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Geofroi le Barbu & Fouques Rechin ou le Rechigné, fils de la fœur de Geofroi-Martel. Fouques Rechin eut pour fucceffeur au comté d'Anjou, Geofroi fon fils ainé, furnommé Plantageneft, parce qu'il portoit ordinairement une branche de Geneft fur fon chapeau, comme fi c'eût été une branche de laurier. Geofroi époufa Malthide, veuve de l'Empereur Henri, & fille d'Henri I roi d'Angleterre. C'eft par cette allience que le duché de Normandie & le royaume d'Angleterre entrerent dans la maifon d'Anjou, nommée des Pantegenest depuis Géofroi. Henri, fils de Geofroi, fut couronné roi d'Angleterre ; il eut pour fucceffeurs,en fes grands états, fes fils, Richard Coeur-de-Lion & Jean Sansterre, qui regnerent l'un après l'autre. Philippe-Augufte confisqua les états du roi Jean, qui étoient fitués en France: il en conquit la plus grande partie; ent'rautres, l'Anjou, qu'il réunit à la couronne.

Henri III, roi d'Angleterre, fils & fucceffeur de Jean, céda à S. Louis fes prétentions fur l'Anjou, par le traité de l'an 1259: mais S. Louis n'étoit pas alors propriétaire de l'Anjou & du Maine, ces deux provinces ayant été données dès l'an 1225 à fon frere Charles en pleine propriété & fans aucune réferve pour la couronne, finon l'hommage & le reffort. Charles fut depuis comte de Provence & enfin roi de Sicile, & laiffa fes états à fon fils,nommé aufli Charles, qui donna l'Anjou & le Maine à fa fille Marguerite, lorsqu'elle époufa Charles, fils de France, comte de Valois, frere de Philippe le Bel. Ce prince Charles, comte de Valois, & fa femme laifferent l'Anjou & le Maine à leur fils, Philippe de Valois, qui, étant parvenu à la couronne, y réunit fon patrimoine. Enfuite le roi Jean, fils de Philippe, ayant érigé en duché, l'an 1360, l'Anjou, le donna avec le Maine à fon fils Louis, pour lui & fes enfans mâles, & les enfans mâles de ses enfans mâles : il porta depuis le titre de roi de Sicile, à caufe de l'adoption de la reine Jeanne I. Son petit-fils René ne laiffa qu'une fille, qui fut ducheffe de Lorraine, & il inftitua pour héritier en tous fes états fon neveu Charles d'Anjou, comte du Maine, qui confentit que, de fon vivant, Louis XI prit poffeffion de l'Anjou, & le réunit à la couronne. Au mois d'octobre de l'an 1480, Charles inftitua fon héritier univerfel le même roi Louis, qui eut pour fucceffeur fon fils Charles VIII fous le regne duquel René, duc de Lorraine, demanda qu'on lui reftituât tous les états de fon grand-pere René: mais des arbitres ayant été nommés, le duc fut débouté de fes prétentions. Long. Desc. de la France, part. 1 p. 100. 1 Angers, felon Piganiol de la Force, Desc. de la France, t. 6, p. 117, eft fitué un peu au-deffous de l'endroit où le Loir & la Sarte fe perdent dans la Mayenne. Cette derniere riviere partage la ville d'Angers presque également. La premiere enceinte de cette ville fut faite par Jean Sans-terre, roi d'Angleterre & comte d'Anjou. Le prince Louis, fils de Philippe - Augufte, qui a depuis regné fous le nom de Louis VIII, fit démolir les murs d'Angers; mais S. Louis fon fils, étant parvenu à la couronne, les fit rétablir de la maniere qu'on les voit aujourd'hui. On employa quatre ans entiers à cet ouvrage, & il ne fut achevé que fan 1232. Cette ville renferme neuf mille feux & environ trente mille habitans. On y compte feize paroiffes, dont douze font dans la ville & quatre dans les fauxbourgs. Elles font toutes franches de taille, à l'exception d'une qui eft en partie taillable. Outre ces églifes paroiffiales, il y a dans Angers huit chapitres & un grand nombre de couvens de l'un & de l'autre fèxe. L'églife cathédrale eft remarquable par trois clochers fort hauts qui font fur fon portail, dont celui du milieu femble être fuspendu en l'air, n'étant appuyé que fur les fondemens des deux autres. La voûte de cette églife eft fort haute & fort large, & d'autant plus hardie qu'elle n'eft point foutenue par aucun pillier, ce qui rend la nef très-dégagée & fort belle. Le chœur eft auffi fort beau, & cette églife renferme un tréfor que 'l'on ne montre que dans les grandes fêtes. Le féminaire eft un affez beau bâtiment qui a été établi par le feu évêque d'Angers, Michel le Pelletier, & il eft affocié à la congrégation de S. Sulpice de Paris. Le facre d'Angers, c'eft-à-dire la proceffion du jour de la Fête-Dieu, eft une des plus curieufes qui fe faffe dans le monde Chrétien: elle attire un grand concours de peuple dans la

,

ville. Cette cérémonie a été principalement inftituée pour être dans tous les fiécles une réparation publique de l'héréfie de Bérenger, archidiacre de l'églife d'Angers, qui a été le premier dogmatifeur contre la préfence réelle, & qui fit abjuration à Rome de fon erreur l'an 1079, devant le pape Gregoire VII. Cette proceflion eft annoncée par de grands préparatifs, commence le jour de la Fêre-Dieu de grand matin, & ne finit que le foir. Outre le clergé, qui eft des plus nombreux, & les ordres religieux, on y voit l'état féculier par ordre de corps, corps, de compagnies & de communautés au nombre d'environ quatre mille perfonnes, marchant la torche allumée à la main. Le chapitre de la cathédrale marche le dernier : tous les muficiens font en chape, & fuivent la croix. Douze enfans de chœur occupent le milieu de la rue entre les muficiens qui chantent un verfet en mufique. Les chanoines font tous en chape derriere le dais qui eft très-beau, & porté par quatre chanoines vêtus en diacres. L'évêque & deux de fes grands archidiacres portent le faint facrement fur un brancard. La proceffion va d'abord à l'abbaye de Roncerai, dans l'églife de laquelle elle trouve un grand repofoir magnifique. Les religieufes font dans un jubé devant l'autel où elles font un très-beau concert de mufique. Au fortir delà la proceffion dirige fa marche vers le tertre de faint Laurent, qui est une montagne hors la ville, où il y a une chapelle qui porte le nom de ce faint, dans la chaire de laquelle on prétend que Berenger a prêché contre la préfence réelle de Jefus - Chrift dans l'euchariftie. On fait un fermon dans cette chaire, après lequel la proceffion revient dans le même ordre qu'en y allant, avec cette feule différence qu'en revenant ce font les trois archidiacres qui portent le faint facrement, & l'évêque marche après les chanoines en chape, mitré & croflé, & donnant la bénédiction au peuple. Les rues font tendues de toiles en-deffus, faifant une espéce de plafond, qui empêche que la proceffion ne foit mouillée quand il pleut, ou que le foleil n'incommode quand il fait beau. Toutes les boutiques font ouvertes & remplies par des amphithéâtres, fur lesquels tout le monde fe place. Quoique cette proceffion parte du matin, elle n'arrive à la cathédrale qu'à trois heures après-midi, & dès qu'elle eft arrivée, l'évêque célèbre une grand'meffe que l'on chante en mufique. Pendant l'octave il y a tous les jours fermon dans cette églife. Les paroiffes & les communautés religieufes font alternativement des proceffions particulieres, qui n'inspirent pas moins de dévotion & de ferveur que la proceffion générale enfin la foire commence le lendemain de la Fête - Dieu, & ne finit que le famedi d'après l'octave.

Le château d'Angers eft fur un rocher, & entouré de foffés à fond de cuve, taillés dans le roc, taillés dans le roc, qui eft escarpé du côté de la riviere qui coule au pied, & de laquelle on éléve avec une machine très-commode toutes les munitions qui lui font néceffaires. Ce château a été bâti, felon nos meilleurs hiftoriens, par le roi faint Louis, à l'occafion des guerres que les Anglois & les Bretons faifoient à la France, Il eft flanqué de plufieurs groffes tours rondes, & d'une demie lune qui eft à la porte du fauxbourg. Il y a au pied du château une chaîne que l'on tend à la tour GUILLO, lorsque l'on veut fermer l'entrée de la riviere.

L'évêché d'Angers, felon Pigan, p. 104 2. 6, est le feul qu'il y ait dans le gouvernement d'Anjou. Il étoit établi avant l'an 380, & S, Défenfeur eft le plus ancien évêque de cette ville, dont on ait connoiffance. Cet évêque eft le fecond fuffragant de l'archevêque de Tours, fous la primatie de Lyon. Lorsque l'évêque fait fon entrée à Angers, il eft porté par les barons de Briolé, de Chemillé & de Blou. Celui de Gratecuiffe ne s'y trouve plus comme autrefois, parce que cette baronie a été réunie à l'évêché par Hardouin de Beuil, évêque d'Angers,qui en étoit poffeffeur. Le diocèfe d'Angers eft compofé de 668 paroiffes & de 23 fucurfales; il y en a 16 qui relevent immédiatement de l'évêque, indépendamment des archidiacres. De ces feize paroiffes, il y en a dix qui font dans le territoire de S. Florent le vieil & fur lesquelles l'abbé de S. Florent prétendoit autrefois loi diocèfaine; c'eft-à-dire, une jurifdiction presque épiscopale, dont l'appel fe releve à Tours devant le mé

tropolitain,

au couchant, le Vercellois & le Novarois au midi.
Cette contrée fut érigée en comté l'an 1397 par l'empe-
reur Wenceflas, en faveur de Galeas III: elle eft fertile
& bien peuplée. Outre la ville d'Anghiera, on y compte
encore celles d'Arona, de Vogogne, de Domo d'Oscel-
& de Margozzo. * Baudrand, éd. 1705.
ANGILI. Voyez ANGLI.

ANGILLON. Voyez DANGILLON.

ANGIMI, ville d'Afrique. Edriffi la place dans la troisieme partie du premier climat. Elle appartient à la province de Canem au pays des négres. Elle eft fort proche de la Nubie, qu'elle a à l'orient, & n'est éloignée d'une ifle des négres qu'elle a au midi que de trois journées. Il n'y a dans cette ville d'autre eau que celle que l'on tire des puits. * D'Herbelot, bibl. orient

ANGIO: les Italiens nomment ainfi l'ANJOU, provin ce de France.

ANGITIÆ LUCUS, ancien nom d'une forêt d'Italie, dont le nom moderne eft LA SELVA D'ALBI. Virg. Æneid. l. 7, v. 759, dit:

tropolitain, ainfi qu'il a été réglé par des arrêts des 19
Mars & 5 Juin de l'an 1609, & du 15 de Juin de l'an
1626. Ce différend de l'évêqued'Angers & de l'abbé de S.
Florent, fut terminé par transaction du 25 Juin de l'an
1673, & l'évêque rentra dans fon droit, à la charge
que l'abbé de S. Florent feroit le grand-vicaire de l'évê-la
que dans ces dix paroiffes. A Angers eft élection de
la généralité de Tours, une maîtrife des eaux & forêts,
un jurisdiction des traites, une justice confulaire & une
chambre des monnoies. Cette chambre avoit été jusqu'à
préfent affez inutile, à caufe que le chapitre de S. Laud
d'Angers prétendoit un dixieme du droit de feigneuriage
de ce qui fe fabriquoit en cette monnoie, ce qui avoit
engagé les rois à la tenir fermée toutes les fois que le
chapitre a voulu augmenter ce droit de feigneuriage;
mais les maire, échevins & habitans ayant représenté
que par acte du 24 Avril 1716, moyennant la fomme
de fix mille livres, les doyen, chanoines & chapitre de S.
Laud, avoient entierement renoncé à la prétention qu'ils
avoient fur ladite monnoie, & ne s'étoient réfervés, en
mémoire de leur ancien droit, qu'une offrande d'un
louis d'or que le prevôt des monoyeurs fera tenu de faire
tous les ans aux frais desdits monnoyeurs, à l'offerte de
la grand'melle qui fe célebre en ladite églife le 3 de
Mai; le roi a ordonné l'ouverture de ladite monnoie,
par édit du mois d'Octobre 1716, & en a réglé les officiers.
L'Univerfité d'Angers a été érigée par S. Louis, l'an
1246, à la priere de Charles I du nom, comte d'An-
jou, fon frere. Elle fut réformée l'an 1395, & l'an
1397, par deux arrrêts du parlement, & divifée en fix
nations, l'an 1432. Elle eft compofée d'un recteur élec-
tif, d'un chancelier perpétuel, ou maître d'école, des
quatre facultés de droit civil & canonique, de théolo-
gie, de médecine & des arts. La faculté de droit a quatre
docteurs régens, compris le profeffeur de droit fran-
çois, & deux docteurs aggrégés. La faculté de théologie
eft compofée de deux docteurs & de plufieurs autres qui
profeffent, lorsque la faculté le leur permet. La faculté de
médecine eft compofée de dix docteurs qui régentent
tour à tour, deux par chaque année. Celle des arts eft
compofée des colléges de Beuil & d'Anjou. On a fondé
depuis peu une chaire de mathématique dans le collége
des prêtres de l'oratoire. Les fix nations qui forment
l'univerfité d'Angers, font les nations d'Anjou, du Mai-
ne, de France, d'Aquitaine, de Bretagne & de Nor-
mandie. Les quatre officiers généraux de l'univerfité,
font le procureur-général, le receveur, le fecretaire &
le grand bedeau. Le premier & le dernier de ces officiers
font électifs.

Outre cette univerfité, il y a une académie de belles lettres, établie en 1685. Entre les illuftres que cette ville a produits, on compte Gilles Ménage, qui a écrit fur différentes matieres, Bodin, Airaut, Eveillon, jurisconfultes, & François Bernier, célebre par fes voyages. Long. 17, 8. Latit. 47, 29.

1. ANGERVILLE, petite ville de France, dans la Beauce. Elle est à quatre lieues d'Estampes, felon Baudrand, édti. 1705, à quatre & demie de celles qui contiennent deux mille toifes chacune, felon de l'Ifle, dans fon atlas. On la trouve en allant d'Eftampes à Jainville, & à trois & trois quarts de ces mêmes lieues de distance de cette derniere ville.

2. ANGERVILLE LE MARTEL, bourg ou gros vil lage de France, en Normandie, au pays de Caux. Il eft renommé par une grande foire que l'on y tient à la S. Mathieu. Il eft fitué entre Gafni & Fescamp, à une lieue de Valmont, & fon églife paroifliale dédiée à la Trinité eft affez bien bâtie.* Corneille, dict. mém. manus. ANGHIEN. Voyez ENGUIEN.

ANGHIERA, Angleria, petite ville de Lombardie, dans le Duché de Milan, vis-à-vis d'Arone, le lac entre deux, environ à trente-cinq milles de Milan, vers le couchant, fur le bord du Lac Major, dont elle étoit autrefois éloignée de plus de mille pas. L'empereur Wenceslas en 1397, du tems des vicomtes, ducs de Milan, l'érigea en comté. Elle a eu autrefois des feigneurs fort puiffants. Long. 26, 7. Latit. 45, 40. Baudrand., éd. 1705.

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LE COMTÉ D'ANGHIERA, Angleria Comitus, pays d'Italie au duché de Milan, au pied des Alpes, entre les Suiffes & le Vallais au nord, la Vallée d'Aoufte

Te nemus Angitie, vitreâ te Fucinus undâ
Te liquidi flevere Lacus.

Cellarius, l. 2, c. 9, p. 767,qui obferve que Virgile a fubftitué Nemus à Lucus, ajoute que cette forêt étoit au côté occidental du Lac Fucin, & que les habitans font nommés Lucenfes par Pline. Corneille dit que ce nom d'Angitia vient de Medée, qui, après avoir fui avec Jafon, en emportant la toifon d'or, vint en Italie, où elle donna aux Marrubiens, qui habitoient vers le lac Fucin, des remedes contre la morfure des ferpens, ce qui obligea ces peuples à la nommer Anguitie, du nom d'Anguis, qui fignifie un ferpent: il s'appuie de l'autorité de Servius fur Virgile. Solin (Polyhift, c. 2, p. 15, édit. Salm.) dit beaucoup mieux, fur le témoignage de Calius, que Eete avoit trois filles, favoir Angitie, Médée & Circé; que Circé occupa les monts Circéiens, & trompa les yeux par des enchantemens: que Angitie s'établit auprès du lac Fucin, & qu'elle fut regardée comme une déeffe, pour avoir appris aux hommes les remedes pour prévenir ou guérir la morfure des ferpens ; & qu'enfin Médée fut enfevelie à Buthrot par Jafon, & que fon fils gouverna les Marses.

ANGITOLA (1) Angitala, petite riviere du royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure. Elle tire fa fource du mont Apennin, &, ayant reçu quelques torrens en courant vers l'occident, elle paffe auprès du bourg & du château appellé la ROCCA D'ANGITOLA, & enfuite fe jette dans le golfe de fainte Eufémie, à huit milles de Monte-Leone, vers le feptentrion.* Baudrand, éd. 1705.

I. ANGLE OU ANGLES, S. Crux de Angla,petite ville de France, en Poitou, fur la riviere d'Anglin, avec une abbaye de l'ordre de S. Auguftin, fondée l'an 1210, fur les confins de la Touraine, & à neuf lieues au levant de Poitiers* Baudrand, éd. 1705.

2. ANGLE ou ANGLES) S. Maria de Angelis, abbaye d'hommes en France, de l'ordre de S. Auguftin, diocèfe de Luçon, proche la mer, à une lieue des Sables-d'Olone.

3. ANGLE OU ANGLES, petite ville de France, dans le Languedoc, près de la riviere d'Agout, environ à quatre lieues de S.Amand de Valtoret,au diocèfe de Caftres. Elle n'eft pas précisément fur l'Agout, comme le difent Blaeu dans fon atlas, & Corneille dans fon dictionnaire; mais fur une montagne au midi de l'Agout, & au nord de la petite riviere de Lar, felon la carte part. du diocèfe de Caftres.

4. ANGLE ou ANGLES, petite ville de France, dans le Bas-Languedoc au diocèfe de S. Pons, elle contient environ quatre cens familles, & a titre de ville diocéfaine.

ANGLEN ou ANGELEN, Anglia, Anglia - Minor, felon Baudrand, édition 1705, petit pays de Dannemarck, dans le duché de Sleswick, de quatre à cinq milles d'Allemagne de long, & un peu moins de large; mais fans aucun lieu remarquable, entre Flensbourg au feptentrion, & Sleswick au midi. Il appartient pour la plupart au duc de Sleswick-Gottorp. Plufieurs auteurs prétendent que c'eft de-là que font originaires les Anglois, lesquels ayant été appellés par ceux de la GrandeBretagne à leur fecours contre les Norwégiens, fe rendi Tome I. Mm

rent les maîtres de ces pays-là dans la fuite des tems, & lui donnerent leur nom qu'il garde encore à préfent: ce qui eft affez probable. Voyez ANGLI.

ANGLES, peuple venu du feptentrion de l'Allemagné, d'où il paffa en Angleterre, à laquelle il donna fon nom. Il fe divifa enfuite en Angles Orientaux EAST ANGLES, & Occidentaux WESTANGLES. Voyez ANGLI, ESTANGLIE & WESTANGLIE.

ANGLESEY, en latin Monas & Mona, felon l'état de la Grande-Bretagne, tom. 1, p. 135, ifle qui eft une annexe de la principauté de Galles, fous la couronne de la Grande-Bretagne. Elle en eft même regardée comme une partie en qualité de comté. Elle eft au nord-oueft, environ quatre-vingt milles à l'eft de Dublin en Irlande, & s'appelle Mon ou TIR-MON, (c'est-à-dire, TERRE DE MON) par les Gallois. Mais depuis que le Roi Edward I la conquit, les Anglois l'ont appellée ANGLESEY, c'eft-à dire, l'ifle ANGLOISE : elle eft dans le diocèfe de Bangor. Cette ifle eft environnée par la Mer d'Irlande, excepté du côté du fud-eft, où elle eft féparée de la province de Carnavan, par une langue de terre nommée Menay (ou Medway.) Elle a quatre-vingt milles de tour, & contient environ deux cens mille arpens, dix-huit cens quarante maifons, & foixante & quatorze paroiffes. On y trouve de ce bois de charpente noir dont nous avons parlé ailleurs, aufli bien qu'en la Marche de Rumney, dans la province de Kent. Il n'y a que deux villes; favoir, Beaumaris, à cent quatre-vingt-quatre milles de Londres, & Newborough. Mais, avant que les Gallois euffent été fubjugués par les Anglois, Aberfraw, en latin Gudivia, qui n'eft qu'un village à préfent, étoit la principale de l'ifle, & la réfidence des princes de la partie feptentrionale de Galles. Holy-Head eft le lieu où fe tiennent les paquebots établis pour l'Irlande, felon la Forêt Bourgon. géog. hift. t. 2, p. 127. Cette ifle obéiffoit à des rois ticuliers, connus fous le nom de rois de Vénédotie, avant que les Prinaes de Galles s'en fuffent rendus maîtres. Elle est divifée en fix Hundreds. Ou y recueille quantité de bled, & l'on en tire beaucoup de bétail, qui fe nourrit dans de beaux pâturages. Cette ifle eft entre le 53 & le 54 dég. de latit.

par

ANGLESQUEVILLE. Voyez ENGLESQUEVILE. ANGLET, bourg de France, au pays de Labour, à une lieue de Bayonne, généralité d'Auch, gouvernement de Guienne, parlement de Bordeaux. Les vins blancs y font délicieux, & viennent dans les fables. * Mém. faits fur les lieux.

ANGLETERRE, (L') Anglia ; c'eft un royaume confidérable de l'Europe. Ceux du pays l'appellent England, les Allemands das Engelland, les Efpagnols la Ingla terre, & les Italiens l'Inghilterra, les Grecs l'appelloient Albion. Voyez ce mot. Sous la domination des Romains il porta le nom de Bretagne fupérieure ou méridionale, pour la diftinguer de l'Ecoffe, qui étoit la Bretagne inférieure & feptentrionale. Les anciens habitans de l'Angleterre, connus fous le nom de Bretons, étoient, felon l'opinion la plus reçue, Gaulois d'origine : ils parloient la même langue qu'eux: ils avoient généralement le corps bien fait, la taille haute & les cheveux roux. Leur tempérament étoit fi robufte, qu'on n'étoit nullement étonné de voir parmi eux des hommes de cent ans. Ils ne portoient point d'habit, & fe faifoient dans la peau, des incifions qui repréfentoient des animaux, des fleurs, des arbres, &c. En y faifant couler du jus de paftel, ils donnoient à ces figures une couleur qui ne s'effaçoit jamais. Voilà quelle étoit leur parure.

Ces barbares habitoient des chaumieres couvertes de peaux, de branches d'arbres ou de gafon; elles étoient fituées dans les bois & les forêts. Leur nourriture n'étoit que du lait & du gibier. Les mœurs de ce peuple étoient autfi groffieres que fa nourriture, fes vêtemens & fes habitations. Plufieurs familles fe réuniffoient enfemble, & l'on n'y connoiffoit point les loix de la pudeur; les femmes y étoient en commun entre les freres & les peres. L'étonnement eft épuifé! L'on ne fongeoit pas même à fe dérober aux regards les uns des autres, dans ces momens où l'on rougit d'avoir un témoin. Cette coutume barbare fe conferva long-tems: l'on trouve que Julia Domna, femme de Septime Sévère, qui accompagnoit fon mari dans cette ifle, vers l'an 208, reprocha à une Bretonne une pratique fi contraire aux mœurs des autres

nations, & que la Bretonne lui répondit : nous faifons en public, avec des hommes choifis, ce que vous faites en particulier avec le premier venu

la

Les Bretons avoient une finguliere vénération pour déelle de la Victoire, &, à la maniere de tous les barbares, lui facrifioient des victimes humaines. La métemplicofe faifoit un article de foi dans la Bretagne comme dans les Gaules.

Jules Céfar paffa dans cette ifle, & fe contenta d'épouvanter les barbares qui l'habitoient: Augufte les laiffa tranquilles : Caligula voulut les foumettre, & n'ofa les attaquer. Claudius envoya contr'eux une armée conduite par des généraux habiles, & conquit une partie de l'ifle.

Le célebre Agricola étendit fes conquêtes. Adrien pour mettre les Bretons foumis à l'abri des invafions des Bretons rebelles, & des Pictes, fit faire un rempart qui traverfoit toute l'ifle d'orient en occident. Septime Sévère fit conftruire un mur à la place de ce rempart. Enfin le foible Honorius, voyant l'empire Romain déchiré de toutes parts, rappella les troupes qu'il avoit dans cette ifle, pour défendre le continent, & laiffa les Bretons en proie aux Pictes. Ces malheureux, peu accoutumés à combattre, n'avoient d'autre reffource que la fuite, lorsqu'ils étoient attaqués; mais ils rencontroient bientôt la mer qui les repouffoit vers leurs bourreaux. Le monde entier retentiffoit de leurs gémiffemens: les Saxons, ou Anglo-Saxons, les entendirent, & fe hâterent d'ac courir à eux, plutôt pour les dépouiller & augmenter leurs maux, que pour les fecourir. Sitôt qu'ils ont battu & chaffé les Pictes, ils s'emparent de la Bretagne, comme d'un pays conquis, le partagent entr'eux, proclament des rois, & forcent les Bretons à leur obéir. La Bretagne change de nom & de face : l'ifle eft appellée Angleterre, du nom de fes nouveaux conquérans, les ANGLO-SAXONS. Voyez ANGLOIS. Elle eft divifée en fept royaumes; de KENT, d'ESSEX, de SUSSEX, de VESSEX, de MERCIE, d'ESTANGLIE, & de NORTHUMBERLAND. La rivalité arme ces fept monarques les uns contre les autres : ils fe déchirent mutuellement. Enfin Ecber abbattit les fix autres, & refta feul roi. Les Danois qui ravageoient toutes les côtes maritimes de l'Europe, n'épargnerent pas l'Angleterre; après l'avoir longtems pillée, ils s'en emparerent, s'y établirent, & foumirent les Anglo-Saxons à leur domination. Ceux-ci fecouerent bientôt le joug; mais ce fut pour fubir celui des Normands, que Guillaume le Conquérant leur impofa. Ce héros s'en acquit la poffeffion par une bataille, vers l'an 1066, & la transmit à fa poftérité par une fuite de rois qui tous descendent de lui par leurs meres. Après la mort de Henri I, fucceffeur de Guillaume le Roux, & fils du Conquérant, la couronne d'Angleterre paffa a Etienne de Blois, fils d'Alixe, fille de Guillaume le Conquérant. Après la mort des comtes de Blois, elle paffa à Henri II, duc de Normandie, d'Anjou & de Guienne, fils de Mahend, fille de Henri I. Elle refta dans cette famille environ 331 ans, après quoi Henri, comte de Richemond, la poffe da: il descendoit par les femmes de la même maifon. Son fils Henri VIII, auteur du fchisme d'Angleterre, la porta après lui, & fa poftérité mâle s'éteignit avec Edouard VI, fon petit-fils. Marie fuccéda à fon frere Edouard VI: la célebre Elifabeth, qui étoit aufli fille de Henri VIII, fuccéda à Marie. Après la mort de celle-ci, Jacques VI, roi d'Ecoffe, fils de l'infortunée Marie Stuart, hérita de la couronne d'Angleterre ; ce fut en fa perfonne que les trois couronnes d'Angleterre, d'Irlande & d'Ecoffe furent réunies. On connoît les malheurs de cette illuftre famille. Charles I fon fils, ne monta fur le trône, qu'après avoir mené une vie errante & fugitive. Jacques I, voulant foutenir la foi, fut obligé d'abandonner fon trône. L'Europe aujourd'hui plaint & admire fes illuftres, descendans, que la nation Angloife a exclus du trône, pour y faire monter la maison de Hanover, descendue d'une fille de Jacques I.

L'Angleterre eft renfermée entre les so & 56 dég. de lat. & entre le 12 & le 19 de long. Elle eft bornée du côté du nord par l'Ecoffe, avec laquelle elle ne fait qu'une même ifle, n'en étant féparée que par les rivieres de Solvay & de Tuwed. Elle eft entourée de la mer de tous côtés: l'Océan germanique la borne au levant, la Manche ou la Mer de Bretagne au midi, & la mer d'Irlande au couchant. Sa plus grande étendue du feptentrion au midi,

eft d'environ trois cens trente mille pas anglois, ou cent trente lieues communes de France. Elle n'a de largeur, du levant au couchant que trois cens mille pas, & même elle est plus refferrée en plufieurs endroits; particuliérement vers les provinces du nord, où quelquefois elle n'a que foixante-dix mille pas de largeur. Du côté de Douvre elle n'eft féparée de la France que par le pas de Calais, qui eft un détroit de fix lieues Baudrand.

*

J'ai déja marqué au mot ALBION les divifions qu'on en fit anciennement fous ce nom. Je marquerai ici les autres les plus importantes.

Lorsque les Romains (fuivant l'état de la Grande-Bre tagne, t. 1, p. 35,) furent en poffeffion de ce pays, ils fe diviferent en peuples & nations. Ainfi ils appellerent ATREBATII les habitans de Barkshire.

BELGA, ceux de Wiltshire, Somerfetshire, Hampshire, & de l'Ile de Vight.

BRIGANTES, ceux d'Yorkshire, Lancashire, Durham, Wefimorland, & Cumberland.

CANTII, les habitans de Kent.

CATYEUCHLANI, ceux de Buckinghamshire, Bedforshire, & Vorkshire.

CORITANI, de Lincolnshire, Leicestershire, Rutland, Nottingham, Derby & Northamptonshire.

CORNAVII, ceux de Cheskire, Stafford, Shropshire, & Vorcestershire.

DUNMONII, les habitans de Cornouaille & Devonshire.
DOBUNI, ceux de Glocefter & Oxfordshire.
DUROTRIGES, ceux de Dorfetshire.
OTTADINI, de Northumberland.
REGNI, de Suflex & Surrey.

TRIBONANTES, d'Effex, de Middlefex, & de Hertfordshire.

Ces noms ont visiblement une origine celtique : les Romains & les Grecs les accommoderent à leur langue. Alfred, l'un des fucceffeurs d'Ecber, commença à divifer l'Angleterre en provinces: en voici la liste.

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Ces provinces font petites, excepté celle d'Yorkshire, qui s'étend en longueur l'espace de 80 milles, ou 27 lieues à 3 milles chacune. Cornouaille, 70 milles, Lincolnshire & Suffex, 60 milles. Cumberland, Gloceftershire, Kent, Norfolk, & Somerfetshire ont chacune environ 50 milles. Le mot shire, qui termine la plupart des noms des provinces, fignifie partage ou divifion. Mais quand on s'en fert feul, il a la même fignification que celui de County, c'eft-à-dire une province. Aux membres de parlement il faut ajouter quatre députés d'Ecoffe & vingt-quatre de Galles, faifant en tout le nombre de 558, qui eft celui de la chambre des communes, depuis l'union de l'Angleterre avec l'Ecoffe. Sept de ces provinces font fituées fur la mer du Nord, favoir,

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12

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Stafford,

Surrey,

Hereford,

Warwick,

Huntington,

Wiltshire,

Leicester,

Worcester,

Middlefex,

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Cambridgesh.

Cheshire.

Cornouaille. Cumberland. Derbyshire. Devonshire. Dorfethire.

Buckinghamsh. 40 18 185

35 20 163 7
45 25 85

70 40 161 27 44
50 38 58
30 25 106
50 45
45 25

14 II

Durham.

Effex.

35 30
45 36 415

394
248
118

38 -26

22

20

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Gloceftershire.

50 26 280

27

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La Saverne,

Les autres moins confidérables font

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La forêt de Dean dans la province de Glocefter. Celle de Sherwod dans la province de Nottingham. Et celle de Needwood dans la province de Stafford. Quoique l'Angleterre foit au nord, l'air y est assez tempéré: on n'y reffent ni des chaleurs exceffives en été, ni des froids trop violents en hiver. Les brouillards y regnent quelquefois des mois entiers. On n'y trouve ni vignes ni oliviers: les fruits n'y font pas fi bons qu'en France, & dans les pays méridionnaux de l'Europe; mais en récompenfe la bierre y eft très-bonne, les pâturages y font excellents, & la laine des beftiaux y eft admirable. En général le terrein y eft très-fertile en bled, & on y trouve des mines d'étain fin & de plomb. Le commerce y eft très-floriffant, parce que la nobleffe peut s'y appliquer fans déroger. Les principales marchandifes qu'on tire de ce pays font l'étain, le plomb, le charbon de terre, le beurre, le fromage, les cuirs & les étoffes qui s'y fabriquent, & qui fe transportent en Allema 30 gne, en Pologne, en Turquie, en Moscovie & en Pruffe Tome I. Mmij

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Les chevaux anglois font fins & pleins de feu, fur-tout ceux qu'on appelle Guildins. Ils vont d'une rapidité incroyable, ce qu'on a connu par cette fameufe courfe qu'un Milord fit fur la fin de 1754, de Fontainebleau à Paris en une heure 47 minutes. On y trouve auffi beaucoup d'eaux minérales. En un mot l'Angleterre eft un des plus abondans & des plus riches pays de l'Europe. Un des plus grands avantages de ce Royaume, c'eft qu'il n'y a ni ours, ni fangliers, ni loups; on y trouve peu de ferpens ou autres bêtes venimeufes. Les loups y étoient autrefois très-communs; mais Edgar, un des rois faxons, changea un tribut annuel,que devoit lui payer le prince de Galles, en trois mille peaux de loup. Tous les Gallois fe mirent en conféquence à faire la chaffe aux loups, & en nétoyetent fi bien le pays, qu'on peut lailler les beftiaux jour & nuit dans les pâturages, fans craindre les loups.

Les Anglois font braves, adroits, ingénieux & courageux. Leur cavalerie n'eft pas fort eftimée : mais leur infanterie eft une des meilleures de l'Europe. La nobleffe angloife eft polie, mais le peuple eft très-groflier.

Le gouvernement eft monarchique, ariftocratique & démocratique tout à la fois. Son ariitocratie confifte dans l'autorité du parlement, fans le confentement duquel le roi ne peut faire aucunes loix ni aucunes impofitions. Le Parlement eft compofé de deux chambres; la premiere qu'on appelle la Chambre-Haute, ou la Chambre des Pairs, parce que les princes du fang, les comtes, barons, archevêques & évêques y ont entrée. La feconde fe nomme la Chambre-Bajje ou des Communes, parce qu'elle est formée des députés des villes ou bourgs royaux. Comme l'autorité qu'ils ont dans le parlement, leur donne part au gouvernement, on peut dire que la démocratie a lieu en Angleterre. Ces chambres déliberent féparément, & lorsqu'elles font d'accord, la loix paffe : mais il faut que le roi y donne fon confentement. Il peut convoquer, caffer, proroger le Parlement. Il a deux millions fterlings de rente annuelle: il dispofe de toutes les charges eccléfiaftiques & militaires, ce qui lui donne beaucoup d'autorité dans le parlement, parce que chacun, aspirant aux charges, prend les intérêts du roi.

La religion de l'état eft la calvinifte: elle eft partagée en deux branches, l'épiscopale & la presbytérienne. La premiere eft ainfi nommée, parce qu'elle a confervé les évêques qui la gouvernent, fous l'autorité du roi qui en eft le chef. Elle eit dominante, & s'appelle anglicane. La presbytérienne dépend des miniftres & des anciens. Il y a en outre beaucoup de religions en Angleterre, & l'on y tolere presque toutes les fectes. La feule églife catholique n'y a pas le libre exercice de fa religion.

La langue angloife eft un mélange de la bretonne (qui ne fubfifte plus que dans la province de Bretagne en France, & dans la principauté de Galles, & que l'on prétend être l'ancienne celtique) du faxon, du normand & du latin. Elle a été bien cultivée depuis quelque tems, fur-tout depuis que les Anglois fe font mis à compofer dans leur langue des ouvrages où il entre beaucoup de réflexion & de favoir. On reproche à cette nation une prévention injufte qui la rend aveugle fur les talens des autres peuples, & qui fait qu'elle n'approuve que fon goût particulier. L'horlogerie, & plufieurs autres arts y ont été portés affez près de la perfection: peut-être les François méritent-ils quelque part dans cet éloge, par l'émulation qu'ils ont donnée.

NOUVELLE ANGLETERRE (la) fait partie de l'Amérique feptentrionale. Elle eft entre le 41 & le 45 dég. de lat. Ce fut un Florentin nommé Jean Verrazano qui en fit la découverte au commencement du xvre fiècle, & qui en parcourut toutes les côtes. Lact allure que François I voyant les heureufes navigations des Espagnols, l'avoit envoyé avec un navire monté de cinquante matelots pour découvrir les parties de l'Amérique feptentrionale. Jean Smith, Anglois, qui en a donné une description, dit qu'elle s'étend depuis la riviere Pennobscot, jufques au Cap Cod, presque en droite ligne, l'espace lieues, remplie de plus de quarante villages de Sauvages le long du rivage, & qu'il y a découvert vingt-cinq havres, dont quelques-uns font capables de contenir plus de cinq cens vaiffeaux, & quelques autres mille. Le continent eft bordé tout au moins de deux cens ifles, & il y en a plufieurs qui font des ports. La principale habitation des Sauvages eft vers le nord proche de

de

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Pennobscot. Il y a vers le fud le long de la côté, Macadacut, Segoket, Pemnaquid, Nusconcus, Kenabec, Sagadahoc & Aumoughcawgen. Les nations qui y demeurent s'appellent Segetago, Pathiuntanuck, Pocopajjum; Taughtanakagnet, Vabiggan, Naffague, Mashecosqueck, Wawrigweck, Moshoquek, Vackcogo & Paffaranck; les Aucocisco, Accominticus, Paffataquac, Aggowan & Naemkek. Ils font presque tous femblables en mœurs & en langage, & divifés en plufieurs provinces. Les Bejabeis qui fe tiennent le long des rivages du fleuve de Pennobscot font les plus grands de tous. Les Matahuntes habitent deux ifles féparées du continent, & embellies de jardins. Les Majjachufets, dont le pays eft beaucoup plus fertile que les autres, occupent plus de vingt villages & poffédent plufieurs prairies & campagnes, quantité de rivieres & divers lacs, auprès desquels on prend principalement des loutres & des caftors. La côte qui s'étend de Pennobscot jusqu'à Sagadahoc eft élevée en montagnes & a plufieurs ifles & rochers. La mer y eft extrêmement poiffonneufe & la terre fort fertile. La baye de Pennobscot, dans laquelle fe décharge. la riviere de même nom, a dix lieues de l'eft à l'oueft & autant du nord au fud. Elle eft divifée en plufieurs ifles, dont quelques-unes ont dix milles de long, & ouvrent différens ports. Du côté de l'eft demeurent les Tarentins, que l'on voit en guerre continuelle avec les Bef fabeis qui habitent de l'autre côté. Meccadaout est à gauche, au pied de certaines montagnes que la mer lave, & qui font fi hautes qu'on les apperçoit de dix-huit lieues. L'ifle de Sorisco, que les François ont appellée l'Ile haute, à cause qu'elle eft extrêmement élevée, eft au-devant de la baye. Proche delà eft le lieu nommé Ségochet, enfuite Nusconcus, Pemnaquid, & enfin Sagadahoc du même côté. Il y a eu là autrefois une colonie d'Anglois.

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II y

Les Aumukiawgenes Kinnebeki & autres Sauvages, ont leurs champs & leur cabanes auprès de Sagadahoc. La riviere de Pennobscot a quarante ou cinquante lieues, & fes rivages font bordés de chaque côté de motes de fable & de rochers couverts d'arbres, fi ce n'eft où les Sauvages demeurent. La terre y eft affez graffe & affez fertile; la contiée Aucocisco s'étend delà vers l'oueft, autour de cette grande baye, où il y a plufieurs ifles avec leurs havres. Sowocotuk en eft fort peu éloigné ; il eft fur une pointe du continent, qu'ouvre une large baye où le rivage eft de fable, mais fort dangereux, à caufe de la quantité d'ifles & de rochers qui le bordent. Ces ifles font fort agréables, tant par leurs bocages que par les divers fruits qu'elles portent. Elles font arrofées de plufieurs fources, & nourriffent une multitude presque incroyable d'oifeaux. En fuivant de la côte vers loueft, on trouve Accominticus & Paffaquatak, petits havres & commodes pour de petits bâtimens. La terre eft fertile proche de la côte. L'ANGOAM, province affez agréable, eft fituée proche de ces havres. Son port eft fort dangereux, à caufe des baffes, & trop éloigné de la haute mer. a des collines médiocrement hautes, cultivées par des Sauvages. A l'eft on découvre une ifle, longue de deux ou trois lieues. Un fort bel herbage fe trouve au milieu, le refte eft plein de bocages & de mûriers. Son port appellé Naimkerk eft fort affuré, & ne cede guère à l'Angoam, quoique fon terroir foit pierreux. Le cap de Trabizzanda, nommé par Champlain Saint-Louis, & par les Hollandois Vyngaërds Roes, s'avance en mer un peu au-delà par un long espace. Au devant il y a trois ifles qu'on nomme vulgairement Têtes de Turcs, & vers le nord une large baye, auprès de laquelle font plufieurs villages de Sauvages avec leurs campagnes. Vers l'oueft on trouve les illes Matahuntes, & leurs habitations. Lorsqu'on a paffé ce cap, ont voit la province des Maffachufets, où il y a une innombrable quantité de champs fertiles en toutes fortes de fruits. Les Sauvages y font en grand nombre: ce font gens affez paifibles; mais farouches & indomptables, fi on ofe les fâcher. Delà on navige à Accomak: c'est un fort beau port, mais, quoique le terroir y foit fertile, la pareffe des habitans eft caufe qu'on le fréquente fort peu. On vient delà au Cap Cod, appellé Cap Blanc par les Francois : c'eft comme une pointe de terre relevée en de hauts monceaux de fable, couverts de bas pins & d'arbriffeaux. Il y a un havre fort assuré derriere ce cap, qui eft environné d'un côté par une large

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