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long de fa lance, & embrassant fon écu, & mettant ensuite l'épée à la main, il ouvrit le passage aux autres, tuant ou blessant une partie de ceux qui le présentoient devant lui. La terreur que fa bravoure imprima aux ennemis, fit que les chrétiens demeurerent maîtres de la place. On fit environ fix vingt prifonniers, le reste s'étant lauvé pendant l'attaque. Le vainqueur s'en retourna avec un grand butin à Safi, après avoir brûlé toutes les maisons de cette ville. Elle fut long-tems inhabitée par la crainte qu'on avoit des chrétiens, & enfin les Chérifs la repeuplerent, & y mirent garnison. * Corn. Dict. Mar

mol. t. 2, 1. 3, c. 4.

2. AGOBEL, autre ville d'Afrique, dans le royaume de Tremecen. Elle est ancienne, & on n'en voit plus que les ruines, entre Oran & Tezcla: ses murs, qui font encore debout, semblent avoir été faits par les Romains. On la nommoit anciennement VICTOIRE, Victoria. Ptolomée la met à 14 d. 30' de longitude, & à 32 d. 20' de latitude. Ce fut Abulhascen, roi de Fez, qui ruina cette ville; elle ne s'est point repeuplée depuis. La campagne eft poffédée par les Arabes Uled-Sulerman, Uled-Malla, Uled- Agez & Uled-Abdalla, qui font riches en troupeaux aufli bien qu'en bleds, & qui vont toujours armés à cause de la garnison d'Oran, qui n'en est éloignée que de quatre lieues. La ville de Cirat n'en est qu'à cette même distance.

AGOGLIASTRO OU AGUILASTRO, petite isle voisine de la Sardaigne, dont elle n'est éloignée que de deux milles; elle est à trois du cap Barboraflo, en montant au nord. * Corn. Dict. Davity, Sardaigne.

AGOLA, ville d'Abislinie, au nord de la ville d'Amara, & entre celles de Fungi & de Lofa. * Baudr. edit.

1682

AGONIA, nom latin de Gogna, riviere qui coule dans le Milanez.

AGORA, ville de la Chersonnèse de Thrace, fur 'Hellefpont. Lorsque Xerxès attaqua la Grèce, il traverfa cette ville avec la prodigieuse armée, dont l'on dit que les hommes & les chevaux avoient tari le fleuve Melana en buvant. Leunclavius rapporte que MALAGRA est le nom moderne de cette ville. * Corn. Dict. Herodot. 1.7. AGORITÆ, ancien peuple de la Sarmatie Asiatique, selon Ptolomée, l. 5, c. 9.

AGORO, bourgade de l'état de Venise, dans la Marche Trevifane, & dans le Bellunois, fur la riviere de Cordevol, au pied des monts, sur les frontières du Tirol, à dix-huit milles de Belluno, vers le couchant & vers Bolzano. * Baudr. edit. 1705.

1. AGOSTA, que les François nomment AGOUSTE (Augufta), ville de la partie orientale de la Sicile, dans la vallée de Noto, au nord de Syracufe. Longit. 31 d. 51', latit. 37 d. 15' Cluvier croit que fon ancien nom étoit Kiphonia. Elle est bâtie sur une grande presqu'ifle, qui fert de mole à fon port, l'un des plus grands & des plus fûrs de l'ifle. Cette presqu'isle est défendue par trois islots ou rochers, couverts d'autant de châteaux, qui font Caftro-Grascia, Castro-Vittoria & Torre-d'Avola. Du milieu de ce dernier, qui est à l'entrée du port, s'élève une haute tour faite en vis, l'un des plus rares morceaux d'architecture qui soit en Italie, elle sert de fanal; on y allume du feu toutes les nuits; les trois châteaux font garnis de beaucoup d'artillerie à fleur d'eau, que l'on voit par les embrasures des murailles épaisses de plus d'une toife. Au moyen de ces châteaux, la presqu'ifle n'a point d'autre défense du côté de la mer, que la mer même qui l'environne. Du côté de terre-ferme elle a une forte muraille & une bonne porte, avec un large foffé qu'on y a fait pour laiffer paffer la mer. Un fort château un peu élevé fur un rocher, en défend l'entrée, du côté qui regarde la porte. Ce château est flanqué de quatre groffes tours rondes, qui s'entretiennent par quatre corps de logis, dont le dessus eft en plate-forme. Ces tours font bordées de plufieurs canons, & féparées au milieu par une grande cour, où une citerne conferve les eaux de pluie qui s'y amassent de toutes les plates-formes de ce grand château. La plus haute de ces quatre tours eft faite en maniere de donjon, & femble être la plus forte, à cause qu'elle est plus proche du port. Ce fut l'empereur Frédéric II, qui fit en 1232, relever ces murailles, & bâtir ce château; mais c'est dans le dernier fiécle qu'en fortifiant Agosta de

nouveau, on a fait entrer la mer dans le fossfé; ce qui en fait une ifle, qui ne communique à la terre - ferme que par un pont de pierre. Il y a dans la ville quatre grandes rues droites tirées au cordeau, & entrecoupées de plusieurs autres de même largeur, avec une place proportionnée à la grandeur des édifices dont elle est environnée. La grande église est neuve, & celle des Dominicains a de fort belles chapelles, & plusieurs tombeaux d'un marbre très-fin. L'incommodité que l'on souffre dans Agosta, c'est qu'on n'y peut boire de bonne eau, fi on ne prend de celle de la fontaine qui eft hors de la ville, proche des ruines d'un palais fort ancien. Aux environs font plusieurs jardins qui occupent ce qui reste de la presqu'isle hors de la ville.

Proche d'Agosta sont les fucreries, & l'on va voir faire le sucre de l'autre côté du port, au lieu nommé la Trapetta. Il y a beaucoup de ces fucreries dans la Sicile, mais il n'y en a point de plus estimées que celles d'Agofla, Les belles campagnes du voisinage font couvertes de cannes.

Les chofes étoient en cet état, lorsque Baudrand & Corneille ont parlé de cette ville; mais en 1691, un tremblement qui caufa d'horribles dommages à la Sicile, abima Agoita, fir périr une partie des habitans, & bouleversa le port.

2. AGOSTA ou ANGOSTA, isle du golfe de Cataro, au midi de celle de Curfola: elle appartient à la république de Ragufe. * Corn. Dict. Davity.

AGOUGES, riviere de France: elle coule dans l'Auvergne, & se jette dans la Sioule, avec laquelle elle se rend dans l'Allier, un peu au-dessous de S. Porçain. Corn. Dict. Pap. Maff. Desc. Flum. Gall.

*

AGOVIAS (S. Pierre d') abbaye d'hommes, ordre de Citeaux, en Portugal, dans la province de Beira, au diocèse de Lamego.

AGOUNA, royaume d'Afrique sur la côte d'Or. Il s'étend fur la côte l'espace de quinze lienes, depuis le cap Monte-del-Diabolo, jusqu'au pays d'Aquambo. Ce pays aussi beau que celui d'Akron, est toujours gouverné par une reine, les enfans mâles étant vendus pour l'esclavage. On y voit beaucoup de villages où l'on fait quelque commerce en or, mais les habitans font habiles a le contrefaire. Smith. 209, côte de Guinée, par Bellin.

AGOUSTA. Voyez AGOSTA.

AGOUT, AGOTIUS, riviere de France, dans le haut Languedoc ; quelques-uns écrivent AGOUST. Elle a fa fource dans les montagnes de la Chaumes, dans les Cévennes, traverse le diocèse de Castres, passe à Fraisse, la Salverat, Braffac, Roquecourbe, Caftres, Villemur, Damiate & Lavaur, recevant en fon chemin Caudet, Toret, Durenque, Dadou, & autres petites rivieres ou ruisseaux ; elle se mêle avec le Tarn au-dessus de Rabasteins; elles se rendent ensemble à Montauban, & à une lieue au-dessous de cette ville, elles se joignent au Tescou, qui sépare le Querci du Languedoc. * Coulon, Riv. de Fr. I part. pag. 491.

1. AGRA, province du Mogolistan; elle est bornée par le royaume de Dehli au nord, par celui de Sembal à l'orient, par celui de Gualcor au midi, & par celui de Bando au couchant. Cette province, qui a titre de royaume, prend le nom de sa capitale ; & fans être fort étendu, il est fort peuplé. Il a eu autrefois des souverains particuliers avant que les Mogols l'euffent conquis.

2. AGRA, ECBAR ABAD, ou AKEBAR ABAD, c'està-dire, la ville d'Ecbar ou d'Akebar; car le nom de fon fondateur s'écrit diversement; (2) c'est la capitale du royaume de même nom, dans le Mogolistan, & la plus grande ville des Indes; elle est éloignée de Surate d'environ deux cens dix lieues, que l'on fait ordinairement en trente-cinq ou trente-fix journées de caravanne. Sa situation eft à 26 degrés 30' de latitude, sur le Geminy, ou Gemna, qui est le Jomanes de Pline. Avant le roi Ecbar ce n'étoit qu'un bourg, qui avoit un petit château de terre. (b) Ce prince inconstant abandonna Dehli pour résider à Fetipour; mais à peine cette ville étoit - elle accrue, par la complaifance des courtisfans qui y faifoient bâtir à l'envi, que le mauvais air l'en chaffa. Il retourna fur les bords du Geminy, où il fonda une ville nouvelle dans le voisinage de Dehli. Les débris de l'ancienne capitale servirent à la construction de la nouvelle, qui fut

quelque tems le séjour du prince: mais il ainnoit à changer. 11 choisit le bourg d'Agra, pour y transporter son trône & sa cour. C'est aujourd'hui le séjour ordinaire des Mogols; elle est située dans une vaste plaine, sur les bords de la même riviere qui coule à Dehli. Elle s'étend fur la rive du Geminy en forme de croiffant. A l'une de ses extrémités s'élèvent le palais Impérial, & les hôtels des principaux seigneurs de la cour. La ville occupe en longueur environ neuf milles d'Italie, aufli est-elle beaucoup plus longue que large; à la vérité elle ne fut point entourée de murailles du tems de son fondateur; mais un large fossé, où l'on avoit fait entrer l'eau de la riviere, l'environnoit de toutes parts. On y compta bientôt jusqu'à 660000 habitans, fans parler des étrangers, que la commodité des caravanserais, & la facilité du commerce y attirerent de toutes les contrées de l'Asse. On commença la ville par le château, qu'Ecbar affecta de faire le plus grand de tous ceux qui étoient alors dans les Indes; & comme la situation du vieux lui parut belle & commode, il le fit abattre, & en même tems y posa les fondemens de celui qui y est présentement. On l'entoura d'une muraille de pierres & de briques, que l'on terrassa en divers endroits: il a vingt-cinq coudées de haut. On laissa entre le château & la riviere une grande place, pour les exercices qu'il plairoit au Mogol qu'on y fit pour fon divertissement. Le palais du Mogol est dans ce château, il a trois cours ornées tout autour de portiques, & de galeries peintes & dorées ; il y a même des piéces couvertes de plaques d'or: on voit fous les galeries de la premiere cour des logemens pratiqués pour les gens de la garde du roi; ceux des officiers font dans la feconde, & c'est dans la troifiéme que se trouvent les magnifiques appartemens du Mogol & de ses femmes, & d'où il va ordinairement à un beau divan, qui a vue sur la riviere, pour jouir du plaisir de voir combattre ses éléphans, de voir faire l'exercice à ses troupes, & les jeux qu'il ordonne de faire sur l'eau ou dans la place. Ce palais eft accompagné de vingt-cinq ou trente autres fort grands, qui font tous fur une même ligne, & appartiennent aux princes & aux grands seigneurs de la cour; ce qui donne le plus bel aspect du monde à ceux qui font au-delà de la riviere; mais les hautes & longues murailles qui y font pratiquées pour la clôture des jardins, en gâtent un peu la beauté, quoiqu'elles servent à rendre la ville plus longue. Il y a sur la même ligne plusieurs moindres palais & autres bâtimens. Chacun ayant defiré de jouir de la belle vue & de la commodité du Geminy, a fait bâtir de ce côté-là: c'est pourquoi cette ville a beaucoup de longueur & peu de largeur, & à l'exception de quelques belles rues, elles font toutes fort étroites & fans symmetrie. Outre la grande place qui est devant le palais du roi, il y en a encore douze autres de moindre étendue. Ce qui fait la beauté d'Agra, outre ces palais, ce font plus de foixante caravanserais. Il y en a qui ont jusqu'à fix grandes cours avec leurs portiques, qui donnent entrée à des appartemens fort commodes, où les marchands étrangers prennent leurs logemens. Il y a plus de huit cens bains, & un très-grand nombre de mosquées, dont quelques-unes fervent d'afile. On y voit auffi plusieurs sépultures magnifiques, que des grands ont eu l'ambition de se faire bâtir de leur vivant, ou à leurs peres. Celle du fondateur de la ville est sur un tertre, & furpasse en magnificence toutes celles des grands seigneurs; mais la plus belle de toutes est celle de Tadge Mehal, femme de Cha - Gean. Ce monarque, pour laisser à la postérité un monument de l'amour qu'il avoit eu pour cette femme, & de la douleur qu'il fentoit en la perdant, fit élever un maufolée si superbe qu'on ne voyoit, dans toute l'Inde, aucun batiment qui en approchât. On employa vingt-ans à le bâtir. Ce Mogol est enterré dans un jardin, où l'on s'est contenté de peindre fon tombeau sur le portail. L'air d'Agra eft fort incommode en été: la chaleur excessive qui échauffe les sables qui environnent cette ville, obligea Cha-Gean de résider à Dehli, mais Aurengezeb fon fils s'étant emparé de la couronne, le renvoya à Agra, où il le retint prifonnier jusqu'à sa mort. * (a) Thevenot, voyage des Indes, p. 95, & fuiv. (b) Le P. Catrou, Hift. gen. du Mogol, p. 97.

comine on l'a écrit. Les palais avec leurs jardins en oc-
cupent la meilleure partie, & ainsi son étendue ne prou-
ve rien pour le grand nombre de ses habitans. Les mai-
fons ordinaires font baffes; celles du menu peuple ne
font que des chaumieres, & chacune contient peu de
monde. On marche dans les rues sans être pressé, & on
n'y voit de la foule que quand la cour y eft; mais alors
il y a grande confufion, & il y paroît une quantité infi-
nie de peuple. Cela n'est pas étonnant, vû que les rues
font étroites, & que le Mogol, outre les gens de sa mai-
fon, qui font en grand nombre, est toujours accompa
gné d'une armée pour sa garde; que les Rajas, les Om-
ras & autres grands, ont de nombreuses suites, & que
la plupart des marchands mêmes suivent la cour, fans
compter quantité d'artisans & des milliers de petites
gens qui en reçoivent toute leur subsistance. Quelques-
uns veulent qu'il y ait vingt-cinq mille familles de
chrétiens dans Agra. Il est seulement conftant qu'il y a
peu de Gentils & de Parfis, en comparaison des Maho-
métans qui y font. Ceux-ci surpassent toutes les autres
sectes en puissance comme en nombre. Les Hollandois
ont un comptoir dans la ville; les Anglois y en avoient
un qu'ils ont abandonné. L'indigo d'Agra est le plus efti-
mé de tous les indigos orientaux, & il est toujours plus
cher de vingt par cent que celui du reste des Indes. On
tire aussi d'Agra quantité d'étoffes & de toiles. * Savari
Dict. du Commerce, t. 1, p. 1127, 1140 & 1145.

Parmi les diverses nations qu'il y a dans Agra aussibien que dans le reste des Indes, on y voit affez d'uniformité dans la maniere de se vêtir, & il n'y a que les Mahometans, appellés Mores par les Portugais, qui se diftinguent à l'extérieur par une coëffure particuliere, mais du reste ils font habillés comme les autres. Le caleçon des Indiens est pour l'ordinaire de toile de coton. Il vient aux uns à mi-jambe, à d'autres il descend jusqu'à la cheville du pied. Ceux qui se piquent d'être richement vêtus, portent des caleçons d'étoffe de soye rayée, qui sont si longs, qu'ils leur font faire plusieurs plis sur la jambe, de la même maniere à peu près qu'on ajustoit autrefois les bas de foye en France. On laisse pendre la chemise par-dessus le caleçon, ainsi qu'il se pratique dans tout le Levant. Ces chemises sont fendues depuis le haut jusqu'en bas, ainsi que les robes de dessus qu'on nomme cabas; plusieurs les portent ainsi, parce qu'elles font plus aifées à mettre & à ôter, & que d'ailleurs on peut facilement prendre le frais avec. Lorsqu'il fait froid, les Indiens vêtent par-dessus la chemise, un arcaluq ou juste-au-corps cotonné & piqué, dont le desfus eft ordinairement d'une chite, ou toile peinte. Les couleurs qui font dessus sont si vives & fi bonnes, qu'étant falies, elles reprennent leur premiere beauté auflitôt qu'on les a lavées. Par-dessus l'arcaluq on met le caba, qui est une premiere veste, mais il faut supposer qu'il ne faffe pas chaud: car pour peu qu'il y ait de chaleur, on ne porte point d'arcaluq, & le caba se met par-dessus la chemise. Le caba est une maniere de corps de robe, où il y auroit une jupe attachée, qui feroit ouverte par devant, & pliffée depuis le haut jusqu'au bas, afin qu'elle ne faffe point la cloche. Il y a un collet haut de deux travers de doigt, qui est de même étoffe que le reste. Ils ne boutonnent point cette veste comme nous faifons, mais ils la croisent sur l'estomach, premierement de droite & de gauche, & ensuite de gauche à droite. Ils l'attachent avec des rubans de même étoffe, larges de deux doigts, & longs d'un pied, & il y en a fept ou huit depuis le haut jusques sur la hanche, dont ils ne nouent que le premier & le dernier, & laissent pendre les autres pour la bonne grace. Ces cabas sont communément de toile blanche de coton; car il ne croît point de lin aux Indes. Quelques-uns en portent de toile peinte; mais les riches n'en mettent que de blancs, ou bien ils en prennent de foye, & choififfent ordinairement une étoffe rayée, & la plus large qu'ils peuvent trouver. Ils ne mettent qu'une ceinture de toile blanche, au lieu que les Persans en ont deux : chez les Indiens il n'y a que les gens riches qui portent des ceintures de perse. Quand il fait froid, ils mettent fur tous ces habits une veste qu'on appelle cadebi, & alors on en voit aux riches de fort magnifiques. Elles font de brocard d'or, La ville d'Agra est assez peuplée, mais non pas jusqu'à ou de quelqu'autre belle étoffe, & doublées d'une fourpouvoir mettre deux cens mille hommes sous les armes, rure de martre zibeline. Ils mettent fur eux en toute.

1

faison, lorsqu'ils fortent une chal qui est une maniere de toilette d'une laine très-fine qui se fait à Cachemire. Ces chals ont environ deux aunes de long fur une de large. On les achette vingt-cinq ou trente écus, si elles font fines. Il y en a même qui coûtent cinquante écus; mais ce font les très-fines. Ils mettent cette chal fur leurs épaules, & en nouent les deux bouts sur l'estomach. Le reste pend par derriere jusqu'au bas des reins: quelques-uns le portent en écharpe, & quelquefois ils en font venir fur la tête un bour qu'ils accommodent en guise de coëffure. Il y en a de plusieurs couleurs; mais celles des Banians font presque toujours de couleur de feuille-morte; & ceux qui font pauvres ou ménagers n'en ont que de simple toile. Le turban qui se porte dans les Indes est ordinairement perit. Celui des Mahométans est toujours blanc, & les riches en ont d'une toile si fine, que vingt-cinq ou trente aunes qu'on y employe, ne pesent pas quelquefois quatre onces. Ces belles toiles se font vers Bengale: elles coûtent cher, & un turban revient à vingt-cinq écus. Ceux qui se piquent d'être richement coëffés, en portent où il y a de l'or mêlé; mais un turban de cette étoffe coûte plusieurs tomans, dont chacun revient à environ quarante-cinq livres de France. Ces turbans, tortillés comme il faut, ont beaucoup de rapport à la forme de la tête : car ils font plus hauts par derriere de quatre ou cinq doigts que pardevant; en forte qu'il n'y a que le haut de la tête qui foit bien couvert. Les Indiens portent leurs cheveux comme un ornement: les Mahométans au contraire les font rafer. A l'égard de la chaussure, on ne porte gueres dans les Indes ni bas ni chaussons, mais on met les pieds à nud dans des fouliers de maroquin, qui sont presque de la même figure que les pabouches des Turcs; mais les gens de diftinction les font broder d'or, & ils ont par derriere une espece de talonniere de même étoffe que l'empeigne qu'ils replient presque toujours en dedans, comme ceux qui portent leurs fouliers en pantoufles. Les Banians chauffent tout-à-fait les leurs, parce qu'étant gens d'affaires, ils veulent marcher avec liberté. Les riches d'entr'eux en font couvrir le cuir de velours rouge, avec de grandes fleurs en broderie de foye, & les autres se contentent de cuir rouge avec de petites fleurs, ou quelqu'autre ornement de peu de valeur.

Les femmes Mogoles qui se veulent diftinguer des autres, se vêtent presque comme les hommes; cependant les manches de leurs chemises, non plus que celles des autres Indiennes, ne passent point le coude, afin d'avoir la liberté d'orner le reste du bras de carcans & de braffelets d'or, d'argent ou d'yvoire, ou garnis de pierreries, ainsi qu'elles en mettent au bas de leurs jambes. La chemise ordinaire des Indiennes idolâtres ne va que jusqu'à la ceinture, non plus que la chémisete de satin ou de toile qu'elles ont par-dessus, parce que de la ceinrure en bas elles s'enveloppent dans un morceau de toile ou d'étoffe, qui les cache jusqu'aux pieds comme un cotillon, & cette toile eft taillée d'une maniere, qu'elles en font venir une des extrémités sur la tête par derriere le dos. Elles n'ont point d'autre habillement, foit qu'elles demeurent à la maison, soit qu'elles aillent par la ville, & elles ont de hauts patins pour chaussure. Elles portent à leurs oreilles un petit cercle d'or ou d'argent, qui est plat & gravé, & elles se parent le nez avec des anneaux qu'elles passent à une narine. Leurs doigts sont ornés de bagues: elles en mettent plusieurs; mais comme elles aiment à se mirer souvent, il y a toujours une de ces bagues dans le chaton de laquelle est un petit miroir d'un pouce de diamétre au lieu de pierre:fi ces Indiennes font idolâtres, elles marchent le visage découvert; & fi elles font mahométanes, elles le couvrent. * Thevenot. Voyage des Indes, 95, & fuiv.

Beaucoup de gens à Agra font curieux de nourrir des animaux, pour avoir avoir le divertissement de les faire battre ensemble; & comme les éléphans & les lions coutent beaucoup à nourrir, la plupart se contentent d'élever des boucs, des moutons, des béliers, des coqs, des cerfs & des gazelles, pour régaler leurs amis du combat de ces animaux. On voit dans les Indes plusieurs peintures fur du papier & fur de la carte, mais presque toutes font groflieres, & on n'y estime que celles qui font faites à Agra & à Dehli. Cependant comme celles d'Agra font pour la plupart indécentes, & repréfentent des postures plus lascives encore que celles de l'Arétin, il y a

peu d'honnêtes gens d'Europe qui en achetent.

45, dic

3. AGRA, ancien nom d'un lieu de l'Attique, où l'on dit que Diane chassa pour la premiere fois, felon Artemidore: il étoit proche de la source de l'Iliffus, felon Strabon, 1.9, p. 400. Paufanias in Atticis, p. qu'il y avoit un temple dédié à Diane chafferetle, & que sa statue portoit un arc. Et Corneille, Dict. au mot AGRES, dit fans citation, que ce temple est présentement une petite église, que ceux du pays nomment le crucifiement de S. Pierre, & dans laquelle on voit encore un ancien pavé à la mosaïque. Mais il se trompe quand il fait dire à Paufanias, que l'on appella ce temple Agrotera. Cet ancien dit, que ce temple étoit dédié à Diane Champêtre, Αγροτέρας Αρτέμιδος : de forte qu'Αγροτηρα, qui veut dire champêtre, est l'attribut de la Déesse, & non pas le nom de fon temple.

4. AGRA, ancienne ville de la Sufiane, selon Prolomée, 1.6, c. 3. Les cartes dressées sur cet auteur la mettent fur la rive orientale du Tigre réuni avec l'Euphrate.

5. AGRA, ancienne ville d'Arabie, felon Pline, 1.6, c. 28, à l'entrée du golfe Ælanite, selon Etienne, qui la nomme EGRA. Il ne faut pas la confondre avec l'Egra de Pline & de Ptolomée, laquelle étoit plus avant dans les terres. * Harduin. in l. c.

6. AGRA, ville épiscopale d'Afrique, dans la Numidie. Libofus ab Agra episcopus affifta au concile de Carthage, tenu fous S.Cyprien.* Hardouin, Collect. conc. t. 1. p. 167 AGRABAT. Voyez AGRABATENE. AGRADATUS, ancien nom de Cyrus, fleuve de Perse. C'est aujourd'hui le Kur, qui se mêlant avec l'Araxe, se jette dans la mer Caspienne.

AGRÆ, ancienne ville d'Arcadie, selon Pline, 1.4, c. 6. C'est le seul auteur qui en fasse mention.

1. AGRÆI, ou AGRENSES, peuple de l'Arabie heureuse, felon Pline, 1.6, c. 28. Denis le Periégere, v. 956, & Etienne le géographe. Le premier dit qu'ils étoient bons guerriers.

2. AGRÆI, peuple de l'Arabie déserte, selon Ptolomée, 1.5, c. 19, qui les fait voisins de la province de Batanée.

3. AGRÆI, peuple de Gréce dans l'Etolie, felon Strabon, l. 10, p. 449, & Tite-Live, cité par Ortelius. Ils étoient sur les bords de l'Acheloüs, felon le premier.

AGRAGA, ancienne ville épiscopale d'Espagne. Dans le deuxième Concile de Tolede, il est fait mention de Nobridius Agragenfis. On ne fait dans quelle province étoit ce fiége. * Carol. à S. Paulo, Geog. Sacr. p. 183.

AGRAGAS, ancien nom d'une riviere de Sicile. On l'appelle aujourd'hui GERGENTI, ou la riviere de faint Blaise. Fasellus & Aretius cités par Ortelius, disent que son nom moderne est Draco. * Corn. Dict.

Il est aifé de les accorder: car l'Agragas se joint avec l'Hypfa au-dessous de l'ancien Agrigente. L'Agragas est la riviere de faint Blaise; l'Hypsa est aujourd'hui nommée Draco, ou, comme l'écrit de l'ifle, Dragi, & comme elle se mêle au-dessous de Girgenti, quelques - uns donnent à ces rivieres réunies dans un même lit, le nom de cette ville. Voyez AGRIGENTUM & GIRGENTI.

AGRAM, ville épiscopale de Hongrie, fur les frontiéres du Cilley & de la Carniole. On la nomme aufli ZAGRAB. Voyez ce mot * De l'Ifle, Atlas.

AGRAMÓNT. Quelques-uns écrivent AGRAMUNT, en Latin, Agramontium. Ce n'étoit qu'un village, comme il paroît par l'inftrument de donation faite par Ermengaud, comte d'Urgel, à Dulcia sa femme, & Ermengaud leur fils en date du 6 de Novembre 1113. Elle y est nommée ACRIMONS. Mati n'en fait qu'un bourg, & Baudrand dit que c'est une petite ville. Elle est située en Espagne, dans la Catalogne, sur une montagne, an pied de laquelle coule le torrent de Sio, entre Lerida & Solfone, avec un vieux château. On dispute si ce ne feroit point la Télobis des anciens. * Marca, Marca Hispanica, p. 1240. Jaillot, Atlas. Baudrand.

AGRANI, l'un des plus gros bourgs de la Babylonie, au détour de l'Euphrate. Pline, 1.6, c. 26, dit que les Perfes le ruinerent.

AGRANTOMAGUM, ville de la Gaule, felon Antonin. Itiner. Voyez Argantomagum.

AGRANUM. Corneille dit que c'est une ville ancienne de l'Arabie heureuse, que Strabon appelle Agarena; qu'elle

qu'elle avoit reçu fon nom des Agaréens ou Agaréniens, qui en faifoient leur capitale. Corneille ajoute que fes habitans s'étant révoltés, l'empereur Trajan marcha contre eux pour les en punir, qu'il mit le fiége devant leur ville, & abattit même une partie de leurs murailles, sans qu'il put venir à bout de la prendre. Il entre enfuite dans le détail de ce siége, & cite Xiphilin, qui ne parle pas des Agaréniens, mais des Atréniens, comme de Valois a montré qu'il faut lire; leur ville que Corneille nomme Agranum, ou Agarena est nommée Atra par Hérodien, 1. 3, & par Ammien Marcellin, 1. 25. C'est du moins le nom de celle dont Trajan fit inutilement le fiége, que Corneille décrit d'après Xiphilin, & que Sévere manqua aussi. Voyez ATRÆ & HATRA, ville de la Mésopotamie.

AGRAULE, le bois facré d'Agraule, auprès de la citadelle d'Athènes. Cecrops eut trois filles, Agraule, Erse & Pandrofa. La guerre s'étant émue entre les Athéniens & les Eleufiniens, les premiers confulterent l'oracle d'Apollon, qui leur répondit qu'elle ne finiroit heureusement pour eux que si quelqu'un se dévouoit pour la patrie. Dès que cet oracle fut divulgué, Agraule se précipita de la citadelle, & par sa mort elle procura la victoire à Erechthée son ayeul. Les Athéniens, pour reconnoître cette générosité, consacrerent à cette héroïne un bois & un temple à l'entrée de la citadelle, & ordonnerent qu'à l'avenir, avant que de marcher pour aucune expédition, ils obligeroient la jeunesse à faire dans ce bois le ferment dont Plutarque parle ici, & qui est une espéce de dévouement pour la patrie. Il est parlé de ce ferment dans l'oraison de Démosthène de fais, legat. mais il ne l'explique point. Plutarque parle aussi de ce ferment & du bois facré d'Agraule. * Dacier, note 48, fur l'Alcibiade de Plutarque.

AGRAVONITÆ, peuple de l'ancienne Illyrie, selon Tite-Live, 1. 45. AGRÉ, ville de la Lydie, felon Etienne le géographe. 1. AGREDA, ville du royaume d'Espagne, dans la vieille Castille, à trois lieues, & au fud-ouest de Taracona, fur les frontieres d'Aragon, au pied du mont Cayo, dont la hauteur semble applanir une autre montagne, fur le penchant de laquelle cette ville est bâtie. Longit. 15, 55, latit. 41, 50. Elle est grande, ceinte d'une bonne muraille, mais affez mal bâtie. On prétend qu'elle est sur les ruines de l'ancienne Gracuris. La chofe la plus remarquable qu'on y voie, sont les ouvrages de Marie d'Agréda, qu'on y montre en manuscrit comme une relique, par un trou de la grille du chœur. On les présenta à Philippe V, pour les baifer, lorsque ce monarque revenoit d'Italie en 1703. Le roi leur fit cet honneur. Cependant ces ouvrages n'ont pas manqué de cenfeurs, & la Sorbonne les flétrit l'an 1697, vingt-deux ans après la mort de cette Abbeffe. On peut voir l'article très-curieux que Bayleafait de cette religieuse, dont le cœur étoit fans doute meilleur que l'esprit. * Etat présent de l'Espagne, t. 1, p. 325.

2. AGREDA, ville de l'Amérique méridionale, dans le royaume de Popaian, au pied des monts. Elle est petite, mal peuplée, & dépend des Espagnols qui l'ont bâtie. Elle est à trente-cinq lieues au levant de la Mer Pacifique, en tirant vers Popaian, & environ à quarante de Quito, vers le nord, fuivant Jean Dicz de la Calle. Les Espagnols l'ont aussi nommée MALAGA; & il s'y est trouvé des mines d'or, au rapport de Laet. * Baudrand, éd. 1705. Laet, Ind. Occid. 1. 9, C. 17.

AGRES. Voyez AGRA 3.

1. AGRI, ou ACRI, riviere du royaume de Naples, en latin ACIRIS, AGRIUS. Elle a sa source dans l'Apennin, au-dessus de Marsico Novo, coule dans la Basilicate, assez près d'Agrimonté & de Tursi, puis elle se perd dans le golfe de Tarente. Voyez ACIRIS, qui est l'ancien nom de cette riviere.

2. AGRI, ancien peuple de la Sarmatie Européenne, felon Ptolomée, l. 3, c. 5.

1. AGRIA, petite riviere de la haute Hongrie. Elle a sa source dans le comté de Hont, paffe à Agria, & fepare le comté de Borfod de celui de Hewetz jusqu'à fon confluent avec la Teisse. De l'Isle la nomme ÉGERWITZ. 2. AGRIA, AGRIA, ville de la haute Hongrie, au comté de Borfod. Elle est épiscopale sous la métropole de Strigonie : il y a une citadelle qu'on nomme ERLAUT.

Elle est forte & bien munie. Les Allemands la nom. ment EGER. Elle est sur les frontieres de la Hongrie, à cinq milles d'Allemagne de Filleck vers le levant, en tirant vers Tokai, qui en est à sept milles, & à dix-fept milles de Bude au sevant d'été. Les Turcs l'affiégerent pour la premiere fois en 1552 avec une armée de foixante- dix mille hommes; le courage de la garnifon suppléa à la foiblesse de la place; il y avoit dedans deux mille Hongrois & foixante gentilshomines de la premiere noblesse du pays, qui y avoient fait venir leurs femmes & leurs enfans, avec ferment de souffrir les dernieres extrémités avant que de fonger à se rendre. Les effets suivirent ce noble ferment, puisqu'après quarante jours d'une vigoureuse attaque, ayant été fommés de livrer la place, ils firent voir un cercueil fur les créneaux des murailles, pour faire connoître la réfolution où ils étoient de mourir pour sa défense. Long. 37, latit. 47,30, Les assiégeans perdirent en un seul jour jusqu'à huit mille hommes en trois assauts, & furent enfin obligés de lever le siége, pendant lequel les femmes donnerent des marques extraordinaires d'intrépidité & de valeur. Cependant Agria ne put résister aux Turcs, qui la prirent en 1596, fous le régne de Mahomet III. Il se trouva en perfonne à cette conquête, où il perdit foixante mille hommes, tant au siége qu'en la bataille, dont ce siége fut suivi, & qu'il gagna néanmoins, parce que l'armée de l'archiduc Mathias & de Sigismond, prince de Transylvanie, s'attacha trop tôt au pillage. Ce sultan n'évita d'y être pris que par le moyen du bacha Cigale, renegat Sicilien. L'an 1687, les Impériaux reprirent cette ville fur les Turcs; ils la tenoient bloquée depuis trois ans, & plus de dix mille personnes y moururent de faim & de maladie. Le gouverneur, appellé Huffein, qui manquoit de tout, & qui n'espéroit aucun secours, ayant été enfin contraint de se rendre, les Turcs en fortirent le 9 décembre, & l'on trouva dans la place cent cinquante piéces de canon de toutes grandeurs, sept mortiers & quantité de provisions de guerre. Le P. Briet, Paral. 2 part. l. 1, p. 290, croit qu'Agria a eu le nom de TRISSUM du tems des Jaziges Metanastes. D'au tres croyent que c'est l'ABIETA, ou Abrieta de Ptolomée. * Baudrand, éd. 1705. Corn. Dict. Hift. & Desc. du R. de Hongrie, 1. 3.

AGRIANA, ville de Capadoce, felon Antonin, Itiner. 1. AGRIANES, fleuve dont parle Hérodote, 1. 4, 90, grossi des eaux du Contadesdos, déja mêlé avec le Téaros; il se perdoit dans l'Hébre, fleuve de Thrace.

2. AGRIANES, peuple voisin du mont Pangée, dans la Thrace. Il étoit voisin des Dombéres & des Odomantes. * Herodot. l. 5, c. 16.

AGRIASPE. Voyez ARIMASPI.

AGRIGAN, ifle de l'Océan oriental, dans l'Archipel de S. Lazare, l'une de celles qu'on nomme les isles des Larrons, ou les ifles de Marianne. On la nomme aufli L'ISLE SAINT FRANÇOIS XAVIER. Baudrand, éd. 1705, dit que c'est la plus grande des Mariannes, ayant cinquante lieues de tour, & qu'elle est fort peuplée; & il cite pour fon garant le Pere Louis Sanvitores. Corneille dit beaucoup mieux, qu'elle a seize lieues de tour: en quoi il s'accorde avec les observations physiques & mathématiques, publiées par le P. Gouie, & inférées dans les mémoires de l'Académie Royale des Sciences, éd. de Hol. à l'année 1693, p. 453, où l'on voit qu'Agrigan est la onzième de ces ifles, à dix lieues de Pagon, & à vingt de Songfon. (Corneille écrit Affongfon) & qu'elle a seize lieues de tour. La latitude de cette isse est de 19 d. 40' & non pas 4', comme dit Corneille.

AGRIGENTE, ville de Sicile: fon ancien nom étoit Omphate. Les Latins la nommoient (a) Agrigentum, & les Grecs Agragas, foit à cause du mont Agragas, fur lequel elle étoit bâtie, soit à cause du fleuve Agragas, qui coule au pied de cette montagne. D'autres ont voulu diftinguer ces deux noms, entr'autres un anonyme allégué par Ortelius. Agragas, felon lui, est aujourd'hui MONTESECCO, & Agrigenie est GIRGENTI; & ils répondent à l'Agrigentinorum emporium, ou port de mer des Agrigentins, & à la ville d'Agragas ou Agrigente, qui étoit plus éloignée de la mer: lieux que Ptolomée, 1.3, c. 4, a très-bien diftingués. Le P. Charles de Saint Paul, Geog. facr. p. 66, les confond mal-à-propos. Girgenti n'est ni la même ville, ni n'occupe le même terrein qu'A

Tome I. O

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grigente. L'ancienne ville étoit plus voisine que la nouvelle du confluent des deux rivieres Dragi & S. Blaise, & ces ruines font encore à présent nommées Gergenti Vecchio. (6) Les premiers fondemens d'Agrigente furent jettés par le peuple d Ionie, que Gelle ou Géson y conduifit; ce qui a donné lieu à Strabon de la nommer Agrigente Ionienne, Elien (c) remarque que ses anciens habitans bâtiffoient, comme s'ils euffent cru ne devoir jamais mourir, & qu'ils faifoient des repas comme s'ils euffent été perfuades qu'ils n'avoient plus que fort peu de jours à vivre. Phalaris se fit tyran de cette ville dans la sı olympiade, vers l'an 183, de la fondation de Rome, & il se maintint dans la fouveraineté environ 16 ans. Il étoit si inhumain que Perillus, célébre artisan d'Athènes, cherchant à flatter sa cruauté, fabriqua un taureau d'airain pour y renfermer les criminels & les y faire griller. Il en fut puni, puisqu'il fit la premiere épreuve de ce fupplice. Alcamon fut maître d'Agrigente après Phalaris, & il eut pour successeurs Alcandre, prince débonnaire, & enfuite Theron & Thrafidée, felon ce que dit Diodore de Sicile, 1. 13. Vers l'an 347 de Rome les Carthaginois ayant fait une descente en Sicile, s'établirent dans Agrigente, qui étoit alors grande, belle & bien peuplée, & qui fut une des plus puissantes villes de leur empire. Cicéron, 4, Verr. c. 43, parle du temple & de la statue d'Hercule qu'on y voyoit, comme d'un des plus merveilleux ouvrages de l'antiquité. Cette ville, illuftre par la naissance des deux Empedocles, le philosophe & le poëte, de Carfinus poëte, d'Acron médecin, de Merellus musicien, souffrit beaucoup par les courses que firent les Sarrafins en Sicile. Après qu'ils en furent chaffés Agrigente demeura foumise à divers princes qui s'en rendirent les maîtres. Les Agrigentins étoient somptueux en toutes chofes; ils portoient de riches étoffes qu'ils embellissoient encore avec de l'or : ils avoient plusieurs meubles d'or & d'argent, des lits d'yvoire, une grande suite de gens & de charriots en leurs pompes & en leurs folemnités. On dit qu'Exænetas, homme particulier, en eut trois cens tirés par des chevaux blancs, qui le suivirent après qu'il eut remporté la victoire aux jeux olympiques. Un certain Anfthene en eut huit cens qui l'accompagnerent lorsqu'il maria sa fille. On lit encore d'un Gellias, qu'il tenoît des gens aux portes de sa maison, pour convier tous les étrangers qui passeroient à y faire bonne chere; de forte qu'il logea un jour cinq cens hommes de cheval qui s'étoient retirés là en hyver. Il les traita magnifiquement, & leur donna enfuite à chacun des sayes & des hoquetons qu'il fit tirer de ses coffres. Les Agrigentins avoient coutume d'envoyer pour ambassadeurs les plus beaux de leurs citoyens aux villes les plus renommées. * (a) Pline, 1. 3,c. 8. (b) Corn. Dict. (c) Ælian. de var. Hift. l. 12, c. 29.

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AGRIGENTINORUM EMPORIUM, port de mer où les Agrigentins avoient leur commerce maritime & leurs vaisseaux. Ce port étoit à l'orient de l'embouchure de l'Acragas. Ses ruines font entre l'embouchure de cette riviere & l'église de San Léone. Ce port est different de celui qu'on appelle aujourd'hui Carricatore di Girgenti, qui est plus à l'occident. * De l'Isle, Atlas.

AGRILLIUM, ville de l'Afie mineure, dans la Bythinie, à cinq milles de Nicée. * Baudrand, ed. 1682.

AGRIMONTE OU AGROMONTE. Baudrand, éd. 1705, écrit AGROMENTO, bourg d'Italie, dans la Bafilicate, province du royaume de Naples. Baudrand ajoute que c'étoit autrefois une ville considérable, avec un évêché connu dans les notices sous le nom de Grumentum, dans la Lucanie; mais le contraire est démontré. V.GRUMENTUM. AGRINAGARA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, selon Ptolomée, l. 7, c. 1.

AGRINIUM, ville de l'Acarnanie, felon Polybe, 1. 6, & Diodore, 1. 19.

AGRIOMELA, SPERCHIUS, riviere de la Turquie Européenne, dans la province de Janna. Elle descend du mont Mezzovo, d'où coulant vers l'orient, elle va se perdre dans le golfe de Zéiton, au nord - est de cette place, fur les confins de la Livadie.

AGRIOPHAGES, ancien peuple de l'Ethiopie, selon Pline, 1.6, 6.30. Leur nom fignifie qu'ils se nourrisfoient de la chair des bêtes féroces, s, comme de panthéres, de tigres & de lions.

AGRIPPA, colonie de laquelle il est fait mention dans

le trésor de Goltzius. Le P. Hardouin, Num. Antiq, illust. p. 9, fournit une médaille AΓΡΙΠΠΕΩΝ, fur laquelle est une proue de vaisseau, & fur le revers une tête voilée qui représente le sénat de cette ville. Il croit avec bien du fondement que les habitans de cette ville font les mêmes que Pline, l. 5, in fine, nomme AGRIPPENSES, & qu'il met dans la Bithynie.

AGRIPPIAS. Voyez ANTHEDON 1.

AGRIPPINA COLONIA, ville des Ubiens, fur le Rhin, felon Tacite. Elle est appellée COL. CLAUD. AUGA AGRIPPINENSIUM, dans une ancienne inscription; CoL. AGRIPPINA UBIORUM, sur une médaille de l'empereur Claude) COL. AGRIPPINA UBIOR. LEGIO XIX, sur une médaille de Vitellius; AGRIPPINENSIS LEGIO, par Ptolomée; AGRIPPINENSIS COLONIA, par Pline & Suétonne; elle avoit auparavant le nom UBII, qui lui étoit commun avec le peuple dont elle étoit la capitale. C'est aujourd'hui COLOGNE, ville archiepiscopale & électorale. Les Allemands la nomment COELIN. Le P. Hardouin, Nummi antiq. illuft., p.9, remarque qu'il faut dire Colonia Agrippinenfis, & non pas Agrippina; parce qu'elle tiroit fon nom d'Agrippine, mere de Néron, & non pas d'Agrippa. Voyez COLOGNE. * Ortel. Thef.

AGRIS, felon Ptolomée, 1.6, c. 8, ou

AGRISA. Selon Etienne le géographe, ville maritime de la Carmanie, entre l'embouchure du fleuve Sarus à l'orient, & le détroit du golfe Persique à l'occident. AGRIZAMA. Voyez ARGIZALA.

AGRO, ville d'Afrique, dans l'Abyssinie, au royaume de Tigré, selon Davity, qui y place un betenegus; c'est-àdire, felon cet auteur, un palais royal. AGROELA. Voyez AGRAULE.

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AGROILA. Etienne dit que ce nom a été donné à ArTALIE, ville de la Lydie.

AGROPOLI, bourg du royaume de Naples, dans la principauté citérieure, en latin Acropolis. Ceux qui veulent qu'il soit au même lieu que l'ancienne Pofidonia, ou Paftum, ne s'accordent pas avec Magin qui les distingue, & dans les cartes duquel Pesti & fa tour font placées au nord de la ville d'Agropoli. Longit. 33, 35, latit. 40, 20. Ce bourg est sur une montagne & fur la côte de Naples, à fix milles au midi de Capaccio. C'étoit autrefois un lieu affez considérable. * Corn. Dict. Baudr. éd. 1705.

LE GOLFE D'AGROPOLI. On appelle ainsi la partie la plus méridionale & la plus orientale du golfe de Salerne, que les anciens nommoient Sinus Pestanus. * Atlas & Leand. p. 197.

AGROS. Etienne le géographe nomme ainsi une région sans désigner où elle étoit. Ortelius avoit trouvé le même nom dans Cédrene, pour signifier un pays particulier vers la Propontide.

AGROSPI, ville de l'Ethiopie, sous l'Egypte, au bord du Nil, felon Pline, 1.6, 6. 30.

AGRY (Saint) ou AYRIC, Sanctus Agericus, abbaye de France. Voyez l'article de Verdun.

AGRYLÉ. Étienne le géographe, in voce arparah, observe que quelques-uns écrivoient ainsi ce nom au lieu d'AGRAULE, en retranchant fimplement un A, pour défigner certains habitans de l'Attique, de la tribu Erechthéide; mais il réprouve cette ortographe, parce qu'ils tiroient leur nom d'Agraule, fille de Cecrops, auffi-bien que le bois facré dont j'ai parlé au mot AGRAULE. Voyez cet article.

AGRYLE, ville de la Sardaigne, selon le même. C'étoit une colonie des Athéniens.

AGSPACH, petite ville de la basse Autriche, sur le Danube. Il y a une chartreuse, appellée Porta beata Maria, fondée vers l'an 1400.

AGUA DE MOURA, riviere de Portugal. Elle coule dans l'Estramadure, & va mêler ses eaux à celles du Zadaon. * Corn. Dict.

AGUADA, riviere d'Espagne, au royaume de Léon. Elle prend sa source au fud est de Ciudad Rodrigo qu'elle arrofe, & se rend dans le Douero au levant de Lamego. Sanfon, de l'Isle, Atlas.

AGUADE DE SALDANA, c'est-à-dire, l'Aiguade de Saldagne, petit golfe de la Cafrerie, sur la côte occidentale du cap de Bonne Espérance, à 15 lieues du fort que les Hollandois ont bâti sur la baie de la Table, vers le nord. * Corn. Dict.

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