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Negres elle a Inta au couchant, Achim ou Akim au midi, & Cuafre avec Tafre au levant. Le pays qui la borne au feptentrion eft inconnu, & elle même n'eft pas trop connue, à caufe qu'on y trafique fort peu. De Tille, qui écrit ce nom AKAM par un K, la met dans la haute Guinée, dans le royaume d'Afiante ou d'Inta, à la fource de la riviere de Volta. *Corn. Dict. De la Croix, Relat. de l'Afrique, tom. 3.

ACAMANTE, promontoire de l'ifle de Chypre, à caufe duquel elle a été autrefois nommée par quelquesuns zicamiantis, (*) du mot Acamas,Achames ou Acamantus, ancien nom de ce promontoire, qu'on appelle aujourd'hui CAPO DE SAN PIFANO. Ortelius, in parergo. donne à la pointe de ce cap 35 d. 30' d'élévation du pole, qui eft la latitude de Ptolomée, l. 5, c. 14. Ce cap eft à l'occident de l'ifle, & on croit que fon nom lui vient d'Acamas,fils de Théfée. Il y avoit autrefois une ville épiscopale de même nom que le cap. (b) Cette ville eft main tenant réduite à peu de maifons ruftiques, & ce n'eft plus qu'un village nommé CRUSOCCO. * (2) Pline, Nat. Hift. 1. 5, c. 31. (b) Ferrar. Lex.

I.

ACAMANTIUM, ancienne ville de la grande Phrygie. Elle fut bâtie par Acamante, fils de Thefée, qui lui accorda une place pour cela, afin de le récompenfer de ce qu'il avoit courageufement combattu contre les Solymes. Etienne le géographe fait aufli mention d'ACAMANTIS, tribu du pays Attique. Hefyche, Suidas, Harpocration & Pollux en parlent aufli.* Steph. Byzant. ACAMBOU, Royaume d'Afrique, fur la côte de Guinée, vers le 19 me, degré de longitude & le, me. de latit. fept. à l'occident de la Volta. D'autres écrivent ce nom AQUAMBOE, ce qui, prononcé à la maniere des Flamans, revient à la même prononciation. La plus gran. de partie de ce royaume eft du côté de la terre ferme. Cependant on le confidere comme un des royaumes de la côte, parce que le roi d'Acambou étend fa domination fur les Negres qui demeurent le long de la côte, pour le moins à vingt lieues d'étendue. Quoiqu'il y ait parmi eux des royaumes, ce roi a autant d'autorité fur eux que fur fes propres fujets, & elle eft fans, bornes. On dit qu'il n'y a que deux fortes de perfonnes à Acambou; favoir, le roi & fes amis qui font le premier ordre, c'est-à-dire, la famille royale, & enfuite leurs efclaves qui font le fecond ordre; de forte que le roi n'a à craindre aucune faction, à moins qu'elle ne vienne de fa propre maifon. Les habitans d'Acambou font orgueilleux & infolens. Ils aiment la guerre & font formidables à tous leurs voifins, excepté à ceux d'Akim, qui voudroient bien fe rendre maîtres du pays d'Acambou, en payant une certaine fomme par an; ils y réuffiroient fi le roi qu'ils voudroient dépouiller de ce pays, n'avoit l'art d'entretenir la divifion entre leurs grands, & de les rendre par-là incapables d'employer contre lui toutes leurs forces; mais il fait les gagner par fes careffes & par des préfens continuels; de forte qu'il demeure tranquille poffeffeur de fon pays, & négocie comme il lui plaît. Ce roi & les grands font extrêmement riches, tant en or qu'en esclaves, & l'auteur dont j'ai tiré cet article croit que ce pays feul a plus de tréfors que tous fes voifins enfemble. Les Hollandois avoient commencé à bâtir un fort à l'extrêmité de la côte, auprès du village de Poni; mais ils en furent empêchés, & ils fe font contentés d'y avoir une loge avec deux hommes. Les Anglois, les Danois & les Hollandois ont chacun un fort à Accara. Celui des Danois eft nommé Chriftiansbourg, & celui des Hollandois porte le nom de Crevecœur. Ces forts ne fervent aux nations qui les poffedent qu'à les mettre à couvert des infultes des Négres, & ne peuvent pas être employés à étendre leurs conquêtes. Quoique le pays foit de foimême affez fertile, les habitans manquent toujours de vivres avant la fin de l'année, & on leur en apporte d'ailleurs. Ceux d'Acambou ne s'occupent ni à la pêche ni à préparer le fel, qu'ils ont pourtant en une affez grande abondance. Ils le laiffent faire aux Negres de la côte qui font nés dans le pays, ou qui s'y font venus établir d'autres endroits. Ces gens-ci, qui ont quantité de très beaux villages peuplés, ne fe contentent pas de la pêche & de préparer le fel, ils négocient auffi avec les étrangers. Bofman, Lett. 5.

*

ACAMPSIS, riviere de la Colchide, Arrien, dans fon

Périple, p. 7, du Pont-Euxin, met fon embouchure en-
tre celle de l'Abfare, & celle du fleuve Bathys, à envi-
ron quinze fades du premier, & à foixante & quinze
du fecond. De Ile en fait une région qu'il nomme
ACAMPSE, dans la partie orientale de fon theatre
hiftorique. L'Anonyme de Ravenne parle d'ACAMAS,
dans le voifinage d'Apifis: or dans le Pline du P.
Hardouin, on trouve Acampfis fleuve voifin d'Itis. Cet-
te autorité & celle du Périple d'Arrien jointe à la con-
formité des noms, ont engagé le P. Porcheron à croire
que l'Acamas & l'Apifis de l'Anonyme font les mêmes
que l'Acampfis & l'ilis de Pline.

ACANES, ou AKANIS, pays d'Afrique fur la côte
d'or. C'eft le même qu'AKIM. Voyez ce mot.

1. ACANTHE, ancienne ville de Macédoine, fe-
lon Pline, 1. 4, c. 10, Scylax de Cariande, Perip. p. 27,
ou de Thrace felon Etienne le géographe, fur le gol-
fe Strimonien, dans la partie feptentrionale de l'ifthme
de la presqu'ifle où eft le mont Athos. Etienne le géo-
graphe dit qu'elle étoit fur cette montagne, & entou-
rée d'une haye d'épines, d'où lui vint fon nom d'Acan-
the, qui fignifie en grec épine; il cite Mnefeas qui vou-
loit que ce nom lui eût été donné à caufe d'un cer-
tain Acanthus. C'étoit un port de mer, comme on le
peut voir par plufieurs paffages d'Hérodote, 1. 6, c. 44,
& 1.7, c. 121, qui fait aufli mention de la Mer Achan-
tienne, l. 7, c. 22; Scymnus de Chio en parle ainfi
dans fon poémie géographique, vers 645, & juiv. Après
'qu'on a doublé Athos, on trouve Acanthe, colonie des
Andriens, auprès de laquelle on montre un foflé de fept
ftades, que l'on dit avoir été creufé par Xerxès.

2. ACANTHE, ancienne ville de l'Athamanie, pro-
vince de l'Epire, fur les confins de l'Achaie. * Stephanus.

3. ACANTHE, ville d'Egypte à trois cens vingt ftades de Memphis. Il y avoit un grand bois de ces épines, telles qu'il y en a dans la Thébaïde dont elles portoient le noin, & defquelles on recueille la gomme. Il y avoit aufli un temple d'Oliris. Strabon, I. 17, p. 809, dit qu'elle reffembloit à celle qui étoit dans la Lybie; ce qui femble fignifier qu'il y avoit une ville de ce nom dans la Lybie. Stephanus.

*

4. ACANTHE, ville de la Carie dans l'Afie mineure, auprès de Cnide. Elle s'appelloit aufli DULOPOLIS *. Stephanus. Pline, l. 5, c. 39.

Ces quatre villes fe nommoient en latin Acanthus. Corneille, qui ne fait mention que de la premiere, die qu'elle étoit épifcopale fous la metropole de Theffalons que ; ce que je n'ai point trouvé ailleurs. Ptolomée fait mention de la troifiéme qui étoit en Egypte. Mais les exemplaires varient, & les uns, ont Kava, les autres Anava. Strabon & Etienne le géographe nous déterminent pour le véritable nom, qui elt Axavlos, ACANTHUS.

5. ACANTHE, petite ifle de la Propontide. Pline, qui en fait mention, lib. 5 in fine, la nomme entre Ophiufe & Phoebé, deux autres ifles. Pinet, dans fa traduction de l'hiftoire naturelle de cet auteur, met dans le texte Heantus, & en marge Acantus, fans nous dire la raifon de ce changement.

ACANTHINE, ifle du golfe Arabique. Ptolomée, édit. Noviom. l. 4, p. 205, la place a 68 degrés 30' de longitude & à 15 degrés de latitude feptentrionale, au nord de l'ifle Macaria, & au midi de l'ifle Daphnide, vis-à-vis de l'Ethiopie fous l'Egypte.

ACANTHON, montagne fameufe de Grèce, dans
l'Etolie, felon Pline, N. H. lib. 4, c. 2, & comme cet
auteur donne aux Etoliens l'Athamanie que d'autres at-
tribuent à l'Epire, le P. Hardouin foupçonne que la
ville d'Acanthe dans l'Athamanie, far l'endroit cité,
pourroit bien avoir pris fon nom de la montagne d'A-
canthon de laquelle elle étoit voifine.

ACAPALA, bourgade d'Amérique, dans la nouvelle
Espagne, à cinq petites lieues & au nord occidental de
Chiapa, dans la contrée de ce nom. * Atlas de de l'Ifle.

ACAPAM ou ACAPARAMI, ville d'Afie dans la Bithy-
nie, fur le rivage du Pont Euxin. On croit que c'eft la
même que l'on appelloit autrefois Carpi, * Corn Di&t.
Davity.

ACAPONETA, (a) riviere d'Amérique, dans l'audience de la nouvelle Galice. Elle arrofe un petit pays nommé Chiametlan, à caufe d'une bourgade de ce nom, fe jette dans la mer du Sud, &: a fon embouchure entre Tome I. Dij

1

I

celles des rivieres de faint Jago & de Mazatlan, vers le 22 d. 30' de latit. feptentrionale, par les 268 d. 30' de longitude. Quelques auteurs (6) donnent le nom Acaponeta au pays de Chiametlan, & employent ces deux noms comme fynonimes. * (a) De l'ije, carte du Mexiq. (b) Baudran, Maty, &c.

ACAPULCO, en latin Acapulcum, port de l'Amérique, dans la nouvelle Espagne, eft une affez grande ville, à 17 degrés du nord de la ligne. C'est le port de la ville de Mexique, du côté de l'oueft du continent; comme la Vera-Cruz ou faint Jean de Ulua, dans la baye de la nouvelle Espagne, l'eft du côté du nord. Cette place eft la feule ville de commerce qu'il y ait fur cette côte; car il n'y a que peu ou point de négoce par mer, du côté du nord oueft, qui fait partie de ce vafte royaume. Les hauteurs d'Acapulco font très-remarquables. Il y a trois montagnes : celle du milieu eft d'une hauteur & d'une groffeur prodigieufe. Au fommet elle fe fépare & forme comme deux mamelles. Celle qui eft du côté de l'orient eft plus haute & plus pointue que celle qui est au milieu, Depuis cette montagne mitoyenne, la terre va en penchant du côté de la mer, & finit par une pointe haute & ronde. Il n'y a point fur cette côte d'endroit de la même figure. Voyage de Dampier. t. I,

pag. 312.

Il n'y a que trois vaiffeaux qui négocient à Acapulco, dont deux vont régulierement une fois tous les ans, entre Acapulco & Manille, qui eft une des ifles Philip pines; & l'autre y vient tous les ans de Lima. Celui-ci arrive d'ordinaire un peu avant Noël, & apporte du vif argent, du cacao & des piéces de huit. Il y demeure jusques à ce que le navire de Manille foit arrivé, & alors il charge des épiceries, des foyes, des indiennes & d'autres marchandifes pour le Pérou, après quoi il s'en retourne à Lima: ce n'eft qu'un petit vaiffeau de 20 piéces de canon ; mais on dit que les deux de Manille font de plus de 1000 tonneaux chacun. Ils font le voyage tour à tour. Ils ne partent, ni l'un ni l'autre d'Acapulco, que vers la fin de mars, ou au commencement d'avril. Deux mois après leur départ, ils vont toujours mouiller & fe rafraîchir à Guam, qui eft une ifle des Larrons. Ils n'y demeurent que deux ou trois jours, & reprennent enfuite la route de Manille, où ils arrivent ordinairement au mois de juin. Pendant que l'un eft en voyage, l'autre fe dispofe à partir, & charge des marchandifes des Indes orientales. Il s'avance du côté du nord jusqu'à 36, quelquefois jusqu'à 40 degrés de latitude feptentrionale, avant que de pouvoir prendre le vent pour aller vers la côte de l'Amérique. Il rafe premierement la côte de Californie, & puis retourne encore au fud tout le long des côtes, & ne manque jamais de vent pour le pouffer de là droit à Acapulco. Quand il a doublé le cap de faint Lucar, qui eft la pointe la plus méridionale de Californie, il traverfe le cap Corrientes, qui est à environ 20 degrés de latitude feptentrionale. De là il cotoye encore jusqu'à Sallagua, où il met à terre les paffagers qui vont au Mexique. Enfuite il continue fa route allant toujours le long de la côte, jusques à ce qu'il arrive à Acapulco. Ce vaiffeau étant de retour à Manille, l'autre, qui n'attend que fon retour, part pour venir à Acapulco.

a

Le port d'Acapulco eft fort commode pour recevoir les navires, & fi large, que des centaines de vaiffeaux peuvent y être à la rade, fans s'endommager & fans fans s'endommager & fans courir le moindre risque. Il y a une petite ifle baffe par le travers de l'entrée du havre. Elle à environ un mille & demi d'Angleterre de long, & demi mille de large, s'étendant à l'eft & à l'oueft. A chaque bout de cette ifle il y a un bon & profond canal, où les vailleaux peuvent entrer & d'où ils peuvent furement fortir, en prenant l'avantage des vents. Ils entrent par un vent de mer, & fortent par un vent de terre; ces vents ne manquent jamais d'être favorables tour à tour; l'un le jour & l'autre la nuit. Le canal le plus occidental eft le plus étroit, mais fi profond, qu'on ne fauroit y ancrer. Les vaiffeaux de Manille paffent par là; mais ceux de Lima paffent par le canal du fud-oueft. Ce havre regne environ trois milles au nord; après quoi il s'étrécit fort, tourne tout court à l'oueft, & va environ un mille plus loin où il finit. La ville eft au nord oueft, à l'entrée de ce paffage étroit, tout proche de la mer; & au bout de la

ville il y a une plate-forme, avec plufieurs pièces de canon. A l'oppofite de la ville, du côté de l'eft, il y a un château haut & fort, qui a, dit-on, 40 piéces de canon de fort gros calibre. Les vaiffeaux paffent ordinairement vers le fond du havre, à la portée du canon du château & de la plate-forme. Acapulco reffemble plutôt à un bourg habité par des pêcheurs, qu'à une ville. C'eft là que fe tient, tous les ans, la principale foire de la mer du Sud, où fe trouve une grande quantité de négo-cians Chinois. Elle eft couverte à l'elt par de hautes montagnes, & les maladies y font fréquentes depuis le mois de novembre jusques à la fin de mai; aufli n'y tombe - t'il presque pas de pluie durant cet espace de tems; &, s'il en faut croire Gemelli, il ne pleut jamais le matin dans toute la nouvelle Espagne. Les chaleurs y font aufli grandes au mois de janvier, qu'en Angleterre durant la canicule, & l'on y eft fort incommodé des moucherons, & des tremblemens de terre. Cette ville eft fort fale, & mal pourvue de toutes chofes. Les maifons font des cabanes conftruites de bois, de vafe & de paille. La plupart des habitans font negres ou mulâtres, & les négocians Espagnols n'y ont pas plutôt fini leurs emplettes à la foire, de ce que l'on y apporte de la Chine ou du Pérou, qu'ils fe retirent. En un mot, il n'y a rien de bon que le havre qui eft environné de hautes montagnes, & les vaiffeaux y font amarrés aux arbres quicroiffent fur le rivage. * Voyage de Rogers, tom. 2. Le châtelain, qui eft le principal magiftrat durant la foire, a 20000 piéces de huit fur les droits qui fe payent dans le port; le contrôleur & les autres officiers en ont autant; le Curé en a 14000 toutes les années, quoique le roi ne lui en donne que 180; mais il fe fait bien payer des batêmes & des enterremens, & il ne veut pas quelquefois enterrer le corps d'un riche négociant, moins de 1000 piéces de huit. Dans le court espace de tems que dure la foire, il s'y fait un commerce de plufieurs millions; de forte que tout le monde gagne alors beaucoup, & qu'un more ne travaillera pas à moins d'une piaftre par jour. Auffi, toute la ville ne fubfifte que du revenu de fon port, qui fournit à l'entretien des hôpitaux, des couvens & des miffionnaires. Les crocheteurs même y gagnent trois piéces de huit par jour, à charger & à décharger les marchandifes.

Avis aux navigateurs.

à

Si vous tombez fous le vent du port Acapulco, & que vous ne connoilliez pas l'aspect des terres qui s'élevent les unes au-deffus des autres, vous verrez quelques brifans blanchâtres vis-à-vis du port Marquis, qui eft à deux petites lieues, ou environ, à l'eft d'Acapulco.

port

Si vous entrez par-là dans Acapulco, il faut être bien fur vos gardes avant que d'arriver à Punta del Marquis où le rivage eft haut & fablonneux. Il faut se tenir à l'est vers la chaine des montagnes, & vous verrez le Marquis; vous n'avez enfuite qu'à ranger la côte, jusqu'à ce que vous découvriez un haut rocher blanc à l'entrée du port Acapulco, avec une ifle pleine d'éminences rouges; amenez la pointe eft & oueft avec l'ifle, & courez tout droit vers le rocher blanc; alors vous verrez le Griffo, qui eft un banc au-deffus de l'eau ; tencz vous en à une petite diftance, & vous aurez affez de profondeur. Courez enfuite vers Punta Morrillio, qui eft un petit précipice, & cela vous conduira jusqu'à BocaChica, ou à la petite entrée ; vous verrez alors le château & la ville où vous pouvez mouiller; mais fi le vent de mer foufle avec trop de violence, & que vous ne puifliez pas gagner le port, donnez fonds, & attendez la brife de terre, qui vous y fera entrer. C'est un excellent havre, & un fond fable net.

file

Lorsqu'on va de la mer tout droit vers Acapulco, on voit certaines montagnes, voit certaines montagnes, dont la premiere eft un peu haute; celles qui font derriere s'élevent les unes au deffus des autres ; & la plus exhauffée a un volcan au fudeft. Le havre eft au pié de ces montagnes, couvert par une ifle vers le nord-oueft, entre laquelle & la haute mer il y a un canal. L'entrée au fud-eft eft large : le plus grand danger qu'on y trouve est un danger qu'on y trouve eft un petit banc, qu'on nomme el Griffo, dont une partie fe montre au-deffus de l'eau; laiffez-le fur la gauche à une petite distance, & vous verrez deux rochers qui s'élevent à quelque hauteur fur le rivage.

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ACARADI, province d'Afrique, dans le pays des négres. Elle a pour bornes au couchant Cammanah, au nord Quahoe, & au midi Ningo & Látabi. L'or que l'on y trouve eft auffi bon que celui d'Acara, & on dit qu'il y en a beaucoup; les habitans le vont débiter à Abono, (Abonou.) Les terres d'alentour ne font pas fi bien plantées que celles qui font aux environs de Cormantin, & ne rapportent pas tant. * Corn. Dict. de la Croix, relat. de l'Afrique, t. 3.

ACARAGA, riviere de l'Amerique méridionale dans le Paraguai. Elle a fa fource dans la province de Parana, &, après avoir coulé vers le fud-oueft l'espace de trente heures de chemin, elle fe vuide dans l'Uruguay. Une ville, nommée de l'Affomption, eft bâtie au confluent de ces deux rivieres. * Atlas de de l'Ifle.

ACARAI, place de l'Amérique méridionale, dans le Paraguai, à l'oueft de la riviere de Parana, dans la province de Parana, vis-à-vis de fainte Marie d'Iguazu, ville ruinée, qui étoit à l'orient de cette riviere, & un peu audeflus de l'embouchure de celle d'Iguazu: latit. mer. 26. Maty nomme cette ville ACARAID, & dit, après Baudrand, qu'on l'appelloit autrefois la NATIVITÉ. Je crois que c'eft le nom de la ville ruinée & non-pas celui d'Acarai, qui eft à l'autre côté de la Parana. * Atlas de de l'Ifle. ACARASSUS, ancienne ville de la Lycie, dans l'Afie mineure. Le P. Charles de faint Paul, Geog. fac. p. 238, la nomme ACRASSUs; mais Holftenius a prouvé qu'Acarallus eft le vrai nom. Cette ville étoit épiscopale, & Nicolas fon évêque fouscrivit au concile de Calcédoine. Il ne faut pas la confondre avec Acaliffus, qui étoit dans la même province,ni avec Acraffus qui étoit dans la Lydie. ACARI, cap & port de mer de l'Amérique méridionale, fous les 15 degrés 23' de latitude méridionale. Ce port eft entre celui de faint Jean & Arequipa, à huit lieues de l'un & de l'autre. En cet endroit la terre est baffe le long du rivage, mais plus haute dans le pays. Ce havre eft très-bon, mais peu fréquenté, parce qu'il ne fournit rien pour le trafic. Cependant les vaiffeaux deftinés pour Arica & Arequipa y touchent dans la faifon pluvieufe, & lorfque le courant porte fous le vent.* Rogers, fupplément p. 56.

ACARMAN, ancienne ville de l'Arabie heureuse. Voyez CARNA 2 & COBA.

ACARNANIE, ancienne province maritime de la Gréce libre, entre le golfe del l'Arta, nommé alors d'Ambracia, d'une ville dont le nom s'eft confervé dans celui d'Ambrackia, & le fleuve Achelous qui la féparoit de l'Etolie, comme ce golfe la féparoit de l'Epire. Le pere Briet, Parall. 2 part. l. 3, p. 371, la place dans l'Epire grecque, & lui donne pour principaux lieux Actium, ville fameufe par fon temple d'Apollon, & par la victoire d'Augufte: Echinus aujourd'hui Folgus Ajtacus, Stratus ou Stratos, Anaciorium, que de l'Ifle dans fon Atlas, met dans la province d'Amphilochie, contre l'autorité de Strabon, l. 18, p. 450, & que Sophien croit être aujourd'hui Vonizza, Hazilea, felon Strabon, ou Azilia felon Pline, aujourd'hui Natalico: Leucade autrefois presquifle, & défolée depuis longtems par les Corinthiens, aujourd'hui l'Ifle de faint Maure. Du tems de Pline on trouvoit dans l'Acarnanie des pierres qui tiroient fur l'argent, & d'autres qui étoient jaunes comme de l'or. On les calcinoit pour s'en fervir dans la médecine. Les Acarnaniens, au rapport d'Homere, demeurerent premierement à Pleuron, ville de l'Etolie, & felon le pere Briet, , p. 344, Parall. au pied du mont Calcis, & on leur donna ce nom parce qu'ils laiffoient croître leurs cheveux. Car les Curetes de l'Eubée coupoient leurs cheveux du devant de la tête, de peur que dans le combat les ennemis ne les priffent par là. Ces Curetes ayant paffé dans l'Etolie où ils s'établirent, appellerent leurs voisins qui n'avoient pas le même ufage Acarnaniens, c'est-à-dire qui ne coupent point leurs cheveux. Paufanias donne une autre origine de ce nom, & croit qu'il vient d'un héros nommé Acarnan. Pline & Etienne le géographe conviennent que l'ancien nom de l'Acarnanie étoit CURETIDE. Ce nom lui étoit commun avec beaucoup d'autres pays.Les Acarnaniens furent attirés par les Amphiloches, qui leur apprirent la langue grecque, au rapport de Thucydide. Ils étoient excellents frondeurs,

& primoient dans les cinq exercices des jeux publics:
Les guerres des Macédoniens & enfuite celles des Ro-
mains ayant ruiné une partie des villes de l'Acarnanie
à caufe qu'elles navoient pas toujours choifi le parti le
plus heureux, Augufte qui vit que plufieurs de ces villes
étoient presque dépeuplées, en raffembla les habitans
dans une feule ville qu'il nomma Nicopolis, à caufe de
la victoire qu'il avoit remportée près delà fur l'armée
d'Antoine & de Cléopatre. Bayle a fait un article au mot
ACARNANIE, dans lequel il y a plus d'hiftoire que de
géographie. Il y rapporte, après Strabon, que les Ta-
phiens & les Teleboes en furent les premiers maîtres, &
que Céphale fubjugua ce pays, après avoir été établi
feigneur des ifles voifines de Taphos par Amphitrion ;
qu'Alcméon, fils d'Amphiaraus, s'en rendit le maître
après la feconde guerre de Thébes, & qu'il lui fit porter
le nom de fon fils Acarnan: qu'il s'étoit affocié avec Dio-
mede, & qu'ils avoient conquis l'Etolie, qui fut le par-
tage de ce dernier; que quelque tems après étant fom-
més de fe rendre à l'expédition de Troyes, l'un d'eux,
favoir Diomede, alla joindre les autres Grecs, mais
qu'Alcméon fe tint coi dans l'Acarnanie. Bayle ajoutę
qu'après plufieurs fiècles, les Acarnaniens firent valoir
aux Romains cette inaction d'Alcméon, & leur repré-
fenterent qu'entre tous les Grecs il n'y avoit que leurs
ancêtres qui n'euffent pas été au fiége de Troyes. Cette
raifon, qui engagea les Romains à prendre le parti des
Acarnaniens contre les Etoliens, étoit fauffe; car Strabon
lui-même reconnoît, dans la lifte des ennemis de Troyes,
que les Acarnaniens fournirent leur contingent pour
cette expédition : il eft vrai qu'Homere ne nomme point
leur pays, mais il le défigne. L'ancien nom d'Acarnanie
s'eft confervé avec fort peu d'altération, & ce même pays
s'appelle aujourd'hui LA CARNIA; on l'appelle aufli Le
DESPOTAT, dont il n'est pourtant qu'une partie. Voyez
DESPOTAT. * Cellar. géog. ant. 1. 2, c. 13.

par un tem

Corneille prétend qu'il y avoit en Sicile une ville
nommée Acarnanie, & qu'elle étoit célébre
ple dédié à Jupiter: il ajoute que Cicéron en parle dans
fon oraifon contre Verrès. Bayle reproche à Moréri la
même faute, exprimée dans les mêmes termes, & dit
que l'auteur de cette faute eft Etienne le géographe, qui
avoit lû dans Cicéron l'Acarnanie au lieu d'Acradine,
dont cet orateur a effectivement parlé dans l'oraifon con-
tre Verrès. Cicéron nomme bien l'Acarnanie dans fon
oraison contre Pifon, §. 40; mais il s'agit là de la pro-
vince de laquelle il eft queftion dans l'article précédent.
Hofman impute mal-à-propos à Servius d'avoir dit que
l'Acarnanie eft un petit pays d'Egypte.-

ACASABATLÁN, () grand bourg de la nouvelle
Espagne à l'occident, & affez près de la fource d'une ri-
viere qui va fe vuider dans le golfe Dulce, (b) à 30 lieues,
& à l'orient feptentrional de la ville de Guatimala. (c) Ce
bourg eft peuplé d'Indiens, & gouverné par un Espagnol
qu'on nomme corregidor, & dont le pouvoir ne s'étend
que jusqu'au golfe & fur des villages qui font fur ce che-
min. Toutes les forces du lieu confiftent en vingt mous-
quets; il n'y a pas un plus grand nombre de maifons
d'Espagnols, avec quelques Indiens, qui ont des arcs &
des Héches pour la défenfe du bourg contre des négres,
qu'on appelle Simarrons, & qui font au nombre de deux
ou trois cents. Voyez SIMARRONS. Aux environs d'Aca-
fabatlan il y a plufieurs fermes où l'on nourrit quantité
de bœufs & de mulets, & où l'on recueille beaucoup de
cacao, d'achiote, & d'autres drogues pour faire le cho-
colat: il y en a aufli dont fe fervent les apoticaires,
comme de la falfepareille & de la caffe; & dans les jar-
dins du bourg on voit une auffi grande quantité de fruits
qu'en aucun autre endroit qu'habitent les Indiens. On
eftime fur-tout à Guatimala les melons d'Acafabatlan:
les habitans en chargent des mulets, & les envoyent ven-
dre en divers lieux. Il n'y a point dans tout ce pays-là de
riviere fi abondante en poiffon que celle qui paffe auprès
de ce bourg; on y en trouve de plufieurs fortes, mais
fur - tout un qu'on nomme Bobo, qui eft excellent à
bouillir, à ftire, à rôtir, ou en quelqu'autre maniere
qu'on l'apprête: ce poiffon eft rond, fort épais, extrême-
ment blanc & gras, & n'a qu'une arête au milieu. *(a)
Atlas de de l'Ifle. (b) Corn. Dict. (c) Gage, Nouv. rel.
des Ind. occid. part. 3, C. 2.

ACAUNUM ou ÁGAUNUM, nom latin de S. Maurice

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dans le Vallais.

ACAXUTLA, port & petite ville de l'Amérique feptentrionale dans la nouvelle Espagne au fud-eft, & près de Guatimala. C'eft le port le plus confidérable de tout le gouvernement de Guatimala. Les navires du Pérou & de la nouvelle Espagne y abordent.

ACCA. Les Turcs donnent ce nom à la ville que les anciens nommoient Ptolémaïde, & que nos géographes françois nomment Saint-Jean-d'Acre. Voyez ACRE & PTOLEMAÏDE.

ACCACUGNA, montagne d'Amérique dans le Perou, au bord de la mer du Sud, entre la pointe d'Ylo & Rio de Sama, à quatre lieues de l'une & de l'autre. * Rogers, Supplément.

ACCADIE (1) Acadia, grande province de l'Amérique feptentrionale, entre le fleuve S. Laurent & la nouvelle Angleterre. Elle a environ 100 lieues d'étendue. Les Anglois la céderent aux François par la paix de Breda en 1667. La France l'a rendue à l'Angleterre par celle d'Utrecht, en 1713.

Denys, dans fa defcription de l'Amérique feptentrionale, décrit exactement l'Accadie. La cote de cette province commence au fud de la riviere de Pentagouet; & de-là à celle de S. Jean, il y a 40 à 45 lieues. La premiere riviere que l'on rencontre eft celle des Etechemins. Continuant vers la riviere de S. Jean, on rencontre des ifles, & de grandes anfes qui en font remplies; & à 4 ou 5 lieues des Etechemins, il y a une autre riviere qui a environ demi-lieue de large, dans la quelle, montant deux ou trois lieues, on rencontre de petites ifles couvertes de fapins, bouleaux, chênes & autres bois. Plus haut il y a un fort qui empêche les bâtimens de les y

:

ces pierres de mines dont on fe fervoit autrefois pour les arquebufes à roue; on dit aufli qu'il y a des mines de cuivre en plufieurs endroits. Dans ces baies il y a beaucoup de montagnes dans les terres, dont quelquesunes font fort hautes. Il y a aufli du plat-pays & grand nombre de pins, fapins, pruffe, mêlés d'autre bon bois, mais peu fur la mer. Tout le tour des deux baies a environ une lieue ou une lieue & demie.Plus avant dans les terres il y a de beaux bois beaucoup plus clairs; il s'y trouvoit quantité de mâtures & de bordages, tant chênes qu'autres espéces.

En fortant de ces baies des mines, & continuant fon chemin vers le Port-Royal, il y a une ifle d'une grande hauteur, & de 5 quarts de lieue de tour, ou environ. Elle eft plate au-dellus, &, nonobftant fa hauteur, il y a une fource d'eau : on dit aufli qu'il y a une mine de cuivre. De-là, regagnant la terre 6 à lieues durant, qui font remplies de rochers, on trouve l'entrée du Port-Royal.

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Sortant du Port-Royal, allant vers l'ifle Longue, à 2 ou 3 lieues, on trouve une grande anfe où les vaiffeaux peuvent mouiller : il y a bon fond; mais l'abri n'eft pas général, & ce n'eft proprement qu'une rade. Continuant le long de la côte 6 ou 7 lieues, l'on trouve des antes & rochers couverts d'arbres jufqu'à Tifle Longue, qui a environ 6 à 7 lieues de long: elle fait un paffage pour fortir de la baie Françoife, & aller trouver la terre d'Accadie. Il y a, entre Pille Longue & la terre de Port-Royal des rochers qui font le grand & le petit paffage. Les courans y font fort rudes, entr'autres au petit paffage, qui n'eft que pour des barques.

Je n'ai pu favoir fon étendue. Il y a quelVent aller. d'Accadie, prenant la route vers le cap Fourchu, qui

montagnes qui paroiffent dans le haut, & nombre de prairies qui la bordent, dont quelques-unes font affez grandes. Tous les bois y paroiffent beaux; il y a force chênes & d'autres especes d'arbres dont on a déja parlé. On tient que ce lieu s'appelloit autrefois Sainte-Croix. Plus loin paroiffent des ifles, dont la plus grande s'appelle Menane, qui fe voit de loin, venant de la Mer, & fert de connoiffance pour la riviere de S. Jean, quoiqu'elle foit éloignée de 7 à 10 lieues de fon entrée. Dans toutes ces ifles qui font en mer, à 2 ou 3 lieues de la grande terre, il y a grand nombre de toutes fortes d'oifeaux qui vont au printems y faire leurs petits, & entr'autres beaucoup de margots, des outardes, des canards, des moyacques, des goiflans, des efterlets, des perroquets de mer, des pigeons de mer, & autres fortes d'oifeaux en grand nombre. De la derniere anfe, en allant à la riviere S. Jean, on ne trouve que des rochers, l'efpace de 6 ou 7 lieues. La côte eft fort dangereufe; & environ trois quarts de lieue plus en mer que l'ffle Menane, il y a un rocher qui ne fe découvre que tous les 6 ou 7 ans, & qui, au rapport des Sauvages, eft de Lapis Lazuli. L'entrée de la riviere S. Jean eft de dangereux abord. Depuis l'entrée de cette riviere jufqu'à celle du Port-Royal, il y a 12 lieues de trajet qui forment ce que nous appellons la baie Françoife, qui s'enfonce to à 12 lieues dans les terres. En fortant de la riviere S. Jean, fur la main gauche, il y a une pointe qui s'avance en mer; & l'ayant doublée, on entre dans une grande baie qui s'avance dans les terres environ une liene, au fond de laquelle il y a deux ifles, & continuant le long de la côte environ 3 ou 4 lieues, l'on trouve deux petites baies, diftantes d'une lieue l'une de l'autre, où l'on dit qu'il y a des mines de fer. Continuant cette route, on voit une grande pointe qui avance vers la mer, & il Y 2 derriere une petite riviere. Allant plus avant, on voit un cap que l'on nomme le cap des deux baies, dont les entrées font étroites, & qui avancent dans les terres 15 à 16 lieues. Dans ces baies il a beaucoup de rochers qui font tous dangereux, en ce que la mer y monte huit ou dix braffes, & les couvre. On eft obligé de mouiller l'ancre à 15 ou 16 braffes pour être en fureté. Il y a plufieurs rivieres qui tombent dans ces baies, par le moyen desquelles les Sauvages vont dans celle de S. Jean: d'autres par où ils vont dans des lacs qui fe dégorgent vers Campfeaux & le cap S. Louis, qui eft dans la grande baie de S. Lau rent. Ces baies s'appellent des mines, parcequ'il y a de

y

Sortant de la baie françoife, pour entrer dans la côte eft diftant de l'ille Longue de 12 ou 15 lieues, toute cette côte eft faine & fans rochers; & à 6 lieues de l'ifle Longue, il y a une riviere, où de petits navires peuvent entrer; elle fe nomme la riviere aux Ours. Elle prend fon nom du grand nombre qui s'y en trouve : il y a peu de pins & de fapins, mais quantité de chênes mêlés d'autres beaux arbres : le pays eft beau & paroît affez plat; il y a des prairies tout le long, & la terre y doit être très-bonne. Il y a pêche de morue à la côte, & de faumons, truites & éperlans au haut de la riviere.

Continuant jufqu'au cap Fourchu, la côte paroît fort belle; il y a peu de fapins; mais beaucoup d'autres espéces de bois, & de grandes prairies. On trouve le long de cette côte toute forte de gibier. En continuant la même route, on rencontre à 5 lieues de la riviere aux Ours, entre deux rochers, une entrée pour une chaloupe; il y a quantité d'étangs d'eau de mer, remplis de canards, outardes, oies, cravans, farcelles, &c. On y voit aufli quantité de beatix arbres. Le pays eft plat; la terre y eft très-bonne, & la fituation en eft agréable. Il peut y avoir de-là au cap Fourchu 6 ou 7 lieues. Au cap Fourchu la pêche de la morue eft abondante & n'eft pas loin de terre; elle s'y fait plutôt qu'en autre lieu de l'Accadie. Le pays y elt très-beau & très-bon. Les bois y font comme les autres; mais il y a des chênes, des érables & des trembles en plus grand nombre.

Du cap Fourchu, allant au cap de Sable, on trouve une grande baie dans laquelle il y a beaucoup d'ifles qu'on appelle les ifles du Tousquet: elles font toutes couvertes de beaux & bons bois, de mêmes especes que les autres, dont nous avons parlé. Ces ifles font remplies de prairies, où abondent toutes fortes d'oifeaux qui y font même leurs nids : il y a des oies, des grues, des outardes, des canards, des farcelles, des hérons, des beccaffes, des beccaflines, des corbeaux, des tournevires,des chevaliers,&c. Ce pays eft des plus agréables & des meilleurs : il eft plat, & la terre y eft bonne. La pèche y eft abondante en truites & faumons, & l'éperlan y donne au printems en grande quantité dans les ruiffeaux où il vient jetter fes ceufs; il eft grand, pour l'ordinaire, comme un moyen hareng.

On va de-là au cap de Sable qui a des battures & des rochers au large; néanmoins le port eft bon, & la pêche de la morue y eft abondante. Entre le cap Fourchu & le cap de Sable, 3 ou 4 licues en mer, il y a plufieurs ifles, les unes d'une lieue, les autres de deux, trois & quatre de tour, que l'on nomme les ifles aux loups marins; elles font affez difficiles à approcher, à caufe des

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rochers, qui font à l'entour; elles font couvertes de fable, bouleaux, & autres bois qui n'y font pas fort gros. Elle s'appelle iile aux loups marins, parce qu'ils vont-là faire leurs petits qui font grands & forts. Sur ces ifles aux loups marins il y a un fi grand nombre de toutes fortes d'oifeaux, fur-tout pendant leur ponte, que cela n'eft pas croyable; lorsqu'on y va, on les fait lever en fi grande quantité, qu'ils forment un nuage que le foleil ne peut pénétrer. Pour les tuer, on n'a befoin que de bâtons, parce qu'ils font pareffeux à fe lever de leurs nids. On prend tant de petits que l'on veut, jufqu'à en charger des chaloupes, & même de leurs œufs.

le

cap

De-là, traverfant la baie de Tousquet, l'on va trouver de Sable: c'est une ifle qui fait une pointe avanlaaner; er ene e cée dans la mer; & entre la grande terre & l'ifle il y a un paffage pour des barques; mais au-delà de l'ifle vers l'eau, il y a des rochers & battures qui avancent une bonne lieue en mer. Les ayant paffées environ de deux lieues, l'on entre dans la baie de Sable, qui eft fort grande. Les navires y peuvent mouiller en toute fûreté. La terre eft plate dans le fond de cette baie; les arbres nommés ci-deffus y font très-beaux : il n'y a pas tant de fapins. Plufieurs ruiffeaux tombent dans cette baie : il s'y pêche du poiffon, de petites morues, maquereaux, plaifes de mer,&c. & aux entrées des ruiffeaux,force éperlans au printems. Il y a auffi une riviere, où l'on pêche du faumon & de la truite; & tirant vers le cap de Sable l'on y trouve beaucoup de coquillages, comme coques, burgos, moules, coutellieres, & autres coquilles, & des homards fort gros. On trouve quantité de belles prairies, en montant cette riviere, & le long des ruiffeaux qui s'y déchargent.

Sortant de la baie de Sable,en continuant fon chemin, on apperçoit un petit cap ou pointe, & quelques ifles qui font le long de la côte,couvertes d'arbres & de fapins,ily a beaucoup d'oifeaux tout autour, qui y viennent faire leurs nids au printems: la côte en eft auffi remplie : le pays ne paroît pas montagneux. Cette côte eft remplie de rochers qui avancent dans la mer, ce qui fait que l'abord en eft dangereux.

il

A trois ou quatre lieues de-là, on trouve un port où y a une petite riviere qui entre affez avant dans les terres. Le port eft bon, & des vaiffeaux de raifonnable grandeur y peuvent mouiller en toute fureté. Il s'appelle port du cap Maigre. Tous les bois y font femblables à ceux que j'ai nommés. La terre y eft bonne, & la pêche de la morue fort avantageufe.

le

Paffant au-delà, on trouve une grande ifle qui fait un bon port entre la terre & elle; il fe nomme le Port aux Moutons. Les vaiffeaux y peuvent entrer & en fortir des deux côtés. On y pêche de la morue en avançant deux lieues ou deux lieues & demie, & on la fait fécher fur des vignaux : l'ifle eft couverte de bois & il y a beaucoup de fapins. Derriere cette ifle vers la grande terre, eft une grande baie qui a bien trois lieues de large, & autant de profondeur. Dans le fond il y a deux petites rivieres, où l'on ne peut entrer bien avant avec des chaloupes, à caufe des gros rochers qui y font en grand nombre; la terre y eft presque toute couverte de pierres: on n'y voit point de montagnes au haut des rivieres, & les arbres y paroiffent beaux & grands.

Venant le long de la côte pour trouver l'autre côté de la baie, l'on rencontre une grande étendue de marécages d'environ 2 lieues de longueur, & une de largeur la marée y monte & fait une grande quantité de petits étangs qui font tout remplis de gibier,outardes,cravans, canards, farcelles, oies blanches & grifes, beccaffes, beccaffines, allouettes, corbegeons, &c. tous ces marécages font couverts de très bonne herbe de pré.

Continuant la route le long de la côte, l'on trouve un petit havre, qui eft à l'autre extrêmité de la baie, diftant de l'ifle aux Moutons de deux lieues; il s'appelle le port Roffignol. Il est très-bien fitué pour la pêche de la morue qui y eft abondante. On a voulu y établir une pêche fédentaire.

Continuant la route, on trouve une côte & tout le long des ifles de diftance en distance. Il y a paffage pour de petites barques & des chaloupes entre la grande terre & les ifles qui font couvertes de fapins & de bouleaux. Ayant fait fix à fept lieues le long de cette côte, on trouve une petite riviere dont l'entrée eft bonne

pour

des barques; elle ne vient pas de bien loin dans les ter
res; mais c'eft un très beau & très-excellent pays. De-là
à la Haive, il ya par terre environ une demi-lieue de
traverfe, & par mer une lieue. Il n'y a qu'une pointe à
doubler pour entrer dans le havre de la Haive. A fon
entrée et l'ifle aux Framboifes, à droite le cap doré.
L'entrée eft entre l'ifle & le
L'entrée eft entre l'ifle & le cap; elle n'eft pas large.
Dedans il y a un baffin qui pourroit contenir mille vaif-
feaux. A une lieue de l'entrée il y a une petite pointe,
qui a d'un côté une riviere, de l'autre un étang & des
marais qui s'avancent dans la terre environ cinq cens
pas. La riviere monte cinq à fix lieues dans les terres,
jufqu'où l'on peut aller avec des chaloupes; cela paflé,
il faut fe fervir des canots. Tout le long de cette riviere
ce font de belles & bonnes terres, de fort bon bois de
toutes les especes que l'on a nommées jufqu'ici; mais
les chênes & les ormeaux y font plus abondans des deux
côtés de la riviere, dans laquelle il y a une infinité
de connifles. L'anguille y ett très-bonne, l'alofe, le fau-
la morue, & d'autre forte de bons poiffons. La
chaffe y eft abondante toute l'année, de toutes fortes
d'oifeaux déja nommés.

mon,

Sortant de la Haive, & ayant doublé le cap doré environ à une lieue, l'on entre dans la baie de Mirligaiche, pleine d'ifles.

Sortant de la baie, allant le long de la côte, à trois
ou quatre lieues de là, l'on rencontre une riviere qui a
deux entrées, par le moyen d'une ifle qui eft au
milieu. Du côté de la premiere entrée, il y a de très-
belles & bonnes terres, couvertes de grands & beaux
arbres; à l'autre entrée, à la droite, l'on ne trouve.
point de beaux bois que l'on ne foit monté avant dans
la

riviere : il n'y a que des roches pelées affez hautes.
Entre ces rochers il y a un petit havre où les navires
mouillent, & où il y en a qui font fouvent leur pêche,
& font fécher leur poiffon fur les rochers qui font ifo-
lés; & les chaloupes qui vont en pêche, entrent & for-
tent des deux côtés. Un peu au large de ces ifles, la pê-
che eft bonne & abondante en morue,
les maquercaux
& les harengs donnent fort à la côte. Ce lieu s'appelle
Paffepec. Du côté de la mer ce ne font que rochers tout
pelés l'espace de quatre à cinq lieues. Le long de cette
côte ce n'eft que fapins mêlés de quelques autres bois.

Continuant l'espace de cinq à fix lieues le long de la
côte, l'on trouve une baie d'environ une lieue de large,
où il y a quelques ifles. Là, les arbres & la terre com-
mencent à être agréables, & vis-à-vis, trois ou quatre
lieues au
lieues au large, il y a une ifle de roches qui eft grande,
avec de petits bois deffus: elle eft affez mal aifée à abor-
der. Il y a une fi grande quantité d'oifeaux delus
qu'ils font un nuage fort épais, lorsqu'ils viennent à fe
lever.

Continuant la même route environ cinq lieues, on
trouve la riviere de Théodore à cinq lieues de cette ri-
viere, continuant le long de la côte, l'on trouve la baie
de toutes les ifles. En fortant de cette baie, à trois ou
quatre lieues de là, on trouve une riviere où de petits
navires peuvent entrer; mais il y a une forme d'ifle que
jettent des battures de fable au large, où la mer brife
fort deffus. Il les faut paffer, enfuite revenir le long de
la terre; il y a un petit canal par où l'on peut entrer.
Etant dedans l'on trouve affez d'eau, & la riviere paroît
fort belle: le pays eft beau & plat: les arbres y font beaux.
Ce font toujours les mêmes espéces de bois dont on a
parlé. La chaffe eft fort bonne, & il y a beaucoup de
gibier.

Continuant fa route, après avoir fait cinq lieues, on trouve une autre petite riviere, qui a une petite ifle ronde à l'entrée, couverte d'herbes; elle s'appelle l'ifle verte, & la riviere a été nommée Ste Marie. Les chaloupes ne peuvent aller qu'à trois lieues au-deffus de fon embouchure. Le pays eft plat depuis l'embouchure jusques-là, & plus haut ce font tous rochers. De la riviere Ste Marie au cap Campfeaux, il y a environ dix lieues. Ayant fait quatre ou cinq lieues le long de la côte, on trouve une baie où il y a des roches: il n'y a des retraites que pour des chaloupes. Environ trois lieues au large, il y a des ifles, où un ou deux navires peuvent mouiller, mais avec peu de fùreté. Ils y font leur pêche, & font fécher leur poiffon fur les ifles, où il y a peu de bois. De cette baie, continuant fon chemin tout le long de la

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