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canelées, vuides la plupart, comme autant de cabinets pratiqués autour de la grotte. On diftingue parmi ces cabinets un gros pavillon formé par des productions, qui repréfentent fi bien les pieds, les branches & les têtes des choux fleurs, qu'il femble que la nature nous ait voulu montrer par-là comment elle s'y prend pour la végétation des pierres. Toutes ces figures font de marbre blanc, tranfparent, cristallifé, qui fe caffe presque toujours de biais & par différens lits comme la pierre judaique. La plupart même de ces piéces font couvertes d'une écorce blanche, & raisonnent comme du bronze, quand on frappe deffus.

Sur la gauche, un peu au-delà de l'entrée de la grotte, s'élevent trois ou quatre pilliers ou colonnes de marbre, plantées comme des troncs d'arbres fur la crête d'une petite roche. Le plus haut de ces troncs a fix pieds huit pouces, fur un pied de diamettre, presque cylindrique & d'égale groffeur, fi ce n'eft en quelques endroits où il eft comme ondoyant, arrondi par la pointe & placé au milieu des autres. Le premier de ces pilliers eft double, & n'a qu'environ quatre pieds de haut. Il y a fur le même rocher quelques autres pilliers naiffans qui font comme des bouts de corne; il s'y en trouvoit un affez gros mais il a été caffé. Il préfente le tronc d'un arbre coupé en travers le milieu qui eft comme le corps ligneux de l'arbre, & d'un arbre brun, tirant fur le gris de fer, large d'environ trois pouces, enveloppé de plufieurs cercles de différentes couleurs, ou d'autant de différens aubiers diftingués par fix cercles concentriques, épais d'environ deux ou trois lignes, dont les fibres vont du même centre à la circonférence. Il femble que ces troncs de marbre végetent, car outre qu'il ne tombe pas une feule goute d'eau dans ce lieu, il n'eft pas convenable que des goutes tombant de 25 ou 30 braffes de haut, aient pû former des piéces cylindriques terminées en calotte, dont la régularité n'est point interrompue : une goute fe diffiperoit plutôt par fa chute: il n'en diftille certainement point dans cette grotte, comme dans les caves goutieres ordinaires. A peine y peut-on remarquer quelques nappes dentelées, dont les pointes laiffent couler une goute d'eau fort claire & fort infipide, formée fans doute par l'humidité de l'air qui s'y condense en eau, comme dans les appartemens revêtus de marbre.

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Au fond de la grote, fur la gauche,fe préfente une pyramide bien plus furprenante, qu'on appelle l'autel depuis que M. de Nointel y fit célébrer la meffe en 1693. Cette pièce eft toute ifolée, haute de 24 pieds, femblable en quelque maniere à une thiare, relevée de plufieurs chapiteaux, canelés dans leur longueur & foutenus fur leurs pieds, d'une blancheur éblouillante de même que tout le refte de la grote. Cette pyramide eft peutêtre la plus belle plante de marbre qui foit dans le monde: les ornemens dont elle eft chargée font tous en choux fleurs, c'est-à-dire terminés par de gros bouquets, mieux finis que fi un sculpteur venoit de le quiter. Il n'eft poffible, encore un coup, que cela fe foit fait par la chutes des goutes d'eau, comme le prétendent ceux qui expliquent la formation des congélations dans les grotes. Il y a beaucoup plus d'apparence que les autres congélations dont nous parlons & qui pendent du haut en bas, ou qui pouffent en différens feus, ont été produites par le même principe, c'est-à-dire par la végétation. Au bas de l'autel il y a deux demi colonnes qui furent écornées pour y dreffer la table fur laquelle on célébra la meffe de minuit, que M. de Nointel y fit dire. On grava par fes ordres les paroles suivantes fur la base de la pyramide.

HIC IPSE CHRITUS ADFUIT EJUS NATALI DIE, MEDIA NOCTE CELEBRATO MDCLXXIII.

Pour faire le tour de la pyramide, on paffe fous un maffif ou cabinet de congélations, dont le derriere eft fait en voute de four. La porte en eft baffe; mais les draperies des côtés font des tapifferies d'une grande beauté plus blanches que l'albâtre : quand on en caffe quelqu'une, l'intérieure en paroit comme de l'écorce de citron confite. Du haut de la voute qui répond fur la pyramide, pendent des feftons d'une longueur extraordi

naire, lesquels forment pour ainfi dire l'attique de l'autel.

M. de Nointel, ambaffadeur de France à la Porte, paffa les trois jours de fête de Noël dans cette grote, accompagné de plus de 500 perfonnes, foit de fa maifon, foit marchands, corfaires ou gens du pays qui l'avoient fuivi. Cent groffes torches de cire jaune, & quatre cent lampes qui bruloient jour & nuit, étoient fi bien dispofées qu'il y faifoit aufli clair que dans l'églife la mieux illuminée: on avoit pofté des gens d'espace en espace dans tous les précipices, depuis l'autel jusqu'à l'ouverture de la grote; ils fe firent le fignal avec leurs mouchoirs, lorsqu'on éleva le corps de J. C. A ce fignal on mit le feu à vingt-quatre boëtes & à plufieurs pierriers qui étoient à l'entrée de la caverne : les trompettes, les hautbois, les fifres, les violons rendirent cette confécration plus magnifique. L'ambassadeur coucha presque vis-à-vis de l'autel, dans un cabinet long de fept ou huit pas, taillé naturellement dans une de ces groffes tours, dont il a été parlé ci-devant. A côté de cette tour fe voit un trou par où l'on entre dans une autre caverne,mais perfonne n'ofa y defcendre. On étoit embarraslé comment avoir de l'eau, mais à force de chercher on trouva une fontaine à gauche de la montée, c'eft une petite caverne où l'eau s'amaffe dans les creux des rochers.

Ce fut M.de Nointel qui renouvella la mémoire de cette grote. Les gens du pays n'ofoient y descendre lorsqu'il arriva à Antiparos; mais il les encouragea par fes largesfes. Il avoit avec lui deux habiles deffinateurs & trois ou quatre maçons, avec les outils néceffaires pour détacher & pour enlever des piéces de ce marbre. On peut dire que jamais ambaffadeur n'eft revenu du Levant avec tant de belles chofes : la plupart de ces marbres font entre les mains de Bourdelot, de l'Académie Royale des inscriptions & des médailles.

Il y a encore un mot à dire touchant la grote d'Antipater, c'eft ainfi qu'on nomme une petite caverne, dans laquelle on entre par une fenêtre carrée, ouverte dans le fond de la caverne qui fert comme de veftibule à la grande grote. Celle d'Antipater eft revêtue de marbre cristallife & canelé; c'eft une espéce de fallon de plein pied à fon ouverture, qui paroîtroit fort agréable fi on n'avoit été ébloui les merveilles de la grande grote.

pas

par

La croupe de la montagne où font ces grotes eft comme pavée de criftallifations transparentes, femblables au talc ordinaire; mais qui fe caffent toujours en lozanges ou en cubes; on en trouve de pareilles en Candie fur le Mont Ida & à Marseille fur la baume de M. Puget, & à Saint-Michel d'eau douce. Des bords de la caverne d'Antiparos pendent quelques pieds de ce beau capprier fans épines, dont on confit le fruit dans les ifles. Le refte de la montagne eft couvert de thym de créte, de faux dictame, de cédres à feuilles de cyprès, de lentisques, de squilles. Toutes ces plantes font communes dans les ifles de Gréce, & celle d'Antiparos ne mériteroit guères d'être vifitée fans cette belle grote.

Le canal qui eft entre Antiparos & Paros, n'eft que d'un mille de large: on en compte cependant fix ou fept du port d'Antiparos à celui de Paros. C'eft cette distance qui fait croire qu'Antiparos eft l'ifle que les anciens ont con nue fous le nom d'OLIAROS. Il est difficile de ne pas en convenir après le paffage qu'Etienne le Géographe nous a confervé du Traité des ifles d'Héraclide du Pont, qui fait d'Oliaros une colonie de Sidoniens, & qui place cette ifle environ à fept milles de Paros, diftance qui répond tout à fait à celle du trajet dont on vient de parler. Tournefort, voyage du Levant, t. 1, 4.5, p. 71 & fui

vantes, L. 1.

ANTIPATRIA, ville de Macédoine, dans la Daretide. Polybe en fait mention, l. 5, p. 620, & Tite Live, 1. 31, c. 27, qui nous raconte comment elle fut prife par les Romains, dit qu'elle étoit fituée dans un défilé ou paffage étroit.

ANTIPATRIDE, Antipatris : quelques-uns difent mal Antipatros. On ne convient pas de la véritable fituation de cette ville. Les anciens, comme Jofeph (4), & l'auteur du livre des Machabées, (b) ont dit qu'elle s'appelloit anciennement CAPHARSALAMA. Jofeph (c) l'appelle encore CAPHAR-SABA, & la place à cent cinquante ftades ou dix-huit mille pas de Joppé. Le même Joseph (d) ajoute que ce fut Hérode le Grand qui Tome I. Qq ij

bâtit cette ville, & la nomma Antipatris en l'honneur de fon pere Antipater. Les Gemmariites (c) & le Sanhedrin Babylonien (f) font mention d'une ville nommé Antipatris, qu'ils placent à l'extrêmité de la Judée. Les Talmudites (8) rapporte qu'Alexandre le Grand s'avança jusqu'à Antipatris, & nous voyons (h) que l'Apôtre SaintPaul palla par Antipatris, lorsqu'il fut conduit de Jérufalem à Céfarée. (a) Antiq. 1. xII, c. 17. (b) Cap. VII, 31. (c) Ant. 1. XIII, c. 23. (d) De bello, l. I, c. 16. (c) Hierofol. Taanith. Fol. LXIX, 2. (f) Fol. XCIV, 2. (8) Babylon. Joma, Fol. LXIX, 1. (b) Actor. xxIII, 31.

*

Doubdan en fait une ville maritime, dans fes voyages de la Terre Sainte, c. XLVIII, p. 479 & fuiv. il dit qu'elle n'étoit anciennement qu'un bourg appellé Capharfala ma, auprès duquel Judas Machabée défit l'Armée de Nicanor. Il ajoute, après Adrichome, qu'Hérode le Grand, voyant ce bourg fitué dans une campagne des plus agréables, le fit amplifier, & en forma une ville, qu'il nomma Antipatris, & qu'elle fut enfuite appellée ARSUR, nom que lui donnent ordinairement les hiftoriens des Croifades. Godefroi de Bouillon, après la prife de Jérufalem, voulut s'emparer de cette ville; mais ne pouvant l'affiéger par mer faute de vailleaux, il abandonna fon entreprife. Baudoin I, affifté des vaiffeaux de Genes & de Pife, l'affiégea enfuite de fi près par mer & par terre, qu'il la força de fe rendre.

Les gens du pais affurent qu'Antipatris étoit fituée au lieu qu'on appelle préfentement ALI EBN ANLAYM, qui eft le nom d'un faint chez les Mahométans, qui ont une fi grande vénération pour lui, que les voyageurs ne voyageurs ne manquent jamais de faluer un fanctuaire qu'on a élevé en fon honneur proche de la mer. On prétend que ce lieu avoit été autrefois dédié à faint Georges: on y voit encore une groffe tour qui eft fur le bord de l'eau.

Les ruines qu'on découvre dans ce lieu font croire que c'étoit la pofition d'Antipatris; ce qui eft d'autant plus fondé que dans les cartes géographiques elle fe trouve entre Céfarée de Palestine & Joppé, proche une petite riviere, précisément à l'endroit où font ces ruines. Antipatris étoit éloignée de Céfarée en Palestine de fept ou huit lieues. Le P. Nau, Nouveau Voyage de la Terre Sainte, ch. 3, p. 19..

Reland, lib. III, de urbibus & vicis Palestina, pag. 569570, foutient qu'Antipatris ne fut point une ville maritime, par la raifon que fi elle eût été fur le bord de fi elle eût été fur le bord de la mer, le droit chemin, qui étoit fans doute celui que tinrent les foldats qui conduifirent S. Paul de Jérufalem à Céfarée, n'eût pas été de paffer par cette ville : à cette conjecture il joint le fuffrage du Talmud, Misna Git tin 7, m. 7, qui dit que cette ville fe trouvoit fur le chemin de la Judée en Galilée; il y joint encore celui d'Obadias de Bartemore, qui, fur cet endroit, a remarqué qu'Antipatris étoit aux confins de la Judée.

Il convient que plufieurs auteurs ont avancé qu'Antipatris étoit la même ville qu'Affur ou Arfuf, ville mari time fituée dans un lieu agréablement entremêlé de bois & de prairies; mais il dit qu'il ne faut compter pour rien cette tradition. *Hiftor. Hierofolym. cap. xx111. Guillelmus Tyrius.

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Il le prouve 1o. par le témoignage de Ptolomée, 7.5, c. 16, qui, dans le détail qu'il fait des villes de la Palestine, ne met pas Antipatris au rang des villes maritimes, mais parmi celles qui font dans les terres, comme Lydda, Jamnia, & autres qui ne font pas fituées fur la côte, mais dans les contrées voifines. II. Par l'autorité de Jofeph, Antiq. l. 13, c. 23, qui rapporte qu'Alexandre fit creufer un grand foffé de Joppé à Antipatris, pour mettre le pays a couvert des incurfions des ennemis; & il conclut que ce foffé n'auroit été d'aucun effet, s'il eût été tiré d'une ville maritime à une autre, aufli aflife fur la côte de la mer. III°. Par les anciens itinéraires qui indiquent la route de Céfarée à Antipatris, & enfuite à Diospolis, & non à Joppé. IV. Par la route que S. Jérôme, dans l'épitaphe de fainte Paule, lui fait prendre; favoir, de Céfarée à Antipatris, enfuite à Diospolis, Arimathie, Nobé & Joppé, & puis en retournant fur fes pas à Nicopolis: or, dit Reland, fi Antipatris avoit été fituée fur la côte de la mer, S. Jérôme eût dû faire paffer Paule de Céfarée à Antipatris, & delà à Joppé, Arimathie & Nobé, pour lui faire prendre le plus droit chemin pour aller à Nicopolis, fans la faire tourner fur

fes pas. Il ajoute enfuite que fi l'on voit des veftiges d'une ancienne ville à Affur, il faut dire que ce font les reftes d'Apollonia, & non d'Antipatris.

Enfin, dit le même auteur, Jofeph rapporte que cette ville étoit éloignée de cent cinquante ftades, & qu'Alexandre fit creufer un foffé d'une ville à l'autre pour fe mettre à l'abri des infultes de fes ennemis ¿ que fon ancien nom fut Capharfabe, & que le pays où elle étoit fituée s'appelloit du même nom; que cette ville étoit située proche des montagnes, dans une montagne entrecoupée de ruiffeaux, & couverte d'arbres, qui en faifoient un pays délicieux. Or, conclut-il, aucune de ces chofes ne peut convenir à la ville qui a depuis porté le nom d'Arfuf, fituée fur le bord de la mer, entre Céfarée & Joppé, à dix-huit milles arabiques de celle-là, & à fix milles de celle-ci.

ANTIPAXU ou ANTIPACHSU la premiere de ces ortographes eft de Corneille. Baudrand a préféré la seconde; petite ifle de Gréce, fur la côte de l'Epire, entre Corfou & Céfalonie. Les anciens ont connu en cet endroit deux ifles nommées Paxoe, nato; ces deux ifles, felon le P. Hardouin, font préfentement PAXO & AnTIPAXO. Corneille, dict. dit que la derniere eft la plus petite, & n'a point de port. Voyez Paxæ. * Pline, Í. 4, c. 12. Dion. 1. 50, & Polyb. 1. 2.

ANTIPHILÍ, lieu d'Afrique, dans la Marcotide, felon Ptolomée, l. 4, c. 5 : il le place dans les terres fans marquer fi c'eft une ville ou un village.

ANTIPODES, nom que l'on donne aux peuples qui habitent des points du globe diametralement oppofés c'eft-à dire à une latitude égalé en quantité, mais différente par rapport aux pôles, les uns étant vers le pôle méridional, les autres vers le feptentrional, à moins qu'ils ne foient les uns & les autres précisément fous l'équateur. La différence de leur longitude est toujours par conféquent de 180 deg. Ainsi pour favoir quels font les Antipodes de Paris, par exemple, il faut en remarquer premiérement la latitude, qui eft de 48 deg. soʻ pour l'obfervatoire; car, dans de fi grandes villes, pour plus de précifion, on doit fixer un lieu. La longitude de Paris, prife de l'ifle de Fer, eft de 20 degrés, à quoi il faut ajouter la différence, qui eft toujours, comme on vient de le dire, de 180 degrés, donc les Antipodes de l'obfervatoire font à 200 deg. de longitude, & à 48 deg. o' de latitude méridionale, parce que celle de Paris eft boréale. Lorsqu'il eft queftion de lieux fitués fous l'équateur, où il n'y a point de latitude, il fuffit, pour en trouver les Antipodes, d'ajouter 180 deg. à la longitude de ce lieu-là. S'il arrive que la fomme qui réfulte des deux excéde 360, il faut en fouftraire cette fomme, & ce qui refte devient la véritable longitude des Antipodes que l'on cherche par exemple, on veut favoir quels font les Antipodes de l'ifle de S. Barnabé, l'une des Galapes, Gallapagos fous l'équateur, au 285 deg. de longitude, ajoutez 180, cela fait 465, cette fomme étant plus grande que 360, retranchez-en ce nombre, il refte 105; donc les Antipodes de cette ifle feroient fous la ligne au 105 deg. de longitude, fi ce n'étoit que la mer couvre cet endroit-là. Il faut obferver de plus que les Antipodes font dans la même Zone lorsqu'il eft question d'un lieu de la Zone Torride, quoiqu'ils ne foient fous la ligne; les autres font dans des Zones femblables, mais vers des pôles oppofés. Ils ont les mêmes faifons, les mêmes longueurs de jours & de nuits, mais alternativement, & jamais dans le même tems. Pendant qu'un lieu a l'été, fes Antipodes ont l'hiver pendant qu'il compte midi, fes Antipodes comptent minuit. Ce mot ANTIPODES ne fignifie que des peuples qui ont les pieds oppofés les uns aux autres, & aux deux extrêmités d'une ligne droite que l'on conçoit paffer par le centre de la terre.

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Il ne faut pas confondre les Antipodes ainfi expliqués, avec les ANTICHTHONS de Pomponius Mela, 1. 1, c. I. n. 10, comme a fait Gronovius, qui confond très-mal deux idées très différentes. Pour mieux entendre cet ancien, il eft bon de reprendre le paffage quelques lignes plus haut. » Le Monde a, dit-il, différentes parties: on

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appelle Orient le côté où fe leve le Soleil, & Occident » celui où il fe couche; l'endroit où eft fa plus haute >> élévation s'appelle Midi, l'endroit oppofé eft nommé » le Septentrion. La Terre qui en occupe le milieu, où

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» elle eft fuspendue, eft environnée de la mer, qui la » partage en deux parties, que l'on appelle hémifphe» res: elle eft divifée d'Orient en Occident, & partagée en cinq zones. Celle du milieu eft incommodée par les chaleurs: celles des extrémités font expofées au grand froid; les autres, qui font habitables, ont les mêmes faifons que nous, mais non pas de la même maniere. » Les. Antichthons en habitent une, & nous habitons » l'autre. Comme nous ne connoiffons pas la fituation » de l'une, à caufe des chaleurs des régions qui font entre » elle & nous, il faut parler de l'autre. » Il n'eft ici queftion que de la zone tempérée & habitable, qui eft au midi de l'équateur; & ce qui eft depuis l'équateur jusqu'au pole méridional, eft ce que Mela nomme hémisphere, qui n'eft que la moitié de ce que nous nommons préfentement ainfi avec plus de jufteffe qu'il n'a fait. La mappemonde renferme la sphere entiere, c'est-à-dire deux hémispheres ou moitié de la sphere, & les hémispheres de Mela ne font chacun que le quart de la mappemonde. Ainfi des peuples Antichthons peuvent n'avoir qu'une différence de 90 dégrés, au lieu que celle qui eft entre des peuples Antipodes eft toujours de 180 degrés de longitude, & d'autant de degrés pris fur le grand cercle du méridien. Les Antichthons s'accordoient bien avec l'opinion que les anciens avoient de la figure de la terre, mais les Antipodes n'y convenoient pas, & fembloient inconcevables. On a eu beaucoup de peine à admettre des Antipodes : mais la navigation a démontré à la fin leur existence.

ANTIPODES. Ifidore fait mention d'un peuple, dans la Libye nommé ainfi, parce qu'on fuppofe qu'ils avoient les pieds retournés; c'est-à-dire les talons devant & les doigts derriere, & qu'ils avoient huit doigts aux pieds. Ortelius Thefaur. qui cite cet auteur, a foin de marquer qu'il n'eft pas fort perfuadé du fait.

1. ANTIPOLIS. Voyez ANTIBES.

2. ANTIPOLIS. Pline, 7. 3, c. 16, obferve que l'endroit de Rome, que l'on appelloit de fon tems le JANICULE, avoit été auparavant nommé ANTIPOLIS.

ANTIPYRENEES, branche des monts Pyrenées. Elle commence au val de Capfir, où font les fources de l'Aude, & s'étend de l'occident à l'orient jusqu'au lac de Salces, fur la côte de la Méditerranée, féparant le Rousfillon du Languedoc. Cette branche eft oppofée à la partie des vrais Pyrenées qui féparent le Rouffillon de la Catalogne. Baudrand écrit en françois ce nom fans Y Antipirenées.

l.

ANTIPYRGOS, port de l'Afrique, dans la Marmarique, felon Ptolomée, 4. 4, c. 5. Caftaldo croit que c'eft préfentement LUCHO.

ANTIRRHIUM. Voyez RHIUM.

ANTIRRHODUS, ille d'Egypte vers le Phare, felon Strabon, l. 17.

ANTISARA, port des Datiniens. C'est ainfi que parle Etienne le Géographe. Quelques-uns, dit-il, écrivent Antifarie. La difficulté elt de favoir qui étoient les Datiniens dont pas un ancien géographe n'a parlé. Peut être au lieu de Ativa faut-il lire Aarna; ce qui s'accorde affez avec l'ufage des Grecs du bas âge qui changent facilement l'en. Alors on trouve que les Dateniens étoient ainfi nommés de la ville Dathus, dans la Thrace, auprès du Strymon, & par conféquent on en doit conclure que ce port n'en devoit pas être loin. ANTISSA. Voyez ANTESSA.

ANTISSIODORUM. Voyez AUXERRE. ANTISTIANA, ville de l'Espagne citérieure, entre Barcelone & Tarragone, felon Antonin, Itiner.

ANTITANES. Voyez ATINTANES.

ANTITAURUS, montagne de l'Afie mineure. Cette chaîne fe fépare du mont Taurus dont elle est une branche à la fource de la riviere de Cydne, & s'avance vers le feptentrion oriental jusqu'à l'Euphrate, ayant au couchant la Caramanie, & au levant le Marasch, felon Baudrand, éd. 1705. Cet auteur a été juftement repris d'avoir dit, dans fon édition latine de 1682, que l'Antitaurus étoit une montagne de la petite Armenie, & d'avoir cité Strabon qui ne dit rien de pareil. Strabon effectivement décrit ces montagnes dans la Cappadoce : il en fait auffi mention dans la description de la grande Armenie; mais dans celle de la petite il n'en dit pas un

mot, comme le remarque très-bien G. Sanfon dans fes Disquifitions, p. 41, fur la géographie.

ANTIVARI, ville de la Dalmatie,fur le golfe de Venife, en latin Antibarum, felon les modernes, & Antiparos, felon d'autres. Cette place eft affez forte, mais mal peuplée; elle eft fituée fur une montagne au pied de laquelle eft le port, & eft à dix milles de Budoa & de Dulcigno. Elle eft nommée Antivari, parce qu'elle est à l'oppofite de Bari dans la Pouille. C'étoit autrefois un archevêché confidérable fous les premiers rois de Dalmatie, fous lesquels l'archevêque d'Antivari tenoit le premier rang entre les prélats de ce Royaume; mais lorsqu'il fut détruit, elle tomba au pouvoir des Vénitiens, & fut inutilement affiégée par les Turcs en 153 8 1 ceux-ci l'ayant conquise dans la fuite, les Vénitiens eurent à leur tour le chagrin de l'affiéger en 1648, fans la pouvoir prendre; de forte qu'elle eft demeurée aux Turcs qui la poffedent encore. * Memor. Geogr. della Dalmazia, p. 336, long. 36, 15, latit. 42, 18.

édit.

ANTIVESTÆUM PROMONTORIUM, promontoire de l'ifle d'Albion, felon Ptolomée, l. 2, c. 3, Bertil. Le grec porte Artiosdio ampor, Antioveflaum. Il ajoute qu'on le nommoit auffi Boxépsov BOLERIUM; c'est la pointe de Cornouailles, felon Cambden, Britan. & le P. Briet, parall. 2 part. l. 2, p. 180. Ortelius qui croit que les Anglois le nomment préfentement THE LANDS END, ne s'en écarte pas beaucoup.

ANTIUM, ville, felon Denis d'Halicarnaffe, 1.6, c. 3, la nomme ANTIA, c'étoit la plus confidérable du pays des Volsques. Tite Live, l. 2, c. 33 & 63, parlant de la défaite des Antiates, les appelle Volsques. Elle étoit fituée fur la mer, quoique Strabon dife qu'elle n'avoit point de port, parce qu'elle avoit dans fon voifinage le bourg de ce nom où étoit le port dont les Antiates fe fervoient. C'est contre leurs vaiffeaux que les Romains, (felon Tit. Liv. 4. 8, c. 14, Florus, l. 1, c. 11,) remporterent les premiers avantages qu'ils eurent fur mer, & les proues de fix de ces vaiffeaux fervirent de trophées à Rome, où Manius les fit attacher dans un lieu public pour monument de cette victoire navale. Les Romains y envoyerent plus d'une colonie. Premiérement après qu'ils eurent pris la ville, vers l'an de Rome 285, felon Tit. Liv.1.2, in fine. En fecond lieu ils y en envoyerent une autre dont Tite-Live, l. 8, c. 14, fait mention. Antium & Tarente furent affignées aux Vétérans, fous l'empire de Neron, felon Tacit. An. l. 14, c. 27. Strabon, l. 5, p. 232, dit qu'Antium étoit bâtie fur des roches à 260 ftades d'Oftie; il ajoute que de fon tems les grands s'y retiroient pour fe délaffer des fatigues des affaires, & qu'il y avoit quantité d'édifices magnifiques pour les y recevoir. Tacite. Ann. l. 15, c. 23, nous apprend que Neron y étoit né ou y avoit été conçu (generatus, ) & que Popé y accoucha d'une fille. Strabon, l. 5, p. 232, obferve que malgré le défaut de port d'Antium, les Antiates avoient cependant des vaiffeaux, & qu'après avoir été foumis par les Romains, ils fe joignirent aux Tyrrhéniens pour pirater. Alexandre s'en plaignit, & Demetrius renvoyant ces pirates aux Romains, leur fit dire qu'il étoit honteux pour eux d'envoyer des corfaires piller la patrie de Caftor & de Pollux, que tout le monde regardoit comme fes confervateurs, & auxquels ils avoient eux même érigé un Temple. Il y avoit à Antium un Temple fameux dédié à la fortune, & dont Horace a fait mention, 1. I, ode 35, dans ce vers

O Diva, gratum qua regis Antium, &c. Sur quoi Dacier remarque que cette ville étoit à une journée de Rome, au même lieu où eft aujourd'hui Net tunio. Il fe trompe, & Magin marque beaucoup mieux ANTIO ROUINATO, à l'orient & à quelque distance de Nettuno, car c'eft ainfi qu'il faut écrire. Ce dernier eft le même que le port de Cenon (Cano.) Baudrand, éd. 1682, qui nomme auffi ce port Antium ou Antiatum navale, avoit parlé plus juste dans l'édition qu'il avoit donnée du livre de Ferrarius, quelques années avant que d'imprimer le tout fous fon nom. Beaucoup d'auteurs écrivent le nom moderne Anzo: cette ville a été le fiége d'un évêché, (Carol. à S. Paulo Geog. Sacr. p. 51.) Gaudence, fon évêque, foufcrivit au Concile Romain, tenu fous le pape Hilaire. Decius foufcrivit à un autre

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ANTIXENI, ancien peuple de l'Inde, felon Pline, 1. 6, c. 20. Ils étoient au-delà du fleuve Indus, dans les montagnes, affez près du Caucafe.

ANTIZE, felon Corneille. C'est une faute d'ortographe. Voyez Autize.

ANTOBROGES, peuple de la Gaule, dans l'Aquitaine, felon Pline, l. 4, c. 19. Fulvius Urfinus croit que ce mot eft une faute des copiftes au lieu de NITIOBRIGES. Le R. P. Hardouin trouvant dans tous les manuscrits Antobroges, s'eft fait scrupule de rien changer. Il tombe néanmoins dans le fentiment d'Urfinus, & croit qu'il eft question des Nitiobriges, dont la ville étoit, felon Ptolomée, l. 3, c. 7, Aginnum, aujourd'hui Agen; de forte que fuivant cette opinion les Antobroges des anciens répondroient à ce qu'on appelle aujourd'hui l'Agenois, avec quelques différences d'étendue & de limites, ce qu'il faut presque toujours entendre lorsque l'on parle du rapport qu'un ancien district peut avoir avec celui d'à prefent.

ANTOCO, montagne particuliere de l'Amérique méridionale. Elle fait partie de la longue chaîne nommée les Andes. Elle eft au levant d'Angol, ville du Chili; & eft remarquable en ce que c'est un Volcan, c'est-à-dire qu'elle vomit des flames comme l'Etna & le Vefuve.

ANTOECIENS: quelques-uns, comme Ozanam,écrivent mal ANTAECIENS. Ce font ceux qui étant fous un méridien, pris en demi cercle, c'eft-à-dire d'un pole à l'autre, ont une latitude égale, mais vers des poles oppofés; ils different des Antipodes en ce que les Antipodes ont une même latitude vers les deux différens poles,mais une différence de méridiens qui embraffe toute la demi-circonférence du globe terreftre, au lieu que les Antoeciens ont la même longitude, étant fous le même méridien, & la même latitude étant chacun à même distance, l'un du pole arctique, & l'autre du pole antarctique. Pour ce qui regarde les Antipodes, les uns comptent midi, lorfque les autres comptent minuit; mais les Antoeciens ont midi & minuit en même tems. La feule différence c'eft que l'un a l'été, lorsque l'autre a l'hyver. L'équinoxe du L'équinoxe du printems pour les uns eft l'équinoxe d'automne pour les autres. Il faut dire la même chofe des folftices. Je ne ferois pas furpris que Gronovius, qui s'étoit mis en tête d'expliquer Pomponius Mela, eut confondu les Antichthons de cet auteur avec les Antoeciens. Ceux-ci font fixés géométriquement à un lieu correspondant à celui pour lequel ils font ainfi relativement appellés. Il les a encore confondus avec les Antipodes qui font bien fous une même latitude, mais fous le même méridien pris dans fon cercle entier, c'eft-à-dire depuis un pole jusqu'à ce même pole, & les Antoeciens font fous un même méridien, pris depuis un pole jusqu'à l'autre, mais les Antichthons de Mela n'ont rien de déterminé pour le méridien, ils font feulement dans la moitié de la terre que l'on conçoit féparée de la nôtre par l'équateur, & par la zone torride. Achille Tatius, mathématicien d'Alexandrie, dans fon introduction aux Phénomenes d'Aratus, parle ainfi des Antoeciens. Voyez Cellarius, Geog. art. l. 1, c. 7, p. 27. Les habitans d'une zone méridionale font Antoeciens par rapport à ceux d'une zone feptentrionale, & ceux d'une zone feptentrionale le font à l'égard des habitans d'une zone méridionale, parce qu'une habitation Oxis au nord, & une habitation au midi font oppofées l'une à l'autre. Les Antoeciens ont donc la même nuit & le même jour; mais leurs folftices font différens. Car le foleil étant arrivé au figne du cannous amene l'été à tous tant que nous fommes endeçà de l'équateur, & en même tems il amene l'hiver à ceux qui en font au midi. Pareillement lorsqu'il entre dans le figne du capricorne, il nous amene l'hiver, & leur porte l'été. De plus quand il touche au figne du belier, il fait pour nous l'équinoxe du printems, & pour nos Antoeciens l'équinoxe d'automne, & au contraire lorsqu'il eft au figne de la balance, il nous donne l'aumais non pas aux Antoeciens pour qui le prin

cer,

tems commence de ce tems-là. Après les équinoxes quand le foleil nous femble monter par les fignes du zodiaque, il femble alors aux Antoeciens qu'il descend, & ils ne le voyent monter que lorsqu'il descend pour nous; il allonge leurs jours à mesure qu'il diminue les nôtres. On voit par cette description quelle idée les anciens avoient des Antoeciens. Ceux d'entre les modernes qui ont confondu les Antoeciens avec les Antipodes, n'avoient pas affez étudié l'ancien fyftême.

ANTOING, Antonium, gros village des Pays-Bas, dans le Hainaut, fur l'Escaut. C'eft une feigneurie. Il eft accompagné d'un ancien château, où les princes d'Epinoi font ordinairement leur réfidence. * Dict. Geog. des Pays-Bas. Corn. Dict.

ANTONA. Tacite, Ann. 1. 12, c. 31, ou c. 9 de la Traduct. d'Ablancourt, nomme ainfi une riviere de la grande Bretagne : elle ne devoit pas être éloignée de la Saverne, puisque Publius Oftorius, après avoir défarmé les vaincus qui lui étoient fuspects, les enferma entre les riviéres d'Antona & de la Saverne. Cincosque caftris Antonam, & Sabrinam Fluvios cohibere parat. D'Ablancourt, dont le défaut ordinaire eft de fubftituer des noms modernes aux anciens, dont on ne fait pas bien au juste la position, eft tombé ici dans un autre excès; car il traduit les fleuves d'Antone & de Sabrine. On fait certainement que Sabrina eft la Saverne; on n'est pas fi éclairé fur l'autre riviére. Polydore dit, que de fon tems c'étoit LA VIE (Veium,) qui tombe dans la Saverne. Ortelius dit conformément à cette idée, Antonia Tacito Britannia fluvius, in Sabrinam influens; mais Tacite ne dit point que ces riviéres entraffent l'une dans l'autre. Cambden voudroit lire AUFONA. Voyez ce mot. Corneille dit que c'est une petite riviére nommée TEST. ANTOÑACUM ou ANTENNACUM. Voyez ANDER

NACH.

ANTONGIL, (la baye d') grande baye de l'ifle de Madagascar, au pays d'Andovouche, dans la partie orientale de l'ifle, vers le feptentrion, & l'ifle de Sainte Marie. Cette baye eft nommée MANGHABEI par les habitans du pays. Les Européens lui ont donné le nom d'Antongil, ou plutôt d'Anton-Gil, qui eft celui d'un Portugais, appellé Antoine Gilles, qui en fit la découverte.

Cette grande baye eft par le 16 degré de latitude fud & s'étend jusqu'à dix lieues nord-nord-ouest, & fudfud-oueft, ayant à peu près cinq lieues de large. On trouve une ille très-agréable & très-fertile, & qui eft fi haute, qu'au pied de la côte, il n'y a rien de bas par-delà le rivage.Au bord de lacôte,au nord-eft, font quelques rochers & trois petites ifles, enfuite on entre dans une riviére, fur les bords de laquelle il y a plufieurs villages. A moitié chemin de l'aiguade à la baye, du côté du nord, il y a trois villages ou bourgs bien peuplés, & divers autres villages, jusqu'à une autre riviére qui fe découvre au nord, & enfuite on trouve la grande riviére. Cette riviére a deux bras, l'un qui s'étend au nord & l'autre à l'oueft, & au milieu il y a une petite ifle. Le village de Saint-Angelo eft à fon côté feptentrional. A main gauche en entrant dans la riviére, eft le village qu'on nomme Spakembourg, qui eft compofé d'environ cent quatrevingt maifons, & plus haut, fur la même riviére eft le village du Nord, qui eft auffi fort peuplé & bien pourvu de vivres. A l'oueft-fud-oueft de l'ifle eft encore une riviére, fur le bord de laquelle il y a auffi un village; & c'eft à cet égard tout ce qui vint alors à la connoiffance des Hollandois, de qui cette description eft tirée des voyages de la Compagnie, t. 1, p. 252. Il y faut ajouter ce que rapporte Dellon dans fon voyage aux Indes Orientales, c. 12, p. 41.

La baye d'Antongil eft une des plus confidérables du monde pour fa grandeur, la bonté de fon fond, la fureté qu'elle fournit aux vaiffeaux, & la fertilité du terroir qui l'environne : elle a quinze lieues de longueur, trois de large à l'entrée, neuf au milieu, & va toujours en étréciffant jufqu'au fond; elle peut contenir un grand nombre de vaiffeaux, & enferme quantité de petites ifles, dont la plus confidérable eft celle de Maroça; c'est auprès d'elle que les bâtimens ancrent, parce qu'ils font à l'abri de tous côtés; mais fi les vents du fud ou d'eft en favorifent l'entrée, ils en rendent la fortie très-difficile,

& tel entre en peu d'heures, qui n'en peut fortir en plu

fieurs mois.

Les pluyes y font auffi fréquentes & l'air eft auffi mal fain qu'à Sainte-Marie, le peuple y vit comme au refte de Madagascar: leur religion approche un peu plus de la Mahometane; c'est là que les hommes fort jaloux de leurs femmes jusques à la fureur, & que l'on punit de mort les libertins; ils ne mangent jamais de chair de pourceau, & ont une telle averfion pour cet animal, qu'ils font des foffes profondes, où ils enterrent ceux qui meurent, afin de ne les point fentir en paffant pardeffus. Ils n'eftiment pas plus l'or & l'argent, que l'étain & le cuivre.

I. ANTONIA ou AUTONIA, ville du territoire des Brutiens, felon Appien, dans fes Annibaliques.

2. ANTONIA. Voyez BARIS.

3. ANTONIA : les empereurs Severe & Antonin, fon fils, avoient donné ce nom à la ville de Bifance. Voyez CONSTANTINOPLE.

4. ANTONIA, ancien nom de la ville d'Utrecht, felon le fentiment de quelques-uns, rapporté par Ortelius, Thefaur. in voce. UTRICESIUM.

ANTONINIA, on a donné quelquefois ce nom à des villes en mémoire de l'empereur Antonin; entre autres aux villes de CONSTANTINOPLE, de VOLATERRA, &c. ANTONIOPOLITÆ, nation de la Lydie, au bord du Méandre, felon Pline, l. 5, c. 29.

ANTONÍNUPOLIS, ville d'Afie, fur le Tigre. Ammien Marcellin en fait cette description, l. 18, p. 141, éd. Lindebr. Conftantius n'étant encore que Céfar fit bâtir dans le même tems une autre ville nommée Antoninupolis, qu'il fortifia de remparts & de tours; il en fit un arfenal où fe gardoient les machines, dont on fe fervoit pour les fiéges; & l'ayant rendue formidable aux ennemis, il lui donna fon nom. Du côté du nord elle eft arrofée par le Tigre, qui en cet endroit fait un coude, peu après être forti de deffous la terre, où il fe cache quelque espace. Du côté de l'orient elle regarde les plaines de la Mefopotamie. Au nord elle eft voifine du ruisfeau Nymphée, & eft ombragée par les fommets du mont Taurus, qui fépare l'Armenie d'avec les peuples d'au-delà le Tigre. Au couchant elle touche à la Gumathene, contrée fertile, & bien cultivée. Cette fituation convient parfaitement avec celle que de l'Ile, Theatr. Imp. Orient. donne à la ville Martyropolis. Baudrand, éd. 1682, a cité Ammien Marcellin fans l'avoir lù, puisqu'il lui fait dire que ce fut Antonin qui fit bâtir cette ville. Cet auteur dit que ce fut Conftantius : ce qui peut faire de l'embarras, c'eft qu'il lui donna fon nom. Or l'hiftorien cité l'appelle pourtant Antoninupolis; on peut lever la difficulté, en difant qu'il y avoit une ville commencée, qui portoit ce nom en mémoire de quelqu'un des Antonins; que Conftantius l'agrandit, la fortifia, & en devint le principal fondateur par l'éclat qu'il lui donna, qu'il voulut qu'on l'appellât Conftantia ou Conftantiopolis, mais que l'ancien nom prévalut. Cela eft d'autant plus facile à croire que la même chofe eft arrivée à d'autres villes, qui ont quitté les noms impofés nouvellement pour reprendre l'ancien.

ANTORFF, les Allemands nomment ainfi la ville D'ANVERS.

ANTRACA, ancienne ville de l'Espagne Tarragonoi fe, dans le territoire des Vaccéens. Il y a des exemplaires de Ptolomée, l. 32, c. 6, où elle ne fe trouve point. Elle étoit entre Porta Augufta, aujourd'hui Torrequemada, & Avia ou Alvia, aujourd'hui Villalon.

1. ANTRAIN, petite ville de France, dans la haute Bretagne, fur la riviére de Couesnon, à cinq lieues au fud-eft de Dol au feptentrion, à fix au nord-ouest de Fougere au midi, & à dix au nord de Rennes. * Baudrand, éd. 1705. Long. 16, 7. Latit. 48, 30.

2. ANTRAIN. Voyez ENTRAIN. ANTRAPA. Voyez ANDRAPA. ANTRAVIDA. Niver, Comment. 9, p. 326, dit que les modernes nomment ainfi un lieu maritime de la Morée, qu'il croit avoir été autrefois le port de Cyllene, dans l'Elide. Sophien au contraire prétend que Cyllene eft Clarenza. Maty & Corneil mettent Antravida, au Septentrion de Caftel Tornefe, dans le Belveder.

ANTRE, petit lac de France, dans le comté de Bourgogne, près de Moyrans, s'appelloit anciennement le lac

de Quintenois, & a porté ce nom jusqu'à l'an 1435. II y avoit auprès de ce lac un bourg nommé Ifarnadore, ou Ifanonere d'un mot gaulois qui fignifie porte de fer à caufe d'un temple bâti à l'honneur d'une divinité payenne qui étoit enfermé dans une bonne enceinte en forme de fortereffe. On y bâtit enfuite des églifes, & le pere de Stoyan en fut curé, felon l'hiftorien des abbés Romain, Lupicin & Cyan.On y voit quelques ruines d'un temple d'Augufte, & d'une fonderie: on ne fait pas en quel temps ce bourg a été ruiné. Un anonyme dit que ce fut par Attila, & que ce fut là qu'étoit l'ancienne ville d'Antre, ou d'Avenche, Aventicum que tout le monde fait être Avanche, ville de Suiffe, & il a iniaginé qu'il y avoit eu deux villes qui avoient porté le nom d'Aventicum, l'une Aventicum fequanorum, & l'autre Aventicum helvetiorum, quoiqu'aucun ancien n'ait parlé de deux Aventicnm, & cite fauffement Ptolomée qui ne parle que d'une, au chapitre IX, où il parle de la Gaule Belgique. Vift a critiqué cet Auteur, & frere André, ex-provincial, & prieur des carmes de Befançon, dans une differtation fur la prétendue découverte de la

ville d'Antre.

ANTRESME. Voyez ENTRÁSME.

ANTRICUM. Voyez AUTRICUM & AUXERRE. ANTRIGINUM, monaftere ou hermitage de France, en Bretagne, fur la Loire, près de Nantes. On le nomme préfentement AINDRETTE. * Baillet, Topog. des Saints, p. 550.

I. ANTRIM, felon l'état préfent d'Irlande, t. 3, p. 57, comté d'Irlande, dans la province d'Ulfter. C'eft le comté le plus feptentrional de toute l'ifle; il a le canal de Saint-George à l'eft, Londonderry, que la riviére de Banne en fépare, à l'oueft; l'océan Deucaledonien au nord, & le comté de Down au fud, ou plutôt au fud-eft. Il a quarante-fix milles de long & vingt-fept de large. Il donne le titre de comte à l'ancinne famille des Mackdonels, & celui qui le porte aujourd'hui eft de la Religion Catholique. Le pays eft affez fertile, & capable de s'entretenir par lui-même. On le divife en neuf baronies, qui font :

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Il y a une ville où fe tient un marché public, favoir Carrickfergus, & quatre qui ont droit d'envoyer leurs députés au Parlement, favoir Antrim, Carrickfergus, Belfast & Lisburn. Les autres villes font Dunluce & Connor; cette derniere avoit un évêque, dont le fiége a été uni à celui de Down.

2. ANTRIM, petite ville d'Irlande, dans la province d'Ulfter, à cinq milles au fud de Connor, & à douze milles à l'oueft de Carrickfergus, près du lac Neagh. Elle eft peu confidérable, quoiqu'elle envoye deux députés au Parlement, & qu'elle donne le nom au comté. *Etat préfent d'Irlande, t. 3, p. 58, long. 11, 30, latit.

54, 48.

ANTRODOCCO. Voyez INTER DOCCO.

1. ANTRON ou ANTRONIA, ville ancienne de Gréce, fituée dans la Theffalie, fur le détroit de l'Eubée. Tourreil dans fes remarques fur la quatriéme Philippique de Demofthene, t. 4, p. 237, la met dans le territoire de Magnefie. Elle fe nommoit, dit il, ANTRONES, à caufe qu'il y avoit un grand nombre d'antres & de cavernes. Il y avoit auffi des ânes d'une grandeur prodigieufe, d'où vint le proverbe un Ane d'Antrones, que l'on appliquoit à ces hommes de belle taille, en qui la nature, par une espece de compenfation, femble ôter à l'esprit ce qu'elle donne au corps. On difcit également

ANTRONE & ANTRONES.

2. ANTRON. Socrate, dans fon hiftoire eccléfiaftique, l. 3, c. 25, fait mention d'Arabien, évêque d'Antron. Coufin traduit évêque d'Adra. Ortelius foupçonne que c'étoit une ville de Syrie, & remarque qu'il y a eu une ifle de ce nom, de laquelle parle Cedréne, & où l'empereur Léon apprit les fçiences, & pratiqua Michel Pfellus. Le P. Charles de Saint-Paul qui nomme Arrien, l'évêque mentionné par Socrate, met fon fiége au nombre de ceux dont la pofition eft incertaine. Il doute fi le

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