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» d'Arkel, & fut bâti l'an 1000 par le feigneur Coppo
" d'Arkel, & depuis démoli par Jean d'Arkel II du nom,
» vers l'an 1212. Ce feigneur en fit bâtir un autre tout
» joignant la ville de Gorkum, & ce nouveau château
» fut encore plus fuperbe que le premier ». L'auteur du
mémoire cite Abraham Kemt, dans fon livre, qui a pour
titre : Vie des féréniffimes feigneurs d'Arkel. Il ajoute
» En 1461, Charles le Hardi, comte de Charollois, en-
» fuite duc de Bourgogne & feigneur apanagifte d'Arkel,
» fit rebâtir le château de ce nom de nouveau, & il n'y
» en avoit point de pareil en France ni en Allemagne.
» Les murailles des tours avoient 36 pieds d'épaiffeur, &
» au plus haut étage elles étoient encore de 29 pieds ».
ARKI, petite ville de la Turquie en Europe dans la
Bosnie, au confluent de la Bosna & de la Save, aux con-
fins de l'Esclavonie, entre Belgrade au levant, & Zagrab
au couchant. * Baudrand,
éd. 1705.
ARKIKO, ARQUICO, ERKIKO. Adule, ou Aduliton
oppidum, ville d'Afrique fur la côte d'Abex, à deux
lieues de l'ifle de Mazua, & à près de cent au midi
de Suaquen. Cette ville très-ancienne, & bâtie par des
esclaves Egyptiens, a été la ville la plus marchande de
toute l'Ethiopie. Ses principales marchandifes étoient
l'yvoire, les cornes de rinoceros, les écailles de tortue,
les finges & les esclaves. Ce port, qui appartient au-
jourd'hui au Turc, n'eft presque plus fréquenté. Il y a un
château qui eft fort peu de chofe. Poncet appelle cette
ville Arcouva, & quelques géographes Arequies.

ARKLOW, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des fix baronnies qui compofent le comté de Wicklow. Elle envoye fes députés. État préf. de la Gr. Bret. t. 1.

ARKON, felon Saxon le grammairien; ARCONA, felon quelques cartes, & ARCHONA, dans la chronique d'Helmold, 7. z, c. 12, p. 236. Ce dernier auteur n'en dit rien finon qu'en 1168, elle étoit la capitale des Rugiens, c'eft-à-dire de l'ifle de Rugen. Mais Saxon le grammairien (Hift. Danica, l. 14, p. 158, éd. Bafil. fol. 1534) en parle très-amplement. Voici la description qu'il en donne. Cette ville eft fituée fur la hauteur d'un promontoire élevé. A l'orient, au midi & au feptentrion, elle eft fortifiée par la nature : les roches qui la défendent de ces trois côtés, & qui ont l'apparence d'une muraille, font fi hautes, qu'une fléche ne fauroit atteindre au fommet : la mer flotte autour de ces trois côtés. Au couchant, la ville eft fermée par un rempart de cinquante coudées de haut. La partie inférieure de ce rempart eft de terre, & la fupérieure de piéces de bois entremêlées de gazons. Du côté du feptentrion on voit une fontaine d'eau vive, à laquelle les habitans peuvent aller par un petit chemin remparé. Eric, qui affiégeoit cette ville, boucha ce paffage & incommoda beaucoup les habitans. Au milieu de la ville étoit une place dans laquelle fe voyoit un temple de bois d'une ftructure admirable, & respecté à caufe de l'idole qui y étoit adorée. Tout le dehors du temple étoit délicatement travaillé at cifeau, & couvert de plufieurs peintures affez imparfaites. I n'y avoit qu'une porte pour y entrer. Deux clotures ep formoient l'enceinte. L'extérieur étoit un mur de pierre de taille, avec une couverture d'un rouge éclatant; mais l'intérieur n'étoit compofé que de quatre pilliers entre lesquels étoient fuspendues des tapifferies,&cette derniere enceinte n'avoit rien de commun avec la premiere que le toit & quelques lambris. Au-dedans du temple étoit une ftatue coloffale à 4 têtes, dont deux regardoient devant & deux derriere, de façon cependant que l'une des têtes de devant paroiffoit regarder à droite & l'autre à gauche, de même que celles de derriere. La barbe en paroiffoit avoir été rafée, & les cheveux coupés, à la maniere dont les Rugiens fe rafent la barbe & tendent leurs cheveux. Cette figure tenoit dans la main droite une corne faite de différens métaux, que les prêtres remplis foient tous les ans de vin, & fuivant la diminution du vin, ils prédifoient l'abondance ou la ftérilité de l'année fuivante, & fa main gauche étoit appuyée fur le côté. On lui avoit fait une espèce de tunique, qui ne paffoit pas le genou. Tout auprès de cette ftatue fe voyoit une felle & une bride, avec les armes de cette divinité, entre lesquelles on admiroit fur-tout l'épée d'une grandeur extraordinaire, dont le fourreau & la poignée étoient d'argent, & d'une gravure très-délicate. Une fois l'an,

:

از

après la moiffon, tous les habitans de l'ifle fans diftinc-
tion, après avoir facrifié plufieurs betes devant le tem-
ple, afliftoient à un repas folemnel, ce qui étoit une
obligation de religion. Le prêtre, contre la coutume des
gens du pays, fe laiffoit croître la barbe & les cheveux,
& la veille du jour qu'il devoit faire le facrifice, il avoit
foin de balayer la chapelle dans laquelle lui feul pouvoit
entrer il prenoit fur-tout garde de ne pas laifler aller
fon fouffle dans le temple, obfervant, toutes les fois qu'il
vouloit reprendre haleine, d'aller à la porte, de peur que
la préfence du Dieu ne fût fouillée par le fouffle d'un
mortel. Le lendemain le peuple fe tenant dehors, il ôtoit
le vafe de la main de la ftatue, & après avoir examiné
avec attention l'état de la liqueur, s'il y avoit quelque
diminution, il prédifoit que l'année feroit ftérile. Mais
s'il trouvoit la liqueur au même état, il en auguroit l'a-
bondance, &, felon ces obfervations, il ordonnoit de
conferver les grains ou de s'en défaire, après quoi il ré-
pandoit au pied de l'idole le vieux vin en forme de li-
bation, & rempliffoit enfuite de nouveau le vafe qu'il
préfentoit à la ftatue, l'ayant auparavant faluće. Après
quoi il faifoit une priere folemnelle en fon nom, & en-
fuite au nom du peuple, dans laquelle il demandoit fon
bien particulier, enfuite celui du public, & des richelles
& d'amples victoires pour fes concitoyens. La priere
finie, il approchoit le vafe de fa bouche, & le vuidoit
tout d'une haleine; puis l'ayant rempli de nouveau,
le remettoit à la main de l'idole. On offroit auffi un gâ-
teau détrempé avec du vin miellé : fa figure étoit ronde
& d'une telle grandeur, qu'il paffoit la hauteur ordinaire
d'un homme. Le prêtre plaçoit ce gâteau entre lui & le
peuple à qui il demandoit s'il voyoit le gâteau : le peuple
ayant répondu oui, le prêtre fouhaitoit qu'ils ne puf-
fent pas le voir après la fin de l'année, voulant dire par-
là qu'il leur fouhaitoit une année abondante. La céré-
monie finie, le prêtre faluoit le peuple au nom de l'idole,
& lui promettoit qu'il vaincroit fes ennemis fur terre &
fur mer, s'il étoit religieufement attaché au fervice de
fon dieu, & fidéle à lui faire des facrifices. Le reste du
jour fe paffoit à boire & à manger, & celui qui violoit
le plus les régles de la fobriété dans ce repas paffoit pour
le plus religieux. Chaque homme & chaque femme pré-
fentoient tous les ans en offrande une pièce d'argent à cette
idole, & on lui confacroit la troifiéme partie des dépouil-
les & du butin fait fur les ennemis. Ce dieu étoit gardé par
300 gardes à cheval, qui alloient à la guerre, & le butin
qu'ils pouvoient rapporter étoit donne à la garde du prê-
tre, qui fe trouvoit à la fin avoir des richeffes immenfes.
Ce prêtre avoit feul droit de fe fervir d'un cheval blanc,
qu'il panfoit lui-même, parce qu'on regardoit cet ani-
mal comme divin. Il fervoit principalement à augurer le
bon ou le mauvais fuccès d'une guerre que l'on vouloit
entreprendre. Pour cela on plantoit des piques la pointe
en bas en trois rangs devant la porte du temple, & à
égale diftance les uns des autres enfuite on faifoit une
priere folemnelle, après laquelle le prêtre conduifoit le
cheval par la bride : s'il avançoit le pied droit en finiffant
de paffer les rangs, avant le pied gauche, c'étoit un au-
gure heureux qui faifoit entreprendre la guerre; mais
s'il avançoit tant foit peu le pied gauche devant le droit,
on ne penfoit plus à la guerre. A l'égard de l'augure,
pour entreprendre une expédition fur la mer, on en ufoit
de la même façon; mais il falloit pour cela que le pied
droit du cheval eût pallé le premier à chacun des trois
rangs de piques. Les particuliers, pour connoître ce qui
leur étoit avantageux, prenoient trois petits morceaux
de bois blancs d'un côté & noirs de l'autre qu'ils jettoient
dans leur fein; & s'ils appercevoient plus de blanc que
de noir, ils préfumoient que la chofe leur feroit avanta-
geufe; s'ils voyoient plus de noir que de blanc, ils en
auguroient mal. Les femmes avoient une autre maniere
de connoître l'avenit: elles fe mettoient auprès du feu,
décrivoient une quantité de lignes fut la cendre au ha-
fard & fans en favoir le nombre: après quoi fi en les
comptant le nombre fe trouvoit pair, elles en auguroient
le bonheur, & le malheur s'il étoit impair. On peut voir
dans cet auteur de quelle maniere Voldemar I en fit le
fiége, & par quel accident un incendie confuma le tem-
ple & l'idole. Ce roi ayant dompté les Rugiens, établit
des prêtres chrétiens parmi eux.

Quoique cette ville fut la capitale des Rugiens, elle

n'étoit pourtane dans l'ifle de Rugen, mais dans celle de Wittow, qui en eft au nord; elle étoit fituée fur un cap fort élevé & avancé dans la mer, comme on a vû dans la description de Saxon le Grammairien, vis-à-vis de l'ifle de Moen, qui eft de Dannemarck. * Zeyler Brandeb. & Pomeran. Topog. p. 25 & 26.

ARLA, ville forte des Parthes, c'est ainfi qu'on lifoit dans Strabon; mais Cafaubon a montré l'erreur, & rétabli le vrai nom, qui eft Aria. Voyez ce mot.

écrivent Arelatenfium Civitas.* (a) Longuerue, descr. de la France, part. I, p. 353. (b) Hadr. Valefti. not. Gall. P. 38. (c) Du Port, Hilt. de l'églife d'Arles. (d) Hadr. Valefii. Not. Gal. p. 38.

Arles n'occupoit originairement que la rive gauche du Rhône. Quelques-uns prétendent que ce fut le grand Conftantin qui fit bâtir une nouvelle ville, vis-à-vis de l'ancienne, fur la rive droite du fleuve, & qui joignit ces deux villes l'une à l'autre par un pont de bateaux. Ce ARLANC, bourg de France dans la bafle Auvergne, fentiment paroît d'autant mieux fondé que cet Empeà une lieue au midi, d'Ambert élection d'Iffoire, généreur (a) y féjourna quelque tems après qu'il eut été ralité de Clermont. Il eft compté pour 379 feux. Corneille dit ARLENC; & le dénombrement de la France, t. I, p. 344, dit ARLANT.

ARLANZA, ARLANÇA, OU ARLENCE, riviere d'Espagne dans la vieille Caftille. Elle a fa fource dans la Sierra, ou montagne d'Orbion, & paffe à Lara & à Lerma. Puis reçoit celle d'Arlanzon, avec d'autres moindres, & fe rend dans la Pifuerga, déja mêlée avec la riviere de Carrion à Quintana de la Puente. * Baudrand, éd. 1705, De l'Ifle, Atlas.

ARLANZON, ou ARLANÇON, riviere d'Espagne, dans la vieille Caftille. Elle a fa fource près de la Villa Vieja, coule à Burgos, d'où étant groffie par d'autres petites rivieres, elle fe rend dans celle d'Arlanza à la Venta del Moral fous Palençuela.* De l'Ifle, Atlas.

ARLAPE, ancienne ville de la Norique. Il en eft fait mention dans la notice de l'Empire, Sect. 28, à l'occafion de la cavalerie des Dalmares, qui y étoit logée. Il paroît même qu'on y entretenoit une flotte, car il eft parlé d'un officier qualifié, Prefectus Claffis Arlapenfis. Ce nom fe trouve écrit ARIAPE dans l'itinéraire d'Antonin de l'édition de Zurita, p. 52, & Arlape à la page 55. L'exemplaire du Vatican a par-tout Arlape; mais on y trouve une autre faute, qui lui eft commune avec l'édition de Zurita, c'est que la distance d'Arlap à Arbor fælix y eft une fois de xxvi M. P. & une autre fois de xxv. Ce nom eft corrompu dans la table de Peutinger en celui d'Arelate, Segm. 3. Il eft encore plus corrompu dans Ptolomée, Aredate. Simler croit que c'eft ERLA auprès de Pechlarn; & Lazius, R. P. R. 1. 12. Sect. 6, juge que c'eft plutôt Pechlarn elle-même. Voyez au mot ARA l'article ARA LAPIDEA,

ARLBERG, montagne d'Allemagne, au comté de Tirol, vers Bregentz & le lac de Conftance, felon Martin Crufius, cité par Baudrand, éd 1705. C'est une fuite des Alpes.

ARLENC, ville d'Auvergne, felon Corneille. Voyez ARLANC.

ARLENCE. Voyez ARLANZA. Corneille en met deux. C'est la même.

ARLANÇON. Voyez ARLANZON.

ARLES, (2) ville de France, qui a fon territoire féparé du comté de Provence, auquel elle n'eft que terre adjacente, fans avoir titre de viguerie ni de bailliage. Ce territoire eft à l'orient de la ville d'Aix, & féparé du Languedoc par le Rhône. La ville d'Arles a été fondée avant la domination des romains, elle étoit déja très - célébre lorsque Jules-Céfar faifoit la guerre dans les Gaules. (b) Il la nomme dans fes commentaires Arelate. Erricus veut que cette ville, qu'il appelle Arelatum, ait pris fon nom d'un certain Arela ou Arelus fon fondateur; mais c'eft fans le moindre fondement. Il en eft à peu près de même de l'origine que lui donne Gervafius Tilfeberienfis. Il eft inutile de vouloir le dériver du latin quand on lui trouve une origine celtique. En effet ces deux mots (c) Ar & Saib, qui veulent dire en langue celtique ville fituée dans un lieu marécageux, font capables de fixer en quelque maniere l'origine de ce mot, puisque la ville d'Arles fe trouve réellement bâtie proche du Rhône, & environnée en partie de marais. Les Grecs lui ont donné le nom de THÉLINE, qui fignifie Mammelles, à caufe qu'étant dans un lieu fertile, elle étoit comme la mere nourrice des Gaules. Les Latins (d) l'ont nommée Colonie Romaine, parce que la fixiéme légion des foldats Romains demeuroit. Dans Pline on lit, Colonia Arelate Sextanorum, & dans Suérone, in Tiber. Arelate Colonia. Ammien Marcellin la nomme fimplement Arelate, & la met dans la province Viennoife. Ptolomée la place dans le territoire des Salyes, peuple de la Gaule Narbonnoife, & la nomme Apeλarov Kohovie. Je trouve même dans Aufone Arelatus & Arelas. Enfin les anciennes notices des Gaules

y

pro

clamé Céfar en Angleterre, & qu'il la nomma de fon nom CONSTANTINA. Après la victoire remportée sur Maxence, il fit battre des médailles d'or & d'argent, où l'on voit d'un côté une main fortant d'une nue avec une croix, & de l'autre pour légende Arela Civitas. Sous l'empereur Honorius elle confervoit encore ce nom; une conftitution de cet empereur fait mention de la ville d'Arles, & la nomme Conftantina urbs. Mais il conferva toujours l'amour qu'il avoit pour cette ville, y envoya Ambroife fénateur romain, avec ordre d'exer cer la charge de préfet du prétoire des Gaules. Ce fénateur vint à Arles avec fa femme, qui bientôt après y accoucha d'Ambroife, qui par fa-rare piété & par la profonde érudition, mérita d'être archevêque de Milan & docteur de l'églife. (b) Honorius transféra le fiége de la préfecture du prétoire des Gaules de Tréves à Arles. La réfidence de cet officier, l'un des premiers de l'Empire Romain, éleva beaucoup Arles, qui devint métropole pour les affaires civiles; & Vienne étoit certainement la capitale de la premiere Viennoife, où l'on mit Arles après la derniere divifion des provinces de l'Empire dans les Gaules. * (a) Du Port, Hift. de l'église d'Arles. (b) Longuerue, Desc. de la France, p. 1, pag. 353.

A l'égard des chofes eccléfiaftiques, les évêques d'Arles, avant l'an 400 de l'ére vulgaire, comme on le voit par le Concile de Turin, prétendoient avoir la primatie fur tous ces pays, comme fucceffeurs de S. Trophime, qui y avoit prêché la foi, & étoit disciple des apôtres S. Pierre & S. Paul. Dans le tems où ce concile fut tenu, on étoit perfuadé de la vérité de cette mission de Trophime par les apôtres, & on n'avoit aucune idée d'un autre Trophime envoyé vers l'an 250 de JesusChrift, fous l'empire de Décius, par le pape Fabien. Grégoire de Tours a le premier fait paroître ce fecond Trophime, en fuivant, à ce qu'il dit, une légende de faint Saturnin de Toulouse. Les habitans, malgré l'autorité de Grégoire de Tours, prétendent que S. Trophime étoit disciple des apôtres, qu'il bâtit à Arles une chapelle en l'honneur de la Vierge qui étoit encore vivante alors; leur opinion eft fondée fur une inscription qu'on a trouvée depuis peu,où on lit: Sacellum dedicatum Dei Para adhuc viventi. Le différend entre les évêques de Vienne & d'Arles dura plufieurs années, les papes ayant rendu des jugemens contraires entre les parties. Enfin S. Léon adjugea l'an 450, à l'évêque d'Arles les droits & les prérogatives des métropolitains fur la premiere Viennoife, excepté les évêchés de Valence, de Grenoble & de Geneve, qu'il foumit à la métropole de Vienne, avec celui de Tarantaife, ville capitale de la province des Alpes Grayennes, qui n'étoit point alors métropole eccléfiaftique. C'eft une erreur de croire avec plufieurs écrivains que les évêquesde toutes les métropoles ou capitales civiles ayent été de véritables métropolitains eccléfiaftiques. Le différend entre les Evêques de Vienne & d'Arles fe renouvella fur la fin du huitième fiècle au concile de Francfort. Arles avoit pour fuffragans dans la premiere Viennoife dix évêchés; favoir, Marfeille, Toulon, Orange, Tricaftin, ou S. Paul-trois-Châteaux, Viviers, Die, Avignon, Cavaillon, Carpentras & Vaifor., & on lui ôta Viviers & Die: depuis il en perdit encore; & après l'érection de l'archevêché d'Avignon il n'en eut plus que quatre; favoir, Marseille, Toulon, Orange & S. Paul-troisChâteaux. Les archevêques d'Arles ont eu long-tems dans les Gaules le vicariat des papes, qui ne leur donnoit pas dans ce tems-là une grande autorité.

Cette ville fut très-confidérable fous les Wifigoths; car leur roi Euric l'ayant prife après l'extinction de l'empire d'occident, il y établit fa cour & fa réfidence. Théodoric, roi des Oftrogoths, qui après la mort d'Alaric, fils d'Euric, s'empara de cette ville, y maintint le fiége de la préfecture des Gaules. Sous les François Mérovin

giens, qui en furent les maîtres après les Oftrogoths, Arles commença à déchoir :elle fut fujette aux rois de Neuftrie, & on ne voit point qu'elle eût rien alors qui la diftinguât de plufieurs autres villes. Bofon s'étant fait proclamer roi de Bourgogne & de Provence, Vienne Fat fa capitale & fa réfidence, auffi-bien que de fon fils Louis l'Aveugle; mais le prince Hugues qui ne prit jamais au-deçà des monts le titre de roi, établit fa réfidence à Arles, & céda enfuite cet état à Rodolphe, roi de Bourgogne, lorsqu'il eut cédé le royaume d'Italie à Hugues. Après cela Arles fut cenfée une ville royale, quoiqu'elle n'ait pas été la réfidence des rois Conrad & Rodolphe le Lâche, ni des empereurs Allemands leurs fucceffeurs. C'eft du tems de ceux-ci, comme on le verra plus bas, que le royaume de Bourgogne fut nommé le royaume d'Arles, & ce nom a prévalu fur celui de Bourgogne. Les empereurs Allemands ont confirmé par plufieurs chartres les priviléges de l'archevêque, de l'églife & de la ville d'Arles, qui ne devoient reconnoître aucune autre puiffance temporelle que la feule puillance impériale, attendu qu'Arles étoit la capitale d'un royaume. (3) Il arriva même quelque tems après qu'elle s'établir en république du confentement de l'empereur Fréderic II qui accorda cette grace à Michel Morienne, archevêque d'Arles; les confuls de la ville avoient député à cer empereur dans la ville de Bâle en 1212. Elle fut alors gouvernée par le podeftat, par le viguier & par les confuls. Le peuple élifoit le podeftat; l'archevêque, les confuls, & le podeftat, le viguier. Ce podeftat étoit le chef de la république, & prêtoit ferment de fidélité à l'empereur entre les mains de l'archevêque d'Arles, qui l'attendoit en habits pontificaux à la porte de l'Eglife de S. Trophime. Il entroit en charge la feconde fête de Pâques; il avoit l'intendance des grandes affaires des fnances, de la guerre, & étoit fouverain dans fes jugemens: on le pouvoit dépofer ou continuer après un an d'exercice. Le viguier prêtoit auffi ferment entre les mains de l'archevêque, & entroit en charge le même jour que le podeftat; il avoit l'adminiftration de la justice; les confuls fe chatgeoient du foin des affaires de police. La république d'Arles fe rendit en peu de tems fi puiffante fur mer & fur terre, que Gênes & les autres villes de commerce rechercherent fon alliance. (b) Ainfi cette ville n'a jamais été entierement affujettie aux comtes de Provence, ni même à ceux qui prenoient la qualité de comtes d'Arles, avant que la Provence ait été posfédée par les princes fortis de la maison de France; mais cette république ne dura que trente-fept ans. Charles I, comte d'Anjou, frere de S. Louis, qui avoit été reconnu prince par les Provençaux à caufe de fa femme Béatrix, ayant trouvé que l'empereur Fréderic Barberouffe avoit donné l'an 1162, à Raimond Berenger, comte de Provence, toute la jurisdiction de la ville d'Arles, dont néanmoins le comte Raimond Berenger ni fes fucceffeurs n'avoient jamais joui paisiblement, força par fes menaces les habitans à rendre hommage au comte de Provence comme à leur feigneur. En même tems l'archevêque lui fit hommage, tant pour la ville de Salon que pour tout le temporel de l'archevêché, que ce prince s'obligea à l'avenir de défendre contre tout autre feigneur. Les comtes fes prédéceffeurs, comme on voit par une charte de Raimond Berenger, pere de Béatrix & beaupere de Charles I, n'étoient que défenfeurs & avoués de l'églife & de la cité d'Arles, à qui ils faifoient ferment de fidélité; mais depuis les chofes changerent, quoique l'archevêque & les citoyens d'Arles n'ayent pas renoncé à leurs droits durant cent ans; car l'an 1354, l'empereur Charles IV allant à Rome pour y prendre la couronne impériale, paffa par Arles, où il exerça plufieurs fonctions de fa fouveraineté. Dans ce tems-là l'archevêque Etienne de la Garde obtint la confirmation des franchifes, des immunités & de la jurisdiction temporelle de l'églife d'Arles, avec le droit de faire du fel & de battre monnoie. Dix ans après cet empereur étant retourné en Provence, fut reçu à Arles comme fouverain feigneur par les habitans & par l'archevêque Guillaume de la Garde, qui le couronna roi d'Arles en préfence de plufieurs feigneurs, tant eccléfiaftiques que féculiers, & entr'autres de Raimond d'Agout, grand fénéchal de Provence, desquels il reçut les hommages avec le ferment de fidélité, & dans le même tems il confirma tous les priviléges des

archevêques d'Arles. Quelques années après cet empereur étant à Paris, donna au dauphin Charles, qui fut depuis roi de France fous le nom de Charles VI, le vicariat dans tout le royaume d'Arles, fans rien excepter que les terres de la maifon de Savoie, & les fucceffeurs de l'empereur Charles IV n'ont exercé aucun pouvoir fur toute la Provence, ni en qualité d'empereurs, ni en qualité de roi d'Arles. * (2) Du Port, Hilt. de l'Eglife d'Arles. (b) Longuerue, Descr. de la France, part. 1,

P.355

Les Gots détruifirent la partie qui étoit à la droite fur le bord occidental du Rhône dans la Camargue, & il n'y a plus aujourd'hui dans ce lieu qu'une petite bourgade, nommée TRINQUE-TAILLE, qui étoit autrefois une fortereffe, laquelle fut prife & rafée par Raimond Berenger, comte de Barcelone & de Provence, l'an 1161. Les rois de France ont le haut domaine à Arles, & la haute juftice, depuis que François I y a établi en 1535, un fiége de la fénéchauffée, & de tous les officiers néceffaires à cette jurisdiction, avec les officiers de police.

Quoique la ville d'Arles ait dans fon voifinage un grand marais, l'air n'y eft pas mal fain, parce qu'elle eft bâtie fur un rocher, dont la pente eft fort aifée & s'étend dans une grande plaine. La ville a la figure d'une harpe, & fa pente eft du côté du feptentrion.

Rien n'eft plus charmant que fon enceinte. Le Rhône, qui paffe au pied de fes murs, arrofe une partie de fon terroir, qui a quarante-quatre lieues de tour, & douze de large; il eft divifé en quatre parties, qu'on nomme la Crau, le Plan du Bourg, la Camargue & Tres-bon. Ce dernier quartier eft celui du terroir d'Arles, qui a le moins d'étendue; mais il eft le plus fertile, comme le défigne fon nom. C'eft une plaine du côté du feptentrion d'une lieue & demie de long, où l'ancienne abbaye de Mont Major eft fituée. Le plan du bourg eft une grande plaine entre le Rhône & la Crau: la contrée eft fort fertile, & s'étend jusqu'à l'embouchure de ce fleuve dans la Méditerranée; il y a des ifles, des prés, de belles maifons de campagne, & de petits bois fort agréables. La Camargue eft une ifle fur le Rhône, dont l'étendue prife depuis Arles jusqu'à la mer, eft de fept lieues. Voyez CAMARGUE. Pour la Crau, c'eft une campagne de fix ou fept lieues, couverte de petits cailloux, parmi lesquels il croît une herbe admirable pour la nourriture des brebis: on y recueille de fort bon froment, du vin digne d'être comparé à celui de Beaune, du vermillon de la manne, de l'huile, & des fruits de toutes fortes : il y a des bois, des marais, des étangs, ou l'on pêche quantité de bon poiffon. * Corn. Dict Du Port, Hift. de l'églife d'Arles.

Les dehors d'Arles font très-agréables; il y a un couts qui va de la porte de Maraneau à celle de la Roquette; d'un côté on apperçoit les murailles & les foffes de la ville avec une allée de très-beaux meuriers, & de l'autre des prairies & des jardins, arrofés d'un canal de la Durance. Les dehors de la porte de la Roquette font auffi fort agréables, à caufe d'une belle chauffée le long du Rhône, d'où l'on a vûe fur des vignobles, des prairies, des jardins & différens payfages. On voit ces mêmes chofes de la chauffée de la porte de la Cavalerie; & fi l'on fort d'Arles par la porte Laure, on découvre une charmante vallée, & une petite colline remplie de tout ce qui peut contenter les yeux. Les dehors de la porte Agneau n'ont pas tant d'agrémens que les autres; ils font bornés par une hauteur, que l'on appelle Moulaires, fur laquelle il y a quantité de moulins à vents; la vue porte loin delà. Outre une grande partie d'Arles & de fon terroir, on découvre le Rhône, les villes de Baucaire & de Tarascon, plufieurs beaux villages, des montagnes, des vallées, des étangs, de petites ifles, & l'on respire fur cette colline un air très-pur & très-fain.

Arles eft célébre par les antiquités qu'elle a au dehors & au dedans, & dont les unes font en bon état, comme l'amphitéatre, l'obélisque, les champs élifées, les tombeaux, les colomnes avec leurs chapiteaux, les buftes, les piedeftaux, les aqueducs, & les arcs avec quelque refte du capitole, & des temples des faux dieux : les autres monumens anciens ne fubfiftent plus, comme le beau pont, qui joignoit une ville à l'autre, la place qui étoit entourée de colomnes & de ftatues, décrit Sidonius Apollinaris. La ftatue de Venus, que les habitans d'Arles adoroient, palle pour un chef-d'œuvre de fcul

que

pture. Elle eft de marbre grec, de fix pieds de haut, d'une belle attitude, avec un air de tête charmant, & toutes les parties du corps d'après nature. Eile eft nue depuis la tête jusqu'aux hanches, & le refte de la figure eft couvert d'une belle draperie. Saint Trophime l'ayant fait abbatre de l'amphithéatre, elle fut cachée fous terre, où on la trouva l'an 1651, en creufant un puits dans la maifon d'un particulier. On y rencontra premierement la tête de cette ftatue, & l'on en fut fi charmé que l'on fit creufer dans le même endroit. On découvrit enfin le refte du corps, à la réserve des deux bras qui lui manquoient. On la mit dans le cabinet de l'hôtel-de-ville, où les étrangers qui paffoient par Arles alloient la voir. Elle y eft reftée jusqu'en 1684, que les habitans en firent préfent à Louis XIV, & après qu'elle fut reftaurée, fa majefté la fit mettre dans la grande gallerie de Verfailles. Le cimetiere des champs élyfées, qui étoit le lieu où les payens enterroient les morts, eft hors de la ville fur une colline agréable, divifée en deux parties; la premiere, appellée Moulaires, contient fort peu de tombeaux, parce qu'on les a rompus pour bâtir les murailles des jardins, qui font à l'entour, & qu'on les a donnés à divers particuliers; la feconde, que l'on a nommée le cimetiere d'Elifcamp, renferme un grand nombre de tombeaux. On connoît ceux où les Payens ont été enterrés, par ces deux lettres, D. M. qui veulent dire Diis manibus. Ceux où l'on a mis des Chrétiens font diftingués par une croix qu'on y voit; il y en a de grands & de petits, de marbre & de pierre; il en refte à préfent très peu, parce qu'on a donné les uns à des particuliers, & que les autres ont été brifés par le peuple qui y cherchoit des médailles d'or, d'argent & de bronze, des urnes, des patéres, des lacrimatoires & des lampes fans fin.

les autres du tour de l'amphithéatre font plus petites, plus étroites. Son enceinte renfermoit une grande place qu'on appelloit l'ARENE, parce qu'elle étoit couverte de fable. C'étoit là que les gladiateurs combattoient contre les bêtes féroces, qu'on faifoit fortir hors des cachots qui étoient fous l'amphithéatre, dont le dedans étoit rempli de fiéges de pierres en maniere de degrés, & contenoit trente mille perfonnes fort commodément La muraille qui bordoit la place où combattoient les gladiateurs, étoit élevée d'environ deux toifes, & fe terminoit à une gallerie où étoient les fiéges de l'empereur, des fénateurs, & des perfonnes les plus remarquables. Ce bel édifice, qui eft fitué au lieu le plus éminent de la ville, eft plus ancien, plus grand & plus magnifique que celui de Nîmes; mais il n'eft pas fi entier, les prifons, les caves & les galleries du premier étage, ayant été comblées de terre. Le fecond & le troifiéme n'ont presque plus rien de leur antiquité, parce que les fix vingt arcades qui étoient percées à jour font préfentement fermées. On y a bâti plufieurs maifons, & l'on a même démoli quelques-unes de ces arcades. La place de l'arene eft remplie de terre jusqu'au fecond étage; il y a plufieurs rues & plufieurs maifons. Le dedans de l'amphithéatre eft presque détruit, & de tous les fiéges qu'occupoient les fpectateurs, il n'en reste plus que deux, chacun d'une toife & demie de long. Quoique fa façade foit presque couverte de maifons, qui la cachent, celle du fecond & du troifiéme étage paroît encore. On voit aufli trois tours que y l'on a bâties pendant les guerres, & qui n'ont jamais été du deffein de l'amphithéatre. On y a fait depuis peu d'années une troifiéme entrée du côté des cordeliers, pour la commodité du peuple.

Charles IX étant entré à Arles, Catherine de Médicis fa mere fit mener à Paris plufieurs de ces tombeaux fort bien travaillés & fort anciens, qui furent choifis par ceux qui les connoiffoient. On en donna au duc de Savoye, & au prince de Lorraine, & à plufieurs autres. Il y en a plufieurs à l'église de S. Honorat qui font de marbre, & que l'on a mis par piéces pour en faire deux baluftres devant le grand autel. On en voit auffi aux fonts de batême de l'églife de S. Trophime, de marbre blanc, embellis de petites figures très-bien faites. Il y en a encore d'autres de marbre aux minimes, à l'entrée de l'escalier de leur couvent. On en voit un fort beau qui fut trouvé l'an 1618, en creufant les fondemens de leur maifon. Il étoit dans un autre tombeau de pierre, & dans celuici il y en avoit un autre de plomb, où l'on trouva un drap de foie minime & d'or fin qui enveloppoit des os. On y trouva auffi des cheveux autour du crane. Ce tombeau étoit environ trois toifes en terre, & il y en avoit fur celui-ci jusqu'à quatre rangs. Parmi ceux des champs élyfées, il y en avoit de plus larges que les autres. On les croit faits pour deux moits, & en ceuxci il y a une féparation affez déliée, quoique les tombeaux foient chacun d'une feule pierre. Il y a grande apparence qu'on les faifoit de cette maniere pour y enterrer le mari & la femme, le pere & la mere avec leurs enfans. Ces tombeaux ont presque tous deux toifes de long, fur quatre pieds & demi de large.

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L'obélisque d'Arles eft un des plus fuperbes monumens de l'antiquité, & le feul de cette nature que l'on voie en France. On ne fait ni dans quel tems, qui il y a été tranfporté; mais on a été tranfporté; mais on a fujet de croire que c'eft un des quarante qui étoient en Egypte, & qui furent conduits à Rome, parce qu'il eft fait d'une même forte de marbre que ceux qu'on y a portés. La plupart des autres font pleins de caracteres hieroglyphiques, & celuici eft tout nud & tout uni. Il eft demeuré pendant plufieurs fiécles caché en terre dans le jardin d'un particulier, auprès des murailles d'Arles, proche le Rhône. Enfin en 1675, il fut réfolu au confeil de la ville d'Arles, qu'on tireroit cet obélisque hors de terre, ce qui fut exécuté; mais on trouva qu'il n'étoit pas entier, & que la pointe y manquoit. On la trouva dans un autre endroit. Ce beau monument ayant été mis fur des rouleaux, fut traîné jusqu'à la place du marché, & lorsqu'il y fut, on rompit des piéces de colomnes de granite, pour en refaire les deux angles du pied. Le 20 de mars 1676, on le leva avec tant d'adreffe, qu'en moins d'un quart d'heure, il fut pofé fur un piédeftal de vingt pieds de haut, & confacré à Louis le Grand, fous la figure du Soleil. Cet obélisque, qui a cinquante-deux pieds de haut fur fept de bafe, tout d'une pièce, eft foutenu de quatre lions, parce que la ville d'Arles a pour armes un lion accroupi fur fes jambes de derriere,avec ces mots, ab ira leonis. On a mis fur fa pointe un globe azuré, avec les armes de France, & au-deffus de ce globe le Soleil, avec quantité de magnifiques inscriptions à la gloire de fa majesté : le piédestal eft entouré de bornes de pierre.

L'une des plus confidérables antiquités de la ville d'Arles eft l'amphithéatre, que l'on croit bâti par les Romains; il n'a jamais été achevé par le haut. Il a environ douze cens vingt-quatre pieds de diametre, & environ fix vingt arcades en deux ordres, foixante au-deffus, & pareil nombre au-deffous. Chacune de ces arcades étoit toute percée à jour, à vingt pieds de haut fur dix-fept ou dix-huit de large. Cet amphithéatre eft fitué dans un lieu inégal, penchant & fondé fur la roche. Les fondemens des murailles ont plus de deux toifes d'épaiffeur & les pierres qui les compofent font fi groffes, & fi maffives qu'elle fe foutiennent par leur poids fans chaux ni ciment. La muraille qui fait la face de l'amphitheatre a douze pieds d'épaiffeur au rez de chauffée. C'est un bâtiment ovale à trois étages. Il avoit deux belles entrées. la premiere a quinze pieds de largeur, & contient fix arcades, qui ont foixante & treize pieds de long. La feconde entrée en a deux. L'une de ces arcades eft large de treize pieds, & l'autre de douze. Le couvert des voutes de ces deux entrées eft de grandes pierres larges & longues, qui traverfent d'un bout à l'autre. Les arcades de ces entrées ont trente-deux pieds de haut;

Cette chapelle bâtie par S. Trophime, comme il eft dit plus haut, fubfifte encore aujourd'hui, & eft en grande vénération; on dit qu'elle a été miraculeufement confervée pendant les ravages des Barbares. On a élevé aux environs, des églifes, des monafteres & d'autres chapelles. Quantité de nobles y ont été enterrés, & S. Trophime lui-même la choifit pour être le lieu de fa fépulture. A fon exemple plufieurs de fes fucceffeurs s'y font fait inhumer, & entre autres S. Honorat, S. Hilaire, S. Concorde, S. Aurélien, S. Eonius, S. Virgile, & S. Rotland; on croit que S. Virgile, archevêque d'Arles, fonda en 626, l'églife métropolitaine de faint Trophime, & qu'il en fit bâtir la plus grande partie. Les murailles font fi épaiffes, qu'on y voit plufieurs tombeaux enchaffés avec les épitaphes des evêques, des chanoines, & des personnes de qualité que l'on y a enterrées. Cette partie a neuf arcades, qui font toute la longueur du chœur & de la nef. Elles font accompagnées de chaque côté d'une

alle fort étroite, qui commence depuis le grand portail jusqu'à la huitiéme arcade. La croifée occupe la neuviéme, où l'on voit du côté de l'évangile la chapelle de S. Geneft; & du côté de l'épître, la facriftie & la porte par où l'on monte au cloître.

Dans la fuite, le bienheureux Louis Alleman, cardinal, aggrandit confidérablement cette églife. It en fit bâtir du fanctuaire, compofé de trois arcades de chaque côté, & du trois autres, qui font le rond-point du derriere le maître autel. Ce fanctuaire eft accompagné d'une aîle fpacieufe, & de chapelles bâties tout autour à la moderne. A l'endroit du rond-point il y a une double voûte, portée par un arc doubleau. C'eft le lieu où l'on conferve la plus belle châffe d'Arles, qu'on appelle la fainte Arche, à caufe qu'elle renferme, dit-on, quelque partie du fuaire où notre-Seigneur fut enfeveli, de fes vêtemens, des épines de fa couronne, des habits de la Vierge, des offemens de S. Pierre, de S. Paul, & de S.. Jean l'Evangélifte. Cette église a un grand portail de marbre, conftruit à la gothique, & enrichi de quantité de figures en relief. On y voit celle du Sauveur du monde, au milieu des quatre animaux du prophête Ezéchiel, qui repréfente les quatre Evangéliftes. On y voit encore les figures des douze Apôtres, parmi lesquels eft S. Trophime, qui a un Pallium. On monte à la même églife par un perron de fept à huit marches, qui en contient toute la façade, & qui fert aux deux petites portes carrées de pierres qu'on a faites depuis peu de tems aux deux entrées du grand portail de marbre, qui eft au milieu, & qui a fix colomnes, avec des piédeftaux de marbre, trois de chaque côté. Le chapitre de cette métropole eft compofé de vingt chanoines, dont les quatre premiers; favoir, le prevôt, l'archidiacre, le facristain & l'archiprêtre, font dignités. Les trois autres, le capiscol, le primicier & le tréforier, font perfonats, c'est-à-dire, qu'ils ont degré au-dellus des fimples chanoines, qui font au nombre de treize, dont l'un eft théologal. Il y a encore dans ce chapitre vingt bénéficiers, qui, ainfi que les chanoines, reçurent tous la régle de faint Auguftin, à la perfuafion de Pierre Ainard, l'un de leurs archevêques; ils fe féculariférent en 1484, fous Nicolas Cibo leur prélat. Quand les chanoines de faint Trophime vont en proceffion, tous les curés & tous les religieux laiffent leur croix dans l'églife métropolitaine, & marchent fous celle de ce célèbre chapitre. Ils ne les reprennent qu'après la proceffion. Aux enterremens les corps féculiers & réguliers les portent abbatues, & il n'y a que la croix de la métropolitaine qui paroiffe. L'archevêché d'Arles eft de 66000 liv. Ce diocèfe a 51 paroiffes dont 39 font fuccurfales. Contre la muraille de l'archevêché on voit des reftes de l'entrée des Thermes. Ce font de gros quartiers de pierre fous un arc antique. Il y a quelques années qu'en creufant les fondemens de l'Hôtel de Ville, & du piédestal de l'obélisque, on y rencontra des fourneaux, & plufieurs voûtes foutenues par des pieds droits, qui s'étendoient affez loin. On y trouva aulli une double galerie, qui fervoit pour fe promener avant & après les bains. Elle recevoit fon jour par des foûpiraux, dont on en voit quelques-uns dans les caves voisines, & dans la rue qu'on a faite pour aller à l'églife de Notre-Dame la principale, qui eft la plus ancienne de toutes les paroiffes de la ville. Les autres font Notre-Dame la Majeure, Sainte Croix, Saint Julien, Saint Martin, Saint Laurent & Saint Lucien. La chapelle qui eft fous cette derniere églife, où il y a encore un autel, fur lequel les premiers Chrétiens célébroient les faints myftéres, pendant que les empereurs les perfécutoient, prouve fon antiquité. Quelques uns prétendent que cette églife a été nommée Notre-Dame du Temple, à caufe qu'elle étoit bâtie devant le temple de Minerve, dont on voit encore quelques reftes dans la maifon d'un particulier. On y admire une moitié d'un ancien portique d'ordre corinthien, avec deux colomnes de marbre granite, dont les bafes font de marbre blanc, & l'architrave, la frife & la corniche, avec fon tympan, de pierres artistement embellies. D'autres difent que ce portique & ces colomnes font des reftes du palais de Conftantin le Grand, appellé communément la Trouille. Il y en a plufieurs autres qui croyent que ce font des reftes de l'ancien capitole où le faifoient les afsemblées du fénat, parce qu'on remarque dans leur

architecture quelque chofe de femblable à la maifon carrée de Nîmes, qui étoit autrefois le capitole de cette ville. Ils difent pour le prouver, que le grand nombre de grottes anciennes avec les corniches, qui font d'un côté & d'autre des rues depuis l'églife de faint Lucien, jusqu'à l'hôtel de ville, en tirant vers le collége, étoient les prifons & les cachots du capitole. Tous les sculpteurs qui paffent à Arles, font fi charmés du travail de cet ouvrage qu'ils en prennent le deffein.

L'académie des belles-lettres d'Arles fut établie en 1668, par lettres patentes du roi, & fixée au nombre de vingt académiciens, qui doivent être nobles de naiffance. Elle a été depuis augmentée de dix autres par de nouvelles lettres-patentes. Long 22, 18, latit. 43, 40.

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2. ROYAUME D'ARLES. Tous les écrivains ont varié fur les limites du royaume d'Arles. Ils font fi difficiles à trouver, qu'on doute s'il a jamais exifté. Les Allemands, felon Struy. Syntah. jur. publ. Differt. v. 1, c. 1, & feq. difent que le royaume d'Arles n'étoit originairement qu'une province, qui faifoit une portion du royaume de Lothaire, dont Charles-le-Chauve devenu le maître, en fépara la Provence qu'il donna à fon beaufrere Befon. Celui-ci ne s'en tenant pas à ce qui lui avoit été donné, s'empara de la Bourgogne après la mort de Louis le Begue. Son fils Louis, ajoutent-ils, fut maintenu en la poffeffion de la Bourgogne par l'empereur Charles le Gros; mais ce ne fut qu'en qualité de feudataire de l'Empire. Ce Louis étant mort, Rodolphe fils de Conrad, comte de la petite Bourgogne s'empara du pays qui eft entre le montJura & les Alpes Pennines, & prit le titre de roi; mais Arnolphe, après différentes guerres, le remit fous fa puiffance. Après la mort d'Arnolphe, la Bourgogne voulut fecouer le joug de l'empire; mais Otton le Grand foumit une feconde fois le roi & le pays. Son fils Rodolphe III défigna Conrad le Salique fon héritier, lequel fe maintint dans la poffeffion de ce royaume contre les prétentions d'Otton, comte de Champagne. Gervalius Tlisberienfis, felon Hadr. Valefii, Not. Gall.p. 107, qui vivoit il y avoit environ 500 ans, marque l'étendue de ce royaume, dont il fe qualifioit même Maréchal, & donnoit la qualité de chancelier à l'archevêque de Vienne. Il comprend dans ce royaume vi métropoles avec leurs évêques fuffragans; favoir, Befançon Vienne, Tarentaife, Ambrun, Aix & Arles. La notice des évêchés de France, qui a été dreffée du tems que vivoit Gervafius, en fait la même chofe & place vi mé tropoles dans la Bourgogne, de façon que le royaume d'Arles auroit compris le pays des Sequaniens, l'Helvétie, la Savoye, le pays aujourd'hui appellé le Dauphiné & la Provence. Il eft furprenant, dit de Valois, qu'on n'y ait pas compris auffi fa ville de Lyon, dont les deux derniers roi de Bourgogne ont joui, & fur laquelle les empereurs ont voulu de tems en tems faire valoir un prétendu droit, comme fi c'eût été un membre de l'Empire qui leur eut appartenu; & ce royaume, continue le même auteur, foit qu'on lui donne le nom de royaume de Bourgogne ou d'Arles, est tout-à-fait imaginaire, & n'a jamais été poffédé de cette maniere par aucun roi, ni dans aucun tems. En effet, les premiers rois de Bourgogne, que les enfans de Clovis fubjuguerent, ne poffedoient que les métropoles de Befançon, de Vienne, de Tarentaife & d'Ambrun, avec la ville de Lyon & toute la province appellée premiere Lyonnoife: mais ils n'eurent jamais aucun droit fur les métropoles d'Arles & d'Aix, ni dans la province d'Arles fur Marseille,.Avignon & Toulon, ni dans les Alpes maritimes fur Digne, Nice, Antibes, Glandeves, Senez, Vence, Riez & Fréjus. Le royaume des Rodolphes, derniers rois de Bourgogne, a eu des bornes très-étroites, & ne comprenoit qu'une ou deux métropoles. Enfin, le roi Charles, fils de l'empereur Lothaire, ne pofféda jamais Genéve, Lausanne, ni Lyon, ni même les villes de Bellay, de Tarentaife, que le roi Lothaire, fon frere, lui céda cependant dans la fuite, felon que le marquent les annales de S. Bertin. Il eft vrai que le roi Bofon fut maître de l'étendue de fix métropoles, qui étoient Vienne, Lyon, Tarentaife, Aix, Arles & Befançon, & de xv villes fuffragantes de ces métropoles, & des villes d'Agde & d'Uzez. Mais Ambrun avec fes fix fuffragans ne lui fut point foumife. Les Allemands comptent xxxvi villes dans le royaume d'Arles; mais il n'y en avoit que xxIII dans le royaume de

Bofon;

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