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BATÆ, peuple de la Serique, felon Ptolomée, 1.6. c. 16. Ammien Marcellin, 423. p. 276. éd. Lindebrog. les nomme Beta.

BATAILLIER, riviere de France: elle arrofe la Provence, & a fa fource dans le bois de Laverne, enfuite fe vient décharger en la mer à la côte Negre. * Corn. Dict.

BATALLO, montagne d'Afrique, dans la province de Sargel, au royaume d'Alger. Les Turcs l'appellent CARAPULA, & les Maures GIRAFLUMAR. Elle est à deux petites lieues de Sargel, vers l'orient, & d'une telle hauteur, que de dessus son sommet on peut découvrir un vaiffeau en mer éloigné de douze lieues. Il y croît beaucoup de mures rouges & blanches.* Corn. Dict. La Croix, Hift. d'Afrique, t. 2.

BATAN, ville ou bourgade d'Afie, dans la Méfopotamie. Elle eft des dépendances de celles d'Arran, qui eft l'ancienne Carrac, d'où le patriarche Abraham fortit pour venir dans la Palestine, & auprès de laquelle Cras fus fut défait par les Perfes. Mohammed ben Giaber, grand philofophe & mathématicien, étoit natif de la ville de Batan, ce qui le fit furnommer Albatani. *D'Herbelot, Bibl. Orient.

BATAN CESARA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, felon Ptolomée, l. 7. c. 1.

BATANEA, en françois la Batanée. Voyez BASAN.
BATARNÆ. Voyez BASTARNÆ.

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BATAVA pour BATAVIA. Voyez l'article qui fuit. BATAVES, ancien peuple maritime, dans la Belgique, à l'extrémité feptentrionale de la côte des Gaules: leur origine eft bien marquée dans Tacite, Hift. 1. 4. c. 12. Les Bataves, dit cet auteur, tant qu'ils furent au-delà du Rhin étoient une partie des Cattes. Ayant été chaffés de leur patrie par une guerre domeftique, ils s'approprierent l'extrémité de la côte de la Gaule où il n'y avoit point d'habitans, & en même tems d'une ifle bornée par l'Océan d'une part, & enfermée par le Rhin de tous les autres côtés. On pourroit même croire qu'il y avoit dans le pays des Cattes un canton particulier des BATTEN, Batii, & peut-être étoit-il le long de la riviere de l'Eder, où l'on trouve encore des lieux qui portent dans leurs noms des traces de celui des Batten, favoir, Battenberg, Battenhaufen. Les Batten ou (fi l'on veut ce nom en latin) les Batti s'étant rendus dans cette ifle, prirent un nouveau nom formé de l'ancien & du mot Aven, qui fignifie des prairies, des pâturages. (Voyez AW.) Les Romains qui le terminerent & l'adoucirent, felon le génie de leur langue, en firent Batavi. Le pays qu'ils occupent, tant dans cette ifle qu'aux environs, a été nommé à caufe d'eux l'ifle des Bataves par Célar, de Bell. Gall. l. 4. c. 10. & par Pline, 44. c. 15. Tacite, Ann. 1. 2. c. 6. le nomme le champ ou le territoire des Bataves; Dion Caffius, l. 55. Batava; Zofime, l. 3.c. 6. Batavia ; ce dernier nom lui eft auffi donné par Eumenius, Paneg. Conft. c. 3. & pro reftaur. Scholis, c. 21. & par Pacatus, Paneg. Theodof. c. 5. Hadrien Junius, Hift. Batav. c. 4. a voulu ravir ce pays à la Gaule pour le donner à la Germanie quoi il a été réfuté par Cluvier, German. ant. l. 2. c. 34. L'entreprise de Junius a été traitée de téméraire par le favant Spener. On ne fait pas quand fe fit leur migration de la Germanie dans les Gaules on fait feulement qu'elle a été unique, & qu'ils fe font tenus dans ce pays, étant toujours comptés entre les Belges. La table de Peutinger, dreffée ou gravée par des gens qui étoient fujets à eftropier les noms, change celui de Batavia en Patavia, & nomme Patabus une riviere qui coule au-deffous; ou ne fait fi on a voulu marquer par ce nom le Vahal ou la Meufe.

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Les Bataves étoient traités en freres, & en amis du peuple Romain. Tacit. Hift. l. 4. c. 12. & 13. & l.5.c. 25. dit expreffément qu'on ne les chargeoit point d'impôts, qu'ils ne fourniffoient à l'empire romain que des troupes courageuses, qui avoient long-tems fait la guerre en Allemagne : ils s'acquirent, dit-il, nouvelle gloire dans la Bretagne (l'Angleterre,) où il paffa de leurs cohortes, commandées par les plus illuftres d'entre eux, felon l'ancienne coutume. Ils avoient gardé dans leur pays, de la cavalerie d'élite, qui ne

une

fe faifoit pas une affaire de paffer le Rhin,à la nage par escadron, fans quitter ni armes, ni chevaux. Les mauvais traitemens qui furent faits à Civilis les aliénerent beaucoup des Romains; mais après que ces desordres eurent ceffé, il fe reconcilierent de bonne foi, & furent amis fidéles & conftans jusqu'à ce que de grands partis s'étant formés dans la Germanie en faveur de la liberté, ils aimerent mieux s'y joindre, que de continuer leur attachement aux Romains.

Le pays des Bataves, fi nous nous en rapportons à Céfar & à Pline, étoit en partie dans le continent avec le reste de la Belgique, & en partie dans l'ifle que forment les bras du Rhin. Tacite l'appelle l'extrémité de la côte des Gaules. Il s'étendoit donc depuis les Gugernes, le long de la Meufe & du Vahal, entre ces deux rivieres, jusqu'à leur confluent. C'eft dans cette partie de la Batavie, qui est en-deçà du Vahal, par rapport aux auteurs romains, qu'étoit la ville des Bataves à laquelle Civilis mit le feu, après fa défaite auprès de Vetera, que l'on croit être SANTEN, & avant d'abandonner l'ifle aux ennemis.

que

Tous les auteurs anciens conviennent que l'ifle des Bataves étoit formée par les deux bras du Rhin, l'un qui garde fon nom, dit Tacite, & qui ne perd rien de la rapidité avec laquelle il parcourt la Germanie, jusqu'à ce qu'il arrive à l'Océan; l'autre plus large, plus tranquille, coule au rivage de la Gaule, & le habitans du pays le nomment le Vahal,

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Presque tous les anciens conviennent auffi que les Bataves n'occuperent que cette ifle de ce côté, & ne pofféderent aucun terrein de l'autre côté du moyen canal du Rhin. Mais on dispute fi Drufus, en creufant fon nouveau canal ne changea point l'étendue de l'ifle des Bataves, & s'il n'y ajouta point de nouvelles terres. Haemrode, Bar. difcept. Junius, Bat. defc. Pontanus, Chorog, defc. & Cellarius, Geog. ant. l. 2. c. 3. font pour l'affirmative. Cluvier, Germ. ant. I. 2. c. 31. & 32. eft pour la négative, & en donne de fortes raifons qui me paroiffent fi concluantes qu'il est étonnant que Cellarius ne s'y foit pas rendu.

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Pour les villes & lieux remarquables de ce pays, on en trouve un fous l'empire de Vespafien, fçavoir: Batavorum Oppidum ou la Ville des Bataves; il n'étoit pas dans l'ife, mais entre le Vahal & la Meufe. Tacite met dans l'ifle quatre villages, où il y avoit garnifon, fçavoir Arenacum, Batavodurum, Grinnes & Vada. Entre Batavodurum & la mer, c'est-à-dire, dans la baffe partie de l'ifle, Tacite ne met rien; mais Ptolomée y place Lugodinum, qui n'eft que le Lugdunum des autres déguifé. L'itineraire d'Antonin, & la table de Peutinger, y mettent plufieurs autres lieux dont voici les plus remarquables. Trajectus, entre Mannaricium & Albiniana Caftra, on voit affez que c'eft Utrecht; Albiniana Caftra aujourd'hui Alfen, Pratorium Agrippina, dont la distance & le nom font voir que c'eft Roomburg, comme qui diroit fortereffe des Romains. On ne convient pas affez de ce que c'étoit anciennement que l'Arx Britannica ou Brittenbourg, ville ou fortereffe fubmergée que l'on voit encore fous l'eau, pour en parler ici. Voyez BRITTENBOURG. Forum Adriani eft connu aujourd'hui fous le nom de Vorburg. Les Bataves partageoient leur ifle avec les CANINEFATES. Voyez ce mot.

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à

Quand je parle dans cet article du bras du Rhin, qui bornoit l'ifle des Bataves au nord, il ne faut pas l'entendre du cours qu'il a aujourd'hui par le Leck, vers Rotterdam, mais du vieux canal qui paffe à Arnhem, à Wageningen, à Rhenen, au Vieux Rhenen Utrecht, à Woerden & à Leyde, & qui avoit fon embouchure à l'endroit où eft Catwyk. Ce que l'on appelle préfentement le BETUVE, nom dérivé de l'ancien, n'y répond pas affez exactement, pour que l'on puiffe rendre l'un par l'autre. D'Ablancourt qui s'est donné, dans fes traductions très-infidéles, la licence de faire une géographie à fa mode, & toute nouvelle, rend toujours les Bataves de Tacite par les Hollandois, ce qui eft ridicule; la Batavie de cet auteur, & la Hollande aujourd'hui, font très-différentes l'une de l'autre car il n'entroit dans la premiere qu'un partie de la Hollande méridionale ou Suyd Holland; encore Tome I. Part. II. O

1

faut-il

y ajouter une partie de la province d'Utrecht avec fa capitale. Elle a encore moins de rapport avec la Hollande, prife pour les fept Provinces-Unies. Aimoin a nommé la Batavie BATTUA, & Rheginon, BADUA. Ortel. Thefaur.

BATAVI: ce nom qui fignifie en latin l'ancien peuple dont il eft queftion dans l'article précédent, s'emploie quelquefois par les modernes, qui écrivent en latin, dans un fens plus étendu, & fignifie les Hollandois en général.

1. BATAVIA, ou l'Ile des Bataves. Voyez, BATA

VES.

2. BATAVIA : ce mot fe prend dans les écrits des modernes dans un fens plus étendu que dans les écrits des anciens, & fignifie quelquefois toute la république des Provinces-Unies. C'eft dans ce fens que Despreaux, dans fon ode pindarique, appelle BATAVES, les troupes hollandoifes, qui étoient commandées par Guillaume III, roi d'Angleterre, lorsque Louis XIV prit Namur.

3. BATAVIA, ville d'Afie, dans l'ifle de Java, au royaume de Bantam. Les Hollandois qui en font les fouverains lui donnerent ce nom dès fa fondation. Les François la nomment BATAVIE. Elle fut bâtie en 1619, au lieu où étoit auparavant JACATRA, ville qui fut ruinée pendant les guerres; de là vient que les Javanois ne l'appellent point autrement que Jacatra. Je joindrai ici la defcription qu'en donne Nicolas de Graaf, celui des voyageurs Hollandois qui en parle le plus amplement, avec connoiffance de caufe. La relation qu'il en donne fe trouve à la fin de fes voyages aux Indes orientales, p. 275. & fuiv.

Batavia eft à 6 deg. 10. min. de latitude méridionale, au côté feptentrional de l'ifle de Java dans une plaine unie, mais baffe. Elle a la mer au nord, & derriere de grandes forêts & des montagnes très-hautes. Une riviere qui vient de ces montagnes la fépare en deux. Elle eft entourée de murailles de pierre où l'on compte 22 bastions, qu'on appelle Amfterdam, Middelbourg, Delft, Rotterdam, Hoorn, Enchuyfen, Via nen, Gueldre, Catzenellebogen, Orange, la Porte Neuve, Hollande, Diest, Naffau, Zélande, Utrecht, Frife, Overiffel, Groningue, Zeelande, Kuilenbourg & Midelpunt, ou le bastion du milieu. Il y a quatre portes, dont deux font fort artiftement bâties; l'une eft la neuve, l'autre la porte de Diest, les deux autres font appellées Rotterdam & Utrecht. Les deux côtés de la riviere font revêtus de pierre dans toute la ville, & jusqu'à la barriere qui fe ferme tous les foirs à neuf heures, & où il y a bonne garde de foldats. La ville eft environnée de foffés larges & profonds, & où il y a beaucoup d'eau principalement dans le tems des hautes marées; car alors les chemins près de la ville font fouvent inondés. Les rues font, à peu près, tirées à la ligne, larges de 30 pieds, & ont de chaque cô té auprès des perrons des maifons, des chemins pour les gens à pied, pavés de briques. Elle a huit rues droites, ou de traverse qui font bien bâties, & proprement entretenues. La rue du prince eft la principale; car elle va en droite ligne du milieu du château jusqu'à l'hôtel de ville: elle eft croifée en deux endroits par des canaux. Tous les espaces qui font derriere les maifons font propres & bien ornés, felon les circonstances; car la plupart des maisons ont des cours de derriere qui donnent de l'air, & de beaux jardins où l'on trouve toutes fortes d'arbres, de fleurs & d'herbes potageres. L'églife de la Croix eft un bâtiment fort beau & confidérable. Elle est de pierre, & fut bâtie l'an 1640. Du milieu du toit il s'éleve une petite tour fort jolie, furmontée d'un ouvrage de fer qui termine à la girouete. Dans la tour il y a une cloche, qui ne fonne jamais que lorsqu'on va prêcher dans cette églife, qui eft vafte en dedans & fort claire. Il y a pour le foir des luftres de cuivre, comme ceux de Hollande, d'où ils ont été apportés. La chaire du prédicateur, & les bancs des magiftrats & des gouverneurs, font très propres & bien faits, étant ornés de pièces de rapport, comme ébene & autres bois. L'hôtel de ville, qui fut bâti l'an 1652, eft au milieu de la ville, dans une place fort grande & fort unie. Il est à deux étages.

La porte qui eft de l'ordre corinthien, eft au milieu. Il y a au-devant de la falle d'en haut un balcon de pierre qui y répond, par où l'on peut regarder commodément au dehors. On y voit de belles chambres & de beaux appartemens pour les confeillers, pour les échevins, pour les directeurs des orphelins, pour ceux des petites affaires, & pour le chef du confeil de guerre de la bourgeoifie. Il a une cour en dedans entourée d'un mur de pierre fort haut, dans laquelle font les cachors pour garder les malfaiteurs, & les empêcher d'échapper. C'eft auffi là que loge le geolier, & autres fuppôts de la juftice. L'hôpital eft fur la riviere, qui paffe au milieu de la ville. C'est là qu'on prend foin des malades, qui y font au nombre de plus de deux cens, quelquefois même plus de trois cens. 11 y a de jolis appartemens pour les directeurs & leur fuite, pour le médecin, l'apothicaire, le chirurgien, le tréforier, & pour le concierge de la maison, & les esclaves qui doivent tenir la maifon nette, aider les malades, les panfer & leur donner ce qui leur eft néceffaire. Tous ces gens-là font payés & entretenus par la compagnie. Trois perfonnes confidérables ont l'inten dance de cette maifon, & en font la vifite toutes les femaines, prenant foin fur-tout d'examiner, s'il y a parmi ceux qui y ont été conduits quelqu'un qui foit en état de pouvoir reprendre fon travail. On y trouve une place fort agréable, où il y a des arbres pour la récréation des malades, qui peuvent aller à la riviere par un quai de bois, & s'y rafraîchir. Tous les foirs & tous les matins, le vifiteur des malades fait une priere que le fon d'une cloche annonce. Cette coche et dans une petite tour au-deffus du toit; l'exercice finit par un cantique. Le dimanche un lecteur lit un fermon, où tous les malades, qui font tant foit peu en état, doivent affifter. Le Spinhuis eft une maison, où l'on renferme des femmes de mauvaise vie. Cette maison est ainfi appellée, parce qu'on les y fait filer, ou travailler à quelque ouvrage qui leur convient. Il y a donc un Spinhuis à Batavia, qui n'a point de vue au-dehors, finon par une ouverture, qui regarde le côté oriental. du canal, où il y a des grilles de fer, & qui eft fermé par une fenêtre de bois que perfonne ne peut déverrouiller que le directeur. Deux échevins ont inspection fur cette maison avec une femme, qui met au travail celles qui font ainfi renfermées, & qui prend foin que chacune d'elles acheve la tâche qu'on lui a donnée, faute de quoi elles n'ont qu'à s'attendre au fouet. Si elles commettent quelque crime, la connoissance en appartient aux magiftrats, & ce font eux qui les font punir. Tous les dimanches on leur dit une prédication, en présence des deux infpecteurs, pour tâcher de les retirer, s'il eft poffible, de leur libertinage, & leur infpirer la crainte de Dieu. Il y a deux boucheries au bord de la riviere fur des pilotis, qui font couvertes de tuiles, & toutes les faletés en font jettées dans la riviere. On y tue du bétail deux fois la femaine, & chaque boucher y a fon banc, pour y expofer fa viande, & la vendre aux bourgeois, au prix taxé; mais avant qu'il puiffe tuer une bête, il faut qu'elle ait été efti mée par le fermier, & que le dixiéme denier en ait été payé; avec cette réfervè, que fi le fermier l'a cftimée trop haut, felon l'avis des autres bouchers, il faut qu'il la prenne pour le prix qu'il y a mis. La poiffonnerie eft auffi fur des pilotis, & couverte de tuiles Il y a dans le milieu un bureau pour le crieur public qui vend le poiffon; & c'est là que doivent aborder tous les pê cheurs, qui viennent de la mer; car le poiffon y eft vendu au plus offrant. Presque tous les poiffonniers font Chinois. Ils payent tous les mois deux rixdales pour leur banc, avant de pouvoir vendre le poisfon qu'ils ont acheté. Dès qu'il eft vendu, le crieur les paye argent comptant, & il a pour fon droit deux fols par réale. Cette vente dure depuis le matin à dix heures jusqu'à quatre heures après midi, & chacun y peut trouver ce qu'il defire en poiffon de mer, ou d'eau douce, felon fes facultés. A l'oppofite de la poiffonnerie, mais un peu à côté, eft le marché au riz, qui eft bâti à peu près de la même maniere, excepté qu'il n'y a point de bancs. On trouve au bout le logement de l'étaloneur, qui deux fois l'année, en janvier & en

juin, marque dans l'hôtel de ville toutes les mefures & tous les poids de la marque publique, en préfence de deux échevins, & qui reçoit fix fols pour chaque marque. Les habitans appellent Ganting la mefure dont on fe fert pour mefurer & vendre le riz. Elle contient le poids d'environ quatorze livres, qui fe vendent d'ordinaire fix fols. Le marché à la volaille eft auprès du nouveau pont qu'on traverfe pour aller à l'églife de la Croix. On trouve là des paniers pleins de toutes fortes de volailles; une poule médiocre s'y donne quelquefois pour deux ou trois fols, & le refte à proportion. Ceux qui les vendent font la plupart des Mardykkes & des Toupaffes. Tout auprès il y a quantité de cabanes faités de bambous, où l'on trouve à vendre du poiffon fec, de l'ail, des oignons,' des œufs, de la poterie, & autres choses semblables. Pour fe pourvoir de toutes fortes de fruits & d'herbes, on a un marché le long de la riviere jusqu'au pont neuf. Depuis quatre heures après midi jusqu'au foir, il eft plein tant de Chinois & de Mores, qui y portent leurs denrées à vendre, que d'acheteurs & de curieux. Au-delà de l'hôtel de ville, au côté occidental de la place, il y a un bâtiment de bois, qui a cinq allées remplies de part & d'autre de boutiques. Ce font principalement des Chinois, qui vendent là des étoffes, & des habits tout faits. Ils donnent pour cela trois rixdales par mois aux fermiers,& font obligés de tenir ce lieu propre. Chacun peut trouver là de quoi s'accommoder; mais il faut prendre garde à ne fe pas laiffer attraper par l'adresse des Chinois à faire paroître leur marchandifes; car lorsqu'ils ont trompé quelqu'un, bien loin de le cacher, ils s'en vantent comme d'une preuve de leur habileté. L'hôpital des malades & des vieilles gens Chinois qui a été bâti l'an 1646, eft près du Spinhuis. Il est environné d'une muraille de pierre. Il ya de bonnes chambres pour les malades, les orphelins, & ceux qui ne fauroient gagner leur vie, & une cour pour récréer les malades. Tous les Chinois, qui repréfentent des comédies, ou qui font jouer des feux d'artifices, ou qui fe marient, ou qui font enterrer leurs morts, font obligés de payer une certaine fomme à cette maifon. Plufieurs riches Chinois lui font de grands préfens pendant leur vie, & s'en fouviennent encore à leur mort. Deux Hollandois & deux Chinois ont infpection fur cette maifon.

Il y a un hôpital où les orphelins font nourris jusqu'à ce qu'ils foient devenus grands. Il est entouré d'un haute muraille de pierre, & a de bonnes chambres pour les orphelins, & pour ceux qui doivent en prendre foin. Cette maifon n'avoit point encore de revenus en 1686, & ne fubfiftoit que des aumônes des perfonnes charitables. Il n'y a point aux Indes de rafphuis, c'eft-à-dire, de maifons où les malfaiteurs font comdamnés à fcier du bois du Brefil, ou à travailler comme à Amfterdam; parce que la chaîne de Rofegay, & autres endroits devant Batavia, & les ifles des Robbes, ou Chiens de Mer, & celle de Maurice devant le cap de Bonne Espérance, tiennent lieu de ces maifons pour punir, & dompter les criminels & les méchans. On voit le château, qui eft très-beau, à l'embouchure de la riviere tout contre la ville. Il eft de pierre & de figure carrée, défendu par quatre bastions, dont l'un eft appellé le Diamant, l'autre le Rubis, le troifiéme le Saphir, & le quatriéme la Perle, qui font revêtus de la même pierre que le corps du château, lequel eft pourvu de bons logemens, de gros canon & d'une bonne garnifon. Les foffés en font larges & profonds. Dans l'enceinte du château il y a deux places. La maison où loge le gouverneur général de tout ce que les Hollandois tiennent dans les Indes, est dans la plus grande. La maison est bâtie de brique, à deux étages, de forte qu'on peut la voir de fort loin en mer, par deffus les autres maifons, & par deffus les bastions, & la reconnoître à la tour, qui eft au-deffus du toit précisément au milieu, travaillée fort artiftement; il y a audeffus, au lieu de girouette, un vaiffeau de fer, qui tourne au gré du vent. L'entrée eft au milieu, & l'on y monte par un large escalier de pierre; c'est là que s'affemblent le grand confeil, la chambre des comptes, & la fecretairerie. Les maifons des confeillers des Indes font auf fort belles & bien ornées. Elles font aux

côtés de la porte qui va à la campagne, laquelle ett à l'ouest du château, & il y a des corps-de-garde aux deux côtés. Il y a de plus l'arfenal, les logemens du capitaine de la chambre de la mer, des marchands, du médecin, du chirurgien & de l'apothicaire. C'eft auffi là qu'eft le laboratoire général pour la chirurgie, & qu'on prépare les caiffes de médicamens qui font envoyées dans tous les bureaux hollandois des Indes. C'est là auffi le bureau général, & le lieu où font les archives tous les papiers & toutes les lettres y font gardées, toutes les affaires qui regardent la compagnie y font traitées & réfolues. Il y a un grand nombre de magafins, où l'on garde de toutes fortes de vivres, viande, lard, mom, qui est une bierre forte de Brunswyck, huile, vinaigre, vin, & autres chofes néces faires; des caves à mettre la poudre, les feux d'arti fice & autres chofes dont on fe fert à la guerre. Le château a deux portes principales, dont la plus confidérable eft celle qui va à la campagne. Elle a été faite l'an 1636. Il y a fur le foffé un pont de pierre de taille qui a quatorze arches, vingt-fix toifes de long, & dix pieds de large. Il eft pavé de brique, & a de chaque côté des gardes-foux de pierre. La feconde s'appelle la porte de l'Eau : elle est au nord, & fert de corps-de garde & de bureau pour les gardes magafins, qui logent des deux côtés le long de la courtine. Elle a été faite l'an 1630, comme il paroît par l'infcription qui eft au-deffus. Il y a deux petites portes dans les courtines à l'orient & à l'occident, qui fervent à charger & décharger le canon, les boulers & les munitions de bouche. Ce château eft embelli d'une petite églife octogone qui eft fort propre, & qui fut bâtie l'an 1644. Elle eft fort claire. Le toit qui eft appuyé fur des colonnes de bois eft en terraffe. Il y a des orgues; le pavé eft de pierres blanches & bleues, polies & dispofées avec art. Les fenêtres d'en haut font de beau verre de plufieurs couleurs, & celles d'en bas de rofeaux fendus, à la maniere des Indes, & dispofés fort ingénieufement. La chaire du prédicateur & les bancs du général, des confeillers des Indes & des perfonnes confidérables, font de bois de Kajatte, & autres bois auffi précieux, & travaillés auffi bien qu'il eft poffible.

La ville eft environnée de la fortereffe à l'orient, jusqu'à la riviere Ansjol, & à l'occident jusqu'à la riviere Anke, le long du golfe de Batavia, au midi, c'est-à-dire, vers la campagne, par le port de Noordwyk, celui de Riswyk, qui a cinq baftions, & par Jacatra; de forte que ceux qui ont des terres, font à couvert des irruptions & des chagrins qu'on pourroit leur faire fans cela, & peuvent cultiver leurs champs & leurs riz fans rien craindre; auffi voit-on hors de la ville de belles allées, des rivieres, des champs de riz & de cannes, & des jardins où il y a de toutes fortes d'arbres fruitiers; quelques uns même ont de belles maifons, & des lieux de plaifance fort agréables. Pour encourager les gens à cultiver la terre, & à planter des arbres, les magiftrats de Batavia firent arrêter, l'an 1659, le cours de la grande riviere, audeffus de Riswyk, & la détournerent dans deux canaux larges & profonds, dont l'un va à Riswyk, & l'autre à Jacatra, prenant foin que les champs euffent l'eau qui leur étoit néceffaire. L'un de ces bras fut conduit dans un canal qui va droit à la ville, & est retenu par une digue près du fecond pont de la porte neuve. Cette cau fait aller fept moulins; un à bled, un à fcier, un à papier, & les autres à poudre, qui rapportent beaucoup de profit à la compagnie. On voit plufieurs tuileries & briqueteries, & un grand nombre de moulins à fucre, qui rapportent beaucoup aux propriétaires, & font d'une grande commodité pour la ville. Il y a un lieu où l'on purifie le foufre, & un autre où l'on blanchit le linge. Afin que ce qu'on doit porter dans la ville, y vienne plus commodément & à moins de frais, on a fait en l'an 1658 une forte éclufe de pierre, pourvue de bonnes portes; mais comme le fond n'avoit pas été affez bien affermi, & qu'on ne prit pas le foin qu'il falloit, l'eau l'a gâtée par deffus, l'a ruinée & l'a rendue inutile ; de forte qu'on y a fait depuis un pont à rouleaux, fur quoi l'on fait paffer les bateaux.

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On a bâti un lazaret hors de la porte de Dieft à côté du chemin d'Anke, où tous ceux qui font attaqués de maladie contagieufe font transportés & nourris. Quelques-uns des plus vieux & des plus confidérables Hollandois prennent foin de cette maifon. Les habitans de Batavia font ou libres, ou attachés à la compagnie. C'est un mélange de peuples de divers pays; car on voit là des Chinois, des Malayes, des Amboiniens, des Javanois, des Makassars, des Mardykkes, des Hollandois, des Portugais, des François & autres. Les Chinois y font un grand négoce, & contribuent beaucoup à la prospérité de la ville. Ils furpaffent de beaucoup tous les autres peuples des Indes dans la connoisfance de la mer & de l'agriculture. C'eft leur grand foin & leur diligence qui entretient la grande pêche. & c'est par leur travail qu'on eft pourvu à Batavia de riz, de cannes, de grains, de racines, d'herbes potageres & de fruits. Ils affermoient autrefois les plus gros péages, & les droits de la compagnie. Ils vivent felon les loix de leur pays, & ont un chef qui prend foin de leurs intérêts. Ils portent des robes très-amples qui ont des manches fort larges, de coton ou de foie, chacun felon fon état. Leurs cheveux ne font pas coupés à la maniere des Tattares, comme dans la Chine, mais font longs & fort joliment treffés. Leurs maifons font presque baffes & carrées. Elles font en différens quartiers, mais toujours où il fe fait le plus de commerce. Les Malayes qui different beaucoup des Chinois en fubtilité, font auffi moins propres qu'eux au commerce. Ils s'attachent principalement à la pêche, à quoi ils font adroits. Ils entretiennent leurs batteaux fort propres & fort luifans. Les voiles, en font de paille; felon la maniere des Indes, & ils favent bien les hauffer pour arriver de bonne heure au marché. Le chef de qui ils dépendent a fa maison fur le quai du Rhinoceros, où logent auffi la plupart de ceux de cette nation. Leurs habits font de coton ou de foie; mais les femmes les plus confidérables font habillées d'étoffes de foie à fleurs ou à raies, qu'elles dispofent d'une maniere induftrieufe, afin qu'elles flottent. Les hommes s'enveloppent la tête d'une toile de coton, tant pour la tenir ferme, que pour retenir leur cheveux. Leurs maisons font fort peu de chofe, couvertes de feuilles d'ole ou de jager, & entourées d'arbres de cocos. Il mâchent continuellement du bétel, ou fument avec une pipe de canne vernie. Les Mores ou Mahométans font à peu près femblables aux Malayes, & habitent au même quartier; mais ils s'attachent un peu plus aux métiers, & à être colporteurs. Ils vont dans les rues avec de la mercerie, comme du corail, des perles de verre & autres chofes femblables. Les plus confidérables d'entre eux exercent le négoce fur tout celui de pierre à bâtir qu'ils apportent des ifles dans leurs bâtimens, & qu'ils vendent. Leur maniere de s'habiller est la même que celle des Mores. Les Amboiniens habitent hors de la ville, près du cimetiere des Chinois, fur le chemin de Jacatra. Ils ont un chef à qui ils doivent obéir, qui a fait bâtir en ce lieu-là une belle maifon, fort parée à la maniere de cette nation. La plupart de ces gens là s'entretiennent en bâtiffant des maifons avec des bambous; ce qu'ils font adroitement, accommodant les chaffis des fenêtres avec des cannes fendues en diverfes figures, tantôt en étoiles, tantôt en carré, pour recevoir le jour par-là. C'est un peuple hardi, plein de courage, avec qui il est difficile de traiter, prêt à fe foulever, & dont le meilleur ne mérite point de confiance. Leurs armes font de grands fa bres & de longs boucliers, par le moyen desquels ils fe défendent avec beaucoup d'adreffe des coups de fabre & de fléche. Les hommes ont autour de la tête une toile de coton, dont ils laiffent pendre les deux bouts, & ornent de fleurs cette espece de turban. Les femmes portent un habit fort mince, au milieu du corps & s'enveloppent l'épaule d'une toile de coton, qui laisfe le bras nud. Leurs maifons font de planches, couvertes de feuilles d'ole, & ont deux ou trois étages. Les Javanois demeurent de l'autre côté du cimetiere, dans des maifons de bambous, felon l'ufage du pays: elles font fort proprement faites, & couvertes des mêmes rofeaux. Quelques-uns s'occupent à l'agritulture; d'autres font de petits batteaux avec quoi les habitans

portent leurs denrées au marché. Ils s'en fervent pour la pêche; & vont fi vîte fur l'eau, que les Hollandois difent qu'ils volent. Presque tous les hommes vont nuds, ayant feulement le milieu du corps couvert d'un peu de toile qui leur descend jusqu'au genou. Ils portent quelquefois une espece d'écharpe, où ils cachent un crit, ou quelqu'autre arme. Leur tête eft couverte d'un bonnet; mais ils vont pieds nuds.

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Tout le gouvernement des Hollandois, dans les Indes, eft partagé en fix confeils. Le premier & le fupérieur eft compofé des confeillers des Indes : le général en est toujours le préfident. C'eft dans cette affemblée qu'on délibere fur toutes les affaires générales & d'état. C'eft-là que fe lifent toutes les lettres & les ordres des directeurs de la compagnie, & qu'on y répond. Ceux qui ont quelque chofe à demander à ce confeil peuvent avoir audience tous les jours. Le fecond a neuf membres, outre le président. C'est-là prement le confeil des Indes. Il a en fa garde, le grand fceau, où eft repréfentée une femme dans un lieu fortifié, ayant une balance dans une main, & une épée dans l'autre ; avec des mots autour: Sceau du Confeil de Justice du château de Batavia. Toutes les affaires qui regardent les membres de la compagnie & les chambres des comptes viennent devant ce confeil, qui eft appellé confeil de juftice. Quand on prétend avoir fujet de fe plaindre de quelque fentence donnée par les échevins, on peut appeller à ce confeil, en payant vingt-cinq réales pour l'amende, en cas que la fentence foit confirmée. Le troifiéme eft celui des échevins qui font neuf, entre lesquels il y a deux Chinois. C'est-là qu'on plaide toutes les affaires qui font entre les bourgeois libres, ou entre eux & ceux qui dépendent de la compagnie, avec la liberté, comme je l'ai dit, d'en pouvoir appeller au conseil de juftice. Le quatriéme est celui des directeurs des orphelins. C'est un confeiller des Indes qui y préfide. Il cft compofé de neuf perfon nes, de trois bourgeois & deux officiers de la compagnie. Ils adminiftrent le bien des orphelins, confervent leurs héritages, & ne fouffrent point qu'un homme qui laiffe des enfans les quitte, à moins qu'il ne leur laisse fuffifamment de bien, en cas qu'il ne revienne pas. Le cinquiéme y eft établi pour les petites affaires. II a pour président un confeiller des Indes. Tous ceux fe qui marient doivent y comparoitre, pour y faire signer leur bans ou annonces, en préfence de témoins. Ce confeil prend foin d'empêcher qu'aucun infidele ne fe marie avec une Hollandoife, ou un Hollandois avec des femmes du pays, qui ne parlent pas flamand. Le fixiéme & dernier eft le confeil de guerre des bourgeois, Le premier officier de ceux qui font libres y préfide. Toutes les petites affaires y font portées par l'officier qui a le foin de la garde, &'elles y font d'abord décidées. Ce confeil s'affemble à l'hôtel de ville, & tient deux fois la femaine l'audience.

4. BATAVIA, riviere de la Terre Auftrale, dans la Carpenterland, ou pays de Charpentier. Les Hollandois qui l'ont découverte lui ont donné ce nom : on n'en connoît que l'embouchure. * Baudrand, éd. 1682.

1. BATAVODURUM, ou BATAVORUM OPPIDUM, felon Alting, Not. Batav. Ant. p. 18. ancienne ville des Bataves, fituée fur le bord feptentrional de la Meufe, au fud eft du Bois facré, & au fud-ouest de Nimegue. C'étoit la capitale du pays, & même la feule ville qu'il y ait eu dans ces quartiers-là jusqu'à l'empire de Vespafien. C'est par cette raison, à ce qu'on croit, que Tacite, V. Hift. 19. la nomme fimplement Oppidum Batavorum, fans ajouter de nom propre, la trouvant fuffifamment défignée, parce qu'il avoit die qu'elle étoit la capitale de la nation, & l'endroit où fe tenoient Cl. Civilis & Cl. Labéon: car on ne peut placer ailleurs le lieu où même Tacite, IV. Hift. 18. dit que les bourgeois eurent du différent au fujet de ces deux généraux. C'est cette même ville où Civilis, après avoir été défait par Cerealis, auprès du lieu appellé pour lors ad Vetera, l'an 70 de l'ere chrétienne, le feu avant que de paffer le Vabal, voyant qu'il n'étoit pas en état de la défendre par les armes. Ainfi il paroît visiblement que cette ville n'étoit point dans l'ile des Bataves, mais à l'extrémité de la Gaule. Cluvier, Ger.

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Paunoa ou Panua au midi. Il peut avoir environ vingt & une lieues de côtes depuis les 7 d. 13 min. jusqu'à 8 d. 12 min. de latitude feptentrionale. Sa largeur, qui eft inégale, eft d'environ douze lieues & demie au midi, & va en diminuant jusqu'au nord, où elle n'est pas de fix lieues.

2. BATECALO, ville de l'ifle de Ceylan, au royau me dont elle eft la capitale : elle eft fituée fur la riviere de Paligam, à deux bonnes lieues de la mer. On la nomme aufli MALTECALO.* Voyages de la Comp. Holland. t. 2. p. 533.

Ant. c. 19. affure qu'elle fubfifte encore aujourd'hui fous le nom de BATEMBURG, formé de celui de Batavedurum. Il paroît vraisemblable par la carte de la Gaule de Ptolomée, Geograph. II. capit. 9. Europ. Tabula III. qu'après que la guerre fut finie, la ville fut rétablie, & que l'on y fixa le fiége de la juftice que les Bataves avoient déjà établi auparavant dans ce même lieu, en-deçà du Vahal: car c'est dans l'endroit où cet auteur place Batenburgum, fur la Meufe, qu'étoit Batavodurum. Cluvier reprend à la verité Ptolomée dans cet endroit ; mais au lieu d'y avoir de l'erreur, comme il le prétend, il paroit que Prolomée ne pouvant di- 3. BATECALO, port de mer de l'ifle de Ceylan,royau ftinguer cette ancienne ville, appellée Batavorum Op-me de Batecalo, à l'embouchure de la riviere de Paligam. pidum, de plufieurs autres qui fe trouvoient alors avoir le même nom, a jugé à propos de fe fervir du nom appellatif de Forum Judiciarium, fous lequel elle étoit également connue, & qui la diftinguoit des autres villes. Cependant comme les Bataves avoient deux de ces Forum Judiciarium, l'un dans un village de l'ifle, fur le Rhin, & l'autre fur la Meufe, dans l'ancienne ville, Ptolomée auroit dû écrire Batavodurum ad Mofam; mais comme fon principal deffein étoit de faire des tables géographiques, il a cru qu'il fuffifoit d'avoir marqué Batavodurum, fur le bord de la Meufe.

2. BATAVODURUM, felon Alting, Not. Batav. Ant. p. 18. ou BATAVODURUM VICUS, village de l'ifle des Bataves, fur le bord méridional du Rhin, environ à treize milles d'Utrecht, & à vingt de Batavorum Oppidum. Tacite, V. Hift. 20. place auffi ce village fur la partie fupérieure du Rhin, qui étoit la feule dont les Romains fuffent encore les maîtres, & où ils avoient leur feconde & leur dixiéme légion, avec quelques cohortes alliées & quelque peu de cavalerie. Če village étoit peu confidérable dans ce tems-là, & on y conItruifoit un pont pour la défenfe duquel étoient prépofés les foldats de la deuxiéme légion. Cet auteur ne marque point à quelle distance étoient Batavodurum d'Arenacum; de Grinnes ou de Vada, village des environs: il ne défigne pas même la fituation de ces derniers, obfervant plutôt dans cette énumération la dignité des garnifons, que l'ordre de la position des lieux: car il nomme d'abord Arenacum & Batavodurum, où étoient les camps des deux légions, quoique ces deux lieux fuffent aux extrémités, & ne nomme que le dernier le lieu où étoient les troupes alliées, quoiqu'il fût fituée entre les autres. Cependant, comme H. Junius & P. Scriverius ont fait voir par d'anciennes médailles d'or que ce Batavodurum a été nommé par les Romains Doreftate, & qu'il fubfifte encore aujourd'hui, fans avoir changé de place; fa jufte fituation fe trouve à treize milles d'Utrecht, & à vingt-deux de Noviomagus, aujourd'hui Nimegue. On y voit à préfent une ville avec une citadelle. La ville s'appelle WYK, & la citadelle DUURSTEDE, & toutes deux enfemble WYK-TE-DUURSTEDE. Cet endroit est devenu une ville confidérable depuis l'établissement du christianisme; mais du tems de Tacite ce n'étoit qu'un village, puisque dans l'ifle des Bataves il n'y avoit dans ce temslà encore aucune ville.

BATAVORUM INSULA. Voyez au mot BATAVES.
BATAVORUM OPPIDUM. Voyez BATAVODU-

RUM. I.

BATAUTINGES, rochers de la mer de Sumatra.
Voyage de la Comp. Holland. t. 3. p. 110.

1. BATE, village ou canton de la Tribu Ægeide, dans l'Attique, felon Etienne le géographe.

2. BATE, riviere d'Afie, fur la côte de Malabar: elle a fa fource dans les montagnes de Gate, d'où, coulant vers l'occident, elle paffe au nord de la petite ville de Bate, & fe jette dans le golfe qui eft entre Baçaim & les ifles de Bombaïm & de Salcete. * Atlas, Robert de Vaugondy.

1. BATÉCALO ou BATECALOU. Baudrand écrit BATICALON. Le Grand, dans fa traduction de l'histoire de Ceylan, balance entre BATECALOU & MATECA LOU. Knox, dans fa carte de Ceylan, écrit BATTACALOW & dans la relation, BATTICALON, royaume de l'ifle de Ceylan, fur la côte orientale: il eft borné par la mer au levant, par le pays de Cottiari au nord, par le royaume de Candi au couchant, & par le pays de

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Ce port eft un petit golfe, dont l'ouverture eft vers le nord, & où il a deux ifles affez remarquables par leur grandeur. Les Hollandois y aborderent en 1602 & 1603, & les Portugais ayant reconnu l'importance de ce poste, réfolurent d'y bâtir quelques fortereffes pour empêcher les nations étrangeres d'avoir par-là aucun commerce avec les rois de Candi. Les terres font hautes & élevées du côté de Triquinimalé. Il y avoit là un fameux pagode, ou plutôt il y en avoit trois; mais celui qui étoit fur la pointe la plus éminente, qui avançoit dans la mer, & qui dominoit fur toute la baie, étoit le plus confidérable. Les Portugais l'abbatirent en 1624, & y bâtirent une fortereffe, ce qui toucha vivement les Chingulais; & comme l'air y eft mal fain, & qu'on y eft fujet à des fiévres chaudes violentes, ces peuples fuperftitieux crurent que c'étoit un effet de la vengeance de leurs dieux fur les Portugais. Peu de tems après Conftantin de Sa, pour achever d'enfermer le roi de Candi, & lui ôter toute communication & tout commerce avec aucune nation, fit encore élever un autre fort dans une ifle qui eft à l'entrée de la riviere de Paligam ou de Batecalo : ce fut ce qui acheva d'irriter le roi de Candi, & le détermina à recommencer la guerre. Les Hollandois, alliés avec ce prince, prirent ces forts fur les Portugais, & les lui rendirent, parce que ne fongeant alors qu'au commerce de la canelle, & ces lieux d'ailleurs étant trop éloignés du canton où elle fe cueille ils fe faifoient un mérite auprès de Henar-Pandar de les lui rendre ; mais ils garderent Punta de Gallé, Calature, & autres places qu'ils aiderent à conquérir fur les Portugais leurs ennemis communs. * Ribero, Hift. de l'Ile de Ceylan, p. 98.

Route de Batecalo à Candi.

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Candi cinq lieues, en tout trente-une lieues & demie.

RIVIERE DEBATECALO. J'ai déjà remarqué que cet te riviere porte également le nom de la ville & du royaume qu'elle arrofe, & celui de Paligam: elle a fa fource dans les forêts de Tammaquod, province du royaume de Candi, d'où elle coule vers l'orient, jusqu'à ce qu'étant entrée au royaume de Batecalo, elle fe tourne vers le midi oriental, paffe auprès d'Aldea-More & de la capitale, qu'elle laiffe fur fa rive gauche, & à deux lieues plus loin elle fe perd dans le golfe où font les ifles dont je viens de parler. * Voyage de Spilberg, entre ceux de la Comp. Holland. t. 2. p. 457.

BATENBOURG. Baudrand, Maty & Corneille écrivent BATEMBOURG, par une faute qui leur est comune avec la plupart des François, qui écrivent une M pour une N dans les fyllabes qui précedent la finale BERG ou BOURG, & difent Fuftemberg, Wirtemberg pour Furtenberg, Wirtenberg, &c. Batenbourg eft une petite ville des Provinces Unies des Pays-Bas, au duché de Gueldre, dans la Betuve, fur la rive droire de la Meufe, au-deffous de Ravenftein, & au-dessus de Megen; elle a titre de baronnie. Le duc d'Albe fit trancher la tête aux deux freres de Batenbourg à Bruxelles l'an 1569. Les comtes de Horn font fortis de cette maifon. Cette ville eft ancienne. Voyez BATAVODURUM. C'eft préfentement le chef-lieu d'un pe

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