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des tours succèdent des précautions suffisantes pour empêcher le scandale, mais impuissantes contre l'enfant qui a intérêt à connaître sa mère.

L'enfant a été reçu dans l'établissement; il s'agit de lui conserver la vie et de la lui rendre utile.

Qu'il y ait toujours dans la maison des nourrices sédentaires pour lui donner le premier lait, et cependant qu'il n'y soit retenu que le temps indispensablement nécessaire pour le conduire à la nourrice de campagne qui lui a été désignée d'avance et qui doit l'attendre; enfin, que l'éloignement de la nourrice ne soit pas un motif de préférence, et que l'enfant, une fois confié à ses soins, ne lui soit plus enlevé avant l'âge où il doit passer en d'autres mains, si son intérêt n'exige pas que ce temps soit avancé. C'est l'entassement des enfans dans les hospices, c'est le manque de nourrices internes, ce sont les déplacemens qui entraînent cette affligeante mortalité des enfans trouvés, qui a fait douter si l'adoption de la société était pour eux un bienfait.

Après le sevrage, ce n'est plus la mortalité qui est à craindre pour ces enfans, c'est l'ignorance avec ses funestes suites. Qu'ils soient réunis, à l'âge de sept ou huit ans, dans des établissemens spéciaux pour y recevoir, avec les habitudes de travail, qui sont la meilleure préparation à l'apprentissage d'un état, les notions morales et religieuses sans lesquelles on ne devient ni un bon citoyen ni un utile chef de famille.

La jeunesse arrive avec ses passions désordonnées; n'abandonnez pas vos orphelins pendant cette seconde enfance qui a, comme la première, ses dangers et ses faiblesses. Récompensez-vous par leur travail, des soins que vous leur avez donnés, des sacrifices qu'ils vous ont imposés.

Qu'ils soient, sous vos yeux, jusqu'à leur majorité ou à leur émancipation, d'honnêtes gens et de bons chrétiens, et ils le seront toute la vie. Rousseau a dit que l'enfant qui a conservé jusqu'à vingt ans son innocence, est à cet âge le plus généreux et le meilleur des hommes. Les pauvres enfans sauvés par vous de la corruption commune, seront des hommes probes, des hommes utiles, et cela vous suffira.

Voilà les moyens que l'expérience et l'observation indiquent et que nous nous sommes étudiés à montrer dans leur vérité. Malheureusement, ce ne sont pas ceux qui sont maintenant en usage, du moins en France. De là, les abus.

L'abus principal, l'abus générateur, c'est le tour. Il nuit à l'enfant, à la société, à la famille même, auteur de l'exposition. Il contrarie tous les principes, renverse toutes les notions, sanctionne tous les désordres, et le secret qu'il assure aux mères coupables, scul motif de son existence, ce secret pourrait être garanti, dans le cas où il est réellement nécessaire, par des moyens aussi sûrs et moins dangereux.

De cet abus naît la progression croissante du nombre des enfans trouvés;

De cette progression, l'énormité de la dépense;

De l'énormité de la dépense, le peu de soins apporté à l'éducation des enfans et leur délaissement à un âge où ils auraient le plus besoin de direction.

De telle sorte qu'il est possible de frapper tous les abus en un seul, et que, avec les tours d'exposition, tombent les griefs principaux de l'économie politique moderne, contre les hospices d'enfans trouvés. Quelques précautions nous ont paru nécessaires pour adoucir le passage d'un système à l'autre ; elles ont été indiquées.

En dehors de cet ordre d'idées, il existe un sujet de plaintes qui a aussi sa gravité; c'est la mauvaise répartition de la dépense. Nous avons montré comment elle devait être supportée, dans le cas où l'origine est connue, d'abord par la commune à laquelle appartiennent les enfans exposés; en cas d'insuffisance, par le département qui est l'agglomération des communes; et dans les cas plus rares d'insuffisances des ressources départementales, par l'état ou la réunion des départemens.

Des considérations, tirées de lá nécessité de prévenir toute collision entre les communes, nous ont conduits à mettre à la charge des départemens, sans partage, l'entretien des enfans dont l'origine demeurerait inconnue après les enquêtes.

Admissions à bureau ouvert et avec déclaration,
Maisons d'instruction et de travail,

Nouvelle répartition des dépenses,

Telles sont les réformes que nous proposons à la législation qui régit les hospices. Elles remédieront, nous l'espérons, aux abus existans, diminueront le nombre des expositions, leur enlèveront le caractère fâcheux qu'elles présentent, et feront ainsi tout le bien que des réformes de ce genre puissent faire. Ce sera aux gouvernemens et à la religion à faire le reste; les premiers, en diminuant la détresse des classes pauvres par une administration éclairée et miséricordieuse; la seconde, en combattant les mauvaises mœurs par son action continue et toute-puissante, et en propageant l'esprit de charité par ses divins exemples. Il y aurait erreur et folie à prétendre guérir, par des moyens purement administratifs, une plaie qui est surtout morale. Que l'amour de l'ordre prenne la place de cet esprit de

vertige dont le moindre danger est de jeter la perturbation dans les états; que les doctrines religieuses pénètrent la société du sommet à la base; que l'instruction publique soit `chrétienne, et l'on verra les liens de famille se resserrer, et avec les bonnes mœurs viendra l'aisance, leur compagne ordinaire; le libertinage cachera ses désordres avec d'autant plus de soin qu'il sera plus rare, et le fléau des expositions et abandons des enfans, qui malheureusement ne disparaît jamais entièrement chez un peuple, n'existera plus que comme une menace devant laquelle les mens éclairés ne pourront pas s'endormir.

gouverne

Ge temps est-il près de nous ? Nous n'osons l'espérer. Ouvrier obscur et inconnu, nous apportons notre pierre à l'édifice qui doit un jour abriter nos neveux, et laissons à de plus habiles le soin de la mettre en œuvre. Dût-elle être dédaignée, nous nous en consolerions en pensant que notre exemple, au moins, n'aura pas été inutile.

L'esprit qui a présidé à la composition de ce travail, après en avoir inspiré la pensée, s'y manifeste assez clairement pour que nous n'ayons pas besoin, en le finissant, de protester de nos intentions. Nous voulons le bien des pauvres enfans abandonnés, et il n'est pas une de nos vues, de nos approbations ou de nos critiques qui ne l'ait pour but. Nous voulons la conservation des maisons que la charité des peuples leur a consacrées, parce que pour nous, à cette conservation se lie une pensée essentielle, celle de la permanence des secours. Nous voulons enfin la suppression des tours, parce que leur maintien est une cause incessante de ruine pour les établissemens qui les admettent; parce que leur existence est incompatible avec toute idée d'amélioration et de réforme. Que les amis de ces pauvres en

fans se rassurent: ce livre n'a pas été fait contre eux, mais
pour eux. En 542, peu de temps après la fondation de
l'Hôtel-Dieu de Lyon, le pape Vigile fut appelé à en con-
firmer l'institution; il fit des voeux pour la perpétuité de
l'établissement, indiqua les règles à suivre dans son admi-
nistration, exigea qu'il ne fût jamais rien relâché du service
dû aux malades ni de leur nombre, et termina enfin par ces
paroles remarquables: « Si quelqu'un, en quelque temps
que ce soit, contrevient à notre volonté, et porte atteinte
à cette institution, en sorte qu'elle cesse (ce qu'à Dieu ne
plaise!) d'être consacrée à la souffrance et à la misère,
qu'il soit frappé comme meurtrier (1). » Dans l'ordre de
la providence, il n'est pas un établissement charitable qui
ne soit protégé par une défense semblable, et ce n'est pas
nous qui voudrions en braver la menace.

TABLE DES CHAPITRES.

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ce travail. Chapitre 1er. De l'exposition des enfans chez
les anciens. Chap. II. De l'exposition des enfans depuis
l'établissement du christianisme jusqu'au treizième siècle.
Constitutions impériales; lois franques. Apôtres chrétiens.
Origine des hospices d'enfans trouvés. — Chap. III. Les
frères hospitaliers du Saint-Esprit et leur fondateur, Nou-
veaux hospices. Chap. IV. Constitution et régime des
maisons d'enfans trouvés aux quatorzième, quinzième et
seizième siècles. Chap. V. État des enfans trouvés en
France, au commencement du dix-septième siècle. Diver-

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(1) Quod si quis quolibet tempore contra institutionem nostram ve-
nire tentaverit, aut aliquid de consuetudine vel facultate Xenodochii
ipsius abstulerit, ut Xenodochium (quod avertat Deus!) esse desinat,
ut necator pauperum irrevocabili anathemate fereatur (Concilium Au-
relianense, 28 oct. 542).

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