Deux élections partielles eurent lieu le dimanche 28 mai, l'une au Sénat pour pourvoir à la vacance du siège de M. Krantz, sénateur inamovible décédé. Le département de la Seine avait été désigné par le tirage au sort pour recueillir ce siège. Voici le résultat de cette élection : Inscrits : 780. Votants 713. Suffrages exprimés: 703. - Majorité absolue : 352. MM. Thuillier, président du conseil gé néral de la Seine, radical. Du Bellay, indépendant. 547 Élu. • 135 • - 6 L'autre élection, celle-ci législative, eut lieu dans la 1re circonscription d'Avesnes (Nord). En voici le résultat : Il s'agissait de remplacer M. Guillemin, républicain, décédé le 22 mars dernier. M. Guillemin, élu pour la première fois en 1893, avait été réélu pourla seconde fois aux élections générales de 1898, au scrutin de ballottage, par 6,001 voix contre 4.206 à M. Roussel, socialiste, et 2.712 à M. Mercier, réactionnaire. M. Léon Pasqual, le nouvel élu, était le cousin du député décédé, M. Guillemin. JUIN Arrivée de la mission Marchand à Toulon et à Paris. Liotard et à la mission Marchand. Arrestation du lieutenant-colonel du Paty de Clam. COUR DE CASSATION : Affaire Dreyfus. - Plaidoirie de M. Mornard. Arrêt ordonnant la revision et renvoyant le capitaine Dreyfus devant le conseil de guerre de Rennes. L'ex-commandant Esterhazy avoue être l'auteur du bordereau. Graves incidents aux courses d'Auteuil. Le Président de la République est frappé d'un coup de canne. — Mesures diverses décidées. le lendemain par le conseil des ministreś. Demande de mise en accusation contre le général Mercier, ancien ministre de la guerre. Adresse des députés républicains de toutes nuances au Président de la République. CHAMBRE: Interpellation de M. Laloge. - Vote de flétrissure des scandales d'Auteuil et d'approbation au cabinet Dupuy. - Vote, après discussion, d'une motion de M. Pourquery de Boisserin, renvoyant l'examen de la demande de mise en accusation du général Mercier jusqu'après l'arrèt du Conseil de guerre de Rennes. Vote de l'affichage de l'arrêt de la Cour de cassation. SÉNAT : Vote d'une motion des groupes républicains au Président de la République. Conférences entre les groupes républicains du Sénat et les groupes avancés de la Chambre. Journée du Grand Prix, à Longchamps. - Manifestations républicaines et socialistes. Mesures d'ordre arrêtées par le gouverne ment. - Bagarres. CHAMBRE: Interpellation Vaillant sur « les violences de la police ». Chute du cabinet Dupuy. — M. le Président de la République confie à M. Poincaré la mission de former un ministère. Echec de la combinaison Poincaré. M. Waldeck-Rousseau tente ensuite, mais sans succès, de constituer un cabinet. M. Léon Bourgeois est appelé à l'Elysée. Il refuse de constituer un Cabinet. Il s'entremet pour aider au succès d'une combinaison Waldeck-Rousseau. M. Waldeck-Rousseau réussit dans la tâche de constituer un ministère. Composition de ce ministère. Comment sa composition est accueillie à la Chambre : Dissensions dans les groupes socialistes, radicaux et progressistes. Mesures disciplinaires décidées par les nouveaux ministres à l'égard d'un certain nombre d'officiers et de magistrats. CHAMBRE: Déclaration ministérielle. nest Roche, Mirman et Viviani. Waldeck-Rousseau. - Interpellations de MM. ErVote d'approbation au cabinet SÉNAT: Vote, après la lecture de la déclaration ministérielle, d'une motion de confiance au cabinet. CHAMBRE: Refus de l'urgence d'une proposition de M. Paul Déroulède tendant à la revision de la Constitution. - Vote d'une motion de M. Gautret, député dé la Vendée, maintenant en fonctions pour l'examen du budget de 1900 la commission du budget élue en 1899. Vote, après d'intéressantes discussions, de diverses lois accessoires à la loi de 1898 sur les accidents de travail : loi résiliant les contrats d'accidents, accidents passés avant et depuis la loi de 1898; loi étendant, sous certaines conditions, aux accidents agricoles, le bénéfice de la loi de 1898; loi créant des contrôleurs pour les accidents du travail. SÉNAT: Examen et vote, avec certaines modifications, des lois précédentes. CHAMBRE : Vote d'une loi prorogeant les droits d'octroi jusqu'au 31 décembre 1900. - Vote d'une loi étendant aux conseils de guerre l'application de l'instruction contradictoire. Vote d'une proposition de loi de M. Cruppi, député de la Haute-Garonne, étendant l'instruction contradictoire à la procédure organisée devant la chambre des mises en accusation. - Vote d'une autre proposition de loi de M. Cruppi, modifiant les expertises légales. - Vote d'une proposition de loi de M. Viviani, ouvrant aux femmes l'exercice de la profession d'avocat. Election législative partielle (Drôme). Le 1er juin, la mission Marchand arriva à Paris, retour de Fachoda, au milieu du grand enthousiasme de la population parisienne. A Toulon, où elle avait débarqué, elle avait été accueillie également par de nombreuses manifestations sympathiques. Le gouvernement, qui avait déjà nommé chef de bataillon le valeureux capitaine Marchand et lui avait décerné la croix de commandeur de la Légion d'honneur, avait tenu à donner un certain éclat officiel au retour à Paris de cet officier et des membres de sa mission. Reçu successivement par le Président de la République et par les ministres de l'intérieur, de la marine, des affaires étrangères, de la guerre et des colonies, 1 1 le commandant Marchand fut, avec les membres de sa mission, l'objet d'un vote de félicitations unanimes de la Chambre des députés. Le général Galliéni, l'heureux pacificateur de Madagascar, qui venait de rentrer en France pour s'y reposer, fut compris dans ces félicitations, que la Chambre adopta, dans sa séance du 1er juin, sur l'initiative de MM. Étienne, Antoine Perrier et Albin Rozet. La motion présentée par ces trois députés était ainsi conçue: - La Chambre adresse ses félicitations au général Galliéni et à ses collaborateurs, aux membres de la mission Liotard et Marchand, et à tous les explorateurs qui ont étendu le domaine de la France en Afrique. Seuls quelques socialistes eurent le triste courage de ne pas s'associer à ce vote patriotique. La Cour de cassation, qui continuait, cependant, son examen de l'affaire en revision Dreyfus, entendit, le 1er juin, la plaidoirie de M. Mornard, au nom de Mm Lucie Dreyfus. Le soir de ce même jour, le ministre de la guerre, M. Krantz, faisait incarcérer le lieutenant-colonel du Paty de Clam sous l'inculpation de faux. En effet, cet officier avait été très nettement accusé, au cours de l'enquête de la Cour de cassation, par M. le commandant Guignet, d'avoir été l'auteur principal du faux du lieutenant-colonel Henry. Une instruction fut immédiatement ouverte contre le lieutenantcolonel du Paty de Clam. Le 3 juin, la Cour de cassation rendit enfin son arrêt définitif tant attendu sur le procès en revision Dreyfus. Cet arrêt admettait quant au fond la thèse développée par M.. Ballot-Beaupré, par M. le procureur général Manau dans ses conclusions et dans son rapport, par Me Mornard dans sa plaidoirie. La Cour relevait deux faits nouveaux de nature à motiver la révision du procès Dreyfus : 1o La communication aux juges de 1894 de la pièce : « Ce canaille de D... », considérée comme inapplicable à Dreyfus; 2° L'attribution du bordereau à un autre que Dreyfus. Voici d'ailleurs son arrêt in extenso : La Cour, Ouï M. le président Ballot-Beaupré dans son rapport, M. le procureur général Manau dans ses réquisitions, et Me Mornard, avocat de Mm Dreyfus, ès qualité intervenant ses conclusions; Vu l'article 445 modifié par la loi du 1er mars 1899; Vu l'arrêt du 29 octobre 1898 par lequel la chambre criminelle a ordonné une enquête et a déclaré recevable -en la forme la demande tendant à la revision proposée d'Alfred Dreyfus, condamné le 22 décembre 1894 à la peine de la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire pour crime de haute trahison; Vu les procès-verbaux de ladite enquête, lesquels sont joints au dossier; Sur le moyen tiré de ce que la pièce secrète: << Ce canaille de D... >> aurait été communiquée au conseil de guerre : Attendu que cette communication est prouvée à la fois par la déposition du président Casimir-Périer et par celles des généraux Mercier et de Boisdeffre euxmêmes ; a Que, d'une part, le président Casimir-Perier déclaré tenir du général Mercier qu'on avait mis sous |