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1. BEBRICES & BEBRICIE, en Europe, peuple & contrée de la Gaule Narbonnoife, en deçà des Pyrenées, felon Cellarius, Geog. ant. l. 2. c. 2. Les poëtes ont fuppofé que Pyrene Bebricienne, & fille du roi, ayant été violée par Hercule, & n'ofant plus fe montrer à la cour de fon pere, fut errante dans les montagnes, où les bêtes fauvages la déchirerent; que ces montagnes en porterent le nom depuis cela. On lit dans Silius Italicus, 1. 3. v. 40.

Nomen Rebrycia duxere à Virgine colles
Hospitis. Alcide crimen plangebat in antris,
Et promiffa viri fylvis narrabat opacis,
Donec merentem ingratos raptoris amores,
Tendentemque manus atque hospitis arma vocantem
Diripuere fera.

Hercule revenant d'Espagne trouva les membres disperfés de cette infortunée princesse, & fit retentir les montagnes de fes regrets;

Defletumque tenent montes per facula nomen.

La Bebricie étoit entre les Volca & l'Espagne: cela paroît par la marche des Carthaginois:

Bebrycia Panus fines transcenderat aula;
Inde ferox quafitum armis per inhospita rura
Volcarum populatur iter.

Zonare, t. 2. de init. belli Hannibal. p. 70. dit que la mer nommée autrefois Bebricienne, s'appella enfuite Narbonnoife, & Feftus Avienus, in Ora Marit. dit:

Gensque Bebrycum priùs

Loca hec tenebat: atque Nurbo Civitas
Erat ferocis maximum Regni caput

2. BEBRICES & BEBRICIE en Afie, ancien nom de la Bithynie & de fes premiers habitans, felon Servius, dans fon commentaire fur l'Eneïde de Virgile, l. 5.

v. 373.

BEBULO, ancienne mine d'argent, en Espagne, qu'Annibal avoit fait ouvrir, & qui lui rapportoit par jour trois quintaux de minéral. Pline, I. 33. c. 6. dit qu'on avoit creufé quinze cens pas dans la monta gne, & que les Aquitains en tiroient l'eau jour & nuit, fuivant la mesure de l'huile; c'eft-à dire, que le tems du travail fe régloit fur la durée d'une certaine mefure d'huile que l'on mertoit dans les lampes, & qu'après qu'elle étoit confumée, de nouveaux ouvriers continuoient le travail. De ce que ces Aquitains y étoient employés, Ortelius juge que cette mine devoit être vers les Pyrenées; mais le P. Hardouin, avec fa fagacité or dinaire, trouve qu'il vaudroit mieux dire Accitani, peuple de la dépendance de Carthagene.

1. BEC, pointe de terre, que deux rivieres refferrent entre elles, lorsqu'elles fe joignent ensemble dans un même lit: ce mot s'entend auffi de la jonction même. Le Bec & Ambez est un lieu où la Garonne & la Dordogne mêlent leurs eaux ; & on appelle Bec d'Allier la rencontre de l'Allier qui fe perd dans la Loire. 2. BEC, se dit auffi d'un cap ou d'une pointe de 'terre qui s'avance dans la mer, tel qu'eft le Bec du Ras en Bretagne.

LE BEC, bourg de France, en Normandie, avec une abbaye fort riche & fort grande. On lui a donné ce 'nom, à cause qu'il est fitué fur un Bec ou langue de terre, au confluent de deux rivieres. Ce bourg eft à neuf lieues de Rouen, à cinq de la Bouille & de Pont-audemer, à quatre de Bernay, & à trois de Bourgtheroulde, & à une lieue ou environ d'Harcourt & de Brionne. L'abbaye, qui eft de l'ordre des Béné dictins de la congrégation de S. Maur, eft extrêmement considérable. L'église bâtie en croix, porte le

titre de Notre-Dame, & Saint Anfelme en elt le fes cond patron. Le chœur eft un des plus grands du royaume, puisqu'il y a dix piliers de chaque côté dans fa longueur. Le grand autel, qui est achevé depuis quelques années, eit accompagné de huit colonnes d'un beau marbre; elles font dispofées en demi-cercle, & fou tiennent une grande demi couronne imperiale, dont les branches font toutes dorées & enrichies de fculpture; il y a auffi de grands anges, des cherubins, & autres ouvrages dorés, qui font un bel effet. Sur l'autel qui eft entre ces colonnes, l'Enfant Jefus eft représenté dans fa crêche, accompagné de la fainte Vierge & de faint Jofeph, qui paroiffent l'adorer. La pierre qui forme l'autel eft de porphyre, d'une grandeur extraordinaire ; & l'on tient qu'elle a été bénite par S. Anfelme. Derriere le grand autel, entre les deux derniers piliers du chœur, l'on voit une grande figure de Vierge, de pierre doré; le marchepied de l'autel & le pavé du fanctuaire, qui eft fort grand, font de marbre noir veiné de blanc, & l'on préparoit en 1703, le marbre pour en paver auffi tout le chœur. Les deux gros chandeliers de l'élévation qui ont une grande figure de Moïfe, & le lutrin, font de cuivre très-bien ouvragé; mais le lutrin eft d'un dessein singulier, fort grand, & digne qu'on l'examine en détail. La façade de la tribune ou jubé, qui fépare le chœur de la nef, eft toute incruftée, ornée & enrichie de marbre. Il y a onze chapelles autour du chœur, chacune avec une contre table de différent deffein; elles font toutes ornées de marbre, les unes entierement & les autres en partie, & on compte onze croifées autour de celle de la Vierge, qui eft derriere le chœur. La croifée du milieu de cette église est vaste, mais la nef n'a que deux travées de longueur, le reste ayant été ruiné. L'orgue que l'on estime extraordinairement pour fa bonté & pour le grand nombre des jeux qui le compofent, eft au dessus du portail, qui eft d'une ordonnance d'architecture affez propre. Les figures des douze apôtres & autres faints, repréfentés en pierre, beaucoup plus hauts que nature, font adoffées contre les piliers de cette églife, qui est entierement couverte de plomb, dont les dehors font ouvragés & ornés de quantité de belles pyramides : une balustrade de pierre termine & couronne en dehors tout le corps de l'églife; & en dedans il y a une petite galerie tout à l'entour, au-deffous des grands vitraux. La facriftie eft ornée d'une belle menuiferie, avec une ferrure très-bien travaillée. L'on y voit dans des armoires quelques reliques, & fix gros chandeliers triangulaires, avec une croix d'argent d'un fort bel ouvrage, & quantité d'ornemens très riches pour le fervice de l'autel, & pour célébrer l'office divin dans les fêtes folemnelles. La grosse fonnerie eft dans une grande & haute tour, bâtie proche de l'églife, & l'on dit que la groffe cloche pefe environ dix milliers. La petite fonnerie, qui eft fort harmonieufe, eft dans le clocher élevé fur le milieu de la croifée de l'églife. Le cloître de cette abbaye cft beau, bâti à la moderne, large, & orné de beaux pilaftres. Les bâtimens qui l'accompagnent font folides & affez nouveaux, & la bibliothé que qu'on y voit eft fournie de bons livres, pour les différentes études des religieux. Le réfectoire eft grand, & une fontaine d'eau claire qui fert de lavoir, y donne de l'eau par fix robinets, & retombe dans un grand baffin d'airain. L'on voit dans le chapitre les tombeaux de plufieurs anciens abbés du Bec, & quelques tableaux qui repréfentent des religieux de cette abbaye vêtus en blanc, ce qu'on attribue à la dévotion particuliere que faint Anfelme avoit pour la fainte Vierge ; les religieux du Bec ayant porté l'habit blanc jusqu'à l'établissement de la réforme des religieux de la congrégation de faint Maur dans cette maifon. Elle a été fondée vers l'an 1077, par le bienheureux Herluin Hirtluinus, fon pere premier abbé, qui eut pour dis ciples faint Lanfranc & faint Anfelme, tous deux fucceffivement archevêque de Cantorberi en Angleterre. Certe abbaye poffede la baronnie de Bonneville proche le Bec, qui a été, felon la tradition du lieu, le patri moine & le manoir du bienheureux Herluin; ce qui eft caufe que le bourg du Bec eft nommé le Bec HERLUIN. Elle a auffi la feigneurie & le patronage de ce bourg,

!

& nomme à quantité de cures, entre autres à celles de faint Jean & de faint Gervais de Paris. La petite riviere du Bec prend fes fources trois quarts de lieue au deffus de l'abbaye à Buot, paroiffe fituée au pied de la côte de Calville, & après avoir paffé par Saint Martin du Parc, & traversé le territoire de l'abbaye, elle entre dans la Rille à Pontautout, un quart de lieue au-deffous du parc de cette abbaye. Ce parc a environ une demi-lieue de longueur, & il eft enclos de murailles. Il y a une haute juftice dans le bourg, où l'on tient deux foires tous les ans le jour du vendredi faint, & l'autre le jour de la fête de faint André. * Corn. Dict. Mémoires dresfés fur les lieux en 1703.

BEC CRESPIN, bourg de France, en Normandie, avec château & titre de baronnie : il eft fitué dans un vallon, au-deffous de la fource de la Laizarde, dans le pays de Caux, à une lieue de Montiviliers, à trois du Havre de Grace, à cinq de Fescamp, & à feize de Rouen. Son églife paroiffiale eft fous l'invocation de Notre-Dame. Le château eft fort logeable, & fon enceinte eft flanquée de fix hautes tours, accompagnées de larges foffés à fond de cuve remplis d'eau, avec un étang, des réservoirs, des moulins, des bosquets, & un plant de chênes & de fapins. La baronnie du BecCrespin a dans fa dépendance cinq paroiffes en feigneurie & en patronage; favoir, Notre-Dame du Bec, Saint Martin du Bec, Escuquetot, Beaurepaire, Bretteville, & l'on compte trente huis fiefs mobiles qui en relevent médiatement ou immédiatement. * Mémoires dreffés fur les lieux en 1702.

BEC D'ALLIER. Voyez BEC.
BEC D'AMBEZ. Voyez AMBEZ.

BEC D'ARIEUX: on dit préfentement BEDARIEUX.
Voyez ce mot,

BEC DE GALLOWAI, petite presqu'ifle d'Ecoffe, dans la province de Gallowai, dans la mer d'Irlande. On l'appelle en anglois THE MUL OF GALLOWAY. BEC DU RAS. Voyez Ras.

BECAR, province d'Afie, dans l'Indouftan: elle comprend les pays de DoUAB, Jefuat & Udeffe, & eft arrofée par les fleuves qui fe déchargent dans le Gange; non-feulement elle eft à l'orient de Dehli, mais encore elle eft la plus orientale du Mogoliftan, par le pays d'Udeffe, qui la ferme avec fes montagnes : & comme cette grande province eft riche, à caufe de fa grande fertilité, elle rapporte par an au Mogol plus de quatorze millions. Elle a plufieurs bonnes villes; les principales font Sambal, Menapour, Rageapour, Jehanac, & fur-tout BECANER, qui eft préfentement la capitale, fituée à l'occident du Gange. Ce pays eft le même que BACAR. Voyez ce mot. *Thevenot, Voyages des Indes, p. 183.

BECARE, port de l'Arabie, selon Pline, l. 6. c. 23. qui le met dans le pays des Necanides, felon quelques exemplaires; des Neacrides, felon d'autres, ou des Nelcydes, que le P. Hardouin aime mieux. L'auteur du périple de la mer Erythrée, Collect. Oxon. t. 1. p. 23. 24. met ce port entre le Sinthe & Barigaza. Il feroit aifé de le reconnoître à la description qu'il en fait, fi elle étoit fort jufte, car il compte fept ifles; il dit que le fond de ce golfe eft très-dangereux par les roches qui coupent les cables fous l'eau, la mer y eft orageufe, les lames y font groffes, mais il nomme ce port Barace. Ptolomée, L. 7. c. 1. l'appelle BACARE; mais comme il dit qu'il eft à l'embouchure d'une riviere nommée Barios, le P. Hardouin a raison de juger que le port prenant le nom de la riviere, a dû s'appeller Barace, que l'ancien interprete latin préfere. Voyez BARACE. BECCENSES, & MOLİSMENSES, font des peuples de la Gaule. Ives de Chartres en fait mention dans fes lettres, Epift. 9. & 112.

BECENE, nom de lieu, duquel il eft fait mention dans les canons du troifiéme concile de Carthage. D'autres exemplaires portent DECENA. * Ortel. Thefaur.

BECERRA, ville épiscopale d'Arabie, felon Guillaume de Tyr. Ce fiége étoit métropole, & eft nommée Beterenfis dans la notice du patriarchat de Jérufalem, où il eft dit qu'il avoit été démembré de celui d'Alexandrie. Nous y voyons que l'on avoit détaché quatre métropoles en faveur du fiége patriarchal de Jérufalem,

favoir Céfarée & Scythopolis de celui d'Antioche, Rabba & BETERRA de celui d'Alexandrie; mais dans la lifte qui fuit ces remarques on lit BERYRA. Une defcription du diocèfe de Jérufalem nomme ce même lieu BOSTRA. Ce dernier nom eft le plus ufité. * Voyez BosTRA. * Ortelius, Thefaur. Schelftrate, Antiq. Ecclef, t. 2. p. 742.

BECERRITANUS. Ortelius trouve dans un fragment manufcrit de Victor d'Utique un évêque dont le titre eft BECERRITANUS, & dont le fiége doit avoir été dans la Numidie. La notice d'Afrique nomme Felix Berceritanus, & Dupin, dans fes notes fur la conférences de Carthage, dit que ce dernier fiége lui femble être le même que Plebs Vesceritana, de laquelle il y eft fait mention. Schelftrate, Antiq. Ecclef. t. 2. p. 261 & 657.

BECHAL, BEDDARACH, BEIBAL, DAMSTAGAR, DESERIDAN & RUSA, divers châteaux qui appartenoient à Cosroès, roi des Perfes. Ortelius juge, fur la foi de l'histoire miscellanée, dont il cite le dix-huitiéme livre, qu'ils étoient fitués dans le voisinage de Ctefiphonte. L'empereur Heraclius les fit démolir.

BECHE OU BECH: c'eft, felon la Forêt de Bourgon, Géog. Hift. t. 1. p. 395. un petit bourg, mémorable par la victoire que le prince Eugene de Savoye y remporta fur les Turcs en 1697. Il dit qu'il eft fur la Teiffe, qui fe jette un peu au-deffous dans le Danube.Nous devons à M. le comte de Marfilli le vrai nom & la position de ce lieu. De l'lfle, dans fa carte de Hongrie, publiée en 1703, nommoit ce lieu BESCHE, & le plaçoit à l'orient, au confluent du Danube & de la Teiffe, de l'autre côté de Titul, fur la rive orientale de cette riviere derniere. Il s'eft corrigé dans celle de 1717, il écrit BELCKIS, à l'autre côté du Danube, au-deffous de Salankemen, & audeffus de Belgrade, ce qui eft conforme à la carte du Danube, qui doit paroître dans le grand ouvrage de M. le comte de Marfilli, dans laquelle ce nom est écrit PELCKIS, & eft dans la même pofition que lui donne la derniere carte de De l'lfle.

BECHIN, BECHINI, WECHIN, Bechinum, petite ville de Bohême, dans le cercle auquel elle donne fon nom, à l'occident de Sobieflow, & au nord oriental de Teyn. Durant la guerre des Huffites elle fut attaquée l'an 1428, par Procope Rafus, qui en affiégea le châ teau, & le prit par capitulation. Le général Buquoi la prit encore en 1619, avec une armée d'impériaux, & ayant pris le château, brûla cette ville avec quinze villages. Zeyler, Bohem. Topogr. p. 10.

BECHIRES, nation d'Afie. Pline, I. 6. c. 4. la nomme ainfi. Etienne le géographe dit BECHEIR, nation d'entre les Scythes. Scylax, p. 32. édit. Hudson, nomme ce même peuple BECHIRI, Béxpo, & fait mention du port de Bechir & d'une ville grecque, nommée BECHIRIAS, qu'il dit avoir été une ville grecque. Apollonius, L. 2. v. 395. parle auffi des Bechires.

BECH-PARMAC, bourg d'Afie, dans le Curdiftan. Hist. de Timur Beck, t. 2. p. 214.

BECHRIA. Corneille, Dict. obferve que quelquesuns nomment ainfi la contrée d'Afrique, qui s'étend tant fur la mer Méditerranée que fur le bras oriental du Nil qui fe rend à Damiéte. Ce pays, dit-il, commence aux limites de Rofette, & finit à Faramide; ce qui fait, ajoute-t-il, que les Egyptiens le nomment d'un mot qui fignifie maritime. C'est la partie du Delta qui eft entre les branches orientales & occidentales du Nil le long de la mer.

BECHUNI, ancien peuple d'Italie, felon Ptolomée, 1. 3. c. 1. qui le met à l'occident du pays nommé alors Venetia. Leurs villes étoient, felon lui,

Vannia, aujourd'hui Lovino,
Carraca, aujourd'hui Caravagio, felon fes interpretes.
Bretina, aujourd'hui Brindes,
Anonium, aujourd'hui Non ou Nan, felon le P. Briet.

Ce pere, qui veut que Vannia foit préfentement Civedo
ou Cividado, donne cette ville, auffi bien que celle
d'Anonium, non pas aux Bechuni, dont il ne parle
point, mais aux Euganéens, dont les Bechuni faifoient
partie. Le pays des Bechiuni étoit à peu près ce que

nous

nous appellons aujourd'hui la vallée de CAMONICA. BECK cette fyllabe entre comme finale dans la compofition de quelques noms géographiques de lieux de l'Allemagne, & eft dérivée du mot BACH, qui fignifie un Ruiffeau dans la langue allemande. Cette remarque doit auffi fervir pour connoitre l'étymologie des noms terminés en Bach, qui font en bien plus grand nombre. Le changement d'A en E eft très-ordinaire.

BECKE. Voyez BEEKE.

BECKEM O BECKEN, petite ville d'Allemagne, en Weftphalie, dans l'évêché de Munfter, à la fource de la Verse entre Munster & Lipstadt. * Baudrand, édit. 1705.

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BECKLE, ou, comme l'écrit l'auteur de l'état pré fent de la Grande Bretagne, t. 1. p. 113. BEECLES, petite ville d'Angleterre, au comté de Suffolc fur le Waveney: elle fe diftingue par fon école publique. BECLAM. Cedrene nomme ainfi un château de Cosroès, roi de Perfe. C'eft apparemment le même que BECHAL. Voyez ce mot.

BEC-OISEAU, ancien château de France, en Champagne; on en voit encore les mafures à quatre lieues de Meaux, & à l'entrée de la forêt de Crecy. * Baugier, Mémoires Historiques de la Champagne, t. 1. p. 367. BECSANGIL, province de la Turquie Afiatique, & partie de la Natolie. Baudrand croit qu'elle répond à la Bythinie des anciens. Elle eft, dit-il, bornée au feptentrion par la mer Noire; au couchant par la mer de Marmora, & un peu par l'Archipel, au midi par la Natolie propre, & au levant par la province de Bolli. Ses villes principales font, Biurfe (Broufe, anciennement Prufe,) İsnich, (anciennement Nicée, famcufe par le concile & le fymbole qui en portent le nom;) Comidie, (anciennement Nicomédie, ) & Scutaret, (que l'on croit être l'ancienne Chryfopolis.) Il eft remarquable que des perfonnes bien inftruites, qui ont eu occasion de nommer ainfi cette province, ne l'ayent pas fait, entre autres Ricaut, dans le dénombrement, des bachas de l'empire ottoman, & de Tournefort, qui a vu & décrit la capitale.

BECTILETH, campagne entre la Cilicie & la Syrie; il en eft fait mention au fecond chapitre de Judith, v. 12. felon le texte grec; car le latin n'en parle point.. Il y eft dit qu'Holofernes étant parti de Ninive, après une marche de trois jours, arriva dans la plaine de Bectileth, & de là fut camper à la montagne d'Angé, fituée à la gauche de la Haute Cilicie. D. Calmet croit que Bectileth est la campagne de BACDANIE, à la gauche ou au nord du mont Argée, appellée dans la vulgate, montagne d'Angé.

BED, grande chaîne de montagnes en Afrique, dans l'Ethiopie, entre l'Abyffinie & le Monoemugi, felon quelques géographes modernes, qui veulent, à quelque prix que ce foit, trouver dans l'Ethiopie les montagnes de la Lune, que Ptolomée y a placées fur des mémoires peu authentiques : ils ont pouffé l'entêtement jusqu'à y placer les fources du Nil, que l'on fait préfentement être bien loin de là.

BEDA, village dans le voisinage de Treves. Antonin en fait mention, & dit que ce n'étoit qu'un village. Corneille en fait une ville. Antonin la met fur la route de Treves à Cologne, à douze lieues de la premiere.

BEDACCHAN, felon l'hiftoire de Timur Beck, t. 1. p. 27. royaume d'Afie, dans la Tartarie, entre la Transoxiane & le Tebet: il fait partie du Zagataï, & ⚫ confine au Gihon, vers le royaume de Catlant. C'eft la même chofe que le pays nommé BADACHSHAN, dans la defcription de la Chorasmie, p. 27. & du Mawaralnarh, tité des tables d'Abulfeda. Le même ouvrage, p. 78. fait mention du fleuve nommé BADACHSHAN & HARRAT, duquel le pays prenoit vraisemblablement le nom. Voyez BADASCHIAN.

BEDAIN, petite place de France, au Comtat Venaiffin, au nord-eft de Carpentras, & au fud-eft de Vaifon, à pareille distance de l'une & de l'autre; elle eft fur une montagne peu diftante du mont Ventoux. Jaillot, Atlas.

BEDAR, lieu municipal dans la Syrie, dans le territoire de la ville d'Arca, felon Guillaume de Tyr, gité par Ortelius.

BEDARIDES, petite place de France, au Comtat Venaiffin, entre la ville de Sorgues & la principauté d'Orange, au bord feptentrional de l'Ouvefe, que l'on y paffe fur un pont, à deux lieues d'Avignon.

BEDARIEUX, ou BEC D'ARIEUX OU BEDERIEUX, ou même BEC DE RIOUX, ville de France, dans le Languedoc, au diocèse de Befiers, & non pas au diocèfe de Montauban, comme le dit par erreur Corneille. Elle est comptée fur le pied de quatre cens foixante & onze feux dans le dénombrement de la France, t. 2. pr 271. & n'eft remarquable que par les laines qu'on y travaille.

BEDAS, peuple d'Afie, dans l'ifle de Ceylan, & que le Grand croit être iffu de quelques perfonnes qui ont fait naufrage en cette côte avant qu'elle fut habitée. C'est une espece d'hommes presque toute différente des autres. Ils ont leur demeure le long de la côte entre deux rivieres, dont l'une les fépare du royaume de Jafanapatan, & l'autre de celui de Trinquemale. Leur pays qui a dix lieues de longueur fur huit de largeur, eft tout couvert de bois fi épais qu'on n'y fauroit presque entrer. C'eft dans ces bois qu'ils fe cachent, n'ayant ni commerce, ni communication avec perfonne, ils s'enfuyent fitôt qu'ils apperçoivent quelqu'un qui n'est pas de leur espéce. Ces Sauvages font blancs comme les Européens, il y a même des roux parmi eux. Leur langue n'a aucun rapport avec celle qu'on parle dans l'ifle, ou dans toutes les autres parties des Indes. Ils n'ont ni villages, ni maifons, & demeurent fix mois dans un endroit, & fix mois dans l'autre, en attendant toujours que les grains qu'ils ont femés foient en maturité. La récolte faite, ils vont demeurer ailleurs. Leurs habits font faits des peaux des animaux qu'ils tuent dans leurs bois, qui font remplis de fangliers, des cerfs, & autres animaux. Ils font fort adroits à tirer de l'arc & de la fléche. Ce font les armes dont ils fe fervent. Ils ne cuifent point leur viande; mais ils la confisent, pour ainfi dire, dans le miel qu'ils ont en grande abondance, à caufe du nombre infini d'abeilles, qui font leur miel dans le tronc des arbres, au pied desquels ils vont fraper, le faifant tomber par gros rayons, quand ils en veulent avoir. Ils ne mangent pas non plus leur chair fraîche. Ils la gardent ordinairement toute une année. Ainfi lorsqu'ils ont tué quelque animal, ils le coupent par morceaux, & le vont mêler avec du miel dans le trou d'un arbre, à la hauteur de terre d'une braffe. Ils font eux-mêmes ce trou, & le bouchent enfuite avec un tampon. Ils y laiffent leur viande une année, & au bout de ce tems ils la vont prendre & la mangent. Lorsqu'ils ont befoin ou de haches ou de fléches, ils font un modele avec des feuilles d'arbres, & vont le porter la nuit, avec la moitié d'un fanglier ou d'un cerf, à la porte d'un armurier, qui voyant le marin cette viande, entend ce que cela fignifie. L'armurier travaille auff tôt, & trois jours après, il pend les fléches ou les haches au même endroit où étoit la viande, & le Beda l'y vient prendre pendant la nuit. S'il eft content du travail de l'artifan, il lui rapporte encore un quartier de viande, de cerf, ou de fanglier, ou de quelqu'autre animal. Voici ce que l'on conte dans l'ifle touchant l'origine des Bedas. Ön prétend qu'un jeune roi qui y demeuroit, fort cruel, & adonné à toutes fortes de vices, & mangeant les hommes, ce qui eft le plus grand crime parmi ces Gentils, fut pris & arrêté par fes fujets, qui le condamnerent à perdre la vie avec tous ceux qui l'avoient fervi dans fes cruautés, ou de fe retirer avec eux dans ces forêts, de forte que jamais il ne parût aucun de ceux qui avoient été les compagnons de fa fuite, & que depuis ce tems-là leurs descendans exécutent la fentence, & ne fortent point de ces forêts. Ceci tient bien de la fable. S'il étoit vrai qu'on eût relegué le roi avec plu fieurs de fes miniftres, & toutes les femmes qu'ils entretenoient, cette nation auroit dû fe multiplier beaucoup davantage. On voit au contraire que bien loin d'être nombreufe, elle n'occupe qu'une très-petite contrée, & que les hommes font beaucoup de tems fans fe rencontrer; quoiqu'ils foient errans dans ces forêts, paffant tantôt d'un côté & tantôt de l'autre. Jean Ribeiro Portugais, qui parle ainfi des Bedas dans fon hi'ftoire de l'ifle de Ceylan, rapporte qu'il a connu un Tome I. Part. II. S

par femaine. Cette ville fur ruinée par les Danois, & re bâtie par Edouard le vieil. Edouard III, après la mort du baron de Bedford, de la maifon de Beauchamp, créa Engelrand de Coffey comte de Bedford en 1335. Henri V étant parvenu à la couronne érigea ce pays en duché en faveur de fon frere Jean, néanmoins après la mort de Gui par de Hatfield, dernier duc de Bedford, Edouard VI, rétablit le titre de comté qu'il donna à Jean Ruffel, dont les descendans jouiffent encore à préfent. Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1. p. 40. D'Audifret, tom. 1. p. 147.

metif Indien, qui, ayant fait naufrage fur la côte de ces peuples, en reçut un accueil fi favorable, qu'ils T'obligerent à fe marier avec leur reine, qui fe trouva veuve en ce tems-là; mais cet Indien s'ennuya bientôt d'être toujours dans les bois, & avec une nation fi fauvage. Il fe fauva fur les terres des Portugais, à qui il apprit entre autres chofes que ces Bedas n'avoient ni temple, ni idole, ni aucun culte; que les familles demeuroient féparées les unes des autres ; qu'ils avoient une reine à qui ils portoient tour à tour ce qu'ils prenoient chacun dans la journée, & tout ce qui étoit néceffaire, pour elle & pour fept perfonnes dont fa BEDSFORDSHIRE, felon l'état préfent de la Grancour étoit compofée; qu'ils lui préfentoient eux-mê- de Brteagne, t. 1. p. 39. province méditerranée de la mes ce qu'ils apportoient, l'abordant & lui parlant Grande Bretagne, au royaume d'Angleterre, dans le avec beaucoup de foumiffion; qu'elle n'entendoit point diocèfe de Lincoln. Le pays y eft fertile en bled & en ce qu'on lui difoit, à moins qu'on ne lui parlât par pâturage, fur-tout du côté du nord. Elle a foixantefignes, que fon palais étoit une chaumiere, garnie par treize milles de tour, & contient environ deux cens dedans de quelques peaux, qu'elle en avoit auffi quel foixante mille arpens de terre, & douze cens dix-fept ques-unes pour fe couvrir, & une autre pour s'affeoir; maifons. Elle eft bornée à l'orient par les comtés de Cam que leur viande confite dans le miel avoit très-bon goût, brigde & de Hartford, au midi en partie par ce dernier, qu'ils l'apprêtoient encore d'une autre maniere; & par celui de Buckingham, au nord-oueft par celui de qu'ils l'enveloppoient de feuilles, l'enterroient, & & Northampton, & au nord-eft par celui de Huntington. faifoient un fort grand feu par-deffus, & que cette Ses villes & bourgs où l'on tient marché font: viande ainfi apprêtée étoit fort tendre; qu'ils ne mangeoient point de fel, que même ils ne le connoiffoient pas, & qu'ils avoient beaucoup de miel & de riz, * Corn. Dict. Hift. de l'Ile de Ceylan, c. 24. p. 177. & fuiv.

BEDAT (le), riviere de France, dans l'Auvergne ; Corneille écrit BEDART. Enflé des eaux de l'Embéne, il porte bateaux à Maringue où coule auffi la Murge affez proche de fon embouchure. Il paffe au milieu de Montferrand, & fe jette dans l'Allier. * Coulon, Riv. de France, part. 1. p. 267.

BEDDARACH. Voyez, BECHAL.
BEDDORO, ville ancienne de la Palestine, felon
Prolomée, 1. s. c. 6. Ce nom eft corrompu de BE-
THORON. Voyez ce mot.

BEDEGENE, lieu de Syrie, aux environs de Damas, au pied du mont Liban; il eft arrofé d'eaux claires & vives, de là vient qu'on l'appelle la maifon de volupté: c'est ce qu'en dit Guillaume de Tyr, cité par Ortelius, Thefaur.

BE DEILLES, château de France, en Béarn, avec titre de principauté. Il appartient à la maifon d'Albret. *Baudrand, éd. 1705.

BEDER, ville d'Afie, dans l'Indouftan, au royaume de Décan, dans la province de Telenga dont elle eft la capitale, comme elle l'étoit autrefois de tout le Décan. Voici l'état où elle étoit lorsque Thevenot, Voyage des Indes, c. 47. p. 237. y passa. Elle est grande, dit-il, & eft ceinte de murailles de brique, qui ont des crenaux tout à l'entour, & d'espace en espace des tours. Elles font garnies de groffes piéces de canon, dont il y en a qui ont la bouche large de trois pieds. Il y a ordinairement dans cette place trois mille hommes de garnifon, moitié cavalerie, moitié infanterie, avec fept cens canoniers. La garnison y eft bien entretenue. Le gouverneur loge dans un château, qui eft hors de la place: ce gouvernement lui vaut beaucoup. Quelques-uns, dit Baudrand, éd. 1705. prennent Beder pour la BATANA

des anciens.

BEDESE (la), Bedefis, riviere d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife. Elle tire fa fource de l'Apennin, dans la Romagne Florentine, où elle arrofe Ste Sophie, & de là paffant au feptentrion par la province de la Romagne, à Meldola, à Forli, où elle prend le nom de Fiume Acquedotto, elle fe jette dans le golfe de Venife, auprès de Ravenne. C'est ce qu'en dit Baudrand. Mais dans les cartes de Magin cette riviere ne paffe nullement à Forli; il part feulement de cette ville un canal nommé le Canal de la Cocolia, qui porte dans la Bedefe les eaux détachées des rivieres Fagnone & Fiumana, qui fe communiquent au nord, & au-deffous de Citta del Sole, & fe féparent de nouveau pour fe rapprocher à Forli. Au reste, Magin dit que la BEDESE, ou le RONCO, eft nommé préfentement Fiume Acquedotto.

BEDFORD, ville de la Grande Bretagne, au royaume d'Angleterre, en Bedfordshire, fur la riviere de P'Oufe, à trente-huit milles au nord de Londres, avec titre de comté; elle a cinq paroiffes & deux marchés

Bedford, capitale,
Dunstable,
Woburn,
Ampthill,
Legthon.

Luton,
Shefford

Bigleswade,
Potton.

BEDHAH, ville d'Afie, dans le Fars ou Perfe pro prement dite. Elle fut bâtie par Kifchtab, fils de Lohorasb, fecond roi de la dynastie des Perfes, & nommée Bedhah, à caufe de fon château dont la couleur étoit blanche & la figure ovale; cette ville n'eft éloignée de celle de Schiras que de huit parafanges, que d'Herbelor, Biblioth. Orient, évalue à quinze ou feize lieues françoifes.

BEDIDON, petite riviere de Natolie, dans la Caramanie. On l'appelle auffi BEZIZON, & elle coule près de Tharfe. * Baudrand, éd. 1705.

BEDIFORD ou BIDIFORD, ville de la Grande Bretagne, au royaume d'Angleterre, en Devonshire. C'eft un port de mer fur le Turridge, que l'on y paffe fur un pont fi élevé qu'un navire de foixante tonneaux peut paffer librement deffous. Cette ville fait un bon négoce. * Etat préfent de la Grande Bretagne, t. I. p. 57.

BEDIRUM ou BEDEIRON, ville de la Libye inté rieure, felon Prolomée. Voyez DEBRIS. BEDIS, BELLIS, BELIZ OU VELEZ. Voyez VELEZ, & PIGNOM de VELEZ.

BEDOVESE, bourgade de France, dans le Gevaudan. BEDOUINS, peuples de l'Arabie, qui demeurent toujours à la campagne fous des tentes, ne reconnoisfent aucun prince des lieux où ils demeurent, & vivent dans les déferts, ne fe foumettant qu'aux émirs, leurs princes naturels, ou à leurs cheikhs qui font d'autres feigneurs fubalternes. Pour bien comprendre l'état de ces peuples, il eft bon de favoir que les Arabes en général ont deux origines; ils tirent la premiere de Jectan, arriere petit-fils de Sem, dont les enfans ont peuplé la peninfule, appellée depuis Arabie, du nom d'Irab, l'un de fes fils, ou d'Arabat, nom d'une contrée qui eft dans la même peninfule. La feconde origine des Arabes eft celle qu'ils tirent d'Ismaël, fils d'Abraham & d'Agar, qui vint s'établit dans le même pays parmi ces premiers & anciens Arabes, & fut le pere des Arabes Ismaëlites dont quelques tribus s'applique→ rent au commerce & à l'agriculture, & les autres, en plus grande quantité, occuperent les déferts, & menerent le genre de vie qu'ils crurent convenir le mieux à leur condition & à leur origine: tels font les Arabes Bedouins, dont il eft ici queftion, lesquels ont fuccédé aux anciens Ismaëlites, habitans des déferts d'Arabie, que l'Ecriture Sainte appelle auffi Cédareniens, Agareniens, & quelquefois les Fils de POrient ; les mêmes enfin que les auteurs profanes ont appellés Nomades, & Scenites, à caufe de leur genre de vie, & de leur continuel campement fous des tentes. Ces Arabes s'appellent Bedouins du mot Bedouy, qui en leur langue

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fignifie Champêtre ou Habitans du défert; cat Badiat,
d'où eft formé Bedouy, fignifie en arabe un défert,
ine folitude champêtre. Ce nom convient parfaitement
à leur état, à leur profeffion, & à leur origine; cette
illuftre naiffance dont ils fe piquent extrèmement, ne
leur permet pas d'exercer les arts méchaniques, ni de
cultiver la terre: ils ne travaillent point du tout, leurs,
emploi est de monter à cheval, de nourrir leurs trou
peaux, de faire des courfes fur les grands chemins. Ils
s'allient rarement aux Turcs & aux Maures, qu'ils confi-
derent d'ailleurs comme leurs bâtards & les ufurpateurs
de leur héritage, pour ne pas déroger à leur nobleffe.
Extrait d'un Voyage de la Palestine, par de la Roque.
Voyez au mot ARABIE une étymologie qui me paroît
plus naturelle.

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Les Bedouins campent ordinairement dans les déferts auprès des eaux & des pâturages, pour la commodité de leur bétail, & n'habitent point dans les villes, ni, dans les lieux où ils puiffent être furpris, parce que leur voleries les rendent ennemis de toutes fortes de nations, Cela n'empêche pas qu'ils ne foient hospitaliers, bons & civils à leur maniere, & qu'ils ne gardent beaucoup de fidélité à ceux qui vont à eux de bonne foi. Ils n'ont point de royaume dont ils foient abfolument les maîtres; mais ils font gouvernés, comme j'ai dit, par des émirs particuliers, qui n'obéilent point d'ordinaire les uns aux autres, à moins qu'ils ne foient d'une méme famille, On a cependant donné la qualité de roi des Arabes, au prince de ceux qui font dans les déferts d'entre le Mont Sinaï & la Mecque, auquel les Turcs payent un tribut annuel, de crainte qu'il ne pille la caravanne des pèlerins de la Mecque : & en effet ce, prince commande à une plus grande quantité d'Arabes, dans un pays plus étendu, & a beaucoup plus d'autorité que ceux qui font dans la Syrie, dans la Palestine, & dans les autres pays de l'Afie & de l'Afrique. Les Cheikhs obéiflent aux émirs. Ce font comme des feigneurs particuliers qui commandent à une moindre quantité d'Arabes dévoués à leurs familles, qui leur tiennent lieu de foldats, de fujets & de domestiques. Ce mot Cheikh fignifie ancien ou vieillard; ils cionnent auffi cette qualité aux gens de lettres, & à ceux qui ont quelqu'autorité fur le peuple, quelque jeunes qu'ils foient.

grande chemife bleue pour tout habillement; les hommes & les garçons un peu avancés s'en font d'une pièce de bouracan blanc, & les petits enfans vont tout nuds dans quelque faifon que ce foit. Ces Bedouins d'Alexandrie n'ont point d'autre métier pour gagner leur vie que le louage de leurs ânes; c'ett la feule voiture dont les marchands étrangers peuvent fe fervir dans les villes d'Egypte pour aller à leurs affaires un peu éloignées. Il y a très-peu de marchands en ce pays qui n'ayent quelques jeunes Bedouins pour fervir dans leurs maifons: ils font fideles & parlent la langue franque, & fouvent le provençal,

&c.

Les Arabes qui font dans l'Afrique n'ont pas le même avantage que ceux d'Afie, ils font mêlés entre les Maures & les peuples de la Numidie, du Biledulgerid, Ceux qui font dans le voifinage d'Alger, de Tunis & de Tripoli, font traités par les Turcs de la même façon qu'ils ont accoutumé de traiter les Maures, c'est-à-dire, avec beaucoup d'inhumanité; l'éloignement de leur cen-. tre affoiblit extrêmement l'autorité qu'ils auroient ailleurs. Il n'y a que leurs langages qu'ils confervent dans toute fa pureté, & qui eft le même que celui des Arabes Orientaux. Il y a encore une autre nation dans la, Syrie & dans la Palestine, qui vit à peu près comme › celle des Arabes Bedouins, excepté que leurs tentes. font faites de toile blanche. On les appelle TURKOMans. Voyez ce mot.

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A l'égard de la religion des Bedouins elle eft de même que celle des Turcs : les uns & les autres fuivent la loi de Mahomet avec plus ou moins d'exactitude & de fuperftition. Ils ne s'appliquent guères cependant à approfondir les mysteres de l'Alcoran: il n'y a ordinairement que les émirs, les cheikhs, & leurs fecrétaires qui fachent lire & écrire le peuple fe contente d'é- : couter ce qu'on leur en lit par occafion, & ne fait confifter les préceptes de cette loi que dans la circoncifion dans le jeûne & dans la priere. Ils fuivent au furplus la loi de nature, dans laquelle ils vivent moralement bien, reconnoiffant d'ailleurs l'unité & l'immenfité de Dieu, la récompenfe & la félicité dont les bienheureux jouiront dans l'autre vie, & les peines éternelles qui font destinées aux méchans, de la maniere que Mahomet en › a parlé. Ils font circoncire leurs enfans mâles, lorsqu'ils font dans un âge à pouvoir s'en reffouvenir; on fait de Les Arabes n'ont point d'autres armes qu'une lance, grandes réjouissances a cette occafion dans les familles, une épée, une maffe de fer & quelquefois une hache: ainfi que dans le tems des mariages. Ils jeûnent exacteils ne fe fervent point de piftolets, de mousquets, ni ment les trente jours du mois appellé Ramadan, & ne de fufils; & moins encore de canon pour faire la guerre. mangent ni ne boivent depuis le point du jour, jusqu'au Auffi ne fe mettent-ils point en peine de fe fortifier coucher du foleil: alors ils commencent par boire de dans des villes, d'attaquer, ou de fe défendre dans les l'eau & par prendre quelque rafrîchiffemens; & après. formes militaires. Le bruit de la poudre les épouvan- avoir fait la priere, ils mangent le potage & les viandes te, ils abhorrent les armes à feu, & ils ne peuvent qu'on leur a préparées, tant & auffi long-tems qu'ils comprendre qu'elles puiffent tuer les hommes fans les veulent. Ils paffent une grande partie de la nuit à tout toucher. Ils font bien montés ordinairement, & ils ce qui leur peut faire plaifir, & ils dorment pendant le n'attaquent guères s'ils ne font affurés de vaincre on refte du iour, s'ils n'ont autre chofe à faire. Les vieilles a battus quelquefois; mais on n'a jamais pu les dé- lards & les jeunes gens peuvent se dispenser du jeûne, truire. Le Grand Seigneur les laisse vivre dans fon em- quand leur dévotion est au-deffous de leurs forces : ils pire, comme il leur plaît, & quand il en a besoin pour ne puniffent pas corporellement, comme les Turcs, châtier quelques rebelles de leur voifinage, ils les prie ceux qui rompent ce jeûne, & ils font assez raisonnables honnêtement de marcher, & leur fait même des pré- pour croire qu'on n'est pas obligé à l'impoffible. A l'éfens pour cela, fans quoi ils mépriferoient fes ordres. gard de la priere chacun la fait en fon particulier fous Ces émirs envoient auffi quelques préfens au Grandfa tente ou à la campagne fans aucune affectation. Ils. Seigneur des plus beaux chevaux qui fe rencontrent chez eux, & des autres raretés de leur pays mais ils n'envoyent aucun Arabe pour les préfenter, parce que cette nation ne fe fie point aux Turcs, & ne veut pas fe mêler avec eux pour quelque raifon que ce foit. Ainfi ces princes font remettre leurs préfens à quelque bacha de leurs amis, qui prend soin de les faire paffer à Conitantinople.

Outre les Arabes Bedouins, qui demeurent dans les déferts d'Egypte, & qui font de la même race & de la même qualité de ceux dont je viens de parler, il y a une autre race de Bedouins qui font habitués dans la ville d'Alexandrie d'Egypte, qui vivent à peu près comme ces Bohêmiens, qu'on appelle en France Egyptiens. Ils campent entre le rivage de la mer & les murailles de la ville, fous des tentes, où les hommes, les femmes, les enfans, & leur bétail logent enfemble, comme s'ils étoient en pleine campagne. Les femmes n'ont qu'une

remarquent à peu près l'heure dans laquelle ils doivent. la faire, & ils s'en acquittent les uns plutôt, les autres plus tard, parce qu'ils n'ont point de tentes dans leur camp qui leur fervent de mosquée, ni de gens pour les y convoquer aux heures réglées, comme l'on fait plus commodément dans les villes & dans les villages. Mais les vendredis & les jours de Ramadan, les émirs, les cheikhs, & les autres principaux Arabes font étendre des tapis & des nates au milieu du camp, ou dans quelque lieu propre & agréable, & ils prient Dieu en commun: les fecrétaires & les autres gens de lettres, qui s'y rencontrent, font la fonction d'imans; & s'il y en a quelqu'un qui foit capable de leur faire quelque exhortation, il est écouté avec beaucoup d'attention & de respect. après quoi chacun fe retire. Les Turcs & leg Maures prennent leurs ablutions régulierement avant que de faire leur priere : les Arabes qui n'ont point la commodité de trouver de l'eau à point nommé, ne fe

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