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Les géographes font convenus entre eux que ces lettres initiales voudroient dire en abrégé fur les cartes ou tables géographiques.

Ordre de S. Benoit.
Ordre de S. Auguftin.
Ordre de S. Auguftin.
Ordre de Cîteaux.
Ordre de Citeaux.

A. H. O. B.--Abbaye d'Hommes, Ordre de S. Benoît.
A. F. O. B.-Abbaye de Filles,
A. H. O. A--Abbaye d'Hommes,
A. F. O. A.--Abbaye de Filles,
A. H. O.C.--Abbaye d'Hommes,
A. F. O. C.--Abbaye de Filles,
A. H. O. P.--Abbaye d'Hommes, Ordre de Prémontré.
capitul. l. 1, c. 76.

1.

ABBEFIORD, bourg & port de Norwege. L'atlas de Blaeu l'écrit OBBEFIORD. Il eft fitué dans un petit golfe où font trois ifles. L'entrée de ce golfe eft vers les 58 d. 44' de latit. feptentrionale. Il eft dans le gouvernement d'Aggerhus, à vingt lieues de Chriftiania vers le fud-oueft. ABBEVILLE, ville de France dans la baffe Picardie, capitale du comté de Ponthieu. Elle s'appelle en latin, Abbatis Villa, Abba Villa, & felon des actes du moyen âge, Abaci Vocilla. Elle eft à 19 d. 29' de longitude, & à sod. 7' de latit. à 2 lieues de S. Riquier, à 4 de S. Valery fur Somme, à 5 de Blangi fur Brefle, de la ville d'Eu & de la mer. C'étoit (a) autrefois une métairie qui appartenoit à l'abbaye de S. Riquier. Cette métairie fe peupla au point qu'elle devint un Bourg qu'on nommoit Abbatis Villa, d'où l'on a formé ABBEVILLE.

Le roi Hugues fit bâtir un château dans ce lieu pour arrêter les courfes des Barbares (b) l'an 980, & y établit fon gendre, qui régna par la fuite fous le nom de Hugues Capet. Ceci détruit l'opinion de Sanfon, qui croit qu Abbeville eft l'ancienne Britannia, dont Scipion demanda des nouvelles aux députés de Marfeille, qui allerent le trouver à l'embouchure du Rhône, d'ailleurs Céfar n'en parle point.

Cette ville eft aujourd'hui tres-peuplée. Il y a douze paroilles: S. Georges, S. Gilles, Ste Catherine, (c) S. Eloi, le S. Sépulcre, S. Paul, S. Jacques, S. André, NotreDame du Châtel, Notre-Dame la Chapelle, le petit S. Ulfran, & le grand S. Ulfran. Cette derniere eft collégiale & paroiffe en même tems; le curé, qui eft chanoine, fait l'office paroiffial dans la chapelle S. Nicolas Cette collégiale fut fondée par Guillaume de Lalras, (d) comte de Ponthieu, qui y établit douze chanoines en 1111, & Jean, fon fils, en 1121, leur donna vingt prébendes. Ce chapitre eft aujourd'hui compofé d'un doyen, d'un chantre, d'un tréforier & de vingt-deux chanoines. Tous ces bénéfices font à la nomination du roi, par la réunion du comté de Ponthieu à la couronne. Il y a fix monafteres d'hommes (e): le prieuré de S. Pierre, ordre de Cluni, les Minimes, les Cordeliers, les Dominicains, les Carmes Déchauffés, les Capucins, & une Chartreufe qui eft hors la Ville; huit de Filles: des Dominicaines, des Carmelites, des Urfulines, des Filles de la Vifitation, des Filles de S. François, dites les Sœurs Grifes, & les abbayes de Notre-Dame d'Efpagne & de Villencourt, toutes deux de l'Ordre de Cîteaux. Il y a préfidial, fénéchauffée, élection, grenier à fel, un hôtel - dieu & un hôpital pour les pauvres orphelins, un collége, dont le principal eft chanoine-né de S. Ulfran. La riviere (f) de Somme paffe au travers de cette ville. Abbeville eft fortifiée de murailles (8) flanquées de baftions, avec de larges foffés, & fermée par quatre portes. L'an 1665, on établit à Abbeville, en faveur des fieurs Van Robais (), holandois, une manufacture de draps. Louis XIV leur accorda plufieurs priviléges, & principalement une franchife de tous droits d'entrée fur les matieres néceffaires pour les draps qu'on y fabrique. La qualité de ces draps eft peu inférieure à ceux d'Angleterre & de Hollande. Il y a encore dans Abbeville plufieurs autres manufactures, une de mocades & de tripes rayées; la chaîne de cette étoffe eft de lin, la trame de laine de toutes couleurs pour les figures qui fe forment de la tirée : une de baracans, & une de droguets infiniment fupérieurs en qualité à ceux qui fe fabriquent en Angleterre. Il y a auffi quatre favonneries de favons gras, noirs & verds, pour dégraiffer les laines à fabriquer, & dont le produit va au-delà de cent mille livres, année commune. On y débite tous les ans pour plus de trois cens mille livres de groffes toiles, qui ne font propres qu'à faire des

facs, des emballages ou des voiles de navires, Ony fait des toiles, qui, après avoir été mifes en teinture, fervent à faire des doublures. Les fufils & les piftolets d'Abbeville font affez eftimés. Les barques que la riviere de Somme amene de la mer jufqu'au milieu de la ville, y apportent toute forte de marchandifes en échange des draps. & des toiles qu'elles y chargent. Cette ville eft la patrie de plufieurs hommes illuftres, entr'autres de Nicolas Sanfon, mort en 1667, de Pierre Duval, & du P. Philippe Briet, jéfuite, mort en 1669, tous trois fameux géographes, & de Philippe Hecquet, célébre médecin de la faculté de Paris (4). Had. Valef. (b) Piganiol de la Force, Nouv. defcript. de la France, t. 3. (c) Corn. Dict. (d) Piganiol, ibid. (e) Corn. Dict. (f) Piganiol; ibid. (8) Corn. Dict. (h) Piganiol, ibid. pag. 37.

ABBINGTON, Ville d'Angleterre. On l'écrit plus communément ABINGTON, OU ABINGDON. Voyez ce mot. ABCAS, ABASSI, peuples d'Afie entre la Circaffie, la Mer Noire & la Mingrelie.Quelques-uns les appellent ABCASSES, ABASSAS, ABAGES & ABASQUES, ABSSAES. Ils habitent le pays nommé par les géographes Abafcie, vers le 45 deg. de latit. & font un peu moins fauvages que les Circafliens leurs voifins, mais ils ont comme eux un grand penchant pour le larcin & le brigandage; ils donnent en échange des marchandifes que les négocians leur portent,des hommes,des fourures,des peaux de daim, de tigre, du lin filé,du buis,de la cire & du miel. On prend avec eux les mêmes précautions qu'avec les Circafliens; c'est-à-dire que la barque du vaiffeau va tout proche du rivage avec des gens bien armés, qui ne laiffent approcher de l'endroit où la barque eft abordée, qu'un nombre d'Abcas pareil au leur. S'il en vient un plus grand nombre, la barque fe retire au large. Lorfqu'ils fe font abouchés, ils fe montrent les denrées qu'ils ont à échanger, ils conviennent de l'échange & le font. Il faut être bien fur fes gardes, car ils ne manquent jamais l'occafion de faire un larcin quand elle s'offre. Ces peuples ont été autrefois chrétiens; à préfent ils ont à peine la religion naturelle. Ils habitent, comme les Circalliens, des cabanes de bois, & vont prefque nuds; chaque homme fe regarde comme l'ennemi de fon voilin; & s'il peut le faire efclave il le vend aux Turcs & aux Tartares. Les Abcas ou Abaffes font en général bien faits. Ils fent très-foumis à leurs princes ou chefs. Ils n'enterrent point leurs morts, les mettent feulement en des caiffes faites de quelque tronc d'arbre,les fufpendent à un arbre & pendent une partie des meubles du mort autour de fon cadavre. Chardin, Voyages, t. 1, p. 120. Hift. généal. des Tatars, p. 304.

ABCORRENG, riviere d'Afie dans la Perfe. Elle arrofe une partie de la Chaldée, & fe rend enfuite dans l'Euphrate. Il y en a encore une autre de même nom dans le voifinage. Le premier de ces fleuves eft beaucoup plus gros & plus égal en tout tems, & on a tâché de le faire entrer dans le fleuve de Zenderoud. Le roi Thamas y travailla dans le feiziéme fiecle, & fon deffein étoit de percer un paffage au pied des montagnes qui féparent ces fleuves; mais les vapeurs fulphureufes & minérales qui en fortoient étouffoient les travailleurs, en forte qu'il fallut abandonner cette entreprife. Abas le grand concut un autre projet ; c'étoit de couper la montagne pour que l'eau pallat au travers; mais les froids exceflifs qui font ordinaires dans ces pays, & les neiges qui y tombent en abondance, firent abandonner les travaux, quoique déja fort avancés. Abas II y fit travailler à deux reprifes. Son président de juftice, Ogourlou-Beg, tâcha de faire remonter les eaux par le moyen des digues. Enfuite le premier miniftre Mahamed-Beg, qui aimoit les méchaniques, voulut faire fauter par des mines les montagnes. Tout cela ne réuffiffant pas, on a regardé l'exécution de ce projet comme impoffible, & on l'a abandonné.* Chardin, Voyages, t. 8. p. 7.

ABCOUDE, prononcez Abcou, village des Pays-Bas dans la feigneurie d'Utrecht, fur le chemin de cette ville à Amfterdam, dont il n'eft éloigné que d'environ trois petites heures de chemin, entre les rivières d'Amstel & de Vecht. Quelques Auteurs Latins le nomment Abekew alda, qui femble l'étymologie d'Abcoude, qui a enfin dégénéré en Abcou. Il en eft fait mention dans l'acte de permutation paffé entre les églifes de S. Jean & de S. Martin d'Utrecht, l'an 1085. * Alting. not. Germ.

infer. part. 2, pag. 2. Abdal curia, pag. s.

ABDARA, ancienne ville d'Efpagne dans le royaume de Grenade. On la nomme aujourd'hui ADRA. Quelques auteurs latins l'ont nommée ABDERA, comme Pomponius Mela, 1. 2, c. 6, & Strabon, l. 3, p. 157. Ce dernier nous apprend que les Pheniciens l'avoient bâtie. Pierre, évêque d'Abdara, foufcrivit au premier concile de Sé ville. L'évêché a été enfuite transféré à Almeria. * Car. à S. Paulo. Geogr. Sac. pag. 182.

1.ABDERE, (a) ancienne ville maritime de Thrace dans la province de Rhodope, Abdera, a, au fingulier, & Abder, arum, ou Abdera, orum au pluriel. Elle étoit, felon Ptolomée, Geog. vet. Oxon. t. 3. à 52 deg. 50' de longit. & à 41 deg. 45' de latit. feptentr. & felon le P. Riccioli, Geogr. ref. l. 9, à 49 deg. 25' de longit. & à 42 deg. 16 de lat. feptentr. Mela, 1. 2, & Solin, Polyh. xvI. difent qu'elle fut fondée par Abdéra, fœur de Diomede, roi de Thrace. On voit dans Goltzius une ancienne médaille Grecque avec ces mots ABAHPAZ KOPAZ; c'est-àdire, felon le P. Hardoin (num. ant. p. 8) de la vierge Abdera. Etienne (b) aime mieux dériver ce nom d'Abderus, fils d'Erim. Selon Hellanicus, & quelques autres anciens, ce même Abderus étoit un des compagnons d'Hercule, & fut mangé par les chevaux de Diomede. Herodote, l. 1, c. 68, en attribue la fondation à Temefius de Clazomene. Les Clazoméniens la nommerent CLAZOMENE, & y commencerent vers la trente-unieme olympiade () un établiffement qui fut diffipé par les Thraces. Cent douze ans après, les Teïens, opprimés dans l'Ionie, fe réfugierent à Abdere, qu'ils rebâtirent. Lucien, de conferib. hift, raconte que fous le regne de Lyfimachus, les Abderitains ayant aflifté à la repréfentation de l'Andromede d'Euripide durant une chaleur exceffive, ce fpectacle fit une fi forte impreffion dans leurs cerveaux, qu'on les voyoit faifis d'une fiévre ardente, courir les rues, en récitant des vers d'Euripide; ce qui dura, dit-il, jufqu'à l'hyver qu'un grand froid emporta toute cette trénéfie, qui paffa depuis en proverbe. Les Abderitains, elon Ovide, in ibin. immoloient un homme à certains jours, & l'affommoient à coups de pierre. Ce qui a le plus contribué à rendre cette ville célébre, c'eft le fameux Democrite (4) qui en étoit citoyen, auffi bien que Protagore & Anaxarque philofophes, Hécatée hiftorien, Nicenete poëte, & autres hommes fameux de leurs tems. Juvenal, fat. x, v. 50, a pourtant nominé ce pays, la Pa

trie des moutons.

Niger a fuppofé qu'Abdere eft la même que Maximianopolis; mais il fe trompe, car entre les peres du concile de Calcedoine () on voit Serenus, évêque de Maximianopolis, & Jean, évêque d'Abdere. Quelques-uns comme Sophien, (f) croyoient que fon nom moderne eft POLYSTILO. Le P. Riccioli, Géog. réf. l. 9&11, la nomme ASTRIZZA, ASPROSA & ASPEROSA. Ce dernier nom lui eft aufli donné par Niger, qui a été fuivi par Baudrand, Corneille, &c. Cependant Mercator & Blaeu les diftinguent l'une de l'autre. Corneille dit qu'Abdere étoit fituée à l'embouchure du fleuve Neftus. M. de l'Ifle, Gracia fept. lui affigne la même place dans une de fes cartes. Les atlas de Mercator & de Sanfon la placent à l'orient de ce fleuve, & Ptolomée, pag. 89, fait Abdere de vingt-cinq minutes plus orientale que ce fleuve, qu'il appelle Nefos ou Nefus. Bunon, dans les cartes qu'il a jointes à fon édition de l'introduction de Cluvier, a trèsbien diftingué Afperofa d'Abdere, & ces deux villes de celle de Maximianopolis. L'évêque d'Abdere () reconnoiffoit pour métropolitain celui de Trajanopolis. (2) Car. & S. Paulo, géog. fac. p. 13. (b) Steph. Bys. in Voce ABAHPA (c) Voff. in Melam. (d) Mela Loc. cit. (e) Car. à S. Paulo, pag. 325. (f) Ortel, in voce ABDERA, (3) Car, à S. Paulo.

*

2.ABDERE,ancienne ville épifcopale de l'Afrique proconfulaire, felon le P. Charles de S. Paul dans fa géographie facrée, p. 88 & 89. Holftenius remarque que cette ville eft la même qui eft nommée Abbir & Abdirita,dont l'évêque Felix, martyr, eft nommé dans l'hiftoire de la perfécution des Vandales par Victor d'Utique.

ABDIARE. Vincent le Blanc dit que c'eft un royaume de la dépendance de Pegu. Sanfon a mis, dans fes cartes de l'Afie, Abdiare fur la même riviere que la ville de Pegu, environ à vingt lieues plus au nord, mais il ne l'a marqué que comme un village, bien loin d'en faire

un royaume. Maty a dit, fans pourtant nommer aucun auteur, qu'Abdiare eft un royaume de l'Afie dans l'Inde, au-delà du Gange, au nord de celui de Pegu, duquel il dépend; que fa ville capitale, qui porte le même nom, eft fituée fur la riviere de Pegu, environ à vingt lieues au-deffus de la ville de ce nom. Corneille a adopté cet article. M. de l'Ifle, ni l'atlas de Blaeu, ainfi que les autres cartes ne font aucune mention de ceroyaume, & je le crois imaginaire, à moins que quelque relation plus véridique ne nous en confirme l'existence.

;

ABDON, ville de la Palestine, dans la tribu d'Afer (a) elle étoit dans le partage des Lévités. Elle eft écrite Ardon dans l'onomafticon d'Eufebe; mais l'ordre alphabétique & la traduction latine de S. Jerôme font voir que c'eft une faute des copiftes. Il eft vrai que cette ville n'est point nommée dans la lifte (b) des villes affignées à la tribu d'Afer; mais la ville d'Acco n'y eft pas non plus nommée, quoiqu'elle en fût véritablement. (c) Du refte, nous n'en favons que le nom, & il y a eu de la témérité à la placer fur les cartes géographiques au bord d'un fleuve près de Tyr, à l'orient de Sarepta; car cette pofition n'eft fondée fur aucune autorité. (a) Nous ne fommes pas fùrs qu'elle fût au lieu où des géographes l'ont pofée, & ils étoient auffi en droit de la mettre à trente milles delà. Les cartes que l'on fait pour éclaircir l'antiquité ne font eftimables qu'autant qu'elles font appuyées fur des témoignages certains des anciens auteurs. * (a) Jof. 21, 30, 1. Chr. 6, 74. (b) Jof. 22, 29. (c) Judic. 1, 31. (8) Reland. Paleft. p. 518.

ABDULUATES, nation ancienne d'Afrique, qui a tenu le royaume de Tremecen avant les Romains. C'étoit une branche des Zenetes, venue des Magaraos, qui ont commandé dans toute l'Afrique. Les Zenetes ayant été chaffés par les Romains, reprirent l'empire depuis, avec le fecours des Gots, ausquels ils payerent un certain tribut, jufqu'à ce que les fucceffeurs de Mahomet s'emparerent de l'Afrique, dont toutes les provinces devinrent fujettes aux califes d'Arabie après la conquête d'Espagne. Mais enfin leurs divifions affoiblirent leur puisfance, & alors les Africains, qui s'étoient fauvés dans les déferts de la Libye, commencerent à fe rapprocher, parce que les Abduluates, qui n'attendoient que l'occa fion, rentrerent dans le royaume de Tremecen, où ils furent reçûs favorablement, enforte qu'ils y regnerent plus de trois cens ans; enfuite les Almoravides ou Almohades les affujettirent en les chaffant quelquefois, & fe contentant en d'autres tems de les rendre tributaires, jusqu'à ce que Gamarazan Benzein fe fouleva fur le déclin de l'empire des Almohades, & laiffa le royaume de Tremecen à fes defcendans fous le titre de Beni-Zenetes, que tous ceux qui lui fuccéderent prirent depuis ce tems-là en quittant celui d'Abduluates. Il me femble que dans cet article, que Corneille a emprunté de Marmol, traduit par d'Ablancourt, il eft moins queftion d'une nation que d'une famille. * Marmol, l. 5, c. 11.

ABECOUR, Alba curia, abbaye de France, de l'ordre de Prémontré, au diocèfe de Chartres, affez près de S. Germain-en-Laye. Elle fut fondée en 1180 par Guafcon de Poifi, beau-frere de Bouchard de Montmorenci, dont il avoit époufé la four, nommée Alix. L'églife en fut confacrée à la fainte Vierge vers l'an 1191, par S. Thomas, archevêque de Cantorberi, qui y féjourna quelque tems pendant fon exil en France. Les premiers religieux qui s'y établirent étoient de l'abbaye de Marcheroux diocèfe de Rouen, c'eft pourquoi elle en releve. Le revenu de l'abbaye d'Abecour eft d'environ fix mille livres. L'abbé eft un religieux. * Corn. Dict. Piganiol de la Force, nouv. Defc. de la France, t. 5, p. 167.

ABEDDE, ville d'Afrique, dans la Guinée; elle est fituée fur la même riviere qu'Ackram, & deux lieues plus bas. C'est une bonne place, ceinte de murailles de pierres, & d'un bon rempart. Les atlas de Blaeu, de Sanfon & de M. de l'Ifle n'en font aucune mention. * Corn. Dict. Voyageur curieux, c. 4.

ABEDIT, ville des Indes, grande & riche, & fituée proche de l'ifle de Diou, en terre ferme, fi nous en croyons Vincent le Blanc, part. 1, ch. 15, il ajoute que le trafic eft confidérable à Abedit, parce qu'elle eft habitée de plufieurs marchands juifs, chrétiens, maures & gentils. On n'y punit point les criminels de mort, on les emprisonne

J'avertis

C

J'avertis ici, une fois pour toutes, que cet auteur eft très-fabuleux, & qu'il femble avoir pris à tâche de nommer & de décrire des villes que perfonne n'a vues, ni avant lui, ni après. Celle-ci peut être du pombre.

1. ABEE, ancienne ville de Gréce dans la Phocide. On la nomme en latin Aba ou Aba. Cellarius la place au midi de la montagne d'Hélicon, entre les villes Ascra & Ambriffus. M. de l'Ifle la place fort différemment au nord-ouest de cette montagne, & au midi de celle de Cirphis. Abée avoit un riche temple confacré à Apollon, & les oracles que les prêtres y rendoient en fon nom étoient fort renommés dans la Gréce. Hérodote, l. 1, c. 46, met cet oracle au nombre de ceux que Créfus envoya confulter, & il remarque, l. 8, c. 33, qu'il étoit encore en vogue de fon tems. Etienne le géographe, au mot ABAI, croit que cet oracle étoit plus ancien que celui de Delphes. Not. Orb. Ant. l. 2, c. 13.

2. ABEE, Abea ou Abaa, ancienne ville du Péloponèfe, fur le golfe Mefféniaque. Ptolomée l'appelle Abea, & la met à 49 d. 5o'. de long. & à 35 d. 10'. de lat. feptent. C'étoit la derniere ville maritime des Melléniens du côté de la Laconie. Corneille n'eft pas exact quand il dit qu'on l'a auffi appellée Huria, Thuria & Epea. Pour Huria, je ne fais ce que c'eft: Thuria & pea font deux noms d'une même ville, fituée à l'occident du fleuve Pamifus, un peu au-deffous de fon embouchure, dans le golfe Melleniaque, & cette ville eft fi différente d'Abée, qu'il y avoit la ville de Phare ou Pheræ entre deux. Polybe, legat. 53, les diftingue dans un paffage où il dit que les villes d'ABIE, (Abée) de Thuria & de Phara furent détachées des Mefféniens. Paufanias, l. 4, c. 30, compte 70 ftades entre Phare & Abée. Il y a apparence que les ABEATES, dont parle Pline, l. 4, c. 6, étoient les habitans de cette ville, que quelques-uns nomment ABIE, entre autres Polybe, dans le paffage cité. Corneille ajoute que quelques - uns veulent que le temple brûlé par Xerxès fut dans cette ville, & non pas dans l'Abée qu'habitèrent les Abantes. Hérodote, l. 8, c. 33, ne laiffe aucun lieu d'en douter, & dit clairement que ce temple étoit dans la ville d'Abée en Phocide. Corn. Dict. au mot Abée.

3. ABÉE, Abea, ville de Gréce, dans la Locride Epicnémidienne, felon Paufanias. * Ortel. ad vocem ABA.

4. ABEE, Abea, ville de la Carie, felon Etienne le géographe,p.3,not. 13,édit. Berkel;fur quoi un de fes commentateurs avoue qu'il n'en a pû trouver aucune autre trace dans les hiftoriens, ni dans les autres géographes.

SLe fcoliafte de Sophocle expliquant ces paroles de l'@dipe Tyran: Il n'est pas nécessaire que j'aille en péle-. rinage au temple de Delphes, ni à celui qui eft à Abée, remarque que cette ville étoit dans la Lycie, & Démétrius Triclinius, entraîné peut-être par l'autorité du fcoliaste, dit la même chofe; cependant Héfyche, au mot Asa, entend d'Abée, ville de Phocide, ce même pasfage de Sophocle. Il eft certain qu'Apollon étoit adoré avec beaucoup de dévotion dans la Lycie, entre autres lieux à Patare, où il rendoit fes oracles durant les fix mois d'hyver, à quoi Virgile fait allufion dans ces deux vers:

Qualis ubi hybernam Lyciam, Xantique fluenta
Deferit, ac Delum maternam invifit Apollo.

Je remarquerai en passant que Segrais a traduit ces deux
vers d'une maniere à faire croire qu'il ne les entendoit pas.

Tei du Xante glacé, quittant l'âpre féjour,
Apollon en Délos fait fon heureux retour.

Ce n'étoit pas les glaces du Xante qu'Apollon fuyoit, puisqu'il n'en partoit qu'au printems: hyberna Lycia veut dire dans Virgile, qu'Apollon rendoit fes oracles en Lycie pendant l'hyver, comme on le verra plus amplement à l'article de PATARE.

ABEHER, ville de Perfe. Voyez EBHER. ABEILE, riviere d'Afie, dans le Zagathai, province de la grande Tartarie: elle a fa fource dans le royaume de Gete, & coulant vers le fud-oueft, elle paffe à Uskunt, &va fe jetter dans le Sihun, ou Jaxartes, avec lequel elle va fe perdre dans la mer Cafpienne. * Cartes pour l'Hift. de Timurbec & Ginghifcan."

ABEIN, fource d'eau minérale, en Auvergne : elle eft à quatre lieues de la Queuille, fur le chemin d'Iffoire,

dans les montagnes, près de la Croix-morand & du mont
lépre & autres maladies. On croit qu elles paff nt par des
d'Or. Ces eaux, qui font chaudes, font connes contre la
mines de fer. * Corn. Dict. Davity, Auvergne.

ABEL: ce nom a été donné à plufieurs lieux, dont l'és
criture fainte fait mention. Voici les principaux.

ap

ABEL BETH-MAACHA, ville de la Terre Sainte,
dans la Galilée, ou du moins dans une des provinces fep-
tentrionales. Car il eft dit que Joad, II reg. 20, 14, qui
l'afliégea, traverfa toutes les tribus d'Israël. Elle ett
pellée Mere d'Israël dans le même chapitre, v. 19, &
diftinguée de Beth-Maacha dans le même paffage. M. Re-
land (2) foupçonne qu'au nom d'Abel on joignoit le nom
d'une ville voifine, pour éviter toute équivoque; &'il
Sarepta de Sidon & Thaanat de Silo. Il doute que cette
appuye ce foupçon fur l'ufage des Hébreux, qui disoient
mas. Elle eft nommée entre Dan & la contrée de Kin-
ville foit la même qu'Eufebe place entre Panéas & Da-
nereth, dans le récit des progrès du Roi Benhadad: il
eft dit, III reg. 15, 20, que ce roi envoya les chefs de fon
armée contre les villes d'Israël, & qu'il frappa Ahion
Dan, & Abel Beth-Maacha, & tout le canton de Kinne-
reth. Dans les paralipomenes, II paral. 16, 4, où cette
hiftoire eft répétée, cette ville eft nommée ABELMAIM.
Jofeph (b) fait mention d'Abel Machea, ville forte &
métropole des Israëlites. D. Calmet (c) croit que cette
ville eft la même qu'ABILA, HOBAL, ABEL-MAIM,
ABILA de Lyfanias, & ABILA dans le Liban. Il ajoute
qu'elle étoit fituée à la gauche, c'est-à-dire au nord de
Damas. (a) Palestina, p. 519. (b) Antiq. 7, 10 & 8, 6.
() Dict. de la Bible.

de la mer Morte, dans un lieu fécond en palmiers. C'eft
ABEL HASSHITTIM, (a) ville de la Palestine, près
peut-être la même dont Eufebe & S. Jerôme in Onomaft.
midi. Quelques-uns la prennent pour Abel Mitzraim.
ont dit qu'elle étoit dans le défert des Moabites, vers le
fur le Jourdain, de laquelle nous parlerons ci-après;
mais il femble qu'Abel Mitzraim étoit à l'occident de ce
fleuve, & Abel Hafshittim à l'orient. Jofeph, Antiq. l.
5, init. met Abel Satim à foixante ftades du Jourdain, &
même lieu que les Israëlites fe fouillèrent avec les filles
Eufebe la place au pied du mont Phogor. Ce fut dans ce
connoître la terre de Jericho. Le nom de Satim felon Jo-
des Moabites, & d'où Jofué envoya fes espions, pour
feph, Sattim felon S. Jerôme, eft écrit Settim & Setim
dans la vulgate, & vient de l'Hébreu Schittim, forte
dans fon commentaire fur Michéé in c. 4, les décrit ainsi.
d'arbres dont il y avoit quantité dans ce lieu-là. S. Jerôme
Il y a dans le défert un certain arbre qui reffemble à l'é-
pine blanche
non pas pour la grandeur; car ces arbres font fi hauts &
pour la couleur & pour les feuilles, mais
fi gros, qu'on en fait de grands ouvrages de menuiferie.
faite beauté; il ajoute que les ouvrages qu'on en faifoit
Ce bois eft très-fort, extrêmement léger, & d'une par-
étoient pour les perfonnes riches & curieufes. * Reland,
Palæft. p. 520.

ABEL KERAMIN, bourgade dont il eft parlé dans le
livre des Juges, c. 11, v. 35, où nous lifons que Jephtê
pourfuivit les Ammonites jufqu'à Abel Keramim, & les
interpretes l'expliquent par ABEL DU VIGNOBLE OU ABEL
DES VIGNES, & Eufebe remarque que c'étoit encore de
fon tems un village où il y avoit des vignes. Il ajoute
que ce lieu étoit à fix milles de Philadelphie. S. Jerôme
dit à fept milles.

ABEL-MAÏM. Voyez ABEL BETH-MAACHA.

ABELMEA, petit village, entre Sichem ou Néapolis
l'appelle Abelnea; mais on croit que c'est une faute des
& Bethfan ou Scythopolis. Eufebe dans fon onomafticon
copistes.

maft ABEL MAULA, felon S. Jerôme, & Abel-Mehula
ABEL MECHOLA, ABEL MELAI, felon Eufebe, Ono
felon la vulgate, ville de la Palestine, dans la demi-tribu
prophéte Elifée, III reg. 19, 16, & l'une des villes com-
de Manaffé, en deçà du Jourdain. C'étoit la patrie du
prifes dans les principautés de Salomon. Eufebe, Ono-
maft. dit que de fon tems c'étoit un village dans la plaine
du Jourdain, à 18 milles de Scythopolis, vers le midi :
S. Jerôme ne met que dix milles de diftance. Ils la diftin
hula ou Abel Mea. * Dict. de la Bible.
guent d'Abelmea; & cependant D. Calmet dit Abel Me-
ABEL MITZRAIM. (a) Ce nom, qui fignifie le deuil
Tome I.

B

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c eft

des Egyptiens, fut donné par les Cananéens au lieu où Jofeph it les funérailles de fon pere, avec une grande troupe de monde qu'il avoit menc avec lui. Ce heu devoir être près du Jourdain; car nous lions dans la Genele: lorfqu'ils furent venus à ! AIRE D'ATAB, qui eit hitué au-delà du Jourdain, ils célébrerent les funciailles pendant fept jours; ce que les habitans du pays de Canaan ayant vu, ils dirent: voilà un grand deuil parmi les Egyptiens; pourquoi ils nommerent ce lieu LE DEUIL DEGYPTE. Le texte hebreu porte : ils nommerent celica Abet mitzraim. Il faut remarquer aufli que la Vulgate dir au-delà, mais que Hébreu tar en-degi. S. Jeroine fuivi par D. Calmet (b) & autres avans, croit que c'eft le meine enmême droit qui fut nommé dans la fuite BETHAGLA, & quelque distance de Jéricho & du Jourdain, à l'occident de ce fleuve. Le mot Abel has peut fignifier les pleurs, & dans ce dernier article il ett pris en ce fens-là. Mais il fignifie auffi une campagne, & c'eft dans cette feconde fignification qu'il faut le prendre dans les précédens.

Eulebe Onomaft. & S. Jerôme font mention d'APELA Ou ABILA, à laquelle ils ajoutent le nom DES VIGNES. Selon eux, c'étoit une ville célébre à douze milles de Gadara, vers l'Orient. Sanfon, Index Geogr. la confond avec Abel Keramin, & il prétend que c'étoit la même ville qui étoit à douze milles de Gadara & à fept de Philadelphie, à 68 d. 4 de longitude & à 32 d. 26 de latitude feptent. D. Calmet foupçonne que c'eft la même qu'ABELA entre Jabès & Gadara proche de Pella, & qu'ARBELLA, dont Eufebe fait mention, & qu'il dit être dans la dépendance de Pella, pourroit bien être la même qu'Arbela. Eufebe & S. Jerôme font au!li mention d'une autre ville nommée ABELA dans la Phénicie, entre Damas & Paneas, laquelle il ne faut pas confondre avec Abila dont je parlerai plus bas. * (a) Genefe, c. 50, 10 & 11. (b) Dict. de la Bible.

ABEL LA GRANDE. C'étoit un gros rocher qui fe trouva dans la campagne des Bethfaites fur lequel on des Bethfaites fur lequel on plaça l'arche d'alliance lorfqu'elle fut renvoyée par les Philiftins, 1 reg. vi, 18, 19. Elle porta ce nom, qui fignifie le grand deuil, apparemment à caufe du grand nombre des Bethfamites qui furent frappés de Dieu dans cette occafion; car l'écriture dit qu'il mourut cinquante mille foixante & dix hommes. * D. Calmet, Dict. de la Bible.

ABELLE, petite riviere de Pologne. Elle a fa fource près de Siefiki, village de Samogitie, & coulant d'orient en occident; elle fe joint à la Niewiaza, vis-à-vis du bourg Kyeydany. Sa fource eft par les 55 d. de latit. Son embouchure n'eft plus feptentrionale que de quelques minutes. * Atlas de Blaeu & de Sanfon.

ABELLINAS. En latin Abellina Vallis, la plaine où eft fituée la ville de Damas, entre le Liban & l'Anti-Liban. *Corn. Dict.

ABELLINUM. Selon Ptolomée, nom latin d'Avellino. ABEN; ce mot qui fignife une pierre, eft fort commun dans la géographie fainte.

ABENAQUIS, & non pas ABNAQUIS, ni ABNAQUIOIS, comme plufieurs l'écrivent, & le prononcent, nation fauvage de la nouvelle France. Les vrais ABENAQUIS font les Canihas dont le pays eft aux environs du Kinibequi, ou Kanibequi, comme il eft écrit dans quelques mémoires, d'où l'on peut inférer qu'on devroit écrire Kanibas. Voyez Kinitequi. Les Micmaks, ou Souriquois, anciens habitans de l'Acadie, & les Etechemins voifins des Canibas, s'étant liés d'intérêt & de religion avec ces derniers & la langue de ces trois nations étant à peu près la même, on les a depuis ce temps là affez fouvent confondus fous le nom d'ABENAQUIS, ou de nations ABENAQUISES. Ils font tous chrétiens, fort doux, mais fainéans, & pauvres. Pendant les guerres de 1688, & de 1700, ils ont fait une cruelle guerre aux anglois de la nouvelle Angleterre en faveur des françois. Hift. de la

nouvelle France.

ABEN-BOHEN, c'eft-à-dire la pierre de Bohen fils de Ruben. Il en eft parlé dans le livre de Jofué, 18 v. 17. Ce lieu étoit dans la tribu de Benjamin fur les frontieres de celle de Juda, affez près de la mer morte. D. Calmet* dit de plus, qu'elle faifoit la féparation entre les tribus de Juda & de Benjamin du côté de l'orient, dans la vallée qui conduit à Adommin. * Dict. de la bible. ABEND, mot allemand qui fignifie le foir, eft em

ployé par les géographes de cette nation pour exprimer le couchant.

ABENESER, felon S. Jerôme, Onomast. ou ABENETER, felon Eufebe, c'eft à-dire la pierre de l'aide, lieu fitué dans la Paleftine fitué dans la Palestine, entre la ville de Jérufalem & Ascalon, auprès du village de Bethfamé. Ce lieu eft remarquable, parce que ce fut de là que les Philiftins, 1 feg. C. 4, V. I, C. §, V. I, emmenerent l'arche d'alliance, après avoir défait les Israelites. On voit dans le premier livre des rois c. 7, V. 12, à quelle occafion cette pierre fut pofée en ce lieu, & d'où lui vient le nom qu'elle a long-tems confervé.

ABENOJA, bourg d'Efpagne dans la N. Caftille, au fud-oueft de Ciudad Real, & proche la Guadiana.

ABENOW, en latin Abnobia & Abnoba, montagne d'Allemagne dans la Souabe.Ptolomée l'appelle ABNOBA; Pline l. 4, c. 12 & Tacite de morilus Germ. c. 1, en font mention en parlant du Danube qui y a fa fource. Feftius Avienus v. 437 dans fa description de l'univers, dit:

Alnoba mons iftro pater efi: cadit Abnoba hiatu. Ce nom fe donne auffi à une étendue de pays montagneux, qui fait partie de la Forêt noire dans la Souabe, & qui va le long de ce fleuve jufqu'à Durling; il s'appelle à prétent le comté de Baar, & appartient aux princes de la maifon de Furftemberg, Zeyler, Topog. tueviæ, p. 30.

*

ABLNSPERG, ou ABENSBERG, (a) ville d'Allemagne dans la haute Baviere, dans le gouvernement de Munich. Elle eft fituée fur la viere d'Abents qui lui donne fon nom, a lorient de Neuftatt, & d'ingolftat, à 8 lieues de cette derniere ville. Latinéraire d'Antonin & la notice de l'Empire la nomment bujina. Le célébre hiftorien de Bavière traduifit en latin fon nom de Jean d'Abensberg Johannes Aventinus, de forte que nous ne le connoiffons que par le nom francifé d'Aventin. Ce lieu dans les anciens titres latins eft nommé Aventinium. Suivant une ancienne tradition dont on montre encore des traces, (b) le fameux comte Babon y tenoit fa cour avec fes trente-deux fils & fes huit filles, & fe qualifioit feigneur du château & de la ville d'Abensperg. Dans des mémoires (c) manufcrits on lit qu'il y avoit autrefois un couvent de carmes fi riches des aumônes qu'on leur faifoit, qu'à certain jour tous les ans il s'y affembloit plufieurs milliers de perfonnes à qui on diftribuoit des pains, & vingthuit boeufs que l'on tuoit exprès. Ce couvent de carmes, qui y fubfifte encore, fut fondé l'an 1389 par Jean seigneur d'Abenfperg. Le duc Albert ou Albrecht de Baviere prit cette ville après la mort de Nicolas d'Abenfperg, dernier feigneur de ce lieu, lequel fut maffacré par les foldats de Chriftophe duc de Baviere en 1485.Cette feigneurie fut promife au duc Albrecht à titre de fief impérial par l'empereur Fréderic III dont il avoit époufé la fille. Enfuite l'empereur Maximilien lui vendit & céda entierement cette feigneurie l'an 1493. Cette ville a un petit territoire où fe trouvent Altmanftein & Rohr, lieux où il y a marché, deux cloîtres, un château, deux terres feigneuriales & autres, long. 29, 25, latit. 48, 50. * (a) Zeyler, Topog. Bavar. p. 8. (b) Andr. Brunner. part. 2, Annal. l. 9, p. 767. (c) Zeiter ibid.

ABENTS ou ABST riviere d'Allemagne dans la haute Baviere. Elle a fa fource auprès du village de Hernkirchen; & coulant vers le feptentrion, elle arrofe Bibourg d. Abensperg g. & fe recourbant vers le couchant, elle fe vuide dans le Danube auprès de Neuftadt.* Zeyter Topog. Bavar. Atlas de Jaillot, & de Sanfon.

ABERAVON, petit bourg d'Angleterre, dans la principauté de Galles, fous la province de Glamorgham, à vingt-huit milles d'Angl. de la ville de Cardyff, & à pareille diftance de Caermarthen, felon l'Atlas d'Allard, & à vingt-deux felon celui de Blaeu. Elle eft felon le premier à la hauteur de 51 d. 52'. de latitude feptentrionale & à 14 d. 51'. de longitude, & tire fon nom de l'Avon, riviere qui l'arrofe à l'orient, & qui a fon embouchure un peu au-deffous. * Atlas d'Allard & de Blacu.

ABERBORN, ville d'Ecoffe, dans la province de la Lothiane. Les Atlas de Blaeu, d'Allard, & de Sanfon n'en font point mention. Davity, cité par Corneille, dit qu'elle eft fituée fur la riviere d'Efck, proche du golfe de Firth: que c'étoit autrefois le féjour le plus agréable des comtes de Mortan, & que du tems de Bede,

il y avoit un monaftère fameux. * Corn. dict.

ABERCOBAB, ville de Perfe, dans la province d'Aragian, entre les pays de Fars & d'Ahovaz. Kaicobab, premier roi de Perfe, de la race des Kayanides, la fit bâtir, & elle en porte le nom. Le mot perfien Aber,qui fignifie au-deffus, fait connoître qu'elle eft fituée fur une montagne. * D'Herbelot, bibl. orient.

ABERCONWEY, ou CONWEY, d'autres écrivent ABERCONWAY, en latin Aberconovium, petite ville d'Angleterre, au nord de la province de Caernarvan, dans la principauté de Galles. Elle prend fon nom de la riviere de Conwey, à l'occident de laquelle elle eft fituée auprès de fon embouchure. L'itinéraire d'Antonin fait mention de Conovium, ville à préfent détruite, & à la place de laquelle on voit un village nommé Caerhean, c'est-à-dire ville ancienne. Il eft fitué au midi de la nouvelle à une heure de chemin, latit. 53, 24. Edouard premier fit bâtir Aberconwey des ruines de Conovium. * Cambden brit. pag. 284.

Dans les noms géographiques de la grande Bretagne, Aber, joint à un nom de riviere, marque toujours que de lieu ainfi appellé eft à l'embouchure de la riviere dont le nom eft compofé avec ce mot.

ABERCOUH ou ABERCOUEH, ville de l'Iraque perfienne. Elle commande une campagne eftimée la plus fertile & la plus riche de toute la Perfe. Cette campagne s'étend jusqu'au territoire d'Iftachar, que l'on croit être l'ancienne Perfépolis. Ce mot Abercouh fignifie chez les Perfans le fommet d'une montagne. On compte depuis cette ville jufqu'à Hifpahan, vingt parafangues qui font quatre-vingt mille pas. Le traducteur de la vie de Timur Bec, t. 1, p. 445, qui la nomme Abercouh, dit qu'elle eft de la dépendance d'Iftachar, & fituée à 87 d. jo'. de longitude & à 31 d. 30'. de latitude; ce qui doit s'entendre de la maniere de compter, ufitée par les géographes du pays. * D'Herbelot, bibliot. orient.

ABERDEEN, ABERDEN, ABERDON OU ABERDONE, ville maritime d'Ecoffe, dans la province de Marr, à l'embouchure de la riviere de Don. Ce font deux villes que l'on confond dans le difcours ordinaire, quoiqu'elles foient véritablement diftinctes l'une de l'autre & féparées par un intervalle de mille pas. On nomme l'une le vieux Aberdeen ou old Aberdeen, & l'autre le nouveau Aberden, ou nieu Aberden.

LE VIEUX ABERDEEN eft la même ville que les anciens ont connue fous le nom de Devana, dans la région des Taxaliens ou Tæfaliens. Ptolomée, p. 33 la place à 19 d. de longitude & à 57 d. 50'. de latitude feptentr. Les géographes plus anciens ne la pouvoient gueres connoître, car l'Ecoffe, où elle eft, s'étant long-tems défendue contre le joug des Romains, qui même bâtirent une muraille pour le mettre à couvert des incurfions des Ecoffois, fut appellée la Bretagne des barbares. Cette ville a été épifcopale depuis que l'évêché de Murtlay y fut transféré fous le regne de David en 1130. Le corps de S. Benan, premier évêque de Murtlay, fut transféré à Aberdeen, c'est ce qui a donné lieu à le qualifier dans le martyrologe romain, 16 Déc. d'évêque d'Aberdeen, quoiqu'il ne l'ait pas été ; mais on y fait une faute plus confidérable, en ce qu'on y met Aberdone en Irlande. Le P. Lubin a très-bien remarqué cette faute. L'églife cathédrale eft une des plus belles d'Ecoffe, mais l'univerfité eft le plus grand ornement de cette ville. L'évêque Elphington l'érigea l'an 1500, & fit bâtir la plus grande partie du collége. Cependant on lui a donné le nom de King's college, ou college royal depuis que le Roi Jacques IV s'en déclara le protecteur. L'églife & le clocher font bâtis de pierres de taille, & le haut du clocher eft fait en forme de couronne impériale. Dans cette univerfité il y a un principal, quatre profeffeurs en philofophie, un profeffeur en humanités, un en Théologie, un docteur en médecine, un profeffeur des langues orientales, & un autre pour le droit civil, auxquels on a propofé d'ajouter un profeffeur de mathématiques. Il eft forti de grands hommes de cette univerfité. *Etat préfent de la G. Bret. tom. 2. pag. 269.

LE NOUVEL ABERDEEN eft fitué à l'embouchure de la Dée. Cette ville eft proprement la capitale de la province, puifque les Sherifs y tiennent leur Cour, outre qu'elle furpaffe toutes les autres villes de l'Ecoffe feptentrionale en beauté, en grandeur & par fon négoce.

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Elle eft avantageufement placée, dans un très-bon air, fur trois collines, dont la plus haute eft occupée par la principale partie de la ville qui s'étend fur la plaine. Les maifons y font bien bâties, la plupart à quatre ou cinq étages, avec des jardins, & des vergers qui contribuent à l'ornement du lieu & à la fanté des habitans. Au côté occidental de la ville il y a deux fources qui fortent d'une colline. L'une eft d'eau claire, & l'autre d'une eau minérale, dont le goût & la vertu approchent fort des eaux de Spa en Allemagne. Le docteur Guillaume Barclay a compofé un traité fur cette eau. L'églife de faint Nicolas eft un beau vaiffeau bâti de pierres de taille, & fon clocher eft fait en forme d'aiguille. Cette églife étoit autrefois divifée en trois. Les autres édifices publics font une maifon de correction, trois hôpitaux, fans parler d'un autre fondé par un particulier. La douane eft auprès du havre. Pour l'éducation de la jeunefle, elle a une école latine fondée par le docteur Dune, & gouvernée par un maître & trois foûmaîtres. Il y a d'ailleurs un collège ou une académie qu'on appelle Marshal college, fondé par George, grand maréchal d'Ecoffe, en 1593. Mais la ville a fort aggrandi ce collège à fes propres fraix, & l'a orné d'une belle bibliothèque, à quoi plufieurs favans ont contribué, auffi bien qu'à le fournir d'inftrumens de mathématique. Il y a dans ce collége un principal, quatre profeffeurs en philofophie, un en théologie, & un autre en mathématique, auxquels on a ajouté un profeffeur en médecine. Cette ville a eû auffi des favans illuftres.

Ces deux villes font nommées indifféremment en latin Abredonia, Aberdonium, Aberdona, Aberdonia, Aberdone & Aberdo. Il femble felon l'étymologie que leurs noms devroient être différens, & qu'on devroit dire Aberdon, ville à l'embouchure de la Don; & Aberdeen, ville à l'embouchure de la Dée; mais je ne fache pas que perfonne ait fait cette diftinction, & l'ufage eft de confondre ces deux noms. Les Ecoffois difent Aberdeen de toutes les deux. Maty a fort bien remarqué qu'il y avoit univerfité dans chacune des deux villes; & je m'étonne que Bayle, à qui ce livre n'a pu échapper, & qui étoit d'ailleurs fi ami de l'exactitude, n'ait pas effacé pour l'édition pofthume de fon dictionnaire critique, au mọt ABERDON, la demande qu'il fait : Où font les auteurs qui ont dit l'académie de la vieille Aberdon? Il eft certain qu'on le doit dire, fi on ne la veut pas confondre avec celle de la nouvelle Aberdeen. On fait dans ce lieu un grand trafic de faumon que l'on tranfporte en France, en Hollande & autres pays étrangers. Les Hollandois appelient Aberdeen la morue, dont on pêche auffi beaucoup au nord de l'Ecoffe.

ABERDORE, village d'Ecoffe, dans la province de Buchan, dans un petit golfe. Quelques géographes en font un bourg, d'autres une petite ville. Cependant l'Atlas de Blaeu n'en fait qu'un village entre Banfe & Fraferburgh, & les géographes modernes, comme de l'ifle, Sanfon & Allard, n'en font aucune mention.

ABERDORE, ou ABERDOUR. Voyez ABIRDOUR OU ABYRDOUR.

ABERFORTH, petite ville d'Angleterre dans la province d'Yorck, on y tient marché public. * Etat préfent de la g. Bret. t. 1.

ABERFRAW, ou ABERFROW, en latin Aberfravia. ou Gudivia, ancienne ville de l'ifle d'Anglesey, au bord d'une riviere qui l'arrofe à l'orient. Les anciens l'ont connue fous le nom de Gudivia, & elle étoit autrefois la capitale de l'ifle, & fervoit de réfidence aux rois de Venedotie ou Nordwallis. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un petit bourg, & elle a cédé le premier rang à Beaumarisch qu'Edouard I fit bâtir & fortifier. * Corn. Dict. Audifret géog. anc. & mod. t. 1.

ABERGAWEN (a) ou ABERGEVENNI, ABERGENNY, ou enfin ABERGEVENNEW, ancienne ville d'Angleterre, en Monmouthshire. Elle eft fituée au-deffous du confluent de la riviere de Kebby avec l'Uska, & au-deffus de la jonction de cette derniere avec la riviere de Gavenny, Geveny ou Kenveny, fur les frontieres de Breknokshire. L'itinéraire d'Antonin en parle fous le nom de Gobanium, dans le pays des Silures. L'anonyme de Ravenne eftropie ce mot, &, retranchant la premiere fyllabe,l'écrit BANNIO. Elle eft bien bâtie (b) & il s'y fait un bon négoce de flanelle. Elle eft fermée d'une muraille & défendue par un château. Quelques modernes la nomTome I. Bij

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