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fiége d'Atron étoit dans la ville de Theffalie, ou fi c'étoit Antron, ville de l'ifle de Samothrace, de laquelle il dit qu'Ovide a parlé dans fon premier livre de Triftes. Je n'ai pu trouver l'endroit où Övide nomme cette ville; mais elle s'accorderoit avec ce que dit Cedréne, qui d'Antron fait une ifle.

ANTRONES, Suidas nomme ainfi Antron dans la Theffalie.

ANTRONIA, Pomponius Mela lui donne ce nom. Voyez ANTRON. I.

ANTROS, ancien nom de l'ifle qui eft fituée à l'embouchure de la Garonne, fur laquelle eft fituée LA TOUR DE CORDOUAN. Les anciens s'étoient figuré qu'elle hausfoit ou baiffoit felon la marée.

ANTRUM, ce mot latin fignifie une caverne; & nous nous fervons même de ce mot francifé ANTRE, pour fignifier une grotte, un logement fouterrain. Il y a bien de l'apparence que les premiers hommes fe logerent dans des grottes avant qu'ils euffent inventé les haches & autres inftrumens de fer qui ont facilité la conftruction des charpentes. Ils imiterent enfuite ces grottes naturelles, par des tas de pierres qu'ils affemblerent; & enfin à force de réflexions, & par un effet de l'expérience, ils inventerent la maçonnerie, que l'architecture acheva de perfectionner.

ANTUATES, ancien peuple de la Gaule. Quelquesuns prétendent qu'il faut lire NANTUATES, & des manuscrits favorifent leur opinion. Voyez NANTUATES. ANTUERPIA. Voyez ANVERS.

ANTUNNACUM, ville qu'Antonin met à xvII mille pas de Bingium, felon Ortelius, de Bonne, felon Bertius, & à VII ou Ix de Coblentz. C'eft ANDERNACH.

1. ANUA, Eusebe & S. Jerôme parlent de deux places de ce nom dans la Palestine. L'une étoit dans la Tribu de Zabulon, felon Jofué, c. 19, v. 13. Elle eft nommée NoA dans la Vulgate, & NEAH dans d'autres verfions, comme dans celle de Schimidius dans la verfion Angloife; & Nehah dans la verfion de Pagnin.

donner l'origine à ces villes : cette opinion paroit d'autant plus vraisemblable, que ceux mêmes qui font les Aduatices, fondateurs d'Anvers, placent les Ambivarites dans le petit pays de Ryen, & qu'il eft d'ailleurs notoire que la ville d'Anvers a, de tout tems, été capitale du marquifat de Ryen.

L'érymologie du nom eft à peu près auffi incertaine que l'origine de la ville, & l'on y trouve la fable fubftituée à la vérité. Plufieurs ont prétendu qu'Anvers tiroit fon nom d'une main qui fut jettée dans l'Escaut, que Salvius Brabon avoit coupée au géant Antigone, qui demeuroit fur le bord de cette riviére; Handt, en langue du pays, fignifie main, & Werpen jetter, d'où ils prétendent qu'on a fait Antwerpen. Cette fiction eft appuyée par une dent du poids de feize onces qu'on fait voir, & par les armes de la ville qui font un château avec deux mains.

Les plus judicieux hiftoriens conviennent néantmoins (Itiner. Belgico Gallic. p. 38,) que la vraie étymologie du nom de cette ville vient du Flamand Aenwerp, qui fignifie ajouté, non, comme quelques-uns ont cru, parce qu'autrefois on lui avoit fait trois enceintes différentes, à mefure qu'elle a été accrue jufqu'à la grandeur où nous la voyons, mais parce que l'Escaut n'étant anciennement ni retenu par aucune digue, ni refferré dans un lit prófond, s'étendoit au loin dans la plaine, y portant continuellement un limon étranger, qui a enfin élevé ce lieu de manière qu'on y a bâti une ville à laquelle on a donné un nom tiré de ce limon ramaffé, de forte que d'Aenwerp on a fait Aerwerpen, ce qui a été latinife, Antwerpum, & par la fuite en Antuerpia.

Quoiqu'il en foit, cette ville eft une des plus riches & des plus belles du monde. Elle a la figure d'un arc tendu, dont le bord de la riviére repréfente la corde. Elle eft fituée dans une grande plaine, à la droite de l'Escaut, dans l'endroit où cette riviére fépare le duché de Brabant du comté de Flandres. Elle eft à dix fept ou dix-huit lieues de la mer, entre Bruxelles, Malines, Louvain & Gand; elle a communication avec la premiere de ces villes par le moyen d'un canal qui aboutit à la rivière de Rupel, qui fe jette dans l'Escaut près du village de Villebroeck. Son port est très-beau & trèscommode; les vaiffeaux les plus gros peuvent y remonANUBINGARA. Ptolomée, l. 7, c. 4, nomme ainfi ter, tant la riviére eft large & profonde. Il y a encore deux villes de ce nom. L'une Avoußyapa fur la côte huit canaux principaux par où les vaiffeaux peuvent enoccidentale vers l'endroit où eft Negombo; l'autre Avou-trer dans la ville; le plus confidérable en peut contenir yapa fur la côte occidentale vers l'endroit où eft Trinquilimale, fuppofé que Ceylan foit la Taprobane des

2. ANUA, village de la Palestine fur la route de Naploufe à Jérufalem, à xv milles de la premiere, dans la Tribu d'Ephraim, fur les frontieres de celle de Benjamin.

ANUAT. Voyez BORCEOS.

anciens.

ANUCHTA, ville de la Sufiane, felon Ptolomée,

1. 6, c. 3.

ANVERS, ville des pays-bas dans le duché de Brabant, au 21 dégré so minutes de longitude, & 51, 12, de latitude. Les Flamans la nomment ANTWERPEN, les Allemans ANTORFF; les Espagnols ENVERES, EMBERES & ANVERES, les Italiens ANVERSA. Son nom latin eft Antuerpia & Handoverpia; quelques Allemands l'ont nommée en latin Antorpia, & les auteurs de Chroniques ont écrit Antwerpha & Andoverpum. Ortelius dit que de fon tems on divifoit la ville en trois parties; il nomme Acropolis celle du midi où eft la citadelle; Neapolis celle du nord, parce que c'eft la ville neuve, & Palaopolis celle du milieu, c'eft-à-dire l'ancienne ville. I.es hiftoriens ne s'accordent pas fur l'origine d'Anvers. Plufieurs difent, fur le témoignage de Jules Céfar, de Bello Gallic. Lib. II, que les Aduatices, qui étoient les reftes des Cimbres & des Teutons, battus par Marius, s'établirent fur l'Escaut au milieu des Ambivarites, des Nerviens & des Eburons. Quelques-uns ont voulu qu'Anvers fût cette même ville, où Céfar, de Bello Gallic. Liv. II, dit que les Aduatices retirerent la fleur de leur armée après la défaite des Nerviens les paroles même de Céfar détruifent cette opinion; il ajoute que cette ville étoit fituée fur de hauts rochers, & qu'il n'y avoit qu'un endroit accessible. Il eft certain que cela ne fe peut dire d'Anvers, qui fe trouve au milieu d'une vafte plaine, fans la moindre élévation d'aucun côté. D'autres ont foutenu que les Ambivarites, que Céfar, de Bello Gallic. Liv. IV, place entre la Meufe & l'Escaut, & qui ont habité le pays où font fitués Bois-le-Duc, Breda, Berg-op-Zoom, Ryen, Anvers & Campine, ont pu

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jusqu'à cent. Toutes ces commodités rendoient autrefois cette ville la plus marchande & la plus floriffante des pays-bas. Les vaiffeaux y abordoient en fi grande quantité, qu'ils étoient obligés d'attendre plufieurs femaines leur tour pour arriver au lieu de décharge; mais depuis l'établiffement de la république des provinces-unies, la ville d'Amfterdam a attiré à foi tout fon commerce, en recevant les marchands qui en font fortis pour caufe de Religion. * Délices des pays-bas, tom. 1, p. 166.

L'enceinte de la ville eft de fix mille cent foixante & dix-neuf pas d'Anvers, ou de cinq milles d'Italie, moins trois cens & un pas, & cela fans y comprendre l'enceinte de la citadelle, avec laquelle le circuit pafferoit au-delà de fix milles d'Italie. Le diamétre, à le prendre en fa plus grande longueur, depuis la Slyck-Porte jusqu'à l'entrée du pont de la citadelle, eft de dix-huit cens pas où de neuf mille pieds, & en largeur, depuis la porte de Kypdorp, jusqu'à la tour de la Poiffonniere, de cinq mille cent pieds. Itiner. Belgico-Gall. p. 41.

*

La citadelle eft forte, fa figure eft un pentagone régulier, avec cinq baftions terraffés & contreminés. Elle commande au pays & à la ville, parce qu'elle eft fur une petite éminence. On y compte plus de quinze puits; les remparts font bordés de même que la place d'armes de quantité de beaux arbres. Il y a un arcenal & des magafins de vivres d'une grandeur & d'une propreté furprenantes. Les cafernes y font aufli commodes que celles des plus grandes villes, & l'on peut y loger fans peine jusqu'à trois mille foldats, & même beaucoup audelà dans un cas de néceffité. L'églife n'eft pas grande, mais elle est belle & bâtie avec art. Au milieu de la citadelle eft une grande place d'armes fur laquelle on pourroit ranger en bataille une armée raifonnablement grande. Le duc d'Albe s'étoit fait ériger en 1571 une ftatue dans une place. Le canon qu'il avoit pris à la ba

taille

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taille de Jemeningen en Frife avoit fervi à la faire. Il étoit repréfenté au naturel, debout, la tête nuë, armé de toutes pièces, tenant un bâton de commandement. Sous fes pieds étoient diverfes figures que chacun interprétoit fuivant les dispofitions où il fe trouvoit à l'égard de ce duc. Les rebelles briferent cette ftatue & détruifirent une partie de la citadelle, qu'on regardoit alors comme une des meilleures forterelles de l'Europe.

Les murs d'Anvers font revêtus partout des pierre de taille, & fortifiés de huit gros baftions. Ce fut Marie, reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, qui fit élever ces murs, que l'on a regardés comme la terreur des ennemis & la fûreté des habitans. Les portes y font ornées d'un ordre dorique, & bâties d'une fi belle pierre, que l'on ne peut dire qui l'emporte de la force ou de Tornement. Il y en a treize; favoir, cinq qui donnent fur la campagne, & huit qui conduifent à la riviere. Celles-ci font accompagnées de beaux & larges quais, fur lesquels on décharge les marchandifes que les vaiffeaux apportent. Les foffés font pleins d'eau, très profonds, & larges de cent cinquante pieds. Mais fi la folidité, la force & l'ornement fe trouvent dans l'extérieur de la ville, la magnificence & la richeffe regnent dans l'intérieur. On voit l'une & l'autre dans les places & dans plus de deux cens édifices publics. Dans ce nombre font compris les marchés, où l'on trouve en abondance les marchandifes les plus riches que l'on puiffe imaginer, avec toutes celles que l'on peut fouhaiter pour les différens befoins de la vie. Les rues font larges, & les maifons des particuliers font bâties avec tant de propreté, d'ornemens, de magnificence & de régularité, & meublées fi fomptueufement, qu'on les prendroit plutôt pour des palais de princes que pour des maifons de bourgeois. Itiner. Belgico-gallic. p. 48.

L'églife de Notre-Dame, qui eft la cathédrale, eft un ouvrage des plus beaux. Sa longueur eft de plus de cinq cens pieds, fa largeur d'environ deux cens quarante, & fa hauteur de trois cens foixante : elle contient foixantefix chapelles ou autels enrichis pour la plupart de colonnes de marbre, & ornés de belles peintures. Philip pes II, roi d'Espagne, y tint, le 21 janvier 1556, le chapitre de l'ordre de la Toifon d'or, où il créa dix-neuf nouveaux chevaliers, pour en remplacer un pareil nombre de morts. Je rapporterai, à la gloire de cet ordre, le nom des rois qu'il pouvoit compter au nombre de fes chevaliers cette même année : outre l'empereur & Philippes II, il y avoit François I, roi de France; Henri VIII, roi d'Angleterre; Ferdinand, roi des Romains, Christian, roi de Dannemarck; Maximilien, roi de Bohême; Sigismond, roi de Pologne, & Jean, roi de Portugal, fans y comprendre un nombre d'autres princes & grands feigneurs, dont les armoiries fe voient dans le chœur de cette églife.

Les trois principales portes font de marbre & dorées; mais la premiere où eft la façade de l'églife eft ornée dé deux tours, dont une, qui eft demeurée imparfaite, ne s'éleve guères au-deffus du faîte de l'églife; mais l'autre fut achevée en 1517. Elle peut être regardée comme une des plus belles & des plus hautes de l'Europe: elle eft conftruite de pierres de taille, toute percée à jour, & a quatre cens foixante-deux pieds, y compris la croix qui en a quinze : cette tour contient foixante-huit cloches, dont quelques-unes font d'une groffeur étonnante, & le carillon furprend par fa beauté & fes accords les étrangers qui l'entendent. L'églife fut confacrée en 1124 par Burchard, évêque de Cambray: ce fut auffi cette même année que les chanoines, alors au nombre de douze, s'y établirent. Ils avoient été fondés auparavant dans l'églife collégiale de faint Michel par Godefroy de Bouillon, dans le tems qu'il fe preparoit pour l'expédition de la Terre-Sainte. Ils la céderent enfuite à S. Norbert, fondateur des chanoines réguliers de Prémontré, qu'ils avoient fait venir de France pour combattre les héréfies de Tanchelin. * Dél. des Pays-Bas, t. I, p. 168. Cette églife fut presque toute brûlée en 15,3. Elle a été depuis pillée pendant les guerres pour la religion; elle n'étoit que collégiale dépendante du diocèfe de Cambray : mais en 1559 Paul IV, à l'inftance de Philip pes II, l'érigea en cathédrale. Le chapitre eft maintenant compofé de vingt-quatre chanoines & d'un doyen.

On a demembré pour cette érection une partie de l'evêché de Cambray, & une partie de celui de Liége. Ce diocèfe comprend préfentement fept villes; favoir, Ans vers, Liére, Breda, Berg-op-Zoom, Turnhout, Herentals & Flooghftraten, avec cent vingt villages, six collèges de chanoines & quatre abbayes.

Cutre la cathédrale, il y a quatre paroiffes dans Anvers : S. Grégoire, S. Jacques, où il y a un chapitre de chanoines depuis 1656; S. André & Ste Walburge, dite le Bourg, & la plus ancienne de la ville. On prétend même qu'elle a été bâtie du tems des Gentils, & dédiée à l'idole Woden, dieu de la guerre, autrefois fort honoré par les habitans du pays: quelques marques gravées en pierre fur la porte du château donnent lieu de le penfer. D'autres veulent que ce temple ait été dédié à Priape, dont on voit encore une petite image de la hauteur d'un pied, fur la porte qui eft auprès de la prifon, dans la poiffonnerie: les femmes du menu peuple avoient coutume de l'orner de fleurs. * Itiner. Belgico gallic. p. 52.

On avoit admis en 1562 deux PP. jéfuites à Anvers, qui s'en retirerent pendant les guerres civiles ; voyant les troubles pacifiés en 1585, ils y rentrerent en plus grand nombre. Les magiftrats leur donnerent pour demeure & pour college le magnifique palais de Liere, que le fameux Artus de Liere avoit fair bâtir des deniers publics, dans le deffein d'en faire le palais de l'empereur Charles V. Leur nombre eft tellement augmenté qu'ils y font préfentement plus de cent : leur église étoit encore en 1718 une des plus belles de l'Europe : tout l'intérieur étoit de marbre d'Afie: depuis le pavé jusqu'à la voute s'élevoient trente-fix colonnes de même, & l'on voyoit de tous côtés des peintures de Brugeli & de Rubens: la grande voute étoit d'une sculpture délicate, l'on n'avoit employé pour le maître-autel que le marbre le plus fin, le jaspe, le porphyre & l'or. La chapelle de Notre-Dame n'étoit pas moins riche; le pavé, les côtés & la voute étoient aufli de marbre, avec fix ftatues d'albâtre, qui repréfentoient les fix fondatrices de cette chapelle. On y admiroit principalement le tableau de l'affomption de la fainte Vierge, que Rubens nommoit fa piéce favorite. Mais le 18 de juillet 1718, fur le midi, cette magnifique églife fut réduite en cendres depuis le comble jusqu'aux fondemens par le tonnerre; & quelque diligence qu'on y apportât, on ne pût fauver aucun des tableaux, ni des riches ornemens qui y étoient en grand nombre. On l'a rebâtie depuis, & c'est encore aujourd'hui un morceau d'architecture très-curieux. On eut beaucoup de peine à conferver la précieuse bibliotèque de manuscrits & de mémoires fur lesquels on travaille depuis un fiécle aux acla fanctorum. C'est leur maifon profeffe: ils y en ont encore deux. Une, où ils enfeignent les humanités, la philofophie & la théologie; l'autre eft le Convict, où ils ont des penfionnaires. *Itiner. Belgico-Gallic. p. 53. Mém. du tems.

Il y a dans cette ville une fameufe abbaye de l'ordre de Prémontré, dont l'église est dédiée à S. Michel, les princes fouverains & les gouverneurs du pays y prennent ordinairement leur logement quand ils vont à Anvers. Elle doit fes commencemens à S. Norbert, fondateur de l'ordre de prémontré, archevêque de Magdebourg en Allemagne. Ce prélat ayant été appellé à Anvers vers l'an 1124, pour y combattre les erreurs de Tanchelin, fameux héréfiarque, reçut de grands biens des chanoines féculiers qui étoient alors dans l'églife de S. Michel, qu'ils laifferent aux compagnons de S. Norbert, & fe retirerent à celle de Nôtre-Dame. * Délices des Pays-Bas, t. 1, p. 183.

On voit encore en cette ville l'abbaye de S. Sauveur de l'ordre de Cîteaux, fondée l'an 1444 par Pierre Portz; avant l'an 1654 elle n'étoit qu'un prieuré.

La plupart des ordres religieux y ont des couvens ou monafteres.

Il y a en outre diverfes maifons les pour pauvres, comme l'hôpital des enfans trouvés, où l'on en voit communément jusqu'à deux cens; il fut fondé en 1532. L'hôpital général où l'on occupe les enfans des deux fexes à différens ouvrages; on y renferme aufli les mendians, & on les y oblige de travailler. La maifon des orphelines, fondée en 1552 par Jean van der Meeren. La

Tome I. Rr

maifon des filles repenties ou refuge, & l'hôpital des fous, fitué dans la place de S. Roch.

La maifon-de-ville eft regardée comme la plus belle de l'Univers. On y voit regner quatre ordres d'architecture parfaitement exécutés, le toscan, le dorique, l'ionien & le corinthien. Tout cet édifice eft de marbre, & orné de plufieurs ftatues. On commença à y travailler en 1560; mais à peine étoit-elle achevée en 1576, qu'elle fut entierement confumée par le feu. En 1651 on la rebâtit telle qu'on la voit à préfent, & en 1713 le magistrat fit abattre vingt-neuf maifons qui étoient fur la grande place qui eft devant, pour la rendre plus belle & plus spacieufe.

Il y a auffi une place carrée qu'on appelle la Bourfe, où les marchands, tant de la ville que les étrangers, s'affemblent journellement en foule. Elle peut aller de pair avec les bourfes de Londres & d'Amfterdam. Le magiftrat la fit bâtir en 1531 pour favorifer le commerce; elle eft foutenue de quarante-trois piliers d'un marbre bleu, qui forment une galerie tout autour de la place; fa longueur eft de 180 pieds, & fa largeur de 140. On dit que ce bâtiment a coûté trois cens mille écus. On y a ménagé plufieurs endroits fouterreins & voutés, qui fervent de magafins pour les marchandifes: il y a aufli par-deffus une grande fale qu'on appelle l'académie, où l'on enfeigne les principes de peinture, de sculpture, d'architecture, des mathématiques, &c.

La maifon des Oofterlingues fut bâtie en 1568. Elle étoit destinée aux marchands étrangers; mais depuis que le commerce d'Anvers eft tombé, une bonne partie de cet édifice fert à loger les foldats.

L'hôtel de la monnoie, le château des eaux, les différens marchés, les foixante-quatorze ponts, la balance ou poids de la ville, font des édifices dont la folidité, la propreté, le nombre & la magnificence mériteroient des descriptions particulieres. C'eft à Anvers qu'étoit la fameufe imprimerie royale de Chriftophe Plantin, dont la beauté des caractères fait fi fort estimer les livres qui

en font fortis.

Il y a dans Anvers fept familles patriciennes, qui font les Ólins, Hoboken, Bode, Volcker, Impegem, Pape & Wilmar. C'eft de ces familles qu'on prend les deux bourgmeftres, & les échevins au nombre de dix-huit, outre deux tréforiers, un receveur, deux penfionnaires, quatre greffiers, quatre fecrétaires, & douze confeillers qui compofent le magiftrat inférieur.

La ville eft divifée en treize quartiers, qui ont tous leurs chefs ou capitaines. En outre il y a fix compagnies fermentées, deux de l'arbalête, deux de l'arc, une de l'arquebuze & une de l'épée. La principale eft celle de l'ancienne arbalète, comme ayant été de tout tems la garde du corps du prince, quand il alloit en campagne. Cette ville a beaucoup fouffert en plufieurs occafions, felon Gramaye, descript. Antuerp. cap. 13, p. 11, & il femble que les quatre élémens ayent concouru à l'affliger. I. Il y a eu des inondations fi grandes en 1288, 1300, 1320, 1340, 1446, 1462, 1468, 1477 & 1532, que les digues ont été crevées, le pays inondé, & des centaines de villages renverfés. II. En 1382 & 1395, on y a reffenti des tremblemens de terre violens. III. On y a effuyé en 1380, 1439, 1479, 1513, 1516, 1606, des tempêtes-violentes, dans lesquelles le vent, le tonnerre & les éclairs firent de fi grands défordres que des églifes en furent renversées, & des villages entierement réduits en cendres. En 1315, il y eut une fi affreufe difette de vivres que la mefure de bled fe vendoit douze florins: en 1363, elle fut vendue 9 florins : en 1433, elle valoit 23 ducats. Elle fut encore en 1477, 1552 & 1557 d'une cherté exceffive. Une maladie contagieufe, qui arriva en 1678, dépeupla la ville, de maniere que l'on y trouva en même tems douze cens maisons vuides. IV. En 1263, le feu confuma toutes les maisons du quartier des orfévres, de celui des cardeurs en 1326, & de la porte de Kipdord en 1397. Il y a eu encore d'autres incendies confidérables en 1456, 1499, 1541 & 1546.

Les guerres civiles & de religion ont auffi extrêmement affligé cette ville. En 1566, les proteftans pillerent les églifes. Les maux qu'elle fouffrit en 1576 furpaffent tout ce qu'on peut imaginet. Les foldats espagnols s'étant mutinés faute de payement, fe rangerent du côté

des mécontens, furprirent la ville, & firent un horrible carnage des habitans. Cinq ou fix mille espagnols, qui étoient dans la citadelle, forcerent le retranchement des bourgeois, & firent la même chofe que les autres, & tuerent où noyerent plus de dix mille habitans. La maifon de ville, plufieurs autres magnifiques bâtimens, & plus de 600 maifons furent réduites en cendres. Le prince de Parme, l'un des plus grands capitaines de fon tems, reprit la ville le 17 août 1585. Le fiége dura près d'un an; c'eft un des plus fameux dont nous parle l'hiftoire. Philippes de Marnix, baron de S. Aldegonde, y commandoit comme bourgmestre : il avoit été dans la confidence du prince d'Orange, & depuis fa mort les confédérés avoient grande confiance en lui. Jamais place ne fut mieux attaquée, ni mieux défendue. Le pont que le prince de Parme fit jetter fur l'Escaut, cette digue fameufe, ces grandes machines dont il fe fervit, font comme autant de prodiges. Ce pont que Georges Rinaldi, architecte du prince de Parme, avoit inventé & dreffé, fut emporté le s juin par le moyen de quelques bateaux chargés de feux d'artifice que les asfiégés firent descendre l'Escaut; quelques-uns creverent devant le port, & en emporterent une bonne partie; huit cens hommes y furent tués, & un plus grand nombre bleffés; le prince de Parme même y courut risque de la vie. Ce fameux pont, qu'on a furnommé depuis le pont Farnefe, fut bientôt rétabli par les foins de ce grand capitaine, qui avoit ofé attaquer Anvers avec une armée de douze mille hommes contre le fentiment de tous les chefs de fes troupes : & à la vue des fortes garnifons de Bruxelles & de Malines, qui affiégeoient pour ainfi dire fon camp dans le tems qu'il affiégeoit la ville. * Délices des Pays-Bas, tom. I, p. 177.

Par le traité de paix conclu à Munfter en 1648, entre le roi d'Espagne Philippe IV & les états généraux, il fut arrêté que nul gros vaiffeau ne pourroit plus remonter à Anvers fans décharger premierement fes marchandifes en Hollande, d'où elles viennent dans le pays fur des bateaux de transport. Cet article a fort contribué à la décadence du commerce de cette ville.

En 1706, après la bataille de Ramillies, cette ville fe déclara pour le roi des Romains, qui fe portoit alors pour roi d'Espagne fous le nom de Charles III. Elle lui a été confervée par le traité d'Anvers du 15 Novembre 1715, & doit être une des villes qui fervent de barriere entre la France & les Provinces-Unies.

En 1746 les François prirent Anvers, mais ils l'ont rendue deux ans après à la maifon d'Autriche à qui elle appartient.

Anvers eft la patrie de plufieurs hommes illuftres; entre lesquels je dois diftinguer deux écrivains qui, par d'immenfes travaux, ont enrichi la géographie."

Abraham Ortelius nâquit au mois d'avril 1527, d'une famille originaire d'Ausbourg. Corneille, au mot ANVERS, VERS, dit qu'il fut élevé dans l'étude des belles-lettres. De Thou dit beaucoup mieux, qu'il s'attacha dès fon enfance à l'étude de la géographie. Aubert le Mire dit pourtant dans l'éloge de ce grand homme, qu'il commença fes études à l'âge de trente ans, & que fans le fecours d'aucun maître il fit des progrès très-considérables dans les lettres, & fur-tout dans la géographie, ce qui porta Philippes II à l'honorer du titre de fon géographe. Je renvoie ceux qui veulent connoître fes ouvrages, au livre des réflexions fur les ouvrages des géographes anciens & modernes. Ortelius mourut le 26 juin 1598, âgé de 71 ans, 2 mois, 18 jours.

Jean-Baptifte Gramaye, protonotaire apoftolique, & prévôt d'Arnheim, a beaucoup éclairci la topographie, & les antiquités des Pays-Bas; en divers traités qui ont été recueillis en un vol. in-fol. l'an 1708. Son journal d'Alger, & fon Afrique illuftrée, fon Afie avec l'hiftoire de 42 nations afiatiques, font des fruits de la paffion qu'il avoit de voyager. Il mourut à Lubec l'an 1635. Il avoit été pris esclave, & mené en Barbaric. Son ftile eft d'une affectation bifarre, mais il dédommage par l'utilité de fes recherches.

Dans l'ancien partage le marquifat d'Anvers & la feigneurie de Malines faifoient deux provinces féparées: mais elles font aujourd'hui comprifes fous le duché de Brabant, dont elles forment enfemble le troifiéme

quartier, qui eft nommé le quartier d'Anvers. Les comtes de Louvain, ou ducs de Brabant, poffédoient dès l'onziéme fiécle le marquifat d'Anvers, fous le nom de marquifat du S. Empire. La feigneurie de Malines ne vint qu'en 1462 à la maifon de Bourgogne. Le quartier d'Anvers étoit autrefois très-étendu vers le nord; mais les Hollandois ayant enlevé aux Espagnols Berg-opZoom, Breda & Bofleduc, on leur abandonna entierement ces territoires en 1648, & c'est ce qu'on appelle le Brabant Hollandois. Saint Ouen, dans la vie de faint Eloy, dit que ce faint, qui vivoit dans le vir fiécle, prêcha l'évangile aux ANDOVERPES, ancien nom des habitans du quartier d'Anvers, qui avoient jusqu'alors perfévéré dans le paganisme.

ANVERSA, bourg d'Italie au royaume de Naples, dans l'Abruzze citérieure, au couchant de Sulmona. Magin, carte de l'Abruzze.

ANUMETA, contrée d'Afrique fur le Nil, fi nous en croyons Céfaire, frere de faint Gregoire de Nazianze, in dialog.

le château de Triéfels à l'électeur Palatin; qu'elle avoit alors de grands priviléges, & bien des franchifes. Auprès de cette ville eft le monaftere d'EUSSERSTHAL OU USERTHAL, en latin Uterina vallis, ordre de câteaux dans l'évêché de Spire. Il a été comblé des bienfaits des papes, & des empereurs qui en ont confirmé les priviléges & les libertés. La ville d'Anweiler, que les comtes palatins du Rhein poffédoient à titre d'engagiftes, & non parce qu'elle étoit une partie du Paiatinat, a été cédée à la France par le traité de Weftphalie.

ANXA, ancienne ville de la grande Gréce fur le golfe de Tarente, à LXXV mille pas de cette ville, felon Pline, 43, c. 11, qui dit que fon ancien nom étoit CALLIPOLIS. Les Grecs l'avoient ainfi nommée, & ce nom fignifie belle ville en leur langue. Les Romains l'appellerent ANXA, comme je viens de dire; cependant Pomponius Mela, 7. 2, c. 4, ne l'appelle que CALLIPOLIS, & encore aujourd'hui on l'appelle GALLIPOLI.

ANXANI, ancien peuple d'Italie. On les furnommoit Frentani pour les diftinguer des habitans d'Anxa, nomANURODGBURRO, felon Knox, relat. de Ceylan, mée aufi Callipolis, qui étoient dans le territoire des P. 15, ville d'Afie au royaume de Ceylan, dans les par- Salentins; au lieu que les Anxani de Pline, l. 3, c. 12, ties feptentrionales du royaume de Candi. Le pays en étoient dans le territoire des Frentani, qui occupoient eft tout défert. Il n'y a point de montagnes, on n'y trouve ce que nous appellons l'Abruzze citérieure. Ptolomée que deux ou trois fources d'eau; de forte que les grains 3, c. 1, fait mention de la ville des Anxani, & l'apl. n'y peuvent mûrir que par l'aide de la pluye. La ville pelle Ayžarov, que fes interprétes rendent par Anxanum d'Anurodgburro eft à plus de trente lieues de celle de oppidum. Le nom moderne de cette ville eft LANCIANA; Conde, du côté du nord. On y fait garde à caufe que nom formé de l'ancien, avec l'article ', qui s'y est inc'est une place frontiere. On affure que quatre-vingt-dix corporé. rois y ont regné, & le peuple croit que les esprits de ces rois font autant de faints élevés en gloire, à caufe qu'ils ont érigé plufieurs pagodes, & qu'ils ont tous fait dreffer des monumens & des images à leurs dieux. On trouve encore aujourd'hui quelques-unes de ces idoles, ausquelles le peuple rend un culte fuperftitieux, dans la penfée que c'eft le plus court chemin pour aller au ciel. Près de cette ville eft une riviere fur les bords de laquelle on voit grand nombre de pierres toutes taillées, dont les unes font longues, & propres à en faire des colonnes,& les autres carrées. Ces dernieres font destinées pour paver. Il y a eu trois ponts de pierre appuyés au lieu de pilotis fur des pilliers de pierres. Ces ponts font préfentement tombés. De l'Ifle écrit dans fa carte ANARODGBURRO, & danne WAUG comme un autre nom de cette même ville. Voyez le §. fuivant & Amarajapur.

ANUROGRAMMI, ancien peuple de l'ifle Taprobane, felon Prolomée, l. 7, c. 4.

AŃUROGRAMMUM, ancienne ville de l'ifle Taprobane, felon le même. Il lui donne le furnom de Royale

Βασίλειον.

ANXANTINI, ancien peuple d'entre les Marfes en Italie, felon Pline, 7. 3, c. 12. Quelques exemplaires portent ANXATINI. Ce lieu eft préfentement CIVITA D'ANTIA, entre le lac de Celano appellé Fucinus Lacus par les Romains, & le Gariglan qu'ils nommoient Luis. Magin écrit ce nom modeme Ĉivittà d'Antina, dans l'Abruzze ultérieure.

ANXANUM. Voyez ANXANI.

que

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ANXUR, nom felon Plin. l. 3, c. 5, que les Volsques avoient donné en leur langue à la ville les Grecs & les Latins nommerent TARRACINA dans la leur. Strabon écrit Tappanion, Etienne le géographe Tappannya, Cicéron Attic. 1.7, Epift. 5. Pomponius Mela, l. 2, c. 4, & Tite-Live, . 36, c. 3, écrivent TARRACI NA. Ce dernier n'a pas laiffé de fe fervir du nom Volsque (Anxur, l. 7, c. 39.) en parlant des anciens tems où le nouveau nom n'avoit pas encore prévalu. Les poë tes ont préféré Anxur dans les vers. Horace, Satyr. 53 l. 1, v. 25, dit :

Atque fubimus
Impofitum faxis latè candentibus Anxur.
Martial, l. 5, Epig. 1, dit :

Robert Knox & de l'Ifle, dans leurs cartes de Ceylan,
donnent à Anurodgburro la même pofition par rapport
à tout le reste de l'ifle que Ptolomée donne à l'Anuro-
grammum de Taprobane. Cette convenance va plus loin.
La qualité de royale s'accorde avec la tradition, felon
laquelle, au rapport de Knox, xc rois y ont regné; il
feroit aifé d'en conclure 1. que l'ifle de Taprobane eft la
même que Ceylan, & 2. que les anciens noms s'y font
confervés. J'en rapporterai un plus grand nombre & Silius, l. 8, v. 391,
d'exemples au mot TAPROBANE.

Sive falutiferis candidus Anxur aquis.
Il dit encore, 10, Ep. 51.

ANWEILER, ville de France, dans la baffe Alface, & non pas dans le Palatinat du Rhin, comme le dit Corneille après Maty qu'il cite. Il écrit ANWEIL OU ANVELLER. Piganiol de la Force, Description de la France, tom. 6, p. 340, qui écrit aufli ANWEIL, dit que c'eft une petite ville fituée fur la riviere de Queich, au-deffus de Landau. Elle n'eft pas, dit-il, confidérable par elle-même, mais le paffage des montagnes la rend de quelque importance. Elle n'eft entourée que d'une fimple muraille, & on n'y compte que cent cinquante maisons, deux cens cinquante familles, & environ onze cens habitans. Le principal commerce confifte dans la quantité de tanneries qui y font établies. Il y a auffi une petite manufacture de draps. Je remarquerai pourtant ici que Mary & Corneille ne font pas les feuls qui donnent Anweiler au Palatinat du Rhein; Zeiler, relat. topogr. p. eft dans le même cas. Il nous apprend que l'empereur Fréderic Barberouffe bâtit près delà le château de TRIEFELS; que l'impératrice fa femme entoura Anweiler de murailles, & fonda la paroiffe; que cette ville avoit été ville impériale avant qu'elle fut engagée avec

II,

Superbus Anxur.

dit:

Scopulofi verticis Anxur.

Ces vers marquent affez jufte la fituation d'Anxur qui étoit élevé, ce que fignifie le fuperbe de Martial; il étoit fur des roches blanches, & on le voyoit de loin à cause de fon élévation, & de la couleur éclatante de ces roches. Le nom de Tarracine, que lui donnerent les Romains, s'eft confervé jusqu'à préfent dans celui de TERRACINE, & eft dérivé du grec Tpazivn, qui marque un terrein montueux & inégal. L'ancien nom ANXUR ou AxUR étoit, fi nous en croyons Servius, le furnom de Jupiter, qu'on y adoroit fous la figure d'un jeune homme fans barbe. Les anciens, dit-il, appellerent ce lieu Axur à caufe de Jupiter fans barbe, Aupov, que honoroit. C'eft en expliquant le vers où Virgile, 1.7, v. 799, donne le furnom d'Anxurus à Jupiter. Voy. TERRACINE. J'ai parlé au mot FERONIA du temple, du lac & du bois que cette déeffe avoit auprès d'Anxur.

l'on y

ANYDROS, isle voisine de l'Ionie, selon Pline, 7. 9, c. 31. Le P. Hardouin écrit ANHYDROS, & remarque que ce nom, en grec Avudpos, fignifie fans eau, & défigne le défaut de cette ifle.

Tome I. Rrij

ANYM OU ANIM, ville de la Palestine, dans la Tribu de Juda, felon Jofué, c. 15, v. 50. Dom Calmet foupçonne que c'eft le bourg d'ANAM ou d'ANEM, ou ANCEM, dont parlent Eufebe & S. Jerôme, Onomaft. ad vocem ANEA, ANEM & AUSEM, & qui étoit à l'orient d'Hébron, à huit ou dix milles de cette ville. ANYSIS, ville de l'Egypte. Hérodote, l. 2, c. 137, & Etienne le géographe en font mention. ANYTHINES, riviere qui tombe dans la Mer de l'Inde, felon Laconique, cité par Ortelius, Thefaur. ANYTI MONUMENTUM, ou le monument d'Anytus. Il étoit dans le fauxbourg d'Héraclée, ville du Pont, au rapport d'Euphrada, en fa II oraifon, citée par Ortelius.

de Nobunanga, & qui n'a fubfifté que jusqu'à la mort de ce prince fon fondateur. Elle étoit fituée au pied d'une montagne à trois têtes, dont celle du milieu étoit la plus haute. Nobunanga en avoit applani le fommet en terraffe, & y avoit bâti un fuperbe château. Les feigneurs de fa cour avoient leurs palais fur les deux autres têtes de la montagne, & le long du coteau jusqu'à la ville qui étoit tirée au cordeau. Ce beau lieu étoit presque environné d'un lac de vingt-quatre lieues de long & de fix de large, d'où forteat quantité de ruiffeaux dont les uns fe perdent dans d'agréables prairies, & les autres formoient dans la ville plufieurs canaux qui la rendoient affez semblable à Venife.

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Nobunanga favorifoit la religion chrétienne, & com

ANYTIOS NOMOS, c'est-à-dire le nôme ou quar-me il n'épargnoit rien pour rendre fa nouvelle ville tier d'Anitos, ou peut-être d'Anyfis. Ces lieux font du nombre de ceux dont on ignore la jufte pofition, parce que les anciens n'en fourniffent que le nom tout nud. Hérodote, I. 2, c. 166.

ANZABAS, riviere aux environs du Tigre, felon Ammien Marcellin, 4. 18. C'est la même que l'ADIABA, qui donnoit fon nom à l'ADIABENE. Voyez ADIABA. ANZATE, royaume d'Afrique, dans la Cafrerie: il s'étend le long de la riviere du même nom (d'Anzate) qui fe rend dans l'Océan, dans le golfe de Laurent Ma

quez.

C'est ainsi que s'exprime Corneille fans citer aucun garant. Ce golfe n'eft point marqué fur les cartes que j'ai confultées, mais on y trouve au midi du Tropique du Capricorne la riviere du S. Esprit, autrement la riviere de Laurent Marquez. Les meilleures cartes mettent dans un même golfe l'embouchure de cette riviere & de celle d'Aroé plus au nord; celles de la riviere de Maunbé & de la riviere de Tenbé ou du lac plus au midi; mais pas une ne parle d'Anzate, qui peut être différente de celles-là.

1. ANZERMA, province de l'Amérique méridionale, dans le royaume du Popayan, avec une ville de ce même nom. Au fortir de la province de Caramanta, dit de Laet, Descr. des Ind. Occid. l. 9, c. 12, on rencontre de hautes montagnes, appellées Cima, couvertes de toutes parts de bois fort épais: elles ont presque fept lieues de largeur, & le chemin y eft extrêmement difficile. Après qu'on les a paffées, on descend dans une petite vallée, où il y a peu d'habitans; & un peu au-delà on entre dans une plus grande, autrefois fort peuplée, & préfentement presque déferte, les Espagnols ayant détruit la plupart des naturels habitans, & contraint le refte d'abandonner leurs maifons, pour fe retirer dans les bois des environs. A deux lieues delà eft une vallée plus petite, qui s'étend jusqu'aux montagnes où eft la ville..

2. ÂNZERMA, ville de l'Amérique méridionale, au Popayan, & dans la province d'Anzerma : elle eft fituée entre deux rivieres, fur un tertre élevé, ceint d'un bois fort beau, & planté de toutes fortes d'arbres fruitiers, étrangers & domeftiques. Sa fituation eft avantageufe, en ce qu'on peut découvrir de loin dans de fort larges campagnes. Les Espagnols nommerent d'abord cette ville SANTA ANNA DE LOS CAVALLEROS, & la contrée où elle eft bâtie étoit appellée UMBRA par les Indiens; mais Sébastien de Belalcazar, d'abord qu'il y fut entré, entendant nommer le fel Anzer par les naturels du pays, appella cette province ANZERMA, ce qui fait qu'on nomme aujourd'hui la ville SAINTE ANNE DE ANZERMA. Elle eft fous le parlement du nouveau royaume de Grenade, mais fujette à l'évêché & au gouvernement de Popayan. L'air y eft fort chaud, & le terroir ne porte pas bien le froment, mais il eft abondant en mines d'or. Tout l'efpace qui eft entre cette ville & la Mer du Sud, eft fort rempli de bourgades & de villages d'Indiens. C'eft où la riviere de Darien prend fa fource. Latit. 4. ANZETA, ville de la grande Arménie, felon Ptolomée, l. 5, c. 7. Voyez AZETENE.

ANZITENE, contrée de la grande Arménie. Voyez AZETENE.

ANZO ou ANZIO : c'est ainsi que l'on appelle en Italie les ruines de la ville d'ANTIUM. Voyez ce mot. Elle a été épiscopale, & fut ruinée par les Sarrafins. Il n'y refte plus qu'un vieux château proche du cap d'Anzio. AŃZUQUIAMA, ville du Japon dans l'ifle de Niphon, au royaume de Mino, qu'on appelloit le Paradis

floriffante, il en avoit accordé aux jéfuites le plus bel emplacement pour y bâtir un féminaire, où les enfans de la haute nobleile de l'empire fuffent inftruits dans les belles lettres. Il fournit même aux frais de l'édifice qui étoit fuperbe. Dans la fuite, s'étant oublié comme Nabuchodonofor jusqu'à vouloir qu'on n'adorât point d'autre divinité que lui au Japon, il fit bâtir à Anzuquiama un temple fuperbe. Les Chrétiens n'obéirent point, & il ne parut point leur en favoir mauvais gré. Peu de temps après il fut tué par un de fes favoris: Anzuquiama fut pillé par l'affaflin, puis brûlé par le fecond fils de l'empereur qui étoit tombé en démence, & tout jusqu'au palais impérial fut réduit en cendres. AOA. Voyez CILICIE.

AOAXE: c'eft ainfi que quelques-uns écrivent le nom d'une riviére d'Ethiopie, que Ludolfe nomme HAWASH, & de l'Ifle HAOUACHE, ce qui eft la même chofe pour la prononciation. Elle ne va point jusqu'à la mer, comme le difent les Jéfuites Portugais, mais elle fe perd dans les fables du royaume d'Adel. * Baudrand, Corneille, &c.

AOBRIGENSES, peuple ancien de l'Espagne, duquel il eft fait mention dans une inscription des Romains. Cellarius, Geogr. ant. l. 2, c. 1, juge, avec bien de la vraisemblance, que ce font les habitans d'ABOBRIGA, qui eft aujourd'hui BAIONA.

AOCHARA, bourg d'Afrique, dans le royaume d'Alger, entre Tenez & SERCELLES. Corneille dit Serfelly.

AONIE. Ce nom, qui eft propre à un canton de montagnes, dans la Béotie, fe donne quelquefois à tout le pays. Paufanias, Etienne le Géographe, Euftathe, Aulugelle & Claudien en font mention. Strabon, l. 9, p. 401, nomme les AONES ou AONIENS entre les peuples qui fe répandirent dans la Béotie, occupée en premier lieu par les barbares; mais il ne nomme Aonie aucun lieu particulier. Paufanias, . 9, c. 5, dit qu'une pefte ayant dépeuplé le territoire de Thebes, les Hiantes, & les Aones s'y établirent: il croit que ce n'étoient pas des peuples étrangers, mais qu'ils étoient de la Béotie même. Il ajoute que Cadmus y étant venu avec des troupes Phéniciennes, les Hiantes, après avoir perdu une bataille contre lui, fe fauverent pendant la nuit fuivante, & que touché des priéres que les Aones lui firent, il leur accorda la permillion de demeurer pêle mêle avec les Pheniciens, & ils formerent plufieurs villages. Cet auteur ne dit point en quel canton, finon dans le territoire de Thebes, exprimé plus haut. Etienne dit que les Aones étoient un peuple de Béotie, d'où eft venu le nom d'Aonie; il dit, in voce Boralia, que du nom de ce peuple toute la Béotie a été nommée Aonie. Euftathe expliquant le 476 vers de Denis le Periégete, dit que les Aones étoient un peuple barbare qui s'établit dans la Béotie. Aulugelle, 7. 14, c. 6, parlant des pays dont les noms avoient été changés, dit qu'Aonie étoit l'ancien nom de la Béotie. Les Poëtes, & fur tout Ovide, Faft. l. 1, v. 490, parlent en ce fens :

Cadmus in Aonia conftitit exul humo.

On trouve en plufieurs vers de ce Poëte Aonia forores, Aonides, pour fignifier les Mufes, Aoniam Lyram, pour une Lyre d'Apollon, &c. Ce nom a été employé par les Poëtes à caufe de la mefure qui leur étoit très-favorable, mais on ne voit pas que les Hiftoriens l'ayent emplové.

AORNIS, terre voifine du mont Emode, en Asie, vers le Gange, felon Denis le Periégete, v. 1151.

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