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de l'architecte Lacer, qui a conftruit le pont. De Vayrac, de qui font ces remarques, ne convient pas qu'Alcantara foit la Norba Cafarea des anciens; il y a, dit-il, beaucoup d'apparence que ceux qui le croyent ainfi font dans l'erreur, d'autant qu'à la referve du pont, on n'y voit rien qui porte des marques d'une antiquité fi reculée : tout au plus, ajoute - t'il, elle peut avoir été bâtie dans fon voifinage & de fes ruines. La ville n'a rien de recommandable que les fortifications qu'on y a faites pour tenir les Portugais en bride. On a vû au commencement de cet article de quelle maniere elle fut prife fur les Maures, & confiée aux chevaliers de l'ordre de Calatrava, puis cédée à celui du Poirier, qui en a pris le nom qu'il porte à préfent.

2. ALCANTARA, ou ALCANTARILLA, bourg d'Espagne, dans l'Andaloufie,gau territoire de Séville, pas loin du Guadalquivir. Les Romains y avoient fait un beau pont pour paffer les marais que les inondations du Guadalquivir forment auprès de cette ville. Ce pont eft fort grand & fort élevé, & on pouvoit le fermer par les deux bouts. Long. 11, 41′, latit. 36,

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ALCARAZ, en latin Alcaratium, petite ville d'Espagne, dans la nouvelle Caftille, fur la Guardamena. Il y a un ancien aquéduc qui eft encore fort remarquable. Elle eft fur une montagne, & toute entourée d'autres montagnes qu'on appelle la SIERRA D'ALCARAZ, & le pays fe nomme le camp de Montiel. Elle n'eft qu'à fix. lieues des frontieres du royaume de Murcie, & défendue par un château affez fort. * Baudr. éd. 1705.

ALCASSAR., Voyez ALCAÇAR. ALCATHOÉ. Voyez MEGARE. ALCATILE, ville des Indes, au royaume du Carnate, au midi de Cangivouran, au couchant de Madras, & à l'orient de Velour. C'est une grande ville, mais fale & mal peuplée, comme la plupart des villes des Indes, Ge recueil des lettres édif.

ALCAUDETE, petite ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, dans le royaume de Cordoue. Elle eft fituée dans des montagnes, défendue par un château, & a titre de comté. Elle eft entre Cordoue & Jaën, à huit heures de chemin de la premiere, & à neuf & demie de la feconde. De Vayrac, État de l'Espagne, t. 1, p. 210, dit qu'elle dit qu'elle eft fur la route de Cordoue à Grenade, & qu'on la laiffe fur la droite; ce qui ne peut être qu'en prenant un grand détour, car allant en droite ligne on la laiffe à gauche. Corneille écrit Alcandeta, parce qu'il a trouvé dans le livre de Maty qu'il cite ALCANDETA, mais hors de l'ordre où devroit être ce mot, fi cette orthographe étoit celle de l'auteur, & non pas une faute d'impreflion. Tous les bons auteurs écrivent Alcaudete.

ALCAVE, citadelle qui eft dans la ville nommée le nouveau Salé en Afrique. Elle eft de figure ovale, grande comme une petite ville, & fermée de murailles épaiffes, & environnée d'un foffé fort profond & fec. Son enceinte renferme plus de deux cens maifons qui fervoient autrefois de demeure aux habitans de Salé. On y voit aufli une tour, où l'on a peint des croiffans. Ce château a été le ferrail des rois de Maroc, & ils y tenoient huit cens femmes, fous la garde de leurs eunuques. C'eft à préfent le palais du gouverneur. * Corn. Dict. De la Croix, Relat. de l'Afrique, t. 1.

I.ALCÉ,ancienne ville du Péloponéfe,felon Plutarque, in Cleom. Le P. Lubain, dans fes tables géographiques, dit qu'il y a apparence qu'elle étoit de l'Arcadie auflibien qu'Hærée, & que ces deux villes étoient fous la domination des Achéens. Il ajoute que Paufanias, in Achaic. fait mention d'une riviere appellée Alfus, qui femble avoir donné fon nom à la ville d'Alcé. * Corn.

Dict.

2. ALCE, ancienne ville d'Espagne, dans la Celtibérie, felon Tite-Live. C'eft apparemment la même qu'Alces qu'Antonin met fur le chemin de Mérida à Sarragoffe.

ALCEDO, nom d'un lieu d'où Thoas amena une flotte aux Grecs. Ortelius croit qu'au lieu d'Alcedo que l'on lit dans Dares Phrygius, il faut lire Calydonia; un manuscrit, qu'il poffédoit, portoit Calédone.

ALCEDONIA, nom latin de LA CEDOGNA, ville du royaume de Naples. Voyez AQUILONIA, qui eft le vrai nom latin, & CEDOGNA qui eft le nom vulgaire.

ALCEDRONENSIS URBS. C'est ainfi que les Annales de Fulde & de Metz nomment AuXERRE, ville de France

dans la Bourgogne.

1. ALCES, ville d'Espagne, felon Antonin, Itiner entre Mérida & Sarragoffe. Voyez ALCÉ 2.

2. ALCES, fleuve de Bithynie, felon Pline, l. 5,in fine. Il eft inconnu aux autres géographes.

ALCESTRIA, nom latin d'Aulcefter, bourg d'Angleterre, en Warwickshire.

ALCHABAR, ville du Diarbeck. Elle a plufieurs noms latins, Circefium, Circeium, Circufium & Conftantina. Elle eft fituée à l'embouchure de la riviere de Chabur dans l'Euphrate, entre les villes de Rahabat & de Rixa. C'eft apparemment par cette raifon qu'elle eft appellée CHABUR dans les grandes cartes de Sanfon. Gellius, au rapport de Baudrand, dit que les Turcs la nomment KIRKISIA, quoique ces villes foient diftinguées en ces cartes où Kirkifia eft placée fur l'Euphrate, vis-à-vis de la ville de Rahabat. Celle d'Alchabar eft remarquable par le tombeau de l'empereur Gordien.* Corn. Dict.

J'ai remarqué au mot DIARBECK le fond que l'on peut faire fur les cartes de Sanfon pour ce pays-là; fon autorité ne peut guères balancer celle de Gollius, & non pas Gellius, comme on lit dans le dictionnaire cité en marge. Cet homme, fort favant dans les langues orientales, avoit trouvé que Circefium eft nommé Kirkifia dans les écrits des Arabes, & non point par les Turcs, dont la langue eft différente. De l'Ifle, dans fa carte de la Turquie, de l'Arabie & de la Perfe, met Kerkifia audeffus du confluent du Chabur avec l'Euphrate, & n'en fait qu'un village. Mais il ne fait aucune mention d'Alchabar. Voyez l'article qui fuit.

ALCHABUR, riviere d'Afie, dans le Diarbecker, où elle fe mêle avec l'Euphrate, felon Thevenot, dans la fuite de fon voyage de Levant, p. 87. Elle a fa fource à environ quatre journées de Mardin, en tirant vers le midi. Il blâme Sanfon d'en avoir fait la même riviere que celles qui coulent à Dgiallab & à Orfo, quoiqu'elles foient très-différentes. L'eau du fleuve Alchabur eft fi bonne que fi un homme, après avoir mangé un agneau tout entier, boit de cette eau, il n'a point d'indigestion. Le même auteur avertit qu'il y a une autre riviere nom→ mée CHABUR, qui eft le CHOBAR, dont il eft fait mention dans la prophétie de Daniel. Voyez CHOBAR. De l'Ifle nomme CHABUR, la riviere de laquelle il eft question dans cet article. Le géographe de Nubie VI Pars Climatis IV, dit que Cquercqifia eft fur le côté oriental de l'Euphrate, & qu'au-deffous se décharge le fleuve HABNAS, dit ALCHABUR.

Remarquez que les Arabes fe fervent de la fyllabe AL lorsqu'ils veulent parler de quelque chofe avec emphase. Ainfi dans presque tous les noms tirés de leur langue, cette fyllabe AL peut être omife fans que le nom perde rien de ce qui lui eft effentiel. Dans les géographes Arabes, quantité de noms géographiques commencent par Al, comme Albahrain, Albalag, Alchotol, Aldabufiya, Algadda, Alkatif, &c. pour Bahrain, Balag, Chotol Dabufiya, Gadda,Katif. Cette remarque eft d'autant plus néceffaire, que dans les pays où les Arabes ont eu quelque part à la nomenclature, cette fyllabe eft embarrasfante pour ceux qui n'en favent point la jufte valeur. Ils ont de la peine à deviner, par exemple, qu'ALCAIRO n'eft autre que le Caire.

ALCHAH, ville d'Afie, dans la Tranfoxiane, fur le Sihon. On la nomme aufli TACHKUNT. Les géographes Perfans la mettent à 99 d. de long. & à 42 d. 30′ de fatit. * Corn. Dict. Voyageur curieux, c. 10.

ALCHAMARUM, ville d'Arabie. Elle eft fituée près du fleuve Ormannus, fur une montagne, dont le penchant eft environ de quatre mille pas. L'abord en eft fi difficile, que deux hommes peuvent en garder les avenues. Le fommet en eft très-fertile, & fournit à cette ville (our un roi Arabe fait fa réfidence) toutes les chofes dont elle a befoin. * Hift. de Timur Bec, l. 2, c. 7.

(où

ALCHASIR, nom moderne de Bérénice, ville d'Afrique, dans l'Egypte, felon Niger.

ALCHAT, lieu de la Palestine, duquel il eft parlé dans le livre de Jofué. La vulgate lit HALCATH, les feptante, ELCATH; les verfions de Luther, & l'Angloife, HELKATH; celle de Diodati, HELCATH, & celle de Smidt, CHELCATH; l'Espagnole, HALCHATH. C'étoit une ville de la tribu d'Afer, & elle fut donnée aux Lévites de la tribu de Gerfom.

ALCHAZAR, pays d'Afie. C'eft où l'Euphrate prend fa fource, felon l'auteur des propriétés des élémens, faus

fement attribué à Ariftote.

ALCHIONE, montagne de la Macédoine, felon les vieilles éditions de Pline, l. 4, c. 10; mais le P. Hardouin rétablit ce mot, & lit HALCYONE. Ortelius. Thes. juge que cette montagne pouvoit être vers la presqu'ile de Pallene.

ALCIACUM, nom latin d'AUXI-LE-CHATEAU, bourg de France, dans l'Artois.

ALCIMEDON, bourg du Péloponefe, dans l'Arcadie,

felon Paufanias.

ALCIMENE. Gombaut dit dans un fonnet qu'il a intitulé le tombeau du duc de Rohan, & qui eft inféré dans le recueil des épigrammatiftes François :

J'aurois paffé Céfar fi j'avois eu fon fort,

J'ai vaincu, comme lui, dans les champs d'Alcimene,
Mais il n'y mourut pas, & j'y trouvai la mort.

Il entend par-là cette partie du territoire des quatre villes foreftieres en Allemagne, où fe donna la bataille de Rheinfeld, où ce duc fut bleffé à mort. C'eft un peu trop ufer de la licence poëtique, que d'étendre jusques-là l'Alcimannis des anciens. Voyez l'article qui fuit. ALCIMOENNIS, ville de la grande Germanie, felon Ptolomée, l. 2, c. 11, dont les interprétes l'expliquent par ULM.

ALCIMUS, lieu de l'Attique, auprès du Pirée, felon Plutarque, in 1 hemift.

ALCINOI PORTUS, LE PONT d'ALCINOüs, port de Tifle de Corcyre, felon Euftate, cité par Ortelius.

ALCINOI HORTI, LES JARDINS d'ALCINOUS. Homere, Oais. 1.7, vante le goût qu'Alcinois, roi des Phéaciens, avoit pour les jardins. Virgile, Georg. l. 2, v. 87, fait mention des vergers d'Alcinous. Ils étoient dans l'ifle de Corcyre, aujourd'hui Corfou.

ALCIODRISUS PAGUS. C'eft ainfi que l'AUXERROIS eft nommé dans les capitulaires de Charles le Chauve, tit. 14, C. 12.

ALCIONE, ville de Theffalie, proche du golfe de Malée, aujourd'hui nommée golfe de Zéiton. Après la deftruction de cette ville, on bâtit fur fes ruines celle de METHON, remarquable par le malheur de Philippe, roi de Macédoine, qui y fut bleffé, & y perdit un œil. Corn. * ict. juftin.

ALCIONÉE, felon Corn. Di&. Paufan. in Corinthiac, lac du pays de Corynthe, dans le Peloponefe. Sa profondeur eft telle, que l'empereur Néron ayant ordonné de le fonder, on n'en put trouver le fond. "Selon la tradition des Argiens, ce fut par ce lac que Bacchus descendit dans les enfers pour en ramener fa mere Sémelé. Les Latins le nomment Alcyonium Stagnum. Ortelius doute fi c'est le même que Paufanias nomme Amphiarai fons.

ALCIPO, en latin Haiyfia, petite ville de Gréce dans la Livadie, & dans le quartier qu'on appelle la petite Gréce, vers la côte de la Mer Ionienne, près de Natalico. Elle eft presque réduite en village. * Baudr.

ALCMADE, belle maifon de plaifance, dans le voifi nage de Leyden. * Dict. géog. des Pays Bas.

ALCMÁNIA, l'un des anciens noms d'HÉRACLÉE,

ville de Carie.

ALCMAER, (I'E ne fe prononce point en françois) ville des Provinces - Unies, dans la Weftfrife, que l'on nomme autrement la Nord - Hollande. Elle paffe pour être la plus ancienne ville de la Hollande. Quelques auteurs difent, fans preuve, qu'elle eut pour fondateur Adgild II du nom, roi des Frifons, qui fuccéda à fon père Radbob, l'an 723. Entre ces auteurs, on en trouve un qui parle ainfi de cet Adgild.

Condidit Almariam vicinam pene Verona
Occidua emporio Frifia, cui claffe Britanna
Appulit undenis cum millibus Urfula Virgo.

Selon ces mêmes écrivains, Alcmaer fut d'abord nommée ALTENÆ. Ils racontent que la ville de Vérone, port fameux en ce tems-là, ayant été détruite, un prince qu'ils ne nomment point, voyant les habitans qui vouloient

commencer un nouvel établissement en cet endroit, leur dit: Altena, c'est-à-dire, trop pres, leur confeillant de ne point bâtir fi près de la ville de Vérone; Alcmaer eft plus vraifemblablement un refte des Marfatiens qui habitoient le long des Dunes, qui bornent cette province à l'oueft, & qui lui fervent de digues. Elle devint avec le tems le boulevard de Kennemerland & de la Hollande, qu'elle ne put cependant garantir des infultes des Frifons, que Charlemagne & fes fucceffeurs avoient rélégués au-delà du Kennem, fiviere formée des eaux du lac de Scherméer, & à laquelle ce lac communiquoit encore par un canal plus méridional, fur lequel Alcmaer étoit fituée. Alcmaer étant ville frontiere de la Frife occidentale, on y établit une douane, dont on céda les droits à l'Abbé d'Egmond, par Théodoric II, qui augmenta les revenus que Théodoric fon pere avoit donnés dans ce territoire dès avant l'année 960. Théodoric V y ajouta au territoire d'Alcmaer. Dès le tems de Diederic ou l'an 1083, le droit de donner un magiftrat à la ville & Théodoric II, les Frifons, après un rude combat,l'avoient brûlée; & l'an 1072, Godefroi le Boffu ayant fubjugué toute la Weftfrife, dépofa à Alcmaer le riche butin qu avoit fait; les Frifons ayant affemblé des troupes, affié gerent la ville pendant deux mois; mais Godefroi avec les bourgeois, fecourus de ceux d'Utrecht, en tua huit mille & les força de fe retirer. Au fiécle fuivant, l'an 1132, ils revinrent fous la conduite de Florent le Noir fils de Diederic VI, la prirent & mirent tout à feu & a fang. L'églife ne fut pas plus épargnée que le refte de la ville. Ils y firent de nouveaux ravages l'an 1166, sans pourtant endommager la nouvelle églife. Ils y revinrent encore en 1169, pour achever de la détruire; mais ils ne purent en brûler que les portes, ayant été repouffés avec beaucoup de perte. Enfin, la fortereffe de Thoremberg, que Guillaume, roi des Romains, fit bâtir en 1255, mit Alcmaer à l'abri des invafions de ces barbares. Outre ce bienfait, le même prince donna le droit de bourgeoifie aux habitans d'Alcmaer. Florent V, pour leur plus grande fûreté, fit élever, à grands frais, une digue jusqu'à l'extrêmité de la Weftfrife; &, pour tenir en bride les Frifons, il conftruifit les fortereffes de Nienbourg & de Midelbourg. L'an 1307, Arnold I, feigneur d'Ifelftein, fit creufer le canal depuis Egmond jusqu'à Alcmaer. En 1328, le feu prit par un accident, & confuma la ville & l'églife, & l'an 1382, on ajouta l'église de S. Mathias à celle de faint Laurent. Le couvent des freres mineurs fut bâti en 1448, & détruit en 1572. Celui des carmes fut fondé en 1467, & l'an 1468, la tour qu'on bâtiffoit à l'églife de faint Laurent n'étoit pas encore achevée lorsqu'elle s'écroula. Elle étoit, dit-on, fi haute, qu'elle pouvoit fervir de phare aux vaiffeaux qui étoient en pleine mer. Deux ans après, on démolit les deux vieilles églifes, & on n'en fit qu'une grande. En 1517, les Gueldrois & les Frifons furprirent la ville, la pillerent pendant huit jours, & fe retirerent; ce qui fut cause qu'on permit peu-après aux habitans d'y faire de nouvelles fortifications, que l'on augmenta en 1572, en agrandiffant la ville. L'année fuivante elle fut affiégée par les Espagnols, fous le commandement de Fréderic de Tolede, fils du duc d'Albe, qui fut forcé de lever le fiége, par la vigoureufe réfiftance que lui firent les habitans. Les femmes y firent paroître une intrépidité incroyable, & l'on peut dire que cette ville fut le terme fatal des conquêtes du duc d'Albe en Hollande. Les ré giftres publics d'Alcmaer confervent une particularité très-finguliere; c'eft que l'an 1637, on vendit publiquément dans les doéles de cette ville, par l'ordre & au profit de la chambre des orphelins, cent vingt & quelques tulipes pour le prix de quatre-vingt-dix mille forins de Hollande. Une de ces fleurs, nommée l'Amiral d'Enchuyfen, avec fon cayeu, fut vendue cinq mille deux cens florins; deux autres, nommées Brabançonnes, furent vendues trois mille huit cens florins; une autre nommée le Viceroi, fut vendue quatre mille deux cens trois florins ces regiftres marquent non- feulement le nom & le prix, mais même le poids de ces fleurs. Cette ville & celles de la Nort-Hollande ont perdu de leur ancien luftre depuis qu'Amfterdam a attiré à foi tout le commerce de quantité d'autres villes. On prétend que c'eft aux environs de cette ville que l'on fait le meilleur beurre & le plus excellent fromage de Hollande. Assez

près d'Alcmaer, on montre le terrein qu'occupoit autrefois la ville de Vérone, grande & fameufe ville marchande de Westfrife, laquelle fut détruite par Jean, fire de Hainault.

ALCMEDICK, petit bourg de la Tartarie Crimée, à cinq lieues de Bacchiferai. C'étoit le féjour ordinaire du fultan Galga, qui y avoit un palais plus commode que beau, & le long de fes murs paffoit une eau claire qui, jointe à d'autres, formoit la petite riviere que les gens du pays nomment Catchick, qui, s'étant jointe à d'autres ruiffeaux qui s'y jettent, prend le nom de Balbeck, que la Motraye croit être l'iftrianus des anciens.

ALCOBA, montagne d'Espagne. Elle s'avance du diocèfe de Coimbre, vers celle de Vifeu, & fe va joindre au mont Muro, dans celui de Lamego. Cette montagne n'a rien qui la rende confidérable que les rivieres qui y naisfent, & qui font abondantes en truites, en alofes & en lamproies.* Corn. Dict. Davity, Espagne.

Cette montagne s'étend en Portugal, dans la province de Beyra, du fud au nord, & presque parallele aux côtes de la mer.

1. ALCOBACA, Eburobritium, abbaye célébre de l'ordre de Cîteaux, en Portugal, dans l'Eftramadure, bâtie par le roi Alphonfe I. C'eft la fépulture de la plupart des rois de Portugal; elle eft ainfi nommée, parce qu'elle eft fur une côte près des torrens d'Alçoa & de Baça, à deux lieues de la côte de l'Océan, à cinq de Leyria, au couchant d'hiver, & à huit de Santaren.* Baudr. éd. 1705.

2. ALCOBACA, petite ville ou bourg de Portugal, auprès de l'abbaye de même nom, fur une hauteur. Il n'y a que deux cens cinquante habitans, avec un château affez bien conftruit. Voyez ce que j'ai remarqué à l'article ACOBA. * Corn. Dict.

ALCOBRICENSES. C'eft ainfi qu'on lifoit autrefois dans Pline, au lieu d'ARCOBRICENSES. Voyez ARCOBRI

GA 2.

ALCOCER, bourg d'Espagne, dans la nouvelle Castille, au duché de Villena. Il communique fon nom à une petite contrée appellée EL CAMPO D'ACOCER, & qui eft du côté de l'Eftramadure, entre la riviere de Zuya & la Guadiana. Il y a autour de ce bourg abondance d'huile, de grains, de vins & de miel. * Corn. Dict.

ALCOHOLADES, peuple de l'Amérique méridionale, dans la terre ferme, dans le gouvernement de Vénézuéla. Ils habitent près du rivage du lac Macaraybo, & font fort riches en or. C'eft une nation douce & civile, qui poffède des champs très-fertiles, & abondans en toutes fortes de vivres. Les Pocabuyes font leurs voifins. *Corn. Dict. Laët. Desc. des Indes Orient.

ALCOLEA, en latin Alcola, Arua & Flavium Aruenfe, petite ville d'Espagne en Andaloufie, proche le Guadalquivir, à fix lieues au-deffus de Séville. * Baudr.

1. ALCOMENE, ville d'Illyrie, felon Etienne le géographe.

2. ALCOMENE. Voyez ALALCOMENE. ALCONA, ancien port de mer, dans la Gaule Narbonnoife, felon Antonin, qui le met à dix-huit mille pas de Toulon. Quelques-uns croyent que c'est le cap Taillar

en Provence.

ALCONCHEL, château d'Espagne, dans l'Eftramadure, fur la petite riviere de Taliga, qui fe rend dans la Guadiana. Les Espagnols le prirent fur les Portugais le 7 Mai 1709.

ALCÓRRUCEN, en latin Sacilis & Sacili, bourg d'Espagne, dans le royaume de Grenade, felon Ambroife Morales, cité par Baudrand, in voce Sacilis.

ALCOSSUA, (montagnes d') en latin Alcoffua Montes. Voyez IDUBEDA.

ALCOUCHETTE, château de Portugal, dans l'Eftramadure, aux confins de l'Alantejo, fur le Tage, à deux lieues au-deffus de Lisbonne au levant. Il n'eft remarquable que parce qu'Emmanuel, roi de Portugal, y nâquit en 1469. Baudr.

que

ALCOYTIN ou ALCOUTIN, petite ville de Portugal, dans l'Algarve. Elle elt à fept lieues de Tavira, dans une petite ifle forme la Guadiana, vis-à-vis de Xerès de Guadiana. Cette ville eft défendue par un des meilleurs châteaux du royaume, & n'a qu'une feule paroiffe, avec un affez petit nombre d'habitans. * Corn. Dict. ALCRANES. Voyez ALACRANES.

1. ALCUDIA, bourg du royaume de Fez, dans la province de Garet, fur le cap des Trois-Fourches.* Corn Dict.

2. ALCUDIA, felon Baudrand, petite ville de l'ile de Majorque, à une lieue de Puglienza, & à septau levant de Majorque. Elle a été fortifiée par les Espagnols, ausquels appartient cette ifle. Il y a un affez bon port. Le Portulan de la Mer Méditerrannée, p. 30, la nomme ALCUDY, ou Alcudia. Elle eft fituée dans un bas terrein, au fond de la baie, à laquelle elle donne fon nom. Cette baie eft entre deux pointes ou caps; favoir, la pointe du cap la Pédre, & celle d'Alcudi qui gifent fud-elt & nordoueft; il y a environ dix-neuf milles de l'une à l'autre. Dans le fond de la baie il y a un petit iflet. On mouille ordinairement entre l'iflet & la ville, un peu plus endedans de l'iflet & d'une tour ronde, qui fe voit un peu éloignée de la marine; pour lors on trouve par trois, quatie & cinq braffes d'eau, fond de terre graffe ou vafe à une portée de canon, au large de la côte, & environ à une petite heue de la ville d'Alcudy.

LE CAP D'ALCUDY,cap del'ifle de Majorque. C'eft une longue pointe fort haute, qui fépare la baie d'Alcudy de celle de Poyance (Puglienza.) Cette pointe eft fort haute, & escarpée vers la mer, & fur le haut il y a une tour à feu, qui fert à faire fignal.

ALDBY, bourg d'Angleterre, dans le comté d'Yorck, fur la riviere de Dervent ou Darbent, entre Yorck & Hull. Gale, in Anton. Itin. 48, dit que les anciens ont également donné le nom de Derventio à la riviere de Dervent, & au lieu nommé préfentement Aldby, lequel étoit anciennement une ville des Brigantes. Ce bourg n'eft pas du nombre de ceux où l'on tient marché. Baudr. éd. 1705, le nomme Auldeby.

ALDEA. Ce mot qui, dans la langue Espagnole, fignifie un bourg en général, eft particulier à quelques lieux.

ALDEA DEL MORE, ville maritime de l'ifle de Ceylan. Elle eft fituée à une lieue de Matecalo, & à deux d'Ocatoty. C'eft ainfi qu'en parle Corneille fur le rapport de Mandeflo, qui, pour le dire ici en paffant, n'eft point auffi exact que le voyageur Oléarius, auquel on lui a fait 1 honneur de l'affocier. MORE eft un village fur la côte orientale de Ceylan, dans la province de Batecalo, au-deffus de la ville de Batecalo, en remontant la riviere de Paligam.

ALDEA EL MURO, bourg d'Espagne, dans la vieille Caftille, fur les frontieres d'Aragon, à l'orient de Soria, & au fud - oueft de Taracona : on le nomme aufli fur quelques cartes ALDEA DEL POCo. C'eft l'Auguftobriga de Prolomée, liv. 2, c. 6. Voyez AUGUSTOBRIGA 1. * Corn. Dict.

ALDEA EL RIO, bourg d'Espagne, dans l'Andaloufie, au nord du Guadalquivir, fur la route de Cordoue Anduxar. * Corn. Dict.

à

ALDEA GALLEGA, petite ville de Portugal, fur le bord de la mer, à trois lieues de Lisbonne vers le levant. Long. 8, 40, latit. 38, 39.

BERG.

ALDEBERG. Voyez ALTENBERG. ALDEBOURG, ÁLDEBROUG, ALDBURGH, ALDEURROUGH OU ALBOROURG, bourgade maritime d'Angleterre, dans le comté de Suffolck. On tient que c'eft l'ancienne Ifurium d'Antonin. Mais l'Ifurium des Brigantes n'étoit pas maritime; ainfi il ne fauroit convenir à Aldebourg, mais à Borougbridge dans l'Yorchshire, comme le dit Cambden.

ALDEGO, riviere d'Italie : elle a fa fource à l'occident de Montebello, dans le Vicentin, d'où coulant vers le midi, elle entre dans le Véronefe, où elle reçoit les eaux de l'Alpon, paffe à Villanova, où elle a un pont, puis reçoit au-deffous de Sancta-Maria, la Tramegna, puis va fe perdre dans l'Adige, entre Zerpano & Albaredo.

ALDENAER, petite ville d'Allemagne, dans l'Electorat de Cologne, fur l'Aar, qui la traverfe à trois quarts d'heure de chemin au-deffus de Sauffenberg, & à trois & un quart au nord-eft d'Arensberg.

ALDENARA, nom latin de la ville dOUDENARDE, ville des Pays-Bas.

ALDENBERG, Vetus mons, abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux en Weftphalie, au duché de Berg. Il y a une magnifique églife.

1. ALDENBOURG, ancienne ville de la Wagrie. Voyez ALTENBOurg 2.

2. ALDENBOURG, ville de Turinge. Voyez ALTEN

BERG 2.

ALDENHOVEN, bourgade, dans le duché de Juliers, fur la riviere de Dente, que l'on y palle fur un pont, à une bonne heure de chemin de fon confluent avec la Roer, au midi & à un mille commun d'Allemagne de Linnich: c'eft le principal lieu d'un bailliage qui en porte le nom. * De With, Atlas.

ALDERNAY. Voyez ARICA 2, & AURIGNI. ALDERSPACH, abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux, dans la baffe Baviere, au diocèse de Paffau.

ALDRADINA, petit quartier de Gréce, dans la Livadie. On croit qu'il répond à la Dryopie ou pays des Dryopes. * Baudr.

ALDUA DUBIS, nom latin du Doux, riviere de

France.

ALDUDES, montagnes des Pyrénées, dans la basse Navarre & dans le petit pays de Baigorri, entre Pampelune & S. Jean Pié-de-Port. Les Espagnols s'en font emparés peu-à-peu. * Baudr.

1. ALE, ville ancienne, fur la côte de Syrie, entre Pćdalie & Selinus, felon Pline, l. 5, c.27.

2. ALE, felon la Croix, Relat. d'Afrique, t. 2, royaume d'Afrique, dans le pays des Négres. Il eft féparé de celui de Joal par la riviere qu'on appelle Rio de la Grace, & confine à celle de Gambea; c'est où les Barbecins ont leur demeure. On appelle PORTO D'ALE une place qui eft à douze lieues de l'ifle de Goerée, & dans laquelle on voit une groffe pierre, nommée Balcine, où les mariniers vont faire de l'eau. Tout contre Porto d'Ale, fur le chemin qui conduit à Juala, il y a un petit bois, appellé Tapa, planté de grands arbres & fort épais, où les Portugais, qui habitent ce lieu-là, vont fe promener pour prendre le frais. Le tabac y vient très-bien, fans qu'on prenne la peine de le cultiver : il y croît auffi des tamarins & des ananas. Non loin delà eft la Cabo Mafte, c'est-à-dire, le cap où les mâts fe brifent, à caufe du vent qui fouffle de deux montagnes voifines, ce qui oblige les pilottes à ferrer de voiles en doublant ce cap. Sanut rapporte que les habitans d'Ale font idolâtres, qu'ils adorent la nouvelle Lune, & qu'ils font des facrifices d'animaux, & offrent des légumes, du ris & du millet à des idoles qu'ils tiennent cachées dans des troncs d'arbres, au fond d'une forêt fombre. Quand leur roi, qui eft vaffal du grand Jalof, qui commande au Sénéga veut entreprendre quelque expédition militaire, il fait affembler fes confeillers dans une forêt voifine de fon palais. Là, ils fe rangent tous autour d'une foffe de trois pieds de profondeur, qu'il a fait creufer exprès, & traitent des affaires de l'état, la tête baiffée contre cette foffe. Après que leur réfolution a été prife, on remplit ce creux, en y jettant de la terre, & le roi leur dit en partant que leur fecret eft enterré, & qu'on ne doit point appréhender que la foffe le révéle. Cette cérémonie fait une fi grande impreffion fur leurs esprits, que jamais leur deffein n'eft découvert que par l'exécution.

3. ALE, pays où les enfans d'Israël furent transportés par le roi des Affyriens, felon Ortelius, qui cite le premier livre des Paralipomènes, c. 5...

1. ALEA, ville de Gréce, dans l'Arcadie, felon Paufanias, l. 8, c. 23, qui dit qu'Aleus, fils d'Aphidas, en étoit le fondateur. Il y avoit un temple de Diane l'Ephéfienne, & un autre de Minerve Aléenne; un du dieu Bacchus, auquel on faifoit tous les ans une fête, à la quelle on fouettoit des femmes, de même qu'à Lacédémone on fouettoit de jeunes garçons. Diodore de Sicile, 1. 4, dit qu'elle fut nommée Ale d'Aleos, roi d'Arcadie.

2. ALEA ou ALEAS, ville de Theffalie, felon Etienne le géographe.

3.ALEA,ville ancienne de l'Espagne Tarragonoife,dans le des Carpétaniens, felon le même. pays

ALEBECE, REIORUM APOLLINARIUM. C'eft ainfi que Pline nomme la ville de RIEz en Provence. Voyez ce qui eft remarqué fur ce nom à l'article ALBICI.

ALEBUS, riviere d'Espagne, felon Feftus Avienus, Ora: Mar. v. 464, qui dit qu'il traverfoit un pays que les Gymnetes avoient poffédé, mais qui étoit devenu défert. Il met affez près delà la cité d'Herna.

Hic Herna Civitas fuit Gymnetes iftos gens locos infederant. Nunc defiitutus & diù incolis carens, Sibi fonorus Alebus amnis effluit.

Ce doit être quelqu'une des rivieres du royaume de Valence.

ALECE, en latin Alex ou Halex, petite riviere du royaume de Naples, où elle arrofe la partie la plus méridionale de la Calabre ultérieure: elle fort de l'Apennin, & paffant vers Bova, elle fe rend dans la Mer de Sicile. ALECTA, nom latin de la ville d'ALETH.

ALECTOROS, fortereffe près de l'embouchure du Boryfthene, felon Dion le Pruféen, cité par Ortelius, Thefaur.

ALECTUM, ancienne ville de la Grande-Bretagne. Cambden, in Angufia, croit que c'est à préfent DUNDÉE, ville de la province d'Angus, en Ecoffe.

ALEFELD. Voyez ALFELD.

ALEGRANCA, ifle d'Afrique, aux environs des Canaries. Elle eft plus au nord que celles de Roca & Graciofa; il n'y a point de villes, mais feulement des châteaux pour la fûreté & la défenfe des ports. * Corn. Dict,

ALEGRE, (*) ville de France, en Auvergne, dans l'élection de Brioude, généralité de Rion : elle eft comptée pour cent quatre-vingt-quatorze feux, & a titre de marquifat: la plupart des cartes ne la marquent que comme un village. (b) Elle eft fituée au pied d'une montagne, où eft un grand & fort château qui la commande entierement, & fur le fommet de laquelle eft un grand lac, qu'on dit être un goufre : au pied de cette même mon-' tagne eft un ruiffeau qui naît de plufieurs étangs, & qui fe rend dans la riviere de Borne. * (a) Dénombrement du royaume de France, t. 1, p. 347. (b) Davity, Auvergne.

ALEII CAMPI, grande plaine, dans la Cilicie. Pline, 4.5, c. 27. Denis le Périégete, v. 872. Etienne le géographe & Strabon, p. 676, en font mention; & Festus Aviénus, dans fa Périégefe, v. 1045, dit:

Clari poft ultima Bellerophontis,
Hic Cespes latè producit Aleïus arva.

1. ALEM ou ALEN. C'eft, felon Corneille, une ville impériale de Suabe, en la vallée de Kocher, que les Allemans nomment, felon lui, KOCHERTEN. Le vrai nom de cette ville eft Halle, & le pays où elle eft fituée se nomme Kochergaw. Voyez HALLE 6.

2. ALEM ou ALEN, petite ville d'Allemagne, dans la Weftphalie, dans le haut diocèfe de Munfter, fur la riviere de Werfe, entre Beckem & Drenftewort, dans la jurisdiction de Wolbeck, d'où elle eft éloignée de trois petits milles d'Allemagne. * Sanfon, Atlas.

ALEM-DAGHI. C'eft ainfi que les Turcs nomment l'OLYMPE, montagne de la Theffalie. Ce nom fignifie le Mont du Ciel, ce qui femble pris des poëtes, qui nom-ment le Ciel l'Olympe. Cette montagne est nommée ELles Grecs.

BOS par

ALEMAGNE. Voyez ALLEMAGNE.

ALEMANNI ou ALAMANNI, ALEMANI & ALLEMANNI, noms latins des Allemans. Il ne faut pas les confondre avec les Germains. D'Ablancourt, dans fa traduction de Tacite, rend fouvent le mot Germani par celui d'ALLEMANDS: il a tort, ce n'est pas le même peuple, & l'on ne trouve point Allemani dans Tacite. Le mot ALLEMAN, felon Agathias, l. 1, eft un compofé d'All & Man. Le premier, en langue allemande, fignifie tout, le fecond, homme. D'où le même hiftorien infére que les Allemans font un mêlange de gens ramaffés de différentes nations. Tacite femble autorifer cette opinion. » Je ne compte pas, dit-il, c. 29, entre les peuples de la Germanie ceux qui cultivent les champs Décumates, quoiqu'ils fe foient établis au-delà du Rhin » & du Danube: ce font les plus inconftans des Gaulois, » & la mifére excitant leur hardieffe, ils fe font emparés d'un pays dont on fe disputoit la poffeffion. « Leviffimus quisque Gallorum & inopia audax dubia poffesfionis folum occupavere.

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Le nom d'Allemani ne paroît pas avoir été connu des Romains avant le régne de Caracalla, qui prit le titre d'Allemanique. Aurelius Victor, in vita Ant. Carac. dit que ce prince défit, auprès du Mein, les Allemands, nation nombreuse qui combattoit très bien à cheval. Ce Tome I. T

même empereur prit aufli le nom de Germanique, ce qui prouve inconteitablement que ces deux peuples étoient diftinéts l'un de l'autre. Etienne le géographe, en parlant des Allemands, dit qu'ils font vollins des Germains. Vopiscus, in rooo, dit que les Germains & les Allemands font fort éloignés du Khin; & Euitath, dans fon commentaire fur le Périégefe de Denis, parle des Germains & des Allemands comme de deux peuples limitrophes. Cette proximité des deux nations les a fans doute, fait confondre par quelques auteurs. On les a aufli nommés Sueves ou Suaves. Procope, de bello Got. ne les confond pas: il dit, . 1, qu'au - deffus des Thuringiens demeuroient les Suaves, les Allemands nations puillantes & jaloufes de leur liberté mais Paul Diacre, de geftis Longobardorum, l. 3, c. 18, dit que le général Droctulft, qui avoit abandonné les Lombards, etoit originaire de la nation des Suéves, c'est-à-dire des Allemands. Gualfrid, abbé de S. Gal, dans un paffage rapporté par Pontanus, l. 2, de origine Franc. c. 2, in fine, dit Suevia & Alemania, fignifiant une même nation; les peuples nos voifins qui parlent latin nous donnent le premier de ces noms. L'auteur de l'anonyme de Ravenne, 1.4, c. 26, qui vivoit vers le feptiéme fiécle, met auprès de la Thuringe le pays des Suaves, qui eft auffi celui des Allemands. (Il faut prendre garde de confondre ces Suéves ou Suaves avec les Savienfes, qui habitoient le long de la Save, & qui font nommés Suavi par Jornandès, de rebus Getic. c. 53.

Quelques écrivains font dériver le nom d'Allemands du lac Lemanus, aujourd'hui le lac de Géneve; d'autres, de la riviere Alemannus, aujourd'hui Almul, qui entre dans le Danube auprès de Kelhéim, & fe fondent fur l'analogie de plufieurs noms de nations tirés des rivieres, comme les indiens du fleuve Indus. Hertius prétend que les mots Allerley manner on Almaenner, c'est-à-dire, toutes fortes d'hommes, viennent de la ligue qui fe fit pour fecouer le joug des Romains. Il s'appuie de l'autorité de Capitolin, qui dit, dans la vie d'Antonin le philofophe, c. 22, que toutes les nations, depuis l'Illyrie jusqu'à la Gaule, firent entr'elles une ligue; favoir les Marcomans, les Narisques, les Hermundures & les Quades, les Suéves, les Sarmates, les Latringes & les Bures. Ces peuples favoient par expérience que c'étoit fe perdre que de fre la guerre aux Romains féparément, & cette réflexion unit les peuples de la Germanie avec les Francs. On ne peut pas dire fi les Allemands ne faifoient qu'un feul gouvernement; car dans Ammien Marcellin, 7. 14, c. 19, Conftance dit: les rois & les peuples des Allemands, failis de crainte, vous demandent humblement par ces ambaffadeurs l'oubli du paffé; & on lit dans le même auteur, Z 17, c. 1, que trois rois des plus barbares d'entre les Allemands vinrent trouver l'empereur Julien, & il fait encore mention de plufieurs rois qui avoient des diftricts détachés les uns des autres; ce qui femble prouver qu'il y avoit entre les Allemands d'alors plufieurs royaumes. Cette nation demeura d'abord entre le Danube, le Rhin & le Mein, & S. Jerôme, dans la vie de S.Hilarion, tient qu'elle occupoit un tiers de l'ancienne Germanie; mais profitant de la foibleffe de l'Empire Romain, elle recula fes frontieres, & s'étendit jusqu'à la Lohn, riviere du pays de Heffe. Non-contens de pofféder au midi la plus grande partie de la Suabe & de la Rhétie, ils pafferent le Rhin, s'arrêterent fur les frontieres de la Gaule, où ils firent fouvent des courfes & des ravages, & fe rendirent maîtres de la Suiffe, féparée de la Franche-Comté par le mont Jura; de la Savoie & du Dauphiné, par le lac de Géneve. Sidoine Apollinaire dit dans le panégyrique d'Avitus fon beaupere:

Francus Germanum primum, Batavumque fecundum,
Sternebat: Rhenumque ferox Alemane bibebas
Romanis ripis & utroque fuperbus in agro
-Vel civis, vel victor eras.

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pas plus de mention des Allemands. Jornandès, de Rebus
Geucis, cap. 55, leur afligne pour bornes les Baiobari
ou Davarois à Lorient, les Francs à l'occident, les Bour-
guignons au midi, & les Thuringiens au nord. A ces
Sueves, dit-il, étoient joints les Allemands, qui gouver-
noient abfolument les hautes montagnes des Alpes.
Eginhard, ita Car. Magni, & l'auteur des annales de
France, dans la collection de Reuber, ad annum 787,
difent que la riviere du Lech féparoit les Allemands des
Bavarois. Les peuples nommés comme voifins & limi-
trophes des Allemands, ne doivent pas être pris à la ri-
gueur comme s'ils euffent déja habité les pays qu'ils oc-
cupent à préfent. Quant aux Bourguignons, Ammien
Marcellin, liv. 18, ch. 2 & affure que non-feulement
ils étoient voifins, mais même qu'ils avoient fouvent
quérelle, tant pour les limites qu'à caufe des falines.
Cette nation prit fin comme celle des anciens Germains.
Ammien Marcellin, liv. 28, chap. 25, dit que les Alle-
mands inquiétoient fans ceffe les Romains par de nou-
veaux troubles;on avoit beau en faire de grands carnages,
il ne paroiffoit presque pas qu'on en eût diminué le
nombre; accoutumés à piller les Romains, ils conful-
toient moins l'équité que leurs forces. Delà vient que
leurs rois furent fouvent maltraités par les Romains.
Chrocus, roi des Allemands, qui avoit fait les plus grands
ravages dans la Gaule, ayant été pris,
on le promena
ignominieufement par toutes les villes qu'il avoit facca-
gées; & après lui avoir fait fouffrir divers tourmens, on
lui coupa la tête, Grégoire de Iours, hift. de France, 1.
1, c. 30 & 32. Un autre roi de cette nation fut pendu.
Ammien Marcellin, l. 27, c. 2, leurs mœurs différoient
peu de celles des anciens Germains. C'étoit la même fu-
perftition pour les Auspices. Agathias, Hift. l. 1, dit qu'ils
adoroient les arbres, les rivieres, les collines & les val-
lées; ils appaifent, dit il, ces dieux en leur offrant des
chevaux & autres animaux. La chronique d'Idace leur
reproche la fourberie, & de tenir peu de compte de leurs
promefles. Salvien, de Guber. Dei l. 4, trouve leur ivro-
gnerie moins criminelle que celle des Chrétiens. Ils
étoient, en comparaifon des foldats Romains, felon Am-
mien Marcellin, 1. 16, c. 12, hauts, robuftes, cruels, fé-
ditieux, & fe prévaloient de leur grande ftature. Il fal-
loit qu'ils fuffent en grand nombre; car, felon Orofe,
47, c. 25 & 33, Conftantin en tailla en piéces foixante
mille, & l'empereur Gratien leur en tua encore trente
mille, fans qu'ils en paruffent affoiblis. Ils étoient divi-
fés par cantons. Ammien Marcellin nomme Pagus Bu-
cinobantum, qui eft peut-être Butzbac, au comté de
Solms, dans la Wétéravie. Ils ne manquoient point de
villes, & l'anonyme de Ravenne leur attribue celles-ci:

Gormetia, Worms.
Altripe, Altrip.
Sphira, Spire.
Porca, Pfortzheim.
Argentaria, Strasbourg.
Brececha, Brifach,
Bazela, Bafle.
Augufta, Augft.
Carftena,
Calfangita,
Wrcacha, Aurach.
Conftantia, Conftance.
Rugium, peut-être Tugium, Zug,
Bodungo,

Arbor Felix, Arbon.
Bracantia, Brezentz.
Alaja, Altrey.

Choraft, peut-être Kyrn.

Ziaberna, Saverne en Alface.
Frincina, Freinsheim.

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Aon
Laguirion,

Brara,
Albifi, Albich.
Ziurichi, Zurich.

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