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entre celle du fleuve Tobius, & le golfe Sabriana. Cambden croit que c'est présentement le Tave ou Taff.

RHATTA, ville de la Babylonie. Elle étoit, selon Prolomée, 1.5, 6.20, au voisinage de Chiriphe. Le manuscrit de la bibliothéque palatine lit Rattha pour Ratta.

RHAUCUS, ville de l'ifle de Crete, selon Etienne le géographe.

RHAUDA. Vovez RAUDA.

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RHAUGARA. Voyez RHAGAURA. RHAVIUM, fleuve de l'Hibernie. Son embouchure est placée par Ptolomée, 1.2, c. 2, entre le promontoire Boreum & la ville Nagnata. Cambden croit qu'il faut lire Banium au lieu de Rhavium, & que le nom moderne est Banny.

RHAUNATHI, village de l'Arabie heureuse. Prolomée, l. 6, c. 7, le marque sur le golfe arabique, entre la ville Phænicum, & l'extrémité du Chersonnése.

RHAURARIS selon Strabon, ARAURIUS selon Ptolomée, & ARAURARIS selon Pomponius Mela, fleuve de la Gaule narbonnoise. Le nom moderne est ERHAUD. Voyez ce mot & ARAURARIS.

RHAUZIUM, métropole de la Dalmatie, selon Ortelius, Thef. qui cite Cédrene & Curopalate, & foupçonne que ce pourroit être aujourd'hui la ville de Raguse. RHAX. Voyez Raz.

RHAZUNDA, ville de Médie: Ptolomée, 1. 6, τ. 2, la place dans les terres entre Sanais & Veneca: si on en croit Lazius, elle se nomme présentement RHEMEN.

RHE, lieu au voisinage de l'Arménie, selon Cédrene & Curopalate, cités par Ortelius, Thefaur.

RHEA. Ptolomée, 1.6, c. 10, donne ce nom à une ville de la Margiane.

RHEÆ, MONS, en grec Pilns "Opos; montagne de P'Asie mineure, dans la Troade, selon Strabon, 1. 13, P. 589.

RHEE-SEDES, coline, dans la Thébaïde de Bœotie: C'est Polyænus, Strat. 1. 2, c. 12, qui en parle. RHEE-SINUS, golfe aux environs de la mer Ionienne, felon Ortelius, Thes. qui cite Eschyle, in Prometheo.

RHEBA. Voyez RHÆBA.

RHEBAS, fleuve de la Bithynie. Il a sa source au mont Olympe, & fon embouchure dans le Pont-Euxin, près de celle du fleuve Psillis. Arrien dans son périple du Pont-Euxin, p. 13, dit qu'en allant par eau du temple de Jupiter Urien, & prenant à la droite, on trouve le fleuve Rhebas, qui en est éloigné de quatre-vingt-dix stades; & que de l'embouchure de ce fleuve à Acra Melana, il y avoit cent cinquante stades. Le périple de Scylax, p. 34, met le fleuve Rhebas dans le même endroit, quoiqu'il ne marque pas le nombre des stades; & le périple de Marcien d'Heraclée, p. 69, s'accorde avec celui d'Arrien, tant pour la position entre le temple de Jupiter Urien, & le promontoite de Melena, que pour le nombre des stades. Ce fleuve est nommé, Rhebanus par Orphée, Rhesus par Pline, Rhebacus par Apollonius, & Rhebantia par Denys de Byzance. Pierre Gilles nous apprend, qu'on appelle encore aujourd'ui Ribas; & le Scholiafte d'Apollonius écrit, qu'on donne à ce fleuve le nom de Salmydessus, parce qu'il joint ses eaux avec celles d'un fleuve de ce nom. Ortelius remarque que le Rhebas n'est point le Rhesus d'Homére, Iliad. p. 20, quoiqu'un certain nombre de modernes ayent confondu ces deux fleus ves. Le Rhesus avoit sa source au mont Ida: du tems de

Strabon, 2. 13, p. 602, son nom étoit Rhocites. À la vérité on n'en voit plus aucune trace, & il n'y en avoit plus même du tems de Pline. * Ortelius, Thes.

RHECHATH, RECHATH OU RACHATH, ville de la Palestine. Elle se trouve dans le partage de la tribu de Nephtali; & c'étoit une des villes qui font dites très-fortes. * Jofué, 19, 35.

RHECENSIS, fiége épiscopal d'Afrique. Dans les ca nons du concile de Carthage, on trouve un certain Cresconius, qualifié episcopus Rhecenfis. Il s'étoit emparé de l'église de Recena. * Ortelius, Thefaur.

RHECHIUS, fleuve de Grece, selon Ortelius qui cite Procope, Edif. t. 4, c. 3. Coufin, dans sa traduction, nomme ce Heuve REGIUS. Ce fleuve, selon Procope, coule assez près de Thessalonique, où, après avoir arrosé un terroir fort fertile, il se décharge dans la mer. Son cours est calme & paisible: fon eau est bonne à boire. Les bords font couverts d'agréables pâturages; mais le pays avec tous ces avantages étoit exposé aux courses des ennemis, n'ayant aucun fort dans l'espace de quarante milles. C'est pourquoi Justinien en fit bâtir un à l'embouchure de ce fleuve, & il le nomma Artémise.

RHECHOBOTH. Voyez Roноовотн.

RHEDA OU RHEIDE, petite ville d'Allemagne, en Westphalie, dans l'évêché de Munster, sur la riviere d'Ens, près de Wydenbruck & de Ritberg. Il y a un beau château avec seigneurie. Quelques - uns mettent cette ville dans le comté de Tecklenburg. * Zeyler, Topog. Westphal.

RHEDONES, peuples de la Gaule, dans l'Armorique. César, 1.7, 6.75, & Ptolomée, 1.2, 6.8, en font mention. Sanson, dans ses remarques sur la carte de l'ancienne Gaule, observe que les Rhedones habitoient les terres, que renferment aujourd'hui les diocèses de Rennes, de faint Malo & de Dol: ces deux derniers ayant été ti rés du premier. Leur capitale étoit CONDATE. Voyez REN

NES.

RHEGEDORA, ville de la Cappadoce, selon Ortelius, Thef. qui cite Porphyrogénete.

RHEGENSES. Voyez RHEGIUM. RHEGEPODAUTOS, ville de la Cappadoce. Ortelius en parle d'après Porphyrogénete.

RHEGIANUM, ville de la basse Mesie : Ptolomée, i. 3, 6.10, dit qu'elle étoit sur le Danube.

RHEGIAS, ville de Syrie, dans la Cyrrhestique, selon Ptolomée, 1.5, 6. 15, qui la marque entre Ariferia & Ruba.

RHEGINA. Voyez REGINA.

RHEGINI. Voyez au mot RHEGIUM, l'article RHEGIUM-JULIUM.

1. RHEGIUM ou RHEGIUM-JULIUM, ville d'Italie, chez les Brutiens, felon Strabon, l. 6, p. 258, & Ptolomée. Le premier dit que le roi Denys la rasa, que Denys le jeune la rétablit en partie, & l'appella Phœbia, & qu'Auguste en fit une colonie romaine. Gabriel Barri dit d'après Joseph, l. 1, c. 7, qu'on la nomma anciennement Aschenaz, & ajoute d'après Denys d'Halicarnasse, qu'Antiochus donna à cette même ville les noms de Neptunia, & de Posidonia. Saint Paul aborda dans cette ville, en allant à Rome, l'an 61 de Jesus-Christ, act. 28, 123 14. Saint Luc qui étoit dans sa compagnie, n'ayant rien dit des miracles qu'on prétend que faint Paul fit en ce lieu, son silence peut les faire tenir du moins pour fort suspects, Le nom moderne est REGGIO. Voyez ce mot no i.

2. RHEGIUM, RHEGIUM LEPIDI, RHEGIUM-LEPIDUM, & fimplement RHEGIUM, ou même REGIUM sans aspiration, ville d'Italie, dans la Gaule Cispadane. Voyez REGGIO, no 2.

3. RHEGIUM ou REGION, lieu de Thrace, au voisinage de la ville de Constantinople. Ilya, dit Procope Edif. lib. 4, c. 8, dans un fauxbourg de Constantinople, un fort nommé Strongilon.... Le chemin qui conduit de ce fort à Rhegium, étant haut & bas, & se trouvant rompu par les eaux & par la fange, toutes les fois que les pluyes étoient abondantes, Justinien le fit paver de grosses pierres, & le rendit aise & commode. Il est de la largeur qu'il faut pour paffer deux chariots de front. Les pierres font fort dures, fort larges & fort épaisses; & elles sont si bien jointes, qu'il semble que ce ne soit qu'une seule piece. Il y a, ajoute

,

Procope, proche de Rhegium, un lac, où plusieurs rivieres se déchargent ; il s'étend jusqu'à la mer, & n'a avec elle qu'un même rivage, qui est fort battu par ses vagues. Quoique les eaux de la mer & du lac soient enfermées dans un même canal, elles ne laissfent pas d'avoir un cours tout contraire. Lorsqu'elles se sont un peu approchées, elles se replient & se retirent, comme si elles s'imposoient des bornes. Il ya, à l'endroit où elles se joignent, un détroit où l'on ne les peut distinguer. Le lac ne se décharge pas toujours dans la mer, ni la mer ne remonte pas toujours dans le lac. Lorsqu'après de grandes pluyes, il souffle un vent de midi, le lac avance visiblement vers la mer. Au contraire, lorsqu'il Souffle un vent de feptentrion, la mer se répand sur le lac, & s'étend fort loin, quoique ce soit dans un espace fort étroit & fort profond, que l'on appelle pour ce sujet Fourmi. Le détroit où la mer & le lac se mêlent, a un pont, où l'on ne pouvoit autrefois passer sans danger, parce que les vagues enlevoient souvent le pont & les hommes qui passoient dessus. Justinien pourvut à la sureté du passage, en faisant batir un pont de pierre, au lieu d'un pont de bois.

4. RHEGIUM. Voyez RIEz.
1. RHEGMA, lieu de la Cilicie: Strabon, 1. 14,

p. 672, le place à l'embouchure du fleuve Cydnus.
2. RHEGMA, enfoncement ou ance, dans le golfe
Perfique, selon Etienne le géographe.

3. RHEGMA, ville de l'Arabie heureuse: Prolomée, 1.6, c. 7, la marque sur la côte du golfe Persique, & dans le pays des Anarites.

RHEGUSCÆ. Voyez RuGUSCI.

RHEIE, en grec fein. Voyez RHEE-MONS. RHEIMS, (Rhemi) ville de France, dans la Champagne, sur la riviere de Vele (Vidula), archevêché & duché-pairie, présidial & université.

Cette ville, l'une des plus anciennes, des plus célébres, des plus belles & des plus grandes du royaume, étoit anciennement la capitale du peuple appellé Rhemi ou Rémois, & se nommoit Durocortorum. Cefar fait une meution honorable de ces peuples, & dit qu'ils en avoient plufieurs autres sous leur dépendance ou sous leur protection. Du nombre de ces derniers étoient les Carnutes ou les Chartrains. In eorum clientela erant. Les Rémois étoient les plus considérables des Belges, & les Romains les comptoient au rang de leurs plus fidéles alliés dans les Gaules. Lorsque dans la fuite Constantin établit une nouvelle belgique, il en fit Rheims la capitale. Dès avant ce tems, il y avoit dans cette ville un magasin d'armes avec une manufacture où l'on doroit les armes des empereurs ; & lors. qu'Auguste fit faire les grands chemins des Gaules, il en fit faire plusieurs qui conduisoient de Rheims dans différentes villes de l'empire. Il en subsiste encore des vestiges considérables auprès de Rheims, & dans quelques endroits de la province. Cette ville ne fut pas moins célébre sous les rois de France. Clovis s'y fit baptiser avec les principaux de sa nation par saint Remy, qui l'avoit instruit dans la religion chrétienne. Les rois Mérovingiens donnerent dans la suite de grands biens à l'église de Rheims; & cette ville fut une des deux capitales du royaume d'Austrafie. Par le partage des fils de Louis le Débonnaire, elle échut à Charles le Chauve, & devint partie du royaume de Neustrie. Sous les successeurs de ce prince, les archevêques de Rheims devinrent seigneurs des terres que les rois Mérovingiens avoit données à leur église; & Louis d'Outremer donna la seigneurie & le comté de Rheims à l'archevêque Artaud: mais les comtes de Vermandois qui s'étoient précédemment à diverses reprises emparés de la seigneurie de cette ville, en déposséderent Artaud, & resterent comtes de Rheims jusqu'à Renaud, qui mourut sous le roi Robert. Depuis ce tems, les archevêques ont toujours été seigneurs de la cité, c'est-à-dire de l'ancienne ville, dont on voit encore les portes. La nouvelle, beaucoup plus étendue que l'ancienne, fut fermée de murailles dans le quatorziéme fiécle. L'ouvrage, commencé vers 1321, fut achevé sous le roi Jean vers 1360. Louis le jeune & Philippe Auguste donnerent le titre de duc à l'archevêque Guillaume de Champagne, cardinal & frere de la reine Adèle; & confirmerent aux archevêques de Rheims le droit de sacrer & couronner les rois de France, qu'on leur contestoit dans ce siécle-là. Tous les fuccesseurs de Philippe Auguste ont été sacrés à Rheims, hors Henri IV, qui se fit facrer à Chartres, parce que Rheims étoit dans le parti de la li

gue. Le sacre de Philippe Auguste fut le seul où tous les Pairs de France assisterent en personne.

On voit à Rheims plusieurs monumens illustres de son ancienneté. Trois de ses portes retiennent encore les noms de divinité du paganisme. Ce font les portes de Mars, de Cères ou Cérès, & celle di Lumières ou des Lumieres, c'est-à-dire du Soleil. Dans la ville près de la porte de Mars, est un arc de triomphe, que ceux qui prétendent que Jules César fit le premier enceindre la ville de Rheims de murailles, croient avoir été érigé en son honneur par ordre d'Auguste: mais d'autres en trouvent l'architecture plus moderne, & font d'avis qu'il fut conftruit en l'honneur de Julien, lorsque, revenu de son expédition d'Allemagne, il passa par Rheims pour aller à Paris. Des figures de femmes aîlées, représentées avec différens attributs de la victoire, témoignent que cet arc fut élevé pour quelque grande victoire remportée par un empereur. Il avoit été couvert de terre; mais on l'a déterré depuis jusqu'au milieu de sa hauteur; une de ses arcades en 1595, & les deux autres en 1667. Il est d'ordre corinthien avec des colomne scanelées, & des bas-reliefs dans les voutes. L'arcade du milieu a trente-cinq pieds de haut & quinze de large. On y voit une femme peinte à fresque. Elle tient entre ses bras deux cornes d'abondance, symbole de la fertilité du pays. Quatre enfans, qui font auprès d'elle, marquent les quatre saisons; & les douze mois font représentés par douze autres figures: les deux autres arcades sont de trente pieds de haut & de huit de large. On voit à celle de la droite Remus & Romulus qui têtent une louve, à côté de laquelle sont Faustulus & Aura Laurentia. L'arcade de ła gauche offre Leda, qui embrasse Jupiter transformé en cigne, avec un amour qui les éclaire. Cet arc de triomphe servit de porte à la ville jusqu'en 1545, qu'on en bâtit une autre à côté, qui conserve le nom de porte de Mars. Près de là sont quelques vestiges d'un ancien château, nommé Forum ou Caftrum Cafaris, & l'on voit à deux cents pas de la ville les restes d'un amphithéâtre nommé les Arcives ou mons Arceus. Dans une rue près de l'université, est un autre arc de triomphe autrefois conmposé de trois arcades, dont il n'en reste qu'une. Elle a vingt-cinq pieds de haut, & huit d'épaisseur. Elle est ornée de grandes feuilles d'achante. Deux grosses piles, accompagnées de colomnes cannelées, foutiennent la voûte, au-dessus de laquelle est un platfond quarré avec des bordures de roses gravées à l'anrique. Dans le platfond est une Venus toute nue, assise, embrassant un triton. Auprès d'eux, est un cupidon les aîles étendues. Cet arc de triomphe servoit autrefois de porte, sous le nom de porte Bafée : mais depuis 1346, que l'on commença d'agrandir la ville, cette porte ne fut plus d'aucun usage.

La ville de Rheims est située dans une plaine, environnée de petites montagnes, à deux ou trois lieues de distance, sur le penchant desquelles il croît d'excellens vins : mais en petite quantité: sur le sommet, il y a quelques bois ou bocages. Les murailles de la ville ont une grande lieue de circuit, & font arrosées en partie par la Vêle qui se décharge dans l'Aine, & qui prend sa source à quatre lieues de Châlons au village de Somme-Vêle.

Rheims étoit autrefois du bailliage royal de Vermandois, dont le bailli, qui n'avoit originairement aucun fiége fixe, tenoit ses séances en différens lieux de son reffort, suivant que le besoin l'exigeoit. François I établit à Rheims le bailliage royal de Vermandois, qu'il démembra de celui de Laon; & ce bailliage, avec ceux de Fimes & d'Epernai, fait aujourd'hui le ressort du présidial de Rheims, créé comme les autres présidiaux en 155I.

On bat monnoye dans cette ville, & la marque est l' S.

L'hôtel - de - ville est très - beau. Il fut bâti en 1630: mais il n'y en a de fait que la moitié.

L'université de cette ville est composée de quatre facultés. Elle fut fondée par l'archevêque Charles, cardinal de Lorraine, & érigée par des bulles de Paul III, & des lettres-patentes de Henri II, données en 1548, & vérifiées au parlement de Paris en 1549. Au-dessus des toits des bâtimens est un croiffant, devise de Henri II. Il y a un beau college pour les humanités, la philofophie & la théologie.

Le principal commerce de Rheims est celui des vins, & de différentes fortes de petites étoffes de laines qui s'y fa

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briquent, le pain d'épice est très-célébre; & se transporte dans presque tout le royaume.

Après la bataille de Poitiers où le roi Jean fut fait prifonnier en 1356, Edouard III, roi d'Angleterre, qui se prétendant héritier de la couronne avoit pris le titre de roi de France, vint avec son fils à la tête d'une puissante armée, se présenter devant Rheims pour s'y faire facrer. Les habitans lui refuserent l'entrée. Il les affiégea: mais ils se défendirent avec tant de courage, sous la conduite de Gaucher de Châtillon leur gouverneur, qu'ils forcerent Edouard de lever le fiége le 11 janvier 1360.

En 1461, au commencement du regne de Louis XI; les bourgeois de Rheims se révolterent, parce que ce prince à son sacre leur avoit promis la diminution des impôts, & qu'il ne leur avoit pas tenu parole. Ils se saisirent des registres des collecteurs des gabelles, & les brûlerent au milieu des rues. Collart, seigneur de Mony, eut ordre d'affembler des troupes & d'aller châtier les rebelles. Il fit pour cet effet entrer dans la ville plusieurs foldats déguisés, les uns en paysans, les autres en marchands, qui se saisirent des principaux poftes, & faciliterent l'entrée de la ville au reste des troupes. Quatre-vingts bourgeois des plus coupables furent arrêtés & décapités par ordre du roi; ce qui rétablit le calme dans Rheims, & contint d'autres villes prêtes à se révolter.

L'archevêché de Rheims, situé dans la partie septentrionale de la Champagne, est borné au nord par l'évêché de Laon, à l'est par l'archevêché de Trèves, au sud par l'évêché de Chalons, à l'ouest par celui de Soiffons. Son étendue est de vingt-quatre lieues de long fur quatre de large. Il est composé des élections de Rheims & de Rhetel, d'une partie de celles de sainte-Menehould & d'Epernai, & de tous les lieux de la Champagne sujets à la subvention de Verdun, lesquels ont été mis sous l'intendance de Champagne. Il renferme douze villes, qui font Rheims, Sedan, Mezières, Charleville, Doncheri, Rhetel, Rocroi, Cormici, Mouzon, Epernai, Fimes & Chateau-Porcion, un grand nombre de gros bourgs, que les géographes nomment villes la plupart; & en tout quatre cents foixante-dix-fept paroifles, avec trois cents soixante-cinq annexes ou fuccursales, divisées en dix-huit doyénés.

L'archevêque est premier duc & pair de France, légatné du faint fiège apoftolique, & primat de la Gaule belgique. Il a pour fuffragans les évêques de Soiffons, de Laon, de Beauvais, de Châlons, de Noyons, d'Amiens, de Senlis & de Boulogne. On vient de les nommer suivant le rang qu'ils tiennent dans les assemblées de la province, sans égard aux protestations de quelques-uns d'entr'eux, qui reclament contre cet ordre. Les évêchés de Cambray, de Tournay, de Térouanne & d'Arras, dépendoient autrefois de la métropole de Rheims; mais l'évêché de Cambray fut, à la priere de Philippe II, érigé par Paul IV & Pie IV, en archevêché, dont les évêques d'Arras & de Tournay furent faits fuffragans; & l'évêché de Térouanne ne subsistant plus, il ne resta plus à la métropole de Rheims que huit fuffragans de douze qu'elle avoit auparavant. La ville de Cambray ayant passé de la puissance d'Espagne à celle de France; & le feu roi Louis XIV, ayant nommé pour la premiere fois à l'archevêché de Cambray, l'archevêque de Rheims lui demanda la permiffion de poursuivre en cour de Rome la révocation des bulles de ces deux papes, à cause du préjudice que le démembrement faisoit à son église. Le roi, pour dédommager ce prélat, consentit que l'abbaye de saint Thierri, laquelle est à deux lieues de Rheims, fut unie à perpétuité à l'archevêché, & l'union en fut ordonnée par une bulle d'Innocent XII. Dans le tems que les chapitres des cathédrales avoient le droit d'élire leurs évêques, les archevêques de Rheims avoient celui de nommer leurs fuffragans, les chapitres en différoient l'élection plus de trois mois, à compter du jour de la mort de leurs évêques; & lorsqu'il se trouvoit que les voix des chanoines étoient mi-parties, l'archevêque se déclaroit en faveur de qui il lui plaisoit. On lui portoit les procès-verbaux des élections, qu'il confirmoit, si elles avoient été faites dans les formes, ou qu'il infirmoit si elles n'étoient pas canoniques. C'étoit encore à lui à sacrer l'évêque élu, dont il recevoit le ferment d'obéissance; mais de tous ces droits il ne reste plus, depuis le concordat de Léon X & de François I, que celui de recevoir les fermens de tous les suffragans, qui, quelque

tems après leur sacre, font tenus de se rendre à Rheims pour cet effet. L'archevêque couvert & affis dans un fauteuil à côté de l'autel de son église, reçoit ce ferment, que les suffragans font debout & découverts. L'archevêque de Rheims étoit encore autrefois en possession de visiter les diocèses de tous ses suffragans, d'y accorder des indulgences, & d'y ordonner ce qu'il croyoit être pour le bien de ces diocèses. Tous les chapitres de ces mêmes évêchés, à l'exception de celui de Laon, lui font encore aujour d'hui immédiatement soumis; & il a droit de les corriger & visiter. Sa qualité de primat de la Gaule belgique, est cause que l'on n'appelle point de son officialité métropolitaine à l'officialité primatiale de Lyon; & que les appellations se portent en cour de Rome.

L'église de Rheims compte jusqu'à présent quatre-vingtseize évêques ou archevêques, parmi lesquels il en est douze reconnus pour saints, douze princes, deux fils de roi, quatre autres princes du sang, onze cardinaux, fix légats du pape & neuf chanceliers de France. Cette église a donné au faint sfiége quatre papes, Silveftre II, qui en avoit été archevêque tous le nom de Gerbert; Urbain II, qui en avoit été chanoine; Adrien IV & Adrien V, qui en avoient été archidiacres.

Il y a dans le diocèse de Rheims sept chapitres, vingtquatre abbayes d'hommes ou de filles, plusieurs prieurés conventuels, plus de quarante prieurés simples, deux féminaires, une université, une chartreuse, une commanderie de l'ordre de faint Jean de Jerufalem, une commanderie de l'ordre de saint Antoine, huit hôpitaux & plusieurs couvens de religieux mendians.

Le principal chapitre est celui de l'église métropolitaine, dédiée à Notre-Dame. Cette église, par sa grandeur & par la délicatesse & la beauté de son architecture, est une des plus belles du royaume. Elle est en dedans œuvre de quatre cents cinquante pieds de long sur quatre-vingt-treize de large. Son élévation est de cent dix pieds, & chaque branche de la croisée est de cinquante pieds dans œuvre. Elle est toute couverte de plomb. On veut qu'elle ait été bâtie avant 406: mais il est probable qu'elle ne le fut que dans le douziéme fiécle. S. Nicaise, l'un des évêques de Rheims, fouffrit le martyre dans l'ancienne cathédrale, à l'endroit où l'on a mis un ouvrage d'architecture de marbre & de bronze doré. Le portail est très estimé, quoique dans le goût gothique. Au milieu de la nef est un pavé de marbre noir & de pierre blanche, qui représente un labyrinte. Auprès de l'orgue, l'une des meilleures de France, est une horloge à carillon, laquelle est très-curieuse. Il y a double chœur, séparé par le grand autel; & le second est terminé par un autel, derriere lequel est un grand tombeau de marbre noir, où sont enterrés le cardinal de Lorraine, le cardinal de Guise & François de Lorraine. Le trésor, lequel est très-riche & très-curieux, renferme un très - grand nombre de reliques. Cette église a de très-belles tapifleries; & les ornemens sont en très grand nombre & très-riches. Il y en a d'extrêmement anciens, & que l'on prétend avoir été faits dès le tems des premiers évêques. Le chapitre est composé de neuf dignités, soixante-quatre chanoines, quarante-deux chapelains que l'on nomme de l'ancienne congrégation, d'un grand nombre d'autres chapelains de chapelles appellées claustrales, & de plusieurs autres bas officiers, qui sont obligés d'affister au chœur. Les neuf dignités du chapitre, font le grand-archidiacre, l'archidiacre de Champagne, le prévôt, le doyen, le trésorier, le vidame, l'écolâtre & le pénitencier. Le palais archiepiscopal, qui joint la métropole, est un des plus beaux de France par les ouvrages que l'archevêque Camille le Tellier y a fait faire.

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Il y a trois autres chapitres dans la ville, dont le principal est celui de S. Simphorien.

C'étoit autrefois un temple dédié à la déesse Cérès. Sixte, premier évêque de Rheims, le consacra sous le nom des apôtres S. Pierre & S. Paul. L'archevêque Berthauld y établit son siége vers 315; & vers l'an 400, S. Nicaise le transféra dans l'église de Notre-Dame. Cette premiere cathédrale porta dans la suite le nom de S. Simphorien, qu'elle garde encore à présent. Ebal, archevêque de Rheims, y fonda vers 1030, un chapitre, à la tête duquel étoit un prévôt, dont le nom a été changé en celui de doyen. Les chanoines font au nombre de douze. Dans le chœur est un pavé à la mosaïque, qui est très-ancien, & un des mieux conservés qui soient en France. C'est un compartiment dans une bordure, dont les deux côtés s'élevent fous les chaises des chanoines: le pavé forme un mélange de couleurs fort agréable, quoiqu'il ne soit pas délicatement travaillé: il est appliqué sur un fond de stuc très-dur. On croit que ce pavé n'est pas plus ancien que l'église que l'on voit aujourd'hui, & qui fut bâtie dans le onziéme fiécle, tems auquel le goût des pavés à la mosaïque, qui avoit été perdu près de cinq cents ans, revint à la mode. On fit alors venir de Constantinople des ouvriers pour travailler à ces fortes de pavés dans les églises. Plusieurs en firent faire dans les salles de leurs maisons. On en découvrit un en 1713, à fix pieds de profondeur, dans la maifon d'un chanoine de cette église. On en trouva, lorsqu'on creusa les fondemens des bâtimens du séminaire & des nouveaux bâtimens de l'archevêché, à une toise de profondeur. Il y a encore aujourd'hui de ces fortes d'appartemens bas dans les anciennes maisons du cloître de NotreDame. Ils fervent de céliers. Ebal, archevêque de Rheims, avoit orné son palais d'une salle pavée à la mosaïque. On a ruiné ce qui restoit de mosaïque dans l'église de l'abbaye de saint Pierre de Rheims, en 1690. On a brifé les vestiges d'antiquité, qui étoient dans le chœur de S. Simphorien, lorsqu'en 1709 on a fait construire un grand autel de marbre.

L'église collégiale de saint Timothée est aussi très-ancienne. Elle a été bâtie par Eusebe, disciple de S. Timothée & de faint Apollinaire, martyrs. Il y avoit autrefois dans cette église une congrégation de clercs, qui y demeurerent jusqu'environ l'an 840, mait ayant été réduits à un seul prêtre, l'archevêque Adalbéron la donna en 977, à l'abbé de saint Remy, pour y recevoir les pauvres pélerins. On y mit peu de tems après des religieux bénédictins, qui y ont été jusqu'en 1064, que Chervais, archevêque, y établit un collége de douze chanoines, qui y font encore à présent, & dont les prébendes font à la collation de l'abbé de S. Remy.

L'église collégiale de sainte Balsamie ou fainte Nourrice, ainsi appellée parce qu'elle l'avoit été de S. Remy, a été fondée en 1180, par Guillaume de Champagne, archevêque, & par le chapitre de Notre-Dame. Les douze chanoines, qui composent ce chapitre, sont nommés par ceux de l'église métropolitaine. Les trois autres chapitres du diocèse de Rheims sont à Mézieres, à Brux, à Montfaucon.

Celui de faint Pierre de Mézieres, fut fondé en 1176, par Manassès, second comte de Réthel, frere d'Albert, chanoine de Kheims, de Baudouin & d'Hugues, son aîné, qui s'étoit fait moine à S. Remy, & par Guillaume de Champagne, archevêque de Rheims, pour douze chanoines & un doyen. Il est dit dans l'acte de fondation, que ces chanoines porteront le même habit que les chanoines de l'église de Rheims.

Le chapitre de Braux est plus ancien. Il doit son origine à Hincmar; Ebbon, son prédécesseur, avoit réparé l'église dans laquelle il avoit transporté le corps de S. Vivant, archevêque, qu'il avoit tiré du cimetiere de S. Agricole. Flodoart dit qu'il y établit une communauté d'ecclésiastiques. La légende de S. Vivant porte qu'il y transféra seulement le corps de ce faint; & qu'Hincmar, son successeur, l'enrichit par ses libéralités, & y fonda un chapitre de chanoines.

Le chapitre de Montfaucon est l'un des plus anciens du diocèse de Rheims. Hincmar en fait mention dans une ordonnance synodale de 874. On croit qu'originairement ce chapitre étoit occupé par des moines fondés par S. Balderic, vulgairement S. Brandry. Les chanoines sont seigneurs de la ville, dans laquelle il y avoit un château que le roi Henri IV fit démolir.

Il y a dans Rheims cinq abbayes, trois d'hommes, & deux de filles. Les trois abbayes d'hommes sont saint Remi, faint Nicaise, & faint Denis.

La principale est celle de saint Remi, ordre de saint Benoît, congrégation de saint Maur. Le terrein qu'elle occupe étoit autrefois un grand cimetiere hors de la ville, dans lequel étoit une petite église, sous l'invocation de S. Christophe, martyr. S. Remy y fut inhumé en 545. Le concours prodigieux des fidéles au tombeau du saint évêque, obligea d'agrandir cette église; à quoi l'on employa la partie des fonds qu'il avoit reçus de Clovis, lorsqu'il l'avoit baptifé,

laquelle il avoit laiflé pour le lieu de sa sépulture. La reine Clotilde, veuve de Clovis, donna des sommes considérables pour ce bâtiment; ce qui fit, que dans la suite on a regardé Clovis, Clotilde & S. Remy, comme les premiers fondateurs de l'abbaye royale de S. Remy. D'abord il y eut des clercs établis dans cette églife. Ensuite il y eut des chanoines réguliers sous la conduite de Gebehard & d'Epiphane, qui furent qualifiés abbés. Le corps de S. Remy fut tiré de son tombeau en 600, & transporté derriere l'antel de la nouvelle église, qui fut consacrée sous le nom du saint évêque, par l'archevêque Sonnace, lequel avoit contribué beaucoup à la dépense du bâtiment. L'archevêque Tilpin ou Turpin, entreprit en 786 de rendre cette église plus vaste & plus belle. Il étoit abbé des chanoines qu'il remplaça par des bénédictins, parce qu'il avoit été bénédictin lui-même. Les archevêques de Rheims, ses successeurs, furent tous abbés de S. Remy, jusqu'en 945, que l'archevêque Hugue permit aux moines d'élire un abbé régulier; ce qui continua jusqu'en 1523, que l'abbaye fut mise en commende. Les augmentations, commencées par Tilpin, furent achevées sur le plan de ce prélat, sous l'épiscopat d'Hincmar, qui dédia de nouveau cette église en 880. Tous les fucceffeurs de saint Remy ayant pris cet endroit en affection, y firent de grands biens, & presque tous le choisirent pour leur sépulture, jusqu'à Oldaric, trente-septiéme archevêque, qui fut enterré dans la cathédrale en 969. En 1018, Airard, sixiéme abbé régulier de S. Remy, jetta les fondemens d'une nouvelle église. Thierry, son fucceffeur, en trouva le plan trop dispendieux. Il en fit un nouveau, sur lequel fut bâtie l'église telle qu'elle est aujourd'hui. Ce fut l'abbé Hincmar qui l'acheva. Le saint pape Léon IX, se trouvant en France, en fit la dédicace en 1049. Après la dédicace du grand autel, il ordonna que sept prêtres, appellés cardinaux, auroient seuls droit d'y célébrer la meffe, & défendit, sous peine d'excommunication, à tous autres prêtres de la dire à cet autel, à l'exception pourtant des chanoines de Rheims, qui pourroient l'y célébrer deux fois l'année seulement. Ce pape fut affifté, pour cette cérémonie, des archevêques de Rheims, de Tréves, de Lyon, de Besançon & de beaucoup d'autres prélats, qui composerent ensuite au nombre de vingt évêques & de cinquante abbés, le concile que Léon IX tint dans le chœur de cette église. On y voit suspendue au milieu une couronne d'une prodigieuse grandeur, au-dessous de laquelle se tint ce concile. Les quatre-vingt - seize cierges, que porte cette couronne, représentent les quatre-vingt-seize années de la vie de S. Remy. En 1162, Pierre de Celles, alors quinziéme abbé régulier, depuis évêque de Chartres, fit bâtir le rond-point de l'église, le portail & les tours. En 1481, l'archevêque Robert de Lenoncourt, fit bâtir l'autre portail du côté du midi; unit à la manse abbatiale le prieuré de Corbeni; auquel il donna une ferme appellée la cense du Hâtois; & fit présent à l'église d'une tapisserie représentant la vie de S. Remy. La façade du grand autel est d'or, enrichie de pierreries. La pyramide, qui lui fert de retable, a trois étages. Dans le plus bas est le corps de S. Gibrien, que renferme une châsse d'argent doré. Dans l'étage du milieu est la châsse de sainte Cilinie, mere de S. Remy, laquelle est couverte de lames d'or. Dans l'étage d'en-haut un grand reliquaire renferme un bras, apporté dans cette église en 1268. On dit qu'il est en chair & en os; & l'on en fait présent à l'apôtre S. Philippe. Entre le sanctuaire & le chœur, est un candélabre de cuivre à sept branches, d'une hauteur étonnante, & d'un travail admirable. Derriere le grand autel, est le magnifique tombeau que le cardinal de Lenoncour fit ériger en 1533, à la gloire de S. Remy, dont le corps est rout entier dans une chasle d'argent longue de sept pieds & demi, & de même forme que le tombeau qui la renferme. Ce tombeau de marbre blanc, dont la longueur & la hauteur sont de vingt pieds, est le plus beau qui soit en France. Deux colonnes de porphire d'ordre composite, forment les deux côtés de l'ouverture du tombeau, laquelle est ornée d'un grand nombre de perles, d'émeraudes, de rubis, de turquoises & d'autres pierres précieuses. La fainte ampoule, qui contient l'huile avec laquelle on sacre les rois de France, est gardée à l'entrée du tombeau, dans un reliquaire d'or ou d'argent doré couvert de pierres précieuses. Dans le même endroit est un bâton revêtu d'or, qui

qui fut envoyé, dit-on, par le pape Hormisdas, à saint Remy, lorsqu'il le créa légat apostolique. Autour du tombeau dans des niches séparées les unes des autres, par des colonnes de jaspe, font les statues de marbre des douze pairs de France, de grandeur naturelle. Ils font revêtus des habits qu'ils portent au sacre des rois. Le premier est celui de l'archevêque de Rheims, dont la fonction est de les sacrer. Ensuite l'évêque, duc de Laon, tient la fainte am

dent réciproquement les derniers devoirs; & ils assistent en
corps aux services des défunts. L'archimonastère de saint
Remy est encore associé avec de très-célébres & anciennes
églises & monastères, comme le chapitre de l'église de
Laon, l'abbaye de S. Denys en France, l'abbaye de saint
Nicaise de Rheims; l'abbaye de S. Wast d'Arras, l'abbayo
de S. Benigne de Dijon, l'ordre entier de câteaux, l'ab-
baye de Clugny & l'abbaye de S. Remy de Sens. Foul-

poule; l'évêque, duc de Langres, le sceptre royal; l'évêques, archevêque de Rheims & abbé de S. Remy en 882,

que, comte de Beauvais, la cotte d'armes du roi; l'évêque, comte de Châlons, l'anneau, & l'évêque, comte de Noyon, le baudrier. Le duc de Bourgogne porte la 'couronne; le duc de Guiène, l'oriflamme; le duc de Normandie, un autre étendart; le comte de Champagne, la banniere royale; le comte de Flandres l'épée, & le comte de Toulouse les éperons. Au-dessous des niches sont des bas-reliefs d'argent doré, qui représentent la vie de saint Remy. La statue du saint est dans une niche plus élevée que les autres, à l'un des bouts du tombeau. Il est représenté affis, auprès de lui, d'un côté, Clovis à genoux sur un prie-Dieu, & de l'autre, Thierri, aumonier du prélat, tenant la croix. Carloman, fils de Pepin le Bref, & frere de Charlemagne, a sa sépulture au côté droit du tombeau de S. Remi. Près des pilliers du chœur, aux deux côtés du grand autel, sont les tombeaux du roi Louis IV, dit d'Outremer, & du roi Lothaire, son fils. Ces tombeaux sont de pierres, & travaillés à l'antique. Les deux rois y sont représentés au naturel, affis fur des espéces de trônes, & revêtus des ornemens royaux. Gerberie, femme de Louis d'Outremer, est inhumée dans le milieu du chœur. A fes côtés, sont enterrés Rognolde, comte de Roussi & Albrus de sa femme, fille de Louis d'Outremer & de cette reine. Au-dessous du candelabre est le tombeau de Frédérune, l'une des femmes de Charles le Simple. Le cœur du cardinal de Lenoncourt, est au bas des marches du grand autel. Dans le chœur, dans les côtés de la nef, dans les chapelles & danste cloître, sont beaucoup d'autres tombeaux de personnes très considérables. Le pavé du chœur est un chef d'œuvre de mosaïque. Le trésorier Widon ou Gui, le fit faire en 1090. Il représente, en divers tableaux, des personnages & des animaux. Le tout est en marbre de diverses couleurs, dont les différentes parties sont si bien jointes & fi bien mastiquées, que l'ouvrage paroît fait au pinceau. Le fonds est jaune, & les différents marbres employés dans la composition du dessein, sont de couleur naturelle ou teints, & émaillés à la mosaïque. Les plus gros morceaux n'excedent pas la grandeur de l'ongle. Le fonds est interrompu par quelques tombes de marbre blanc ou noir; & par quelques pièces rondes de jaspe, les unes de couleur de pourpre, les autres ondées de diverses conleurs, lesquelles font enchassées dans des compartimens de mosaïque. L'église est belle & grande; mais obfcure, & bâtie à l'antique. Elle a néanmoins un air de grandeur. Elle est bien ornée, & fon trésor, qui mérite d'être vu, renferme quantité de précieuses reliques, parmi lesquelles, cependant, il y en a quelques-unes qu'on a bien de la peine à croire véritables. Tel est le sang qui coula du côté de notre Seigneur sur la croix. Tels font aussi les cheveux de la Vierge. L'abbaye de S. Remy porte le nom d'Archimonastère, que les papes lui ont donné, non seulement à cause du grand nombre de monastères qui sont sous sa dépendance, mais encore à cause de l'union étroite qu'elle a eue, pendant plusieurs fiécles avec l'archevêque & le chapitre de l'église de Rheims. L'abbé de S. Remy a droit d'officier pontificalement, & de conférer les ordres mineurs. Quoique l'union des deux titres d'archevêque de Rheims & d'abbé de S. Remy, ne soit plus perpétuelle, cet abbé a conservé le droit de précéder tous les autres abbés de la province, de présenter le nouvel archevêque au chapitre de la métropolitaine, & de porter la sainte ampoule au sacre des rois. En l'absence de l'abbé, les religieux jouiffent des mêmes prérogatives. Dans les cérémonies publiques, où le chapitre & les religieux se trouvent ensemble, ceux-ci tiennent la gauche, & le chapitre la droite; & les officiers de l'autel & du chœur des deux églises se mêlent ensemble à certains jours. La société de ces deux églises est aussi ancienne que le monastère. Elle s'étend sur le spirituel & fur le temporel ; & leurs biens font comme confondus, tant dedans le royaume que de hors. A la mort des chanoines & des religieux, ils se ren

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fit reporter d'Orbais à Rheims, le corps de S. Reniy, qui
y avoit été transporté d'Epernai, où l'on l'avoit caché à
cause des guerres. Il conmmença la table d'or du grand au-
tel. Hervée, son successeur, fit en 900 reporter à saint
Remy le corps de ce saint, que Foulques avoit fait mettre
dans la catherale; & il acheva la table d'or du grand autel.
En 1394, Jean Canard, abbé régulier, fit couvrir de
plomb la charpente de l'église & le petit clocher, & fit
faire de la tapisserie pour le chœur. Pierre Claudi, abbé
régulier en 1212, réforma ce monastère, suivant les cons-
titutions de Grégoire IX, qu'il avoit reçu dans son abbaye
en 1224. Charles, cardinal de Lorraine, archevêque de
Rheims & abbé commendataire de S. Remy, donna en
1572, aux minimes, du consentement des religieux, le
prieuré de S. Côme, pour faire le couvent, qui est au-
jourd'hui proche de cette abbaye. On vendit en ce tems-
là les deux côtés du grand autel de l'abbaye, qui étoient
de vermeil doré, & plusieurs autres piéces précieuses,
pour payer la taxe imposée à cause de la guerre contre
les huguenots. Henri de Lorraine, archevêque de Rheims
& abbé de S. Remy en 1622, donna à cette abbaye un
ornement complet de drap d'or, & y établit la réforme
de la congrégation de S. Maur. Tous les rois de France
prennent la qualité de fondateurs de cet archimonastère
dans toutes les lettres patentes, par lesquelles ils en confir-
ment les priviléges. En 1668, on commença le rétablisse-
ment des lieux réguliers, que les religieux ont continué
depuis, & à présent ce couvent est très magnifique. Tous
les lieux qui le composent ont un air de grandeur, qui
n'est pas ordinaire. La bibliothéque est fort éclairée, & la
vue en est très-agréable: elle est remplie d'un grand
nombre de livres rares & curieux, & de plusieurs inanus-
crits.

La seconde abbaye est celle de S. Nicaise, dont l'église,
autrefois dédiée aux faints martyrs Vital & Agricole, fut
bâtie, à ce que l'on croit, par Jovinus. Ce Gaulois, natif
de Rheims, fut maître de la milice de l'Empire, & con-
ful. Il mourut en 370, & fut inhumé dans cette église. On
y voit son tombeau, qui passe pour un des plus beaux ou-
vrages de ces tems-là. C'est une seule pièce de marbre de
huit pieds & demi de long, de quatre & demi de large,
& de trois & demi de haut. Il est orné d'une chasse repré-
fentée en relief. On voit deux grands seigneurs, dont le
plus jeune perce d'un javelot un lion, qui paroît dans l'at-
titude de mettre en piéce un chasseur, qu'il tient renversé
par terre. Il y a huit ou neuf autres figures de chasleurs
à pied ; & l'on voit près d'un chêne un grand sanglier, la
tête & le col d'un cerf, avec un daim, qui paroît être aux
abois. Cette église fut rebâtie en 1230, & dédiée à S. Ni-
caise. Elle passe pour un chef-d'œuvre d'architecture. On
y remarque une singularité, qui n'a peut-être point d'exem-
ple, & dont il est difficile de rendre raison. Un des gros
piliers ou arcboutans tremble à vue d'œil au son d'une
certaine cloche. Il ne tremble que lorsque cette cloche
sonne, soit seule, soit avec les trois autres qui sont dans
le même clocher, & ne tremble pas lorsque les autres fon-
nent sans elle. Gervais, archevêque de Rheinis, ayant fait
rebâtir cette église en 1056, comme on la voit aujourd'hui,
la dédia sous l'invocation de S. Nicaise, & y mit des bé-
nédictins en 1065. D'autres disent que ce fut en 1230,
qu'elle fut rebâtie. Quoi qu'il en soit, ces religieux eurent
des abbés réguliers jusqu'en 1530, que l'abbaye fut don-
née en commende. Les chanoines de la sainte Chapelle de
Paris la possedent depuis 1641, qu'elle leur fut donnée en
échange des revenus de la régale, dont ils jouissoient au-
paravant. Les religieux ont depuis quelques années fait
faire de très-beaux bâtimens, & l'on y remarque un esca-
lier d'une architecture des plus hardies. La bibliothéque
une très-belle vue. Le trésor renferme des richesses & des
reliques précieuses, parmi lesquelles on auroit pu se dis.
penser de mettre une prétendue pantoufle de la vierge.
Tome V.

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