Images de page
PDF
ePub

côte, il y a des terres hautes & des rochers sans retraite. Cette côre finit par le havre & le cap Campseaux.

En entrant dans le fond de la baie de Campseaux, qui a huit lieues de profondeur, & allant le long de la côte, l'on trouve des rochers l'espace de trois lieues; après quoi est une grande anse qui a une ifle au milieu, derriere laquelle les chaloupes se peuvent mettre à couvert: plus on va avant dans la baie, plus le pays eft beau. A trois lieues de cette anse on trouve une petite riviere nommée par quelques-uns, la riviere du Saumon, & par les fauvages, Chedaboucton.

Sortant de Chédaboucton, allant à l'entrée du petit paffage de Campseaux, l'on paffe quatre lieues de terres hautes & de rochers qui vont en descendant jusqu'à une petite ifle; & là les terres font plates, marécageuses & pleines de petits étangs d'eau salée, dans lesquels il se trouve grand nombre de gibier: une lieue plus avant on trouve une autre baie, où il entre un grand courant de marée: l'entrée en est étroite, il y a une barre de sable, & les chaloupes n'y peuvent entrer que de pleine mer, le dedans afféche de baffe mer. Il y tombe deux petits ruiffeaux. On nomme ce lieu la riviere du Mouton. La chaffe eft excellente dans les terres qui font très-bonnes, le pays agréable, les bois beaux. Il y a peu de sapins, & toute la côte eft de même jusqu'au petit paffage de Campfeaux, qui est entre la terre ferme & l'issue du cap Breton, où paroît un gros cap de terre rouge.

Continuant huit ou neuf lieues on trouve un grand cap fort haut, & toute cette côte est haute avec des rochers couverts de grands fapins. Au bas de ce grand cap qui eft escarpé à pied droit, il y a une anse où les vaifseaux qui vont de la grande baie de S. Laurent, pour faire leur pêche, & qui, arrivant à la côte de trop bonne heure, ne peuvent entrer dans la baie de S. Laurent par le grand passage à cause des glaces, viennent chercher ce petit paffage & fe mettent à l'ancre pour laiffer paffer les glaces. Ce lieu s'appelle Fronfac. On y a vũ huit ou dix vaisseaux, & quoique le courant soit extrêmement fort dans ce petit passage, les glaces n'incommodent point les vaisseaux en cet endroit, à cause d'une grande pointe qui avance & qui détourne la marée, qui pourroit apporter les glaces de la grande baie, & les jetter du côté de l'ifle du cap Breton; & celles qui pourroient venir de l'autre côté font jettées aussi par le gros cap du côté de cette ifle.

Sortant de cette anse, avant que d'en paffer la pointe, il y a des étangs d'eau falée, où il se trouve quantité de bonnes huîtres & fort groffes, & des moules encore davantage. Paffé la pointe, on trouve une petite riviere où des chaloupes peuvent entrer; étant dedans, on trouve une ifle qui fepare une grande baie en deux: il s'y rencontre aulli force huîtres & moules. Le pays est agréable. Les arbres y font comme les autres, mais il y a plus de cédres & de trembles: la terre y est baffe: la baie a environ deux lieues de tour & est plate en des endroits : & elle afféche de baffe mer; ce font des fables vaseux, & l'on y trouve quantité de coquillages de toutes façons, bons à manger: c'est la plus grande subsistance des sauvages pendant le printems.

Delà, après avoir fait encore deux lieues suivant la côte, on trouve une autre baie qu'on nomme Articougnesche. Suivant la côte, ce font tous fables qui, de basse mer, afféchent bien trois lieues vers l'eau; & à l'entrée des terres il y a beaucoup d'étangs d'eau falée, & de belles prairies où l'on trouve quantité de gibier; & plus avant que les prairies les terres y font bonnes, & il y a de très-beaux bois. Puis ayant avancé fix lieues, continuant la route le long de la côte, l'on trouve une riviere. Continuant le tour de la baie, la terre y eft divisée en étangs & en prairies, à la réserve de quelques lieux couverts de sapins & de cédres; & dans le fond de la baie on trouve une petite entrée entre deux pointes, qui va dans une grande anse toute plate, dans laquelle il y a un canal par où les chaloupes peuvent entrer. A une bonne portée de canon de cette entrée, l'on trouve la riviere de Mirliguesche, qui donne le nom à cette baie. Elle est profonde, & s'étend bien avant dans les terres. Pendant le printems & l'automne, cette anse est toute couverte d'outardes, canards, farcelles, &c. Ils y demeurent jusqu'après la Toufsaint. En ce même lieu il y des huîtres excellentes, & encore davantage à l'entrée de la riviere

a

à gauche. Elles font en roches les unes fur les autres. En montant la riviere, on trouve, du côté gauche, l'espace de deux lieues, des roches de plâtre qui font affez hautes. Après quoi on rencontre de bonne terre pendant trois lieues; elles font couvertes de gros arbres forts hauts, entremêlés de chênes & de quelques pins. Au bout de ces trois lieues, on rencontre deux autres rivieres en fourche, qui tombent dans celle-là. Elles viennent de loin dans les terres, & c'est par elles que les fauvages, qui y font en grand nombre, viennent pour le trafic de leurs peaux. La chasse y est affez bonne; le pays y est plat, avec une grande étendue de prairies des deux côtés. Ces deux rivieres viennent des lacs qui font dans le haut, & dans lesquels les sauvages tuent quantité de castors.

A trois lieues de cette riviere mere, en continuant la route le long de la côte, on trouve une petite anse où la marée entre, dont le fond n'est que vase, & au milieu de laquelle passe un ruisseau. Pendant le printems & l'automne, l'on y pêche quantité de bars. Delà la côte va jufqu'au cap Saint-Louis, toujours en montant, l'espace de quatre lieues: ce cap est aussi extrêmement haut. Il y a de beaux arbres fort hauts & fort gros. En descendant du côté de la baie de S. Laurent, la terre est couverte de mêmes bois. Au pied de ce cap il y a des rochers qui font un petit baflin où l'on se peut mettre à l'abri du mauvais tems, en cas de besoin, avec une chaloupe; il y a entrée de deux côtés. Il se trouve quantité de homards entre toutes ces roches, aussi bien que des canards & des moyaques. Les brifars de la mer font furieux, lorsque les vents portent à la côte, quoiqu'il ne fasse de vent que pour faire enfler la voile; la hauteur de ce cap fait une rafale furieuse.

Partant du cap S. Louis, à dix lieues delà, on trouve une petite riviere, dont l'entrée a une barre qui se bouche quelquefois, lorsque le tems eft mauvais, & que la mer poufle ses sables à l'entrée; mais quand la riviere se fait groffe, elle passe par-dessus, & fait l'ouverture. Il n'y peut entrer que des chaloupes : elle ne va pas avant dans les terres, qui font affez belles, & couvertes d'arbres de toutes les espèces que j'ai nommées.

[ocr errors]

Continuant la route environ douze lieues, la côte n'est que rochers, à la réserve de quelques anses de différentes grandeurs : les terres font baffes en ces endroits : elles paroiffent bonnes & couvertes de fort beaux arbres parmi lesquels il y a quantité de chênes. L'on arrive enfuite à une grande riviere, dont l'entrée est toute plate environ une lieue & demie vers la mer, & a environ trois lieues de large à fon embouchure, qui affeche presque par-tout de baffe mer. Son fond est de fable; il n'y peut entrer que de petits bâtimens de pleine mer, comme des barques de douze à quinze tonneaux. On trouve même à l'entrée quelques battures de roches. A la gauche de cette embouchure est une petite riviere qui n'est séparée de la grande que par une pointe de fable; elle entre avant dans les terres, & est fort étroite à l'entrée.

Cela paffé, l'on trouve une grande ouverture où il se fait plusieurs anfes par le moyen des pointes de terres basses ou prairies dans lesquelles font plusieurs étangs, où il y a une prodigieuse abondance de gibier de toutes les fortes. La terre n'y est pas moins bonne que la chaffe: il y a plusieurs petits côteaux qui font affez agréables: tous les arbres y font très-beaux & gros; il y a des chênes, des hêtres, des érables, des mignenognons, des cédres, des pins, des sapins, &c. La grande riviere eft droite à l'entrée. Les chaloupes vont sept à huit lieues dedans, après quoi l'on rencontre une petite ifle couverte des mêmes bois & lambrusques de vignes; au-delà de cette ifle on ne peut remonter plus haut vers la source de la riviere, qu'avec des canots. La terre, des deux côtés, vers sa fource, eft couverte de pins gros & petits, l'espace d'une lieue. En remontant des deux côtés, ce font tous beaux arbres. Les côteaux y font un peu plus hauts que ceux de la petite riviere; mais la terre n'y est pas moins bonne. Il y a aufli le long de ses bords des anfes & des culs de fac, avec des prairies où la chasse est bonne. Cela s'appelle la riviere de Pictou. A une lieue & demie dans la riviere, il y a une grande anfe, où l'on trouve une grande quantité d'excellentes huîtres, les unes, en un endroit, font quafi rondes, & plus avant dans l'anfe elles font monstrueuses. Il s'y en trouve de plus grandes qu'un foulier, & à peu près de même figure; elles font toutes

fort

[ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors]

)

:

fort pleines & de bon goût, & à l'entrée de cette riviere,
fur la droite, à demi-lieue de son embouchure, il y a
encore une grande baie qui entre près de trois lieues dans
les terres; elle contient plusieurs ifles & nombre d'anses
des deux côtés, où il se trouve beaucoup de prairies &
de gibier. Trois lieues plus avant on rencontre une au-
tre anfe bien plus grande, aulli garnie de quantité d'ifles
d'inégale grandeur, les unes couvertes d'arbres, les au-
tres de prairies; & il y a une infinité d'oiseaux de toutes
espéces. Les terres font belles & bonnes, point trop mon-
ragneufes, mais couvertes de beaux arbres entre lesquels
il y a quantité de pins & de chênes.

Paffant huit ou neuf lieues plus avant, la côte est haute
avec des rochers; elle n'est pas fort faine. On y trouve
pourtant quelques anses où la terre est basse; mais il n'y
a pas beaucoup d'abri pour des chaloupes, & la terre y
brife fort. On y trouve une autre riviere qui a beaucoup
de roches à fon entrée; & un peu au large vers la mer
une autre petite ifle couverte de bois: on l'appelle l'ifle
de l'Ormet. Avant que d'entrer dans cette riviere, l'on
trouve une grande baie de deux lieues de profondeur,
& d'une de largeur; en plusieurs endroits la terre est basse
& couverte de beaux arbres. Dans le fond de cette baie
Ton voit deux pointes de terre qui s'approchent & font
un détroit qui est l'entrée de la riviere, qui vient de trois
ou quatre lieues dans les terres. Elle est plate à fon en-
trée, & les chaloupes n'y entrent pas bien avant; le
pays y cit affez beau. On voit dans les terres quelques
montagnes de médiocre hauteur. On y pêche aufli bean-
coup d'huîtres & de coquillages.

Sortant de là, fuivant la côte, à deux lieues ou environ, on trouve encore une autre riviere qui entre affez avant dans les terres : les deux côtes sont montagneufes.

Paifant plus avant, suivant la côte, l'on va trouver le cap Tourmentin. Cette côte n'est que montagnes & rochers très-dangereux, qui font fort au large vis-à-vis de ce cap: les uns paroiffent, & les autres se découvrent seulement de basse mer. Ayant doublé cette pointe, & fait environ dix lieues le long de cette côte, l'on trouve une autre riviere où les barques entrent: il faut bien prendre le canal; paffé une petite ifle on est bien à couvert, & l'on trouve affez d'eau. L'on mouille l'ancre devant une grande prairie qui fait une anse d'une raisonnable étendue, où l'on se met à l'abri. On a nommé cette riviere la riviere de Cocagne, à cause du grand nombre de gibier & de poiffon qu'on y trouve: outardes, canards, farcelles, pluviers, beccaffes, beccaslines, tourtres, lapins, perdrix, perdreaux, faumons, truites, maquereaux, éperlans, huîtres, &c. Le pays est très-agréable; le terroir eft plat, couvert de très-beaux arbres, tant en groffeur qu'en hauteur, de toutes les fortes que j'ai nommées; il y a aulli de grandes prairies le long de la riviere, qui entre environ cinq à fix lieues dans les terres; le refte n'est navigable qu'en canot, & il s'y trouve beaucoup plus de pins que d'autres arbres.

La riviere de Richeboucton est environ à dix lieues de la derniere. Sortant de Richeboucton pour aller à Miramichi, à la gauche, l'on trouve de grands platins de sable qui avancent fort au large dans la mer, & même le long de la côte qu'il ne faut pas approcher l'espace de huit à dix lieues; après quoi l'on trouve une grande baie qui entre plus de deux lieues dans les terres, & qui a bien autant de large. Toute cette baie est aussi remplie de platins, dont la plupart découvrent de baffe mer; & la mer y est très - dangereuse dans un mauvais tems, parce qu'elle brife partout. Il y a pourtant un petit canal très-tortu qui conduit dans la riviere. Il le faut bien savoir pour y entrer, encore n'y peut-il paffer que des barques de douze à quinze tonneaux de pleine mer. Toute l'étendue de ces platins continue jusqu'à l'embouchure de la riviere de Miramichi, dont l'entrée est fort étroite, à cause d'une petite isle, située à droite en entrant, qui ferme l'ouverrure. Cela paffé, l'on trouve une belle riviere large d'une portée de canon; elle eft affez profonde. Les deux côtés font des rochers affez hauts, sur lesquels il y a de beaux bois: l'on y trouve cependant quelques petites anses basses, où l'on peut aborder & descendre avec des chaloupes ou canots. Cette riviere a cinq à fix lieues de long où les bâtimens peuvent monter, & là on trouve deux autres rivieres affez grosses qui tombent dedans, &

[ocr errors]

aboutissent toutes les deux en pointe & font une four-
che; mais il n'y peut monter que des canots, à cause des
roches qui y font çà & là. Celle qui eft à gauche, en
montant, va à la riviere de Richeboucton; celle qui eft
à droite va du côté de la baie des Chaleurs: du haut de
cette riviere l'on va toucher, par le moyen d'un portage
de canot, en la riviere de Nepingiguie, qui est dans le
fond de la baie des Chaleurs. Les sauvages disent que la
terre eft belle & plate dans le haut de ces rivieres; que
les arbres y font hauts, gros & clair-femés, & qu'il n'y a
point de petits arbres qui les empêchent pour la course
de l'élan. Ce font les mêmes espèces de bois ci-devant
nommés. Dans les vallons où les eaux font des maréca-
ges, il y a force sapins, mais petits & fort épais. Pour
le bas des rivieres où se fait la fourche à la gauche, ce
font des rochers; & à la droite un pays plat, où il ya une
prairie de plus de deux lieues de long & de demi - lieue
de large en un endroit, & de trois quarts de lieue en un
autre. Il y a quelques petits arbres dedans, & fort éloi-
gnés les uns des autres. Il s'y trouve une grande quan-
tité de fraifes & de framboises, & il s'y amaffe un grand
nombre de tourtres. Il entre dans cette riviere une fi
grande quantité de plongeons, que la nuit on ne peut
dormir, tant ils font de bruit en tombant fur l'eau
après s'être élancés en l'air; ce qui vient de la peine
qu'ils ont eue à passer ces platins, pour le peu d'eau qu'il
ya, après quoi ils s'égaient, lorsqu'ils rencontrent plus
de fond: enfuite ils montent dans les rivieres qui vont
bien avant dans les terres, & qui descendent de plufieurs
lacs qui dégorgent les uns dans les autres. Dans tous ces
lacs on trouve beaucoup de castors; & peu d'orignaux :
la chasse du gibier y est très-abondante. Les coquillages
n'y manquent pas. Les platins en font remplis. Les sau-
vages font fur ces rivieres en plus grand nombre que
sur les autres.

La riviere de Miscou est à dix lieues de là, en suivant
la côte qui est quafi toujours de fable. Il s'y trouve plu-
sieurs anfes grandes & petites, où il y a des prairies &
des étangs d'eau falée que la mer fait en montant: il fe
trouve aufli quelques gros ruiffeaux; & en ces endroits
la chasse des oiseaux de toute espéce n'y manque point;
la côte est remplie de bois pareils aux autres, à la réserve
que les cédres y font plus communs. Deux lieues avant
que de trouver les isles de Miscou, l'on rencontre une
grande anse qui est le passage de Caraquet, qui aboutit
à la baie des Chaleurs. Après avoir fait deux lieues le
long de la côte, l'on trouve une autre petite entrée pour
des barques, laquelle est entre les deux isles de Miscou.
L'entrée est dangereuse en mauvais tems, parce qu'il y a
une barre de fable qui brife furieusement: des deux cô-
tés des ifles il y a des pointes de fable qui rendent l'entrée
étroite; mais dès qu'on les a patsées, le dedans s'élargit. A
la droite en entrant, est la petite isle de Miscou, qui a 4
ou 5 lieues de tour. Ayant paílé la pointe, il en paroît une
partie comme une grande étendue de terres fans arbres,
qui ne font que des marécages tout pleins de brandes.
Lorsqu'on a paffé ces marais, l'on trouve de la terre cou-
verte de fapins, mêlés de quelques petits bouleaux; après
quoi l'on rencontre une grande pointe de fable qui fait
une anse d'une grandeur confidérable: c'est là que mouil-
lent les navires qui y vont faire leur pêche à l'abri des
deux isles. L'eau-douce eft fort éloignée de ce quartier là:
mais en recompenfe, à quelques 200 pas de la côte, vis-à-vis
ou environ, au milieu des bois dont je viens de parler, il
fort de la mer un bouillon d'eau gros comme les deux
poings, qui conferve sa douceur dans un circuit de vingt
pas, fans se mêler en façon quelconque, foit par le flux
ou le reflux de la
ce hauffe & baiffe comme la marée. Les pêcheurs y vont
faire leurs eaux avec leurs chaloupes pleines de batiques
qu'ils emplissent à seaux, comme s'ils puifoient dans le
baflin d'une fontaine. A l'endroit où eft cette fontaine ex-
traordinaire, il y a une braffe d'eau dans les baffes marées,
& l'eau est salée tout autour comme le reste de la mer.
Le passage des vaisseaux eft entre la grande isle & la grande
pointe de fable de la petite isle. Il faut toujours côtoyer
la grande isle pour prendre le bon canal qui a toujours
deux braffes & demie d'eau. Sortant de là, il faut entrer
dans la baie des Chaleurs, & en faire le tour pour aller à
l'isle Percée.

er, enforte que le bouillon d'eau-dou

Pour entrer dans la baie des Chaleurs, érant sorti du
Tome I.

E

,

1

1 1

havre de Miscou, laissant la grande isle à la gauche, on la cotoie environ trois lieues, après quoi l'on trouve le petit pallage qui vient de la baie de Miramichi. On passe le long des isles de Tousquet, & fortant de la baie de Tousquet, entrant dans la baye des Chaleurs, l'on côtoie dix lieues de rochers escarpés, au pied desquels la mer bat; enforte que fi un navire s'y perdoit, il ne s'en fauveroit perfonne. Le dessus est couvert de méchans petits fapins.

Le bout de la baie des Chaleurs est le cap d'Espgir, à une lieue delà le cap Enragé; delà à l'isle Percée toute la côte est fort haute de roches coupées: la mer bat au pied; mais dans le milieu on trouve une petite anse où une chaloupe se peut mettre à couvert. La pêche est très abondante aux environs de l'isle Percée. On y prend beaucoup de maquereaux & de harengs pour la boîte: l'éperlan & le lanson donnent aussi à la côte, où ils s'échouent, parce que la morue les fuit. A une portée de fufil de la côte est la haute montagne, appellée la table à Rolant. Il y'a d'autres montagnes aufli hautes qui la joignent.

Ces montagnes vont toutes en descendant jusqu'au fond de la baie des Morues, qui est à trois bonnes lieues de l'isle Percée, à une lieue de laquelle est l'isle de BonneAventure.

quelques-uns, ou EKRON, felon les Hébreux, ville de
la Palestine, dans la pentapole des Philistins, dont elle
étoit ville frontiere, au nord de cette contrée. Eufebe,
Onomast. p. 5, l'attribue à la tribu de Dan; & S. Jerôme,
son traducteur, à celle de Juda. Elle avoit d'abord été
dans le partage de la tribu de Juda, qui pourtant ne la
poffeda jamais, parce qu'elle n'eut pas le pouvoir d'en
chasser les Philistins: on transporta enfuite les préten-
tions de cette tribu à celle de Dan, qui en jouit tout aufli
peu. Cette remarque du P. Bonfrerius concilie ces deux
anciens. On lit bien dans le 1 livre des juges, ch. 18,
qu'elle fut prise par les Israëlites, mais ils la perdirent
bientôt après. La vulgate la nomme ACRON, (a) ce qui
peut être auffi bien une faute des copistes que du traduc-
teur. Il y avoit à Accaron la fameuse idole de Belzebut,
qu'Ochosias envoya consulter sur sa maladie, ce qui lui
attira les reproches du prophéte Elie, qui lui annonça
qu'il mourroit bientôt. S. Jerôme place Accaron entre
Azot & Jemnia, vers l'Orient. L'histoire de la restitu-
tion de l'arche, enlevée par les Philistins, ne laisse pas
douter qu'Accaron ne fût proche de Betsem; & cette
circonstance montre combien se sont trompés ceux qui,
au rapport de S. Jerôme, croyent que cette ville
d'Accaron fut nommée ensuite la Tour de Straton. Adri-
come (b) croit mal-à-propos que c'est l'Apollonia de
Pline; d'autres ont cru que Vespafien l'avoit nommée
Colonia. Sanfon lui donne 31 d. 47' de latit. & 65 d. 42'
& demie de longit. ; mais ce calcul n'a rien de fort as-
fure; car cette ville n'est point de celles dont la position
a été déterminée par les distances itinéraires dans les
écrits des anciens, & même il n'est pas aifé de les mar-
elle est nommée en divers passages de l'écriture, par rap-
port aux villes voisines. S. Jerôme dit que de fon tems il
y avoit une grosse bourgade de ce nom, habitée par des
Juifs; & un auteur beaucoup plus moderne, (c) dit que
ce n'étoit plus qu'un petit hameau (Cafale) qui portoit
l'ancien nom. Un voyageur de nos jours (d) dit la même
chose, & ajoute que le terroir en est affez maigre, &
porte des palmiers & des tamarins. * (2) Josué, c. 19, V.
43. (b) Theat. Terr. S. p. 21. (c) Brocard, c. 11. (d) Le P.
Eufebe Roger, Terre Sainte, 1. 1, c. 15.

Sortant de Bonne-Aventure & de l'isle Percée l'on en-
tre en la baie des Morues. A la pointe septentrionale de
cette baie, nommée le Forillon, il y a une petite isle. De
cette isle en la riviere de Gaspé, l'on compte quatre bon-
nes lieues, savoir deux à l'entrée de la riviere, & deux
où font les vaisseaux. Sortant de cette riviere, l'on passe
un grand cap, & à trois ou quatre lieues de là, paroît
le cap des Rofiers. Voilà l'étendue des côtes depuis laquer, à cause de la variation de l'ordre, suivant lequel

nouvelle Angleterre, jusqu'à la grande riviere de Saint Laurent. Denis. p. 1, c. 1. 9.

De la derniere anse, allant à la riviere de Saint Jean, ce ne font que des rochers, l'espace de six ou sept lieues: la côte en est fort dangereuse, & environ trois quarts de lieue plus en mer que l'isle de Menane, il y a un port qui est bon & fort spacieux. Son entrée est entre deux pointes, & a moins de cent pas de large. Les vaisseaux de trois ou quatre cens tonneaux y peuvent entrer de toutes marées. L'ancrage est bon, & quand les cables manqueroient, l'on n'échoueroit que fur des vases. Le havre peut contenir mille vaisseaux; le baffin est entouré de montagnes de roches fort escarpées. Il y a quelques petites rivieres & ruisseaux qui tombent dedans, & qui viennent de toutes ces montagnes. A l'extrémité du havre il y a une montagne de roche blanche qui est aussi dure que du marbre: en un autre endroit il y a une terre mêlée de petits cailloux de plusieurs couleurs : il en est tombé à la côte des morceaux affez gros, contre lesquels la mer bat, fans les brifer; au contraire, ils s'endurcissent si fort à l'air & à l'eau, que les outils n'en peuvent faire partir la moindre petite pierre; d'où l'on peut croire qu'ils ne feroient pas moins beaux que le marbre, aussi-bien que la roche blanche dont je viens de parler, si l'on en vouloit faire l'essai. Il y a pêche de saumon dans le havre, maquereau y est abondant; on y en pêche de monstrueux en groffeur & en largeur. On les prend à la ligne à l'entrée du havre: c'est une pointe de sable où l'on trouve force coquillages. Il y a auffi des étangs au bas des montagnes, où il y a très-bonne chasse d'outardes, de canards & toutes autres fortes de gibiers.

& le

ACCAIN, ville de la tribu de Juda: il en est parlé dans le livre de Josué, ch. xv, v. 57, felon la vulgate; mais le texte hébreu & les versions qui le suivent, lisent CAIN: Smidius lit AKKAJIN: c'étoit la 8o ville de la 8o partie de la tribu de Juda. Sanson, Ind. géog. lui donne 31 d. 23' de latit. fur 66 d. 43' de longit.

ACCANÆ ou ACANNE, ancienne ville marchande (a) & maritime sur la côte d'Ethiopie, au-delà de la montagne que les anciens appelloient Elephas. On y trouvoit d'excellent encens, & en abondance. Cette ville s'appelloit aufli LA GRANDE DAPHNON, au rapport d'Arrien, (b) qui fait mention de la petite Daphnon. Accanæ étoit entre la ville de Cobe & celle des Aromates, vers la pointe du cap, que nous appellons aujourd'hui Guardarfuy. Prolomée lui donne 82 d. de longitude & 7 de latitude. * (a) Cellar, Géog. ant. l. 4, c. 8. (b) Perip. Mar. Eryt. p. 7.

ACCARON, ACHARON, ACHRON OU ACRON, selon

ACCAS, quelques - uns écrivent AKAS OU ACAXI, ville maritime du Japon dans l'ifle de Niphon. Elle est à l'ouest de Méaco, à dix-neuf lieues communes d'Allemagne: elle est dans le royaume de Farima, au fud-oueft de la ville de Fimefi, & au nord-ouest de Fiogo, village situé dans la petite presqu'isle qui est au midi, & à l'extrémité de ce royaume. Au midi elle a une petite baie dont elle n'est éloignée que d'une lieue. Voyez la carte du Japon, par Reland, au tome 3 des Voyag. du Nord.

ACCATUCCI, ancienne ville d'Espagne dans la Bétique. Antonin, dans son itinéraire, la met sur le chemin de Tarragone à Cartago Spartaria, à 28 mille pas d'Acci & de Viniolx. On tient que c'est aujourd'hui Huelma, bourgade de l'Andalousie. Voyez HUELMA.

ACAXUTLA, port & petite ville de l'Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, au fud-eft, & près de Guatimala. C'est le port le plus considérable, étant dans le gouvernement de Guatimala. Les navires du Pérou & de la nouvelle Espagne y abordent.

ACCHA, habitation d'Afrique. Voyez Aca.

ACCI, c'est le nom latin d'une colonie Romaine, établie en Espagne (2) sur les confins de la Bétique. Presque tous les auteurs Espagnols conviennent que c'est GUADIX, ville du royaume de Grenade. Les citoyens de cette colonie fontnommés GEMELLENSES par Pline, 1. 3. c. 3. Une médaille d'Auguste (b) a pour legende, COL. ACCI. LEG. VI. c'est-à-dire la colonie Accitane de la fixiéme légion; & une autre médaille de Tibere a pour légende, C. I. G. AcCI. L. 111, c'est-à-dire, la colonie Julienne Gemelle Accitane de la troifiéme légion. Le mot Gemellenfis marquoit déja que la colonie avoit été tiréę de deux légions; mais les deux médailles nous apprennent que ces deux légions étoient la troisiéme & la sixiéme. Cette colonie (c) devint enfuite une ville épifcopale, dont les Evêques Felix & Lolliole fouscrivirent: le premier, au Concile d'Elvire; l'autre, au troisieme de Tolede. Cet Evêché étoit compris dans la province Carthaginoife. * (2) Cellar. Geog. ant. liv. 2, c. 1. (b) Hardouin, num, ant. p. 5. (c) Carol, à S. Paulo, Geog. Sacr. p. 179.

C

e

1

ACCIA, (2) petite ville de l'isle de Corse: elle étoit fituée entre Corte & Mariana, à quatre heures & demie de chemin 1 une de l'autre : (5) elle étoit le siége d'un Evêché dont Genes étoit la Métropole. Lorsque cette ville fut ruinée, l'Evêché en fut transporté à Mariana. Il n'en reste plus qu'une feule église, dédiée sous l'invocation de S. Pierre, & qui eft presque toute démolie.* (*) Atlas de Sanfon. (b) Corn. Dict.

ACCIANO, ancienne forteresse d'Italie, dans le voifinage de Pistoye. Les Florentins ayant conquis cette derniere ville, ruinerent Acciano, & bâtirent enfuite le château nommé Scarperia * Leand. Defc. di tutta l'Italia,

P. 50.

1 ACCIPITRUM INSULA. Ces mots latins, qui signifient l'Ifle des Eperviers, font l'ancien nom de L ISLE DE SAINT PIERRE, dans la mer Méditerrannée, au midi de la Sardaigne. Voyez au nom moderne.

2 ACCIPITRUM INSULA, ifle de la Mer-Rouge, dans le voisinage d'Ambe, ville de l'Arabie heureuse, selon Ptolomée, liv. 6, ch. 15, qui la nomme Ιερακον

dire des Eperviers.

laisse sécher quelque tems, sans qite ces corps exhalent aucune mauvaise odeur, ils les en retirent pour en mettre d'autres en leur place. Les chrétiens ont emporté par dévotion beaucoup de terre de ce champ, qu'ils ont mife ailleurs en differens cimetieres, ensorte qu'il est aujourd'hui profond d'environ quatre toises. Dans les pierres de ce champ, vers le feptentrion, font taillés plusieurs 1épulctes, en forme de cabinets, dont l'entrée reffemble à celle d'un four. Quelques Juifs s'y font inhumer; & on tient, par tradition, que lorsque le Sauveur du monde fut pris au jardin de Gethsemani, quelques - uns des apôtres allerent se cacher en ces lieux-la * (a) Corna Dict. (b) Doubdan, Descr. de la Terre Sainte, l. 1, c. 17. Le P. Roger, Voyage de la Terre Sainte, c. 22.

ACELLARO. Quelques géographes appellent ainsi une riviere de Sicile. Voyez Abilio, ATELLARA.

ACELUM, ancienne ville de l'Italie, dans le territoire des Venetes. Pline l'appelle ACEDUM, & Paul Diacre, ACILIUM. Quelques-uns croyent que c'est aujourc'est-à-d'hui MONTAGNANA, d'autres, MONSELICE, d'autres 3 CENEDA: la plupart croyent que c'est ASOLO, & Ughelli est de ce sentiment, qu'il appuye sur les ruines, les médailles, les colonnes, & les autres monumens que l'on découvre fur la colline qui est au midi de cette place. Elle a été épifcopale, & fut détruite par les Huns, qui ravagerent l'Italie, sous Attila. * Ughelli, Ital. Sacr. t. x, p. 2. ACEMACON, nom Portugais de l'isle que nous appellons DE L'ASCENSION, dans la mer du Brefil. Voyez As

3 ACCIPITRUM INSULE, OU LES ISLES DES EPERVIERS, ifles de l'Océan Atlantique, entre les côtes d'Es pagne & celles du Canada. Ce nom est une traduction latine du nom d'AÇORES OU AZORES, & fignifie les mêmes ifles, qu'on appelle auífi autrement LES ISLES FLAMANDES. Voyez AÇORES & TERCERE.

ACCITUM, nom ancien d'un bourg d'Espagne, appellé aujourd'hui FINIANA OU FINANA, dans le royaume de Grenade. Voyez FINIANA.

ACCO, ancien nom de la ville qui a été ensuite nommée PTOLEMAIDE. On lit dans le livre des Juges, l. 31, que les Ascherites ne purent chasser les habitans d'Acco, de Tzidon, &c.

ACCOMBA, (*) ville de la Morée: elle est située à l'orient de la riviere Diagon, à une petite heure & demie de chemin de fon embouchure dans l'Alphée, dans la partie la plus orientale du Belveder, & à l'orient méridional du mont Sevina. (b) On tient que c'est L'HYPANA dù Péloponese des anciens. * (2) Atlas de Sanfon (b) Univer. Orb. terr.

ACCUSIORUM COLONIA, ancienne ville du Dauphiné. Voyez AcUSIO.

ACCUM. Voyez AXUMA, ville de l'Abissinie.

AC-DENGHIS, nom que les Turcs donnent à cette partie de la Mer Méditerrannée, qu'on appelle l'Archipel: ce nom, qui signifie la mer blanche, lui est donné par opposition à la mer noire, qui est de l'autre côté du détroit fur lequel Constantinople est bâtie.

ACE. Voyez PTOLEMAIDE.

ACEBUS, nom latin de la ZEGA, riviere d'Espagne

dans la vieille Castille.

[blocks in formation]

ACEIS ou ECEIS, plaine d'Afrique, dans le royaume de Fez; elle est à sept lieues de la ville de ce nom, & abourit au pied de la montagne du Gureygura, qui regarde le feptentrion: on voit dans cette plaine quantité de lieux peuplés.* Corn. Dict. Davity.

ACELDAMA. (*) Ce nom qui fignifie Champ du Sang, (b) est celui que les Juifs donnerent au champ qu'ils acheterent de l'argent que Judas leur rapporta, & qu'il avoit reçu pour le salaire de sa perfidie. On l'appelloit autrefois le Champ du Potier, soit parce qu'il appartenoit à un potier, soit parce que la terre qu'on en tiroit étoit propre à faire des pots. Il est à cinq cens pas de Jérufalem, vers le midi, en la partie septentrionale du mont d'Offenfion, dans la tribu de Juda. Le cardinal de Vitri dit que de fon tems les hospitaliers de S. Jean de Jérusalem y enterroient les pauvres pélerins. Les Turcs en ont vendu depuis une partie aux Arméniens, qui l'ont fait couvrir d'un petit bâtiment, où il n'y a que les quatre murs & la voute, à laquelle on voit cinq ouvertures semblables à celle d'un puits, par où ils descendent avec des cordes les corps de ceux de leur nation qui meurent à Jérufalem: ils y descendent eux - mêmes par un autre endroit, pour les arranger sur la terre, l'un auprès de l'autre, enfevelis de leur fuaire: après qu'ils les y ont

CENSION.

ACENS, ville de la Fionie, ifle du Danemare. Voyez
ASSENS.
ACERENZA, ville archiepifcopale du royaume de
Naples, dans la province de Bazilicate, dont elle est la
capitale. Voyez CIRENZA.

ACERINA, colonie des Brutiens, dans la grande Gré-
ce, c'est-à-dire dans le royaume de Naples. Tite-Live en
parle au 8 livre de fon histoire, mais Sigonius croit qu'il
faut lire Terina en cet endroit. * Ortel. Thef. Geog.

ACERNO ou ACIERNO, en latin Acernum, ville du royaume de Naples, dans la principauté citérieure, vers les confins de l'ultérieure. Acerno est situé dans un fond, environné de montagnes, entre Salerne & Conza, à environ quinze milles d'Italie de la premiere, & à un pêu moins de la seconde. Cette ville n'est remarquable que parce qu'elle est le siége d'un évêque, fuffragant de Salerne; elle eft petite, & fans murailles. Long. 32, 35, latit. 40, 55'. * Baudrand, Geog. ed. 1682.

ACCERRA, ville de la Campanie, felon Strabon, I. 5, p. 249, aujourd'hui dans la terre de Labour, au royau me de Naples. Quoique mal peuplée, elle a un évêque, fuffragant de l'archevêque de Naples; elle est située fur la petite riviere d'Agno, fur le chemin de Naples à Benevent, à huit milles d'Italie de la premiere, & à fix milles de Nole, en allant vers Capoue. Long. 31, 55', lat. 40, 55. Les Latins l'appellent ACERRA.* Baudrand, Geog. ed. 1684.

ACERRÆ, ancienne ville de la Gaule Cifalpine, entre les Alpes & le Po. Son nom moderne est la GIROLA, bourgade du territoire de Novare, dans le Milanez proche du Po. D'autres croyent que c'est ACERE, village du territoire de Pavie, fur les frontieres de Novare. * Fer

rar. Lex..

ACERRIS, ville des Lacétaniens, en Espagne. Le Pere Briet conjecture que c'est aujourd'hui GERRI, bourg de la Catalogne, sur la riviere de Noguera, vers les Pyrenées. * Parallel. z, l. 1v, p. 269.

ACES, riviere d'Afie. Herodote la met aux environs de l'Hircanie, de la Parthie & de la Chorasmie. * Ortel. Thef. Geog.

ACESÆ, ville de la Macédoine selon Etienne le geographe,

1. ACESINE en latin Acefinus, grand fleuve de l'Inde, en deçà du Gange: il se décharge dans l'Inde. (a) Pline, 1.16, c.36, rapporte que, si on en croit les relations de ce tems-là, il croissoit le long de l'Acésine des roseaux ft gros, qu'on en pouvoit faire un canot de l'espace qui est entre deux nœuds. (b) Philostrate,qui l'appelle ARCESINE, dit qu'il nourrit des ferpens de 70 coudées de long. Les anciens avoient du penchant à exagerer lorsqu ils parloient de ce pays-là. On croit que c'est le RAVI qui arrofe la ville de Lahor, dans l'Indoustan, & qui tombe dans Tome I. E ij

ir

!

l'Inde près de Bukor. Quinte-Curse 1. 9. c. 4, dit qu'Alexandre courut risque de la vie sur sa flote, en un lieu où l'Inde, l'Acesine & l'Hydaspe se joignent avec tant de violence, qu'il s'y fait des tourmentes comme en pleine mer. Ce confluent de l'Acésine avec l'Inde & l'Hydaspe, fait voir que le nom du Gange, dans le premier passage, 'est une faute des copistes, ou peut-être de l'historien. Ortelius, dans sa carte des conquêtes d'Alexandre, place le royaume de Porus à l'orient de l'Acésine, & au midi de cette même riviere, après sa jonction avec l'Hydaspe. * (a) Quinte-Curse, 1. 8, c. 9. (b) Apollon, 1.2.

2. ACESINE, en latin Acefinus, riviere de Tauro-Scythie, felen Pline, 1. 4, c. 12. Valerius Flaccus, dans son poëme des Argonautes, 1. 6, v. 69, parle d'Acésine. Carion, dans fes Scholies, lit Jacefina Agmina, au lieu d'Acesfina dans ce passage. Le P. Hardouin, in l. c. Plinii, croit que c'est le même dont Priscien parle dans sa Periegese, vers 306, sous le nom d'ALDESCUS, nom qu'il a emprunté de Denis. Son embouchure est à l'ouest de celle du Borysthene.

ACÉSINES, ancien nom latin d'une riviere de Sicile, aujourd'hui nommée ILFERDDO. Ferrar. Lexic.

ACESTA, ancienne ville de la Sicile. * Cluv. Sicil. antiq. 1. 2, c. 2, & Ferrar. Lexic. Virgile la nomme aus livre de l'Enéïde.

Urbem appellabunt promisso nomine Acestam. La plupart des auteurs Grecs & quelques Latins nomment cette ville EGESTA OU ÆGESTA, & on l'appella ensuite SEGESTA. Voyez SEGESTA.

ACEY, Accinctum. Abbaye d'hommes en France, de l'ordre de Cîteaux, au diocese de Besançon sur la rive droite du Lougnon, à 4 lieues au sud-ouest de Besançon, fondée l'an 1130.

ACGIAH, ifle d'Afrique, l'une de celles que les Arabes appellent Ranege, & qui font dans la Mer Ethiopique, vis-à-vis le rivage du pays des Zenges, qu'on nomme ordinairement Zanguebar. Elle est éloignée de la terre ferme d'environ dix lieues, & regarde la ville de Bais. Son circuit est de quatre cens milles, & fes habitans font presque tous étrangers & Musulmans. Comme il n'y croît point de froment, ils se nourrissent de maïs, forte de bled d'Inde. Auprès de cette ifle, on en trouve une autre beaucoup plus petite, au milieu de laquelle est une montagne qui vomit du feu avec grande impétuofité. * D'Herbelot, Bibliot. orient.

ACGIAH-KERMEN, ville d'Afie, sujette aux petits Tartares, à cinq journées d'Acgia-Sarai. * D'Herbelot, Bibliot. orient

ACGIA-SARAI, ville très-belle, située au nord de la Mer Caspienne, entre le pays de Bulgar & le Turkestan. Ses habitans font en partie idolâtres, & en partie mufulmans. Cette ville est à cinq journées de la précédente. * D'Herbelot, Bibliot. orient.

1. ACH. Voyez Aix-la-Chapelle.

2. ACH, ville de Souabe en Allemagne, dans le Hegaw. Corneille en fait un article séparé, quoique ce soit la même ville qu'AACH, dans le comté de Nellenbourg, comme Zeiler, Topog. Suevia, pag. 99 د le dit fort bien. Ach, dit il, furnommé le haut (Hohe-Ach) dans le comté de Nellenbourg ou dans le Hegaw.

1. ACHA, riviere d'Allemagne dans la Baviere. De Witt & Jaillot, dans leurs atlas, appellent ainsi une riviere qui a deux fources au nord-ouest de la ville d'Inchohoven, passe à Potmes, qu'elle laisse à gauche, & fe grossissant d'une autre riviere, elle se jette dans le Danube, vis-à-vis d'une isle qui est au-dessus d'Ingolstadt. * Divers atlas.

Les cartes de Dankers & de Zeiler nomment ACHA une riviere qui a sa source au midi de Fridbourg, au pied duquel elle passe, le laissant à droite auffi-bien que Thierhombten & Rain; après quoi se vuide dans le Danube, & non pas dans le Leck, comme le dit Corneille dans fon dictionnaire.

2. ACHA, riviere d'Allemagne. On l'appelle aussi ALTZA, mais en différentes parties de fon cours. Elle a sa fource dans le comté de Tirol, d'où, passant dans la haute Baviere par Marquardstein & autres lieux, elle se rend dans le lac nommé Chiemsée, duquel elle fort pour se jetter dans l'Inn, & depuis sa fortie de ce lac, elle se nomme ALTZA. * Baudrand, ed. 1705.

ACHABARES. Ce nom, qui se trouve dans Joseph,

de bello Jud. 1. 2, c. 25, eft celui de PETRA, ville de la Galilée supérieure, & lui a été sans doute donné pour la diftinguer des autres lieux nommés Petra. Cette même ville est aussi nommée, dans la vie de cet auteur, KARABÉ; mais c'est une faute, comme le remarque Reland. Palest. l. 3. p. 542. Dans les Cippi Hebraici, publiés par Hottinger, parmi d'autres lieux de la Galilée, il est fait mention d'ACBARA, entre Tibériade & Zepha, & on dit que les rabins Duhai, Jannai & Nehurai y avoient leur sépulture. Voyez PETRA, ville de Galilée.

ACHABYTOS, montagne de l'ifle de Rhode.

ACHACHICA, d'autres écrivent ACHUACICA, d'autres, ACHIACICA; & enfin d'autres, ACHUCHICA. Cette derniere ortographe est celle de l'atlas de Sanson, où cette bourgade se trouve placée dans l'Amérique septentrionale, sur les frontieres du Mexique, proche de Tlascala & de Panuco, fur la rive occidentale de la riviere de S. Pierre & de S. Paul. Quoique ce lieu foit confidérable, à cause d'une mine d'argent, de l'Isle ne fait mention ni de la ville, ni de la riviere.

ACHABIB, ville de la Palestine. Voyez AczIB.

ACHAD, ville de la terre de Sennaar en Afie. Elle est nommée (a) entre Arack & Chalanne, villes que fonda Nemrod, aussi-bien que Babylone. Sanfon, Index géog. lui assigne 32 d. s' de latit. & 80 d. so' de longit. ce qui n'est qu'une conjecture assez incertaine. Eufebe la nomme ACHAM. Et S. Jerôme dit que les Juifs croyoient que cette ville étoit la même qui, de fon tems, s'appelloit NISIBE, en Mésopotamie, qui avoit été autrefois afliégée & prise par Lucullus, consul Romain, & enfuite livrée aux Perses par l'empereur Jovien. Ortelius, Thefaur. géog. semble avoir confondu ce lieu avec Atad, où selon lui, le patriarche Jacob mourut. Ce qui n'est pas exact. Le patriarche Jacob mourut en Egypte, mais fon corps fut inhumé à Atad, dans le pays de Chanaan, (b) où ses enfans le transporterent, comme il l'avoit ordonné. * (2) Genef. c. 10, V. 10. (b) Genef. c. 50, v. 12.

ACHÆEUS. Arrien, p. 19, dans son périple du PontEuxin, fait mention de cette riviere. Il nous apprend qu'elle séparoit les Zinches d'avec les Saniches, & que son embouchure étoit à l'orient du promontoire d'Hercule. ACHAI, ancien peuple de la Sarmatie Asiatique selon Ptolomée, 1.5, c. 9.

1 ACHAIE, (2) (l'H ne se prononce point,) grand pays de l'ancienne Gréce. Pour bien comprendre ce que les anciens ont entendu par le mot d'Achaïe, il faut bien distinguer les tems; car les Grecs, du tems de leur liberté, nommoient Achaïe une province particuliere du Péloponese, de laquelle nous parlerons dans l'article suivant. Mais les Romains ayant fubjugué la Gréce, la diviferent en deux parties; savoir, la Macédoine & l'Achaïe donnant à chacune d'elles une étendue beaucoup plus grande qu'elle n'avoit eue auparavant. Ainsi tant de provinces confondues en deux, & gouvernées chacune par un officier qui étoit préteur ou proconful, ne peuvent qu'embarraffer ceux qui ignorent cette distinction. (b) L'Achaïe, dans ce sens étendu, renfermoit:

1. L'Attique.

2. La Béotie.

3. La Doride.

[ocr errors]

4. L'Etolie, outre les isles, avec le Péloponese que Ptolomée appelle une partie de l'Achaïe.

5. La Locride. 6. La Mégaride.

7. La Phocide.

*(a) Cellar.Geog. antiq. 1. 2, p. 1022 & 1170. (b) Briet. Parall. 2, part. 1. 3, p. 406.

La raison pour laquelle les Romains nommerent la Gréce Achaïe, (a) c'est que lorsqu'ils en firent la conquête, les Achéens primoient sur les autres Grecs. Pline le jeune, epist. 24, 1. 8, écrivant à Maxime, nouveau proconsul d'Achaïe, lui nomme Athènes, comme devant être de fon département, & Lacédémone, comme le lieu de sa résidence. L'Achaïe, qui étoit d'abord une province prétorienne, devint proconsulaire (b) par la loi Clodia, & continua d'être gouvernée par un proconsul sous les empereurs. Cependant Decius ne donne à Messala que le titre de président d'Achaïe. Pancirole, dans fon commentaire sur les notices, soupçonne qu'on cessa sous l'empire de Justinien d'envoyer des proconfuls en Grèce, parce qu'elle étoit peut-être alors occupée par les Bar

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small]
« PrécédentContinuer »