Ainsi le caractère d'amitié est parfait dans le genre humain; et les hommes, qui n'ont tous qu'un même père, doivent s'aimer comme frères. A Dieu ne plaise qu'on croie que les rois soient exempts de cette loi, ou qu'on cra'gne qu'elle ne diminue le respect qui leur est dû. Dieu marque distinctement que les rois qu'il donnera à son peuple, « seront tirés du milieu de leurs frères 2;; un peu après : «Ils ne s'élèveront point au-dessus « de leurs frères par un sentiment d'orgueil; » et c'est à cette condition qu'il leur promet un long règne. Les hommes ayant oublié leur fraternité, et les meurtres s'étant multipliés sur la terre, Dieu résolut de détruire tous les hommes 3, à la réserve de Noé et de sa famille, par laquelle il répara tout le genre humain, et voulut que dans ce renouvellement du monde nous eussions encore tous un même père. Aussitôt après, il défend les meurtres, en avertissant les hommes qu'ils sont tous frères, descendus premièrement du même Adam, et ensuite du même Noé : « Je rechercherai, dit-il 4, la « vie de l'homme de la main de l'homme et de la main de son frère. » IV PROPOSITION. il dit au docteur : « Lequel de ces trois vous « paraît être son prochain? et le docteur répondit: << Celui qui a eu pitié de lui; et Jésus lui dit : Allez, et faites de même. »> Cette parabole nous apprend que nul homme n'est étranger à un autre homme, fût-il d'une nation autant haïe dans la nôtre, que les Samaritains l'étaient des Juifs. Nul homme n'est étranger à un autre homme. Notre-Seigneur, après avoir établi le précepte d'aimer son prochain, interrogé par un docteur de la loi, qui était celui que nous devons tenir pour notre prochain, condamne l'erreur des Juifs, qui ne regardaient comme tels que ceux de leur nation. Il leur montre, par la parabole du Sama- | ritain qui assiste le voyageur méprisé par un prêtre et par un lévite, que ce n'est pas sur la nation, mais sur l'humanité en général, que l'union des hommes doit être fondée. « Un prêtre vit « le voyageur blessé, et passa; et un lévite passa « près de lui et continua son chemin. Mais un Sama« ritain, le voyant, fut touché de compassion 5.» Il raconte avec quel soin il le secourut, et puis ve PROPOSITION. Chaque homme doit avoir soin des autres hommes. ་་ Si nous sommes tous frères, tous faits à l'image de Dieu et également ses enfants, tous une même race et un même sang, nous devons prendre soin les uns des autres; et ce n'est pas sans raison qu'il est écrit: « Dieu a chargé chaque homme d'avoir soin de son prochain 2. » S'ils ne le font pas de bonne foi, Dieu en sera le vengeur; car, ajoute l'Ecclésiastique 3, « nos voies sont toujours devant lui et ne peuvent être cachées à . « ses yeux. » Il faut donc secourir notre prochain, comme en devant rendre compte à Dieu, qui nous voit. 3 " Il vaut mieux être deux ensemble, que « d'être seul; car on trouve une grande utilité << dans cette union. Si l'un tombe, l'autre le soutient. Malheur à celui qui est seul : s'il tombe, « il n'a personne pour le relever. Deux hommes « reposés dans un même lit, se réchauffent mu«tuellement. Qu'y a-t-il de plus froid qu'un homme << seul? Si quelqu'un est trop fort contre un seul, << deux pourront lui résister: une corde à trois « cordons est difficile à rompre 7. » On se console, on s'assiste, on se fortifie l'un l'autre. Dieu voulant établir la société, veut que chacun y trouve son bien, et y demeure attaché par cet intérêt. C'est pourquoi il a donné aux hommes divers talents. L'un est propre à une chose, et l'autre à une autre, afin qu'ils puissent s'entre-secourir comme les membres du corps, et que l'union soit cimentée par ce besoin mutuel. « Comme « nous avons plusieurs membres, qui tous en« semble ne font qu'un seul corps, et que les « membres n'ont pas tous une même fonction; << ainsi nous ne sommes tous ensemble qu'un seul «< corpsen Jésus-Christ, et nous sommes tous mem<< bres les uns des autres 1. » Chacun de nous a son don et sa grâce différente. « Le corps n'est pas un seul membre, mais plu«< sieurs membres. Si le pied dit: Je ne suis pas « du corps, parce que je ne suis pas la main, est« il pour cela retranché du corps? Si tout le corps « était œil, où seraient l'ouïe et l'odorat? Mais << maintenant Dieu a formé les membres, et les << a mis chacun où il lui a plu. Que si tous les mem«bres n'étaient qu'un seul membre, que devien ARTICLE II. De la société générale du genre humain naít la société civile, c'est-à-dire, celle des États, des peuples et des nations. Ire PROPOSITION. La société humaine a été détruite et violée par les Dieu était le lien de la société humaine. Le premier homme s'étant séparé de Dieu, par une juste punition la division se mit dans sa famille, et Caïn tua son frère Abel 1. Tout le genre humain fut divisé. Les enfants de Seth s'appelèrent les enfants de Dieu, et les enfants de Caïn s'appelèrent les enfants des hommes 2. Ces deux races ne s'allièrent que pour augmenter la corruption. Les géants naquirent de cette union, hommes connus dans l'Écriture 3, et dans toute la tradition du genre humain, par leur in << drait le corps? Mais dans l'ordre que Dieu a éta-justice et leur violence. « bli, s'il y a plusieurs membres, il n'y a qu'un « corps. L'œil ne peut pas dire à la main : Je n'ai « que faire de votre assistance; ni la tête ne peut <«< pas dire aux pieds: Vous ne m'êtes pas né<«< cessaires. Mais au contraire, les membres qui paraissent les plus faibles sont ceux dont on a << le plus de besoin. Et Dieu a ainsi accordé le « corps, en suppléant par un membre ce qui man« que à l'autre, afin qu'il n'y ait point de dis«< sension dans le corps, et que les membres aient << soin les uns des autres 2. Ainsi, par les talents différents, le fort a besoin du faible, le grand du petit, chacun de ce qui paraît le plus éloigné de lui; parce que le besoin mutuel rapproche tout, et rend tout nécessaire. Jésus-Christ, formant son Église, en établit l'unité sur ce fondement, et nous montre quels sont les principes de la société humaine. Le monde même subsiste par cette loi. « Chaque partie a son usage et sa fonction; et le tout s'entretient par le secours que s'entre-donnent << toutes les parties 3. " Nous voyons donc la société humaine appuyée sur ces fondements inébranlables; un même Dieu, un même objet, une même fin, une origine commune, un même sang, un même intérêt, un besoin mutuel, tant pour les affaires que pour la douceur de la vie. « Toutes les pensées de l'homme se tournent au << mal en tout temps, et Dieu se repent de l'avoir « fait. Noé seul trouve grâce devant lui 4 ; » tant la corruption était générale. Il est aisé de comprendre que cette perversité rend les hommes insociables. L'homme dominé par ses passions ne songe qu'à les contenter sans songer aux autres. « Je suis', dit l'orgueilleux dans « Isaïe 5 et il n'y a que moi sur la terre. » Le langage de Caïn se répand partout. « Est« ce à moi de garder mon frère ? » c'est-à-dire : Je n'en ai que faire, ni ne m'en soucie. Toutes les passions sont insatiables. « Le cruel « ne se rassasie point de sang 7. L'avare ne se rema plit point d'argent. » « Ainsi chacun veut tout pour soi. « Vous joi« gnez, dit Isaïe 9, maison à maison, et champ à champ. Voulez-vous habiter seul sur la terre? >> La jalousie, si universelle parmi les hommes, fait voir combien est profonde la malignité de leur cœur. Notre frère ne nous nuit en rien, ne nous ôte rien; et il nous devient cependant un objet de haine, parce que seulement nous le voyons plus heureux, ou plus industrieux, et plus vertueux que nous. Abel plaît à Dieu par des moyens innocents, et Caïn ne le peut souffrir.« Dieu regarda Abel et ses présents, et ne regarda pas << Caïn ni ses présents: et Caïn entra cn fureur, • et son visage changea1. » De là les trahisons et Une pareille passion exposa Joseph à la fureur de ses frères, lorsque, loin de leur nuire, il allait pour rapporter de leurs nouvelles à leur père qui en était en inquiétude 3. « Ses frères, voyant « que leur père l'aimait plus que tous les autres, « le haïssaient, et ne pouvaient lui dire une pa« role de douceur 4. » Cette rage les porta jusqu'a | le vouloir tuer; et il n'y eut d'autre moyen de les détourner de ce tragique dessein, qu'en leur proposant de le vendre 5. Tant de passions insensées, et tant d'intérêts divers qui en naissent, font qu'il n'y a point de foi ni de sûreté parmi les hommes. « Ne croyez point « à votre ami, et ne vous fiez point à votre guide: « donnez-vous de garde de celle qui dort dans « votre sein? le fils fait injure à son père, la « fille s'élève contre sa mère, et les ennemis de « l'hornme sont ses parents et ses domestiques 6. De là vient que les cruautés sont si fréquentes dans le genre humain. Il n'y a rien de plus brutal ni de plus sanguinaire que l'homme. «< Tous dres« sent des embûches à la vie de leur frère; un « homme va à la chasse après un autre homme, «< comme il ferait après une bête, pour en répan« dre le sang 7. « La médisance, et le mensonge, et le meurtre, « et le vol, et l'adultère ont inondé toute la terre , « et le sang a touché le sang : » c'est-à-dire, qu'un meurtre en attire un autre. 8 comme Ainsi la société humaine, établie par tant de sacrés liens, est violée par les passions ; et, dit saint Augustin : « Il n'y a rien de plus sociable « que l'homme par sa nature, ni rien de plus in<< traitable ou de plus insociable par la corrup | | Moïse nous l'a marquée, lorsqu'après avoir nommé les premiers descendants de Noé ', il montre par là l'origine des nations et des peuples. « De ceux-là, dit-il 2, sont sorties les nations, «< chacune selon sa contrée et selon sa langue. Où il paraît que deux choses ont séparé en plusieurs branches la société humaine : l'une la diversité et l'éloignement des pays où les enfants de Noé se sont répandus en se multipliant; l'autre, la diversité des langues. Cette confusion du langage est arrivée avant la séparation, et fut envoyée aux hommes en punition de leur orgueil. Cela disposa les hommes à se séparer les uns des autres, et à s'étendre dans toute la terre que Dieu leur avait donnée à habiter 3. « Allons, dit Dieu, confondons leurs langues << afin qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres; <«<et ainsi le Seigneur les sépara de ce lieu dans << toutes les terres 4. » La parole est le lien de la société entre les hommes, par la communication qu'ils se donnent de leurs pensées. Dès qu'on ne s'entend plus l'un l'autre on est étranger l'un à l'autre. Si je n'entends point, dit saint Paul 5, la force d'une parole, je suis étranger et Barbare à celui à qui je parle, et il me l'est aussi. » Et saint Augustin remarque, que cette diversité de langages fait qu'un homme se plaît plus avec son chien qu'avec un homme son semblable ❝. " Voilà donc le genre humain divisé par langues et par contrées et de là il est arrivé qu'habiter un même pays, et avoir une même langue, a été un motif aux hommes de s'unir plus étroitement ensemble. Il y a même quelque apparence que, dans la confusion des langues à Babel, ceux qui se trouvèrent avoir plus de conformité dans le langage, furent disposés par là à choisir la même demeure; à quoi la parenté contribua aussi beaucoup : et l'Écriture semble marquer ces deux causes qui commencèrent à former autour de Babel les divers corps de nations, lorsqu'elle dit que les hommes les composèrent « en se divisant chacun selon leur langue et leur famille 7. » Ceux qui dégoûtent le peuple de cette terre, qui le devait nourrir si abondamment, sont punis de mort comme séditieux et ennemis de leur patrie « Les hommes que Moïse avait envoyés « pour reconnaître la terre, et qui en avaient dit « du mal, furent mis à mort devant Dieu 3. Ceux du peuple qui avaient méprisé cette terre en sont exclus et meurent dans le désert. « Vous « n'entrerez point dans la terre que j'ai juré à « vos pères de leur donner. Vos enfants (innocents « et qui n'ont point de part à votre injuste dégoût) << entreront dans la terre qui vous a déplu; et pour « vous, vos corps morts seront gisants dans ce « désert 4. >> Ainsi la société humaine demande qu'on aime la terre où l'on habite ensemble; on la regarde comme une mère et une nourrice commune; on s'y attache, et cela unit. C'est ce que les Latins appellent charitas patrii soli, l'amour de la patrie et ils la regardent comme un lien commun entre les hommes. Les hommes en effet se sentent liés par quelque chose de fort, lorsqu'ils songent que la même terre, qui les a portés et nourris étant vivants, les recevra en son sein quand ils seront morts. « Votre demeure sera la mienne; votre peuple sera «< mon peuple, disait Ruth à sa belle-mère Noémi 5 je mourrai dans la terre où vous serez enterrée, et j'y choisirai ma sépulture. » Joseph mourant dit à ses frères : « Dieu vous « visitera et vous établira dans la terre qu'il a pro « mise à nos pères : emportez mes os avec vous. » Ce fut là sa dernière parole. Ce lui est une douceur, en mourant, d'espérer de suivre ses frères dans la terre que Dieu leur donne pour leur patrie; et ses os y reposeront plus tranquillement au milieu de ses citoyens. C'est un sentiment naturel à tous les peuples. Thémistocle, Athénien, était banni de sa patrie comme traître il en machinait la ruine avec le roi de Perse, à qui il s'était livré; et toutefois en mourant il oublia Magnésie, que le roi lui avait donnée, quoiqu'il y eût été si bien traité, et il Gen. XII, 2, 7. 2 Exod. III, 8, et alibi. 3 Num. XIV, 36, 37.. Ibid. XIV, 30, 31, 32. 5 Ruth. 1, 16, 17 Gen. L, 23, ordonna à ses amis de porter ses os dans l'Attique, pour les y inhumer secrètement, à cause que la rigueur des décrets publics ne permettait pas qu'on le fit d'une autre sorte. Dans les approches de la mort, où la raison revient et où la vengeance cesse, l'amour de la patrie se réveille : il croit satisfaire à sa patrie; il croit être rappelé de son exil après sa mort : et comme ils parlaient alors, que la terre serait plus bénigne et plus légère à ses os. C'est pourquoi de bons citoyens s'affectionnent à leur terre natale. « J'étais devant le roi, dit « Néhémias, et je lui présentais à boire, et je « paraissais languissant en sa présence; et le roi « me dit: Pourquoi votre visage est-il si triste, puisque je ne vous vois point malade? et je dis <«< au roi: Comment pourrais-je n'avoir pas le visage triste, puisque la ville où mes pères sont << ensevelis est déserte, et que ses portes sont << brûlées? Si vous voulez me faire quelque grâce, « renvoyez-moi en Judée en la terre du sépulcre « de mon père, et je la rebâtirai. » Étant arrivé en Judée, il appelle ses concitoyens, que l'amour de leur commune patrie unissait ensemble. « Vous savez, dit-il 3, notre « affliction. Jérusalem est déserte; ses portes sont « consumées par le feu : venez, et unissons-nous « pour la rebâtir. » Tant que les Juifs demeurèrent dans un pays étranger, et si éloigné de leur patrie, ils ne cessèrent de pleurer, et d'enfler, pour ainsi parler, de leurs larmes les fleuves de Babylone, en se souvenant de Sion. Ils ne pouvaient se résoudre à chanter leurs agréables cantiques, qui étaient les cantiques du Seigneur, dans une terre étrangère. Leurs instruments de musique, autrefois leur consolation et leur joie, demeuraient suspendus aux saules plantés sur la rive, et ils en avaient perdu l'usage. « O Jérusalem, disaient-ils, si « jamais je puis t'oublier, puissé-je m'oublier << moi-même 4 ! » Ceux que les vainqueurs avaient laissés dans leur terre natale s'estimaient heureux, et ils disaient au Seigneur, dans les psaumes qu'ils lui chantaient durant la captivité : « Il « est temps, ô Seigneur, que vous ayez pitié de Sion: vos serviteurs en aiment les ruines mêmes ARTICLE III. Pour former les nations et unir les peuples, il a fallu établir un gouvernement. Ire PROPOSITION. Tout se divise et se partialise parmi les hommes. Il ne suffit pas que les hommes habitent la même contrée ou parlent un même langage, parce qu'étant devenus intraitables par la violence de leurs passions, et incompatibles par leurs humeurs différentes, ils ne pouvaient être unis à moins que de se soumettre tous ensemble à un même gouvernement qui les réglât tous. Faute de cela, Abraham et Lot ne peuvent compatir ensemble, et sont contraints de se séparer. « La terre où ils étaient ne les pouvait « contenir, parce qu'ils étaient tous deux fort riches, et ils ne pouvaient demeurer ensemble: « en sorte qu'il arrivait des querelles entre leurs « bergers. Enfin, il fallut pour s'accorder que « l'un allât à droite et l'autre à gauche '. » Si Abraham et Lot, deux hommes justes, et d'ailleurs si proches parents, ne peuvent s'accorder entre eux à cause de leurs domestiques, quel désordre n'arriverait pas parmi les méchants! « Si vous voyez les pauvres calomniés, et des jugements violents, par lesquels la justice est « renversée dans la province, le mal n'est pas • sans remède: car au-dessus du puissant il y « de plus puissants; et ceux-là même ont sur leur a tête des puissances plus absolues; et enfin le << roi de tout le pays leur commande à tous . » La justice n'a de soutien que l'autorité et la subordination des puissances. « Cet ordre est le frein de la licence. Quand chacun fait ce qu'il veut, et n'a pour règle que ses désirs, tout va en confusion. Un lévite viole ce qu'il y a de plus saint dans la loi de Dieu. La cause qu'en donne l'Écriture : « C'est qu'en ce « temps-là il n'y avait point de roi en Israël, et « que chacun faisait ce qu'il trouvait à propos 3. C'est pourquoi, quand les enfants d'Israël sont prêts d'entrer dans la terre où ils devaient former un corps d'État et un peuple réglé, Moïse leur dit : « Gardez-vous bien de faire là comme « nous faisons ici, où chacun fait ce qu'il trouve « à propos; parce que vous n'êtes pas encore ar 1 Gen. XIII, 6, 7,9 2 Eccl. v, 7, 8. 3 Jud. XVII, 6. BOSSUET.-T. I Dans un gouvernement réglé, chaque particulier renonce au droit d'occuper par force ce qui lui convient. Otez le gouvernement, la terre et tous ses biens sont aussi communs entre les hommes que l'air et la lumière. Dieu dit à tous les hommes : « Croissez et multipliez, et remplissez la terre 5. » Il leur donne à tous indistinctement « toute herbe qui porte son germe sur la terre, et tous les << bois qui y naissent 6. » Selon ce droit primitif de la nature, nul n'a de droit particulier sur quoi que ce soit et tout est en proie à tous. " Dans un gouvernement réglé, nul particulier n'a droit de rien occuper. Abraham étant dans la Palestine demande aux seigneurs du pays jusqu'à la terre où il enterra sa femme Sara. Donnez« moi droit de sépulture parmi vous 7. » Moïse ordonne qu'après la conquête de la terre de Chaelle soit distribuée au peuple par l'autorité du souverain magistrat. « Josué, dit-il, vous con« duira. » Et après il dit à Josué lui-même : « Vous << introduirez le peuple dans la terre que Dieu naan, « lui a promise, et vous la lui distribuerez par « sort 8. >> La chose fut ainsi exécutée. Josué, avec le |