& que les montagnes qu'il nomme Auce en ont pris leur nom. Ce lieu conferve l'ancien nom dans celui de NuesTRA SIGNORA DE OCCA, près de Villa Franca, & de la montagne nommée Sierra d'Occa. Voyez Occa. AUCAES, peuple de l'Amerique méridionale le plus voisin du détroit de Magellan, aussi on ne peut douter qu'ils ne foient les mêmes que les Patagons, ils sont à la même hauteur que Valdivia: il y a apparence que ceux que les Espagnols ont appellés Serranos, & les Pampas qu'on trouve dans les plaines à la hauteur de Buenos-Ayres, ont la même origine, car ils ont à peu-près le même langage, & les mêmes mœurs. * Hift. du Paraguay, par P. Charlevoix. AUÇAGURELE, ville d'Afrique, en Ethiopie, au royaume d'Adel, dont elle est la capitale. Elle est située fur une montagne, au pied de laquelle sont deux canaux pleins des eaux de la riviere Haouach. Elle est plus loin de la mer que du royaume de Bali, qui fait partie de celui de Galles. * De l'Isle, Atlas. Long. 61,55, latit. 9, 10. AUCALO, nom latin du Calaron, riviere de Provence. Voyez CALAVON. AUCENSIS FLUVIUS. Voyez Occa. AUCH, quelques-uns écrivent AuSCH, ville de France, capitale du comté d'Armagnac, & la métropole de toute la Gascogne. Quelques cartes portent Aux, c'est une faute. Depuis la conquête de l'Aquitaine par les Romains, on lui donna le nom d'Augusta Auscorum ou Ausciorum, selon Prolomée, qu'il faut croire plutôt que Pomponius Mela, qui la nomme Elusaberris, confondant les Eleufates avec les Auci, peuples de l'Aquitaine, voisins à la verité, mais cependant différens les uns des autres. Dans la suite, ainsi qu'il est arrivé à plusieurs autres villes des Gaules, Auch prit le nom du peuple dont elle étoit la capitale; dans l'énumération des principales villes des Gaules par Ammien Marcellin, il est dit au liv. xv, Novem populos Aufci commendant & Vasate. Or Ammien vivoit sous l'empire de Théodose, & peut-être encore au commencement du regne d'Honorius son fils, sous lequel fut dressée la notice des provinces & des villes des Gaules, qui place Civitas Aufciorum la derniere en nombre des douze villes de la Novempopulanie, & met la ville de Bazas au neuviéme rang, fous la métropole Elufatium, ordre qui certainement ne s'accorde pas avec ce que dit Ammien. Les autres anciennes notices des Gaules lui donnent le nom de Civitas Aufciorum; mais les unes la placent sous la métropole Elufatium, & immediatement après cette derniere ville, & d'autres en font la métropole de la Novempopulanie, ne mettant Elufatium qu'au dernier rang. Par les souscriptions de plusieurs conciles, on voit qu'Elufatium ou Elufa (Eause) étoit métropole; & dans un d'Agde du vi siècle, on trouve Clarus Episcopus de Civitate Elufa Metropoli, & Nicetius Episcopus de Aufciis. Depuis, Eause ayant été détruite vers l'an 1200 on 1300, Auch est devenue métropole de la Novempopulanie. C'est ainsi que les différentes notices se concilient felon le tems où elles ont été faites. Auch est nommée CIVITAS AUSCIUS dans l'Itin. de Bourdeaux; AusCIENSIS URBS, dans Grégoire de Tours, au livre x & CIVITAS AUSCIA, dans Robert. Enfin les notices modernes, & après elles Gervais Tisleberienfis qualifient la ville d'Auch d'archevêché, & la nomment la métropole de la Gascogne, lui donnant dix évêchés pour suffragans, lesquels font Dax, Lectoure, Comminges, Conferans, Aire Bazas, Tarbes, Bayonne, Oleron, & Lefcur. Piganiol de la Force, Desc. de la France, t. 4, p. 206, dit que la ville d'Auch est située sur le haut & fur le penchant d'une montagne, auprès de la riviére de Gers. On la divise en ville haute & ville basse. On monte de cette derniere à la premiere par un escalier de pierres d'environ deux cens marches. L'église cathédrale que quelques-uns croyent avoir été fondée par Clovis, est un des plus beaux vaisseaux qu'il y ait en France. On admire dans le chœur la sculpture des fiéges des chanoines, qui est parfaite. Les vues du palais de l'archevêché font charmantes. Ce prélat est seigneur d'une partie de la ville, & le comte d'Armagnac l'est de l'autre. On croit qu'il y a environ trois mille ames dans Auch. L'archevêché d'Auch est un de plus considérables du royaume pour le revenu, car il vaut au moins, quatrevingt mille livres de rente. Son église métropolitaine est dédiée à la Vierge, & fon chapitre eft composé de quinze dignités & de vingt-cinq chanoines. Les dignités sont le prévôt, les abbés de Faget, d'Idrac & de Cere, les archidiacres d'Angles, de Sabanes, de Sos, de Vic, d'Armagnac, de Magnoac, d'Aftarac, de Pardaillan, les prieurs de Montesquiou, & de Sainte Marie de Nive, & le facristain qui eft curé. Des vingt-cinq chanoines, il y en a cinq honoraires, dont le roi est le premier en qualité de comte d'Armagnac, les quatre autres font les barons de Montesquiou, de Montaut, de Pardaillan & de l'Isle. Il y a dans la ville d'Auch une église collégiale, composée d'un doyen, d'un chantre, d'un sacriftain & de vingtquatre chanoines, qui ont chacun 350 ou 400 livres de revenu. Ce diocèse renferme environ 372 paroisses. Il y a aujourd'hui à Auch un présidial, & le fiége principal de la sénéchauffée d'Armagnac. On y a établi sous le regne de Louis XV un bureau des finances; ainsi cetre ville est à présent chef d'une généralité. Long. 18, 20, latit. 43, 40. Voyez Auscr. AUCHA, riviere, fur laquelle Jornandés, de reb. Getic. c. 17, dit que la ville de Galtis étoit située. Lazius croit qu'il faut lire ANCHA, & que Galtis est la même que Calatis de Strabon. AUCHANITES. Voyez AURANITIS. AUCHATÆ, ou AUCHETA, peuple de Scythie. C'est chez eux que Pline, 1.4, c. 12, met la source du fleuve Hypanis. Hérodote, Melpom. l. 4, n. 6, en fait auffi mention : leur pays se trouve présentement dans l'Ukraine. AUCHI, peuple des Pays-Bas, selon Alting, Germ. infe. 1, part. p. 12, qui prétend que dans ce passage de Pline, 1.4, c. 15: Etalia Frifiorum (Auchorum, Frifiabonum Sturiorum, Marfaciorum) qua sternuntur inter Helium ac Flevum: il ne faut pas lire Cauchorum, comme lisent ceux qui prennent pour un C initial le commencement de la parenthese. Le P. Hardouin rejette la parenthese & lit CHAUCORUM. Voyez CHAUCI. AUCHISE & AUCHITA. Diodore de Sicile, 1.5, nomme AUCHISE un peuple de la Cyrénaïque. Ptolomée, 1. 4, c. 5, les nomme AUCHITE; mais son ancien interprete latin lit Auchisa. Hérodote, 1. 4, n. 171, qui les nomme AUSCHISE ne les met pas dans la Cyrénaïque, il les fait seulement limitrophes du côté du couchant, & les étend au-dessus de Barca jusqu'à la mer, près des ifles Fortunées. Vers le milieu dupays des Auschises habitent les Cabales, petite nation. AUCHITA. Voyez l'article précédent. AUCHY, ou Αυχι LE CHATEAU, bourg de France, en Artois, sur l'Authie, avec titre de marquisat. Il est sur la frontiere de Picardie, à quatre lieues de Hesdin, vers le midi, en allant à Amiens, & autant de Dourlens. Son nom larin est Alciacum. * Baudrand, éd. 1705, Dict. Géog. des Pays-Bas. AUCHY LES MOINES, Alciacum. Abbaye réguliere de l'ordre de S. Benoît, au comté d'Artois, fur la petite riviere de Ternois, une lieue au-dessus de Hesdin. C'étoit d'abord une abbaye de religieuses que les Normands détruifirent dans le neuviéme fiécle. Ayant été rétablie, on la donna à des religieux de S. Benoît. Elle vaut 8000 livres. Quelques-uns appellent cette abbaye Auxiles-Moines. Voyez ce mot. AUDAGAST, ville d'Afrique dans la Mauritanie. Elle est située à l'extrémité du continent qui regarde l'Océan Atlantique, selon Corneille, qui ne cite aucun auteur, & ne dit point si cette ville est ancienne ou moderne. AUDANCE. Voyez ANDANCE. AUDARISTENSES; c'est ainsi que ce nom se lit dans Pline, 1.4, c. 10. Quelques exemplaires portent Adaristenfes. Comme il entend par là les habitans d'ANDARISrus, ville que Prolomée, 1.3, c. 13, met dans la Macédoine, au pays de Pelagonie, il faut lire Andaristenfes. AUDATTHA, ville de l'Arabie déferte, selon Ptolomée, 1.5, c. 19. AUDE, riviere de France dans le Bas-Languedoc. Elle tire sa source des monts Pyrenées, au Rouffillon, près de la Cerdaigne, au-dessus de Puig-Valedor, qu'ellearrose dans le Capfir; puis, coulant vers le septentrion, en Languedoc, elle arrofe Aleth, Limoux, & Carcafsonne. Delà s'étant accrue de la riviére de Fresquel, & passant vers l'Orient, elle reçoit quelques ruisseaux; & une licue au-dessus de Narbonne, elle se partage en deux bras: celui qui va à la gauche est son vrai lit, & se jette dans la Mer Méditerannée, trois lieues plus bas, par l'embouchure dite le GRAU DE VENDRE, à deux lieues de Beziers au midi; mais l'autre bras de l'Aude, qui va à la droite, est un canal nommé la Robine, qui paffe par Narbonne, & se jette deux lieues plus bas dans la Mer Méditerannée, par l'étang de Bages. Plusieurs croyent que c'étoit autrefois le vrai courant de l'Aude. Cette riviére a été connue des anciens sous le nom d'Atax ; & même on le trouve encore sur les cartes modernes de l'Atlas de Blaeu. έα AUDEA, ville de Syrie, dans la Cassiotide, felon Ptolomée. Ortélius reprend les interprétes de ce géographe, de vouloir corriger ce mot en celui de Lydéa. La différence est très-petite quant aux lettres Λυδία οι Α.Jia; mais le grec porte A"δεια comme il doit y avoir. AUDELA OU ABDELA, ville d'Asie, vers la Mésopotamie, felon Cedrene & Curopalate, cités par Ortélius. AUDELOPES, ville de la Lybie intérieure, dans les déserts, au-delà des Garamantes & des Nasamons, felon Baudrand, éd. 1682, qui dit que Claudien en a parlé. AUDENA, riviére d'Italie. Elle a sa source dans l'Apennin, & se perd dans la Magra, riviére de la côte de Gênes. Tite-Live, 1. 41, c. 19, en fait mention, & dit que P. Mutius y combattit ceux qui avoient pillé Pise & Luna, ville située sur la Magra, & dont les ruines se voyent entre son embouchure & Sarzana. AUDIA, ville de l'Arabie Pétrée, selon Ptolomée, 1. 5, c. 17. Ses interpretes changent encore ce mot en Libya comme ils ont fait celui d'AUDEA. AUDIENCE: c'est le nom que les Espagnols ont donné aux tribunaux de justice, qu'ils ont érigés en Amérique. Ces tribunaux jugent sans appel & ont leur reffort limité comme les parlemens de France, quoiqu'ils contiennent plusieurs provinces. Delà vient que sur les cartes on voit l'Amérique divisée non seulement en provinces, mais encore en audiences. Telle est l'audience de Lima, &c. AUDIENSE CASTELLUM, place force d'Afrique, dans la Mauritanie, selon Ammien Marcellin, 1. 29, P. 434, éd. Lindebr. Ortelius soupçonne que ce nom pourroit bien venir de ce que cette forteresse étoit sur la riviére Aupus. Voyez ce mot. AUDIERNE, bourg de France en Bretagne, dans le diocèse de Quimper. Il est dans une agréable situation près la mer, dans une petite baye, à l'embouchure d'un ruifseau qui vient de Pont-le-Croix; devant cette embouchûre est un banc de fable, en dehors duquel, c'est-à-dire à l'occident, il y a dix brasses d'eau; mais entre cet écueil & la terre ferme, on a fix brasses d'eau jusqu'à ce qu'on entre dans le havre, où l'on n'en trouve que quatre. Audierne est un bon havre, dit Tassin, dans sa Defc. gen. des côtes de France, p. 8. Le travers d'icelui a un banc, aux deux côtés duquel on peut bien passer sur fix brasses d'eau. Le bout méridional de ce havre est bas, l'on entre dedans par le bout oriental. Il n'y a dedans pas moins de trois brasses de profondeur en basse eau. Long. 13, 15, latit. 48, 4. AUDIRA. Voyez ABDERE. AUDOMARI FANUM. Voyez l'article ST. OMER. AUDOMARI PONS. Voyez PONT AUDEMER. AUDON, promontoire de la Mauritanie Césariense, selon Ptolomée, l. 4, c. 2. Ortelius en fait une ville, en prenant le mot "Axpor pour une épithete, qui marque la fituation de la ville; selon Molet suivi par Baudrand, ce cap est appellé aujourd'hui GIBRAMEL. Voyez ce mot. AUDORF, bourg d'Allemagne, en Saxe, dans le Voigtland, au pied des monts, sur la riviere de l'Esrert à deux petits milles d'Allemagne des frontières de Bohême, & autant de Hof, à l'orient. * Baudrand, ed. 1705. AUDURA ou AUTURA, on trouve ainsi nommée la riviére d'Eure dans quelques vies des Sts. Car ce nom est inconnu aux anciens géographes. AUDURUS, terre en Afrique où étoit une église sous l'invocation de St. Etienne. St. Auguftin, cité par Ortelius, en parle dans le livre de la Cité de Dieu, 1. AUDUS, riviere d'Afrique, dont l'embouchure étoit dans le golfe de Numidie, selon Ptolomée, liv. 4, c. 2. Ses interprétes donnent pour nom moderne Gr GEL, GIGER & GIGERI. 2. AUDUS, montagne de l'Afrique proprement dite, selon le même, l. 4, c. 3. AVE, en latin Avo, Avonus, Avus, riviére de Portugal: on l'appelle communément Rio d'Ave. Elle coule dans la province entre Duero & Minho, & fe rend dans l'Océan à Villa de Condé. AVEIN, village du Pays-Bas, dans le Luxembourg, à deux lieues de Rochefort. C'est-là que l'armée de France, commandée par les maréchaux de Châtillon & de Brezé, défit celle d'Espagne commandée par le prince Thomas de Savoye. * Dict. Geogr. des Pays Bas. AVEIRO, Averium, ville de Portugal dans la provin ce de Beira. Elle est assez considérable, & capitale d'une Comarca. Elle est située un peu au dessus du rivage de l'Océan à la tête d'un petit golfe que la marée forme à l'embouchure du Vouga, à sept lieues de Porto au midi, & à neuf de Coimbre au nord-ouest. Le Vouga y forme un petit port qui est un havre de barre, où les bâtimens médiocres qui ne tirent que huit ou neuf pieds d'eau, peuvent entrer dans le tems de la pleine mer sous la conduite des pilotes du lieu. Cette ville est dans une valte campagne très-bien arrosée de fontaines, & fertile en toutes choses. Il s'y fait une si grande quantité de sel qu'on a de quoi fournir deux ou trois autres provinces. Čette ville porte le titre de duché; les habitans ont reçu d'Alphonse III, roi de Portugal, l'an 1265, ce privilége fingulier qu'il n'eft permis à aucun étranger d'y passer la nuit sans la permiffion du magistrat, non pas même à des personnes du sang royal. Elle n'a pour toute fortification qu'une muraille flanquée de quelques tours. Il est vrai que son port lui fert d'un affez bon rempart, tellement qu'on n'y a rien à craindre du côté de la mer. Il s'y trouve un fort beau couvent de religieuses, où l'on ne reçoit que des filles d'ancienne noblesse, & descendues de chriftiaon veilhos, ou vieux Chrétiens. C'est pourquoi il faut qu'elles fassent preuve de l'un & de l'autre avant que d'y entrer. AVÉIROU, en latin Avario, Averio & Averonius, riviére de France. Elle naît dans le Rouergue, passe à Rhodez, à Villefranche; & ayant reçu plusieurs petites riviéres, elle se décharge dans le Tarn, à quelques lieues au - dessous de Montauban. Elle commence à être navigable à St Antonin. 1. AVELLA, ancienne ville d'Italie, connue des anciens sous le nom d'ABELLA, près de la source de la riviére Clanis, & que l'on nomme aujourd'hui Clanis ou Patria. Strabon, 1.5, p. 249, & Ptolomée, 1.3, c. 1, disent Abella. Virgile, Aneid. l. 7, v. 740, de même; Et quos malifera despectant mænia Abela ; car c'est ainsi qu'il faut lire, & non pas Bella; Silius dit aufli, Pauper fulci cerealis Abella; Frontin, de cor lon. dit qu'Abella étoit un municipe. L'empereur Vespasien y envoya de ses gens pour y établir une colonie, & les champs en furent ensuite distribués aux foldats. Justin prétend que les habitans de Nole & d'Abella étoient une colonie de Chalcidiens. C'est présentement AVELLA. 2. AVELLA, petite ville d'Italie au royaume de Naples dans la province de Labour, fur les confins de la principauté ultérieure, avec un vieux château sur une colline à la source de la petite riviére de Lagno, (Magin dit Clanio) à quatre milles de Nole au levant feptentrional, & à seize de Naples vers Avellino. * Baudrand, éd. 1705. latit. 40, 57. AVELLINO, felon Baudrand, en latin Abellinum, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la princi pauté ultérieure, avec un évêché suffragant de l'archevêque de Benevent & auquel on a réuni celui de Fricenti, & une principauté de la maison de Caraccioli. Elle n'est qu'à un mille de la riviére de Calore, & quatre de Monte Vergine, environ à trente milles au levant de Naples, & presque au milieu entre Bénévent au septentrion & Salerne au midi, environ à seize milles de chacune. Elle a été presque ruinée par un tremblement de terre le 8 septembre 1694. Long. 32, 19, latit. 40, 53. AVELON, petite riviere de France dans le Beauvoisis. Elle vient du pays de Bray près de S. Germer, palle à Beauvais, & après avoir servi à plusieurs moulins, à nettoyer la ville, & aux manufactures & teintures, fes Tome I. Vvv ij AVENAY, felon Baugier, Mémoires Hift. de la Champagne, t. 2, p. 57, gros bourg de France, en Champagne, entre Epernay au midi, & Rheims au nord. il est. firué dans une gorge de montagnes, & un peu écarté de la riviére de Marne qui passe à côté. à : L'abbaye de S. Pierre d'Avenay est un monaftere de filles de l'ordre de St Benoît, dans ce bourg. Ce monastere, qu'on dit de fondation royale, fut conftruit & fondé vers la fin du septiéme siécle, par St. Gombert, frere de faint Nivard, archevêque de Rheims; & par son épouse sainte Berthe, dont la naissance ne pouvoit être que très-illustre, quoique l'histoite n'en dise rien, ayant épousé le beaufrere de Childeric II, roi d'Auftrafie, & depuis roi de France, marié à Blotide ou Bilechide fœur de St. Gombert, que quelques historiens croyent avoir été maire du palais. D'autres prétendent que fainte Berthe fonda seule ce monaftere: & que St Gombert fonda en même tems un autre monaftere de fillesà la porte de la ville de Rheims, appellée à présent la porte Bafée ou Bafilicaire, où est le college de l'Université. Il se nommoit monaftere royal ou fiscal; & quand le college fut bâti, on y voyoit des restes d'un cloître, près la chapelle faint Patrice. Ce monaftere fubfiftoit encore du tems de Flodoard, sous les rois Charles le Simple, & Louis d'Outremer son fils. Les revenus de ce monastere ont été augmentés par les rois de France & par les comtes de Champagne; St Gombert avoit eu des enfans d'un premier mariage; mais on croit qu'ayant épousé sainte Berthe, il vécut avec elle en continence. Saint Gombert ayant fait bâtir à Rheims le monastere de religieuses, dont nous venons de parler, sous la régle de faint Benoît, & dont les biens furent unis dans la suite à l'archevêché de Rheims, il passa en Irlande, où il fonda un monastere d'hommes, dans lequel il mena une vie angélique; mais quelques barbares étant entrés en Irlande, & ayant porté dans ceroyaume le fer & le feu, ils n'épargnerent pas ce monaftere ni faint Gombert, auquel ils couperent la tête. Berthe imita l'exemple de son époux, & fit construire fon tour le monastere d'Avenay, dont nous parlons elle y mit des filles de saint Benoît qui la choisirent pour leur abbeffe, & elle vécut en cette folitude dans la pratique continuelle de toutes les vertus chrétiennes. Elle mourut aufli-bien que son époux d'une mort violente; car elle fut afsfassinée dans son lit par les enfans du premier lit de St Gombert son époux, en haine de ce que leur pere avoit employé la meilleure partie de ses biens à fonder des monafteres, & à donner à Ste Berthe de quoi fonder richement celui d'Avenay. Le corps de St Gombert ayant été apporté à Avenay du vivant de cette sainte, & par ses soins, ces deux époux furent inhumés dans le même tombeau, qu'on voit encore aujourd'hui dans une chapelle de cette abbaye, d'où ils furent tirés dans la suite du tems, & mis chacun dans une châsse d'argent où ils font à présent dans une chapelle pratiquée dans le cloître des religieuses, avec deux autres chasses de même métal, où sont enfermées les reliques de quelques autres faints, & où il y a toujours une lampe allumée. On prétend qu'il s'eft fait dans les siécles paflés plusieurs miracles au tombeau de faint Gombert & de fainte Berthe, pour la guérison des insensés, & qu'il s'en est fait aufli de nos jours qui ont été bien avérés, & qu'il continue de s'y en faire encore. L'on y vient pour cet effet en pélerinage de tous les endroits du pays. Parmi le grand nombre d'abbesses qui ont fuccédé à sainte Berthe, il y en a eu plusieurs recommandables par leur haute naissance, & par leurs vertus; mais fans entrer dans le détail de toutes ces abbesses, on se contentera de remarquer que la premiere dont on ait eu connoissance depuis fainte Berthe, s'appelloit Alix, & qu'elle vivoit au milieu du onzième siècle. La premiere nommée abbesse par le roi François I, en vertu du concordat, fut Françoise, fille d'une vertu exemplaire; & après elle ont été abbesses successivement Marguerite de la Diefe, Louise de Linange, Françoise de la Mark de Bouillon, Marie-Françoise de Levi de Vantadour, fa niéce de Beauvilliers, la princesse Bénédicte de Gonzague, reine de Pologne, Brulard de Sillery, Marie Canchon de Trelon, niéce du Chancelier de Sillery, du côté de sa mere; Marie-Eléonore Brulard de Sillery, petite-fille du même chancelier, niéce de Léonor d'Etampes, archevêque de Rheims, à laquelle a succédé madame de Boufflers, fœur du feu maréchal duc de ce nom. Les jardins de cette maison sont fort grands, beaux & bien entretenus. Celui qui est nommé le Breuil, est peut-être le plus beau qui foit dans aucune maison religieufe de tout le royaume. Ce monaftere est grand, bien bâti, & l'église, quoiqu'ancienne, a un air de beauté. Les religieuses du chœur font au nombre de 30 à 40, outre les converses. Il y a dans l'église de cette abbaye fix chanoines prébendés à la collation de l'abbesse; qui font tenus d'y faire le service. Ce lieu s'appelle en latin Avenacит. AVENCHE, en latin Aventicum, & en Allemand: Wiflisbourg, ville de la Suiffe, au canton de Berne, & au pays de Vaud. Elle n'a aucun refte de sa splendeur paffée que le nom & quelques mafures. On voit encore son ancienne enceinte marquée même à l'un des côtés, par les restes des murailles qui font debout, & qui ont une tour à demi ruinée, qui subsiste depuis plus de x1. siécles. Cette enceinte renferme aujourd'hui des champs très-fertiles, où l'on recueille 200 sacs de dîme, d'où l'on peut juger de son étendue. Elle étoit à peu près ronde, & avoit environ 2400 pas communs de diamétre. A l'un des côtés est la ville moderne d'Avenche, qui eft d'une étendue médiocre, & qui n'en occupe qu'un petit coin. Cette ville a été autrefois très-confidérable, étant la capitale de toute la Suiffe, sous l'empire romain. Elle a été ruinée deux fois. En 1076, Burcard, évêque de Lausanne, la ferma de murailles, & la mit dans l'état où elle est aujourd'hui. On y a déterré une infinité d'anciens monumens qui font autant de preuves de fa premiere splendeur, des inscriptions romainės, des médailles d'argent & de bronze de divers empereurs, jusqu'à Cons tantin, des piéces de sculpture, des urnes, des pavés à la mosaique, &c. En 1674, on déterra dans un champ près de la ville, un très-beau pavé à la mofaïque quireprésentoit divers oiseaux, avec la date au milieu: PomPEIANO ET AVITO COSS. KAL. JAN. ce qui défigne l'an 210de Jesus-Chrift. En 1700, on en trouva encore un autre, qui représentoit une têre en feu, & diverfes autres figures aux quatre coins, avec cette inscription: PROSTHASIUS FECIT. On voit dans le verger, qui est derriere le château du bailli, les restes d'un amphithéatre. Audessus de la ville on apperçoit de fort loin une colonne de marbre très - haute qui paroît avoir éré une piéce d'un portail de quelque édifice magnifique. On voyoit aufli ci-devant, le long du grand chemin, de gros quartiers de marbre, avec d'excellentes fculptures, qui ont servi fans doute dans quelque temple; mais on s'en est servi en 1710, pour réparer l'église de la ville. On en trouve cependant encore de toutes femblables à l'une des portes de la ville, fur lesquelles on remarque des figures de dauphins très-bien faites, taillées apparemment pour le temple de quelque divinité marine. Le lac de Morat alloit, dit-on, autrefois jusqu'aux portes de l'ancienne enceinte d'Avenche, où il y avoit un port. On prétend qu'on y a trouvé de gros anneaux de fer pour attacher les bateaux. Aujourd'hui le lac en est éloigné de demilieue. Voyez AVENTICUM. Long. 24, 37, latit. 46, 50. LE BAILLIAGE D'AVENCHE est d'une étendue mé. diocre, & comprend huit ou neuf paroiffes; mais ce qui le rend plus confiderable, c'est le nom de la ville d'Avenche. Ce bailliage occupe une partie des bordsdu lac de Morat, & quelques endroits au bord du lac de Neuchatel, dans les Vullies; dont une partie est du bailliage de Morat, savoir celle qui est au bord du lac de ce nom; & l'autre partie, qui est sur le bord du lac de Neuchatel, est du bailliage d'Avenche. Là est Cudrefin, petite ville, mais ancienne, située au bord du lac de Neuchatel. Il n'y a rien de fort remarquable dans ce bailliage. AVENDONIS. Voyez ADELSPERG. AVENE, abbaye de religieuses, ordre de S. Benoît, dans l'Artois, fur la Scarpe, près & au couchant d'Arras. AVENIO, nom latin d'AVIGNON. Voyez ce mot. 1. AVENIONETUM, nom latin d'AVIGNONET, bourg de France dans le haut Languedoc, au diocése de faint Papoul. 2. AVENIONETUM, nom latin de la NAPOULE, Village de France, en Provence. Voyez NAPOULE. AVENNA, ville de Gaule. Grégoire de Tours en parle en plus d'un lieu. Voyez AVESNE. AVENNE, petite riviere de France dans le bas Languedoc. Elle prend sa source à trois lieues de la mer, près du village de Cardet dans le diocèse de Montpellier, & se jette dans l'étang de Taur entre Bousigues, & les bains de Balaruc. Le nom d'Avon, & celui d'Avenn, fignifient dans la langue Celtique, riviere, & font des noms appellatifs. Il y a en basse Bretagne deux rivieres qui n'ont point d'autre nom que ce nom appellatif, non plus que la riviere dont nous parlons. Il y a aufli uneriviere dans le pays des Galles, quia conservé ce même nom. AVENS, nom latin de la Curese, riviere d'Italie, où elle tombe dans le Tibre. AVENTICUM, ancienne ville capitale des Helvétiens. Il en faut diftinguer trois. La premiere, dont Prolomée, Tite-Live, Tacite, &c. font mention, fut détruite, à ce que l'on croit, par Attila. La seconde fut bâtie des ruines de la premiere par les rois des Bourguignons. Elle étoit ruinée à la fin du VI fiécle, puisque fon évêque Marius, auteur de la Chronique qui porte son nom, transféra son fiége épiscopal à Lausanne. La troifiéme est celle qui subsiste aujourd'hui sous le nom d'Avenche en Suiffe, au canton de Berne dans le pays de Vaux, & que les Allemans appellent Wiblipurg ou Wiflibourg. Voyez Avenche. Les Helvétiens, ayant pris le parti de Vespafien contre Vitellius, à l'occasion de ce que la dix-neuvieme légion s'étoit emparée des sommes destinées au payement de la garnison de Bade, Cecinna, qui dans ces cantons commandoit pour Vitellius un corps de trois mille hommes, & qui étoit d'un naturel bouillant, prit feu sur le champ, & marcha contre eux, après avoir fait avertir les Rhétiensou Grifons d'attaquer les Helvétiens en queue, tandis qu'il leur feroit tête avec ses troupes. Les Helvétiens furent taillés en piéces ; & l'on poursuivit les fuyards jusqu'à la montagne Vocelium ou Botsberg. Après avoir pillé leur camp, & ravagé la campagne, on marcha droit à Aventicum, capitale du pays, d'où des députés vinrent offrir de rendre la ville; & leur proposition fut acceptée. Cùmque, dit Tacite, Ann. l. 1, direptis omnibus Aventicum gentis caput justo agmine pezeretur, missi qui dederint civitatem, & deditio accepta. Au sujet de cette défaite des Helvétiens ou Suisses par Cécinna, Tacite dit encore dans le même livre: Irrivavenum ingenium turbidum (Cecinnæ) Helvetii: Gallica gens olim armis virisque, mox memoria nominis clara. Dans le tems que cet historien écrivoit, les Suisses, autrefois illustres par leurs guerres & par le courage de leurs troupes, ne l'étoient plus que par leur ancienne renommée. Ce qui fait parler ainsi Tacite, c'est que Vitellius, pour punir les Helvétiens, retrancha leur pays de la liste des provinces de la Gaule Celtique dans laquelle Jules-Céfar l'avoit compris, & en incorpora une partie dans la province Rhétienne & l'autre dans la province Séquanoise, à la réserve d'un petit pays sur le Rhin. La Ruff, en latin Ursa, sépara l'Helvérie Séquanoise de l'Helvétie Rhétienne. Vespasien & ses fils Tite & Domitien dédommagerent un peu P'Helvétie de la perte de son rang de province de l'Empire. Ils voulurent la récompenser de ce que ses troupes avoient très bien servi au fiége de Jérusalem, de ce qu'elle s'étoit déclarée contre Vitellius, & de ce que c'étoit cette province que Flave Sabin, pere de Vespafien, avoit choisie pour s'y retirer. Ils donnerent à la ville d'Aventicum le nom & les priviléges de colonie, avec le titre d'alliée. Rheims, Langres & quelques autres villes des Gaules jouissoient de ce dernier titre. C'est ce qui se prouve par différentes inscriptions, entre autres par une que Gruter, Guillima, Tschondi, Stumph & Simler rapportent entiere, & que les quatres derniers affurent avoir vue en original & copiée de leur main. On y lit ces paroles: COLONIA PIA FLAVIA CONSTANS EMERITA AVENTICUM HELVITIORUM FOEDERATA; qu'il faut ponctuer ainsi : Colonia, Pia, Flavia, Conftans, Emerita, Aventicum Helvetiorum, Foederata. Mais les empereurs Vespafien, Tite & Domitien n'ayant point retabli la province Helvétique, Aventicum Helvetiorum passa dans la suite pour être une ville de la province Séquanoise. Dans le teins que Vitellius, ou par lur même, ou par ses lieutenans, partagea l'aielvétre aux Rhétiens & aux Séquanois, il diminua la Gaute Celtique, pour augmenter la Belgique, & fit de celle-ci cinq grandes provinces, qui furent Provincia Maxima, ou implement Maxima sequan rum, ainsi nommée parce qu elle etoit la plus grande des cinq, comprenant les quepres, les Sequaniens, les arvaques & les helvetiens; c'est-à-dire, à l'égard de ces derniers Aventicum, avec la partie de l'Helvetie en-deçà de la Ruff relativement aux Sequaniens, qui de même que les Rauvaques & les felvetiens avoient été compris par Jule-Céfar dans la Gaule Celtique. La seconde province fut Belgica prima, ayant Trèves pour capitale. La troisieme Beg.ca jecunda, ayant Rheims. La quatrieme Germania prima ayant Mayence; & la cinquieme Germania fecunda, ayant Cologne. C'est dela que l'on appella Cesto-Beiges tous les peuples de ces provinces; ce qui a été observé depuis Ptolomée & Pline, par tous les écrivains postérieurs, jusqu'à la décadence de l'empire sous Honomus & Valentinien III. Tous les historiens sont convenus dans tous les tems de la situation d'Aventicum fur le lac de Morat en Suisse; mais il y a plus de quarante ans qu'un FrancComtois, jaloux de l'honneur de sa province, ayant trouvé qu'Aventicum étoit situé dans la province appellée Maxima Sequanorum, (on vient de voir plus haut pourquoi) fit imprimer huit differtations pour prouver qu'Aventicum n'est point Avenche en Suisse, mais Antre en Franche-Comté. Marquard Wild prit en 1710 avec chaleur la défense de sa patrie, & réfuta très-savamment & très solidement tout ce que le Franc-Comtois avoit avancé; mais on peut dire que ce fut du tems, de l'érudition & du bon fens bien mal employés. L'ouvrage qu'il combattit ne méritoit que le plus fouverain mépris. C'est un tissu de suppositions gratuites, telles que celles-ci, qu'Antre étoit un séjour des Druides; ce qui ne fe trouve nulle part; que le pays étoit riche en mines d'or, ce qui n'est dit par aucun auteur ; & que la ville avoit été épiscopale; mais il est certain par l'ancienne position des évêchés de ces cantons, qu'Antre ne le fut jamais. A ces suppositions se joignent des ignorances groffieres, comme des passages de différens auteurs mal entendus, & nulle connoillance de la disposition des chemins de l'empire. C'est pour ne les avoir pas connus, que l'auteur prétend que les Romains paffoient par Antre pour se rendre d'Italie dans la Germanie; pendant qu'il est constant qu'ils n'ont jamais pris d'autre route que par la Suiffe, en passfant, foit au-dessus, soit au-dessous du lac de Genève, & qu'ils ne se sont jamais avisés d'allonger leur chemin par la Franche-Comté. Il ne faut que consulter les différens itinéraires. Enfin ce Franc-Comtois (st d'asfez mauvaise foi, comme on l'a vu ci-devant au mot Avanche, par un passage de Pline, qui parle des Avantiques, peuples de Dauphiné, que ce moderne, en supprimant trois mot du passage, transporte en FrancheComté. Ces raisons m'ont fait supprimer, comme trèsennuyeux & très - inutile, le vaste extrait que de la Martiniere a fait des differtations du Franc-Comtois & de l'ouvrage de Marquard Wild. AVENTIN, (le Mont) l'une des sept montagnes, fur lesquelles la ville de Rome étoit bâtie. Sa fituation est entre le mont Palatin, le mont Célius & le Tibre. On voit aujourd'hui, sur son sommet, l'église de Ste Sabine avec deux autres. Ce fut Ancus Martius qui la renferma dans Rome, où elle tint le quatrième rang. Son circuit est d'une grande étendue, car elle prend depuis Sainte Marie in Cosmedin, appellée l'Ecole des Grecs, & s'étend jusqu'aux murs de Rome qui la bornent à l'orient & au midi: un de ses côtés touche le grand cirque & les bains d'Antonin, & l'autre le Tibre & le mont Testace. Un grand fillon, qui prend depuis la porte de St Paul jusqu'au jardin de Cerchi, la partage par le milieu, de façon que cette colline est comme divisée en deux. Le nom d'Aventin a été fait, selon Varron, du mot aves, oiseaux: ou du mot adventus, arrivée, à cause du grand concours de peuple qui se rendoit au temple de Diane que l'on voyoit encore dans cet endroit lorsque l'on commença à bâtir la ville de Rome. On y arrivoit de tous les côtés du pays latin, par le moyen des barques avec lesquelles on traversoit les marais qui sont au pied. Le même Varron tire encore l'origine de ce nom de celui de la riviere Avens, dans le pays des Sabins. TiteLive, après Denis d'Halicarnafle & Feftus, veulent qu'elle ait pris fon nom d'Aventinus, roi d'Albe, qui fut enterré dans ce lieu lorsqu'il eut été tué dans la guerre contre les Toscans. Anciennement cette montagne étoit couverte d'une forêt épaisse, à la faveur de laquelle Cacus commettoit fes brigandages, ce qui a fait dire à Ovide, Faft. liv. 1, 2.551. Cacus Aventina timor atque infamia fylva. La plus grande partie des arbres de cette forêt étoit des lauriers, ce qui au rapport de Pline, 4.5, 0.30, a fait donner le nom de Lauretum à une partie de la montagne. Le fommet fut appellé Remuria, parce que ce fut dans ce lieu que Remus confulta les augures pour la fondation de Rome. Le célèbre temple de Diane étoit vraisemblablement aux environs du lieu où l'on voit l'église de Ste Prisque. Il avoit été élevé par quelques-uns des peuples du Latium. Les Romains le rétablirent à la persuasion de Servius Tullius; c'est là qu'étoit le temple de Junon, que Camille fit bâtir après qu'il eut vaincu les Véiens, & les temples de la Lune, de la bonne Déesse, de Jupiter Ilicée, de la Victoire & de la Liberté. On y voyoit aussi la caverne de Cacus, & felon quelques-uns les dégrés Gémoniens, (c'étoit une espéce de voirie où l'on jettoit les corps des criminels.) Enfin c'est-là qu'étoit l'Armilustre, parce qu'on y facrifioit tout armé. Tite-Live, l. 41, c. 32, met le mont Aventin au-delà de la porte Tergemine, c'est-à-dire, de l'ancienne enceinte de Rome. Denys d'Halicarnasse, 1.3, c. 43, au contraire le renferme dans l'ancienne enceinte de la ville. Le P. le Jai, dans ses notes fur Denys, leve ainsi cette difficulté. Il est, dit-il, aifé d'accorder les deux historiens. L'historien latin ne renferme point dans la ville l'espace qu'occupoit le Pomærium au-delà des murs. L'historien grec pousse plus loin les bornes de Rome, & ne les termine qu'au-delà des murs qui enfermoient le mont Aventin, quand il commença d'être habité. Denys d'Halicarnasse parle ainsi de cette montagne. Il (Ancus Martius) augmenta de beaucoup l'enceinte de Rome par le mont Aventin qu'il y enferma. Cette montagne est médiocre pour sa hauteur, elle a près de dix-huit stades de tour. Elle étoit alors couverte d'un agréable bouquet de lauriers. A préfent, il n'y a plus que des bâtimens, & entr'autres un temple dédié à Diane. L'Aventin étoit autrefois séparé du mont Palatin, où les premiers fondemens de Rome furent jettés dans une profonde vallée, qui depuis a été comblée & a réuni les deux montagnes dans une même ville. Le P. le Jay observe que cette vallée étoit plantée de myrthes, d'où la montagne même portoit le nom de MONS MYRTHEUS. C'est peut-être pour cette raison, ajoute-t-il, qu'au pied de la montagne, il y avoit un temple consacré à Vénus, parce que le myrthe est sous sa protection. Reprenons la description de Denys: Ancus qui crut que cette colline pouvoit être un lieu de défense contre les surprises de l'ennemi, la fit entourer de murailles & d'un fossé. Il logea dans ce canton ceux qu'il avoit fait paffer à Rome de Tellene, de Politorion & des autres villes conquises. Cette montagne porte présentement le nom de MONT DE SAINTE SABINE, à cause de l'église qu'on y a bâtie sous l'invocation de cette fainte. On dit pourtant aussi l'AVENTINO; mais lorsqu'il s'agit de l'antiquité, il faut toujours dire l'AVENTIN, ou le MONT AVENTIN. AVENTON. Voyez ABONIS. AVEO, petite ville de Turquie dans la Natolie, & fur le détroit de Gallipoli; elle a un bon port. On l'a prend mal-à-propos pour l'Abydos, située à l'opposite de Sestos. J'ai averti à l'article ABYDOS que c'est une er 577; il est rond, & des montagnes l'environnent excepté du côté de la mer, où l'on descend par une pente douce de quarante à cinquante pas de largeur. On a dit malà-propos qu'il n'avoit point de fond; on l'a trouvé avec une corde longue de quarante toises. Ce lac fut autrefois appellé Aorne, qui vient de l'a grec privatif, & ὄρνις, oiseau, comme qui diroit fans oiseaux ; mais depuis par quelques changemens de lettres, il a été nommé par corruption Averne. Il est aussi nommé lac Acherufien; c'est pourquoi on le trouve appellé dans Virgile, Aneid. 1. 6, 1. 106, tenebrosa palus Acheronte refujo. II porte aufli le nom de lac de Tripergola, à cause de la contrée dans laquelle il est. Autrefois l'air étoit si pestilentiel au-dessus, que les oiseaux qui y voloient y tomboient morts; & fon eau étoit fi mauvaise, que l'on ne pouvoit en boire fans courir risque de la vie. C'est ce qu'en ont écrit Virgile, Æneid. lib. 6. v. 237, Lucrece, Silius Italicus, Pline & quantité d'autres anciens. Il est cependant certain qu'aujourd'hui les oiseaux volent & nagent sur les eaux de l'Averne. Les changemens opérés dans ce lieu par la main des hommes, font cause qu'on ne le reconnoît plus dans les descriptions que les anciens nous en ont laissées; mais c'est à tort qu'on les accuse d'imposture à ce sujet : il est aisé de les en justifier, & Pline fur-tout, que l'on s'apperçoit tous les jours avoir beaucoup moins menti qu'on ne la prétendu; d'ailleurs comme il ne faifoit que compiler ce qu'une infinité d'auteurs avoient dit, il n'est garant que de ce qu'il avance de lui-même. Il devoit bien connoître le lac Averne, puisqu'il avoit une maison de campagne dans le voisinage; & lorsqu'il dit que l'air de ce lac tuoit les oiseaux, c'est d'après l'autorité de Varron, qu'il cite. On voit par-là que de son tems, sous l'empire de Vespafien & de Titus, cet air avoit perdu son extrême malignité: l'on en trouve la raison dans Strabon. Ce géographe raconte que la puanteur de ce lac avoit été causée en partie par les grands arbres qui penchoient sur les bords, qui le couvroient & l'environnoient; & que, ces bois ayant été coupés par l'ordre d'Auguste, l'air y devint & cessa de causer ces effets ordinaires. Voilà Pline entiérement justifié ; mais outre les changemens arrivés dans ce lieu, par les travaux faits en différens tems, il a dû recevoir aussi des révolutions naturelles auxquelles prefque tout le territoire de la Campanie est sujet. Bocace, qui vivoit il y a trois cens ans, rapporte dans fon Traité des lacs, que quelque torrent fouterrain de souffre, s'étant mêlé dans l'Averne, les eaux de ce lac s'empuantirent & firent mourir beaucoup de poissons; ce qu'il dit avoir vû de ses propres yeux. Ce fait suffit pour montrer que quelque tremblement de terre a pû boucher les canaux de communication, par lesquels se répandoit dans l'Averne ce qui empoisonnoit autrefois ses eaux; & ce qui en faisoit exhaler une matiere fubtile, d'autant plus dangereuse, que la source en étoit toujours renfermée sous l'abri des grands arbres qui l'environnoient. Au refte, les historiens ne disent pas que ces exhalaisons fissent mourir les oiseaux qui voloient dans la moyenne région de l'air, au-dessus du lac; & l'on ne doit entendre ce qu'ils en disent, que de ceux qui voloient fort bas audessus de l'eau. Il n'est pas douteux que si la grote du chien avoit vingt fois plus d'étendue qu'elle n'en a, & qu'une hirondelle y volât en rafant la terre, jamais elle ne s'en pourroit relever: & pourquoi ne voudroit-on pas qu'une chose semblable foit arrivée autrefois sur le lac d'Averne? Ne voit-on pas dans l'histoire naturelle d'Angleterre, que les oyes sauvages tombent mortes, quand elles se rencontrent justement au-deffus d'un certain endroit de la plaine de Withay en Yorkshire ? Les changemens que le lac Averne reçut d'Auguste, ne se bornérent pas à ses arbres abattus, dont il est parlé dans Strabon; Velleius & Suétone disent qu'il fit faire un port du lac Averne & du lac Lucrin. Hostenius croit avoir vû les vestiges de l'embouchure de ce port, qui fut nommé Portus Julius; c'est ce que l'on a peine à concevoir aujourd'hui. Le lac Lucrin est presque entierement comblé; & du bord de la mer au lac Averne, on monte toujours. pur Quoique le mot Averne vienne d'Aopvos, comme le dit Virgile, il y a tant de lacs qui portent ce nom, qu'on le peut presque regarder comme un nom général, pour ces fortes de gouffres fulphureux que les anciens appel |