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L'Etna eft fi élevé que de deffus l'on peut découvrir toute la Sicile, & même les côtes d'Afrique lorsque le tems eft ferain. Mais fi par malheur quelque tempête venoit à ébranler la montagne, ceux qui s'y trouveroient alors feroient perdus, & ne tarderoient guères à être enfevelis fous les cendres & les neiges. On a obfervé que fi les foupiraux viennent à fe boucher avec le tems où par les fecouffes de la montagne, fa violence redouble, & fes feux cherchent une nouvelle iffue par la furface extérieure. C'eft alors que fe forme ces effroyables ouvertures & ces cavernes, parmi lesquelles il y en a qui pourroient contenir trente mille hoinmes. Il y a aufli un fouterrein très-obscur, nommé par les Siciliens la Grota de la Palumba, fi grand, fi profond, que ceux qui demeurent auprès du mont Etna, croyent qu'il y a un chemin par lequel on peut paffer fous l'ifle & fous la mer pour fe rendre aux ifles Eoliennes. Il a forti autrefois de ces cavernes des rivieres brûlantes, comme on peut juger, par un conduit rempli de ces roches brûlées, que les Siciliens nomment Sciarres. Ces torrens de feu s'étendent quelquefois jusqu'à dix-huit mille pas de longueur, fur un, deux, trois ou quatre mille de large, comme les hiftoriens le racontent; c'eft un digne fujet d'étonnement que de penfer comment cette montagne peut fournir cette incroyable quantité de matiere, & dans quel lieu font les fourneaux néceffaires pour la mettre en fufion. Voici une lifte chronologique des principaux embrafemens de l'Etna. C'eft le favant P. Kircher qui me les fournit; mais les quatre premiers font plutôt fondés fur des descriptions poëtiques & fur des fables, que fur des monumens certains.

1. Lorsque les Janigénes entrerent pour la premiere fois en Sicile pour y fonder des colonies, l'embrafement fut fi grand, qu'effrayés du péril, ils abandonnerent cette ifle & pafferent en Italie pour s'y établir avec plus de fûreté; il femble, dit le même Pere, que ce fut ce qui donna lieu à la fable de l'enlevement de Proferpine.

2. Après les Janigénes vinrent les Sicaniens, qui, étant épouvantés par les nouveaux tourbillons de feu, abandonnerent la partie orientale de l'ifle, & fe retirerent dans la plus occidentale.

3. Du tems des Argonautes, il y eut un nouvel embrafement. Orphée en a fait la description dans fes vers.

4. Lorsqu'Enée aborda en Sicile, Virgile en a pris prétexte pour faire une belle peinture poëtique du mont Æthna, dont j'ai donné ci-devant la traduction.

5. Lorsque les Grecs furent maîtres de la Sicile, c'eftà-dire, depuis la deuxième olympiade jusqu'à la quatrevingt-huitième, il y eut en tout ce tems-là trois cimbrafemens célébres; il y en eut un entr'autres qui caufa un extrême étonnement à Pythagore; & les hiftoriens rap portent que du tems de Hiéron, le philofophe Empedocle périt en obfervant de trop près ce phénomene.

6. Sous les confuls Romains il y eut quatre embrafemens, comme on peut recueillir des écrits de Diodore, de Polybe & autres.

7. Sous le regnes de Jules-Céfar il y en eut un très-violent qui fut regardé comme un préfage de la mort de ce dictateur. La mer en fut fi échauffée, que les poiffons y furent étouffés, & que les vaiffeaux qui étoient aux ifles de Lipari furent embrafés. La montagne fut quatre fois en feu dans l'espace de vingt ans.

8. Sous Caligula, 49 ans après Jesus-Chrift, l'Ethna devint fi furieux, que cet empereur, qui étoit alors en Sicile, chercha ailleurs une retraite moins dangereufe. L'empereur Hadrien, plus hardi que Caligula, voulut confidérer ce prodige, & monta jusqu'à une certaine hauteur pour le confidérer de plus près.

9. Vers le tems du martyre de fainte Agathe, qui fut l'an 251, felon Bollandus, fous l'empereur Decius. Ses reliques font à Catania, ville fituée au pied du mont Athna. Les Siciliens qui attribuent aux prieres de cette fainte, la confervation de cette ville, ont recours à fon interceffion, toutes les fois que la montagne les menace d'une prochaine ruine.

10. Sous l'empire de Charlemagne, l'an 812, on dit que ce monarque, d'ailleurs brave & favant pour fon fiécle, ne put fe garantir de la frayeur, & s'enfuit d'un lieu où il ne fe croyoit pas en fureté.

11. Depuis l'an 1160, jusqu'à l'an 1169, toute la Sici

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le fut ébranlée par de grands tremblemens de terre. La
montagne caufa d'affreux ravages aux environs; l'églife
cathédrale de Catania fut renverfée, & l'abbé Jean y fut
écrafé avec fes religieux.

12. L'an 1284, on eut peur d'un nouvel incendie, vers
le tems de la mort de Charles, roi de Sicile & d'Arragon.
13. Depuis 1329 jusqu'en 33, il y en eut un autre, fous
le regne du roi d'Aragon Alphonfe IV.,
14. En 1408 fous le roi Martin.

15. En 1444 jusqu'en 47, il y en eut plusieurs.
16. En 1536 jusqu'en 37.

17. En 1633 jusqu'en 39, il y en eut un qui fut d'au-
tant plus terrible qu'il dura plus long-tems. Plufieurs au-
teurs en ont écrit les circonstances.

18. L'an 1650, le principal effort fut du côté du fep-
tentrion & de l'orient, & des ouvertures qui fe firent
il fortit des torrens de flammes qui faillirent à détruire
Bronti.

On peut voir plus au long dans l'ouvrage du P. Kir-
cher, les conjectures phyfiques qu'il donne fur les causes
& les effets de cette prodigieufe montagne. On y peut
ajouter les livres fuivans: Paul Boccone. Recherches &
obfervations naturelles touchant le corail & l'embrafe-
ment du mont Etna, à Amsterdam 1674. Joannis Al-
phonf Borelli Hiftoria & Meteorologia incendii Etnæi
Montis, anno 1669. Regio-Julii 1670, 4. L'abbé Bour-
delot. Réponse à la lettre de Boccone, fur l'embrafement
du mont Etna, Paris 1672, 12. Ant. Philothai de Homo-
deis Siculi, Ætnæ montis Topographia, incendiorumque
Etneorum Hiftoria. Venetiis 1591, 4. On trouve auffi le
même traité à la page 1464, de l'Italia illuftrata, impri-
mée à Francfort 1600. Voyez auffi le dialogue du Bembo
fur le mont Etna, & la description qu'en donne Fazel
dans fa premiére Decade, 1. 2. c. 4. Le P. Kircher four-
nit lui-même une ample description de l'embrafement
de 1669; on la trouve dans le livre cité. (a) Les anciens
avoient bâti fur cette montagne, une chapelle en l'hon-
neur de Vulcain, le Dieu du feu. Voici ce qu'en dit Æ-
lien : (b) fur l'Etna, montagne de Sicile, il y a un tem-
ple confacré à Vulcain, & entouré de murs & d'arbres
facrés. On y garde un feu perpétuel. Il y a dans le bois
& dans le temple des chiens facrés, qui careffent & fla-
tent ceux qui viennent au temple & dans le bois, avec
la modeftie & la décence requises; mais s'il fe préfente
quelque fcélérat, ou un homme qui n'ait pas les mains
pures, ils le mordent & le déchirent. S'il en vient qui fe
foient fouillés par quelque action impudique, ils ne font
que les mettre en fuite, & leur donner la chaffe. Un his-
torien (c) de Sicile dit qu'à deux cents pas plus bas que le
fommet Etna, on voit les reftes d'une ancienne voûte
de brique: que les Habitans de Catania & ceux des en-
virons de la montagne, les nomment la TOUR DU PHI-
LOSOPHE, & qu'une ancienne Tradition leur a appris
qu'Empedocle avoit fait conftruire cette voûte, pour y
pouvoir contempler à couvert les caufes des feux d'Etna.
Le même historien conjecture avec raifon que ce font
les reftes du temple de Vulcain. Les anciens fe fervoient
des feux d'Etna pour préfager l'avenir; car ils jettoient
dans le goufre des cachets d'or ou d'argent, & toutes for-
tes de victimes: fi le feu les dévoroit, c'étoit bon figne;
s'il les rejettoit en dehors, c'étoit un mauvais préfage.
Ætna eft nommé par Pindare Pythior, Od. 1. Kiwy ouparía,
Colonne célefte, comme s'il foutenoit le ciel à caufe de
fa hauteur. Quelques-uns (d) ont cru que Deucalion &
Pyrrha n'échapperent au déluge qu'en fe réfugiant fur
le mont Etna: reftes confus de l'hiftoire de Noé, dont
l'arche fe pofa fur une des montagnes d'Arménie. Etna a
été de tout tems fi célébre, que les poëtes (e) latins ont
nommé la Sicile Atnaa Regna. Il paroît que les anciens
appelloient du nom général Ætna, les diverfes mon-
tagnes contigues & inférieures, ausquelles les modernes
ont donné des noms particuliers, comme Monte Arfo.
tre Monti, Monte Illici, Monte Urna, Dorfo d'Afino,
&c. qui ne font que des parties, ou une continuation du
mont Etna. (2) Mund. Subt. 1. 4, p. 205, (b) Elian de
animal. l. 11, c. 3, (c) Fazel decad. 1, 1. 2, c. 4, (d) Hy-
gin. Mytholog. c. 153, (e) Martial 1. 7, Epig. 63.

Le nom moderne MONT GIBBEL eft un pleonasme, &
ne fignifie autre chofe que le Mont Mont; car Gebel en
Arabe fignifie une montagne, & vient des Arabes ou Sar-

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rafins qui ont poffédé la Sicile. Ils nommerent l'Etna c'est-à-dire, la montagne du feu ; de même qu'ils ont nommé Gebel Achal, ou montagne noire, une des montagnes d'Espagne. Bochart í. 1, c. 28, dérive l'ancien nom de l'un de ces deux mots Phéniciens n Attuma, c'est-à-dire, fournaife, cheminée, ou xnx Ætuna, c'est-à-dire, obfcurité. Au refte l'orthographe d'Etna fans diphtongue eft ancienne, & dans Itinéraire d'Antonin, on lit Etna par un E fimple. 2. ÆTNA, ancienne ville maritime de Sicile, c'eft aujourd'hui Catania. Voyez l'article fuivant.

3. ÆTNA, autre ancienne ville de Sicile, plus près de la montagne de ce nom. Durant la foixante & feiziéme olympiade, Hieron, roi de Syracufe, ayant chaffé les Naxiens, (ou habitans de Naxus, ville maritime de Sicile, ) & les Catanéens de leurs villes, y plaça de nouveaux habitans; il raffembla jusqu'à cinq mille hommes du Péloponèfe, qu'il joignit à autant d'hommes du territoire de Syracufe, & il changea le nom de Catane en celui d'Etna. Il leur diftribua au fort, non-feulement les terres de Catane, mais encore de grands can tons voifins, & parvint à peupler ces lieux de dix mille habitans. Mais Strab. 1. 6, dit que fur la fin du regne de Hieron, les anciens Catanéens revenant dans leur pays, en chafferent les habitans. Ceux-ci, que l'on nommoit tuenfes, leur cédant le terrain, fe retirérent à Innefa (INESA) qui eft fur les hauteurs d'Etna, & ils donnerent à cette ville le nom d'Etna, à caufe de celle dont on venoit de les chaffer. Cette nouvelle Etna étoit à quatre-vingt ftades de l'ancienne, c'est-à-dire, de Catane. On y paffoit pour aller de Centurippe à Catane, & quand on vouloit aller de ce dernier lieu, fur le mont Etna. L'ancien nom de la nouvelle Etna étoit INESSUM OU INNESSA. Strabon l'écrit INESA, & Diodore ENNESIA. Cluvier qui a comparé les diftances marquées par Strabon & par les anciens Itinéraires, juge qu'elle doit avoir été à l'endroit où eft à préfent San Nicolo L'ARENA (de Arenis) monaftere de l'ordre de faint Benoît, à douze milles de Catania. Baudrand, ed. 1682, dit Saint Jean au lieu de Saint Nicolas, en quoi il s'écarte de Cluvier en le citant, & fe trompe. Cluvier remarque de plus, , que ces milles font fi courts qu'on pourroit bien n'en compter que dix bons, ce qui reviendroit aux quatre-vingt ftades marquées par les anciens. Il reprend Fazel d'avoir cru que cette feconde Etna étoit le bourg de Mascari, qui eft à dix milles de Catania vers le Nord.

1. ETOLIA, petite province de la Gréce, au nord du golfe de Corinthe. Voyez ETOLIE.

2. ÆTOLIA, ancienne ville ou bourg du Péloponèfe. Etienne le géographe dit qu'Androtion, dans l'hiftoire d'Athénes, la mettoit entre les places de la Laconie. Ortelius croyoit avoir trouvé cette ville dans le cinquième Livre de Polybe; mais Berkelius, in Stephan. p. 71, avertit que cela n'eft pas vrai.

ETONA ou ETONA. Voyez EATON.
ÆTUATES, ou

ÆTUATITII, ancien peuple Helvétique, fur les frontieres de la Rhétie, proche des fources du Rhin, dans le lieu où est aujourd'hui la Jurisdiction de TA

VETSCH.

ÆTULANA, contrée de la petite Arménie felon Ptolomée, l. 5, c. 7. Les cartes dreffées fur cet auteur la placent au nord de l'Antitaurus.

ÆTUS, fleuve de la Scythie, près du Caucase, felon le Scholiafte d'Apollonius, fur le troifiéme livre: on l'appelloit auffi AQUILA. Natalis Comes, l. 4, c. 6, cite c. 6, cite Agratas, qui au treiziéme livre de l'hiftoire de Scythie en parle ainfi; parce que le fleuve Aquila ravageoit la contrée intérieure & la plus fertile de la Scythie, où commandoit Prométhée cela a donné lieu à la fable, felon laquelle un aigle fe nourriffoit du foie de Prométhée : il ajouta que c'étoit par ordre de Jupiter, parce les pluies fréquentes augmentoient la violence de ce' fleuve, & en redoubloient les débordemens. * Ortel. Thef.

que

:

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.

AUEI, peuple de la Paleftine. Leur métropole étoie Gabaon, & Gaza étoit leur ville, felon S. Jerome, Loc. Hebr. cité par Ortelius, Thef

1. AX, ifle de la Mer Egée. Elle eft entre celles de Ténedos & de Chio, & reflemble de loin à une chèvre, d'où elle a tiré fon nom. Cette ifle eft pleine d'écueils, & a donné fon nom, felon quelques-uns, à la mer où elle fe trouve. * Corn. Dict.

Corneille, qui cite le onzième chapitre du quatriéme livre de Pline, fait trop dire à cet auteur, dont voici les paroles: ce qui a donné lieu à la Mer Ægée, c'eft un écueil plutôt qu'une ifle, nommé Ax, parce qu'il reffemble à une chèvre, que les Grecs nomment ainfi, & il fort toutà-coup du milieu de la mer. Ceux qui navigent de l'Achaïe vers l'ifle d'Andros le laiffent à leur droite : il eft funefte & fort dangereux.

2. ÆX ou Aix, c'est-à-dire la Chévre, ville d'Italie dans le territoire des Marfes, felon Ptolomée, 7. 3, c. I. 1. AXONE, ancien village de l'Attique, felon Cafaubon, p. 396, fur le neuvième livre de Strabon, où cet ancien géographe diftingue dans l'Attique deux peuples, nommés l'un Aitis, Axonenfes, felon la verfion latine; l'autre Ayats Aikavyo. Etienne le géographe, in voce AAAI, les diftingue encore plus clairement, en difant : les Hala ARAPHENIDES, & les Hala AXONIDES, ce font des peuples duas, dont l'un appartient à la tribu Agéide, & l'autre, favoir l'Axonien, à la tribu Cécropide. Il appelle ce même peuple Exone, in voce AEONIA, tout fimplement. Il nous apprend que ce peuple étoit fi décrié pour la médifance & la calomnie, que l'on difoit proverbialement Aikavura, pour dire, parler mal d'autrui, nous dirions en françois txonifer, comme on dit Pindarifer, & autres mots femblables.

AXONIA, ville de la Magnéfie, province limitrophe de la Theffalie, dans la Gréce. L'auteur du grand Etymologique écrit ExONEIA, mais il ne dit rien de plus de la fituation, ni du fondateur de cette ville. Steph. Byfant

AZÆI. Voyez LYCAONES.

7.

*

EZALA, ville de l'Arménie majeure, felon Prolomée, l. 5, c. 13. Ses interprétes la nomment DIZACA Ou DIRACA, & les cartes la placent au nord oriental de Sacapéne, au nord de la branche la plus feptentrionale du fleuve Araxes, au nord-eft du mont Pariadres.

AZANIS, ville de la grande Phrygie, felon Ptolomée, l. 5, c. 2.

AZARI, ancien peuple qui formoit l'un des nomes ou cantons de la Marmarique, felon Ptolomée, . 4, c. 5. Ils tiroient leur nom du mont AZAR, qui bornoit la Marmarique au midi, & la féparoit de l'Ethiopie. * De l'Ifle, Theat. Hift. pars orient.

EZICA, contrée de la Thrace, felon Etienne le géographe, qui cite Hécatée pour fon garant.

AFAS. L'Anonyme de Ravenne, l. 3, c. 5, nomme deux fois ce lieu, ou deux lieux de ce même nom, dans un même chapitre; mais en premier lieu il nomme de fuite Martha, Afas, Lucerna, Agarmi, &c. & dans la ligne fuivante il nomme Lamie, Afas, Verim. Il femble incertain fi l'on doit dire Afas Lucerna conjointement, oufi Lucerna fe doit prendre pour un lieu diftinct d'Afas. Le Pere Porcheron, qui propofe ce doute, l'appuie fur deux raifons. 1°. Parce qu'Afas Lupeici n'eft qu'un feul & même lieu dans la table de Peutinger. 2°. Parce qu'il avoit deux villes femblables, & peut-être que pour les diftinguer, l'une étoit furnommee Afas Lupeici out Lucerna, & l'autre Afas Veri. On trouve bien dans la table de Peutinger Veri, mais le nom d'Afas n'y eft point répété. Elles étoient l'une & l'autre dans l'Afrique, apparemment dans la province Proconfulaire, de laquelle Veri étoit une ville épiscopale.

y

AFFILE ou AFILE, ancienne colonie, en Italie. Ce n'eft à préfent qu'un bourg de l'état de l'Eglife, dans la Campagne de Rome, proche le Téverone, fur une colline & fur les frontieres du royaume de Naples. Ce lieu, qui étoit autrefois dans le territoire des Herniciens, dépend à préfent de l'abbaye de Subbiaco. * Baudrand, éd. 1682. Atlas de de l'Ifle.

AFFION, ville & port d'Afrique, dans un grand pays habité de Mahométans. On la trouve après que l'on a paffé la riviere de Chimanchi, vers le royaume de Me

linde:

linde: elle eft fituée fur le bord de la mer, qu'on appelle Côte d'Abex.

Je ne rapporterois pas cet article, que Corneille a tiré du Voyageur Curieux, c. 8, fi ce n'étoit pour avertir que le port d'Affion eft la même chofe qu'une petite ville nommée par Dapper, Asuм, & par Sanfon Afuma, dans le royaume d'Adel ou de Zéila. Elle est au refte bien loin du royaume de Mélinde & de la Côte d'Abex. Sanfon la met au midi du cap de Fui. De l'Ifle la néglige.

AFFLIANUS MONS, montagne d'Italie, dans la Sabine, dans le territoire de Tivoli, ou plutôt dans le Latium, felon de l'Ifle, dans fon atlas. La Colonie Æfula étoit au midi de cette montagne. On l'appelle à préfent IL MONTE SANT ANGELO, felon Antonio del Ré, dans les antiquités de Tivoli, citées par Baudrand, édit.

1682.

AFFLINGEN, abbaye très-considérable, dans le Brabant, ordre de S. Benoît, autrefois du diocèfe de Cambrai, à préfent de Malines. Elle eft fituée entre Bruxelles & Aloft, & fut fondée en 1083 par cinq gentilshommes, parmi lesquels Gerard le Noir étoit le plus diftingué. Ils avoient été convertis par les prédications d'un ferviteur de Dieu, nommé Witteric, & fe retirerent dans ce lieu, qui étoit défert & affreux. S. Bernard le nomme Afligenium, parce qu'en ce lieu-là, dit-il, Genius affligitur. Il ajoute qu'il n'y trouvoit que des anges, au lieu qu'il trouvoit des hommes ailleurs. Cette abbaye eft la mere & le chef de douze autres abbayes, qui font dans la même province. Corn. Dict. Sainte Marthe, Gall. Christ.

*

La manse abbatiale a été unie à l'archevêché de Ma

lines.

AFRA, fortereffe d'Afrique; elle eft fur la frontiere de Zahara. Le chérif Mahamet la fit bâtir lorsqu'il étoit roi de Sus, Marmol, t. 3, l. 7, c. 20, dit que de fon tems on y avoit mis de l'artillerie, & que l'on y entretenoit garnifon de cavalerie & d'infanterie pour réprimer les Arabes du défert, à caufe qu'on entre dans la Numidie de ce côté-là. Le pays eft fertile en dates & en chévres; mais il y vient peu d'orge, encore moins de bled.

AFRI, nom latin des Afriquains, ou peuples qui ha bitent l'Afrique.

de

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Voyez chacun de ces mots dans leurs articles particuliers. De l'Ifle a donné une excellente carte de l'ancienne Afrique pour la notice des évêchés, & des lieux nommés dans l'hiftoire eccléfiaftique d'Afrique. Nous attendons fur cette matiere un grand ouvrage du P. le Quien, où fans doute il éclaircira plufieurs difficultés géographiques qui restent à débrouiller.

3. AFRIQUE, la troifiéme partie du monde connu & habité. Marmol. l. 1, c. 1, 2, 3, &c. Les naturels du pays l'appellent IFRIQUIA; mais les étrangers ont changé I'I en a, & la nomment Afrique. Elle a pris fon nom d'une des provinces particuliéres où étoit autrefois Carthage, & que nous nommons l'Afrique propre. Prolomée, & les autres l'appellent Lybie du nom d'une autre de fes régions qui confine du côté des déferts avec l'Egypte les Arabes nommérent anciennement tous ces déferts Elber, qui veut dire terre divifée. Quelques auteurs du pays veulent que le mot d'Afrique foit corrompu, & qu'il vienne de Faracha, qui fignifie en Arabe chofe divifée ou détachée, parce que c'est une partie de terre que la mer fépare de l'Europe, comme le golfe de l'Arabie, & le détroit qui eft entre la Mer - Rouge & la Méditerrannée la féparent de l'Afie. Jofeph, dans fes antiquités, affure que le mot d'Afrique vient d'Ophre, fils de Mandanes, qui vint de l'Arabie heureuse s'établir dans la Lybie. Les anciens géographes, comme Prolomée, &c. n'ont eu qu'une connoiffance imparfaite de l'Afrique, & les divifions qu'ils en ont données font toutes défectueufes. La NOUVELLE AFRIQUE, qui s'étend depuis le 16° degré de la ligne jusqu'au cap de Bonne Espérance, a été découverte depuis deux fiécles par les Portugais. L'Afrique s'étend depuis le 35 degré de latitude feptentrionale jusqu'au 35 de latitude méridionale, & depuis le 3 degré de longitude jusqu'au 83; de façon que du nord au fud elle a 1050 lieues d'Allemagne, depuis le cap de Bon en Barbarie jusqu'au cap de Bonne Espérance; du couchant au levant 1 200 lieues, depuis le cap Vert jusqu'à celui de Guardafuy, & environ 3750 de côtes. Selon de l'Ifle, elle s'étend d'occident en orient depuis le 1 deg. jusqu'au 71 de longitude, ce qui fait 1065 lieues géographiques d'étendue en ce fens-là. Sa latitude eft la même. Ses bornes font, au feptentrion la Méditerrannée; à l'orient l'Iftme de Suez, la Mer-Rouge & l'Océan Oriental; au midi la Mer d'Ethiopie, & à l'occident l'Océan Atlantique; ainfi l'Afrique eft environnée de mer de toutes parts, excepté du côté de l'Afie, dont elle eft féparée par une langue de terre; appellée le détroit de Suez, qui peut avoir vingt lieues d'Allemagne. Elle est en forme de pyramide, dont la bafe s'étend le long de la Mer Méditerrannée, depuis l'embouchure du Nil jusqu'au détroit de Gibraltar. Ses deux côtés font arrofés à l'orient par la Mer-Rouge, l'occident par l'Océan Atlantique, & fe joignent au cap de Bonne Espérance. On connoît par fa fituation que l'Equateur la coupe par le milieu, & que les deux tiers de ce grand pays font dans la Zone Torride. Le milieu eft presque défert, parce qu'il eft très-ftérile & qu'il n'y a que des fables brûlans. On y rencontre une prodigieufe quantité de bêtes féroces, comme lions, léopards, pantheres, hiennes, élephans, chevaux & ânes fauvages, chameaux & autres. Ces animaux font fort grands & très-gras: la chair en eft très-bonne. Il y a de fort bons fruits & des plantes très-falutaires. Ses principales rivieres font le Nil & le Niger. On y trouve, en plufieurs endroits, des mines d'or, d'argent & de fel.* La Croix, t. 1, c. 36.

1. AFRIQUE, ce mot ne fignifie pas la même étendue pays dans les livres des anciens que dans l'ufage préfent. Les Grecs appelloient Lybie cette troifiéme partie de la terre. Salufte, Jugurt. c. 17, & Pomponius Mela, 1. 1, c. 8, bornent l'Afrique à l'orient par la Vallée Catabathmos; ainfi ils en détachent l'Egypte & la Marmarique, & d'ailleurs cette vallée n'eft pas affez longue pour fervir de bornes à l'Afrique de tout ce côté-là. D'autres, comme Strabon, 7. 2, & Denis le Périégete, V. 18, établiffent le Nil pour bornes, entre l'Alie & l'Afrique, & ce fentiment avoit déjà été rejetté par Hérodote, l. 2, c. 16, qui objecte qu'ainfi le Delta, la plus noble portion de l'Egypte, ne feroit ni dans l'Afrique, ni dans l'Afie. Il partage l'Egypte en cet endroit, & en donne une partie à l'Afrique, & l'autre à l'Afie. D'autres mettoient la féparation à Alexandrie, & partageoient cette ville, de forte qu'une partie des habitans étoit en Afrique, & l'autre en Afie. Dès le tems de Strabon, 7. 2, le fentiment le plus approuvé étoit celui qui prenoit la Mer-Rouge pour la borne de féparation. Agathemer, 1. 2, c. 2, eft de cet avis, & regarde l'Ifthme, que nous appellons de Suez comme la fin de l'Afrique. Ptolomée, 1.4, C., penfe de même. Des géographes ont raffemblé les noms fuivans, comme fynonimes. TERRA OLYMPIA, ESCHATIA OU EXTREMA, COBYPHE, HESPERIA, ORTIGIA, AMMONIS, ETHIOPIA, CYRENE, OPHIUSA, LIBYA, CEPHENIA, AERIA. Mais ils ont pris mal-àpropos les noms des parties pour celui du tout. L'Ammonide, l'Ethiopie, la Cirene ou Cirénaïque font des contrées particulieres, l'Océanie ce font les côtes maritimes, l'Eschatie eft l'extrémité, quoiqu'on ne fache pas de quel côté les anciens la prenoient, l'Hesperie eft l'oueft, Coriphe un pays de montagnes, & peut-être le mont Atlas; la Lybie peut être prife pour une province particuliere, comme les Latins l'ont nommée en ce fenslà, & ainfi du refte des noms inconnus. * Hirtius de Alex.

1.2,

bell. c. 14.

Tome I. M

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Les anciens Africains adoroient les aftres, le feu, &c. La reine de Saba, qui alla vifiter Salomon, leur porta la religion judaïque à fon retour. Ils reçurent les lumiéres de l'évangile par l'eunuque de la reine Candace, qui fut lui-même converti par S. Philippe. Ils fouffrirent de grandes perfécutions fous les empereurs païens & fous la domination des Vandales qui étoient Arriens. On y trouve aujourd'hui des Catholiques, des Schismatiques Grecs, des Mahométans & des Idolâtres. On dit que Salomon envoyoit des flottes en Ophir, qui, ayant été équipées dans la Mer-Rouge, retournoient à Joppé par la Méditerrannée.

Les Romains ayant vaincu les Carthaginois & détruit Carthage, envoyerent plufieurs colonies en Afrique qui, par la fuite des tems, fe confondirent avec les naturels du païs. Les Vandales s'y établirent fous la conduite de Genferic, qui exerça les plus grandes cruautés, fur-tout envers les prêtres & les orthodoxes Bélifaire, général de l'armée de Juftinien, les en chaffa, emmena leur roi Gelimer prifonnier en 534; enfin les Sarrafins s'en emparerent fous l'empire de Conftant. Les Turcs en conquirent par la fuite une portion. De tous ces différens peuples qui ont conquis l'Afrique, il s'en eft toujours mêlé une partie avec les naturels du pays : ainfi les Afriquains ne font qu'un mêlange de toutes les nations. Les villes, en changeant de domination, changeoient de nom en même-tems; d'ailleurs plufieurs furent détruites, plufieurs autres furent élevées : voilà d'où viennent les contradictions qu'on trouve entre les géographes anciens & modernes.

L'Afrique, qui ne produit aujourd'hui que des hommes barbares, a donné autrefois naiffance au célèbre Annibal, à Asdrubal, à Térence, à Tertullien, à S. Cyprien, à S. Auguftin, &c.

La divifion qui paroît la plus conforme à la vérité, & en même tems la plus aifée, eft celle qui fait quatre parties de l'Afrique. La premiere eft le pays des blancs, & l'on y comprend l'Egypte, la Barbarie, la Numidie ou Biledulgéride, & Zaara ou le défert; la feconde, les pays des noirs, qui font la Nigritie, la Guinée & la Nubie; la troifiéme, l'Ethiopie que l'on peut fubdivifer en haute ou Abiffinie, & en baffe qui contient le Congo, le Monomotapa, la Cafrérie & le Zanguebar; la quatriéme, les ifles qui fe rencontrent aux environs de l'Afrique; favoir, Malthe dans la Méditerrannée, les ifles des Canaries, du Cap Verd & de S. Thomas dans l'Océan occidental, Madagascar ou S. Laurent, & Xocotora dans l'oriental. Voici la divifion qu'en donne Samfon.

Divifion Géographique de l'AFRIQUE.

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régions de

Nubie.

Abiffinie.

Zanguebar.

Congo.
Monomotapa
les Cafres.
de Madére.
des Canaries.

Océane les
ISLES

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Hama.

Caffa.

Nafta.

TRIPOLL

Asfacufa

Tripoli.
Tripoli Vechio.
Lebeda.
Capes.

el Hamma,
Zoara.
Gerbi.

Teffata.
Rafalmilara:

Brata.
Colbene.

Zudico.
Cafurfarton:

Subéico.
Casréimam,

Barca.
Cairoan."

Tolomefa,

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BILEDUL- Chalbix,

GERID.

Ticzer,

Zorad.

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Défert deEbaida.

BARCA.

Serta.

Alguchet, Eleochat.

Ascor.

Tegaffa.

ZIGA, qui (Zuen Ziga

Zuenziga.

comprend

Ghir

Ziz.

les déferts

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de TARGA,

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prend les

Ignid

Zagara. {Hair.

déferts de

(Lempta ou

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