Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

& que les montagnes qu'il nomme Auca en ont pris leur nom. Ce lieu conferve l'ancien nom dans celui de NUESTRA SIGNORA DE OCCA, près de Villa Franca, & de la montagne nommée Sierra d'Occa. Voyez Occa.

AUCAES, peuple de l'Amerique méridionale le plus voifin du détroit de Magellan, auffi on ne peut douter qu'ils ne foient les mêmes que les Patagons, ils sont à la même hauteur que Valdivia: il y a apparence que ceux que les Espagnols ont appellés Serranos, & les Pampas qu'on trouve dans les plaines à la hauteur de Buenos-Ayres, ont la même origine, car ils ont à peu-près le même langage, & les mêmes mœurs. * Hift. du Paraguay, par P. Charlevoix.

AUÇAGURELE, ville d'Afrique, en Ethiopie, au royaume d'Adel, dont elle eft la capitale. Elle eft fituée fur une montagne, au pied de laquelle font deux canaux pleins des eaux de la riviere Haouach. Elle eft plus loin de la mer que du royaume de Bali, qui fait partie de celui de Galles. De l'Ifle, Atlas. Long. 61, 55, latit. 9, 10. AUCALO, nom latin du Calaron, riviere de Provence. Voyez CALAVON.

AUCENSIS FLUVIUS. Voyez OCCA.

AUCH, quelques-uns écrivent AuSCH, ville de France, capitale du comté d'Armagnac, & la métropole de toute la Gascogne. Quelques cartes portent Aux, c'eft une faute. Depuis la conquête de l'Aquitaine par les Romains, on lui donna le nom d'Augusta Aufcorum ou Aufciorum, felon Prolomée, qu'il faut croire plutôt que Pomponius Mela, qui la nomme Elufaberris, confondant les Eleufates avec les Auci, peuples de l'Aquitaine, voifins à la verité, mais cependant différens les uns des autres. Dans la fuite, ainfi qu'il eft arrivé à plufieurs autres villes des Gaules, Auch prit le nom du peuple dont elle étoit la capitale; dans l'énumération des principales villes des Gaules par Ammien Marcellin, il eft dit au liv. xv, Novem populos Aufci commendant & Vafata. Or Ammien vivoit fous l'empire de Théodofe, & peut-être encore au commencement du regne d'Honorius fon fils, fous lequel fut dreffée la notice des provinces & des villes des Gaules, qui place Civitas Aufciorum la derniere en nombre des douze villes de la Novempopulanie, & met la ville de Bazas au neuviéme rang, fous la métropole Elufatium, ordre qui certainement ne s'accorde pas avec ce que dit Ammien. Les autres anciennes notices des Gaules lui donnent le nom de Civitas Aufciorum; mais les unes la placent fous la métropole Elufatium, & immediatement après cette derniere ville, & d'autres en font la métropole de la Novempopulanie, ne mettant Elufatium qu'au dernier rang. Par les fouscriptions de plufieurs conciles, on voit qu'Elufatium ou Elufa ( Eaufe) étoit métropole; Elufa (Eaufe) étoit métropole; & dans un d'Agde du vi fiècle, on trouve Clarus Episcopus de Civitate Elufa Metropoli, & Nicetius Episcopus de Aufciis. Depuis, Eaufe ayant été détruite vers l'an 1200 On 1300 Auch eft devenue métropole de la Novempopulanie. C'eft ainfi que les différentes notices fe concilient felon le tems où elles ont été faites. Auch eft nommée CIVITAS AUSCIUS dans l'Itin. de Bourdeaux; AusCIENSIS URBS, dans Grégoire de Tours, au livre x & CIVITAS AUSCIA, dans Robert. Enfin les notices modernes, & après elles Gervais Tifleberienfis qualifient la ville d'Auch d'archevêché, & la nomment la métropole de la Gascogne, lui donnant dix évêchés pour fuffragans, lesquels font Dax, Lecloure, Comminges, Conferans, Aire, Bazas, Tarbes, Bayonne, Oleron, & Lefcur. Piganiol de la Force, Desc. de la France, t. 4, p. 206, dit que la ville d'Auch eft fituée fur le haut & fur le penchant d'une montagne, auprès de la riviére de Gers. On la divife en ville haute & ville baffe. On monte de cette derniere à la premiere par un escalier de pierres d'environ deux cens marches. L'églife cathédrale que quelques-uns croyent avoir été fondée par Clovis, eft un des plus beaux vaiffeaux qu'il y ait en France. On admire dans le chœur la fculpture des fiéges des chanoines, qui eft parfaite. Les vues du palais de l'archevêché font charmantes. Ce prélat eft feigneur d'une partie de la ville, & le comte d'Armagnac l'eft de l'autre. On croit qu'il y a environ trois mille ames dans Auch.

L'archevêché d'Auch eft un de plus confidérables du royaume pour le revenu, car il vaut au moins, quatrevingt mille livres de rente. Son église métropolitaine eft dédiée à la Vierge, & fon chapitre eft compofé de quinze

dignités & de vingt-cinq chanoines. Les dignités fone le prévôt, les abbés de Faget, d'Idrac & de Cere, les archidiacres d'Angles, de Sabanes, de Sos, de Vic, d'Armagnac, de Magnoac, d'Aftarac, de Pardaillan, les prieurs de Montesquiou, & de Sainte Marie de Nive, & le facriftain qui eft curé. Des vingt-cinq chanoines, il y en a cinq honoraires, dont le roi eft le premier en qualité de comte d'Armagnac, les quatre autres font les barons de Montefquiou, de Montaut, de Pardaillan & de l'Ifle. Il y a dans la ville d'Auch une églife collégiale, compofée d'un doyen, d'un chantre, d'un facriftain & de vingtquatre chanoines, qui ont chacun 350 ou 400 livres de revenu. Ce diocèfe renferme environ 372 paroiffes.

Il y a aujourd'hui à Auch un préfidial, & le fiége principal de la fénéchauffée d'Armagnac. On y a établi fous le regne de Louis XV un bureau des finances; ainfi cette ville eft à préfent chef d'une généralité. Long. 18, 20, latit. 43, 40. Voyez Ausci.

AUCHA, riviere, fur laquelle Jornandés, de reb. Getic. c. 17, dit que la ville de Galtis étoit fituée. Lazius croit qu'il faut lire ANCHA, & que Galtis eft la même que Calatis de Strabon.

AUCHANITES. Voyez AURANITIS.

AUCHATÆ, ou AUCHETA, peuple de Scythie. C'est chez eux que Pline, l. 4, c. 12, met la fource du fleuve Hypanis. Hérodote, Melpom. l. 4, n. 6, en fait auffi mention leur pays fe trouve présentement dans l'Ukraine.

(

AUCHI, peuple des Pays-Bas, felon Alting, Germ. infe. 1, part. p. 12, qui prétend que dans ce paffage de Pline, 1.4, c. 15: Et alia Friftorum Auchorum, Frifiabonum Sturiorum, Marfaciorum) qua fternuntur inter Helium ac Flevum: il ne faut pas lire Cauchorum, comme lifent ceux qui prennent pour un C initial le commencement de la parenthese. Le P. Hardouin rejette la parenthefe & lit CHAUCORUM. Voyez CHAUCI.

AUCHISE & AUCHITA. Diodore de Sicile, 1. s,nomme AUCHISA un peuple de la Cyrénaïque. Ptolomée, l. 4, c. 5, les nomme AUCHITA; mais fon ancien interprete latin lit Auchifa. Hérodote, l. 4, n. 171, qui les nomme AUSCHISĂ ne les met pas dans la Cyrénaïque, il les fait feulement limitrophes du côté du couchant, & les étend au-deffus de Barca jusqu'à la mer, près des ifles Fortunées. Vers le milieu du pays des Auschifes habitent les Cabales, petite nation.

AUCHITÆ. Voyez l'article précédent.

AUCHY, ou AUXI LE CHATEAU, bourg de France en Artois, fur l'Authie, avec titre de marquifat. Il est fur la frontiere de Picardie, à quatre lieues de Hesdin, vers le midi, en allant à Amiens, & autant de Dourlens. Son nom larin eft Alciacum. * Baudrand, éd. 1705, Di&. Géog. des Pays-Bas.

AUCHY LES MOINES, Alciacum. Abbaye réguliere de l'ordre de S. Benoît, au comté d'Artois, fur la petite riviere de Ternois, une lieue au-deffus de Hesdin. C'étoit d'abord une abbaye de religieufes que les Normands détruifirent dans le neuviéme fiécle. Ayant été rétablie, on la donna à des religieux de S. Benoît. Elle vaut 8000 livres. Quelques-uns appellent cette abbaye Auxiles-Moines. Voyez ce mot.

AUDAGAST, ville d'Afrique dans la Mauritanie. Elle eft fituée à l'extrémité du continent qui regarde l'Océan Atlantique, felon Corneille, qui ne cite aucun auteur, & ne dit point fi cette ville eft ancienne ou moderne. AUDANCE. Voyez ANDANCE.

AUDANII. Voyez PEUCETII.

AUDARISTENSES; c'eft ainfi que ce nom fe lit dans Pline, 1.4, c. 1o. Quelques exemplaires portent Adaristenfes. Comme il entend par là les habitans d'ANDARISTus, ville que Prolomée, l. 3, c. 13, met dans la Macédoine, au pays de Pelagonie, il faut lire Andaristenfes.

AUDATTHA, ville de l'Arabie déferte, felon Ptolomée, l. 5, c. 19.

AUDE, riviere de France dans le Bas-Languedoc. Elle tire fa fource des monts Pyrenées, au Rouffillon, près de la Cerdaigne, au-deffus de Puig-Valedor, qu'elle arrofe dans le Capfir; puis, coulant vers le feptentrion en Languedoc, elle arrofe Aleth, Limoux, & Carcaffonne. Delà s'étant accrue de la riviére de Fresquel, & paffant vers l'Orient, elle reçoit quelques ruiffeaux; &

une lieue au-deffus de Narbonne, elle fe partage en deux bras: celui qui va à la gauche eft fon vrai lit, & fe jette dans la Mer Méditerannée, trois lieues plus bas, par l'embouchure dite le GRAU DE VENDRE, à deux lieues de Beziers au midi; mais l'autre bras de l'Aude, qui va à la droite, eft un canal nommé la Robine, qui paffe par Narbonne, & fe jette deux lieues plus bas dans la Mer Méditerannée, par l'étang de Bages. Plufieurs croyent que c'étoit autrefois le vrai courant de l'Aude. Cette riviére a été connue des anciens fous le nom d'Atax; & même on le trouve encore fur les cartes modernes de l'Atlas de Blaeu.

AUDEA, ville de Syrie, dans la Caffiotide, felon Prolomée. Órtélius reprend les interprétes de ce géographe, de vouloir corriger ce mot en celui de Lydéa. La différence eft très-petite quant aux lettres Audia ou A☛Ja; mais le grec porte Adu comme il doit y avoir. AUDELA ou ABDELA, ville d'Afie, vers la Méfopotamie, felon Cedrene & Curopalate, cités par Ortélius. AUDELOPES, ville de la Lybie intérieure, dans les déferts, au-delà des Garamantes & des Nafamons, felon Baudrand, éd. 1682, qui dit que Claudien en a parlé. AUDENA, riviére d'Italie. Elle a fa fource dans l'Apennin, & fe perd dans la Magra, riviére de la côte de Gênes. Tite-Live, l. 41, c. 19, en fait mention, & dit que P. Mutius y combattit ceux qui avoient pillé Pife & Luna, ville fituée fur la Magra, & dont les ruines fe voyent entre fon embouchure & Sarzana.

AUDIA, ville de l'Arabie Pétrée, felon Ptolomée, l. 5, c. 17. Ses interpretes changent encore ce mot en Libya comme ils ont fait celui d'AUDEA.

AUDIENCE: c'eft le nom que les Espagnols ont donné aux tribunaux de justice, qu'ils ont érigés en Amérique. Ces tribunaux jugent fans appel & ont leur reffort limité comme les parlemens de France, quoiqu'ils contiennent plufieurs provinces. Delà vient que fur les cartes on voit l'Amérique divifée non feulement en provinces, mais encore en audiences. Telle eft l'audience de Li

ma,

&c.

AUDIENSE CASTELLUM, place force d'Afrique, dans la Mauritanie, felon Ammien Marcellin, 1. 29, p. 434, éd. Lindebr. Ortélius foupçonne que ce nom pourroit bien venir de ce que cette fortereffe étoit fur la riviére AUDUS. Voyez ce mot.

AUDIERNE, bourg de France en Bretagne, dans le diocèfe de Quimper. Il eft dans une agréable fituation près la mer, dans une petite baye, à l'embouchure d'un ruiffeau qui vient de Pont-le-Croix; devant cette embouchûre eft un banc de fable, en dehors duquel, c'est-à-dire à l'occident, il y a dix braffes d'eau; mais entre cet écueil & la terre ferme, on a fix braffes d'eau jusqu'à ce qu'on entre dans le havre, où l'on n'en trouve que quatre. Audierne eft un bon havre, dit Taffin, dans fa Defc. gen. des côtes de France, p. 8. Le travers d'icelui a un banc, aux deux côtés duquel on peut bien paffer fur fix braffes d'eau. Le bout méridional de ce havre eft bas, l'on entre dedans par le bout oriental. Il n'y a dedans pas moins de trois braffes de profondeur en baffe eau. Long. 13, 15, latit. 48, 4.

AUDIRA. Voyez ABDERE.

AUDOMARI FANUM. Voyez l'article ST. OMER. AUDOMARI PONS. Voyez PONT AUDEMER.

AUDON, promontoire de la Mauritanie Céfarienfe, felon Ptolomée, l. 4, c. 2. Ortélius en fait une ville, en prenant le mot "Axpo pour une épithete, qui marque la fituation de la ville; felon Molet fuivi par Baudrand, ce cap eft appellé aujourd'hui GIBRAMEL. Voyez

[blocks in formation]

4, c. 2. Ses interprétes donnent pour nom moderne Gr GEL, GIGER & GIGERI,

2. AUDUS, montagne de l'Afrique proprement dite, felon le même, l. 4, c. 3.

AVE, en latin Avo, Avonus, Avus, riviére de Por tugal: on l'appelle communément Rio d'Ave. Elle coule dans la province entre Duero & Minho, & fe rend dans l'Océan à Villa de Condé.

AUDURUS, terre en Afrique où étoit une églife fous l'invocation de St. Etienne. St. Auguftin, cité Ortélius, en parle dans le livre de la Cité de Dieu, 1. AUDUS, riviere d'Afrique, dont l'embouchure étoit dans le golfe de Numidie, felon Ptolomée, liv.

[ocr errors]

AVEIN, village du Pays-Bas, dans le Luxembourg à deux lieues de Rochefort. C'eft-là que l'armée de France, commandée par les maréchaux de Châtillon & de Brezé, défit celle d'Espagne commandée par le prince Thomas de Savoye. * Dict. Géogr. des Pays Bas.

AVEIRO, Averium, ville de Portugal dans la provin ce de Beira. Elle est affez confidérable, & capitale d'une Comarca. Elle eft fituée un peu au deffus du rivage de l'Océan à la tête d'un petit golfe que la marée forme à l'embouchure du Vouga, à fept lieues de Porto au midi, & à neuf de Coimbre au nord-oueft. Le Vouga y forme un petit port qui eft un havre de barre, où les bâtimens médiocres qui ne tirent que huit ou neuf pieds d'eau, peuvent entrer dans le tems de la pleine mer fous la con duite des pilotes du lieu. Cette ville eft dans une valte campagne très-bien arrofée de fontaines, & fertile en toutes chofes. Il s'y fait une fi grande quantité de fel qu'on a de quoi fournir deux ou trois autres provinces. Cette ville porte le titre de duché; les habitans ont reçu d'Alphonfe III, roi de Portugal, l'an 1265, ce privilége fingulier qu'il n'eft permis à aucun étranger d'y paffer la nuit fans la permiffion du magiftrat, non pas même à des perfonnes du fang royal. Elle n'a pour toute fortification qu'une muraille flanquée de quelques tours. Il est vrai fon lui fert d'un affez bon rempart, tellement qu'on n'y a rien à craindre du côté de la mer. Il s'y trouve un fort beau couvent de religieufes, où l'on ne reçoit que des filles d'ancienne nobleffe, & descendues de chriftiaon veilhos, ou vieux Chrétiens. C'eft pourquoi il faut qu'elles faffent preuve de l'un & de l'autre avant que d'y entrer.

que port

AVÉIROU, en latin Avario, Averio & Averonius; riviére de France. Elle naît dans le Rouergue, passe à Rhodez, à Villefranche ; & ayant reçu plufieurs petites riviéres, elle fe décharge dans le Tarn, à quelques lieues au-deffous de Montauban. Elle commence à être navigable à St Antonin.

Et

1. AVELLA, ancienne ville d'Italie, connue des anciens fous le nom d'ABELLA, près de la fource de la riviére Clanis, & que l'on nomme aujourd'hui Clanis ou Patria. Strabon, f. 5, p. 249, & Ptolomée, l. 3, c. 1, difent Abella. Virgile, Eneid. 1. 7, v. 740, de même; quos malifera defpectant mania Abela ; car c'eft ainfi qu'il faut lire, & non pas Bella; Silius dit aufli, Pauper fulci cerealis Abella; Frontin, de colon. dit qu'Abella étoit un municipe. L'empereur Vespafien y envoya de fes gens pour y établir une colonic, & les champs en furent enfuite diftribués aux foldats. Juftin prétend que les habitans de Nole & d'Abella étoient uns colonie de Chalcidiens. C'eft préfentement AVELLA.

2. AVELLA, petite ville d'Italie au royaume de Naples dans la province de Labour, fur les confins de la principauté ultérieure, avec un vieux château fur une colline à la fource de la petite riviére de Lagno, (Magin dit Clanio) à quatre milles de Nole au levant feptentrional, & à feize de Naples vers Avellino. * Baudrand, éd. 1705. latit. 40, 57.

AVELLINO, felon Baudrand, en latin Abellinum ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la principauté ultérieure, avec un évêché fuffragant de l'archevêque de Benevent & auquel on a réuni celui de Fricenti, & une principauté de la maifon de Caraccioli. Elle n'eft qu'à un mille de la riviére de Calore, & quatre de Monte Vergine, environ à trente milles au levant de Naples, & presque au milieu entre Bénévent au feptentrion & Salerne au midi, environ à feize milles de chacune. Elle a été presque ruinée par un tremblement de terre le 8 feptembre 1694. Long. 32, 19, latit. 40, 53.

AVELON, petite riviere de France dans le Beauvoifis. Elle vient du pays de Bray près de S. Germer, palle à Beauvais, & après avoir fervi à plufieurs moulins, à nettoyer la ville, & aux manufactures & teintures, fes Tome I. V v v ij

1

eaux fe raffemblent, & cette riviere devient fi groffe & fi grande, qu'elle pourroit être navigable jusqu'à l'Oife, fi on n'y avoit pas fait des moulins depuis Beauvais jusqu'à Montataire, où elle fe jette dans l'Oife.

AVEN, (l') riviére de l'Ecoffe méridionale dans la province de Lothian. Elle fe rend dans le golfe de Firth, près de Linlithquo. Elle eft fort petite.

AVENAY, felon Baugier, Mémoires Hift, de la Champagne, t. 2, p. 57, gros bourg de France, en Champagne, entre Epernay au midi, & Rheims au nord. il eft. fitué dans une gorge de montagnes, & un peu écarté de la riviére de Marne qui paffe à côté.

Louife de Linange, Françoife de la Mark de Bouillon,
Marie-Françoife de Levi de Vantadour, fa niéce de
Beauvilliers, la princeffe Bénédicte de Gonzague, reine
de Pologne, Brulard de Sillery, Marie Canchon de Tre-
lon, niéce du Chancelier de Sillery, du côté de fa mere;
Marie-Eléonore Brulard de Sillery, petite-fille du même
chancelier, niéce de Léonor d'Etampes, archevêque de
Rheims, à laquelle a fuccédé madame de Boufflers,
fœur du feu maréchal duc de ce nom. Les jardins de cet-
te maifon font fort grands, beaux & bien entretenus.
Celui qui eft nommé le Breuil, elt peut-être le plus beau
qui foit dans aucune maifon religieufe de tout le royau-
me. Ce monaftere eft grand, bien bâti, & l'églife, quoi-
qu'ancienne, a un air de beauté. Les religieufes du choeur
font au nombre de 30 à 40, outre les converfes. Il y a dans
l'églife de cette abbaye fix chanoines prébendés à la colla-
tion de l'abbeffe; qui font tenus d'y faire le fervice.
Ce lieu s'appelle en latin Avenacum.

AVENCHE, en latin Aventicum, & en Allemand: Wiflisbourg, ville de la Suiffe, au canton de Berne, & au pays de Vaud. Elle n'a aucun refte de fa fplendeur paffée que le nom & quelques mafures. On voit encore fon ancienne enceinte marquée même à l'un des côtés, par les reftes des murailles qui font debout, & qui ont une tour à demi ruinée, qui fubfifte depuis plus de XII. fiécles. Cette enceinte renferme aujourd'hui des champs très-fertiles, où l'on recueille 200 facs de dîme, d'où l'on peut juger de fon étendue. Elle étoit à peu près ronde, & avoit environ 2400 pas communs de diamètre. A l'un des côtés eft la ville moderne d'Avenche, qui eft d'une étendue médiocre, & qui n'en occupe qu'un petit coin. Cette ville a été autrefois très-confidérable, étant la capitale de toute la Suiffe, fous l'empire romain. Elle a été ruinée deux fois. En 1076, Burcard, évêque de Laufanne, la ferma de murailles, & la mit dans l'état où elle eft aujourd'hui. On y a déterré une infinité d'anciens monumens qui font autant de preuves de fa premiere splendeur, des inscriptions romainès, des médailles d'argent & de bronze de divers empereurs, jusqu'à Constantin, des pièces de sculpture, des urnes, des pavés à la mofaïque, &c. En 1674, on déterra dans un champ près de la ville, un très-beau pavé à la mofaique qui repréfentoit divers oifeaux, avec la date au milieu: PomPEIANO ET AVITO COSS. KAL. JAN. ce qui defigne l'an 210 de Jefus-Chrift. En 1700, on en trouva encore un autre, qui repréfentoit une tête en feu, & diverfes autres figures aux quatre coins, avec cette inscription: PROSTHASIUS FECIT. On voit dans le verger, qui eft derriere le château du bailli, les reftes d'un amphithéatre. Audeffus de la ville on apperçoit de fort loin une colonne de marbre très haute qui paroît avoir été une piéce d'un portail de quelque édifice magnifique. On voyoit aufli ci-devant, le long du grand chemin, de gros quartiers de marbre, avec d'excellentes fculptures, qui ont fervi fans doute dans quelque temple; mais on s'en eft fervi en 1710, pour réparer l'églife de la ville. On en trouve cependant encore de toutes femblables à l'une des portes de la ville, fur lesquelles on remarque des figures de dauphins très-bien faites, taillées apparemment pour le temple de quelque divinité marine. Le lac de Morat alloit, dit-on, autrefois jusqu'aux portes de l'ancienne enceinte d'Avenche, où il y avoit un port. On prétend qu'on y a trouvé de gros anneaux de fer pour attacher les bateaux. Aujourd'hui le lac en eft éloigné de demilieue. Voyez AVENTICUM. Long. 24, 37, latit. 46, 50.

L'abbaye de S. Pierre d'Avenay eft un monaftere de filles de l'ordre de St Benoît, dans ce bourg. Ce monaftere, qu'on dit de fondation royale, fut conftruit & fondé vers la fin du feptiéme fiécle, par St. Gombert, frere de faint Nivard, archevêque de Rheims; & par fon époufe fainte Berthe, dont la naiffance ne pouvoit être que très-illuftre, quoique l'hiftoire n'en dife rien, ayant épousé le beaufrere de Childeric II, roi d'Auftrafie, & depuis roi de France, marié à Blotide ou Bilechide fœur de St. Gombert, que quelques hiftoriens croyent avoir été maire du palais. D'autres prétendent que fainte Berthe fonda feule ce monaftere: & que St Gombert fonda en même tems un autre monaftere de filles à la porte de la ville de Rheims, appellée à préfent la porte Bafée ou Bafilicaire, où eft le college de l'U niverfité. Il fe nommoit monaftere royal ou fiscal; & quand le college fut bâti, on y voyoit des reftes d'un cloître, près la chapelle faint Patrice. Ce monaftere fubfiftoit encore du tems de Flodoard, fous les rois Charles le Simple, & Louis d'Outremer fon fils. Les revenus de ce monaftere ont été augmentés par les rois de France & par les comtes de Champagne; St Gombert avoit eu des enfans d'un premier mariage; mais on croit qu'ayant époufé fainte Berthe, il vécut avec elle en continence. Saint Gombert ayant fait bâtir à Rheims le monaftere de religieufes, dont nous venons de parler, fous la régle de faint Benoît, & dont les biens furent unis dans la fuite à l'archevêché de Rheims, il paffa en Irlande, où il fonda un monaftere d'hommes, dans lequel il mena une vie angélique; mais quelques barbares étant entrés en Irlande, & ayant porté dans ceroyaume le fer & le feu, ils n'épargnerent pas ce monaftere ni faint Gombert, auquel ils couperent la tête. Berthe imita l'exemple de fon époux, & fit construire à fon tour le monaftere d'Avenay, dont nous parlons: elle y mit des filles de faint Benoît qui la choifirent pour leur abbeffe, & elle vécut en cette folitude dans la pratique continuelle de toutes les vertus chrétiennes. Elle mourut aufli-bien que fon époux d'une mort violente; car elle fut affaffinée dans fon lit par les enfans du premier lit de St Gombert fon époux, en haine de ce que leur pere avoit employé la meilleure partie de fes biens à fonder des monafteres, & à donner à Ste Berthe de quoi fonder richement celui d'Avenay. Le corps de St Gombert ayant été apporté à Avenay du vivant de cette fainte, & par fes foins, ces deux époux furent inhumés dans le même tombeau, qu'on voit encore aujourd'hui dans une chapelle de cette abbaye, d'où ils furent tirés dans la fuite du tems, & mis chacun dans une châffe d'argent où ils font à préfent dans une chapelle pratiquée dans le cloître des religieufes, avec deux autres châles de même métal, où font enfermées les reliques de quelques autres faints, & où il y a toujours une lampe allumée. On prétend qu'il s'eft fait dans les fiécles paffés plufieurs miracles au tombeau de faint Gombert & de fainte Berthe, pour la guérison des infenfés, & qu'il s'en eft fait auffi de nos jours qui ont été bien avérés, & qu'il continue de s'y en faire encore. L'on y vient pour cet effet en pélerinage de tous les endroits du pays. Parmi le grand nombre d'abbeffes qui ont fuccédé à fainte Berthe, il y en a eu plufieurs recommandables par leur haute naiffance, & par leurs vertus; mais fans entrer dans le détail de toutes ces abbeffes, on fe contentera de remarquer que la premiere dont on ait eu connoiffance depuis fainte Berthe, s'appelloit Alix, & qu'elle vivoit au milieu du onzième fiècle. La premiere nommée abbeffe par le roi François-I, en vertu du concordat, fut AVENE, abbaye de religieufes, ordre de S. Benoît, Françoife, fille d'une vertu exemplaire; & après elle dans l'Artois, fur la Scarpe, près & au couchant d'Arras. été abbeffes fucceffivement Marguerite de la Diefe,-AVENIO, nom latin d'AVIGNON. Voyez ce mot.

ont

LE BAILLIAGE D'AVENCHE eft d'une étendue mé diocre, & comprend huit ou neuf paroiffes; mais ce qui le rend plus confiderable, c'est le nom de la ville d'Avenche. Ce bailliage occupe une partie des bords du lac de Morat, & quelques endroits au bord du lac de Neuchatel, dans les Vullies, dont une partie eft du bailliage de Morat, favoir celle qui eft au bord du lac de ce nom; & l'autre partie, qui eft fur le bord du lac de Neuchatel, eft du bailliage d'Avenche. Là eft Cudrefin, petite ville, mais ancienne, fituée au bord du lac de Neuchatel. Il n'y a rien de fort remarquable dans ce bailliage.

AVENDONIS. Voyez ADELSPERG.

1. ÅVENIONETUM, nom latin d'AVIGNONET, bourg de France dans le haut Languedoc, au diocéfe de faint Papoul.

2. AVÊNIONETUM, nom latin de la NAPOULE, Village de France, en Provence. Voyez NAPOULE. AVENNA, ville de Gaule. Grégoire de Tours en parle en plus d'un lieu. Voyez AVESNE.

AVENNE, petite riviere de France dans le bas Languedoc. Elle prend fa fource à trois lieues de la mer, près du village de Cardet dans le diocèfe de Montpellier, & fejette dans l'étang de Taur entre Boufigues, & les bains de Balaruc. Le nom d'Avon, & celui d'Avenn, fignifient dans la langue Celtique, riviere, & font des noms appellatifs. Il y a en balle Bretagne deux rivieres qui n'ont point d'autre nom que ce nom appellatif, non plus que la riviere dont nous parlons. Il y a aufli une riviere dans le pays des Galles, quia confervé ce même nom. AVENS, nom latin de la Curefe, riviere d'Italie, où elle tombe dans le Tibre.

AVENTICUM, ancienne ville capitale des Helvétiens. Il en faut diftinguer trois. La premiere, dont Ptolomée, Tite-Live, Tacite, &c. font mention, fut détruite, à ce que l'on croit, par Attila. La feconde fut bâtie des ruines de la premiere par les rois des Bourguignons. Elle étoit ruinée à la fin du VI fiécle, puisque fon évêque Marius, auteur de la Chronique qui porte fon nom, transféra fon fiége épiscopal à Laufanne. La troifiéme eft celle qui fubfifte aujourd'hui fous le nom d'Avenche en Suiffe, au canton de Berne dans le pays de Vaux, & que les Allemans appellent Wiblipurg ou Wiflibourg. Voyez Avenche. Les Helvétiens, ayant pris le parti de Vespafien contre Vitellius, à l'occafion de ce que la dix-neuvieme légion s'étoit emparée des fommes deftinées au payement de la garnifon de Bade, Cecinna, qui dans ces cantons commandoit pour Vitellius un corps de trois de trois mille hommes, & qui étoit d'un naturel bouillant, prit feu fur le champ, & marcha contre eux, après avoir fait avertir les Rhétiens ou Grifons d'attaquer les Helvétiens en queue, tandis qu'il leur feroit tête avec les troupes. Les Helvétiens furent taillés en piéces ; & l'on pour fuivit les fuyards jusqu'à la montagne Vocelium ou Botsberg. Après avoir pillé leur camp, & ravagé la campagne, on marcha droit à Aventicum, capitale du pays, d'où des députés vinrent offrir de rendre la ville; & leur propofition fut acceptée. Cùmque, dit Tacite, Ann. l. 1, direptis omnibus Aventicum gentis caput jufto agmine peteretur,miffi qui dederint civitatem, & deditio accepta. Au fujet de cette défaite des Helvétiens ou Suiffes par Cécinna, Tacite dit encore dans le même livre: Irrivavenum ingenium turbidum (Cecinna) Helvetii: Gallica gens olim armis virisque, mox memoria nominis clara. Dans le tems que cet historien écrivoit, les Suiffes, autrefois illuftres par leurs guerres & par le de leurs troupes, ne courage l'étoient plus que par leur ancienne renommée. Ce qui fait parler ainfi Tacite, c'eft que Vitellius, pour punir les Helvétiens, retrancha leur pays de la lifte des provinces de la Gaule Celtique dans laquelle Jules-Céfar l'avoit compris, & en incorpora une partie dans la province Rhétienne & l'autre dans la province Séquanoife, à la réferve d'un petit pays fur le Rhin. La Ruff, en latin Urfa, fépara l'Helvétie Séquanoife de l'Helvétie Rhétienne. Vespalien & fes fils Tite & Domitien dédommagerent un peu Telvécie de la perte de fon rang de province de l'Empire. Ils voulurent la récompenfer de ce que fes troupes avoient très-bien fervi au fiége de Jérufalem, de ce qu'elle s'étoit déclarée contre Vitellius, & de ce que c'étoit cette province que Flave Sabin, pere de Vespafien, avoit choifie pour s'y retirer. Ils donnerent à la ville d'Aventicum le nom & les priviléges de colonie, avec le titre d'alliée. Rheims, Langres & quelques autres villes des Gaules jouiffoient de ce dernier titre. C'est ce qui fe prouve par différentes inscriptions, entre autres par une que Gruter, Guillima, Tfchondi, Stumph & Simler rapportent entiere, & que les quatres derniers affurent avoir vue en original & copiée de leur main. On y lit ces paroles COLONIA PIA FLAVIA CONSTANS EMERITA AVENTICUM HELVITIORUM FOEDERATA; qu'il faut ponctuer ainfi Colonia, Pia, Flavia, Conftans, Emerita, Aventicum Helvetiorum, Foederata. Mais les empereurs Vespafien, Tite & Domitien n'ayant point rétabli la province Helvétique, Aventicum Helvetiorum palla

dans la fuite pour être une ville de la province Séquanoife. Dans le tems que Vitellius, ou par lui même, ou par fes lieutenans, partagea l'icivetie aux Rhétiens & aux Séquanois, il diminua la Gaute Ceinque, pour augmenter la Belgique, & fit de celle-ci cinq grandes provinces, qui furent Provincia Maxima, ou implement Maxima Sequan rum, ainfi nommée parce quelle etoit la plus grande des cinq,, comprenant les quejores, les Sequaniens, les avaques & les elvetiens; c'eft-à-dire, à légard de ces derniers Aventicum, avec la partie de l'Helvétie en-deçà de la Ruff relativement aux Sequaniens, qui de même que les Rauvaques & les Helvetiens avoient été compris par Jule-Céfar dans la Gaule Celtique. La feconde piovince fut Belgica prima, ayant Trèves pour capitale. La troifieme Beg.ca ecunda, ayant Rheims. La quatrieme Germania prima, ayant Mayence; & la cinquieme Germania fecunda, ayant Cologne. C'eft dela que l'on appella Ceto-Beiges tous les peuples de ces provinces; ce qui a été obfervé depuis Prolomée & Pline, par tous les écrivains poftérieurs, jusqu'à la décadence de l'empire fous Honorius & Valen

tinien III.

Tous les hiftoriens font convenus dans tous les tems de la fituation d'Aventicum fur le lac de Morat en Suiffe; mais il y a plus de quarante ans qu'un FrancComtois, jaloux de l'honneur de fa province, ayant trouvé qu'Aventicum étoit fitué dans la province appellée Maxima Sequanorum, (on vient de voir plus haut pourquoi) fit imprimer huit differtations pour prouver qu'Aventicum n'eft point Avenche en Suiffe, mais Antre en Franche-Comté. Marquard Wild prit en 1710 avec chaleur la défenfe de fa patrie, & réfuta très-favamment & très folidement tout ce que le Franc-Comtois avoit avancé, mais on peut dire que ce fut du tems, de l'érudition & du bon fens bien mal employés. L'ouvrage qu'il combattit ne méritoit que le plus fouverain mépris. C'efc un tiffu de fuppofitions gratuites, telles que celles-ci, qu'Antre étoit un féjour des Druides ; ce qui ne fe trouve nulle part; que le pays étoit riche en mines d'or, ce qui n'eft dit par aucun auteur; & que la ville avoit été épiscopale; mais il eft certain par l'ancienne pofition des évêchés de ces cantons, qu'Antre ne le fut jamais. A ces fuppofitions fe joignent des ignorances groffieres, comme des paffages de différens auteurs mal entendus, & nulle connoiffance de la dispofition des chemins de l'empire. C'eft pour ne les avoir pas connus, que l'auteur prétend que les Romains paffoient par Antre pour fe tendre d'Italie dans la Germanie; pendant qu'il eft constant qu'ils n'ont jamais pris d'autre route que par la Suiffe, en paffant, foit au-deffus, foit au-deffous du lac de Genève, & qu'ils ne fe font jamais avifés d'allonger leur chemin par la Franche-Comté. Il ne faut que confulter les différens itinéraires. Enfin ce Franc-Comtois cft d'as-. fez mauvaise foi, comme on l'a vu ci-devant au mot Avanche, par un paffage de Pline, qui parle des Avantiques, peuples de Dauphiné, que ce moderne, en fupprimant trois mot du paffage, transporte en FrancheComté. Ces raifons m'ont fait fupprimer, comme trèsennuyeux & très- inutile le vafte extrait que de la Martiniere a fait des differtations du Franc-Comtois & de l'ouvrage de Marquard Wild.

ب

AVENTIN, (le Mont) l'une des fept montagnes, fut lesquelles la ville de Rome étoit bâtie. Sa fituation eft entre le mont Palatin, le mont Célius & le Tibre. On voit aujourd'hui, fur fon fommet, l'église de Ste Sabine avec deux autres. Ce fut Ancus Martius qui la renferma dans Rome, où elle tint le quatriéme rang. Son circuit eft d'une grande étendue, car elle prend depuis Sainte Marie in Cosmedin, appellée l'Ecole des Grecs, & s'étend jusqu'aux murs de Rome qui la bornent à l'orient & au midi un de fes côtés touche le grand cirque & les bains d'Antonin, & l'autre le Tibre & le mont Testace. Un grand fillon, qui prend depuis la porte de St Paul jusqu'au jardin de Cerchi, la partage par le milieu, de façon que cette colline eft comme divifée en deux.

Le nom d'Aventin a été fait, felon Varron, du mot aves, oifeaux: ou du mot adventus, arrivée, à caufe du grand concours de peuple qui fe rendoit au temple de Diane que l'on voyoit encore dans cet endroit lorsque l'on commença à bâtir la ville de Rome. On y arrivoit de tous les côtés du pays latin, par le moyen des barques

avec lesquelles on traverfoit les marais qui font au pied. Le même Varron tire encore l'origine de ce nom de celui de la riviere Avens, dans le pays des Sabins. TiteLive, après Denis d'Halicarnaffe & Feftus, veulent qu'elle ait pris fon nom d'Aventinus, roi d'Albe, qui fut enterré dans ce lieu lorsqu'il eut été tué dans la guerre contre les Toscans.

Anciennement cette montagne étoit couverte d'une forêt épaiffe, à la faveur de laquelle Cacus commettoit fes brigandages, ce qui a fait dire à Ovide, Fast. liv. 1, v. SS1.

Cacus Aventina timor atque infamia fylve. La plus grande partie des arbres de cette forêt étoit des lauriers, ce qui au rapport de Pline, 45, c. 30, a fait donner le nom de Lauretum à une partie de la montagne. Le fommet fut appellé Remuria, parce que ce fut dans ce lieu que Remus confulta les augures pour la fondarion de Rome.

Le célèbre temple de Diane étoit vraisemblablement aux environs du lieu où l'on voit l'églife de Ste Prisque. Il avoit été élevé par quelques-uns des peuples du Latium. Les Romains le rétablirent à la perfuafion de Servius Tullius; c'eft-là qu'étoit le temple de Junon, que Camille fit bâtir après qu'il eut vaincu les Véiens, & les temples de la Lune, de la bonne Déeffe, de Jupiter Ilicée, de la Victoire & de la Liberté. On y voyoit auffi la caverne de Cacus, & felon quelques-uns les dégrés Gémoniens, (c'étoit une espéce de voirie où l'on jettoit les corps des criminels.) Enfin c'eft-là qu'étoit l'Armiluftre, parce qu'on y facrifioit tout armé. Tite-Live, l. 41, c. 32, met le mont Aventin au-delà de la porte Tergemine, c'est-à-dire, de l'ancienne enceinte de Rome. Denys d'Halicarnaffe, l. 3, c. 43, au contraire le renferme dans l'ancienne enceinte de la ville. Le P. le Jai, dans fes notes fur Denys, leve ainfi cette difficulté. Il eft, dit-il, aifé d'accorder les deux hiftoriens. L'hiftorien latin ne renferme point dans la ville l'espace qu'occupoit le Pomarium au-delà des murs. L'hiftorien grec pouffe plus loin les bornes de Rome, & ne les termine qu'au-delà des murs qui enfermoient le mont Aventin, quand il commença d'être habité. Denys d'Halicarnaffe parle ainfi de cette montagne. Il (Ancus Martius) augmenta de beaucoup l'enceinte de Rome par le mont Aventin qu'il y enferma. Cette montagne eft médiocre pour fa hauteur, elle a près de dix-huit ftades de tour. Elle étoit alors couverte d'un agréable bouquet de lauriers. A préfent, il n'y a plus que des bâtimens, & entr'autres un temple dédié à Diane. L'Aventin étoit autrefois féparé du mont Palatin, où les premiers fondemens de Rome furent jettés dans une profonde vallée, qui depuis a été comblée & a réuni les deux montagnes dans une même ville. Le P. le Jay obferve que cette vallée étoit plantée de myrthes, d'où la montagne même portoit le nom de MONS MYRTHEUS. C'est peut-être pour cette raifon, ajoute-t-il, qu'au pied de la montagne, il y avoit un temple confacré à Vénus, parce que le myrthe eft fous fa protection. Reprenons la description de Denys: Ancus qui crut que cette colline pouvoit être un lieu de défenfe contre les furprifes de l'ennemi, la fit entourer de murailles & d'un foffé. Il logea dans ce canton ceux qu'il avoit fait paffer à Rome de Tellene, de Politorion & des autres villes conquifes. Cette montagne porte préfentement le nom de MONT DE SAINTE SABINE, à caufe de l'églife qu'on y a bâtie fous l'invocation de cette fainte. On dit pourtant auffi l'AVENTINO; mais lorsqu'il s'agit de l'antiquité, il faut toujours dire l'AVENTIN, ou le MONT AVENTIN.

AVENTON. Voyez ABONIS.

AVEO, petite ville de Turquie dans la Natolie, & fur le détroit de Gallipoli; elle a un bon port. On l'a prend mal-à-propos pour l'Abydos, fituée à l'oppofite de Seftos. J'ai averti à l'article ABY DOs que c'est une er

[blocks in formation]

577; il eft rond, & des montagnes l'environnent excepté du côté de la mer, où l'on defcend par une pente douce de quarante à cinquante pas de largeur. On a dit malà-propos qu'il n'avoit point de fond; on l'a trouvé avec une corde longue de quarante toifes. Ce lac fut autrefois appellé Aorne, qui vient de l'a grec privatif, & opis, oifeau, comme qui diroit fans oifeaux; mais depuis par quelques changemens de lettres, il a été nommé par corruption Averne. Il est auffi nommé lac Acherufien; c'eft pourquoi on le trouve appellé dans Virgile, Aneid. l. 6, v. 106, tenebrofa palus Acheronte refufo. Il porte auffi le nom de lac de Tripergola, à caufe de la contrée dans laquelle il eft. Autrefois l'air étoit fi peftilentiel au-deffus, que les oifeaux qui y voloient y tomboient morts; & fon eau étoit fi mauvaise, que l'on ne pouvoit en boire fans courir rifque de la vie. C'eft ce qu'en ont écrit Virgile, Æneid. lib. 6. v. 237, Lucrece, Silius Italicus, Pline & quantité d'autres anciens. Il eft cependant certain qu'aujourd'hui les oiseaux volent & nagent fur les eaux de l'Averne. Les changemens opérés dans ce lieu par la main des hommes, font caufe qu'on ne le reconnoît plus dans les descriptions que les anciens nous en ont laiffées; mais c'eft à tort qu'on les accufe impofture à ce fujet : il est aisé de les en justifier, & Pline fur-tout,que l'on s'apperçoit tous les jours avoir beaucoup moins menti qu'on ne la prétendu; d'ailleurs comme il ne faifoit que compiler ce qu'une infinité d'auteurs avoient dit, il n'eft garant que de ce qu'il avance de lui-même. Il devoit bien connoître le lac Averne, puifqu'il avoit une maifon de campagne dans le voifinage; & lorsqu'il dit que l'air de ce lac tuoit les oifeaux, c'est d'après l'autorité de Varron, qu'il cite. On voit par-là que de fon tems, fous l'empire de Vespafien & de Titus, cet air avoit perdu fon extrême malignité: l'on en trouve la raison dans Strabon. Ce géographe raconte que la puanteur de ce lac avoit été caufée en partie par les grands arbres qui penchoient fur les bords, qui le couvroient & l'environnoient; & que, ces bois ayant été coupés par l'ordre d'Augufte, l'air y devint pur & ceffa de caufer ces effets ordinaires. Voilà Pline entiérement juftifié; mais outre les changemens arrivés dans ce lieu, par les travaux faits en différens tems, il a dû recevoir auffi des révolutions naturelles auxquelles prefque tout le territoire de la Campanie eft fujet. Bocace, qui vivoit il y a trois cens ans, rapporte dans fon Traité des lacs, que quelque torrent fouterrain de fouffre, s'étant mêlé dans l'Averne, les eaux de ce lac s'empuantirent & firent mourir beaucoup de poiffons; ce qu'il dit avoir vû de fes propres yeux. Ce fait fuffit pour montrer que quelque tremblement de terre a pû boucher les canaux de communication, par lefquels fe répandoit dans l'Averne ce qui empoifonnoit autrefois fes eaux; & ce qui en faifoit exhaler une matiere fubtile, d'autant plus dangereufe, que la fource en étoit toujours renfermée fous l'abri des grands arbres qui l'environnoient. Au refte, les hiftoriens ne difent pas que ces exhalaifons fiffent mourir les oifeaux qui voloient dans la moyenne région de l'air, au-dessus du lac; & l'on ne doit entendre ce qu'ils en difent, que de ceux qui voloient fort bas audeffus de l'eau. Il n'eft douteux que pas fi la grote chien avoit vingt fois plus d'étendue qu'elle n'en a, & qu'une hirondelle y volât en rafant la terre, jamais elle ne s'en pourroit relever: & pourquoi ne voudroit-on pas qu'une chofe femblable foit arrivée autrefois fur le lac d'Averne? Ne voit-on pas dans l'hiftoire naturelle d'Angleterre, que les oyes fauvages tombent mortes, quand elles fe rencontrent juftement au-deffus d'un certain endroit de la plaine de Withay en Yorkshire? Les changemens que le lac Averne reçut d'Augufte, ne fe bornérent pas à fes arbres abattus, dont il eft parlé dans Strabon; Velleius & Suétone difent qu'il fit faire un port du lac Averne & du lac Lucrin. Hoftenius croit avoir vu les veftiges de l'embouchure de ce port, qui fut nommé Portus Julius ; c'eft ce que l'on a peine à concevoir aujourd'hui. Le lac Lucrin eft prefque entierement comblé; & du bord de la mer au lac Averne, on monte toujours.

du

Quoique le mot Averne vienne d'A". opres, comme le dit Virgile, il y a tant de lacs qui portent ce nom, qu'on le peut prefque regarder comme un nom général, pour ces fortes de gouffres fulphureux que les anciens appel

« PrécédentContinuer »