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vis-à-vis de l'Egypte. David dans les quatre mois qu'il demeura fur les terres des Philiftins, faifoit des courses avec ses gens, & pilloit Geffuri, Gerzi, & les Amalecites; car ces bourgs étoient autrefois habités vers le chemin de Sur. Ptolomée parle de la ville de Surate, dans l'Arabie Pétrée. Voyez SURATTHA. * 1. Reg. 15, 7, &

27, 8.

3. SUR, (la) riviere de la baffe Alface, prend fa fource dans les montagnes de Vosge, coule d'abord au fud jusqu'à Verdt, retourne au levant, tombe dans le Rhin, près de Rentheim, après avoir traversé la forêt Haguenaw. Son cours eft de dix lieues.* Supplément au manuscrit de la bibliotheque de M. Corberon, premier préfident au confeil fou verain d'Alface.

1. SURA, fleuve de la Gaule Belgique, & l'un de ceux qui fe jettent dans la Mofelle. Aufone, in Mofella, v. 354, le décrit ainfi :

....

Pronaa Nemefeque adjuta meatu
Sura tuas properat non degener ire fub undas,
Sura interceptis tibi gratificata fluentis.

Ce fleuve s'appelle aujourd'hui Saur, & les François le nomment le Sour. La Pronea & la Nemefa, qui, felon Ausone, groffiffent fes eaux font à préfent la Prum ou Pruym, & la Nyms.

2. SURA, ville de Syrie, dans la Palmyrène : Ptolomée, 1. 5, c. 15, la marque fur le bord de l'Euphrate. Pline, 1.5, c. 24, dans un endroit nomme cette ville URA, & plus bas, l. 5, c. 26, il l'appelle SURA. Il ajoute qu'elle étoit bâtie dans l'endroit ou l'Euphrate tournant vers l'orient laiffoit les déferts de Palmyrène. Ortélius, le pere Hardouin & Cellarius conviennent que c'eft cette ville qui eft nommée Flavia, Firma, Sura, dans la notice des dignités de l'Empire, Sect. 24. Le pere Hardouin foutient que quand même on écriroit Ura, au lieu de Sura, la conjecture de Bochart, part. 1, 1.2, c. 6, qui voudroit en faire l'Ur des Chaldéens, ou de la Babylonie, n'en deviendroit pas plus probable, parce que la Babylonic eft trop éloignée de la Palmyrène. Dans une ancienne notice eccléfiaftique, cette ville eft appellée Zúpa, dans une autre Opior, & elle eft placée dans l'Euphratense.

Dans le fecond paffage de Pline, qui vient d'être cité, on lit: A Sura autem proxime eft Philiscum. Les anciens éditeurs de Pline, au lieu de A Sura, lifoient Afura, Arura ou Affur. Mais cet endroit de Pline fuffit pour juger qu'il faut lire Ab Ura ou A Sura. Ortélius qui n'y a pas regardé de fi près, a fait une ville d'Afura, dont il a enrichi fon tréfor. Voyez SURUM.

3. SURA, ville de l'Ibérie: Ptolomée, 1. 5, c. 11, eft, je penfe, le feul qui la connoiffe. Voyez SUR

RHA.

Strabon parle auffi de cette ville, & Cellarius nous apprend qu'elle étoit arrofée par la branche la plus occidentale de l'Aragus.

4. SURA, ville de l'Affyrie: Ptolomée, l. 6, c. 1, eft encore le feul qui en faffe mention, à moins que ce ne foit la ville Dura de Polybe.

5. SURA; Etienne le géographe donne ce nom à un oracle de la Lycie.

6.SURA, lieu de l'Afie mineure, dans la Lycie, entre les villes de Phellum & de Myre. Ce pourroit bien être l'oracle SURA, dont parle Etienne le géographe; car Plutarque, (de Animant. comparat. & de flum. & mont.) dit que l'on confultoit les augures daus ce lieu, & que les augures fe rendoient en confidérant des poiffons. Ce même lieu eft appellé Surrha par Ælien.

7. SURA, ville fituée dans l'ifle de Java, fur le détroit de Sunda, aux pieds de la montagne de Gonon Befar. Elle a été bâtie par un peuple qui demeuroit auprès de Paffarvan, & qui ne pouvant plus fouffrir la domination tyrannique du roi de ce nom, fe retira en ce lieu-là, & y bâtit cette ville à certaines conditions, fous la fouveraineté du roi de Bantam, qu'il reconnoît, quoique la ville de Sura ait fon roi particulier. Tous ne demeurent pas néanmoins à Sura: il y en a de répandu dans divers endroits voifins où ils ont bâti des villages. Ce font des gens qui vivent fort paisiblement, & qui s'adonnent à cultiver la terre. Ils ne mangent rien qui ait eu vie, fuivant en cela le fentiment de Pythagore, & les maximes de vivre des Braménes.

Tous les habitans de Java étoient dans ces mêmes maximes, lorsque l'alcoran de Mahomet y fut introduit. Ils font fort fobres, ils ne fe marient jamais, ils font vêtus de papier blanc fait d'écorces d'arbres, dont ils fe mettent auffi un couronne fur la tête, fe ceignant le corps d'un grand morceau de toile, & c'eft là tout leur vêtement. D'ailleurs, ils menent une vie toute philofophique, ils portent à Bantam du poivre, & d'autres fruits à vendre.* Voyages de la compagnie des Indes orientales, t. 2. SURÆ, peuples de l'Inde, felon Pline, 1. 6

C. 20.

SURAGANA, ville d'Afie, dans la Sogdiane, auprès de l'Oxus, felon Ptolomée, 1.6, c. 12.

SURAM, ville de la province de Carthuel, dans la Géorgie orientale. Elle eft fort petite, & fujette au roi de Perfe; mais la fortereffe qui en eft proche, eft grande, & fort bien conftruite. On y tient une garnifon de cent hom mes. A peu de distance de Suram, il y a une contrée que les Géorgiens nomment Semachi en leur langue, c'eft-à-dire trois châteaux. Ils difent qu'après que Noé fut forti de l'arche, il vint habiter en ce lieu-là, & que fes fils y bâtirent chacun un château. * Chardin, Voyage de Perse,

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SURASENI, peuples de l'Inde, felon Arrien, in Indicis, qui leur donne deux grandes villes; favoir Methora & Clifobora. Le fleuve Jomanes arrofoit leurs pays, & y étoit navigable. Ces peuples rendoient un culte particulier Hercule.

SURATTA ou SURATE, ville des Indes, dans le Mogoliftan, au royaume de Cambaye ou de Guzurat, à 21d & quelques minutes de latitude feptentrionale. Ptolomée l'appelle Muziris, elle eft fur une riviere à dix ou douze milles de la mer. Cette riviere, qui s'appelle Tapti, a la fource dans les montagnes de Décan, d'ou elle paffe dans le

royaume de Brampore, & va depuis Surate, par plufieurs détours fe jetter tranquillement dans la mer. La circonférence de cette ville, y compris les fauxbourgs, eft de deux à trois milles d'Angleterre: elle forme une espèce de demi-cercle ou de croiffant, à caufe du détour de la riviere fur laquelle elle eft bâtie. Elle eft fortifiée d'une muraille flanquée de diftance en distance de tours avec de cre neaux, qu'on a conftruites pour foutenir les affauts fréquens qu'on lui donne ; mais fa plus grande force eft dans fon châ teau, qui commande tous les vaiffeaux qui font fur la riviere, & défend la ville du côté des terres.

Ce château eft vers le fud-ouest de la ville, & eft défendu d'un côté par la riviere, & de l'autre par un foffé. Il eft bâti en carré, & fortifié à chaque angle d'une grande tour; il y a plufieurs logemens, & le gouverneur peut y trouver tout ce qui leur eft néceffaire, les murailles font garnies de plufieurs piéces de canon.

Ön entre dans la ville par fix ou fept portes, ausquelles il y a toujours une garde, qui exainine ceux qui entrent ou fortent.

On y voit plufieurs maifons dont la beauté n'eft pas proportionnée à la richelle des habitans, qui ont toujours foin de cacher leurs biens, de peur de tenter l'avarice du prince. Les murailles en font de pierres ou de brique, & le toit qui eft couvert de tuiles, eft en plate-forme un peu penchée, à la maniere d'Espagne & de Portugal. On ne met point de vîtres aux fenêtres, qu'on laiffe ouverte pour y laiffer entrer l'air, toutes les chambres font voutées, afin qu'elles foient plus fraîches. Les maifons de la populace ne font que de bamboucs, qu'on met à un pied l'un de l'autre, & qu'on entrelace avec des rofeaux, & la couverture eft de feuilles de palmier. Les rues font étroites en plufieurs endroits; mais il y en a d'autres où elles ont une belle largeur; elles font fi fréquentées le matin, fur tout celles qui font près le bazar ou la place publique, qu'il eft difficile de percer la foule de banians & des autres marchands, qui y expofent leurs marchandifes qu'ils portent à leurs maifons fur leurs têtes, en invitant ceux qui paffent à les venir acheter.

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Au milieu de la ville, il y a une place fort fpacieuse, qu'on appelle la place du château, parce qu'elle en eft proche, où font exposées toutes fortes de marchandises nuit jour, excepté dans le tems de la mouffon, & où les François, les Anglois, les Hollandois, auffi-bien que les naturels du pays, font leurs balots pour les embarquer.

Le gouverneur du château eft nommé par le grand Mogol, & ne l'eft guères que trois ans ; pendant tout ce tems il y eft réellement prifonnier, étant obligé à n'en jamais fortir; mais à être continuellement fur fes gardes, & prêt à fe défendre en cas d'attaque & de furprise.

Surate eft la plus fameufe ville de commerce qu'il y ait dans le Mogol: on y peut vendre toute forte de chofes. La riviere eft fort commode pour y transporter les marchandises étrangeres qui y viennent de l'Europe, de la Chine, de la Perfe, de l'Arabie & des parties les plus éloignées du Mogol, & ornent cette ville en l'enrichiflant. On y trouve toutes fortes d'étoffes de foie, de velours, de taffetas, de fatins, des perles, qui y font apportées du golfe Perfique, des diamans, des rubis, des faphirs, des topafes & d'autres pierres précieuses, auffi bien que des agathes, des cornalines & plufieurs ouvrages fort jolis, que l'on peut avoir à bon marché.

L'or de Surate eft fi fin, qu'on peut y gagner douze ou quatorze pour cent, en le transportant en Europe. L'argent, qui eft le même par tout le Mogol, furpaffe celui du Mexique, & a très-peu d'alliage. Je n'y ai jamais vû de piéces rognées, ni d'or, ni d'argent, qu'on ait falfifié. La roupie d'or en vaut quatorze d'argent, & celle d'argent vaut vingt-fept fols d'Angleterre: on y voit quelques monnoies étrangeres : il y a auffi des piéces de cuivre, dont foixante, quelquefois deux ou trois plus ou moins, font une roupie. Il le trouve encore une espéce de monnoye plus baffe que celle-ci; ce font des amandes ameres, dont foixante valent une pièce de cuivre.

Toutes les monnoies étrangeres payent, à leur entrée & à leur fortie aux officiers du prince, deux & demi pour cent; les autres chofes payent davantage.

Toutes les monnoies étrangeres, qui tombent entre les mains des officiers du grand Mogol, font fondues & converties en roupies, fur lesquelles on met la marque affectée à l'empereur regnant; après la mort ces piéces diminuent de la valeur d'un ou deux foixantiémes; il n'y a que celles qui font marquées au coin du nouvel empereur, qui confervent toute leur valeur.

Les étoffes de foie, & les toiles de coton, s'y vendent à la pièce ou par cobits, qui font une mefure de vingt-fept pouces de longueur. Le ris, le bled, & les autres chofes, font dans le Mogol vendues au poids; le poids ordinaire eft un fear, qui eft de treize onces un quart. Il y a auffi le maund, qui contient quarante fears. Je n'y ai jamais entendu parler de boiffeaux, ni de rien de femblable; car leurs coutumes, auffi bien que leurs mœurs, font entierement oppofées aux nôtres. Il femble même que les animaux y ayent des inclinations différentes de celles qu'ils ont parmi nous dans le Tunquin les chiens veillent toute la nuit, pour exterminer les rats & les fouris, qui font fort in commodes; ce qui eft dans nos quartiers la fonction des chats.

On apporte des marchandises à Surate d'Agra, capitale du Mogol, de Dehli, de Baroch, d'Amadabab, & d'autres villes tenommées par quelque espéce particuliere, & elles y font achetées par les Européens, les Turcs, les Arabes, les Perfans & les Arméniens.

Les Indiens fe fervent rarement de chevaux pour transporter leurs marchandifes, parce qu'ils font tous employés au fervice du prince; mais ils les amenent à Surate dans des chariots, fur des dromadaires, des ânes & des cha

meaux.

Les Hollandois & les Anglois apportent à Surate toutes fortes d'épiceries, & fur-tout du poivre : la canelle y eft apportée de l'ifle de Ceylan : on la tire d'un arbre, qui eft revêtu de trois écorces: on leve les deux premieres, qui font la canelle; la troifiéme & la plus inférieure, qui couvre immédiatement l'arbre, y refte toujours, on n'y touche point; la moindre incifion qu'on y feroit étant capable de faire mourir l'arbre au bout des trois ans les deux écorces enlevées reviennent, & peuvent encore être ôtées. Quand les Hollandois craignent que fa trop grande abondance n'en falle diminuer le prix, ils font un monceau du furplus de ce qu'il

leur faut, & y mettent le feu: on en fent alors l'odeur à plufieurs lieues en mer.

Les clous de gerofle & les muscades y viennent de quelques ifles qui font vers Malaga, où les Hollandois envoyent leurs criminels en esclavage. Autour de la muscade on trouve le macis, & le tout eft couvert d'une écorce épaiffe comme les noix vertes : cette écorce gardée eft un fort bon cordial, & on la mange avec plaifir, comme un remede reftauratif. On dit une chofe bien finguliere de l'arbre qui porte la muscade; c'est qu'on ne le plante point, & que fi on le fait, il ne vient pas, & que ceux que l'on voit croître & porter, viennent d'une noix verte, qu'un certain oiseau de ces ifles a avalée, & qu'il a rejettée fans la digérer, laquelle tombant dans la terre avec une matiere visqueufe qu'elle a emporté avec elle, y prend racine, & devient un arbre; mais ce peut être une chofe que les Hollandois ont inventée, pour empêcher ceux qui voudroient en transplan ter de le faire.

Les clous de gerofle croiffent fur un arbre, &, avant que d'être venus à maturité, font d'une couleur fort agréable : ils ont une vertu fi attractive, qu'ils attirent tout ce qu'il y a de liquide autour d'eux ; & fi dans les vaiffeaux, qui les transportent des ifles où ils croiffent, on n'a foin de les tenir éloignés de l'eau & du vin, une certaine quantité de ces clous attirera, en deux jours, & mettra à fec un muid entier.

Ceux qui vendent ces épiceries ne font pas toujours de bonne foi; car ils tirent quelquefois une certaine quantité d'huile, ou d'effence, ou d'esprit, des clous de gerofle, de la canelle, & des autres chofes femblables, les expofent enfuite en vente & les vendent auffi cher que fi elles étoient bien conditionées. Il y en a à Batavia, ville capitale des Hollandois, dans les Indes, qui ufent de cette tromperie; c'eft ce qui fait que nous trouvons quelquefois des épiceries feches & infipides.

Outre le gouverneur du château de Surate, il y en a un autre pour la ville, qui a le foin & la conduite de toutes les affaires civiles; c'eft lui qui reçoit les requêtes des principaux marchands & des perfonnes de confidération, & qui prend connoiffance de toutes les chofes de conféquence qu'on a à lui communiquer. Il est toujours chez lui, afin d'être plus à portée de régler les chofes qui demandent une prompte expédition. Quand il fort pour prendre l'air, il est monté fur un éléphant, & affis fur un fiége magnifique : il a avec lui, outre le conducteur de l'animal, un domeftique qui l'évente, & challe les mouches & les mouftiques qui pourroient l'incommoder. Il fe fert pour cela d'une queue de cheval, pendue à un petit bâton qui a un pied de long. Cet éventail, tout laid qu'il eft, eft le feul en vogue chez les grands, & même chez l'empereur. Le gouverneur nourrit plufieur éléphans, & entretient plufieurs compagnies de foldats, tant d'infanterie que de cavalerie, pour lui fervir de garde, tant dans la ville que dehors, & pour exécuter fes

ordres.

Il ne décide point fouverainement par lui feul des chofes de conféquence, il prend confeil d'autres officiers de la ville, comme du cogy, du vacanavish, & du catoval. Le cogy est un homme fort habile dans les loix du pays, qu'on confulte dans les affaires qui ont rapport aux coutumes civiles de l'empire, & qui en décide.

Le vacanavish eft un officier prépofé, pour faire favoir toutes les femaines à la cour ce qui fe palle de remarquable & d'important.

Il y a un autre officier affez femblable à celui-ci; on l'appelle le harearrah. Sa fonction eft de marquer chaque jour ce qui fe fait & fe dit dans le public, & d'en faire le rapport à l'empereur; mais il doit le faire d'une maniere qui ne cho que point le respect dû à un fouverain, dont la moindre indignation eft mortelle.

Le catoval eft un officier de la ville, établi pour empêcher les défordres, & pour les punir : il eft obligé de faire la ronde dans les rues trois fois la nuit, à neuf heures du foir, à minuit, & à trois heures du matin, jusqu'à ce qu'à cinq heures on frappe le tambour, & on fonne de la trompette. Le catoval eft toujours accompagné de plufieurs domeftiques, & de foldats armés d'épées, de lances, d'arcs & de fléches: quelques-uns portent une arme fort à craindre, c'est une baguette de fer, longue d'une coudée, qui a au bout une grolle boule de fer, & avec laquelle on peut facilement brifer la tête d'une perfonne, ou lui enfoncer les cô

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Quoique Surate foit habitée par toute forte de nations différentes, & qu'il y ait bien des étrangers mêlés, avec les naturels du pays, on y voit cependant peu de querelles & de disputes. Les Indiens idolâtres, plus propres à recevoir une injure qu'à la faire, s'éloignent avec foin de tous les crimes odieux & préjudiciables à la fociété, tels que les meurtres, le vol, & femblables; les fautes légeres qu'ils commettent, font feulement punics par la baftonnade ; je crois qu'il y a plus de vingt ans qu'on n'a fait mourir perfonne dans Su

· rate.

L'empereur a feul le droit de vie & de mort, & ne le communique guères qu'aux juges qui font trop éloigués: ainfi quand quelqu'un a commis quelque crime confidérable, on le fait favoir au prince, qui, fans faire venir le criminel, prononce fa fentence fuivant la nature de fon

crime.

On ufe de fermens en juftice, comme dans le pays chrétien. Les Banians ne s'y foumettent cependant qu'avec répugnance, & aimeroient fouvent mieux perdre leurs caufes, que de faire un ferment, parce qu'il y a quelque chofe d'infamant parmi eux. Lorsqu'ils en font, ils mettent leurs mains fur une vache, en difant, que je puiffe manger de la la chair de cet animal facré, fi ce que je dis n'eft pas vrai. Le fentiment où ils font touchant la transmigration, leur inspire un respect fingulier pour tous les animaux, & fur-tout pour la vache, dont ils ne voudroient pas manger pour toute chofe au monde, dans la crainte qu'ils ont de manger la chair de celui dans lequel l'ame de leur pere aura paffé. Ainfi le respect fait en eux, par rapport aux animaux, ce qu'il fait chez les Chinois par rapport à leurs loix & à leurs coutumes; car ils prétendent que leurs peres qui font morts, voyent tout ce que font leurs enfans, & font irrités contre eux, lorsqu'ils transgreffent ou alterent les loix qu'ils leur ont données, & ils les tiennent par ce moyen, dans la foumiffion & l'obéiffance. Quand il fe vole quelque chofe à la campagne, il y a un officier, qu'on nomme le foursdar, qui eft obligé d'en répondre, il a fous lui des foldats & des domeftiques, qui traverfent les campagnes, & rodent dans les grands chemins pour découvrir les voleurs, & faire en forte qu'on puiffe voyager fans danger.

Le havre de Suratta eft à deux lieues de la ville, au village de Suhali, & c'eft à caufe de cela que les Anglois & Hollandois l'appellent le Kom de Suhali; les navires y déchargent leurs marchandifes, que l'on acheve de porter par terre à Suratta. Cette rade eft fituée à 21d 50', fur le cours de nord-eft & de fud-oueft: l'entrée n'eft pas bien large, & à la haute marée on y trouve sept braffes d'eau, & à la baffe cinq.

Le havre même n'a qu'environ cinq cents pas de large devant le village, & le fond de fable & la plupart des bancs demeurent découverts & fecs, au reflux, & font tellement escarpés, que la fonde y eft tout-à-fait inutile. L'on y est à couvert de tous les vents, à la réferve de celui de fud-oueft; mais depuis le mois de mai jusqu'en feptembre, l'on eft contraint de quitter cette côte, à caufe des vents & des

orages.

Les habitans de Suratta font ou benjans, bramans, ou moguls. Ceux-ci font mahométans, & font bien plus confidérés que les autres. Ils ont de l'averfion pour les métiers & pour la marchandise, & aiment mieux fervir que de donner dans un emploi honnête; car dès qu'ils ont gagné de quoi avoir un cheval, ils croyent être au-deffus de la fortune, parce qu'ils entrent auffi-tôt au fervice de leur prince. Les benjans au contraire font retirés & laborieux, s'appliquent au travail & à la marchandife, & ont une dévotion extraordinaire pour les chofes religieufes.

Les Anglois & les Hollandois y ont leurs hôtels, leurs magafins, leurs préfidens, leurs marchands & leurs commis, & en ont fait une des villes les plus marchandes de l'Orient. Les Anglois particulierement y ont établi le fort de tout leur commerce des Indes, & un préfident auquel tous les commis des autres bureaux font obligés de rendre compte. Il s'y trouve affifté de vingt ou vingt-quatre marchands & officiers, & a fous fa direction le bureau d'Agra, où ils ont un commis accompagné de fix perfonnes : celui d'Ispahan, où ils ont un commis & fept ou huit autres mar

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chands: celui de Mafulipatam avec quinze : celui de Brodra & de Broitschia avec quatre; & celui de Dabul avec deux perfonnes, qui font tous obligés de fe trouver tous les ans à Suratta, & d'y rendre compte de leur adminiftration au préfident.

Les dehors de cette ville font les plus beaux du monde'; car outre les jardins, où l'on cultive toutes fortes d'arbres fruitiers, toute la campagne femble vouloir contribuer à tout ce qui peut réjouir la vue. On y remarque entr'autres chofes plufieurs beaux fépulcres bâtis en marbre, & un tancke, ou une citerne faite en octogone, & revêtue de pierres de taille, ayant à chaque coin un escalier pour descendre, & au milieu le fépulcre du fondateur de ce magnifique ouvrage, qui eft fi grand, qu'il a de quoi fournir de l'eau à toute la ville, même pendant les plus grandes chaleurs de l'année.

SURBAJA ou SURABAIA, ville des Indes, dans l'ifle de Java. Voyez SURUBAYA.

SURBAY, baye fur la côte d'Angleterre, dans le Yorckshire, au quartier oriental ou Eft-Riding. Le cap de Flamboroug, en anglois Flamboroughead, forme du côté du midi une baye, nommée Surbay, c'est-à-dire, baye affurée, à caufe de la bonté de fa rade, qui peut contenir quantité de vailleaux. Les anciens la nommoient Eulimenon; ce qui fignifie la même chofe. Ptolomée l'appelle Eulimenon Gabrantonicorum, à caufe que le peuple qui habitoit le d'alentour portoit le nom de Gabrantonici.* Délic. de la Gr. Br. p. 231.

pays

SURDAONES, peuples de l'Espagne Tarragonnoife. Pline, l. 3, c. 3, les place fur le bord du fleuve Sicoris, aujourd'hui la Ségre, & il leur donne pour capitale la ville d'llerda, à préfent Lérida, qui étoit auffi la capitale des Ilergetes: Ilerdenfes, dit-il, Surdaonum Gentis, juxta quos Sicoris fluvius. Ainfi les Ilerdenfes, ou habitans de Lérida, faifoient partie des Surdaons; les Surdaons étoient compris fous les Ilergétes, & Ilerda étoit la capitale des deux peuples. Comme on ignore l'origine des Surdaons, Gaspar Varrerius & quelques autres voudroient lite dans Pline Sardonum, au lieu de Surdaonum, & alors ce peuple tireroit fon origine des Sardones que Pomponius-Mela & Pline mettent dans la Gaule Aquitanique; mais il vaut peut être mieux ignorer l'origine d'un peuple, que de fe hazarder fans fondement à faire une correction dans un auteur ancien.* Marca Hispan. 1. 2, c. 26.

SURE', bourg de France, dans le Perche, élection de Mortagne.

SURENI. Voyez SURUM.

que

SURENTI, pointe d'Italie, au royaume de Naples, environ à trois milles à l'oueft-fud-oueft de la pointe de Vigo, avec une tour de garde; mais la derniere eft plus haute la premiere. Entre les deux, il y a un peu d'enfoncement, où la côre eft escarpée, unie par le haut, presque toute remplie de concavités fouterreines, vers la mer, faites à la pointe du marteau, & qui eft remarquable par fes antiquités. Près de la pointe du fud-oueft de Surenti eft la ville de même nom; & fur le bord de la mer, proche de cette ville, il y a deux petits forts armés de quelques canons, pour la défense du mouillage. On peut aufli mouiller devant la ville près de la pointe du fud-oueft, par fept à huit braffes d'eau. La premiere ancre fera par dix-huit à vingt braffes d'eau, fond d'herbe vazeux! A l'extrémité de cette pointe, il y a plufieurs écueils hors de l'eau & fous l'eau proche de la pointe. De la pointe de Surenti au cap de Campanel, la route eft environ le fud-fud-oueft, & la diftance de cinq milles. Cette côte eft fort haute, escarpée vers la mer, & remplie de tours de garde fur toutes les pointes & hauteurs. *Michelot, Portul. de la Médit. p. 123.

SURENTUM. Voyez SURRENTUM.

SURESNE, bourg de l'ifle de France. Il eft connu pour être un des meilleurs vignobles des environs de Paris. Il y a à Suresne un prieuré, qui a été uni à la manfe abbatiale de

S. Germain des Prez.

SURFONT, paroiffe de France, dans le Baffigny, élection de Chaumont : cette terre appartient à la maifon de Choifeuil, qui l'a acquife de celle de Clermont, où elle étoit entrée par le mariage de Jean d'Amboife, avec Catherine de S. Blin. Surfont eft une terre confidérable.

SURGERES, bourg de France, au pays d'Aunis, à trois lienes de Tonnay Boutonne, & à fix lieues de la Rochelle. Il s'y tient plufieurs foires où l'on fait un grand commerce

de chevaux. Surgères a titre de marquifat, & appartient à une branche de la maifon de la Roche-Foucaut.

SURGUES, paroiffe de France, dans la Picardie, au gouvernement d'Ardres, à cinq lieues de Boulogne & de à cinq lieues de Boulogne & de S. Omer, avec titre de baronnie. Esquieules eft un fecours de cette paroiffe.

SURGUTO ou SURGUT, ville de l'Empire Ruffien dans la Sibérie, à l'eft de l'Oby. Cette petite ville eft mal peuplée, & on y fait fort peu de commerce. La plupart des gens de ce pays font fi miférables, qu'à peine ont-ils de quoi le couvrir le corps. Ils poffèdent peu de terres labourables, & ce qu'ils cultivent eft fort peu de chofe, de forte qu'ils ne fubfiftent que de la chaffe des martes zibelines, des hermines & des renards. Ils ne prennent pas les martes avec des trapes, ils les tuent avec des fleches émouffées, ou bien ils allument du feu fous l'arbre, fur lequel fe tient la marte-zibeline, qui ne pouvant fupporter la fumée, fe laiffe tomber. Alors ceux qui font fous l'arbre fe jettent desfus. Pour les hermines ils leur tendent des trapes, & vont à la chaffe des renards avec des chiens. On trouve fur-tout, en avançant dans le pays à l'eft, & en remontant l'Oby, depuis Surgut jusqu'à la ville de Narum, de très belles marteszibelines, d'un brun pâle, & de noires; les plus belles hermines viennent de la Sibérie, & même de toute la Ruffie. Les renards noirs font d'une beauté inexprimable. On en conferve les plus beaux pour la cour, & on les eftime jusqu'à deux ou trois cents roubles la pièce. Il y en a même qui furpaflent en cette couleur les plus belles martes-zibelines de la Daurie. On les prend avec des chiens, ausquels ils donnent fouvent le change. Il y a auffi dans ce pays des renards, qui ne font qu'à demi noirs, mêlés de gris, & l'on prend rarement de ceux qui font entierement noirs. Quant au rouges, ils y abondent. On trouve encore quantité de loutres & de bièvres. Les premiers ne vivent que de proye, & font de dangereux animaux. Ils fe perchent fur les arbres comme les luxes, d'où ils ne branlent pas, jusqu'à ce qu'il paffe des élans, des cerfs, des daims, ou des lievres, fur lesquels ils s'élançent, & ils ne les quittent pas qu'ils les ayent terraffés, & percés à coup de dents, après quoi ils les dévorent. On fait des contes extraordinaires touchant les bievres, qui ont leurs tanieres le long de cette riviere, dans les endroits les moins fréquentés, & où il y a une plus grande abondance de poiffon, qui fait leur nourriture ordinaire. On prétend entr'autres que ces animaux s'atroupent par couples au printems, & font une forte de voifinage; qu'enfuite ils font des prifonniers de leur espéce, & qu'ils traînent dans leurs tanieres, pour leur fervir d'esclaves; qu'ils abattent des arbres, en les tongeant par le pied, & les traînent vers leurs demeures, où ils en coupent des branches d'une certaine longueur, dont ils fe fervent pour enfermer les provifions qu'ils font pendant l'été, vers le tems que leurs femelles font leurs petits. On ajoute qu'enfuite ces animaux s'aflemblent une feconde fois, & qu'après avoir abattu un arbre, qui a quelquefois une aulne de tour, ils le réduifent à la longueur de deux braffes, puis le traînent dans l'eau jusqu'à leurs tanieres, devant les trous desquels ils le dreffent dans l'eau à la profondeur d'une aulne, fans que cet arbre touche le fond, & le pofent dans un équilibre fi jufte, que ni la force du vent, ni celle des vagues ne fauroit l'ébranler. Si l'on ne connoiffoit pas l'induftrie du caftor, celle des bievres pafferoit pour une fable. Il y a bien des gens dans ce pays, qui attribuent fur-tout l'érection de cette arbre, devant les tanieres, à la magie des Oftiaques, & des autres païens qui habitent dans ces quartiers; mais ils ajoutent qu'il eft certain que les payfans favent diftinguer parmi ces animaux les esclaves d'avec les autres, par leur maigreur, & par leur poil qui eft ras à force de travailler. Les Ruffiens & les Oftiaques qui les prennent à la chaffe, ne détruifent jamais toute la taniere, & ont foint d'y laiffer toujours un mâle & une femelle, pour la multiplication de l'espéce. * Adam Brand. Voyage de Moscovie. Corn. le Bruyn, Voyages, t. 3, p. 343.

SURGY, bourg de France, dans le Nivernois, élection de Clamecy.

SURIA. Voyez SYRIE SURIASSER, ville de la Turquie ville de la Turquie, en Afie, dans l'Anatolie, felon Davity, Ionie, qui dit qu'elle est voi fine de Smyrne, & fert de demeure à un Sangiac. Cette ville, ajoute-t-il, eft importante, & fituée près cap Stellaro ou Stillari, anciennement Mymas, op

du

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gement.

SURICI, ifle de l'Archipel, près de la côte feptentrionale de l'ifle de Négrepont, environ au fud-ouest du cap fud-oueft de l'ifle de Sciatta. Cette ifle, qui femble être marquée fous le nom de Podico, dans les cartes marines italiennes, eft prife pour l'ancienne Cicynethus ou Otulis, dont Etienne le géographe fait mention. Les vaiffeaux peuvent trouver une fort bonne rade à l'abri des vents du nord & du nord-oueft, entre cette ifle & celle de Négrepont. Mais en tirant delà du côté de l'orient, il n'y a aucune bonne rade pour les grands bâtimens, le long de la côte feptentrionale de cette derniere ifle, la mer y étant fort profonde par-tout & fans fond. Cette côte eft dure, inégale & raboteufe, & les matelots courent infailliblement risque d'y faire naufrage, lorsqu'ils font pouffés contre un rivage un peu bas, & qu'ils ne peuvent pas l'éviter en détournant leurs voiles.* Dapper, Descr. de l'Archipel, p. 339.

SURIGA, ville de la Mauritanie Tingitane. Ptolomée, l. 4, c. 1, la place fur l'Océan Atlantique, entre le promontoire Ufadium & l'embouchure du fleuve Una. Le nom moderne eft Abet, felon quelques-uns, & Goz-Porto, felon d'autres. Goza & non pas Goz-Porto eft la même ville qu'Abet.

SURII, peuples qui n'admettoient à leurs facrifices aucun esclave, felon Athenée, qui cite Philarque. * Ortel. Thefaur.

SURIN, feigneurie de France, dans le Berry. Elle appartenoit aux peres jéfuites, à qui Henri II, prince de Condé, la donna, pour fonder la claffe de théologie dans leur college de la ville de Bourges.

an

SURINA, province de l'Amérique méridionale, au pays des Amazones, à l'orient de celui des Cufignates, nation qui cultive les plaines fituées fur le bord méridional du fleuve des Amazones. Les peuples, qui habitent cette province, font les Surines & les Coripunes, nation les plus curieufes & les plus adroites de toute l'Amérique en ouvrages de bois. Ils font des bancs & des fiéges en figure d'animaux, avec une délicateffe qui va au-delà de tout ce qu'on peut s'imaginer. Ils font aufli des javelots & des fleches que recherchent toutes les nations voifines. Les petites idoles qu'ils forment au naturel, font travaillées avec une fi grande induftrie, que nos plus habiles fculpteurs feroient contraints de les admirer. L'échange qu'ils font de tous ces divers ouvrages, leur fait mener une vie aifée & commode; le commerce qu'ils en font leur attirant de tous cotés toutes les chofes qui leur peuvent être néceffaires.* Le comte de Pagan, Relat. hift. & géogr. de la riviere des Amazones.

SURINAM ou SURINAME, riviere de l'Amérique, dans la terme ferme, au pays appellé Guïane ou Goyanne. Elle a fon embouchure entre celles de Coupenam & de Soramine, coule presque du midi au nord, donne fon nom à cette étendue de pays, où les Hollandois fe font établis, eft fituée dans la Guiane, fur les côtes de l'Amérique méridionale, à fix ou fept degrés de latitude feptentrionale. A fon embouchure il y a des bancs de fable, mais qui font couverts de trois braffes d'eau, lorsque la marée eft haute. Elle a environ une lieue de largeur, qu'elle conferve depuis fon embouchure, jusqu'au confluent de la Commewine, qui fe jette dans la riviere de Suriname. La premiere descend de l'occident & l'autre de l'orient. Ces deux rivieres, au-deffus de leur confluent, ont chacune environ une demi-lieue de largeur, & font fi profondes, qu'elles peuvent porter les plus gros bâtimens, jusqu'à trente lieues en les remontant. De l'Isle, Atlas. Janion, Etat préfent des Provinces-Unies, t. 2, p. 406 & fuiv.

*

A deux lieues de l'embouchure de cette riviere, il y a le fort Zelandia, bâti de briques, avec un bourg nommé Paramaribo, d'environ quatre cents maifons. Les François avoient occupé ce pofte l'an 1640, mais ils l'abandonnerent quelque tems après, parce qu'ils le trouverent trop mal fain. Les Anglois enfuite en prirent poffeffion, mais ils en firent peu de cas; de forte qu'en 1668 Charles II,

roi

roi de la grande Bretagne, tomba facilement d'accord de rendre cette colonie aux Hollandois, ce qui n'eut pourtant fon entiere exécution qu'après la conclusion de la paix en 1674.

Le pays étoit alors effectivement fort mal fain, parce qu'il étoit tout couvert de bois, qui empêchoient que le vent & le foleil, quoique deux fois vertical l'année, ne le defféchaffent. Cependant quelques habitans de Zélande, fous la protection des états de cette province, y allerent former des établissemens, & voyant qu'on en pouvoit tirer une prodigieufe quantité de fucre, ils abattirent tant de bois, , que le foleil & les vents, en defléchant le terrein, rendirent ce pays beaucoup plus fain qu'auparavant.

Comme la nouvelle compagnie des Indes occidentales, à qui les états de Zélande avoient transporté cette colonie, n'étoit pas en état par elle même d'y envoyer tout le fecours néceffaire, elle en céda un tiers aux magiftrats d'Amsterdam, un autre à M. d'Aarffens, feigneur de Somelsdyk, & ne s'en réferva que le troifiéme tiers. C'eft delà qu'on a nommé cette colonie la fociété de Suriname; mais la fouveraineté en appartient aux Etats Généraux. Depuis cet arangement, plufieurs familles fe transporterent dans ce pays, & y firent des plantations de fucre, qui leur rapporterent des profits confidérables. A mefure que cette colonie fe peuploit, l'air s'y purifioit par de grands abatis d'arbres & des brouffailles, & par le plantage des cannes de fucre; ce qui y attira un grand nombre d'habitans, de forte qu'en 1683, on y comptoit déja jusqu'à cinq ou fix cents familles.

Ces heureux fuccès porterent les Etats Généraux à favorifer cette colonie; ils lui accorderent le 23 feptembre 1682, un octroi, contenant trente-deux articles, en faveur de la compagnie des Indes occidentales, & pour la fureté de ceux qui étoient déja établis dans cette colonie, ou qui s'y établiroient dans la fuite.

Entr'autres prérogatives, leurs hautes puiffances, par cet octroi, accorderent à la compagnie le droit de lever trois florins par laft de tous les vaifleaux qui entreroient dans le port de Surinam, ou qui en fortiroient : de même qu'une capitulation de cinquante livres de fucre par an fur chaque habitant, blanc ou noir; & deux & demi pour cent de la valeur de toutes les marchandises, envoyées en Hollande, ou vendues dans le pays même, pour le droit du poids public.

Un autre avantage confidérable de la compagnie eft celui d'avoir feule le droit de transporter des Negres à Suriname ; mais elle eft obligée de les y vendre publiquement deux à deux, pour en accommoder tous les habitans, fans aucune diftinction. Elle peut auffi obliger tous les vailleaux qui vont dans ce pays d'y transporter chacun douze perfonnes, moyennant trente florins par tête, tant pour le pallage, que pour la nourriture; & deux enfans, au-dellous de douze ans, ne paffent que pour une perfonne.

Il eft permis à tous les habitans de la république d'aller s'établir à Suriname, & d'y négocier, en payant à la compagnie le droit du laft, ci-deffus mentionné, & en dondant caution que leurs vaiffeaux n'iront point fur les côtes d'Afrique, ni dans aucun lieu où la compagnie a feule le droit de trafiquer, & qu'ils retourneront directement dans les ports de ces provinces. Après avoir payé le droit du latt à la compagnie, ils en obtiennent des paffeports pour faire leur voyage: & afin de favorifer les négocians particuliers, il eft défendu à la compagnie d'envoyer à Suriname un plus grand nombre de vaiffeaux qu'il ne lui en faut pour y transporter des esclaves.

La compagnie eft chargée de l'entretien du fort Zelundia & de celui de Somelsdye, de même que de l'artillerie, des munitions de guerre, du payement des troupes, & de tout ce qui concerne le maintien & la défense de la colonie. Elle a foin aufli d'y envoyer des miniftres, mais ils font entretenus aux dépends de la colonie.

Enfin, par le grand nombre des Hollandois, qui y ont fait des plantations, la colonie eft devenue très-floriffante, & s'est étendue jusqu'à trente lieues au-deffus de l'embouchure de la riviere; mais il n'y a pas apparence qu'elle puiffe s'étendre plus loin, à caufe des cataractes qui empêchent de remonter les deux rivieres, & des rochers qui ne permettent pas de pénétrer plus avant, & qui fervent en même tems de remparts à la colonie contre les atta

ques des Sauvages qui habitent fur les hauteurs, & qu'on ne peut apprivoifer.

Depuis quelques années la colonie eft devenne trèspuiffante; car, outre les Indiens, on y compte aujour d'hui plus de huit cents familles, parmi lesquelles it y en a un affez grand nombre de François réfugiés, qui ont un pafteur,que la colonie entretient. On fait auffi monter les plantations jusqu'à quatre cents & plus, qui rappor tent des profits immenfes aux propriétaires.

Toutes ces plantations font fituées le long des rivieres. Un peu au-deflus de Paramaribo, il y a une belle maifon, qui fut bâtie fous le gouvernement de M. de Somelsdyk. Plus haut on trouve un village, nommé le Zantpunt, qui confifte en vingt-cinq ou trente maisons, avec une églife. Au-deffus de ce village il y en a un autre, qu'on nomme le quartier des Juifs. Les meilleures plantations font dans ces quartiers, & c'étoit autrefois l'extrémité de la colonie; mais la fœur de M. de Somelsdyk étant arrivée dans ces pays, les Labadiftes, qui l'accompagnerent, établirent plus haut une plantation, qui porte encore leur nom. Au confluent des rivieres de Suriname & de Commewine, est fitué le Krabbebosch, lieu fort marécageux, & où on n'a pû conftruire un fort pour défendre ces deux rivieres; cependant il y a celui de Somelsdyk, au confluent de la Commewine & de la Cottica, qui eft un autre bras de la riviere de Suriname. Le long de la Cottica, il y a un grand nombre de plantations, jusqu'à quinze ou feize lieues en remontant, auffi - bien que fur une autre petite riviere qu'on nomme Piereka, & qui tombe de la Cottica dans la Commewine. Il y a divers autres bras de ces rivieres, le long desquels font quantité de plantations.

Ces rivieres font abondantes en poiffons, les uns trèsbons & les autres fort rares. On en remarque entr'autres un qu'on nomme Torpille, & qui caufe un engourdiffe ment des membres à tous ceux qui le touchent feulement avec un bâton.

Depuis la fin de novembre jusqu'au mois de juillet la chaleur y eft tempérée, & les pluies y font abondantes.

Pendant le refte de l'année la chaleur y eft exceffive. Les jours & les nuits font presque égaux pendant toute l'année, & le foleil s'éleve & fe couche toujours à fix heures, ou une demi-heure plutôt ou plus tard. Le pays voifin de la mer eft bas, marécageux & rempli de bois; mais à trente lieues de là il eft montagneux, & entrecoupé de grandes plaines, où l'on voit plufieurs bocages. Les arbres font verds toute l'année, & quelques-uns portent des fleurs & des fruits en même tems; la plupart répandent une odeur qui embaume tous les environs. Ce pays convient beaucoup mieux aux perfonnes âgées qu'aux jeunes gens.

Les maladies qui y regnent le plus font les fièvres de toute espece, le jawe & l'hydropifie, que l'on nomme la maladie du pays. Le jave reffemble fort à la vérole, & l'on gagne facilement ce mal avec les Indiennes, qui en font presque toutes attaquées naturellement. L'hydropifie eft caufée par la mauvaise nourriture qu'on donne aux esclaves; mais ceux qui fe nourriffent mieux en font exempts.

Il y croît quatre forte de racines, dont les Indiens fe nourriffent principalement, & qu'on nomme james, planton, caffade & bonanoe. La premiere porte des fleurs femblables au houblon; cette racine meurit dans l'espace de huit mois, &, quand on l'a bouillie ou rotie, elle fe met en mie. Le planton eft le fruit d'un arbre, qui n'est mur qu'au bout d'une année, & qui eft plus gros qu'une féve: il y en a quarante ou cinquante à une touffe, mais l'arbre n'en porte qu'une. On cueille ce fruit avant qu'il foit tout-à-fait mur, on le fait bouillir ou rotir, & l'on en fait une espéce de pain. La caffade eft une autre racine, de la groffeur de la jambe : elle produit un arbre de huit pieds de haut. Quand l'arbre a crû pendant un an, on arrache cette racine, & on replante les branches de l'arbre. On ratiffe cette racine & on en exprime tout le fuc, qui eft un venin ; & après qu'elle a été féchée & pilée, on en fait des gâteaux, qu'on cuit fur des pierres chaudes. Cette espéce de pain eft bon quand il eft frais, mais il ne vaut guères quand il a paffé un jour. Les Indiens font de cette racine ainfi préparée, diverfes fortes de boiffons, dont l'une entr'autres, qu'on nomme perinoe, eft bonne, & reffemble aflez à de la bierre forte. La bonanoe eft une racine femblable à celle de planton, excepté qu'elle eft d'un meilleur gout.

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