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ment en latin Abergavenium, & par contraction Aberge nium & Abergennium. * (2) Atlas de Blaeu. (b) Etat pref. de la G. Bret. t. I, pag. 88.

du

ABERITES, ABARITES, peuple maritime d'Afie, felon Ptolomée, 1. 6, p. 167, qui le place dans la Gedrofie; mais fes interprétes, fondés fur des manufcrits, lifent ARABITES au lieu d'Abérites. Quinte-Curfe, 1.9, c. 10, fait aller l'armée d'Alexandre, en neuf jours de marche, pays des Abarites à celui des Gedrofiens. Ortelius (a) qui les nomme Arabites, les place à l'orient de la riviere Arbius, qui, felon lui, eft la même que l'ilment; de forte qu'ils habitoient la province de Mecran qui eft aujourd'hui comprife dans la Perfe, felon M. de l'Ifle (b) qui place à l'orient de l'Ilment, à fon embouchure, un petit lieu nommé Araba. * (2) Théatr. & in parerg. fol. 24. (b) Carte de l'Afie.

ABERKORN, ville de la Géorgie fur la riviere de Savannah. C'est une colonie Angloife.

ABERLONE, ville ou bourgade de l'Ethiopie intérieure en Afrique. L'anonyme de Ravenne, 1. 3, c. 5, le feul qui en fafle mention, ne nous en apprend que le nom fans en rien dire autre chofe.

ABERNETH, ou ABERNETHY, ville ancienne d'Ecoffe dans la province de Strathern; en latin ternethum & Abernethaa. Elle eft fituée au fond du golfe que forment l'Erne & le Tay, en fe joignant dans un même lit, & au midi de ce même golfe. Elle a été autrefois trèsHoriffante & la capitale des Pictes, dont les rois y faifoient leur réfidence. Elle fut auili le fiége d'un évêché que Kennet, ou Canut III fit transférer à S. André. Le pere Ferrari l'a confondue mal à propos avec cette ville, & Baudrand, éd. de 1670, a eu raifon de relever cette faute. Elle palla enfuite à la famille de Douglas, de laquelle plufieurs perfonnes y font inhumées. Elle n a plus rien de fon ancienne fplendeur. Le P. Briet croit que c'est la Victoria que Ptolomée donne au peuple Damnii. Long. 14, 25, latit. 56, 15.* Cambden in Strathern.

ABERSEE, lac d'Allemagne au cercle de Baviere, partie dans l'évêché de Saltzbourg, & dans la haute Autriche,au midi des lacs de MANSEE,& D'ATTERSEE.* Zeyler, carte de Baviere

dans une ifle, mais fur une pointe entre l'embouchure de l'Oxus que nous connoiffons fous le nom de Gihon ou Amon, & la ville de Thus, ou Tous, ou mieux encore Mesched; ce qui eft une erreur combattue par le témoignage des auteurs Perfans. (a) Dierbelot, bib. orient. (b) Géog. vet. Oxon. t. 3, p. 107 & 139. ABESTE, ville d'Afie, dans le pays des Arachofiens, felon Pline, au rapport d'Ortelius, qui en effet l'a trouvée ainfi dans les imprimés de fon tems où ce pallage étoit ainfi défiguré Amnis Hermandus præfluens per Abeften. Le R. P. Hardouin, in Plin. l. 6, c. 23, l'a heureufement rétabli en corrigeant le nom du fleuve & celui de la ville. Amuis Erymantus profluens Paratefien, de forte que cette ville fe nommoit PARABESTES & non Atefte, & la riviere qui l'arrófoit fe nommoit Erymante. Cella1. 3, c. 22, dans la géographie ancienne, cite Pline felon la correction du P. Hardouin

ABERYSTWYTH, ou ABER-YSTIWITH, ville (a) d'Angleterre en Cardiganshire, dans la principauté de Galles. Elle prend fon nom de l'Yftwyth, ou Yitwydh, riviere au nord de laquelle elle eft fituce, à trois quarts de mille de fon embouchure, dans la mer d'irlande, à 8 lieues géom. de Cardigan. Elle paffe (b) pour la plus riche & la plus fréquentée de Cardiganshire, latit. 52, 30. Gilbert comte de Clare, à qui Henri I la donna, la fit entourer de murailles; & Gautier Bec, Anglois, la défendit long-tems contre les Gallois. * (4) Atlas de Blaeu. (b) Cambden in Cardiganshire.

ABES, ville de la Terre Sainte. C'étoit une des feize villes que le fort donna à la tribu d'Iffachar, & elle eft la neuvième en ordre dans l'énumération qu'en fait Jofué. c. 19, v. 20. Sanfon la met à 32 d. 22' 30' de lat. sept. & à 67 d. 22' de longitude.

ABÉSAMIS, ville de l'Arabie heureufe, dans le territoire des Omans, felon Pline, liv. 5, c. 38.

ABESARE, ville de la Terre Sainte. C'étoit la patrie de la premiere femme de David. Jofeph en parle dans fon livre des antiquités, liv. 6, c. 15, mais l'écirture fainte nomme ce même lieu JESRAEL.

rus,

ABET, nom que quelques géographes donnent à Goza, ville de Barbarie dans le royaume de Maroc. Voyez Goza.

ABEX. Ce nom ne fe dit point feul, mais on dit la COLE D'ABEX, c'eft une contiée maritime de l'Afrique dans la hauce Ethiopie, fur le bord occidental de la MerRouge. (a) Les geographes modernes font fort partagés fur les boines & létendue de ce pays. Quelques-uns appellent la nouvelle Arabie, & y renferment une partie de Egypte ; d'autres y ajoutent tout le pays jufqu'au cap de Guar-da-fuy. Mais les plus habiles (b) le boinent en haut par les montagnes qui font au nord de Suaquem, au 20 d. de latitude feptent. & terminent fa longueur vis à-vis du détroit de babel-Mandel; de forte qu'il eft borné à l'orient par la Mer-Rouge, au midi par l'Abullinie qui l'enferme aufli à l'occident jufqu'aux frontieres de la Nubie, qui acheve de le borner jufqu'à la Mer-Rouge.C'étoit autrefois la partie maritime de l'Abiflinie qu'on nommoit Ethiopie fous l'Egypte, pour la diftinguer de

ABESKOUN, ABuscow, (2) ou Abkoun, ifle de la mer Caspienne éloignée feulement de trois parafangues de la ville d Efterabad. Il y a dans cette ifle une ville & une riviere qui portent ce même nom, felon Ebd-Cailem. Quelques-uns veulent que l'ifle foit fituée à l'embouchure de la riviere qu'on appelle Abch, ou Abefcoun. Ce fut dans cette ifle que le malheureux prince Mohamed, Sultan de Kouarezme, fe retira, & mourut après fa déroute. (b) Nallir Eddin & Ulugg Bei font mention d'Aboskun, ville marchande, (Emporium) dans la province de Khoraffan, & la mettent à 72 d. 30' de longit. & à 37 d. 15' de latit. feptent. dans le voisinage d'Efterabad. M. de l'Ifle l'avoit oubliée dans fa carte marine de la mer Caspienne, & dans fa carte de l'Afie, gravée en 1700: mais il ne l'a pas omise dans fa carte de Perfe. Cette ifle fe trouve très bien marquée dans la carte dreffée pour l'hiftoire de Gengiskan. La nouvelle carte de la mer Caspienne, chez Ottens, marque cette ville, non pas

Ethiopie qui eit fous l'Equateur. On en appelloit aufli les habitans Troglodites, quoique ce pays ne foit pas précifément aujourd'hui dans les mêmes limites que la Trogloditique des anciens, & qu il n'en foit qu'une partie. Ce nom moderne eft venu par la contraction de ces mots la cote des Abexins ou Abixins , parce que les Abillins poffedoient autrefois ce pays, & étendoient leur domination jufqu'à la Mer-Rouge. A préfent les Turcs en poífédent la plus grande partie. On le diftingue en deux:

une gouvernée par un Beglierbei Turc qui a fa réfiderce à Suaquem. La partie méridionale contient le royaume de Dangale, que Ptolomée appelle les Adulites; elle eft moins inculte que l'autre.En général, c'est un pays défert & inculte, à caufe de la trop grande chaleur & de la difette d'eau: ce qui n'empêche pas que l'air n'y foit groffier & mal-fain quand le foleil eft couché : les principaux lieux de cette côte font Arkiko, Mazua, & Suaquem. L'ifle de Dalaca, ou Dahalac qui en dépend, eft poffédée par les Maures. Les Portugais y mettent fouvent pied à terre, à cause de la bonté des havres & de la fidélité des habitans, dit le Voyageur curieux,ch. 8. Il ajoute que les peuples y font blancs, les maifons femblables aux nôtres, & les femmes vêtues de foye, & qu'elles portent au cou quantité de pierreries à la façon des Arabes. Si nous l'en croyons, on y trouve des moutons deux fois plus grands que les nôtres & dont la queue pefe trente livres. M. Poncet, Vincent le Blanc, & d'autres nous apprennent que les habitans de cette côte font maures ce qui détruit ce qu'en dit le Voyageur curieux. * (a) La Croix, géograp. univ. t. 5,p. 395. (b) Atlas de de l'lfie.

ABHER, (a) ville d'Afie, dans la province de Gebal, ou Iraque Perfienne. Elle eft fituée au quatrieme climat à 84 d. 30' de longitude & à 36 d. de latit, feptent. On la nomme auffi AвHERAH, & on prétend qu'elle a été bâtie par Dara fils de Darab, qui eft Darius Codomanus,défait par Alexandre le Grand. Pietro della Valle (b) dit que c'est une ville champêtre, & que le nom d'Abher lui vient de la quantité d'eau qui fe divife en une infinité de petits ruiffeaux qui coulent dans toutes fes rues. Elle eft petite & toute verdoyante, à caufe de la quantité de jardins qu'elle enferme prefque dans toutes les maifons, & qui font remplis de toutes fortes d'arbres fruitiers mais fur-tout de ces arbres que l'on appelle Albuces, qui ne font autre chofe que les peupliers qu'ils élevent en très-grande quantité, & dont ils fe fervent pour bâtir

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que

leurs maisons, n'ayant peut-être point d'autre bois celui-là pour cet ulage. * (a) D'Herbelot, bibliot. orient. (b) Voyag. t. 2, p. 445•

ABIA, ville de l'Arcadie, felon Strabon, liv. 6; mais Sylburge & Cafaubon prétendent que c'eft une faute du texte, & lifent ASEA. Voyez ASEA. * Ortel. Thef.

ABIA, riviere d'Afie. Voyez ABEILLE. ABIADENE, province d'Afie felon Baudrand édit. 1682, qui la place dans l'Affyrie, le long du Tigre. ABIAGRASSO, bourg d'Italie, en Lombardie, entre Vigevano & Milan, à deux lieues de la premiere, fur la riviere de Ticinelle. * Corn. dict.

ABICUREN. Voyez ABCORRENG. ABIDA, ville d'Afie dans la Céléfyrie. Elle étoit, felon Ptolomée, l. 5, c. 15, à 68 d. 15' de longit. & à 32 ,à 68 d. 15' de longit, & à 32 d. 45' de latit. feptent. Mercator dans fes cartes réformées par Bertius la met fur le Jor avant fa jonction avec le Dan; en quoi il a été imité dans la carte géographique du patriarchat d'Antioche, où elle eft placée à l'orient d'été de Paneas. M. Reland, Paleft. pag. 459, lit Abila au lieu d'Abida dans ce paffage de Ptolomée.

ABIDE ou ABIDDE, en latin Abidus ou Abidos Regia, ancienne ville d'Afrique dans la Bifacene, entre les villes de Mazara & de Bifacene, un peu plus près de la premiere que de la feconde & fur le bord feptentrional d'une riviere. Ortelius, in Parergo, l'a nommée dans fa carte de l'Afrique propre AVIDOS. Il paroît que c'eft la même ville que la table de Peutinger nomme Aviduvicus. La conférence de Carthage fait mention d'Honorat évêque d'Abidde.

ABIDOS, ville à l'oppofite de Seftos, dans le voisinage du lieu où font aujourd'hui les Dardanelles. Voyez

ABYDOS.

ABIENS, en latin Abii. Il y a eu plufieurs peuples de ce nom. Ammien Marcellin, I. 23, c. 6, parle des Abiens peuple d'Afie vers l'Hircanie. Ils tiroient peut-être leur nom de l'Abia, riviere qui fe décharge dans l'Oxus. Quinte Curfe, 1.7, c. 6, parle des Abiens, peuple de Scythie qui vinrent fe foumettre à Alexandre le Grand pendant qu'il étoit à Maracande. Ils avoient confervé leur liberté depuis la mort de Cyrus, & étoient eftimés les plus juftes des barbares. Jamais ils ne faifoient la guerre que pour le défendre, & la liberté dont ils ufoient avec modération, avoit entre eux égalé les plus petits aux plus grands. Ortelius, in Parergo, dans fa carte des conquêtes d'Alexandre les place au nord des montagnes où 'Inde a fes fources, vers le 61 d. de latit. feptent. en quoi il s'éloigne de Prolomée, qui leur donne bien la même latitude, mais qui les place à l'orient du Mont. Imais; cette latitude eft exceffive. Leur pays fait aujourd'hui partie de la Tartarie indépendante. Il n'eft pas facile d'en marquer les bornes, car ils habitoient dans des hutes foutenues fur des roues, & vivoient, comme les Nomades, du lait de leurs troupeaux. Homere parle d'eux, & les appelle des hommes très-juftes; car comme ils ne faifoient aucun commerce, la fraude & l'avarice n'avoient aucune entrée chez eux. Strabon, liv. 7, p. 296, réfute ceux qui ont expliqué l'origine du nom Abiens, qui en grec fignifie inanimés, parce qu'ils n'avoient point de femmes. Il prouve qu'ils en avoient, & même qu'ils ne fe contentoient pas d'une feule. Il fait voir que les Nomades furent appellés Abiens, qu'ils vivoient très frugalement. Ils avoient des terres, mais au lieu de les cultiver eux-mêmes, ils les donnoient à cultiver à quiconque le vouloit faire, moyennant un petit tribut qu'ils fe réfervoient; & pourvu qu'on leur payât ce peu qu'ils avoient ftipulé, ils en laiffoient la jouiffance paifible à leurs fermiers. Pour eux ils ne payoient tribut à perfonne, & ne prenoient les armes qu'en l'une de ces deux occafions; quand on leur refufoit de les payer, ou quand on vouloit exiger d'eux des tributs dont ils s'exemptoient par leur valeur.

, parce

ABIGAS, riviere d'Afrique, dans la Numidie, felon l'anonyme de Ravenne, l. 3, c. 6, qui l'écrit Abiga. Le P. Porcheron,dans une note, remarque que ce nom eft écrit Abigas par Ptolomée & par Procope. Quant à ce dernier, je trouve dans la traduction de M. Coufin, que l'Abigas coule au pied du Mont Aurafe, au lieu que Procope, felon le P. Porcheron, dit que le fleuve Abigas a fa fource dans cette montagne.* Hift. de la guerre contre les Vandales, 1. 2, c. 13.

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ABIGIRAS, peuple de l'Amerique méridionale; il est à l'orient de la riviere d'Amoyobamba, au deffus de fa jonction avec la riviere des Amazones vers le 6. degré de latitude merid. & à 310 d. de longitude. Ce peuple n'est guéres connu. * Atlas de de l'ifie.

1. ABILA, ville d'Afie, dans la Perée, province de la Palestine. Jofeph, de Bell. Jud. 1. 2 & 1. 3, c. 3. la joint aux villes de Juliade & de Befimoth; & ces deux lieux n'étant pas fort éloignés du Jourdain, dans la MerMorte, on peut croire qu'Abila en étoit aufli voifine. Elle étoit éloignée du Jourdain de 60 ftades, comme il eft prouvé par les antiquités de Jofeph, qui dit, l. 4, c. 7 & l. 5, c. 1, que Moyfe affembla le peuple en un lieu où eft à préfent la ville d'Abila, & il met ce même lieu à 60 ftades du Jourdain. Etienne le géographe, in voce A'BI'AH fait mention d'une ville nommée Abile fur le Jourdain, & la diftingue d'une autre de même nom en Phénicie. Reland foupçonné que cette ville ne fubfiftoit déja plus du tems d'Eufébe, & de S. Jerôme, qui n'en ont point parlé.* Retand. Palæft.

2. ABILA, ville d'Afie, dans la Batanée, contrée de la Palestine. Eufébe en fait mention dans fon Onomasticon, où, en parlant d'Aftaroth Carnaein, il dit qu'il y avoit deux bourgades de ce nom dans la Batanée, entre les villes d'Adara & d'Abila. M. Reland, Palast. p. 525. doute fi ce ne feroit pas la même que cet Auteur dit ailleurs avoir été très-fertile en vignes. Il femble que ce foit elle que les anciennes notices eccléfiaftiques nomment entre les villes de la feconde Palestine après Scythopolis, Pella, Gadara & Capitolias. Polybe, hift. 1. 5,dit qu'Antiochus ayant foumis Atabyrium (Thabor en Galilée) Pella, Camun & Gephrun, arrivant dans la Galate Galaadite ) fe rendit maître d'Abile. Jofeph antiq. 1. 12, c. 3, dit aufli qu'Antiochus prit Gadara & Abila: ce qui ne peut mieux convenir qu'à Abila en Batañée à douze milles de Gadara.

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3. ABILA, ville d'Afie près du mont Liban, hors de la Palestine. (4) Jofeph, (b) qui la nomme ABELLA près du Liban, dit qu'elle fut annexée au royaume d'Agrippa. L'itinéraire d'Antonin la met entre Héliopolis & Damas. La notice Grecque des évêchés, imprimée à la fin de Codin Curopalate, (c) la place de même & écrit ce nom Ambilla. Elle conferve fon nom d'Abila & la même fituation dans la table de Peutinger. C'est la même ville que Ptolomée a mife dans la Céléfyrie, & qu'il nomme Abila de Lyfanias: ce qui s'accorde avec S. Luc, c. 3,v. I, qui appelle Lyfanias Tétrarque de l'Abilene. Étienne le géographe nomme Abila ville de Phénicie, d'où étoit originaire Diogene fophifte très-excellent, en quoi il a été copié par Suidas. Plufieurs fçavans ont confondu mal à propos cette ville avec les différens lieux que l'ancien teftament nomme Abel. * (2) Reland Paleft. p. 527. (b) Antiq. 1. 19,'c. 4, & l. 209, c. 5. (c) Edit. regiæ, p. 360.

4. Dans les actes du concile de Jerufalem, tenu l'an 536 de l'ére vulgaire, on trouve le nom d'Abile, comme étant l'une des villes des trois Palestines. On ne fçait pas bien précisément où elle étoit, & Reland juge que ce pourroit bien être Abila en Batanée. * Reland, p. 529.

ABILENE, contrée de la Phénicie, autour d'Abila. S. Luc appelle Lyfanias Tétrarque de l'Abilene. Voyez l'article précédent.

ABILUNUM, ville de la Germanie le long du Danube, felon Ptolomée Í. 2, c. 11.

ABIN, château d'Arabie fitué à l'orient de la ville d'Aden, à 12 milles du rivage de la mer. Les habitans des environs font réputés grands magiciens. On prend ordinairement le chemin de ce château pour aller à Sanaa.* D'Herbelot,bibliot. orient.

ABINGDON, ABBAN-DUN, ABBEN-DUN, ABBenDUNE, ABBINGDON, ABENDON OU ABINDON, en latin Abbatia mons, ou oppidum, Abandonia, Ábindonia, & Abingtonia, ville d'Angleterre en Berch-Shire. Elle ne devint célébre que par le monaftere que Liffa roi des Saxons occidentaux y fonda, felon Gibfon dans fon hiftoire des Anglo-Saxons. Cette ville fituée fur la Tamife, às milles d'Oxford, eft agréable, a deux paroisfes, une école publique, un hôpital, avec une maison de ville dans la place du marché. Elle eft du petit nombre de ces villes qui n'envoyent qu'un feul député au parlement, au lieu que la plupart en envoyent deux, & Londres quatre. D. Bulteau dans fon abrégé de l'hiftoire

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de l'ordre de S. Benoît, tom. 1, p. 364 & tom. 2, p. 82, nomme cette ville ABINGDON, & ABBENDON, fans avertir que c'est la même ville. Voici comme il raconte la fondation de ce monaftère. L'abbaye de fainte Marie d'Abingdon du comté de Barke eût fon commencement vers l'an 675. Un grand feigneur nommé Ciffa, régnoit alors dans le pays fous la dépendance du roi de Weftfex. Heane fon neveu entendant un prédicateur qui infiftoit fur cette maxime de l'évangile, qu'il eft difficile qu un homme riche fe fauve, en fut tellement touché, qu'il réfolut de quitter le monde. Pour cet effet il pria fon oncle de lui bâtir un monaftère. Cilla y confentit, & lui donna un lieu nommé Aben où il s'établit avec ceux qui voulurent l'imiter. Sa fœur nommée Ciffe fuivit fon exemple, & fonda le monaftere de Helneftou, dont elle fut la premiere abbeffe. Nos mémoires, ajoute le même auteur, nous fourniffent quelques particularités touchant l'obfervance primitive d'Abingdon. Ce monaftere étoit compofé de douze petites mailons qui avoient chacune leur chapelle, & étoient habitées d'un feul religieux. Ces maisons étoient environnées d'une haute muraille qui leur fervoit de cloître. Ils étoient vêtus de noir, & n'ufoient point de linge. Ils dormoient fur des cilices, & ne mangeoient point de chair s'ils n'étoient fort malades. Les dimanches & les fêtes, ils portoient des fcapulaires ou du moins des capuces de foye. Les femmes n'en troient point dans leur monaftere. Nul religieux n'en fortoit que par la permiffion de l'abbé, & pour une caufe néceffaire, ou pour les befoins de la communauté. Ily avoit près de la porte un petit logis, où ils alloient parler à ceux qui venoient leur rendre vifite. Rethun, qui gouvernoit ce monaftere, obtint un privilege de Genulfe roi de Mercie. Il y eft qualifié évêque, & les lettres font de l'an 821, indiction xvi. Ce qui prouve que ce roi ne mourut pas en 819, comme quelques hiftoriens l'on écrit. Le plus ancien nom de ce lieu SHEOVESHAM, & le nom moderne lui eft venu de l'abbaye qui le rendit célébre. * Etat pref. de la g. Bret. t. 1, p. 41.

ABINNA, ville de la Sufiane felon Ptolomée, l. 6, c. 3. Il la place entre AGAR, & TRASANA.

ABIÓLICA, ancienne ville des Helvétiens, felon Baudrand, édit. lat. 1682, qui la met dans le territoire nommé Verbigenien. Il croit que c'eft le village aujourd'hui nommé LE BULLET, dans le canton de Berne, à fix mille pas d'Yverdun, au couchant d'été, en tirant vers Befançon. Sanfon, Disquis. p. 94, a reproché à cet auteur d'avoir cité Antonin, comme s'il eut parlé du territoire de Verbigene dont il n'a fait aucune mention, les commentaires de Céfar étant le feul livre ancien où ce nom fe trouve. Remarquez de plus qu'il falloit dire Urbigene, & non pas Verbigene, qui eft une faute de copifte. Je trouve bien dans Antonin, Ed. Surit. p. 79. ARIORICA à vingt-quatre mille pas d'Urba & à feize de Befançon, mais je n'y ai vu aucune trace d'Abiolica.

ABIOURD ou ABIURD, ville d'Afie, dans le Corafan, province de Perfe. Elle a donné naiffance à plufieurs grands hommes. Abiourdi, excellent poëte Arabe, qui fe difoit defcendu en ligne directe d'Othoman troifieme Calife des Mufulmans, étoit natif de cette ville. * D'Herbelot, bibliot. orient.

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ABIPONES, peuples de l'Amerique méridionale, dans le Paraguai, M. de l'Ifle les place au 320 d. de longitude & au 26 degré de latitude méridionale. Leur pays qui a au midi les Frontones & au nord les Guamalcas, eft arrofé par la riviere rouge ( Rio Vermejio) & borné au fud-eft par une chaîne de montagnes.

ABIRDOUR ou ABYRDOUR, château d'Ecoffe: en latin, Aberdura. Il y en a deux de ce nom. Le plus confidérable eft dans la vicomté de Fife, fur le bord feptentrional du golfe de Forth. Le comte de Morton, famille illuftre d'Ecoffe, y fait fa réfidence ordinaire. Ce nom s'écrit auffi ABERDOUR. L'autre eft dans la province de Buchan, & s'écrit plus communément Aberdore. * Corn. Dict. Atlas de Blaeu.

ABISCAS ou ABYSCAS, (3) peuple de l'Amérique méridionale, à l'orient de l'audience de Lima, entre les rivieres d'Yetau & d'Amarumaye vers le 314 d. de longitude & le 12 de latitude méridionale. Garcilaffo de Vega rapporte que l'Inca Yupanqui tâcha le premier de traverfer par les Andes dans cette contrée, fur l'efpérance qu'on lui avoit donnée qu'il y trouveroit de grandes

richeffes. De Laet (b) dit qu'il y a dans cette province plufieurs vallées affez chaudes, fort abondantes en vivres, & qui font presque enfermées d'un défert impénétrable. * (4) Atlas de de l'Ifle. (b) Defcript. des Ind. occid. 1.10, c. 22.

ABISME ou ABIME, ce mot qui fe prend fouvent dans l'écriture pour fignifier l'enfer & les lieux les plus profonds de la mer, & du cahos, qui étoit couvert de ténébres au commencement du monde, a une fignification différente en géographie. Il fe dit proprement d'un goufre profond dont on ne peut fortir, la partie la plus balfe d'un précipice. Voici à cette occafion un fyftême où ce mot eft pris dans un fens différent. Le docteur Wodward, favant Anglois, dans fon hiftoire naturelle de la terre, prétend qu'une partie des eaux eft enfermée dans les entrailles de la terre, & qu'elles forment un grand globe dans fon centre ; que fur la furface de ces eaux eft étendue une couche de la terre; que c'eft-là ce que Moyfe appelle le grand abisme, & il prouve ce système par un grand nombre d'obfervations. Il dit que ces eaux de l'abisme ont communication avec celles de l'Océan par des canaux qui aboutiffent au fond de la mer. Il fuppofe que ces eaux de l'abisme & celles de l'Océan ont un centre commun autour duquel elles font placées; que cependant la furface de l'abisme n'eft point de niveau avec celle de l'Océan, ni en égale diftance de leur centre commun, parce que celles de l'abisme font la plupart preffées par la terre qui les arrête & qui pese deffus; mais que par tout où cette enveloppe de terre eft percée ou poreufe, ces eaux y pénétrent, y montent & rempliffent toutes ces fentes, qui leur donnent iffue, tous les vuides, tous les pores de la terre, de la pierre & de toutes les autres matieres qui font autour du globe de la terre, jufqu'à ce qu'elles foient arrivées au niveau de l'Océan. Le mot abisme vient du grec "Asures, d'où les latins ont pris le mot abyffus, & fignifie à la lettre ce qu'on ne peut pénétrer, ce qui n'a point de fond. * Dict.

de Trévoux.

ABISSINIE, grand pays d'Afrique, connu par les anciens fous le nom d'Ethiopie, au-deffous de l'Egypte, Ethiopia fub Egypto. Les modernes le prononcent & l'écrivent diversement, & cette variété vient de la difficulté qu'on trouve à attraper la rude afpiration fcha des Arabes. Plufieurs auteurs ont cherché les motifs qui ont fait changer le nom d'Ethiopie en celui d'Abiffinie: mais leurs opinions font trop peu fondées pour qu'on les adopte & les cite, ce feroit fatiguer inutilement le lecteur. Tout ce qu'on peut dire, c'eft que ce pays a pris fon nom des Abiflins qui habitoient, autrefois l'Arabie Heureufe fur la Mer-Rouge, d'où ils ont paffé en Afrique. Leur langue & leurs coutumes ont beaucoup de rapport à celles des Arabes, & ils leur reffemblent beaucoup plus par le caractere & par la figure qu'aux Ethiopiens d'Afrique. Les Abiflins prétendent eux-mêmes que la reine de Saba étoit leur fouveraine, & tous les Arabes fe réuniffent à dire qu'elle étoit de la race des Homérites, de qui les Abiffins prétendent descendre.

Les anciens appelloient l'Abiffinie, l'Ethiopie fous l'Egypte. Pour que cette pofition fût jufte, il faudroit que la carte fur laquelle elle feroit repréfentée avec l'Egypte eût le feptentrion en haut, ce qui doit fe trouver dans toutes celles qui font bien orientées. Mais à regarder le nivellement du pays par rapport au cours du Nil, l'Abiffinie eft véritablement au-deffus de l'Egypte. L'Abiffinie eft fituée en Afrique au-delà de la Nubie; au-deffus de l'Egypte elle s'étend entre le 8 d. & environ le 16 de latitude feptentrionale. Quelques-uns l'appellent l'ETHIOPIE SUPÉRIEURE : en effet elle ne s'étend point jufqu'à la ligne, loin de la paffer, comme plufieurs hiftoriens & géographes l'ont affuré. Les anciennes cartes de ce pays font très - vicieufes, fans en excepter celles de l'atlas de Mercator, d'Ortelius, de Blaeu & de Sanfon. Ces auteurs, très-habiles d'ailleurs, ont, fans doute, étenduce pays pour remplir un vuide qui les embarraffoit. Les PP. Jéfuites en ont mefuré & trouvé la latitude par des opérations mathématiques, & ce font eux qui nous l'ont apprife. On n'en connoît la longitude que par des conjectures. Les Portugais, dans leurs voyages, allant d'orient en occident, ont jugé que ce royaume pouvoit avoir cent quarante lieues Portugaifes dans fa plus grande largeur, qu'il faut prendre depuis la Mer-Rouge

jufqu'à l'extrêmité la plus occidentale de Dambée en droite ligne; car ailleurs ce royaume eft plus étroit & finit en pointe, plufieurs provinces en ayant été décachées par les conquêtes des Galles. Hift. Ethiop. Ludolf. L'Abiffinie eft bornée au feptentrion par le royaume de Fund ou Sennar, que les Portugais appelles Portugais appellent Fungi, & fait partie de l'ancienne Nubie. La MerRouge bornoit autrefois l'Abiffinie à l'Orient; mais lorfque les Turcs firent la conquête du port d'Arkiko & de Fifle de Mazua qui en eft voifine, ils s'emparerent de ce rivage, & depuis ce tems ils font toujours demeurés maîtres de cette mer. Ceux qui entrent dans le détroit de Babel-Mandel voyent à leur gauche le petit royaume de Dancalé ou Dangali, dont le fouverain eft ami des Abiffins, quoique Mahométan, & poffède le port de Bailur. Plus avant dans le pays eft le roi d'Adel, aufli Mahomé'tan, mais ennemi déclaré des Abiflins. On trouve enfuite les royaumes Davaro, Bali, Fatagar, Ved, Bizamò, Cambata, & plufieurs autres provinces occupées ou ravagées par les Galles: puis en tournant vers le midi jusqu'au huitieme degré en - deçà de l'Equateur, font Alaba & Jendero, que les Portugais nomment Gingiro. Ces pays bornent l'Abiffinie jufqu'à Enarée, royaume fitué entre le 8 & le 9° degré, & enfin elle eft bornée à l'occident par le fleuve Maleg & par le Nil qui traverfe de vaites déferts, où il n'y a aucun peuple établi. On y rencontre feulement quelques Ethiopiens vagabonds nommés Nomades ou Troglodites par les anciens, & Shankala par les Abiffins; après quoi, en fuivant toujours les frontieres, on retrouve au nord le royaume de Sennar ou de Fund dont j'ai parlé.

Les auteurs ne s'accordent pas dans la divifion qu'ils ont faite de l'Abiffinie. Plufieurs de fes provinces font qualifiées Mengheft, mot Ethiopien qui fignifie royaume, parce qu'apparemment elles ont eu autrefois des fouverains indépendans, comme nous voyons aujourd'hui la monarchie d'Efpagne n'être plus qu'un feul royaume compofé de plufieurs. Les autres provinces font nommées Shumet, c'est-à-dire, Préfectures. Les premieres font gouvernées par des vicerois, les autres par des gouverneurs particuliers. On a confondu les royaumes avec les provinces, ce qui en a embrouillé le compte. Paul Jove, hift. 1. 18, divise l'empire des Abiffins en plus de quarante royaumes. Mathieu Arménien, premier envoyé des Abiffins aux Portugais, y en met foixante. Tesfafionus, éditeur du nouveau teftament Éthiopien, en ajoute deux. Godigne, parlant fur le rapport de Jean Gabriël, officier Portugais, qui avoit longtems féjourné en Ethiopie, dit que l'empire des Abiffins renfermoit anciennement (antiquo jure) vingt-fix royaumes & quatorze contrées; mais il confond des royaumes voifins, donne à l'Abiffinie des pays qui ne lui appartiennent pas, & en omet de ceux qui lui appartiennent. Il eft conftant qu'il y en a du moins vingt, y compris ceux que les Galles ont ufurpés. Ludolf en compte trente, en compte trente, dont voici les noms, felon qu'il les tenoit d'un Abiffin, nommé Gregoire, fur les mémoires duquel il a compofé fon hiftoire d'Ethiopie. Amhara, duquel dépendent trente-fix préfectures. Angot ou Hangot.

Bagemder, nommé fur les cartes ordinaires Begamedri. On le divife en treize contrées.

Bali,
Bifamo,

Bugna, nommé fur quelques cartes Abugana.
Cambat, mal-à-propos nommé Adea ou Hadea.
Cont, que les Portugais appellent Conch.

Damot,

Davaro,

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Vagara,
Valkajita.

pays

L'air eft très varié dans l'Abiffinie. La chaleur est exceffive dans les lieux bas & tempérée fur les montagnes. Il eft furprenant que les anciens ayent cru la Zone tor ride inhabitable, & qu'ils n'ayent pas jugé au contraire qu'il pouvoit y avoir des montagnes fur lefquelles l'air eft bien plus frais qu'au pied & dans la vallée. Plus on avance de la Mer-Rouge vers les montagnes, plus on y trouve l'air tempéré, & felon le P. Tellez, il y a des de l'Abiffinie où les étés font moins brûlans qu'en Portugal. Il y en a d'autres, comme Samen, où l'on craint plus le froid que les chaleurs, cependant on n'y fçait ce que c'eft que la neige. Cette température d'air influe fur la falubrité du pays, & même fur le tempérament des habitans. Dans le royaume de Tigré on eft fort fujet aux fiévres vers le commencement du printems, qui eft pour ce pays-là aux mois de feptembre & d'octobre. Les fréquens orages font un effet allez naturel de cette différence d'air. Il s'y amaffe des nuages qui ne tombent point par goutes, comme nos pluyes, mais à verfe. Les torrens entraînent les roches, les arbres & tout ce qui eft à leur pasfage. Toutes les rivieres fe débordent ; & les chemins tout couverts d'eau, ou remplis de limon, font impraticables pendant l'hyver. Dans l'Abillinie l'on ne connoît que trois faifons, le printems, l'été & l'hyver. Le printems commence le 25 feptembre; l'été, le 25 décembre, & l'hyver, le 25 juin. Mais on partage l'été en deux trimettres dont le premier fe nomme Tzadai, le fecond Hagai. Celui-ci, qui eft le plus incommode, commence le 25 mars. Comme ce pays eft fort près de l'équateur les crépufcules y font fort courts, & il eft nuit auffi-tôt que le foleil eft couché. Si les vents font fréquens & agréables fur les montagnes, les plaines & les vallées n'ont qu'un air calme, étouffant & très-mal fain. L'Abiffinie eft fujette à un vent terrible, qu on appelle en langue du pays fendo, c'est-à-dire ferpent. C'est un ouragan fi impétueux qu'il renverfe les maifons, les chênes & les roches, & brife la mâture des vaiffeaux. Ce vent que les Flamans appellent hoofs, eft le même que les Grecs appelloient typhon, & fait de grands ravages en Afie. L'Abiffinie eft toute hériffée de montagnes, dont la principale eft Lamalmon. Entre plufieurs de ces montagnes il y a des précipices effroyables, & quelques plaines, dont

Dembejo, Dembea ou Dambée, qui a quatorze pré- la plus grande peut avoir vingt lieues Portugaifes de lon

fectures.

Enarea,

Fatagar,

Gafat,

Gajghe ou Gajegue.

Gan, que les Portugais nomment Ganhe.
Gans,

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gueur fur quatre ou cinq de large. Tant fur ces montagnes que dans ces plaines, on apperçoit des roches qu'on prendroit de loin pour une haute tour, pour une pyramide, ou pour une fortereffe carrée : & les côtés en font fi unis, qu'ils femblent avoir été taillés par la main des hommes. Souvent en fuivant le chemin, après qu'on a monté quelque tems, on eft arrêté par une roche efcarpée fur laquelle il faut monter avec des échelles, & tirer en haut les bêtes avec des cordes. La cime en eft que!quefois fi étendue qu'on y trouve des terres labourables des bois, des prairies, des fources d'eau vive, & tout ce qui eft néceffaire à la vie. On peut voir au mot GESHEN

la defcription particuliere d'une de ces roches. Ces montagnes doivent êtres riches en mines, & fur-tout en or: on trouve par-ci par-li des grains de ce métal de la groffeur d'un pois dans le royaume de Damot, & fur-tout dans celui d'Enarea. Les Abillins n'ont point d'argent foit que la nature ne leur en ait point donné, foit qu'ils ne fçachent pas le tirer de la mine & le féparer. Ils ont de l'averfion pour ce travail, & difent qu'il y auroit de la folie à amaffer des richelles qui porteroient les Turcs avares à leur faire la guerre. Ils ont des mines de fel fur les confins de Tigré & d'Angot, dans un lieu qui pour cela prend le nom de Terre de fel. Ce fel foille eft la monnoye avec laquelle ils achetent de leurs voifins les marchandifes que leur pays ne produit pas. Le Nil, qui a fa fource dans l'Abiflinie, eft caufe des fautes énormes que les géographes ont faites dans la pofition de ce pays, avant qu'on eut réformé l'ancienne erreur qui marquoit cette fource bien au delà de l'équateur, quoiqu'elle foit bien en-deçà. Ces fautes fe trouvent dans les atlas de Sanfon & de Jaillot, poftérieurs aux cartes de Ludolf & de Nolin où elles font corrigées. Ce fleuve eft groffi par quantité d'autres rivieres qui ont aufli leur fource dans ce pays. Les principales font Tacare & Maleg; trois autres rivieres font remarquables: favoir, Havafch & Mareb qui fe perdent dans les fables ou dans la terre, & Zebée qui fe jette dans la mer des Indes. Il y a auffi le lac de Tzana ou de Dambée où font onze ifles. Le fleuve Sambation en Abiffinie eft une chimere inventée. Le pays eft très-fertile par-tout où on le peut cultiver; il y a des lieux où l'on fait jufqu'à deux ou trois moiffons en un an; il y croît non-feulement du froment, de l'orge & du millet comme le nôtre, mais auffi du tef, grain que nous ne connoiffons pas, & dont on fait du pain. Ce grain eft plus menu que la graine de pavot, mais un peu plus long. Il n'y croit point de feigle, mais le pain de tef en a l'odeur. Les Abiffins méprifent l'avoine & nourriffent leurs chevaux avec de l'orge. Dans les lieux tempérés les prairies font toujours vertes, parce que le fond de la terre étant de roche, qui ne boit point l'eau des pluyes, T'humidité s'y conferve longtems. Comme ils ont de T'herbe toute l'année, ils ne fongent point à faire du foin; mais ils manquent quelquefois de pâturages, parce que les fauterelles les confument.

Il croît dans l'Abiflinie des plantes fingulieres. L'amadmagda qui, felon le P. Tellez, guérit les luxations & les fractures des os; plante bien différente de l'offifrage de Norvege qui brife les os des bêtes qui marchent desfus. L'affazoé, qui endort les aspics & les ferpens les plus dangereux, a la vertu que fi un homme mange de fa racine, il peut marcher fans crainte au milieu des hydes & des bêtes les plus vénimeufes. Il eft croyable que les Psylles, peuple d'Afrique, dont parle Pline, 1. 7, c. 12, devoient à cette racine le don qu'ils avoient de braver les morfures des ferpens, & qu'ils s'en réfervoient le fecret. Les Abiffins font de la biére, mais fans houblon. Ils ont de belles vignes, mais ils n'en font point de vin. Ils ont auffi du fucre en abondance, mais point de poivre, ni de gingembre, ni d'autres aromates de cette nature. Le figuier des Indes, que les Arabes nomment muz ou mauz, croît en Abiflinie: le fruit en eft excellent, & une feule tige porte à la fois jufqu'à cinquante figues de la groffeur & de la figure d'un concombre. Elles mûriffent au mois de juin. L'arbre enfete reffemble au figuier d'Inde & a deux toifes de groffeur. Il eft merveilleux en ce qu'étant coupé, il pouffe de fes racines une infinité de rejettons qui étant coupés & cuits, font la nourriture du petit peuple, qui mange en guife de bouillie les feuilles qu'on brove & fait bouillir avec de la farine. L'Abiffinie nourrit des bœufs d'une grandeur prodigieufe, qui font peutêtre les taurelephanes dont parle Philoftorge, l. 3, & les boeufs Indiens que Pline dit, l. 8, c. 45, être auffi grands des chameaux : des chevaux dont on ne fe fert qu'à la guerre & dans les courfes : des mulets pour les montagnes: des chameaux pour les plaines : des brebis dont la queue péfe depuis dix à douze livres jufqu'à quarante des éléphans qui vont par troupeaux, & qu'on n'apprivoife point: des girafes, en latin camelopardalis: des zébres, animal de la grandeur d'un mulet, avec des oreilles d'âne & une peau bigarrée: des lions très - féroces, dont les Abillins ne laiffent pas d'apprivoifer les petits: des tigres, des léopards & des panteres plus féroces que

que

des lions: des loups petits & lâches : des hyenes & des crocutes très-voraces; cette derniere efpéce eft produite par l'accouplement d'une hyene & d'une lionne; des finges qui vont par milliers fur les montagnes, où ils mangent les vers & les fourmis : des civettes, &c. Parmi les amphibies, l'hippopotame ou le cheval de riviere eft un des plus terribles, & peut-être le même que Job, c. 4, v. 10, appelle Behemot; des crocodiles, des lézards d'eau, dont la queue eft fi forte & fi tranchante, qu'ils coupent prefque la jambe d'un homme; des torpilles, qui font des poiffons dont l'attouchement feul engourdit & glace le fang. Il y a auffi beaucoup d'autres oifeaux particuliers à ce climat, mais le roc & le condora font fabuleux.

Les Abiflins font bien-faits, affez hauts de taille, ils n'ont ni le nez épaté, ni les lévres groffes comme les Négres de Guinée. Robuftes & fobres, ils vivent de peu de chofe. Ils ne font pas également noirs, il y en a de bazanés, & d'autres dont le teint approche du rouge & du blanc. La bonté de l'air les rend vifs & laborieux, & la plûpart meurent fort âgés. Les femmes y font fortes, & accouchent avec facilité, ce qui eft commun aux pays chauds. Quand elles mettent un enfant au monde, elles s'agenouillent & fe délivrent ainsi, la plupart fans appeller de fage-femme. Le negus ou empereur d'Abiffinie n'eft point le prêtre Jean, comme plufieurs écrivains l'affurent. Le royaume du prêtre Jean eft dans l'Afie. On trouvera l'origine de cette erreur au mot prêtre Jean. Le gouvernement des Abiffins eft defpotique. Ils n'ont point d'autre loi que la volonté de leur empereur. Comme il n'y a plus de villes dans cet empire depuis la deftruction d'Axum, le monarque campe toujours fous des tentes qui changent de place de tems en tems. On n'y connoît ni auberge ni cabaret : les grands qui voyagent font porter avec eux leurs tentes & leurs équipages, & campent au lieu où la nuit les furprend. On allume du feu pour épouvanter les bêtes féroces. Les pauvres voyagent en demandant l'aumône. Les Abifflins ont une religion mêlée de chriftianisme & de judaïsme. Ils obfervent le fabat, s'abftiennent des viandes défendues par la loi de Moife, permettent le mariage du beaufrere avec la bellefœur circoncifent non-seulement les mâles, mais auffi les filles. Ils reçurent la foi chrétienne par les foins de Frumentius, contemporain de S. Athanafe. Ils refusent de reconnoître le pape comme évêque univerfel, n'approuvent que la communion fous les deux efpéces, & nient avec les Grecs que le Saint - Efprit procede du Fils. Ils enterrent leurs morts. Après avoir bien lavé & parfumé le corps, ils l'enveloppent dans un cuir de bœuf, & le mettent fur un brancar. Le clergé avec la croix, l'encenfoir & le bénitier, l'emporte fi vite, qu'il court plutôt qu'il ne marche : on dépofe le corps à côté de la foffe pendant qu'on lit un chapitre de l'évangile de S. Jean après quoi on encenfe le mort, on verfe de l'eau bénite deffus, puis on le jette dans la foffe.

La langue Ethiopique eft fort ancienne & très belle. Ludolf, de qui j'ai emprunté presque tout cet article ; en a donné une grammaire & un dictionnaire. C'est la langue favante du pays; mais la langue vulgaire eft différente & partagée en différentes dialectes, qui font celles d'Amhar, de Tigré, de Dembée & de Gongh ou d'Enarea. Il y a auffi dans cet empire des Arabes Mahométans, qui parlent leur langue naturelle, laquelle eft entendue à la cour & chez les grands. Il y a autfi des Juifs qui mêlent leur langage Talmudique avec l'idiome particulier du pays où ils vivent. La langue Grecque est inconnue aux Abiffins, quoique ce foient les Grecs qui leur 'aient porté la foi & l'écriture.

ABISSO ou ABISO, riviere de Sicile; en latin Elorum ou Helorus. Corneille dit: ABISUS ELEORUM. Les anciens ont connu fous ce nom la riviere de Sicile qu'on appelle aujourd'hui Atellara. Cela n'est point exact. Elorum ou plutôt Helorum, eft l'ancien nom. Les environs de cette riviere étoient fi fertiles & fi délicieux, qu'Ovide iv, Faft. v, 487, les appelle Heloria Tempe, & Virgile dit dans fon énéïde, I. 3, v.698.

Prapingue folum ftagnantis Helori.

Cluvier dans la lifte des rivieres de Sicile nomme celleci Elorus, dont il dit que le nom moderne eft ABISO. M. de l'Ifle la nomme Fiume di Abiffo dans fa carte de Sicile. Il la nomme aufli ATELLARI. Voyez ATELLARA.

ABISSON,

f

b

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