir. Les pauvres se servent de peaux de moutons, & autres peaux de înême défense; & en général ils font mieux pourvûs d'habits convenables à leur condition, & au climat où ils vivent, que le commun peuple des autres parties de l'Europe. Lorsque les Suédois ont quelque partie du corps engourdie par le froid, ce qui est affez ordinaire, leur remede est de frotter au contraire de neige la partie engourdie, jusqu'à ce que le sang & les esprits y soient revenus. Ce qu'on vient de dire de la Suéde peut s'appliquer au duché de Finlande, à cela près, qu'on n'y a découvert jusqu'ici aucune mine. Les principales denrées que produit ce duché, sont de la poix, de la résine, toute forte de marchandises de bois, du poisson sec, du bétail, de Thuile de poisson. Il faut aufli remarquer que les habitans de Finlande sont plus durs, plus laborieux, plus rustiques, plus ignorans & plus superstitieux que les Suédois. La couronne de Suéde étoit anciennement élective; mais sous le regne de Gustave I, elle devint successive & héréditaire. Les états se réserverent seulement la faculté de rentrer dans leurs droits, si la postérité de ce prince venoit à manquer; mais lorsque la reine Christine, qui étoit la derniere de la race de Gustave, fit abdication du royaume, elle pria les états de confirmer le droit de succession aux descendans de son cousin Charles Gustave, comte Palatin du Rhin, qu'elle avoit choisi pour son successeur. Il fut résolu, dans une assemblée de la noblesse, tenue à Stockholm au mois de décembre 1680, que si le roi tomboit dans une maladie mortelle, il pourroit se choisir un successeur, fans avoir besoin du consentement des cinq grands officiers. Cette résolution fut confirmée par les états, & il fut conclu à la diété de 1682, que les filles succéderoient à la couronne, si les mâles venoient à manquer dans la famille royale. Les rois n'avoient, du tems de l'élection qu'un pouvoir fort limité : ils étoient les chefs & non pas les maîtres, & on leur prescrivoit à leur couronnement des conditions, qu'ils juroient d'observer; car, felon les loix, ils n'étoient pas entierement établis, s'ils n'avoient reçû cette marque de la royauté. Ils promettoient de gou. verner selon les anciennes constitutions du royaume, sans pouvoir en introduire de nouvelles; de maintenir les états dans leurs priviléges; de ne donner les charges, les fiefs & les bénéfices qu'à des Suédois naturels; de ne pouvoir faire emprisonner aucun gentilhomme nisi jure victus, c'est-àdire, qu'il ne fut convaincu du crime dont on l'accusoit; de ne rien faire fans la participation du sénat; de ne pouvoir prendre à son service des soldats étrangers; de ne point troubler les gentilshommes dans la possession où ils étoient de faire fortifier leurs châteaux, de s'y défendre contre la violence de leurs ennemis, & d'y avoir un asyle inviolable contre qui que ce fut; après quoi ils consentoient à leur propre dégradation, s'ils violoient quelquesunes des loix. Ce fut aufli pour les conserver dans leur vigueur, que les Suédois se révolterent & furent assujettis vingt-quatre fois par les rois de Danemarck. Depuis qu'on a changé la forme du gouvernement, les états ont perdu presque toute leur autorité. Ils consistent en quatre ordres : la noblesse, le clergé, les bourgeois & les paysans. Avant que le lutheranisme eût été reçû en Suéde, le clergé tenoit le premier rang: il avoit acquis de grands biens des rois de Danemarck, & sa puissance étoit devenue si considérable, qu'il possédoit pour le moins autant de revenus que le reste du royaume ensemble; mais après le changement de religion, la noblesse l'emporta, parce qu'on ne laissa aux ecclésiastiques qu'autant de bien qu'il en falloit pour leur subsistance, & que le surplus fut réuni au domaine, ou à récompenser les gentilshommes qui avoient le plus contribué à délivrer la Suéde de la tyrannie des Danois. On convoque ordinairement les états de quatre en quatre ans ; & quand ils s'assemblent à Stockholm, c'est dans la grande salle du château; voici à peu près l'ordre qu'on y observe. Un héraut, précédé de douze trompettes, en publie l'ouverture dans les places & fauxbourgs de Stockholm, & le lendemain des députés des quatre ordres s'assemblent dans leurs maisons particulieres. La noblesse a pour chef le maréchal de la diete, qui est nommé par le roi: elle est partagée en trois classes; la premiere est celle des comtes & des barons; la seconde celle des maisons illustres par les charges de la couronne, ou par les emplois considérables, & la derniere est celle des simples nobles. Cette distinction n'a été introduite que depuis que la couronne est héréditaire; du tems de l'élection la vertu & le mérite mettoient feuls de la différence entre les gentilshommes. L'archevêque d'Upsal est à la tête du clergé, en qualité de primat du royaume. Les bourgeois ont ordinairement à leur tête le bourguemestre de Stockholm, & les paysans choififfent un président; les nobles font écrire leurs noms pour être portés à la chancellerie. Le maréchal de la diete leur explique ensuire les intentions du roi, & un d'entre eux lui répond au nom du corps, après quoi tous les députés vont au château baifer la main du roi. L'après-dinée le héraut fait une seconde publication de l'ouverture de la diéte; deux ou trois jours après les députés de la noblesse se rendent à sept heures du matin dans leurs maisons. Le clergé va à la grande église; les bourgeois s'assemblent dans la maison de ville, & les paysans se trouvent dans un lieu particulier qu'on leur prépare: fur les neuf heures, ils vont tous, felon leur rang, dans la chapelle du château, assister, avec le roi, aux prieres accoutumées, pour implorer le secours du ciel; dès que ces prieres sont finies, ils entrent dans la grand'salle où le roi se rend, accompagné de quelques sénateurs. Si-tôt qu'il s'est assis sur son trône, le grand chancellier fait un discours aux états au nom du roi ; enfuite un secrétaire d'état lit les propositions qu'on veut leur faire; après cette lecture, le maréchal de la diete harangue le roi pour la noblesse, l'archevêque d'Upfal parle au nom du clergé ; le bourguemestre de Stockholm prend la parole pour les bourgeois, & le président des paysans parle pour eux, & cette premiere séance se finit par baiser de nouveau les mains du roi. Ensuite les quatre ordres délibérent à part fur les propositions qui ont été faites, & conferent ensemble par des députés qu'ils s'envoyent les uns aux autres fur la résolution qu'ils doivent prendre. Dès qu'ils ont formé ce résultat, ils le communiquent au roi, qui a soin de le faire publier par tout le royaume. Cette affemblée ne dure pas long-tems; le roi la congédie le plutôt qu'il peut, parce que les états s'uniffent ordinairement après de grandes contestations, cenfurent l'administration publique, & proposent de grandes réformations. Pour éviter cet inconvénient, on ne leur donne que le tems qu'il faut pour travailler aux points proposés. Le roi nomme un certain nombre de députés des quatre ordres, pour ménager les affaires les plus importantes, & lui rendre compte de tout ce qui se passe dans la diete; ce nombre est ordinairement de quatre-vingts, & après que l'assemblée a pris une derniere résolution, elle la fait communiquer au roi, qui congédie tous les députés. Les choses s'y paflent toujours à la fatisfaction de la cour, qui prend des mesures pour obtenir ce qu'elle demande. La veille du jour que la diete se sépare, le roi & les hérauts d'armes avec leurs habits de cérémonie, & précédés des trompettes, publient dans les principales places de Stockholm, qu'elle sera conclue le lendemain. Ce jour - là l'aflemblée se sépare après le sermon & les prieres ordinaires, ensuite le roi traite tous les députés, & après que les résolutions qu'on a prises dans la diete ont été publiées, on leur en donne des copies imprimées, pour les porter dans leurs provinces. Le sénat est le corps le plus considérable du royaume après les états généraux. Le nombre des fénateurs n'est pas fixe. Il y en a tantôt plus, tantôt moins, selon qu'il plaît au roi. Du tems de la reine Christine, il y en avoit qua. rante: fous Charles Gustave, on n'en compta que vingtquatre, dans la suite ils furent réduits à douze, suivant les anciens statuts du royaume, confirmés par Charles IX, & approuvés par les états dans la diete de 1682. Ce corps étoit autrefois libre, juge des actions & de la vie du roi; mais depuis que la couronne est rendue héréditaire, il n'est plus que le témoin de sa conduite, & quoiqu'il entre en connoillance de toutes les affaires d'état, sa fonction ett de lui donner conseil, fans pouvoir rien lui prescrire. Le roi seul a le droit d'établir les impôts, de régler les étapes pour les foldats des provinces, de faire battre la monnoie & de faire creuser les mines de salpêtre, à moins qu'elles ne foient dans les terres ecclésiastiques. Il nomme à toutes les charges du royaume & à toutes les magiftratures; il lui est permis, en cas de nécessité, de lever le dixiéme homme, pour aller à la guerre; mais il prend en échange l'argent qui seroit employé à cette levée, & trouve par ce moyen le secret de ne pas dépeupler ses états, ce qui fait que les armées de Suéde sont presque toutes composées de sfff ij , |