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Hugues le Brun, comte d'Angoulême, qui, mourant fans enfans l'an 1303, deshérita par fon teftament fon frere, Gui ou Guyard, feigneur de Lufignan, & inftitua pour héritier fon neveu Renaud de Pons, fils de fa fœur Yoland; ce qui excita de grands différends entre Guyard & Renaud: d'autre côté le roi Philippe le Bel prétendit que tous les biens de Guyard lui étoient confisqués par la félonie du même Guyard, & après la mort de ce feigneur, le roi traita avec Marie de Lufignan, comtelle de Sancerre, fœur de Hugues & de Guyard, laquelle céda à la couronne toutes fes prétentions fur les comtés d'Angoulême & de la Marche: ce traité fut paffé l'an 1308, & dans le même tems Yoland céda auffi fes droits, & l'autre fœur d'Yoland, nommée Jeanne traita auffi des fiens l'an 1309; & comme ceux de la maifon de Pons avoient toujours des prétentions fur les mêmes comtés & Seigneuries, ils tranfigerent l'an 1328, avec Philippe de Valois, & la poffeffion de ces biens, qui avoit été fi long-tems conteftée, demeura paisible au roi. Avant cette année 1328, Philippe le Long avoit donné à fa niéce, Jeanne de France, en la mariant avec le prince Philippe d'Evreux, le comté d'Angoulême; & Philippe de Valois, tranfigeant l'an 1336, avec Philippe & Jeanne fur les droits de cette princeffe au comté de Champagne, voulut que le comte d'Angoulême fit partie de la récompenfe qu'il leur donnoit. Jeanne mourant l'an 1349, laiffa fes biens à fon fils Charles roi de Navarre, qui fut dépoffédé l'an 1351 du comté d'Angoulême, qui fut donné par le roi Jean, à Charles d'Espagne, connétable de France. Le roi de Navarre, pour le venger, fit affaffiner le connétable à l'Aigle en Normandie. Le roi faifit Angoulême, & refufa de le rendre au roi de Navarre, qui prit ouvertement le parti des Anglois. Ils furent victorieux dans cette guerre, ayant pris devant Poitiers le roi Jean. Enfuite par le traité de Brétigni, on céda aux Anglois en fouveraineté l'Angoumois, l'an 1360; mais la guerre ayant recommencé entre les deux nations, la ville d'Angoulême fe rendit volontairement l'an 1372 au roi Charles V, qui la donna l'an 1375 en appanage à fon frere Jean, duc de Berri. Ce prince ayant cédé à Charles VI l'Angoumois, ce roi le donna l'an 1394, en accroiffement d'appanage à fon frere Louis, qui affigna le comté d'Angoulême l'an 1403 à fon plus jeune fils Jean d'Orléans. Le comte Jean, qui mourut l'an 1467, eut pour héritier fon fils Charles, pere de François, qui fuccéda l'an 1515 à Louis XII, au royaume de France. Il érigea auffi-tôt Angoulême en duché, en faveur de Louife de Savoye fa mere. Après la mort de cette princeffe, ce duché fut réuni à la couronne; mais Henri III le donna en engagement à fa fœur naturelle Diane, qui étant morte l'an 1619, Louis XIII continua cet engagement, en faveur de Charles de Valois, fils naturel de Charles IX, & après Il fut appellé le duc d'Angoulême. Il mourut l'an 1650, & après fa mort le duché fut réuni au domaine. Louis XIV avoit donné ce même duché en appanage à fon petit-fils Charles, duc de Berri; mais il eft mort l'an 1715, avant fon ayeul, fans laiffer d'enfans. Il y a dans cette province une petite riviere qui fe rend dans la Charante: elle fe nomme la Touvre, & prend fa fource à deux lieues de la capitale, au pied d'une montagne: cette fource fort de trois gouffres, l'un desquels, & le plus confidérable, eft dormant, & les deux autres bouillonnants. Un de ces derniers s'eft ouvert lors du tremblement de terre qui a renverfé Lisbonne, & on en vit fortir plufieurs poutres ferrées. Quelques-uns croyent que l'eau qui fort de ces gouffres vient d'une petite riviere, appellée le Bandia, qui fe perd environ à une lieue dela; mais cette conjecture n'eft point vraisembla ble, parce qu'il eft des tems où le Bandia eft presque à fec, & que jamais la Touvre n'augmente ni ne diminue. La Touvre eft remplie d'excellentes truites faumonées & d'écreviffes; elle eft auffi large que le bras de la Seine qui paffe fous le pont du Petit-Châtelet à Paris, & auffi confidérable à fa fource qu'à fon embouchure; cependant elle est peu profonde. On avoit établi, fur cette riviere, plufieurs papeteries qu'on a été obligé d'abandonner, parce que de petits infectes, appellés mânes, qui font dans fes eaux, tachoient le papier. Il y a une forge à canon, appellée la forge de Ruelle, qui eft la plus eftimée de la province.

Le faffran, le fel, le bois, l'eau-de-vie, le fer battu, les canons & le papier, font les principaux objets du commerce de cette province.

ANGOUS. Voyez ANGUS.

ANGOXAS, ou, comme parlent nos géographes françois, LES ISLES D'ANGOCHE, ce qui rend à peu près le nom espagnol, quant à la prononciation; ifles du Zanguebar, au canal de Mozambique, au nord du golfe de Sophala, entre la ville de Mozambique & les embouchures de la riviere de Cuama, & à l'orient du royaume D'ANGOCHE, affez près du continent: elles font fous le 16 deg. de lat. méridionale. De la Croix, relation de l'Afrique, t. 4, p. $77, fuivi par Corneille, dit que les ifles d'Angoxas, au nombre de quatre, font près de la côte de Mozambique. Ils fe trompent quant au nombre, & de l'Ifle en marque huit.

ANGOY, petit royaume d'Afrique, fur la côte de Congo, au nord de l'embouchure de Zayre qui le borne au midi & à l'orient : il a l'Océan au cou chant, où eft la Baye de CABENDE, & le royaume de Cacondo l'enferme au nord. * De l'Ifle, carte du Congo, &c.

ANGRA : ce mot fignifie dans la langue portugaife. une espèce de petit golfe, dont l'entrée eft plus étroite que le fond. Comme ce font les Portugais qui ont découvert les côtes occidentales & méridionales de l'Afrique, de-là vient que nos cartes portent les noms donnés par ce peuple à quantité de lieux, & celui d'Angra eft commun à plufieurs petits golfes. Voici les plus confidérables.

1. ANGRA DE CONCEIÇAON; c'eft à-dire, ance, ou baye de la Conception : elle eft fur la côte occidentale de la Cafrerie, vers les 14 d. 30, entre les montagnes de S. Thomas, felon les cartes de de l'Ifle. Sanfon y place une riviere que de l'Ifle ne marque pas.

2. ANGRA FRIA, ou GOLFO FRIO: cette baye eft nommée proprement Golfo Frio; mais une preuve qu'elle eft aufli nommée Angra Fria, c'est que la riviere qui s'y jette dans la mer, n'a point d'autre nom fur les cartes que celui de Rio d'Angra Fria. Celle du P. Coronelli, corrigée par Tillemont, dit imparfaitement Rio d'Angra. Cette anfe ou baye eft fur la côte occidentale de la Cafrerie, vers le 19 deg. de latitude australe.

3. ANGRA DE ILHEO, ou la Baye de l'Ifle. Elle eft auffi fur la même côte, par les 23 degrés de latitude australe. Sanfon la nomme PORTO DO ILHEO, & le P. Coronelli Angra dos Ilheos.

4. ANGRA DE NEGROS, ou DE NEGRO, baye d'Afrique, fur la côte de la Baffe-Guinée, au 15 d. de lat. australe, à l'embouchure de la riviere de Cutembo, jointe à celle de Chabonia.

5. ANGRA PEQUENA, baye d'Afrique, fur la côte occidentale de la Cafrerie. au pays des Namaguas, fous le 27 degré de latitude auftrale. Sanfon y met l'embouchure d'une riviere : de l'Ifle n'y en met point, ni le P. Coronelli non plus; mais ce dernier y met trois Ifles.

6. ANGRA DE SALDAGNA, ANGOA, OU AGUADA DE SALDAGNA, baye de la Cafrerie, au nord & affez près du cap de Bonne - Espérance. Voyez au mot BAYE.

7. ANGRA S. AMBROSIO, baye d'Afrique fur la côte occidentale de la Cafrerie, au royaume de Mataman, vers les 20 d. 30′ de latitude auftrale, à l'embouchure de la riviere de Saint Ambroife, felon les cartes de Sanfon.

8. ANGRA S. ANTONIO, baye d'Afrique au royaume d'Angola, dans la terre de S. Lorenço, felon le P. Coronelli.

9. ANGRA S. MARIA, baye d'Afrique, au royaume de Benguela, au midi de la capitale, & au nord de la riviere de S. François.

10. ANGRA DAS VOLTAS. L'atlas de Sanfon porte Volfas, baye d'Afrique, dans la côte occidentale de la Cafrerie, au pays des Namaguas, vers le 29 d. de latit. auftrale. De l'ifle la nomme PORTO DOS ILHEOS, ce qui fignifie le Port des Ifles : au fud-oueft il place le cap qu'il nomme Cap das Voltas. Mrs Sanfon nomment ce cap, Cap. S. Antam.

Il faut remarquer que plufieurs cartes nomment An◄

grà ce que d'autres expriment par le mot de baye, comme Angra, ou la baye de Sainte-Hélene, & plufieurs autres. Le nom d'Angra a été auffi donné à quelques villes, à caufe de leur fituation ou de leur figure.

11. ANGRA, felon les voyag, de la compagnie hollandoife, t. 1. p. 433, ville maritime, capitale de l'ifie de Tercere & des autres Açores. Elle a un havre ou port en forme d'arc ou de croiffant, ce qui lui a fait donner ce nom. Sur les deux pointes de cet arc, il y a deux mornes ou rochers, qu'on appelle BRESILS, qui s'avancent beaucoup en mer, fi bien que de loin on diroit que c'eft une ifle particuliere. Ces montagnes font fi hautes, qu'en tout tems, quand on eft deffus, la vue peut s'étendre jusqu'à dix ou douze lieues, & par un teins clair & ferain, jusqu'à quinze lieues ou plus encore. L'églife cathédrale eft dans cette ville, qui eft en même tems le fiége épiscopale & le féjour du gouverneur, & de tout le confeil qui gouverne les Açores. Les mémoires du voyage de la Tercere,par le cominandeur de Chafte, inférés dans le grand recueil de Thevenot, nomment cette ville ANGRES. Le traducteur du voyage du capitaine Wood, imprimé à la fuite de ceux de Dampier, t. 5, p, 176, dit la baye ANGREA, ce qui eft très-vicieux; puisqu'Angra & la Baye font la mêine chofe. Angra au refte eft fur la côte méridionale de l'ifle, affez peuplée, quoique petite, avec un bon port & une bonne fortereffe. L'évêque eft fuffragant de Lisbone, & eft fujet du Portugal, comme le refte de l'ifle & des autres Açores. Lat. 39.

dit

12. ANGRA DOS REYES, ou ANGRA DE REYS, place de l'Amérique méridionale au Bréfil, dans la capitainie de Rio de Janeiro. Corneille, Dic. en fait une Ville: le capitaine Rogers dans fes voyages, t. 1, p. 72, 77, 79 & 81, la nomme tantôt village, & tantôt bourg, & que les Portugais la nomme NOSTRA SENIORA DE LA CONCEPTION. Ce bourg, dit-il, n'eft compofé que d'une foixantaine de maifons balles, faites de boue, couvertes de feuilles de petit palmier, & tres-mal meublées peut-être, par la crainte des armateurs françois, les habitans avoient-ils caché leurs meilleurs effets; car c'étoit en 1708. Il y a deux églifes & un couvent de franciscains en assez bon état ; mais fans aucune magnificence. On y voit un corps-de-garde où fe tiennent une vingtaine de foldats, commandés par le gouverneur, un lieutenant & un enfeigne. Cette relation met Angre de Reys; ( car c'est ainsi que ce nom y eft écrit ) à douze lieues ou environ de Rio Janeiro. De l'Ifle écrit fimplement LOS REYES. Dans la baye au fond de la quelle ce lieu eft fitué, eft l'embouchure d'une riviere que Baudrand nomme Gugendi. L'ifle Grande eft à l'entrée de cette baye.

ANGRIE, duché d'Allemagne, nommé ENGERN par les Allemands: il eft entre les rivieres d'Ems & de Wefer, dans la Weftphalie. Engern qui en étoit la capitale, eft préfentement dans le comté de Ravensberg, & c'eftlà que Witickind avoit fa résidence ordinaire; mais la poftérité de ce prince ayant acquis toute la Saxe, & même la dignité impériale, de-là vient que l'électeur de Saxe porte le nom & les armes du duc d'Angrie; cependant ce duché eft poffédé pour la plus grande partie par l'électeur de Cologne, à qui il fut donné en 1180, par l'empereur Frédéric Barberouffe, lorsqu'il eut mis au ban de l'empire Henri le Lion. L'auteur du livre intitulé les fouverains du monde, écrit toujours Engrie, qui eft plus conforme à l'Allemand qu'au latin. Voyez l'article fuivant, & celui d'ENGERN.

croit

ANGRIVARIENS, ancien peuple de la Germanie. On que c'eft le même peuple que les Angariens, dont il eft parlé dans l'hiftoire du moyen âge. Tacite dit qu'ils étoient voifins des Chamaves ou Chamaviens, & que ces deux peuples avoient exterminé les Bructériens, & pris leur place. Il eft difficile de déterminer leur demeure; car ils en ont fouvent changé. D'Audifret, Géog. 4, 3, p. 7, prétend qu'ils occupoient partie de la Weft phalie, des évêchés de Munster, de Paderborn, & d'Osnabrug, & rapporte ainfi le sentiment des autres: Tacite & Rhenan les placent dans la Weftphalie. Le P. Briet foutient qu'ils habitoient partie de l'Overiffel, de l'évêché de Paderborn, & du comté de Bentheim, & Sanfon le pere leur affigne partie des comtés de Bentheim & de Tecklenbourg; mais ils occupoient une plus grande

étendue de pays. Cluvier, German, ant. l. 3, p. 51, die qu'ils étoient féparés des Tubantes, par une ligne tirée le long des montagnes, depuis la ville de Bilefeld jusqu'à celle de Melle; de-là par une ligne tirée au village de Bentlage fur l'Ems, & par une autre ligne tirée jusqu'au lac de Dommel. Une autre ligne encore, tirée de ce lac au Wefer, vers le bourg de Petershagen, les féparoit des Anfibariens: de-là à l'autre côté du Wefer, où ils touchoient aux Cherusques, une autre ligne s'étendoit vers le bourg de Rentelen, qui eft fur cette riviere : de-là le Wefer & la petite riviere qu'il reçoit au village de Remen, les féparoient des Dulgibinichs, jusqu'à Herworden, & enfin une ligne jusqu'au bourg de Bilefed. Le même anteur croit que leur pays renfermoit une petite partie du duché de Schauembourg, fur la rive droite du Wefer, la moitié de l'évêché de Minden vers le midi, la plus grande partie de l'évêché d'Osnabrug, une petite partie feptentrionale du duché de Tecklenbourg, & la partie du comté de Ravensberg, où eft Limbourg. Mais lorsque les Tubantes allerent s'érablir entre les rivieres de DALICH, & de la Lippe, ce vuide, felon la conjecture de Cluvier,ibid. fut rempli par quelques-uns des Angrivariens. Hettius dans fa notice de la Germanie ancienne, p. 71, dit que les Angrivariens prirent ce nom de la riviere d'Anger, qui, après avoir coulé dans le comté de Berg, & avoir donné fon nom à Angermunde, Angerhufen, & Zum Angeren, fe perd dans le Rhin. Il les compte pour un même peuple avec les Angariens, du tems de Charlemagne. La notice de l'Empire, Sect. 4. fournit un nom national, écrit ANGLEVARÍI, qui pourroit bien être pour Angrevarii, corrompu Angrivarii. D'Audifret prétend qu'il n'y avoit chez ce peuple d'autre lieu confidérable que Nabalia on Navalia: je ne fais fur quelle autorité il fe fonde; mais la Nabalia de Ptolomée étoit bien loin des Angrivariens, & il y avoit plus d'une nation entre deux; outre cela, il y a des preuves que la ville de ce nom étoit fur l'Iffel. Voyez NABALIA L'hiftoire de Charlemagne fait fouvent mention des Angariens. On lit que les Angariens le vinrent trouver dans la contrée de Buckhi (ia pago Bocenfi) avec Bruno & tous les autres grands d'entre eux, & qu'ils lui donnerent des ôtages. Les annales de France, dans Canilius, la chronique de Reginon, rapportent le même fait, & nomment le lieu Buckhi & Bucki; les annales de France, dans la collection de Reuber, ad ann. 775. difent la même chofe, & écrivent Euchi. Mais il eft à remarquer que ce dernier ouvrage dit qu'ils donnerent des ôtages, & prêterent ferment felon l'ordre du roi, comme avoient fait les Offales, au lieu que Reginon dit qu'ils ne firent en cela que ce qu'avoient fait les Saxons orientaux; ce qui fait voir que les Ofifales & les Saxons orientaux étoient le même peuple; ainfi les Saxons occidentaux & les Weftfales, ou Weftphaliens font la même nation. Ils n'eurent pas tout-à-fait le fort des Sicambres, des Bructeres, des Tencteres, des Ulipetes des Dulgibins & des Tubantes, tous peuples autrefois illuftres,cntre le Wefer & le Rhin, qui furent détruits ou transportés ailleurs, ou confondus, premierement dans la nation des Francs, enfuite dans celle des Saxons. Les Angrivariens ou Angariens fe maintinrent, & conferverent leur nom, leur renommée & leurs limites. Ils furent joints" aux Saxons à la vérité ; mais comme un peuple à part & diftingué; car on divifoit les Saxons en trois peuples; favoir les Weftphales, les Agariens, & les Oitphales: c'eft ce que l'auteur des monumens de Paderborn, p. 144, prouve par l'autorité du poète anonyme, & par celle de Widekind. Ils prirent enfuite le deffus, & leur prince Witikind fut à la tête des Saxons dans les guerres de Charlemagne. Leur province avoit beaucoup d'étendue, fuppofé que les pays qu'on leur attribue, ne doivent pas être entendus fuccellivement. L'auteur des monumens cités, dit qu'ils furent nommés Angarii, du not Angern, qui fignifie des plaines, des campagnes; de même que les Marfes & les Bructeres tiroient leurs noms des marais où ils habitoient. Ils étoient, felon Reinerus Reineccius, au confluent d'Anger, & de l'Elbe, où eft Augermunde ; & c'est, dit cet auteur, leur plus ancienne demeure. Cette riviere eft apparemment celle qui coule dans la marche de Brandebourg, à l'embouchure de laquelle les cartes de Blaeu, de Sanfon & autres, marquent Tangermunde; ce qui eft confirmé par le vil Tome I, Nn ij

lage de Bucki, que l'on trouve affez près de là, & qui eft nommé dans l'hiftoire de Charlemagne. Ils ont aufli été entre l'Ems & le Wefer, felon Tacite & Cluvier; puis à Brunsberg ( Brunisberga) Bruno leur chef y ayant commencé une fortereffe. Elle étoit fur le Wefer (ad Wifiram fluvium) felon le ftile des annales de Charlemagne, au recueil de Reuber, ad ann. 775, p. 21. On les trouve auffi fur la riviere de Dimel, où eft Helmershus: ce lieu eft attribué à l'Angrie, locus in pago Angeri fitus, par un diplome de l'empereur Conrad, de l'an 1033. Le village d'Anger, qui étoit la réfidence de leur chef Witikind, fubfifte encore dans le comté de Ravensberg: le poëte anonime; dont j'ai déja parlé, les met entre les Oftphales & les Weftphales, & dit qu'ils étoient bornés au nord par l'Océan, & au midi par les Francs.

Inter pradiclos media regione moramur.
Angarii populus Saxonum tertius, horum
Patria Francorum terris fociatur ab auftro,
Oceanoque eadem conjungitur ex aquilone.

Althamer les place à la fource de l'Ems. Selon Winckelman, Boca, que l'auteur des monuments cités prend pour l'ancien Buckhi des annales de France, eft entre Ï'Ems & la Lippe. Ervete, dans l'acte de la donation faite l'an 1027 par Conrad le Salique à Meinwerc, évêque de Paderborn, eft qualifiée cour impériale, dans le territoire d'Engern, Curtem imperialem in pago Engeri. L'auteur des monumens dit qu'ils étoient peut-être auffi au duché de Berg, où l'on trouve la rivière d'Anger, & les places d'Angermunde & Angerort. J'ai déja remarqué que Hertius ne les cherche point ailleurs. On peut remarquer avec Samuel Schurzfleisch, disput. 30, pag. 4, que ce même peuple eft nommé diversement ANGARII, ANGRIVARII, ANGRI, ANGIRI & ENGERANI: il auroit pu y ajouter ANGRARII.

ANGRONE, riviere de France, dans la Franche-Comté. Elle a fa fource dans la Lorraine, fur la droite de Plombieres, près de Remiremont; delà prenant fon cours vers le fud, elle paffe à Fougereuil, & va fe joindre à la Lantone, trois lieues au-deffous de Luxeuil.

ANGRUS, ancien nom d'une riviere de laquelle Hérodote, l. 4, c. 49, parle ainfi : l'Angrus fortant de l'Illyrie, prend fon cours vers le nord, traverfant la plaine Tribalique, entre dans le Brongus, & le Brongus dans l'Ifter, qui fe groffit ainfi de ces deux grandes rivieres. Peucer jugeoit à ces indices que ce peut bien être le Drin qui entre dans la Save, avant que de se perdre ensemble

dans le Danube.

ANGUED. Voyez ANGAD. ANGUGUI. Corneille & Davity mettent une ville de ce nom en Abyflinie, au royaume de Tigré, à 6 deg. de lat. feptentrionale.

ANGUIÆ NEMUS, bois de Lucanie, felon Vibius Sequefter. Ortelius doute fi ce n'est pas la même chofe qu'ANGITIÆ.

que

1. ANGUIEN, ENGUIEN OU ENGHIEN, en latin Angia, petite ville des Pays-Bas, dans le Hainaut, à cinq lieues de Mons & à trois de Halle. C'eft une des dépendances de Mons, quoique ce lieu foit fort proche de la ville d'Ath, felon Longuerue, desc. de la France, 2 part. p. 100. Le chroniqueur de Hainault Jacques de Guife dit cette place fut acquife ou poffédée par un feigneur nommé Euftache, qui bâtit, vers l'an 1200, le château d'Enghien, dont il eut pour héritier fon fils Hugues, qui fut Seigneur d'Enghien, dont les héritiers mâles devinrent très-puiffans, ayant époufé de riches héritieres.

per

La. race masculine de ces feigneurs finit en la fonne de Louis, qui n'eut qu'une fille Ifabelle, que d'autres nomment Marguerite ou Marie, qui époufa Jean de Luxembourg, connétable de France. Pierre, fils aîné du connétable, n'eut que des filles. Marie de Luxembourg qui en étoit une, époufa François de Bourbon, comte de Vendôme, & lui apportå entre autres terres la Seigneurie d'Enghien. Leur arriere petit fils Henri de Bourbon, roi de France & de Navarre, vendit l'an 1607, Enghien à Charles de Ligne, comte d'Aremberg, d'où descend par mâles le duc d'Aremberg, qui

eft aujourd'hui propriétaire d'Enghien. Corneille dit que la principauté d'Enghien étant échue en partage à Antoine de Bourbon, Louis de Bourbon, prince de Condé, fon frere aîné, en fir transporter le nom à Nogent le Rotrou au Perche, & le fit nommer Anguien le François. Ce Louis I, prince de Condé, laiffa Henri I, pere d'Henri II, qui ayant échangé Nogent Anguien avec Maximilien de Béthune, Duc de Sully, donner le nom & le titre de duché d'Anguien à la baronie d'Iffoudun en Berry. Longitude 21, 38. Latit. 38, 42, 2.ANGUIEN.

fit

2. ANGUIEN. Voyez MONTMORENCY I, & NoGENT-LE-ROTROu.

ANGUIENSIS, felon le Pere Hardouin, ville d'Afrique dans la Numidie. Dans la conférence de Carthage, il eft parlé de fon évêque Paschafius.

i. ANGUILLARA, (l') en latin Anguillara, petite ville d'Italie, dans l'état de l'Eglife, & dans la province du Patrimoine, fur le ruiffeau de l'Annone, proche le lac de Bracciano, à cinq milles de Bracciano, & à dix-huit de Rome, au nord-oueft. Elle étoit autrefois à la maifon Urfine. Longit. 30, 7, latit. 42. * Baudrand, édit.

1705.

2. ANGUILLARA, (l') en latin Anguillara, felon Baudrand, petite ville d'Italie, dans l'état de Venife, & au Padouan, avec un petit lac de même nom, près de la riviere d'Adige, à quinze milles au midi de Padoue, en tirant vers Rovigo, dont elle n'eft éloignée que de huit milles, fuivant Leandro Alberti & les autres.

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ANGUILLE, (l') ifle de l'Amérique feptentrionale, & l'une des Antilles, dans la Mer du Nord. Elle eft à l'eft de l'ifle de S. Jean, felon Corneille; il devoit dire à l'eft de l'ifle de Porto-Ricco, & au nord de celle de S. Martin; mais affez loin de la premiere, & presque immédiatement auprès de la feconde. Une description de S. Chriftophle, &c.p.54, imprimée avec les obfervations du fieur Thomas & autres, porte que l'Anguille eft à 18 deg. 21' de latit. que fa longueur eft environ de dix lieues, & que fa largeur approche de trois. Le P. Labat qui la côtoya en 1701, dit, t. 2, p. 293, édit. in-4o, qu'elle est aux Anglois, qui y ont une petite colonie, qui y a été fouvent pillée par les corfaires françois, & qui n'a enfin trouve fa sûreté que dans la pauvreté, où leurs fréquentes vifites l'ont réduite. La description citée ci-deffus, dit que de ce tems-là les Anglois étoient au nombre de deux ou trois cens, qu'ils étoient pauvres, & que l'ifle n'eft pas eftimée valoir la peine qu'on la garde, ni qu'on la cultive. Rochefort, hift. nat. des ifles Antilles, p. 45, dit qu'elle qu'elle porte ce nom à caufe de fa figure; car c'eft, dit-il, une terre fort longue & fort étroite, qui s'étend, en ferpentant, près de l'ifle de S. Martin, d'où on l'apperçoit à découvert. Il ne s'y trouve aucune montagne, la terre y eft par-tout platte & unie. A l'endroit où il y a le plus de largeur, il y a un étang, autour duquel fe font placées quelques familles angloifes, qui y cultivent du tabac fort prifé de ceux qui fe connoiffent à cette marchandife. Latit. 18, 20.

ANGUILLES (cap des) en Amérique dans la partie la plus occidentale de l'ifle de Terre-Neuve, à quinze lieues du cap de Raye, vers le feptentrion.

ANGURI, ANGOURE, ENGOURI, ENGURI, ANKARIA, ou ANKERIA; tous ces noms ne fignifient que la ville d'Ancyre, de laquelle j'ai deja parle à l'article d'ANCYRE i. De Tournefort, Voyages du Levant, lett. 21, dit ENGORA & ANGORI, comme prononcent quelques-uns & que les Turcs appellent ENGOUR ; mais dans l'hiftoire & la description de cette ville, il préfere l'ancien nom d'Ancyre. Quoique Strabon en ait parlé avec une froideur que l'on pouvoit attribuer à jaloufie pour fa patrie, Tite-Live, l. 38, c. 24, rend plus de juftice à Ancyre, & l'appelle une ville illuftre. L'empereur Augufte avoit fans doute embelli Ancyre, puisque Tzetzes l'en appelle le fondateur, & ce fut apparemment par reconnoiffance que les habitans lui confacrerent le plus grand monument qui foit en Afie, felon Tournefort, ibid. Ses habitans étoient les principaux Galates que S. Paul honora d'une de fes lettres, & les Conciles qu'on y a tenus, ne la rendent pas moins recommandable parmi les chrétiens, que les autres actions qui s'y font paffées. Il paroît par

les médailles d'Ancyre qu'elle fe foutint avec honneur fous les empereurs romains. Il y en a de frappées aux têtes de Néron, de Lucius Verus, de Commode, de Caracalla, de Geta, de Dece, de Valérien, de Gallien. Ancyre prit le nom d'Antoniniane, en reconnoiffance des bienfaits dont Antonin Caracalla l'avoit comblée. Elle fut déclarée métropole ; c'est-à-dire capitale de Galatie fous Néron, & n'a jamais quitté ce titre.

mans,

zet,

La fituation d'Ancyre au milieu de l'Afie Mineure, l'a fouvent expofée à de grands ravages. Elle fut prife par les Perfes en 611, du tems d'Héraclius, & ruinée en 1101 par les chrétiens croifés. Les Tartares s'en rendirent les maîtres en 1239. Elle fut enfuite le premier fiége des Othomans, car Orthogul, pere du fameux Othoman, vint s'y établir; & non-feulement fes fucceffeurs s'emparerent de la Galatie; mais encore de la Cappadoce & de la Pamphilie. Angora fut funefte aux Otho& la bataille que Tamerlan y remporta fur Bajafaillit à détruire leur empire. Bajazet, le plus fier des hommes, trop plein de confiance pour lui-même, abandonna fon camp pour aller fe divertir à la chaffe. Tamerlan, dont les troupes commençoient à manquer d'eau, profita de cette faute, & s'étant rendu maître de la petite riviere qui couloit entre les deux armées, il obligea trois jours après Bajazet d'en venir aux mains, pour ne pas laiffer périr fon armée de foif. Cette armée fut taillée en pieces, & le fultan fait prifonnier le 7 Août 1401. Après la retraite de Tamerlan, les enfans de Bajazet fe cantonnerent où ils purent. Mahomet s'affura de la Galatie, que fon frere Efes lui disputoit: il fe fervit de Themirte, ancien capitaine, qui avoit fervi fous Bajazet ; & Themirte battit Efes à Angora, & lui fit couper la tête.

Angora préfentement eft une des meilleures villes d'Anatolie, & montre par-tout des marques de fon ancienne magnificence. On ne voit dans les rues que colonnes & vieux marbres, parmi lesquels on diftingue une espece de Porphyre rougeâtre piqué de blanc, femblable à celui qui eft aux Pennes proche de Marfeille. On trouve auffi à Angora quelques morceaux de jaspe rouge & blanc à groffes taches, approchant de celui de Languedoc. La plupart des colonnes font liffes & cylindriques, quelques-unes cannelées en fpire: les plus fingulieres font ovales, ornées d'une plate-bande par-devant & par-derriere, laquelle regne aufli tout le long du piédeftal & du chapiteau. Elles parurent assez belles à de Tournefort pour les faire graver, & il femble qu'aucun architecte n'a parlé avant lui de cet ordre. Il n'y a rien de fi furprenant que le perron de la porte d'une mosquée : il eft de quatorze degrés, compofés uniquement de bafes de colonnes de marbre po fées les unes fur les autres. Quoique les maifons préfentement ne foient que de boue, on ne laiffe pas d'y voir de fort belles pieces de marbre. Les murailles de la ville font baffes, & terminées par de méchans crénaux; mais on y a employé indifféremment colonnes, architraves, chapiteaux, bafes, & autres morceaux antiques, entremêlés avec de la maçonnerie, principalement aux tours & aux portes, lesquels, malgré cela, n'en font pas plus belles car les tours font carrées, & les portes toutes fimples. Quoiqu'on ait engagé dans ces murailles beau coup de morceaux de marbre du côté où font les inscriptions, on ne laiffe pas d'en lire plufieurs qui font la plupart grecques, quelques-unes latines, arabes ou turques. Le château d'Angora eft à triple enceinte, & fes murailles font à gros quartiers de marbre blanc, & d'une pierre qui approche du porphyre. Dans la premiere enceinte il y a une églife arménienne bâtie, à ce que l'on prétend, fous le nom de la Croix,depuis 1200 ans. Elle eft fort petite & fort obscure, éclairée en partie par une fenêtre qui ne reçoit le jour qu'au travers d'une piece carrée de marbre femblable à de l'albâtre, poli & luifant comme du talc, mais il eft terne en dedans, & la lumiere qui passe au travers eft fenfiblement rougeâtre, & tire fur la cornaline. C'est peut-être du marbre fpengite de Pline. Toute cette premiere enceinte eft pleine de piédeftaux & d'infcriptions. Un habile antiquaire y trouveroit à transcrire pendant un an.

De Tournefort décrit ainfi le fameux monument d'Ancyre. Il étoit tout de marbre blanc à gros quartiers, & les encoignures du veftibule, qui fubfifte encore, font

alternativement d'une feule pierre à angle, rentrant en maniere d'équerre, dont les côtés ont trois ou quatre pieds de long. Ces pierres d'ailleurs font attachées enfemble par des crampons de cuivre, comme il paroît par les trous où ils étoient enchaffés : les maîtreffes murailles ont encore trente ou trente-cinq pieds de haut. Pour la façade elle eft entierement détruite : il ne refte plus que la porte, par où l'on entroit du veftibule dans la maifon. Cette porte qui eft carrée, a vingt-quatre pieds de haut fur neuf pieds deux pouces de largeur, & fes montans,qui font chacun d'une feule pièce, font épais de deux pieds trois pouces. C'eft à côté de cette porte,qui eft toute chargée d'ornemens, que l'on grava, il y a plus de dix-fept cens ans, la vie d'Augufte, en beau latin, & en beaux caractères. L'inscription eft à trois colonnes à droite & à gauche; mais outre que les lettres font effacées, les payfans y ont fait de grands trous pour emporter les crampons, & ont en même tems effacé les caractères. Les paremens de pierre font des carrés barlongs, fort propres, & d'un pouce de saillie. Sans compter le veftibule, cet édifice eft dans œuvre de cinquante-deux pieds de long, fur trente-fix pieds & demi de large. Il y refte encore trois fenêtres grillées, de marbre à grands carreaux, femblables à ceux de nos fenêtres. On ne fait fi ces carreaux étoient garnis de pierre transparente ou de verre. On voit dans l'enceinte de cet édifice les ruines d'une églife de chrétiens, auprès de deux ou trois méchantes maifons, & de quelques étables à vaches. Voilà à quoi fe réduit le monument d'Ancyre, lequel n'étoit pas un temple d'Augufte; mais une maifon publique, ou le prytanée, dans lequel fe faifoient les repas lors des grandes fêtes, des jeux publics que l'on célébroit fouvent dans cette ville, comme il paroît par les médailles de Néron, de Caracalla, de Dece, de Valérien le vieux, de Gallien. Les légendes marquent les jeux ausquels on s'éxerçoit. On découvriroit peut-être quelque chofe de plus particulier touchant cet édifice, fi l'on pouvoit déchiffrer plufieurs inscriptions grecques que l'on avoit gravées fur les murailles en dehors, car ce bâtimenr étoit fans doute ifolé. On trouve préfentement ces inscriptions dans les cheminées de quelques maifons de particuliers, où elles font couvertes de fuie: ces maisons font adoffées à la maîtreffe muraille à droite. L'inscription dont nous avons parlé ci-devant, où la vie d'Augufte eft décrite, se trouve dans le monumentum Ancyranum Gronovii: on la peut voir aufli dans Gruter. Leunclaw la reçut de Clufius, qui, outre la grande connoiffance qu'il avoit des plantes, poffédoit bien aufli l'antiquité; & Feftus Verantius qui communiqua ce précieux morceau à Clufius, l'avoit reçu de fon oncle Antoine Verantius, évêque d'Agria, & ambaffadeur de Ferdinand II, à la Porte. Ce prelat la fit transcrire en paffant par Angora. Busbeque la fit copier, & croit que la maifon, dont on a parlé, étoit un prétoire, plûtôt qu'une maison deftinée pour les festins pendant les jeux publics. Longit. 50, 25, latit.

39, 36.

2

ANGUS, ANGHUS OU ANGUIS. Baudrand, édit. 1705; écrit ANGOUS, province de l'Ecoffe feptentrionale. Elle eft affez peuplée, & eft fituée fur la côte de la Mer d'Allemagne, qui la borne au levant avec la province de Merns. Au midi elle eft féparée de la Frife par la baye du Tay, &, en partie, baignée par l'Océan. Au couchant elle a le comté de Perth, & au nord la province de Marr. Elle abonde en bled & en pâturages. Ses villes principales font Forfar, capitale; Dundée, ville forte & marchande; Montroff, autre port de mer, & Brechin, ville ci-devant épiscopale : cette province a beaucoup de maifons de nobleffe. Etat de la GrandeBretagne, t. 2. p. 267.

*

ANHALT, felon Corneille, dict. & d'Audifret, géog. tom. 3, pag. 343 & fuivant. Principauté d'Allemagne, dans la Haute-Saxe, principatus Anhaltinus. Elle a le duché de Magdebourg, la principauté d'Halberftat, & l'abbaye de Quedlimbourg pour bornes au feptentrion; le duché de Saxe à l'orient; le comté de Mansfeld au midi, & celui de Stolberg à l'occident. Son étendue eft du levant au couchant, & fa longueur de dix-huit lieues; mais elle n'en a que deux ou trois de largeur en certains endroits. On l'a appellée ainfi du CHATEAU d'ANHALT, qui étoit à l'entrée de la forêt de Hartz, &

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qu'Eficonde Ballenstad fit bâtir. L'archevêque de Magdebourg le ruina en 1140. Le pays eft bon, abondant en grains, & arrofé de la Sale & de la Mulde. Son commerce principal confifte en bierre. Deffaw eft fa ville capitale; les autres font Zerbft, Bernbourg, Worlitz Coswick, Weftorff & Gerenrode. Cette principauté est le patrimoine de la maifon d'Ascanie, l'une des plus illuftres d'Allemagne, puisqu'elle a poffédé en même tems les électorats de Saxe & de Brandebourg, quoique d'abord elle n'ait joui que des comtés d'Ascanie & de Ballenftad. Bérenger, feigneur d'Ascanie, s'étant fait chrétien, obtint de Charlemagne le titre de comte, & le laiffa à fes descendans. Othon, comte de Ballenstad, époufa Hélique, fille puînée de Magnus, duc de Saxe & disputa long-tems le duché de Saxe à Henri le Noir, duc de Baviere, mari de la fœur aînée d'Hélique. L'empereur Conrad III inveftit Albert l'Ours, fils d'Othon, de la Marche de Brandebourg. Albert laiffa deux fils; d'Othon, qui étoit l'aîné, fortit la branche des Electeurs de Brandebourg : & de Bernard le puîné, fortit celle des électeurs de Saxe. Bernard eut de Jutte, fille de Canut, roi de Dannemarck, Albert I, qui fut électeur de Saxe: Henri le vieux & Henri le jeune, Henri le vieux fut créé prince d'Anhalt, par l'empereur Frédéric II, & enleva les comtés d'Ascanie & de Ballenstad à fes neveux: il fit la guerre à Albert, archevêque de Magdebourg, & mourut en 1257, laiffant de Matilde, fille d'Othon, duc de Brunswick, entr'autres enFans, Sigfrid, Bernard & Othon. Le premier eut les feigneuries de Delfaw, de Zerbft & de Cothen. Le partage du fecond fut le comté de Ballenstad, avec la feigneurie de Bernbourg; & le comté d'Ascanie, la ville d'Ascherleben, & les biens fitués dans la forêt d'Hercinie, furent donnés au troifiéme, avec l'advocatie de Gerenrode. Sigfrid, qui étoit l'aîné, fit la Branche de Zerbft. Albert le vieux, fon fils ainé qui lui fuccéda en 1310, époufa Elifabeth, fille de Conrad, électeur de Brandebourg, & en eut Albert le jeune. Celui-ci laiffa d'Agnès, fille de Wartiflas, duc de Poméranie, Jean, qui fe maria avec Elifabeth, fœur d'Henri, comte d'Henneberg. De leur mariage vinrent Albert III, dit le boiteux, qui fit la branche de Zerbit. Celle de Cothen s'éteignit l'an 1526, à Adolphe évêque de Mersbourg, à qui Luther dédia fes thèfes fur les indul'gences, & dont les freres aînés firent donation de feurs biens à leurs coufins de la branche de Zerbft. Bernard, frere puîné de Sigfrid, fit la branche de Bernbourg, & fut pere de Bernard II, à qui Albert fon frere, évêque d'Halberstad, disputa le comté d'Ascanie, qu'il prétendoit lui appartenir, tant de fon chef, que de celui d'Elifabeth, veuve d'Othon fon troifiéme frere, à laquelle ce comté avoit été affigné pour fa dot, & qui s'étoit mise sous fa protection. Alber: s'empara de la ville d'Ascherleben, & ne voulut confentir à l'accommodement qu'on négocia à Quedlinbourg, l'an 1316, qu'à condition que Bernard tiendroit le comté d'Ascanie en fief de l'églife de Halberftad. Bernard n'accepta point la condition, & obtint l'inveftiture de ce comté, de l'empereur Louis de Baviere en 1318. Son fils Bernard III, furnommé le Dépouillé, en obtint une nouvelle du même empereur, avec défenfe aux vaffaux de reconnoître l'évêque ou le chapitre d'Halberftat, fous peine d'être privés de leurs fiefs. Albert étant mort, le chapitre d'Halberftt élut pour évêque Albert duc de Brunswick, qui refufa de reftituer au prince d'Anhalt, les terres qu'il lui détenoit injuftement; ainfi le comté d'Ascanie eft demeuré à l'église d'Halberstad. Bernard IV fuccéda à Bernard III, & n'eut point d'enfans. Othon fon frere, époufa Sophie de Stolberg, & en eut Bernard V, qui pere de Bernard VI. Celui-ci mourut en 1468, & ne laiffa d'Hedwige de Sagan qu'une fille, appellée Anne, qui fut mere de George, Prince d'Anhalt, de la branche de Zerbft, que Bernard VI inftitua fon héritier univerfel. Quant à Othon, troifiéme frere de Sigfrid & de Bernard I, il n'eut qu'un fils de fon nom, chanoine de Magdebourg, qui mourut avant lui l'an 1305. La maifon d'Anhalt, cadette de l'électorat de Saxe, eft partagée préfentement en cinq branches, qui font celles de Deffaw, de Bernbourg, d'Hazgerode, de Plocskaw & de Zerbft. Ces princes n'ont tous enfem

fut

ble qu'une voix dans le collége des Princes. D'ordinaire le plus vieux eft le régent. Il y a quelques années qu'on a établi le droit d'aîneffe dans les branches de Bernbourg & de Zerbft, qui font les plus nombreuses.

Les états de la principauté d'Anhalt, felon Hubner, Frage auff. der. géog. p. 560, font ainfi divifés entre les diverfes branches.

Celle de Deffau poffede Deffau, capitale,

Worlitz fur l'Elbe, bailliage & maison de chaffe. Radegast, lieu remarquable par rapport à la généalogie.

Sandersleben, château & bailliage.

Oranienbaum, joli château de plaifance, aux confins du cercle électoral de Saxe. Celle de Bernbourg poffede Bernbourg fur la Saale, Hartzgerode, où il y a des mines, Ballenstadt, comté,

Alt Anhalt, ou le vieux Anhalt, lieu ruiné, d'où la maifon tire fon nom,

Ploetzkau, château & bailliage,

Gernrode, ou Gerenrode, qui a été une abbaye impériale de dames,

Zeitz, ou le petit Zeitz, réfidence du prince de Bernbourg, Celle de Kothen poffede

Kothen, ou Coethen, entre la Mulde & la Sala.
Nienbourg, château & bailliage, & ci-devant abbaye.
La branche de zerbst poffede
Zerbft,

Coswitz, petite ville, château & bailliage,
Mulingen, dans le Magdebourg,
Dombourg,

Et Yevern, qui eft dans l'Oldenbourg.

La maifon d'Anhalt eft partagée en quatre branches qui font, Deffau, Bernbourg, Coeten & Zerbft. Les trois premieres profeffent la religion prétendue réformée. Zerbit fuit la confeffion d'Ausbourg; mais dans la ville de Zerbit les habitans font partagés entre le calvinifme & le Lutheranisme.

ANHAUSEN, abbaye d'hommes, ordre de S. Benoît, dans la Suabe, au nord du Danube, dans la principauté d'Oeting.

ANHING, ville de la Chine. La relation du voyage des Hollandois à Pekin, publiée dans le recueil de Thévenot, p. 10, porte qu'elle paroît fort magnifique, qu'elle eft fur la gauche de la riviere de Kiam, & qu'elle peut avoir environ deux heures de circuit. Le long de l'eau, felon cette relation, eft un beau faubourg orné de pagodes & de maifons fort jolies. Ses murs ont plus de vingt-cinq pieds de haut, & font faits de briques : du côté de terre, il y a une petite colline, fur laquelle eft bâti un temple aevc une haute tour.

La fituation de cette place fur la rive gauche du Kiang, & l'ordre qu'elle tient dans cette relation, favoir entre Tonglaeu & Tonglin, qui font fur la droite de ce même fleuve, dans la province de Nankin, dans l'atlas chinois du P. Martini, font connoître que c'eft la même que ce Pere par une aspiration plus forte, nomme GANKING. Voyez ce mot.

ANHOLT, (2) petite ville des Provinces-Unies, au duché de Gueldre, dans le quartier de Zutphen, fur le vieil Iffel, à deux lieues d'Emmeric au levant, & auffi à deux lieues de Breewoort, aux confins du duché de Cleves & de Munfter. Quelques-uns écrivent AANHOLT, d'autres AENHOLT, d'autres ANHALT. (b) En 1580 cette ville fut pillée & brûlée. * (a) Raey, dict. géog. (Þ) Halma, Tooneel der Vereen. Nederlanden.

ANI, ville d'Afie, dans l'Arménie, felon Ulugbeg & Naffir- Eddin qui lui donnent 79 dég. de long. & 41 de lat. feptentrionale. Voyez ANIKAGAE. * D'Herbelot, bibl. orient.

ANIAGO, chartreufe d'Espagne, au royaume de Léon, près du Duero, au voifinage de Tordefilas.

ANIAN, détroit peu connu, & peut-être imaginaire, entre l'Afie & l'Amérique, dans les terres arctiques. Les Espagnols le nomment ESTRECHO D'ANIAN. Les Portu

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