Negres: elle a Inta au couchant, Achim ou Akim au midi, & Cuafre avec Tafre au levant. Le pays qui la borne au feptentrion eft inconnu, & elle même n'elt pas trop connue, à cause qu'on y trafique fort peu. De I'lile, qui écrit ce nom AKAM par un K, la met dans la haute Guinée, dans le royaume d'Afiante ou d'Inta, à la fource de la riviere de Volta. * Corn. Dict. De la Croix, Relat. de l'Afrique, tom. 3. ACAMANTE, promontoire de l'isle de Chypre, à cause duquel elle a été autrefois nommée par quelquesuns ricamantis, (2) du mot Acamas, Achamas ou Acamantus, ancien nom de ce promontoire, qu'on appelle aujourd'hui CAPO DE SAN PIFANO. Ortelius, in parergo, donne à la pointe de ce cap 35 d. 30' d'élévation du pôle, qui est la latitude de Prolomée, 1.5, c. 14. Ce cap est à l'occident de l'ifle, & on croit que fon nom lui vient d'Acamas, fils de Théfée. Il y avoit autrefois une ville épiscopale de même nom que le cap. (b) Cette ville est maintenant réduite à peu de maisons rustiques, & ce n'est plus qu'un village nommé CRUSOCCO. * (2) Pline, Nat. Hist. 1. 5, c. 31. (b) Ferrar. Lex. ACAMANTIUM, ancienne ville de la grande Phrygie. Elle fut bâtie par Acamante, fils de Thesée, qui lui accorda une place pour cela, afin de le récompenfer de ce qu'il avoit courageusement combattu contre les Solymes. Etienne le géographe fait aufli mention d'ACAMANTIS, tribu du pays Attique. Hefyche, Suidas, Harpocration & Pollux en parlent aufli. * Steph. Byzant. ACAMBOU, Royaume d'Afrique, fur la côte de Guinée, vers le 19 me. degré de longitude & le 7me. de latit. fept. à l'occident de la Volta. D'autres écrivent ce nom AQUAMBOE, ce qui, prononcé à la maniere des Flamans, revient à la même prononciation. La plus gran. de partie de ce royaume est du côté de la terre ferme. Cependant on le confidere comme un des royaumes de la côte, parce que le roi d'Acambou étend sa domination fur les Negres qui demeurent le long de la côte, pour le moins à vingt lieues d'étendue. Quoiqu'il y ait parmi eux des royauines, ce roi a autant d'autorité fur eux que fur ses propres sujets, & elle est sans bornes. On dit qu'il n'y a que deux fortes de personnes à Acambou; savoir, le roi & fes amis qui font le premier ordre, c'est-à-dire, la famille royale & enfuite leurs esclaves qui font le second ordre; de forte que le roi n'a à craindre aucune faction, à moins qu'elle ne vienne de sa propre maison. Les habitans d'Acambou font orgueilleux & infolens. Ils aiment la guerre & font formidables à tous leurs voisins, excepté à ceux d'Akim, qui voudroient bien se rendre maîtres du pays d'Acambou, en payant une certaine fomme par an; ils y réuffiroient fi le roi qu'ils voudroient dépouiller de ce pays, n'avoit l'art d'entretenir la division entre leurs grands, & de les rendre par-là incapables d'employer contre lui toutes leurs forces; mais il fait les gagner par fes careffes & par des préfens continuels; de forte qu'il demeure tranquille poffeffeur de fon pays, & négocie comme il lui plaît. Ce roi & les grands font extrêmement riches, tant en or qu'en esclaves, & l'auteur dont j'ai tiré cet article croit que ce pays feul a plus de tréfors que tous ses voisins ensemble. Les HolJandois avõient commencé à bâtir un fort à l'extrémité de la côte, auprès du village de Poni; mais ils en furent empêchés, & ils se sont contentés d'y avoir une loge avec deux hommes. Les Anglois, les Danois & les Hollandois ont chacun un fort à Accara. Celui des Danois eft nommé Chriftiansbourg, & celui des Hollandois porte le nom de Crevecœur. Ces forts ne fervent aux nations qui les poffedent qu'à les mettre à couvert des infultes des Négres, & ne peuvent pas être employés à étendre leurs conquêtes. Quoique le pays foit de foimême affez fertile, les habitans manquent toujours de vivres avant la fin de l'année, & on leur en apporte d'ailleurs. Ceux d'Acambou ne s'occupent ni à la pêche ni à préparer le sel, qu'ils ont pourtant en une affez grande abondance. Ils le laissent faire aux Negres de la côte qui font nés dans le pays, ou qui s'y font venus établir d'autres endroits. Ces gens-ci, qui ont quantité de très beaux villages peuplés, ne se contentent pas de la pêche & de préparer le fel, ils négocient aussi avec les étrangers. * Bofman, Lett. 5. ACAMPSIS, riviere de la Colchide, Arrien, dans son Périple, du Pont-Euxin, met fon embouchure en ACANES, ou AKANIS, pays d'Afrique fur la côte d'or. C'est le même qu'AKIM. Voyez ce mot. 1. ACANTHE, ancienne ville de Macédoine, felon Pline, 1. 4, c.10, Scylax de Cariande, Perip. p. 27, ou de Thrace felon Étienne le géographe, fur le golfe Strimonien, dans la partie feptentrionale de l'ifthme de la presqu'ifle où est le mont Athos. Etienne le géographe dit qu'elle étoit fur cette montagne, & entourée d'une haye d'épines, d'où lui vint son nom d'Acanthe, qui fignifie en grecépine; il cite Mneseas qui vouloit que ce nom lui eût été donné à cause d'un certain Acanthus. C'étoit un port de mer, comme on le peut voir par plusieurs passages d'Hérodote, 1. 6, c. 44, & 1.7, C. 121, qui fait aufli mention de la Mer Achantienne, 1.7, c. 22; Scymnus de Chio en parle ainsi dans son poéme géographique, vers 645, & fuiv. Après qu'on a doublé Athos, on trouve Acanthe, colonie des Andriens, auprès de laquelle on montre un foflé de sept stades, que l'on dit avoir été creusé par Xerxès. 2. ACANTHE, ancienne ville de l'Athamanie, province de l'Epire, sur les confins de l'Achaie. * Stephanus. 3. ACANTHE, ville d'Egypte à trois cens vingt ftades de Memphis. Il y avoit un grand bois de ces épines, telles qu'il y en a dans la Thébaïde dont elles portoient le nom, & desquelles on recueille la gomme. Il y avoit aufli un temple d'Ofiris. Strabon, 1. 17, p. 809, dit qu'elle ressembloit à celle qui étoit dans la Lybie; ce qui semble signifier qu'il y avoit une ville de ce nom dans la Lybie. * Stephanus. 4. ACANTHE, ville de la Carie dans l'Afie mineure, auprès de Cnide. Elle s'appelloit aufli DULOPOLIS *. Stephanus. Pline, 1. 5, c. 39. Ces quatre villes se nommoient en latin Acanthus. Corneille, qui ne fait mention que de la premiere, die qu'elle étoit épifcopale sous la métropole de Theffalonique; ce que je n'ai point trouvé ailleurs. Ptolomée fait mention de la troisième qui étoit jen Egypte. Mais les exemplaires varient, & les uns. ont Κανθών les autres Ακανθών. Strabon & Etienne le géographe nous déterminent pour le véritable nom, qui est Axavlos, ACANTHUS. 5. ACANTHE, petite ifle de la Propontide. Pline, qui en fait mention, lib. 5 in in fine, la nomme entre Ophiuse & Phœbé, deux autres ifles. Pinet, dans sa traduction de l'histoire naturelle de cet auteur, met dans le texte Heantus, & en marge Acantus, fans nous dire la raifon de ce changement. ACANTHINE, ifle du golfe Arabique. Ptolomée, édit. Noviom. l. 4, p. 205, la place a 68 degrés 30' de longitude & à 15 degrés de latitude feptentrionale, au nord de l'ifle Macaria, & au midi de l'ifle Daphnide, vis-à-vis de l'Ethiopie sous l'Egypte. ACANTHON, montagne fameuse de Grèce, dans ACAPALA, bourgade d'Amérique, dans la nouvelle ACAPAM OU ACAPARAMI, ville d'Afie dans la Bithy- ACAPONETA, (a) riviere d'Amérique, dans l'audience de la nouvelle Galice. Elle arrofe un petit pays nommé Chiametlan, à caufe d'une bourgade de ce nom, se jette dans la mer du Sud, & a fon embouchure entre Dij Tome I. i celles des rivieres de faint Jago & de Mazatlan, vers le 22 d. 30' de latit. septentrionale, par les 268 d. 30' de longitude. Quelques auteurs (6) donnent le nom d'Acaponeta au pays de Chiametlan, & employent ces deux noms comme synonimes. * (a) De l'iste, carte du Mexiq. (b) Baudran, Maty, &c. ACAPULCO, en latin Acapulcum, port de l'Amérique, dans la nouvelle Espagne, est une affez grande ville, à 17 degrés du nord de la ligne. C'est le port de la ville de Mexique, du côté de l'ouest du continent; comme la Vera-Cruz ou faint Jean de Ulua, dans la baye de la nouvelle Espagne, l'est du côté du nord. Cette place est la feule ville de commerce qu'il y ait fur cette côte; car il n'y a que peu ou point de négoce par mer, du côté du nord ouest, qui fait partie de ce vaste royaume. Les hauteurs d'Acapulco sont très-remarquables. Il y a trois montagnes : celle du milieu est d'une hauteur & d'une groffeur prodigieuse. Au sommet elle se sépare & forme comme deux mamelles. Celle qui eft du côté de l'orient est plus haute & plus pointue que celle qui est au milieu, Depuis cette montagne mitoyenne, la terre va en penchant du côté de la mer, & finit par une pointe haute & ronde. Il n'y a point fur cette côte d'endroit de la même figure. * Voyage de Dampier. t. I, pag. 312. 20 Il n'y a que trois vaisseaux qui négocient à Acapulco, dont deux vont régulierement une fois tous les ans, entre Acapulco & Manille, qui est une des ifles Philippines; & l'autre y vient tous les ans de Lima. Celui-ci arrive d'ordinaire un peu avant Noël, & apporte du vif argent, du cacao & des piéces de huit. Il y demeure jusques à ce que le navire de Manille soit arrivé, & alors il charge des épiceries, des soyes, des indiennes & d'autres marchandises pour le Pérou, après quoi il s'en retourne à Lima : ce n'est qu'un petit vaisseau de piéces de canon; mais on dit que les deux de Manille font de plus de 1000 tonneaux chacun. Ils font le voyage tour à tour. Ils ne partent, ni l'un ni l'autre d'Acapulco, que vers la fin de mars, ou au commencement d'avril. Deux mois après leur départ, ils vont toujours mouiller & se rafraîchir à Guam, qui est une isle des Larrons. Ils n'y demeurent que deux ou trois jours, & reprennen ensuite la route de Manille, où ils arrivent ordinairement au mois de juin. Pendant que l'un est en voyage, l'autre se dispose à partir, & charge des marchandises des Indes orientales. Il s'avance du côté du nord jusqu'à 36, quelquefois jusqu'à 40 degrés de latitude septentrionale, avant que de pouvoir prendre le vent pour aller vers la côte de l'Amérique. Il rase premierement la côte de Californie, & puis retourne encore au fud tout le long des côtes, & ne manque jamais de vent pour le pouffer de là droit à Acapulco. Quand il a doublé le cap de faint Lucar, qui est la pointe la plus méridionale de Californie, il traverse le cap Corrientes, qui est à environ 20 degrés de latitude septentrionale. De là il cotoye encore jusqu'à Sallagua, où il met à terre les passagers qui vont au Mexique. Enfuite il continue sa route allant toujours le long de la côte, jusques à ce qu'il arrive à Acapulco. Ce vaisseau étant de retour à Manille, l'autre, qui n'attend que son retour, part pour venir à Acapulco. Le port d'Acapulco est fort commode pour recevoir les navires, & fi large, que des centaines de vaisseaux peuvent y être à la rade, sans s'endommager & fans courir le moindre risque. Il y a une petite ifle basse par le travers de l'entrée du havre. Elle a environ un mille & demi d'Angleterre de long, & demi mille de large, s'étendant à l'eft & à l'ouest. A chaque bout de cette ifle il y a un bon & profond canal, où les vaisseaux peuvent entrer & d'où ils peuvent furement fortir, en prenant l'avantage des vents. Ils entrent par un vent de mer, & fortent par un vent de terre; ces vents ne manquent jamais d'être favorables tour à tour; l'un le jour & l'autre la nuit. Le canal le plus occidental est le plus étroit, mais si profond, qu'on ne fauroit y ancrer. Les vaifseaux de Manille passent par là; mais ceux de Lima passent par le canal du fud-ouest. Ce havre regne environ trois milles au nord; après quoi il s'étrécit fort, tourne tout court à l'ouest, & va environ un mille plus loin où il finit. La ville est au nord ouest, à l'entrée de ce paffage étroit, tout proche de la mer ; & au bout de la ville il y a une plate-forme, avec plusieurs pièces de canon. A l'opposite de la ville, du côté de l'est, il y a un château haut & fort, quia, dit-on, 40 piéces de canon de fort gros calibre. Les vaisseaux passent ordinairement vers le fond du havre, à la portée du canon du château & de la plate-forme. Acapulco ressemble plutôt à un bourg habité par des pêcheurs, qu'à une ville. C'est là que se tient, tous les ans, s, la principale foire de la mer du Sud, où se trouve une grande quantité de négo-cians Chinois. Elle est couverte à l'est par de hautes montagnes, & les maladies y font fréquentes depuis le mois de novembre jusques à la fin de mai; auffi n'y tombe - t'il presque pas de pluie durant cet espace de tems; &, s'il en faut croire Gemelli, il ne pleut jamais le matin dans toute la nouvelle Espagne. Les chaleurs y font aussi grandes au mois de janvier, qu'en Angleterre durant la canicule, & l'on y est fort incommodé des moucherons, & des tremblemens de terre. Cette ville est fort sale, & mal pourvue de toutes choses. Les maifons font des cabanes construites de bois, de vafe & de paille. La plupart des habitans font negres ou mulâtres, & les négocians Espagnols n'y ont pas plutôt fini leurs emplettes à la foire, de ce que l'on y apporte de la Chine ou du Pérou, qu'ils se retirent. En un mot, il n'y a rien de bon que le havre qui est environné de hautes montagnes, & les vaisseaux y font amarrés aux arbres qui croiffent fur le rivage. * Voyage de Rogers, tom. 2. Le châtelain, qui est le principal magistrat durant la foire, a 20000 piéces de huit sur les droits qui se payent dans le port; le contrôleur & les autres officiers en ont autant; le Curé en a 14000 toutes les années, quoique le roi ne lui en donne que 180; mais il se fait bien payer des batêmes & des enterremens, & il ne veut pas quelquefois enterrer le corps d'un riche négociant, à moins de 1000 piéces de huit. Dans le court espace de tems que dure la foire, il s'y fait un commerce de plusieurs millions; de forte que tout le monde gagne alors beaucoup, & qu'un more ne travaillera pas à moins d'une piastre par jour. Aufsi toute la ville ne subsiste que du revenu de fon port, qui fournit à l'entretien des hôpitaux, des couvens & des miffionnaires. Les crocheteurs même y gagnent trois pièces de huit par jour, à charger & à décharger les marchandifes. Avis aux navigateurs. Si vous tombez sous le vent du port Acapulco, & que vous ne connoifliez pas l'aspect des terres qui s'élevent les unes au-dessus des autres, vous verrez quelques brisans blanchâtres vis-à-vis du port Marquis, qui est à deux petites lieues, ou environ, à l'est d'Acapulco. Si vous entrez par-là dans Acapulco, il faut être bien sur vos gardes avant que d'arriver à Punta del Marquis, où le rivage est haut & fablonneux. Il faut se tenir a l'est vers la chaine des montagnes, & vous verrez le port Marquis; vous n'avez ensuite qu'à ranger la côte, jusqu'à ce que vous découvriez un haut rocher blanc à l'entrée du port Acapulco, avec une ifle pleine d'éminences rouges; amenez la pointe est & ouest avec l'ifle, & courez tout droit vers le rocher blanc; alors vous verrez le Griffo, qui est un banc au-dessus de l'eau; tenez vous en à une petite distance, & vous aurez affez de profondeur. Courez enfuite vers Punta Morrillio, qui eft un petit précipice, & cela vous conduira jusqu'à BocaChica, ou à la petite entrée; vous verrez alors le château & la ville où vous pouvez mouiller; mais si le vent de mer soufle avec trop de violence, & que vous ne puiíliez pas gagner le port, donnez fonds, & attendez la brise de terre, qui vous y fera entrer. C'est un excellent havre, & un fond fable net. Lorsqu'on va de la mer tout droit vers Acapulco, on voit certaines montagnes, dont la premiere est un peu haute; celles qui font derriere s'élevent les unes au deffus des autres; & la plus exhauffée a un volcan au fudest. Le havre est au pié de ces montagnes, couvert par une ifle vers le nord-ouest, entre laquelle & la haute mer il y a un canal. L'entrée au fud-est est large : le plus grand danger qu'on y trouve est un petit banc, qu'on nomme el Griffo, dont une partie se montre montre au-dessus de l'eau; laissez-le sur la gauche à une petite distance, & vous verrez deux rochers qui s'élevent à quelque hauteur sur le rivage. ト le a ACARA, contrée de la côte d'or en Guinée. Voyez ACRON. ACARADI, province d'Afrique, dans le pays des négres. Elle a pour bornes au couchant Cammanah, au nord Quahoe, & au midi Ningo & Latabi. L'or que l'on y trouve est aussi bon que celui d'Acara, & on dit qu'il y en a beaucoup; les habitans le vont débiter à Abone, (Abonou.) Les terres d'alentour ne font pas si bien plantées que celles qui font aux environs de Cormantın, & ne rapportent pas tant. * Corn. Dict. de la Croix, relat. de l'Afrique, t. 3. ACARAGA, riviere de l'Amerique méridionale dans le Paraguai. Elle a sa source dans la province de Parana, &, après avoir coulé vers le sud-ouest l'espace de trente heures de chemin, elle se vuide dans l'Uruguay. Une ville, nommée de l'Afsomption, est bâtie au confluent de ces deux rivieres. * Atlas de de l'Ifie. ACARAI, place de l'Amérique méridionale, dans le Paraguai, à l'ouest de la riviere de Parana, dans la province de Parana, vis-à-vis de fainte Marie d'Iguazu, ville ruinée, qui étoit à l'orient de cette riviere, & un peu audeflus de l'embouchure de celle d'Iguazu : latit. mer. 26. Maty nomme cette ville ACARAID, & dit, après Baudrand, qu'on l'appelloit autrefois la NATIVITÉ. Je crois que c'est le nom de la ville ruinée & non-pas celui d'Acarai, qui est à l'autre côté de la Parana. * Atlas de de l'Ifle, & ACARASSUS, ancienne ville de la Lycie, dans l'Afie mineure. Le P. Charles de faint Paul, Geog. fac. p. 238, la nomme ACRASSUS; mais Holstenius a prouve qu'Acarassus est le vrai nom. Cette ville étoit épiscopale, Nicolas son évêque souscrivit au concile de Calcédoine. Il ne faut pas la confondre avec Acalissus, qui étoit dans la même province, ni avec Acrassus qui étoit dans la Lydie. ACARI, cap & port de mer de l'Amérique méridionale, sous les 15 degrés 23' de latitude méridionale. Ce port eft entre celui de faint Jean & Arequipa, à huit lieues de l'un & de l'autre. En cet endroit la terre est basse le long du rivage, mais plus haute dans le pays. Ce havre est très-bon, mais peu fréquenté, parce qu'il ne fournit rien pour le trafic. Cependant les vaisseaux destinés pour Arica & Arequipa y touchent dans la saison pluvieuse, & lorsque le courant porte sous le vent. * Rogers, supplément p. 56. ACARMAN, ancienne ville de l'Arabie heureuse. Voyez CARNA 2 & COBA. ACARNANIE, ancienne province maritime de la Gréce libre, entre le golfe del l'Arta, nommé alors d'Ambracia, d'une ville dont le nom s'est confervé dans celui d'Ambrackia, & le fleuve Acheloüs qui la séparoit de l'Etolie, comme ce golfe la séparoit de l'Epire. Le pere Briet, Parall. 2 part. 1. 3, p. 371, la place dans l'Epire grecque, & lui donne pour principaux lieux Actium, ville fameuse par son temple d'Apollon, & par la victoire d'Auguste: Echinus aujourd'hui Folgus, Aftacus, Stratus ou Stratos, Anaciorium, que de l'Ifle dans son Atlas, met dans la province d'Amphilochie, contre l'autorité de Strabon, l. 18, p. 450, & que Sophien croit être aujourd'hui Vonizza, Hazilea, selon Strabon, ou Azilia felon Pline, aujourd'hui Natalico: Leucade autrefois presquifle, & défolée depuis longtems par les Corinthiens, aujourd'hui l'Ifle de faint Maure. Du tems de Pline, on trouvoit dans l'Acarnanie des pierres qui tiroient sur l'argent, & d'autres qui étoient jaunes comme de l'or. On les calcinoit pour s'en fervir dans la médecine. Les Acarnaniens, au rapport d'Homere, demeurerent premierement à Pleuron, ville de l'Etolie, & felon le pere Briet, p. 344, Parall. au pied du mont Calcis & on leur donna ce nom parce qu'ils laissoient croître leurs cheveux. Car les Curetes de l'Eubée coupoient leurs cheveux du devant de la tête, de peur que dans le combat les ennemis ne les priffent par là. Ces Curetes ayant paffé dans l'Etolie où ils s'établirent, appellerent leurs voisins qui n'avoient pas le même usage Acarnaniens, c'est-à-dire qui ne coupent point leurs cheveux. Paufanias donne une autre origine de ce nom, & croit qu'il vient d'un héros nommé Acarnan. Pline & Etienne le géographe conviennent que l'ancien nom de l'Acarnanie eroit CURETIDE. Ce nom lui étoit commun avec beaucoup d'autres pays. Les Acarnaniens furent attirés par les Amphiloches, qui leur apprirent la langue grecque, au rapport de Thucydide. Ils étoient excellents frondeurs, & primoient dans les cinq exercices des jeux publics. Les guerres des Macédoniens & enfuite celles des Romains ayant ruiné une partie des villes de l'Acarnanie, à cause qu'elles navoient pas toujours choisi le parti le plus heureux, Auguste qui vit que plusieurs de ces villes étoient presque dépeuplées, en rassembla les habitans dans une seule ville qu'il nomma Nicopolis, à caufe de la victoire qu'il avoit remportée près delà sur l'armée d'Antoine & de Cléopatre. Bayle a fait un article au mot ACARNANIE, dans lequel il y a plus d'histoire que de géographie. Il y rappo y rapporte après Strabon, que les Ta phiens & les Teleboes en furent les premiers maîtres, & que Céphale fubjugua ce pays, après avoir été établi seigneur des ifles voisines de Taphos par Amphitrion; qu'Alcméon, fils d'Amphiarais, s'en rendit le maître, après la feconde guerre de Thébes, & qu'il lui fit porter le nom de fon fils Acarnan: qu'il s'étoit associé avec Diomede, & qu'ils avoient conquis l'Etolie, qui fut le partage de ce dernier; que quelque tems après étant fommés de se rendre à l'expédition de Troyes, l'un d'eux, savoir Diomede, alla joindre les autres Grecs, mais qu'Alcméon se tint coi dans l'Acarnanie. Bayle ajoute qu'après plusieurs fiécles, les Acarnaniens firent valoir aux Romains cette inaction d'Alcméon, & leur représenterent qu'entre tous les Grecs il n'y avoit que leurs ancêtres qui n'eussent pas été au fiége de Troyes. Cette raison, qui engagea les Romains à prendre le parti des Acarnaniens contre re les Etoliens, étoit fauffe; car Strabon lui-même reconnoît, dans la liste des ennemis de Troyes, que les Acarnaniens fournirent leur contingent pour cette expédition : il est vrai qu'Homere ne nomme point leur pays, mais il le défigne. L'ancien nom d'Acarnanie s'eft confervé avec fort peu d'altération, & ce même pays s'appelle aujourd'hui LA CARNIA; on l'appelle aufli Le DESPOTAT, dont il n'est pourtant qu'une partie. Voyez DESPOTAT. * Cellar. géog. ant. 1.2, c. 13. Corneille prétend qu'il y avoit en Sicile une ville nommée Acarnanie, & qu'elle étoit célébre par un temple dédié à Jupiter: il ajoute que Cicéron en parle dans fon oraison contre Verrès. Bayle reproche à Moréri la même faute, exprimée dans les mêmes termes, & dit que l'auteur de cette faute est Etienne le géographe, qui avoit lû dans Cicéron l'Acarnanie au lieu d'Acradine dont cet orateur a effectivement parlé dans l'oraifon contre Verrès. Cicéron nomme bien l'Acarnanie dans son oraison contre Pifon, §. 40; mais il s'agit là de la province de laquelle il est question dans l'article précédent. Hofman impute mal-à-propos à Servius d'avoir dit que l'Acarnanie est un petit pays d'Egypte. ACASABATLAN, (2) grand bourg de la nouvelle Espagne à l'occident, & affez près de la fource d'une riviere qui va se vuider dans le golfe Dulce, (b) à 30 lieues, & à l'orient septentrional de la ville de Guatimala. (c) Ce bourg est peuplé d'Indiens, & gouverné par un Espagnol qu'on nomme corregidor, & dont le pouvoir ne s'étend que jusqu'au golfe & fur des villages qui font fur ce chemin. Toutes les forces du lieu confiftent en vingt mousquets; il n'y a pas un plus grand nombre de maisons d'Espagnols, avec quelques Indiens, qui ont des arcs & des léches pour la défense du bourg contre des négres, qu'on appelle Simarrons, & qui font au nombre de deux ou trois cents. Voyez SIMARRONS. Aux environs d'Acafabatlan il y a plusieurs fermes où l'on nourrit quantité de bœufs & de mulets, & où l'on recueille beaucoup de cacao, d'achiote, & d'autres drogues pour faire le chocolat: il y en a aussi dont se servent les apoticaires comme de la falsepareille & de la casse; & dans les jardins du bourg on voit une aussi grande quantité de fruits qu'en aucun autre endroit qu'habitent les Indiens. On estime fur-tout à Guatimala les melons d'Acasabatlan: les habitans en chargent des mulets, & les envoyent vendre en divers lieux. Il n'y a point dans tout ce pays-là de riviere si abondante en poiffon que celle qui passe auprès de ce bourg; on y en trouve de plusieurs fortes, mais fur-tout un qu'on nomme Bobo, qui eft excellent à bouillir, à ftire, à rôtir, ou en quelqu'autre maniere qu'on l'apprête: ce poiffon eft rond, fort épais, extrêmement blanc & gras, & n'a qu'une arête au milieu. * (a) Atlas de de l'Isle. (b) Corn. Dict. (c) Gage, Nouv. rel. des Ind. occid. part. 3, c. 2. ACAUNUM ou AGAUNUM, nom latin de S. Maurice , dans le Vallais. ACAXUTLA, port & petite ville de l'Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne au fud-eft, & près de Guatimala. C'est le port le plus considérable de tout le gouvernement de Guatimala. Les navires du Pérou & de la nouvelle Espagne y abordent. ACCA. Les Turcs donnent ce nom à la ville que les anciens nommoient Ptolémaïde, & que nos géographes françois nomment Saint-Jean-d'Acre. Voyez ACRE & PTOLEMAIDE. ACCACUGNA, montagne d'Amérique dans le Perou, au bord de la mer du Sud, entre la pointe d'Ylo & Rio de Sama, à quatre lieues de l'une & de l'autre. * Rogers, Supplément. ACCADIE (1) Acadia, grande province de l'Amérique feptentrionale, entre le fleuve S. Laurent & la nouvelle Angleterre. Elle a environ 100 lieues d'étendue. Les Anglois la céderent aux François par la paix de Breda en 1667. La France l'a rendue à l'Angleterre par celle d'Utrecht, en 1713. Denys, dans fa description de l'Amérique septentrionale, décrit exactement l'Accadie. La côte de cette province commence au fud de la riviere de Pentagouet; & de-là à celle de S. Jean, il y a 40 à 45 lieues. La premiere riviere que l'on rencontre est celle des Etechemins. Continuant vers la riviere de S. Jean, on rencontre des ifles, & de grandes anses qui en font remplies; & à 4 ou 5 lieues des Etechemins, il y a une autre riviere qui a environ demi-lieue de large, dans la quelle, montant deux ou trois lieues, on rencontre de petites ifles couvertes de sapins, bouleaux, chênes & autres bois. Plus haut il y a un fort qui empêche les bâtimens de passer outre: les canots y peuvent aller. Je n'ai pu savoir fon étendue. Il y a quelques montagnes qui paroiffent dans le haut, & nombre de prairies qui la bordent, dont quelques-unes font affez grandes. Tous les bois y paroissent beaux; il y a force chênes & d'autres especes d'arbres dont on a déja parlé. On tient que ce lieu s'appelloit autrefois Sainte-Croix. Plus loin paroiffent des ifles, dont la plus grande s'appelle Menane, qui se voit de loin, venant de la Mer, & fert de connoiffance pour la riviere de S. Jean, quoiqu'elle foit éloignée de 7 à 10 lieues de son entrée. Dans toutes ces illes qui font en mer, à 2 ou 3 lieues de la grande terre, il y a grand nombre de toutes fortes d'oiseaux qui vont au printems y faire leurs petits, & entr'autres beaucoup de margots, des outardes, des canards, des moyacques, des goislans, des efterlets, des perroquets de mer, des pigeons de mer, & autres fortes d'oiseaux en grand nombre. De la derniere anse, en allant à la riviere S. Jean, on ne trouve que des rochers, l'espace de 6 ou 7 lieues. La côte est fort dangereuse; & environ trois quarts de lieue plus en mer que l'Ifle Menane, il y a un rocher qui ne se découvre que tous les 6 ou 7 ans, & qui, au rapport des Sauvages, est de Lapis Lazuli. L'entrée de la riviere S. Jean est de dangereux abord. Depuis l'entrée de cette riviere jusqu'à celle du Port-Royal, il y a 12 lieues de trajet qui forment ce que nous appellons la baie Françoise, qui s'enfonce 10 a 12 lieues dans les terres. En fortant de la riviere S. Jean, fur la main gauche, il y a une pointe qui s'avance en mer; & l'ayant doublée, on entre dans une grande baie qui s'avance dans les terres environ une lieue, au fond de laquelle il y a deux ifles, & continuant le long de la côte environ 3 ou 4 lieues, l'on trouve deux petites baies distantes d'une lieue l'une de l'autre, ου où l'on dit qu'il y des mines de fer. Continuant cette route, on voit une grande pointe qui avance vers la mer, & il y a derriere une petite riviere. Allant plus avant, on voit un cap que l'on nomme le cap des deux baies, dont les entrées sont étroites, & qui avancent dans les terres 15 à 16 lieues. Dans ces baies il y a beaucoup de rochers qui font tous dangereux, en ce que la mer y monte huit ou dix braffes, & les couvre. On est obligé de mouiller l'ancre à 15 ou 16 brafses pour être en fureté. Il y a plusieurs rivieres qui tombent dans ces baies, par le moyen desquelles les Sauvages vont dans celle de S. Jean: d'autres par où ils vont dans des lacs qui se dégorgent vers Campseaux & le cap S. Louis, qui est dans la grande baie de S. Lau rent. Ces baies s'appellent des mines, parcequ'il y a de a ces pierres de mines dont on se servoit autrefois pour les arquebuses à roue; on dit aussi qu'il y a des mines de cuivre en plusieurs endroits. Dans ces baies il y a beaucoup de montagnes dans les terres, dont quelquesunes font fort hautes. Il y a aufli du plat-pays & grand nombre de pins, sapins, prufle, mêlés d'autre bon bois, mais peu fur la mer. Tout le tour des deux baies a environ une lieue ou une lieue & demie. Plus avant dans les terres il y a de beaux bois beaucoup plus clairs; il s'y trouvoit quantité de mâtures & de bordages, dages, tant chênes qu'autres espéces. En fortant de ces baies des mines, & continuant fon chemin vers le Port-Royal, il y a une ifle d'une grande hauteur, & des quarts de lieue de tour, ou environ. Elle est plate au-deffus, &, nonobstant fa hauteur, il y a une fource d'eau : on dit aussi qu'il y a une mine de cuivre. De-là, regagnant la terre 6 à 7 lieues durant, qui font remplies de rochers, on trouve l'entrée du Port-Royal. Sortant du Port-Royal, allant vers l'ifle Longue, à 2 ou 3 lieues, on trouve une grande anse où les vaifseaux peuvent mouiller: il y a bon fond; mais l'abri n'est pas général, & ce n'est proprement qu'une rade Continuant le long de la côte 6 ou 7 lieues, l'on trouve des antes & rochers couverts d'arbres jusqu'à l'ifle Longue, qui a environ 6 à 7 lieues de long: elle fait un paffage pour fortir de la baie Françoife, & aller trouver la terre d'Accadie. Il y a, entre l'ifle Longue & la terre de Port-Royal des rochers qui font le grand & le petit paffage. Les courans y font fort rudes, entr'autres au petit passage, qui n'est que pour des barques. Sortant de la baie françoise, pour entrer dans la côte d'Accadie, prenant la route vers le cap Fourchu, qui est distant de l'ifle Longue de 12 ou 15 lieues, toute cette côte est saine & fans rochers; & à 6 lieues de l'ifle Longue, il y a une riviere, où de petits navires peuvent entrer; elle se nomme la riviere aux Ours. Elle prend son nom du grand nombre qui s'y en trouve: il y a peu de pins & de fapins, mais quantité de chênes mêlés d'autres beaux arbres : le pays est beau & paroît affez plat; il y a des prairies tout le long, & la terre y doit être très-bonne. Il y a pêche de morue à la côte, & de faumons, truites & éperlans au haut de la riviere. Continuant jusqu'au cap Fourchu, la côte paroît fort belle; il y a peu de fapins; mais beaucoup d'autres espéces de bois, & de grandes prairies. On trouve le long de cette côte toure forte de gibier. En continuant la même route, on rencontre à 5 lieues de la riviere aux Ours, entre deux rochers, une entrée pour une chaloupe; il y a quantité d'étangs d'eau de mer, remplis de canards, outardes, oies, cravans, farcelles, &c. On y voit aussi quantité de beatix arbres. Le pays eft plat; la terre y est très-bonne, & la fituation en est agréable. Il peut y avoir de-là au cap Fourchu 6 ou 7 lieues. Au cap Fourchu la pêche de la morue est abondante & n'est pas loin de terre; elle s'y fait plutôt qu'en autre lieu de l'Accadie. Le pays y est très-beau & très-bon. Les bois y font comme les autres; mais il y a des chênes, des érables & des trembles en plus grand nombre. Du cap Fourchu, allant au cap de Sable, on trouve une grande baie dans laquelle il y a beaucoup d'ifles qu'on appelle les ifles du Tousquet: elles font toutes couvertes de beaux & bons bois, de mêmes especes que les autres, dont nous avons parlé. Ces ifles font remplies de prairies, où abondent toutes fortes d'oiseaux qui y font même leurs nids: il y a des oies, des grues, des outardes, des canards, des farcelles, des hérons, des beccaffes, des beccaslines, des corbeaux, des tournevires, des chevaliers, &c. Ce pays est des plus agréables & des meilleurs : il est plat, & la terre y est bonne. La pêche y eft abondante en truites & faumons, & l'éperlan y donne au printems en grande quantité dans les ruisseaux où il vient jetter ses œufs; il est grand, pour l'ordinaire, comme un moyen hareng. On va de-là au cap de Sable qui a des battures & des rochers au large; néanmoins le port eft bon, & la pêche de la morue y est abondante. Entre le cap Fourchu & le cap de Sable, 3 ou 4 licues en mer, il y a plusieurs ifles, les unes d'une lieue, les autres de deux, trois & quatre de tour, que l'on nomme les ifles aux loups marins; elles font assez difficiles à approcher, à caufe des rochers, qui font à l'entour; elles sont couvertes de fable, bouleaux, & autres bois qui n'y sont pas fort gros. Elle s'appelle iile aux loups marins, parce qu'ils vont-là faire leurs petits qui font grands & forts. Sur ces isles aux loups marins il y a un si grand nombre de toutes fortes d'oiseaux, fur-tout pendant leur ponte, que cela n'est pas croyable; lorsqu'on y va, on les fait lever en fi grande quantité, qu'ils forment un nuage que le foleil ne peut pénétrer. Pour les tuer, on n'a besoin que de bâtons, parce qu'ils font paresseux à se lever de leurs nids. On prend tant de petits que l'on veut, jusqu'à en charger des chaloupes, & même de leurs œufs. De-là, traversant la baie de Tousquet, l'on va trouver le cap de Sable: c'est une ifle qui fait une pointe avancée dans la mer; & entre la grande terre & l'ifle il y a un passage pour des barques; mais au-delà de l'isle vers l'eau, il y a des rochers & battures qui avancent une bonne lieue en mer. Les ayant paffées environ de deux lieues, l'on entre dans la baie de Sable, qui est fort grande. Les navires y peuvent mouiller en toute fûreté. La terre est plate dans le fond de cette baie; les arbres nommés ci-dessus y font très-beaux: il n'y a pas tant de fapins. Plusieurs ruiffeaux tombent dans cette baie: il s'y pêche du poisson, de petites morues, maquereaux, plaises de mer, &c. & aux entrées des ruisseaux, force éperlans au printems. Il y a aussi une riviere, où l'on pêche du faumon & de la truite; & tirant vers le cap de Sable l'on y trouve beaucoup de coquillages, comme coques, burgos, moules, coutellieres, & autres coquilles, & des homards fort gros. On trouve quantité de belles prairies, en montant cette riviere, & le long des ruisseaux qui s'y déchargent. Sortant de la baie de Sable, en continuant fon chemin, on apperçoit un petit cap ou pointe, & quelques ifles qui font le long de la côte, couvertes d'arbres & de sapins; il y a beaucoup d'oiseaux tout autour, qui y viennent faire leurs nids au printems: la côte en est aussi remplie: le pays ne paroît pas montagneux. Cette côte est remplie de rochers qui avancent dans la mer, ce qui fait que l'abord en est dangereux. A trois ou quatre lieues de-là, on trouve un port où il y a une petite riviere qui entre affez avant dans les terres. Le port eft bon, & des vaisseaux de raisonnable grandeur y peuvent mouiller en toute fureté. Il s'appelle le port du cap Maigre. Tous les bois y font semblables à ceux que j'ai nommés. La terre y est bonne, & la pêche de la morue fort avantageuse. Paffant au-delà, on trouve une grande ifle qui fait un bon port entre la terre & elle; il se nomme le Port aux Moutons. Les vaisseaux y peuvent entrer & en fortir des deux côtés. On y pêche de la morue en avançant deux lieues ou deux lieues & demie, & on la fait sécher fur des vignaux: l'ifle eft couverte de bois & il y a beaucoup de fapins. Derriere cette ifle vers la grande terre, eft une grande baie qui a bien trois lieues de large, & autant de profondeur. Dans le fond il y a deux petites rivieres, où l'on ne peut entrer bien avant avec des chaloupes, à cause des gros rochers qui y font en grand nombre; la terre y est presque toute couverte de pierres: on n'y voit point de montagnes au haut des rivieres, & les arbres y paroiffent beaux & grands. Venant le long de la côte pour trouver l'autre côté de la baie, l'on rencontre une grande étendue de marécages d'environ 2 lieues de longueur, & une de largeur : la marée y monte & fait une grande quantité de petits étangs qui font tout remplis de gibier, outardes,cravans, canards, farcelles, oies blanches & grifes, beccaffes, beccaffines, allouettes, corbegeons, &c. tous ces marécages font couverts de très bonne herbe de pré. Continuant la route le long de la côte, l'on trouve un petit havre, qui est à l'autre extrêmité de la baie, distant de l'ifle aux Moutons de deux lieues; il s'appelle le port Rossignol. Il est très-bien fitué pour la pêche de la morue qui y est abondante. On a voulu y établir une pêche fédentaire. Continuant la route, on trouve une côte & tout le long des isles de distance en distance. Il y a passage pour de petites barques & des chaloupes entre la grande terre & les ifles qui font couvertes de sapins & de bouleaux. Ayant fait fix à sept lieues le long de cette côte on trouve une petite riviere dont l'entrée est bonne pour des barques; elle ne vient pas de bien loin dans les ter res; mais c'est un très beau & très-excellent pays. De-là à la Haive, il ya par terre environ une demi-lieue de traverse, & par mer une lieue. Il n'y a qu'une pointe à doubler pour entrer dans le havre de la Haive. A fon entrée est l'ifle aux Framboises, à droite le cap doré. L'entrée est entre l'ifle & le cap; elle n'est pas large. Dedans il y a un bassin qui pourroit contenir mille vaifseaux. A une lieue de l'entrée il y a une petite pointe, qui a d'un côté une riviere, de l'autre un étang & des marais qui s'avancent dans la terre environ cinq cens pas. La riviere monte cinq à fix lieues dans les terres, jusqu'où l'on peut aller avec des chaloupes; cela paffé, il faut se servir des canots. Tout le long de cette riviere ce font de belles & bonnes terres, de fort bon bois de toutes les especes que l'on a nommées jusqu'ici; mais les chênes & les ormeaux y font plus abondans des deux côtés de la riviere, dans laquelle il y a une infinité de connifles. L'anguille y ett très-bonne, l'alofe, le faumon, la morue, & d'autre forte de bons poiffons. La chasse y est abondante toute l'année, de toutes fortes d'oiseaux déja nommés. Sortant de la Haive, & ayant doublé le cap doré environ à une lieue, l'on entre dans la baie de Mirligaiche, pleine d'ifles. Sortant de la baie, allant le long de la côte, à trois ou quatre lieues de là, l'on rencontre une riviere qui a deux entrées, par le moyen d'une ifle qui est au milieu. Du côté de la premiere entrée, il y a de trèsbelles & bonnes terres, couvertes de grands & beaux arbres; à l'autre entrée, à la droite, l'on ne trouve. point de beaux bois que l'on ne soit monté avant dans la riviere: il n'y a que des roches pelées affez hautes. Entre ces rochers il y a un petit havre où les navires mouillent, & où il y en a qui font souvent leur pêche, & font sécher leur poisson sur les rochers qui font ifolés; & les chaloupes qui vont en pêche, entrent & fortent des deux côtés. Un peu au large de ces ifles, la pêche est bonne & abondante en morue, les maquereaux & les harengs donnent fort à la côte. Ce lieu s'appelle Paffepec. Du côté de la mer ce ne font que rochers tout pelés l'espace de quatre à cinq lieues. Le long de cette côte ce n'est que sapins mêlés de quelques autres bois. Continuant l'espace de cinq à fix lieues le long de la côte, l'on trouve une baie d'environ une lieue de large, où il y a quelques ifles. Là, les arbres & la terre commencent à être agréables, & vis-à-vis, trois ou quatre lieues au large, il y a une ifle de roches qui eft grande, avec de petits bois deffus: elle est affez mal aifée à aborder. Il y a une fi grande quantité d'oiseaux deifus qu'ils font un nuage fort épais, lorsqu'ils viennent à fe lever. Continuant la même route environ cinq lieues, on trouve la riviere de Théodore: à cinq lieues de cette riviere, continuant le long de la côte, l'on trouve la baie de toutes les ifles. En fortant de cette baie, à trois ou quatre lieues de là, on trouve une riviere où de petits navires peuvent entrer; mais il y a une forme d'ifle que jettent des battures de fable au large, où la mer brife fort dessus. Il les faut paffer, enfuite revenir le long de la terre; il y a un petit canal par où l'on peut entrer. Étant dedans l'on trouve affez d'eau, & la riviere paroît fort belle: le pays est beau & plat: les arbres y font beaux. Ce font toujours les mêmes espéces de bois dont on a parlé. La chafle eft fort bonne, & il y a beaucoup de gibier. Continuant fa route, après avoir fait cinq lieues, on trouve une autre petite riviere, qui a une petite ifle ronde à l'entrée, couverte d'herbes; elle s'appelle l'ifle verte, & la riviere a été nommée Ste Marie. Les chaloupes ne peuvent aller qu'à trois lieues au-deffus de fon embouchure. Le pays est plat depuis l'embouchure jusques-là, & plus haut ce font tous rochers. De la riviere Ste Marie au cap Campseaux, il y a environ dix lieues. Ayant fait quatre ou cinq lieues le long de la côté, on trouve une baie où il y a des roches: il n'y a des retraites que pour des chaloupes. Environ trois lieues au large, il y a des ifles, où un ou deux navires peuvent mouiller, mais avec peu de fûreté. Ils y font leur pêche, & font fécher leur poiffon sur les ifles, où il y a peu de bois. De cette baie, continuant fon chemin tout le long de la |