faces, و que A VIS DES . LIBRAIRES . Q UAND on regarde une mappemonde, où toutes les parties du globe terrestre, rap* prochées & resserrées dans d'étroites lignes, font réunies sous différens points que nous faisissons d'un coup d'oeil, que le monde entier paroît peu de chose ! Mais, lorsqu'élargissant peu à peu cette petite surface, notre imagination, fous ces points, ces lignes, ces traits, développe des mers immenses, de vastes continens , coupés par de longs canaux, des plai ; nes, des forêts, des déserts formant de prodigieux espaces ; de grandes chaînes de montagnes qui courent en tout sens dans ces contrées spacieuses, & multiplient par tout les sur on ne voit plus les bornes du monde; on eit effrayé de son étendue. Lorsqu'ensuite nous pénétrons dans les terres, que suivant les côtes & tous les contours des mers, des fleuves, des montagnes, nous en voyons la distribution , que nous considérons la multirude infinie des nations, de différens peuples qui partagent ces terres, d'habitations de toute espéce qui féparent & réunissent les hommes, depuis les villes les plus peuplées jusqu'à la hute solitaire de l'Esquimau le plus farouche ou du Caffre, que ce développement aggrandit encore notre sphere ! Il en est de la science même qui préside à la projection des cartes , envisagée sous une vue générale, comme de ce tableau raccourci du globe. On sait que la géographie est insépara . ble de l'histoire proprement dite, & presqu'aussi vaste, mais on ne la conçoit d'abord comme une simple introduction à la science des faits , qu'il suffit d'avoir effleurée pour connoître à peu près la scene des événemens qu'on va lire , & n'y être point absolument étranger. Cependant on n'a pas plutôt entamé cette connoissance , que, plus on fait de pas, plus on en trouve à faire ; que plus on avance, & plus on voit les limites se reculer. Les progrès de la géographie ont dû sans doute être lents , parce qu'à mesure que la population s'est accrue , que la terre s'est peuplée d'habitans, la communication entre eux est devenue plus difficile. Le commerce, né des besoins de la vie , a été le premier objet de cette utile communication. Un autre intérêt moins naturel, quoique dans la nature de l'homme ou dans celle des sociétés, l'a dans la suite encore étendue. Le goût de la domination, l'ambition des premiers maîtres que les hommes ont reconnus de gré ou de force, après s'être agitée autour d'elle, a franchi peu à peu les bornes dans lesquelles elle se trouvoit à l'étroit, & l'esprit de conquête a fait autant de voyageurs que l'intérêt du commerce. Puis sont venues les émigrations, où d'une extrémité du monde à l'autre , de nombreuses peuplades poussoient devant elles d'autres peuplades & s'emparoient de leur territoire ; les guerres ouvertes de nation à nation, & portées de proche en proche fort loin ; les colonies occasionnées par la trop grande population de certains pays, &c. tels sont les grands mouvemens qui ont ébauché nos connoissances géographiques. Enfin des curieux en petit nombre ont voyagé par le seul motif de connoître d'autres climats & d'autres hommes; mais manquant de tous les moyens que s'est procuré depuis l'industrie humaine , les connoissances qu'ils ont transmises, ont été fort courtes. Ainsi l'on a été long-tems réduit à des notions peu suręs ou très-superficielles , même sur les parties du monde les plus fréquentées ; & c'est à la navigation que les plus intéressantes étoient dues. Cependant, en quel état les anciens nous ont-ils laissé la géographie ? Quelle étoit la navigation avant l'usage de la boussole, avant tous les travaux de l'astronomie ? C'est donc en raison des progrès de l'astronomie & de la navigation, que la géographie s'est étendue enrichie , perfectionnée, élevée enfin jusqu'au rang des sciences exactes , titre que l'usage continuel qu'elle fait de la géométrie & des observations astronomiques , ne permet pas de lui refuser. Il nous reste fans doute encore bien des connoissances à acquérir dans l'intérieur du globe terrestre. Sans parler des terres, des côtes & de toutes les illes inconnues; sans nous exagérer la grandeur d'un nouveau continent, dont la découverte n'est peutêtre pas fort éloignée les Terres Australes), combien de parties de ce globe que le pas du géographe n'a pu jusqu'à présent mesurer, où même il ne peut nous servir de guide Ce qui doit nous en consoler , c'est que nous connoissons à peu près toutes nos postessions actuelles, & la seule nomenclature de ces possessions estimmense. Pour en faire un cadastre exact & commode, il n'y avoit que la voie des Dictionnaires ; on l'avoit compris depuis long-tems. Mais que tout ce que nous avons de mieux en ce genre, que le Trésor d'Ortelius, les Dictionnaires de Corneille , de Baudrand, de Mary, & les autres, étoient insuffisans, défectueux , imparfaits ! Toute l'ancienne géographie y étoit d'abord fort défigurée , parce que la plupart des articles n'étoient tirés que de mauvaises traductions, & rarement des textes originaux. Même négligence dans la position des lieux, qui, presque toujours, étoit fort mal désignée. Point de descriptions historiques, a com partie si curieuse & fi nécessaire ; ou , s'il s'en trouvoit quelques-unes, descriptions mal M. Bruzen de la Martiniere , homme très-instruit , très-laborieux, en s'attachant à l'histoire . fe à , Mais quoique l'auteur n'eût épargné ni soins ni travaux pour faire en ce genre l'ouvrage presque pas une contrée de l'Europe qui n'ait produit quelque historien ou quelque nouveau géographe plus exact que ses prédécesseurs. Les auteurs les plus furs & les plus récens que nous eussions sur l'histoire du Nord étoient, pour le Dannemarck, Holberg & Vernon ; pour la Norwege, Ramus; pour la Suede & la Laponie , Olais, Loccenius & Burreus ; pour la Ruslie, Kelcheus, &c. Les notices de Strahlenberg , peu répandues, paroissoient à peine; on ne connoissoit en quelque sorte que les noms ; '. Même disette de bonnes cartes, ou de cartes fures & formées d'après les observations Ces défauts inévitables alors, & qui étoient moins ceux de l'auteur que du tems, non hominis , fed temporis, nous engagerent à former une compagnie pour la réimpression de fon Dictionnaire. Nous avions en cela deux objets : 1°. De purger ce grand ouvrage des fautes qu'on étoit en état de corriger sur les lumieres qu’on avoit acquises depuis l'édition de Hollande ; 2°. De réduire les dix volumes à six, pour le rendre moins volumineux & moins cher. Notre édition parut en 1739, & peu d'ouvrages ont été mieux accueillis du public. Elle fut bientôt traduite & réimprimée en allemand, avec les changemens ou les améliorations que les traducteurs crurent nécessaires pour ce qui regardoit leur pays; elle fut aussi réimprimée en Italie, mais en françois. Enfin toute nombreuse qu'elle étoit, elle fut entierement consommée en moins de quinze ans. 3 و la } Il ne s'agissoit plus alors d'une simple réimpression; mais d'une refonte totale, d'un tra- Le Roi avoit fait tirer au cordeau, d'une extrémité de la France à l'autre, une nouvelle méridienne. Cette ligne avoit été suivie de la mesure trigonométrique de tout le royaume. Une grande contrée de l'Italie (l'Etat Ecclésiastique ) avoit été couverte de triangles. On avoit des observations de toutes les parties de l'Europe, de la Finlande, de la Suéde, du Dannemarck, de l'Angleterre , de l'Allemagne ; il en venoit encore tous les jours. On avoit perfectionné les pendules, les quarts de cercle & les télescopes. La géométrie transcendante avoit reculé ses limites. L'astronomie pratique faisoit tous les jours de nouvelles acquisitions. D’habiles mathématiciens avoient été au Nord & à l'Equateur, pour déterminer la parallaxe de la lune & la figure de la terre. Plusieurs voyages faits d'un hémisphere à l'autre, nous avoient procuré la connoissance des terres & des mers les plus reculées. Une foule d'observations célestes avoient établi la longitude & la latitude d'une infinité de lieux différens dans toutes les parties du globe. L'émulation pour les découvertes & les connoissances géographiques étoit devenue générale, Pendant qu'on arpentoit la Scandinavie, le Czar Pierre premier faisoit lever le plan de la Russie & de la mer Caspienne; l'Empereur faisoit mesurer la Bohême , & le Roi de Prusse la Silésie. Les querelles des souverains, si contraires jusqu'alors aux progrès des sciences, contribuoient à ceux de la géographie. Des pays qui nous étoient peu connus, devenus le théâtre des guerres , présentoient de nouvelles scenes, & des peuples nouveaux pour nous, dont les tableaux variés ajoutoient encore à nos connoissances. L'histoire des lieux & des hommes recevant, par perfection des cartes, l'exactitude & la clarté qui leur manquoient auparavant , on voit paroître de tous côtés de bons écrivains qui travaillent à illustrer leur nation, en éclairant la géographie. Le général Thura , Jeffon & Pontoppidan , donnent les détails les plus curieux du Dannemarck & de la Norwege. Henri Tuneld, & les mémoires de l'Académie d'Upsal, nous décrivent les productions de la Suéde & de la Laponie. En 1745, un dénombrement politique de toute la Russie fixe nos idées sur ce vaste empire. Cet ouvrage est bientôt suivi des savantes notices de Wehyer, de Muller , de Gmelin & d'autres voyageurs . Déjà les déserts , Les Suisses, de leur côté, s'empressent de faire connoître leurs montagnes, leurs rochers, En Espagne, Mendez Sylva est réformé par Fr. de Gasmay Salcedo ; la géographie du dernier ( El Theatro univerfal de Españia) est ensuite réformée elle-même par Joseph Perez Valiente & par le grand ouvrage d'Antoine de Moya, intitulé El Rasgo Heroico. Quant au Portugal, la nouvelle description de Luis Gaetano de Lima ne laisse aucuns détails à desirer sur ce royaume. Enfin, l'Histoire ancienne , par une société de gens de lettres, traduite de l'Anglois ; Ferreras pour l'histoire d'Espagne & du Portugal; la nombreuse collection de-Muratori , intitulée, Scriptores rerum Italicarum ; l'histoire universelle d'Allemagne du P. Barre , & celle du droit public de ses différens états par M. Pfeffel; l'ouvrage de Martin Cromer , De origine rebus gestis Polonorum ; toutes ces sources , & bien d'autres encoře, inconnues à la Martiniere, nous étoient ouvertes. L’Asie, l'Afrique & l'Amérique mieux connues aussi depuis quarante ans par quantité de , des voyageurs modernes, ز و ! presqu'ille au nord-est de l'Asie , le Kamtschatka , étoit alors entierement découverte & connue par des relations exactes. Abulfeda & le géographe Turc, manuscrits précieux de la bibliotheque du roi, dont M. Capperonier voulut bien donner la communication, fournissoient sur la Turquie, l'Arabie, la Perse, les détails les plus intéressans. Les ruines de Babylone, de Palmyre, d'Héliopolis ou Balbek , & les pyramides d'Egypte, dessinées avec le plus grand foin sur les lieux, décrites par des voyageurs Anglois & Danois, n'avoient pas moins répandu de jour sur la géographie ancienne. L'histoire générale des voyages de l'abbé Prevost étoit encore une ample source de connoissances géographiques, principalement pour l'Amérique. Que d'acquisitions nouvelles & que de richesses ! Que de corrections & d'augmenta . tions à faire dans le Dictionnaire que nous voulions réimprimer ! En un mot, quel vaste champ de travail pour l'édition que l'on projettoit ! Il n'y avoit qu'une société d'habiles gens en état d'entreprendre & d'exécuter un pareil travail. Cette société fut formée en 1750,& le bon choix de nos coopérateurs nous fut garant du succès. Ils diviserent entre eux l'ouvrage, & chacun ne fut occupé que de sa partie. Dès 1763, le travail étant fort avancé, pour qu'il n'échapât rien à nos recherches , nous publiames notre projet, & nous invitâmes tous ceux qui auroient pu remarquer dans les précédentes éditions du Dictionnaire géographique ou des erreurs ou des omissions , à nous en faire part. Sur cette invitation plusieurs gens de lettres se sont comme associés à nos travaux, à , & nous ont communiqué leurs recherches. Parmi ceux à qui nous avons le plus d'obligations à cet égard, nous distinguerons particulierement M. Courtépée, préfet du collége Godran de Dijon, & M. Heul, ancien bourguemaître de Liége. Ce sont eux qui ont le mieux seconde nos vues, nous leur devons une infinité de corrections & d'augmentations, tant sur la Bourgogne & sur le pays de Liége, que sur plusieurs autres provinces de France & des Pays-Bas. il étoit très-important de fixer, avec le plus d'exactitude & d'uniformité qu'il seroit poflible, les longitudes & les latitudes . On a cru, pour cette partie, ne pouvoir suivre un meilleur guide que l'Atlas universel de M. Robert de Vaugondy, si justement estimé. Cet Atlas, fait sur un plan vaste, contient toutes les parties du globe connues, & il est unique par fon uniformité. Il est composé de cent huit cartes construites sur les itinéraires de terre & de mer anciens & modernes ; il est aussi le plus d'accord tant avec la grande carte de France de MM. Maraldi & Cassini , qu'ayec les observations astronomiques faites dans tous les lieux du monde. C'est donc principalement dans les positions que nos éditeurs ont abandonné la Martiniere; mais ils ont eu soin, à son exemple, d'ajouter , autant qu'ils ont pu, après le nom moderne de chaque lieu de quelque considération, l'ancien nom ou le nom latin. On a fait de plus une opération qui manquoit dans la Martiniere. On a relevé tous les noms latins, pour les ranger en forme de table & par ordre alphabétique à la fin du Dictionnaire, avec leurs noms modernes. Cette table sera d'abord très-utile • pour les étrangers, qui sembloient être privés de l'usage du Di&ionnaire géographique. En effet, comme tous les noms de leurs pays , de leurs villes, y sont francisés, & fort défigurés pour eux , ils pouvoient à peine être reconnus par ceux même qui savent notre langue. Regenspurg , par exemple , Coln, Aken, Luttich, ne sont placés dans ce Dictionnaire que sous les noms de Ratisbonne, Cologne, Aix-la-Chapelle & Liége. Et quel est le lecteur Allemand , même initié dans notre langue , qui chercheroit ces quatre villes sous les dernieres dénominations qui nous sont à nous si familieres ? Or la nomenclature latine, aux mots Ratisbona , Colonia-Agrippina, Aquisgrana & Leodium, indiquant les noms françois auxquels elle renvoie , ainsi que la description ou les détails géographiques qu'on cherche, ne laissent plus à cet égard de difficultés. D'ailleurs cette nomenclature, qu'on peut par ellemême regarder comme un petit Dictionnaire latin & françois , qui n'est que l'abregé du grand, eft, par le travail de nos éditeurs, beaucoup plus ample & plus complet que tout ce qui a paru dans ce genre; elle remplace & supplée abondamment l'Itinéraire d'Antonin, Ortelius, Baudrand, Mary, & toutes les autres nomenclatures. Ainsi, d'après cet exposé d'où toute exagération est bannie, on peut avec la plus juste confiance assurer, que le nouveau Dictionnaire est l'ouvrage le plus étendu, le plus exa& & le plus soigné qui ait paru jusqu'à présent dans ce genre. Les deux grandes parties qu'il rassemble, la géographie & l'histoire, y sont certainement portées à un degré de perfection qu'on n'avoit point encore atteint. Quoique par toutes les nouvelles recherches dont cette édition eft enrichie , les augmentations soient considérables, on n'y a point négligé l'oeconomie. Par la suppression d'un grand nombre de répétitions & d'inutilités qui subliftoient dans les éditions précédentes , par la réduction que nos éditeurs ont su faire des articles qui leur ont paru trop diffus , & par la dépense que nous n'avons point épargnée en chargeant les volumes; , a у 事 |