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repas ;

& après qu'on a mangé, on porte le reste aux domestiques; enfuire on fert du caffé & du tabac, & la converfation continue jusqu'à ce qu'il leur prenne envie de dormir; alors chacun fe retire chez foi, & on laiffe l'étranger avec fes gens dans une pleine liberté. Si cet étranger ne s'en va pas le lendemain, & qu'il veuille demeurer quel

lavent que quand ils fe rencontrent auprès des fontaines maniere. Perfonne ne parle durant le & des rivieres. Ils fe plongent quelquefois dans la mer, lorsqu'ils ont befoin d'une purification plus forte, afin de fe préfenter à Dieu avec cette propreté extérieure que leur religion demande. Les Arabes, ainsi que les autres Mahometans, font quelquefois des facrifices à la naiffance & à la circoncifion des enfans, à l'entreprise de quelque affaire de conféquence, & à la fuite de quelques jours dans le camp, on a foin de le faire déjeuner que péril dont ils feront échappés. Ils les font indifféremment fur les lieux où ils fe trouvent, dans leurs maifons, aux champs, & fur le fujet auquel ils veulent attirer quelque bénédiction. Tout ce facrifice ne confifte qu'en quelques bœufs ou quelques moutons qu'on égorge en invoquant le nom de Dieu, après quoi ils les écorchent, & ils diftribuent la chair aux pauvres, afin qu'ils joignent leurs prieres & leurs intentions à celles du bienfaiteur.

Les Chrétiens font fort bien traités fous la domination de ces Arabes: ils les laiffent dans une grande liberté, & ne fe mêlent aucunement de leur religion, & de leurs exercices. Il n'y a point de danger chez eux à cet égard, comme il y en a chez les autres Mahométans, qui font quelquefois des avanies à ceux qu'ils accufent d'avoir dit du mal de leur religion. Une des raifons pour lesquelles les Arabes n'affectent pas une trop grande régularité dans leur religion, (outre que leur état & leur vie champêtre ne leur permettent pas de s'appliquer à l'étude pour en approfondir les myfteres & les préceptes) c'est qu'ils comptent beaucoup fur les mérites de Mahomet, leur prophete & leur compatriote, qui doivent fuppléer, felon eux, à tous les défauts & à toutes les nullités qu'il peut y avoir dans l'accompliffement de leurs obligations. En effet, Mahomet eft véritablement iffu de la race des Arabes Ismaëlites, felon tous les auteurs orientaux, & sa généalogie est continuée en remontant de Haschem jusqu'à Adnam, & de Adnam jusqu'à Ismaël, fils d'Abraham, en avouant cependant que d'Adnam à Ismaël, les traditions ne font pas fi fûres & fi authentiques que celles de la descendance depuis Adnam jusqu'à Mahomet,

dès qu'il eft levé; il reçoit des vifites, on le mene à la chaffe, aux exercices de la lance, à la promenade, aux villages, aux camps des autres émirs, & par tout où il peut trouver quelque divertiffement. Il trouve par tout des gens qui le careffent, qui lui témoignent de l'amitié, & quand il veut poursuivre fon voyage, il remercie ses hôtes, & monte à cheval.

Les Bedouins font naturellement graves, férieux & modérés: ils affectent tant de fageffe dans leurs actions, que les chofes du monde les plus plaifantes ne fauroient presque les faire rire, quand ils font parvenus à l'âge d'être mariés, & qu'ils ont la barbe affez longue pour ne paroître plus de jeunes garçons. Il tiennent que ceux qui rient aifément pour la moindre chose ont l'esprit foible & mal tourné, & que cet air gracieux, riant & enjoué n'eft agréable que fur le vifage des filles & des jeunes femmes. Ils parlent fort peu, & jamais fans nécessité, toujours l'un après l'autre, fans s'interrompre par aucune forte d'empreffement. Ils font accoutumés à ne faire non plus de mouvemens que des ftatues; & s'ils pouvoient parler, pour ainfi dire, fans remuer les lévres, ils croiroient être parvenus au plus haut degré de fageffe. Ils écoutent cependant patiemment le babil des femmes, des enfans & des grands caufeurs, fans les interrompre, ni leur répondre, quand même il dureroit depuis le matin jusqu'au foir. Leurs converfations font fort honnêtes, la médifance n'y regne jamais; ils difent naturellement du bien de tout le monde, à moins qu'ils ne foient obligés d'avouer les vices d'un fcélérat, s'ils font affez publics pour ne les pas diffimuler. Ils ont même la politeffe de ne point démentir ceux qui déguiferoient la vérité en leur préfence, ou qui fe ferviroient d'une exagération trop forte dans le récit de quelque hiftoire, qui leur paroîtroit peu vraisemblable, ou incroyable. Lorsqu'il furvient quelque différent entre eux, & qu'infenfiblement ils fe mettent en colere, ils revien nent d'abord, & fe montrent les uns aux autres leurs devoirs par de bons raifonnemens, par des comparaifons & par des fentences. Si quelqu'un, par exemple, s'eft emporté jusqu'à traiter un homme de cocu, d'excommunié, d'homme fans honneur, qui font leurs injures les plus ordinaires, on les raccommode fur le champ, & on les voit rarement fe fraper, quelque femblant qu'ils faffent quelquefois de tirer leurs poignards. Enfin les Bedouins ne s'enyvrent jamais; ils ne jouent que pour paffer le tems & ne jouent jamais d'argent; ils fe traitent avec respect & avec civilité, ainsi ils font toujours bons amis, & ils vivent ensemble avec une grande union. Il n'y a parmi eux que la haine du fang qui foit irréconciliable; & fi un homme en a tué un autre, l'amitié eft rompue entre leurs familles & toute leur postérité; elles n'ont plus de communication ensemble, plus de commerce, ni d'alliance; fi elles fe trouvent dans quelque intérêt commun, ou s'il y a quelque mariage à propofer, on répond honnêtement, vous favez qu'il y a du fang entre nous, cela ne fe peut pas; nous avons notre bonneur à conserver. Ils ne pardonnent pas là-deffus, jusqu'à ce qu'ils fe foient vengés; mais ils ne fe preffent pas, ils attendent leur tems & l'occafion de le faire bien à propos. En un mot, malgré la prévention, les Bedouins ne font pas naturellement cruels, & il eft rare que les princes de cette nation fasfent mourir quelqu'un.

Ceux qui n'ont vu les Arabes que fur les grands chemins, & qui ne les connoiffent que par leurs rapines, auront de la peine fans doute à s'imaginer qu'il y ait de la bonne foi & de l'hospitalité chez eux; mais ils ne trouveront pas fi étrange qu'ils faffent des courfes fur les paffans, s'ils confiderent que c'est le partage qui échut à leur origine, & qu'ils fe contentent de prendre les biens & les hardes fans faire aucun outrage aux gens qu'ils dépouillent, à moins qu'ils n'ayent été bleffés par ceux qu'ils ont attaqués; car alors ils ne pardonnent pas le fang, & ils tuent tous ceux qu'ils peuvent attraper. Mais quand on va chez eux de bonne foi, on y remarque des chofes qui peuvent faire honte aux nations de l'Europe, où l'on ne peut vivre qu'à force d'argent. Il n'en eft pas de même chez les Arabes: un étranger n'est pas plutôt arrivé à leur camp, qu'on le reçoit fous une tente; un Bedouin ne peut lui donner qu'une nate pour s'affeoir & pour fe coucher, parce qu'ils n'ont point de meubles plus précieux, à moins que fa qualité ou la confidération qu'on aura pour fa perfonne, n'oblige l'émir, ou quelque cheikh à lui envoyer des matelas, des couffins & des couvertures; mais il ne lui manque rien pour l'accueil & pour la bonne chere. Il eft entierement défrayé; fes valets, fon équipage font traités avec le même foin, fans qu'il lui en coute autre chofe qu'un Dieu vous le rende, lorsqu'il prend congé pour se remettre en chemin. Ils commencent à recevoir l'étranger par plufieurs complimens réitérés, pour lui témoigner la joie qu'ils ont de fon arrivée; ils lui demandent de tems en tems l'état de fa fanté, & après qu'ils l'ont fait affeoir, on lui apporte à manger. On lui fert du caffé, & enfuite on lui préfente du tabac. Ils l'entretiennent le plus agréablement qu'ils peuvent, tandis que les femmes préparent les viandes pour le régal, & que d'autres gens prennent foin d'accommoder les chevaux, de ranger le bagage, & de pourvoir de toutes les chofes dont' lui, fa compagnie, & fes domeftiques peuvent avoir befoin. On vient enfuite à manger; chacun prend fa place autour des jattes pleines de riz, de , potage & de viandes qu'ils ont accommodées à leur

Les Bedouins ont tant de respect pour la barbe, qu'ils la confiderent comme un ornement facré que Dieu leur a donné pour les distinguer des femmes : ils ne fe la rafent jamais, & la laiffent croître dès leur premiere jeunesse. Il n'y a point auffi de marque d'infamie plus grande que celle de la rafer. C'est même un point effentiel de leur religion, parce que Mahomet ne l'avoit jamais rafée & c'eft auffi une marque d'autorité & de liberté parmi eux, auffi bien que parmi les Turcs. Les Perfans qui la

rognent & la rafent par deffus la machoite font reputés hérétiques. Les femmes baifent la barbe de leurs maris, & les enfans à leurs peres, quand ils viennent les faluer les hommes fe la baifent réciproquement, & des deux côtés, lorsqu'ils fe faluent en fe rencontrant, ou qu'ils arrivent de quelque voyage. Ces bailers font réitérés de tems en tems parmi les complimens qu'ils le font les uns aux autres.

Il n'y a ni avocats ni greffiers parmi les Bedouins; l'émir régle fouverainement les différens fur la dépofition des parties & des témoins, quand ils n'ont point de papiers, le tout verbalement & fans rien écrire. Son jugement eft exécuté fur le champ; & quand il a une fois ordonné quelque chofe, il eft obéi fans appel. Un cheikh juge dans les lieux où l'émir n'eft point, mais ce n'est pas en dernier reffort. Ils vont le moins qu'ils peuvent devant l'un & l'autre; ils s'adreffent plutôt au premier venu, ou à plufieurs perfonnes défintéreffées pour juger leurs démêlés : ils plaident doucement & civilement, repréfentant leur droit aux gens qu'ils ont choifis pour leurs juges, fans criailler & fans s'interrompre. Ils s'en tiennent toujours à la décision des arbitres; ils font ce qui leur est ordonné, & demeurent enfuite les meilleurs amis du monde, Comme ils n'ont d'ordinaire aucune poffeffion dans les terres où ils habitent, leur procès ne peuvent guères venir que du commerce qu'ils ont enfemble, en vendant, en achetant, ou en troquant leur bétail & leurs denrées. Ils obfervent cette formalité finguliere de mettre une poignée de terre fur ce qu'ils échangent, & ils difent devant les témoins: Nous donnons terre pour terre; alors ils ne peuvent plus rompre le marché, ni fe faire de procès là-deffus. Ils en mettent ainfi fur les chevaux, fur les bœufs, fur les moutons, & fur les autres animaux, pour n'être plus sujets à aucune garantie.

Il n'y a point de Bedouin,quelque miférable qu'il foit, qui n'ait des chevaux. Les Arabes fe pafferoient plutôt des chofes les plus néceffaires que de monture pour aller à leurs affaires,pour chercher fortune fur les grands chemins, & pour s'échaper de leurs ennemis. Ils montent ordinairement les cavales, comme plus propres au métier qu'ils font : l'expérience leur a appris qu'elles réfiftent mieux à la fatigue, à la faim & à la foif que les chevaux ; elles font plus douces, moins vicieufes, & leur rapportent tous les ans un poulain, qu'ils vendent d'abord, ou ils le nourriffent, s'il eft beau & de bonne race, pour en faire de l'argent, quand il est en état d'être monté : leurs cavales ne henniffent point, ce qui leur est fort commode dans les embuscades qu'ils font pour furprendre les paffans, & ils les accoutument fi bien à être ensemble, qu'elles demeurent quelquefois un jour entier & en grand nombre, s'en s'incommoder les unes les autres.

Le commun des Arabes ne fe foucie pas de fa généalogie, pourvu qu'ils connoiffent leurs peres & leurs grands-peres, c'est assez ; ils ne favent pas ordinairement le nom de leurs prédéceffeurs ni de leurs familles, mais ils font très-curieux de celle de leurs chevaux. Il y en a qu'ils appellent Kehhilan, qui font nobles, d'autres Aatiq, qui font d'ancienne race & mesalliés; après ceuxlà vient la derniere espece nommée Guidich, comme nous dirions un cheval de charge. On a ceux-ci à fort bon marché, les feconds font plus chers; on les vend pourtant au hazard fans prouver leur race. Ceux qui s'y connoiffent en trouvent d'auffi bons & d'auffi beaux que de la premiere forte, & dont ils ne font pas moins de cas; ils ne font jamais couvrir leurs cavales du premier rang, que par un étalon de la même qualité; ils connoiffent par une longue habitude toutes les races des chevaux qui font parmi eux & chez leurs voifins. Ils favent le nom, le furnom, le poil & les marques de tous les chevaux & de toutes les cavales en particulier; & quand ils n'ont pas chez eux des chevaux nobles, ils en empruntent de leurs voisins, moyennant quelque argent pour couvrir leurs cavales, & cela en préfence de témoins qui en donnent une atteftation fcellée & fignée par-devant le fecrétaire de l'émir ou quelqu'autre perfonne publique, ou toute la génération avec le nom de ces animaux eft rapportée dans les formes. On appelle encore des témoins quand la cavale a pouli

né, & on fait une autre atteftation, dans laquelle eft contenu le fexe, la figure, le poil, les marques du poulain, & le tems de fa naiffance, qu'ils donnent à celui qui l'achete. Ces billets donnent le prix aux chevaux & on les vend cherement. Il y en a beaucoup de mille écus, de douze cens, de feize cens, & de deux mille, Les Bedouins font naturellement fecs & robuftes, d'une complexion froide & un pen mélancolique, le froid & le chaud auxquels ils s'accoutument dès leur jeu nefse, l'incommodité de coucher fur la dure, & tant d'autres fatigues qu'ils ont dans leurs camps & dans leurs voyages leur rendent le corps fi endurci aux travaux, que rien ne fauroit plus les incommoder. Ils appliquent le feu fur la tête, fur les autres parties du corps où ils fentent quelque douleur avec une petite mêche de coton, laquelle brûlant peu-à-peu communique sa chaleur à la partie affligée, & en approchant enfin de la chair la cauterife d'une maniere que la cicatrice y demeure toujours. Ils aimeroient mieux mourir que de prendre des lavemens, ce qu'ils regardent comme une indécence infupportable. Ils n'ont point d'apothicaires pour leur compofer des medecines, ni de medecins pour les ordonner, & ils fouffrent patiemment leurs maux, & ne fe fervent point d'autres remedes que de ceux qui leur font propofés par certaines femmes qui ont des fecrets particuliers dont elles font ufage pour toutes fortes d'infirmités. Ils ont de la foi pour certains caracteres que leurs gens de lettres leur font avaler, auffr bien que pour d'autres qu'ils portent pendus au col. Les princeffes & les autres dames Arabes font belles, bien faites & fort blanches, parce qu'elles font toujours à couvert du foleil. Mais les femmes du commun font extrêmement hâlées, outre la couleur brune & bafanée qu'elles ont naturellement.

BEDOUSE, c'eft, felon Corneille, une riviere de France. Elle vient des Pyrenées, & après avoir passé le long des frontieres de Guyenne, elle mêle fes caux avec celles de Géves. Il cite un Atlas à fon ordinaire. Celui de Blaeu porte BIDOUZE. Voyez ce mot où cet article eft rectifié.

BEDRIAC, Bebriacum; il y a peu de noms qui ayent été écrits avec une plus grande variété d'orthographe. Plutarque, in Otton, dit Buтpianov, BETRIACON; Suetone, In Otton. 9. Vitell, 10. 15. Vespaf. & 5. &c. dit auffi BETRIACUM, felon les meilleurs manufcrits, au rapport de Cafaubon & de Gravius. Il ne le dit pas pour une fois; ce nom fe retrouve en plufieurs occafions. S. Jerôme, dans fa chronique, dic VETRIACUM. Joseph, l. 4. c. 33. dans fon hiftoire des Juifs, dit opnydianov, ce qui eft une faute; mais une faute qui prouve qu'il faut lire Bedriacum,car leg elt superflu, l'r eft transpofée, le o a pu facilement fe confondre avec le b, & alors il refte Bedriacun. Tacite Hift. 1. 2. c. 23. dit Bedriacum, & dit que c'étoit un village entre Verone & Cremone; Plutarque, à l'endroit cité, dit que c'étoit une bourgade voisine de Cremone, & Dion Casfius parlant du combat de Bedriac, dit le combat de Cremone, parce que Bedriac étoit plus près de Cremone que de Verone. Voyez auffi Xiphilin, in Otton. Mais Aurelius Victor dit qu'Otton fut mis en déroute à la bataille de Verone ;, en quoi il s'écarte du vrai lieu. Car Tacite, Hift. I. 2. c. 39. & 40. marque expreffément où étoit le champ de bataille par ces paroles: On jugea à propos d'avancer l'armée jusqu'à quatre milles de Bedriac. . . . . Le confluent de l'Adda & du Pô est à feize milles de là. Pline, l. 10. c. 49. dit Bebriacenfia bella, les guerres civiles de Bebriac. C'est peut-être à fon imitation qu'Eutrope dit apud Bebriacum, en parlant de la défaite de l'empereur Otton. On peut conclure du paffage de Tacite rapporté, que Bedriac étoit en allant de Cremone à Verone, à vingt milles romains du confluent de l'Adda & du Pô, c'est-à-dire à feize milles italiens communs de foixante au degré. Ainfi ce ne fauroit être Canetto qui eft à vingt-fix de ces mêmes milles de ce confluent, où les distances des cartes de Magin font fauffes.

BEDUNESIENS (les), ́peuple ancien de l'Espagne Tarragonoife, felon Ptolomée, qui ne leur donne que la feule ville de BEDUNIA, de laquelle ils prenoient fans doute leur nom.

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BEDUNIA, ville du peuple nommé Bedunefiens, dans l'Espagne Tarragonoife. Antonin met fur la route d'Aftorga à Sarragoce BETUNIA, à vingt mille pas de la premiere, & il compte vingt autres mille pas à Brige cum dans une feconde route il ne nomme point Betania, mais il met quarante mille pas d'Aftorga à Brigecum, ce qui revient au même : quelques-uns croient que c'eft préfentement le village de NORENA, dans Afturie d'Oviédo.

BEECKEWOORT, commenderie dans les Pays-: Bas, à une grande lieue de Dieft, en Brabant. * Dictionnaire Géographique des Pays-bas.

BEEKE, petite riviere des Pays-Bas, en Brabant, Elle a fa fource au pays de Liége, paffe à Avernas, d. à Montenaken, d. à Landen, à Runsdorp, g. à Neer landen, g. à Dormael, d. à Halle, d. & à Leewe, où elle fe perd dans la Gheete. * Dictionnaire Géographique des Pays-Bas.

BEELMAUS, &

qu'en partie en cet endroit, & prend en partie d'autres routes, d'autant plus difficiles à connoître, que tout le pays eft plein de canaux qui aboutiffent de tems en tems à des lacs qui leur fervent de décharge; & de plus ceux qui connoiffent la Nord-Hollande peuvent dire ce qu'elle feroit bientôt, fans ce grand nombre d'éclufes, de digues & de moulins qui fervent les unes à retenir les eaux que l'ont veut empêcher de fe répandre, & de fubmerger le pays, les autres à vuider les eaux qui s'amaffent trop abondamment dans les canaux. Le Beemfter, dans l'état où il est aujourd'hui, eft divifé en quatre, Polders. On appelle Polder, un lieu autrefois inondé, & que l'on a regagné fur l'eau, en le faignant par des canaux. Le plus méridional eft nommé le Polder fupérieur du comté (Graeflyckheyds Boven Polder) le plus occidental eft nommé le Polder mitoyen du comté (Graefly ckheyds Middel Polder,) le plus oriental eft appelle le Polder d'Arenberg ( Arenbersche Polder ;) & celui qui eft entre ces deux derniers,eft nommé le Polder inférieur du comté (Graeflyckheyds Onder Polder.) Ce pays eft partagé en grands carrés par des canaux en droite ligne, tant dans fa longueur que dans fa largeur. Le plus long de ces canaux dans fa longueur eft de deux mille cinq cens quatre vingt toifes du Rhin. Le plus long dans fa largeur eft de deux mille quarante toifes du Rhin; mais les digues qui renferment le Beemster & qui vraisemblablement ont été tirées fur la trace du rivage de l'ancien lac, font d'une figure qui n'eft rien moins que réguliere. Le pays qu'elles enferment confifte en d'excellens pâturages. Il n'y a ni ville, ni bourg, ni village: c'eft proprement tout un village, dont les maifons & les métairies font disperfées le long des canaux & des chemins qu'on y a pratiqués. * Mémoires communiqués.

BEELMEON, Voyez BAAL-MAON. BEEL-SEPHON. Les Hébreux étant fortis de l'Egypre, après trois jours de marche, arriverent à BeelSephon, où ils pafferent la mer. Exod. c. 14. v. 2. & 9. D. Calmer conclut de là, que Beel-Sephon étoit donc près de Clisma, ou Colfum; car; dit-il, c'est là que les anciens nous difent que les Hébreux pafferent la mer Rouge. On peut voir fa differtation fur le paffage de cette mer, devant l'Exode, p. 40. & le fupplément, P. 54. On croit, ajoute-t-il, que Séphon ou Zephon étoit une divinité Egyptienne, qui donnoit le nom à la ville de Beel-Sephon, mais on ne fait précisément qui étoit cette divinité. Sephon en hébreu fignifie le Septentrion, ou le Caché. Adonis à l'égard des Egyptiens étoit le dieu du feptentrion, puisqu'il avoit été tué dans le Mont Liban, & qu'on l'adoroit principalement à Byblos, dans la Phénicie. Il étoit auffi le dieu Caché, & les Egyptiens l'appelloient Tammuz, qui fignifie Caché; parce que dans fes myfteres on le tenoit enfermé comme un mort dans un cercueil, & qu'enfuite on feignoit qu'il étoit reffuscité; ou parce que l'on difoit qu'il pas foit fix mois fur la terre avec Venus, & fix mois dans les enfers avec Proferpine. Les Rabbins difent que BeelSephon étoit une idole ou figure conftellée, placée en cet endroit par Pharaon, afin d'arrêter les Hébreux, & les empêcher de fortir. Il y en a qui lui donnent une figure de chien. * Ezechiel, c. 8. v. 14. Voyez auffi Saint Jerôme fur ce paffage. Voyez le Scholiafte de Théocrite. BEEMSTER (le), grand marais defléché, & canton particulier des Provinces Unies, dans la partie feptentrionale de la Hollande, au nord de la ville de Purmerend. Le fameux diplome de Thierri V, comte de Hollande, daté de l'année 1083, nomme la Riviere de BAMESTRA. Stokius, In Dider. 11. dit que Bemfter étoit le plus grand lac de Westfrise. Voilà les preuves de l'origine de ce lieu une riviere forma un lac, & ce lac couvroit une étendue de terre, que l'on trouva moyen de deffécher, & dont on a fait d'excellentes prairies, entrecoupées de canaux. Peut-être me contestera-t-on l'existence de cette riviere, comme on m'a nié celle de la riviere de Purmer, fous prétexte qu'il n'y en a point aujourd'hui qui foit fenfible. Mais outre le témoignage que je viens de rapporter, & celui du docte Alting qui me l'a fourni, il faut remarquer que l'induftrie hollandoife a entierement changé la furface du pays; telle riviere a été connue lorsque, coulant dans fon lit, elle étoit refferrée entre fes bords. Son embouchure venant avec le tems à fe combler de vase, de limon & du fable de la mer, & même par les digues, elle a formé un lac, où la fource de la riviere fe trouve couverte, & n'eft plus fenfible. Les terres & le fumier que l'on y apporte pour combler le lac, achevent de déguifer la riviere, qui alors fe perdant infenfiblement dans les canaux, dont ces prairies font entrecoupées, & comme ifolées, ne laiffe pas de couler, quoique par des voies plus cachées. Mais, dira-t-on, fi ces canaux font groffis par des rivieres, ils doivent en peu de tems regorger & caufer une nouvelle inondation. Je réponds premierement, que toutes les rivieres ne font pas le Rhin, l'Elbe ou le Pô; il y en a de petites. D'ailleurs lors que leur fource eft accablée de terre, l'eau ne coule plus

BEER ou BEERA; ce mot fignifie un puits en hébreu, & eft commun à plusieurs lieux, dont il est parlé dans l'ancien testament.

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BEER, ville de la Palestine, à quatre lieues de Jé-, rufalem, tirant vers le Sichem ou Naploufe. C'est apparemment, dit D. Calmet, en cet endroit que fe retira Joatham, fils de Gedeon, de peur de tomber entre les mains de fon frere Abimelech, Judic. c. 9. v. 21. Maundrell, Voyage.

BEER-ELIM, pureus Elim, c'est-à-dire, le puits des Princes, apparemment le même dont il eft parlé au livre des Nombres, fous le nom de puits des Princes BEERSARIM. * Ifaie, c. 15. v. 8.

BEEROTH, felon D. Calmet, Dit. ville des Ga baonites, dans la Palestine ( Jofué, c. 9. v. 17.) Elle fut enfuite cédée à la tribu de Benjamin. Eufebe dit que Beeroth eft fituée à fept milles de Jérufalem, tirant vers Nicopolis. Saint Jerôme, au lieu de Nicopolis, lit Néapolis, qui est Naplouse. Reland, Palast. l. 3. p. 618. préfere la leçon d'Eusebe.

BEERSABE, puits du Jurement, ou le puits des Sept. Voyez Bersabe'e.

BEESTERA; c'est le même que BOSTRA OU BOZRA. Voyez BOSTRA.

BEFORT, ville de l'Allemagne Françoife, dans le Sundgow propre, dont elle eft la capitale. Elle est située au pied d'une montagne, à quatre lieues de Montbeliard; c'est un grand paffage, & très-fûr pour aller en Franche-Comté : c'étoit un boulevard du pays, & on l'eftimoit une place importante par fa fituation, même avant qu'elle fût dans l'état où elle est préfentement. Elle a eu autrefois des comtes particuliers; enfuite elle a appartenu à la maison d'Autriche, qui la céda à la France par le traité de Weftphalie en 1648. Le feu roi Louis XIV, ayant reconnu de quelle conféquence elle étoit pour couvrir les deux Bourgognes, la fit fortifier. Elle eft petite, mais affez forte il n'y a tout aus plus dans la ville que cent maifons, & fept cens habitans. Elle appartient au duc Mazarin: fa figure est pentagonale, & les hauteurs dont cette place eft commandée ont obligé le maréchal de Vauban d'inventer un nouveau fyftême de fortifications. Ce fyftême confifteen Tours qu'il appelloit bastionnées: lesquelles n'ont que la capacité d'une tour, mais font faites en forme, de baftions couverts d'un autre baftion ou contre-garde. Ces bâtimens font coupés de plufieurs grandes traver

fes; pour éviter l'enfilade. Quatre des courtines de cette place font couvertes par autant de demi-lunes, deux desquelles couvrent les portes. La grande enceinte qui enveloppe presque toute la ville depuis les hauteurs, eft entourée d'un foffé plein d'eau, avec fon chemin convert. Dans cette nouvelle enceinte, il y a des rues ti rées au cordeau, & dont les maisons font d'une égale fymmétrie; la vieille ville et au pied de la hauteur. Le château est un affez grand ouvrage, placé fur des hauteurs escarpées, dont les ouvrages ont été réparés par le maréchal de Vauban. Il reste encore de l'ancien bâtiment une muraille fur le bord de la hauteur du côté de la ville, & quelques tours rondes à l'antique ; il y'a une ligne de communication pour la ville, tirée de la pointe du bastion qui eft fur la hauteur, à une des ailes de l'ouvrage à couronne qui enferme le château. Le château & le bastion font entourés d'un foffé, & d'un chemin couvert ; & la porte du fecours, ou de la campagne eft couverte d'une petite demi-lune à flancs. Au-delà du chemin couvert on a avancé un grand ouvrage à corne, felon la méthode du maréchal de Vauban, entouré d'un foffé fec & d'un chemin couvert. Sur une hauteur oppofée au château, & de l'autre côté de la ville, on a élevé un grand ouvrage à corne irrégulier, conftruit par reffaurs pratiqués, à caufe du commandement fur lequel il eft conftruit. Son front elt couvert d'une demi-lune, & le tout enveloppé d'un foffé & d'un chemin couvert. Cette ville eft environ à quatre lieues de Ferrette à l'occident, en tirant vers la ville de Mont beliard, dont elle n'est qu'à trois lieues. Voyez la copie d'un manufcrit à la fin de ce Dictionnaire, Bau* drand, éd. 1705. Longuerue, Defcription de la France, part. 2. p. 244. Piganiol de la Force, Defc. de la France, t. 6. p. 347. & feq.

LE BAILLIAGE DE BEFORT eft fur les confins des états de Montbeliard & de Porentru, & eft voifin de la Franche-Comté.

BEFROY, forte de tour affez haute, fur laquelle il y a une ou plufieurs fentinelles, afin d'avertir lorsqu'ils voient de loin venir plufieurs homines par les avenues de la ville, ou du bourg, pour éviter d'être fupris par les partis, ou lorsqu'ils voient l'apparence de quelque incendie. Dans le Befroy eft une cloche particuliere que l'on fonne en cas d'allarme; ce qui répond à ce qu'on appelle en quelques endroits fonner le tocfin. Dans les places de Flandres, lorsqu'il n'y a point de Befroy particulier, la principale tour de l'églife fert à cet ufage.

BEG. Voyez BEGH.

BEG-ERI, petite ifle d'Irlande, près de la ville de Wexfort, dans le petit golfe que forme la riviere de Slany à fon embouchure. On doute fi c'eft cette ifle, ou celle de Bardfey, qui eft préfentement l'Andros, Edros ou Hedros des anciens. Voyez les articles ANDROS 3. EDROS, & BARDESEY. * Baudrand, éd. 1705. BEGANNA, ville de l'Arabie Déferte, felon Prolomée, l. 5. c. 19. Ses interpretes lifent RHEGANNA. Elle étoit voifine de la Méfopotamie.

BEGARD, abbaye de France, en Bretagne, au dio cèfe de Treguier. Elle eft de l'ordre de Cîteaux, de la filiation de celle de l'Aumône, & fut fondée dans le quatorziéme fiécle, par Etienne III, comte de Pinthiévre, & Avoife de Guingham, fa femme. Elle eft à cinq lieues de Treguier, du côté du midi. * Piganiol de la Force, Defcript. de la France, t. 4. p. 299. Baudrand.

BEGARRA. Voyez aux mots BIGERRIONES & BI GORRE. Maty ne dit point ce que Corneille lui attribue." BEGASAR, ou plutôt BEGBASAR, OU BEYBAZAR. Baudrand dit, BEGAZAR, perite ville de la Turquie d'Afie, dans la Natolie & dans la province de Becfangil, fur la riviere de Sangari ( ou Sacari) elle a été autrefois affez peuplée & avoit un évêché; mais depuis qu'elle eft aux Turcs elle eft fort déchue & presque réduite en village. C'est fans doute la même que BECBAZAR, BEGBASAR, BEYBAZAR, BEBASAR & BABASAR; car fi l'on en excepte les deux detmeres orthographes, qui font des Européens, ce nom peut également venir de Bec ou Bey, qui veut dire Seigneur & de Bazar, qui fignifie marché. Paul Lucas, dans fon Voya

ge de l'Àfie Mineure, t. 1. p. 106. dit formeilement qu'il s'y tient un grand bazar tous les famedis. Cette ville, dit-il, n'est pas desagréable. Elle est bâtie für de petites montagnes, ce qui de loin la fait paroître beau coup plus considérable qu'elle n'eft. Les habitans me parurent bonnes gens. Tournefort, Voyage du Levant, t. 2. p. 186. la décrit ainfi: Beybazar eft une petitė ville bâtie fur trois collines, a peu près égales, dans une vallée affez refferrée. Les maifons font à deux éta ges, couvertes affez proprement avec des planches : mais il faut toujours monter ou descendre. Le ruiffeau de Beybazar se jette dans l'Aiala, après avoir fait moudre quelques moulins & porté la fertilité dans plufieurs campagnes, partagées en fruitiers & en potagers. C'est de là que viennent les excellentes poires que l'on vend à Conftantinople, fous le nom de poires d'Angora mais elles font fort tardives. Tout ce quartier eft fee & pelé, excepté les fruitiers. Les chevres n'y broutent que des brins d'herbe, & c'est peut être, comme rea marque Busbeque, ce qui contribue à conferver la beau té de leur toifon, qui fe perd quand elles changent de climat & de pâturage. Les bergers de Beybazar & d'Angora ont foin de les peigner fouvent & de les laver dans les ruiffeaux. Ce pays, pourfuit de Tournefort, me fait fouvenir de la terre fans bois, dont parle Tite-Lives . 38. c. 18. laquelle ne devoit pas être éloignée de Beybazar, puisque le fleuve Sangaris y rouloit ses eaux. On n'y brûloit que de la bouze de vache, comme l'on fait en plufieurs endroits de l'Afie. Ces paroles de Tour nefort font juger que Beybazar eft bien dans le voifi nage du Sacari, le Sangaris des anciens; mais qu'elle n'eft pas fur cette riviere, comme le dit Baudrand. Elle eft fur un ruiffeau qui y tombe. Car l'Aiala, Aiala, Zacarat, Sacari & Sangaris, font des noms de la même riviere.

BEGER. Voyez BEJAR.
BEGERI. V
yez BEC-ERI.
BEGERITANI &

BEGERRI. Vyez BIGERRIONES.
BEGESELITANA &

BEGOTSELITANA, fiége épiscopal d'Afrique,qu'oc+ cupoit Rheginus, dont il eit fait mention au concile de Carthage, felon Ortelius, Thefaur. Un autre exemplaire portoit Rheginus Baget Seliana regionis, au lieu de quoi les commentaires de Balfamon fur ce concile, veulent qu'on life Seletiana. On ne doute presque plus que ce fiége ne foit le même que Vegefelitana plebs, dont il eft fait mention dans la conférence de Cartha ge, p. 270. ed. Dupin. Le P. Charles de Saint Paul, Geogr. Sacr. p. 96. met bien Vegefela pour un des fiéges de la Numidie; mais il n'a pas remarqué qu'il y en avoit encore un autre de même nom dans la Bi facéne Voyez VEGESELA.

BEGGIE, ville d'Afrique, fur la côte de Barbarie, au royaume de Tunis. Elle eft ancienne & fituée fur la pente d'une montagne, au grand chemin de Conftan-tine, à huit lieues de la côte & à trente-quatre de Tunis du côté de l'occident. Aben-el-Raquic, hiftorien. Arabe, rapporte que les Romains bâtirent cette ville en un lieu où il y en avoit une autrefois, que cela fut caufe qu'on la nomma vieille ville, & que, le nom s'éz tant corrompu enfuite, on l'a appellée Beggie. Elle eft fermée de murs élevés & fort anciens & a fur le haut un vieux château qui la commande; mais Hamida ̧ rof de Tunis, en fit faire un autre vis-à-vis de celui-là avec de l'artillerie, un gouverneur & une garnifon, pour tenir les habitans dans le respect. Cette place eft une des plus riches de l'Afrique en bleds, parce qu'elle a une grande contrée qui en foifonne, & qui en pouf voit Tunis & tout le voifinage. Ce qui fait dire ordinairement à ceux de Tunis que s'il y avoit encore unë ville comme celle-là, le bled feroit auffi commun que le fable. Les habitans néanmoins font pauvres. * Marmol, t. 2. I. 6. c. 31.

BEGH, BEC, BEG ou Bty. D'Herbelot, dans fa Bi* bliotheque orientale, dit que Beg, que l'on écrit auf BEK, & que l'on prononce fouvent BEY,eft un mot ture, qui fignifie proprement Seigneur ; mais on l'applique en par ticulier à un feigneur de banniere que l'on appelle auffi dans la même langue Sangiakbeghi ou Bey. Sangiae qui

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dan Bacha. Ricaut traduit par Befpier écrit Capoutan. Nous l'appellons ordinairement le Capitan Bacha. Je donne à l'article de Turquie une table de ces Beglerbegs avec les Sangiacs, qui dépendent de chacun d'eux. Le gouvernement d'un Beglerbeg eft nommé BEGLERBEGLIC OU BEGLIERBEGLIC.

BEGIS, ville des Tralliens, felon Etienne le géographe, qui écrit Bays. Le même auteur, in voce Boλepos, parlant de Boluros, dit: ville de l'Illyrie. Elle eft aux Tralliens, car Begis & Boluros font partie de l'Illyrie.

BEGORRITES, lac de la Macédoine, felon TiteLive, l. 42. c. 53. Il n'étoit pas loin de l'Elimée ni du fleuve Aliacmon.

BEGRAS, ville de la Turquie, en Afie, en Syrie au pied du mont Noir, entre Alexandrette & Antioche. Elle est à demi déferte, felon quelques relations modernes. Voyez PAGRÆ.

BEGUE (le), village de l'Ifle Espagnole, bâti des ruines de la ville de la Conception de la Vega, & à deux lieues de l'endroit où étoit cette ville, autrefois épiscopale & très-floriffante, &c. Begue eft une corruption de la Bega.

fignifie banniere & étendard chez les Turcs, eft la mat
que de celui qui commande dans un lieu confidéra-
ble de quelque province. Il est le chef d'un certain nom-
bre de fpahis ou cavaliers entretenus d'une province
auxquels on donne auffi le nom de Timariotes, à caufe
des Timars, ou commandes, qu'ils poffedent. Toutes
des provinces de l'empire turc font divifées en plufieurs
de ces fangiacs ou bannieres, & chacun de ceux qui
en font pourvus, fe qualifie Begh ou Sangiake Beghi,
& comme tous ces feigneurs obéiffent dans chaque
province à un gouverneur général, ce gouverneur porte
le titre de Beghilen-Beghi ou Beyler-Bey, qui fignifie
feigneur des feigneurs ou des beys de toute la province.
Les beys en un mot font à peu près ce qu'étoient au-
trefois en France les chevaliers bannerets, qui com-
mandoient la noblesse dépendante de leurs bannieres,
lorsqu'il falloit aller à la guerre. L'hiftorien François
de Timur Lenc ou Timur le Boiteux, que nos Euro-
péens ont nommé mal à propos Tamerlan, le nomme
Timur-Beck, c'est-à-dire le Seigneur Timur. Befpier,
très-verfé dans les connoiffances orientales, fe déclare
pour Beg dans fes favantes notes fur la traduction de
l'état de l'empire Ottoman, par Ricaut, t. 1. p. 11.
Je joindrai ici fa remarque. Beg en turc fignifie Seigneur,
& s'écrit Beg & quelquefois Beig, fur quoi il n'eft pas
hors de propos de remarquer que Vigenere, dans fes.
illuftrations fur Chalcondyle, diftingue mal à propos
entre Beg & Bey, comme fi By étoit beaucoup plus
honorable que Beg. Mais c'est la même chofe écrite
diversement en notre langue. Minardoi, dans fon in-
dice fur l'histoire de la guerre des Turcs & des Per-
fes, remarque plus à propos que Bey, Beg ou Bech,
comme il écrit, font une même chofe. Voici fes mots:
Bey voce Turchefca detta enco Bech, da noi Capo &
Signore. Il faut donc prononcer & écrire par tout Beg,
pour fuivre l'écriture & la prononciation des Turcs,
& le même dans les noms compofés, comme Begler-
beg, feigneur des feigneurs, Sangiac-beg, feigneur
d'un fangiac ou d'une province, Haffam-beg, le fei-
gneur ou le prince Haan, Tomom-beg, le feigneur
parfait. Vigenere écrit ces deux noms Aflambey & To-
mombey, dont le premier eft le nom d'un roi de Perfe,
& l'autre celui du dernier fouldan d'Egypte. Il prétend
que cette écriture & cette prononciation eft chofe trop
plus Seigneuriale que fi l'on difoit Affambeg & Tomombeg,
& ayant toute telle différence que du prince fouverain
aux Seigneurs, qui font fous lui, ou de monfeigneur à
fieur. Je ne fais, continue Befpier, d'où il a pris cela;
mais je penfe qu'il fe trompe, & qu'il n'y a nulle dif-
férence entre Affambey & Affam-beg, à l'égard de la
fignification. Je remarquerai en paffant qu'Affambeg
ou plutôt Hassan-beg, eft le même que la plupart des
historiens appellent Ufum Caffan, où le nom Caffan
eft écrit pour Haffan, qui étoit fon véritable nom.
Le mot d'Ufum eft une épithete, & fignifie long ou
grand: ainfi Ufum-Caffan ou Hafan eft Haffan le
long ou le grand. Oléarius appelle ce roi Haffan Pad-
fchach, & ajoute qu'il fut furnommé Ufum Caffan,
c'est-à-dire le Grand Seigneur, & qu'il étoit de la fa-
mille des Affimbeïs. Il y a de l'apparence qu'il fe trom-
pe en diftinguant Caffan de Haffan, & en faifant As-
fambey au Affimbey, ( comme il est écrit dans la ver-
fion françoise de fon voyage de Perfe) un nom de
famille, au lieu que c'est le nom propre de ce prince
mal écrit pour Haffan-beg, qui, comme on l'a déja dit,
fignifie le prince ou le feigneur Haffan, comme Haș-
fan Padfchach, fignifie le roi Haffan. Begler eft le
plurier de Beg & fignifie Seigneurs; il eft indifférent
pour la fignification qu'on trouve écrir Beglerbeg ou
Beglerbey; cela revient au même. Les Beglerbegs font
appellés Bachas. D'Herbelor, dans fa Bibliotheque
orientale, écrit Beghiler-Beghi ou Beyler-Bey. Il ajoute,
fous le regne d'Amurath III, il n'y avoit en Europe
que

BEHAT, riviere d'Afie, dans l'Indouftan. Elle a fa fource auprès de Caboul, capitale du Cabuleftan, d'où après avoir coulé un peu vers le nord, puis vers l'orient, elle fe recourbe vers le midi oriental, traversant la province de Haiacan, & va fe perdre dans l'Indus, dans le Moultan, un peu au deffus de la ville de Moultan. On l'appelle auffi Cow, felon de l'Ifle, Cartes des Indes. Ce ne peut être l'Arachotis de Ptolomée, comme le croit Davity, cité par Corneille. Car il en met la fource dans le Zablestan, où n'eft pas celle du Behat.

fix de ces gouverneurs ou lieutenans généraux des provinces, foixante & dix en Afie, du nombre des quels étoit celui d'Egypte, & celui de la mer, & trois feulement en Afrique. Tous ces gouverneurs en général portent le titre de bacha. Ceux de Bude & d'Egypte ont celui de Vifir, le bacha de la mer, qui fait fa réfidence à Gallipoli, porte le titre particulier de Capu

BEHBEHAN, ville de Perfe, dans la province de Fars. Les géographes du pays lui donnent 86. d. 25 min. de longitude, & 30 d. de latitude. * Hift. de TimurBeck, t. 2. p. 185.

BEHETHELIM, petite ville dont Guillaume de Tyr fait mention, & qu'Ortelius, Thefaur, croit avoir été quelque part vers la Méfopotamie.

BEJA ou BEXA, Beja, Bexa, Baxa, & anciennement Pax Julia, ville de Portugal, dans la province de l'Alentejo. Elle eft affez grande & affez forte, avec titre de duché, à deux lieues feulement de la Guadiana, au couchant, en allant vers la côte de l'Océan Atlantique, dont elle est à onze lieues, & à neuf d'Evora. Le nom de Bexa que les Portugais prononcent, comme nous prononçons la derniere fyllabe de mangea, ce qui a donné lieu d'écrire Béja, ne s'éloigne pas beaucoup du mot Pax, & comme je l'ai déjà remarqué, on tient que cette ville tient la place de l'ancienne colonie tomaine, nommée Pax Julia ou Pax Augufta. Les antiquités qu'on y voit,ne confiftent plus préfentement que dans les ruines d'un aqueduc, dans les refles de quelques infcriptions, &c. Voyez au mot PAX. Le territoire de la ville eft affez fertile. Il y a tout proche de là un lac que l'on nomme le lac de BEXA, qui porte certains poiffons noirâtres très-excellens,qu'on nomme Turtures: ce lac préfage la pluie & la tempête, par un grand bruit qui s'y fait, & qui, pareil au mugiffement d'un taureau, fe fait entendre à dix-huit milles. * Cor. Dict. Le Quien de la Neuville, Hift. de Portugal.

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1. BEJAR, BIAR, OU BUAR, village d'Espagne, au royaume de Murcie, fur les confins au royaume de Valence, entre la ville d'Origuela & celle de Nativa. On le prend pour l'ancienne BIGERRA des Baftitans, que d'autres placent à Villena, bourg voifin, parce qu'on y a trouvé des infcriptions où l'on lit le nom de Bigerra, & d'autres encore à Begarra, ou Bogarra, village de la montagne d'Alcaras.

2. BEJAR DE MELENA, ou BEJER, petite ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, vers la côte du détroit de Gibraltar. Elle eft à demi ruinée, entre l'embouchure du Barbato & les ruines de Tarifa, à neuf lieues de Cadix au midi, & autant de Gibraltar à l'occident.

BEIBAL, palais d'Afie, auprès de l'ancienne ville de Ctesiphonte. Il étoit un de ceux qui appartenoient à Cosroès, roi de Perfe, qui furent détruits par Heraclius, comme on voit au livre dix-huit de l'histoire mifcellanée citée par Ortelius.

BEIBAZAR:

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