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deftin. Il n'en excepte que Tanagre & Thespies. Ce paffage de Strabon rectifie l'idée que feroit naître fans lui ce que dit Etienne le géographe, que la Béotie a été anciennement nommée AONIE, MESAPIE, OGYGIE & CADMEÏDE. On voit affez que le nom d'Aonic vient des Aones dont parle Strabon : mais quoique Etienne cite Thucydide, je ne trouve point dans cet auteur qu'il ait parlé de Mefapie. Le nom de Cadméïde vient naturellement de Cadmus. Pour celui d'Ogygie, je doute que nous en ayons une autre autorité que celle d'Etienne, 11 eft vrai que Varron, de Re Ruft. 1. 3. c. 1. dit que la plus ancienne ville que l'on eut bâtie dans la Grece, étoit Thebes en Béotie, & que le roi Ogygès en fut le fondateur ; c'eft apparemment fur quoi eft fondé le nom d'Ogygie, Mais Thebes fut ajoutée à la ville de Cadmée, qui étoit par conféquent plus ancienne. Varron, l. 3. c. 12. parlant du liévre que quelques-uns prétendent avoir été nommé Lepus, à caufe de la legereté de fes pieds (quod levipes effet) ajoute qu'il croit plutôt qu'il vient de quelque ancien mot grec, & apporte en preuve que les Æoles-Béotiens le nommoient auffi Lepus. Ces EOLES-BEOTIENS font faciles à trouver, lorsqu'on fait ce que dit Strabon, que les Béotiens aiderent à Penthile à conduire une colonie Æolique, en y envoyant quantité de leurs gens, de forte que cette colonie fut furnommée Béotienne, BOLTI. Juftin, L. 7. c. 1. dit que la Béotie étoit le nom du pays, & Pelasges, celui de la nation: Populi, Pelasgi; Regio, Boeotia dicebatur ; & ce qui eft furprenant, c'est qu'il le dit de la Macédoine, comme fi la Béotie avoit été le nom de ce pays au commencement de la monarchie; ce qui est bien contraire à ce que dit Strabon, plus croyable fur cette matiere que Juftin. Solin, c. 7. ed. Salmaf. dit: Les Béotiens font les mêmes que l'on a appellé Leleges. C'est par leur pays que coule le fleuve Céphife pour fe rendre à la mer. Cet abréviateur de Pline eft un trifte exemple du peu de fond qu'il y a à faire fur les abrégés. Pline, 7.4. c. 7. dit tout au contraire que c'eft chez les Locres Epicnemidiens, appellés autrefois Leleges, que coule le Céphife. Il eft certain que les Leleges, peuple vagabond, ont été quelque tems dans la Béotie, puis dans la Locride. Voyez LELEGES; mais il n'eft pas moins vrai que Solin parle d'un maniere peu correcte de la Béotie, de l'aveu même de Saumaife, fon commentateur, qui n'a pu s'empêcher de le relever. Le nom de Béotie a plufieurs étymologies différentes, rapportées par Etienne. Quelquesuns difent que Bœotus avoit pour pere Iton, fils d'Amphiction, qui étoit le plus jeune fils de Deucalion & de Pyrrha. Le paffage d'Etienne a des preuves manifeftes de quelque omiffion confidérable, car il met ces mots, Selon lui, par maniere de citation, quoiqu'il n'y ait encore aucun auteur nommé jusque-là dans cet article. Mais, ajoute-t-il, Nicocrate dit qu'il étoit fils de Neptune & d'Arne: fur quoi il cite des vers d'Euphorion, poëte Grec, dont le fens eft que Boeotus naquit d'Arne, avec laquelle Neptune avoit eu commerce, & qu'il eut ce nom, parce que des bergers rapporterent

qu'on l'avoit trouvé expofé fur le fumier des bœufs de fon pere. Euripide a un vers qui dit qu'il fut ainfi nommé, parce qu'on le trouva jetré auprès d'un bœuf. Caftor parle bien du bœuf, mais c'est à l'occafion de Cadmus, à qui il fervit de guide Ovide, Metamorph. 1. 3. v. 10. & feq. dit dans le même fens :

Bos tibi, Phœbus ait, folis occurret in arvis,
Nullum paffa jugum, curvique immunis aratri:
Hac duce carpe vias, & quâ requieverit herbâ,
Mania fac condas, Baotiaque illa vocato.

C'est-à-dire, vous trouverez, dit Apollon, une vache dans un lieu folitaire. Elle n'a point encore porté le joug, ni tiré la charue; fuivez-la, & à l'endroit où vous la verrez se repofer, bâtiffez-y une-ville, que vous appellerez Béotie. Hygin, Fab. 178. raconte la chofe autrement. Cadmus courant le pays arriva à Delphes, où l'oracle lui répondit qu'il devoit acheter des Pâtres, un bœuf, qui eût au côté une tache de la figure de la lune, enfuite le chaffer devant foi, & remarquer l'endroit où le bœuf fe coucheroit. L'oracle ajouta que fa destinée étoit d'y élever une ville & d'y regner, &c. La Béotie, continue l'auteur cité, a été nommée ainsi, à caufe du bœuf que Cadmus avoit eu pour guide. Etienne, dont les paffages d'Ovide & d'Hygin m'ont fait interrompre les remarques, ajoute encore celle-ci, favoir que quelques-uns expliquoient cette étymologie tirée du mot bœuf par la pefanteur d'esprit attribuée aux Béotiens. En effet, ils étoient fort décriés de ce côté-là, & paffoient pour les plus groffiers de toute la Grece. Le ciel d'Athenes eft pur, dit Cicéron, de fato, d'où vient que les habitans de l'Attique font plus fubtils, & ont plus d'esprit que les autres Grecs. Le ciel de Thebes eft groffier; c'eft pourquoi les Thebains font épais & forts. Horace n'en parle pas mieux; car pour marquer le peu de discernement qu'Alexandre avoit pour les ouvrages de bel esprit, il dit, l. 2. Epift. 1. v. 243. que fi on lui en avoit demandé fon fentiment, on l'auroit pris pour un Béotien:

Beotum in craffo jurares aere natum.

Cette groffiereté des Béotiens, dit Dacier, avoit donné lieu aux proverbes Auris Baotia, oreille de Béotie, & fus Baotia, pourceau de Béotie. Pindare, qui étoit Béotien,né àThebes,ne diffimule point ce décri.Il exhorte le maître de la mufique à faire chanter fi bien le chœur, qu'on puiffe connoître qu'il a évité l'ancien réproche qu'on faifoit aux Béotiens, en les appellant pourceaux de Béotie, à caufe de leur ignorance & de leur ftupidité. C'est pourtant une chofe remarquable, que nonobftant ce reproche, la Béotie n'a pas laiffé de produire de grands hommes dans les armes, dans la politique, dans l'hiftoire, & même dans la poëfie, comme je le dirai plus bas. C'eft dans ce pays-là que fe trouvent des lieux où la mythologie place le féjour des Muses.

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Dans le Thisbé, entierement détruite.

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golfe de Sipha, ou Tiphe, aujourd'hui Rofa, felon Sophien.
Corinthe; Creufa, ou Creufie, aujourd'hui Livadia, felon Niger.

Cet auteur fe trompe en cela, comme en mille autres décisions qu'il fait fans fondement. Livadia, comme le remarque Spon, eft corrompu de Lebadia, ancienne ville très-différente de celle-là. Le nom de Livadie eft préfentement celui d'une ville & de toute une grande province, qui repond à l'Etolie, la Doride, la Phocide, la Béorie & l'Attique des anciens. Baudrand dit que la Béotie faifoit une partie confidérable de l'Achaïe. Cela eft vrai, pourvu que l'on diftingue les tems. Corneille dit qu'on la nomme préfentement Stramuzupa. Au refte, il faut ajouter aux lieux fameux de ce canton Pimpla, montagne voifine de l'Hélicon, & confacrée, auffi bien que lui, aux Mufes, qui en ont eu le furnom de Pimplaides, les fontaines d'Aganippe, d'Arethufe, de Dircé, & l'Hippocrene tant célebrée dans les écrits des poëtes. La Béotie étoit séparée de la Theffalie par le mont Oota, .que l'on ne pouvoit franchir de ce côtélà que par le fameux pas des Thermopyles, ainfi nommé à

caufe des fources d'eau chaudes.

BEPARA, petite ville de Thrace, felon Procope, Edif. l. 4. c. 11. qui la met au nombre des forteresses élevées par Juftinien.

BEPYRUS. Mercator, dans fon Ptolomée, place une ville de ce nom à l'orient du Gange, & dit qu'elle s'appelle préfentement Bonpruo. Ortel. Thef. a raifon de dire que Bepyrus eft une ville inconnue à Ptolomée. Cet auteur, l. 7. c. 2. nomme Bepyrrhus une montagne à la quelle il donne huit deg. d'étendue du nord au fud, & fix d'occident en orient.

BER. C'est ainfi que fe trouve écrit en abregé fur les médailles le nom de la ville de Beryte. COL. BER. fur une

médaille d'Hadrien. Col. Jul. Aug. Fel. Ber., c'est-à-dire, Colonia, Julia, Augufta, Felix, du même empes reur & autres médailles qu'explique le pere Hardouin.

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1. BERA, ou plutôt BERRA (Judic. c. 9. v. 21.) Voyez la remarque & l'article BEER. Eufebe met uneville de Bera à huit milles d'Eleutheropolis, vers le feptentrion.

2. BERA, Byrrha, petite riviere de France, au HautLanguedoc; elle fe jette dans le lac de Sigean, entre Perpignan & Narbonne. Ce fut fur les bords de cette riviere que Charles Martel remporta l'an 737, une mémo-, rable victoire fur les Sarafins, qui y perdirent leur roi Atime. * Baudrand, éd. 1705.

BERABÆ, ville de l'Inde, au-delà du Gange, felon Prolomée, l. 7. c. 2.

BERABONA, ville de l'Inde, au-delà du Gange, fe lon le même.

BERACUM, lieu dont il est parlé dans le Code, 1.7.. Tit. 19.

BERAMBE, ville d'Afie, dans la Babylonie, felon Ptolomée, s. c. 20. Son interprete latin lit Birande. BERANENSIUM CIVITAS. Le livre des dignités cité par Ortelius, fait mention de cette ville, dans la Populanie, contrée de l'Aquitaine Cenalis croit que c'eft BIERNE. Ortelius dit que c'eft BENEHARNUM d'Antonin Voyez BENEHARNUM.

BERANGE, riviere de France, au Languedoc. Elle a fa fource au-deffus de Caftries, paffe à Fontmagne, à S. Brez, & fe rend dans l'étang, non de Taur, mais de Perols.

Davity, t. 2. p. 347. de qui cet article eft tiré, dit l'étang de Perols. Taffin, dans fes cartes des côtes de France, dit Perotz: c'est ce que les écrivains d'aujourd'hui nomment l'étang de Perrault.

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BERAR, royaume de l'Indouftan, dans l'empire du Mogol, & en fa partie méridionale, felon Baudrand, edit. 1705. Il a pour confins à l'orient le royaume de Bengale, au feptentrion celui de Molva, & à l'occident celui de Candisch, dans le même empire; mais au midi il est limitrophe du royaume de Golconde, dont il eft féparé par la riviere de Guenga, & fa principale ville eft celle de Sapora. Baudrand diftingue ici le royaume de Golconde de l'empire du Mogol, duquel il fait à préfent partie. La riviere de Ganga, & non pas Guenga, le fépare du royaume d'Orixa; car pour celui de Golconde, il ne va point jusqu'à cette riviere. Le nom de la capitale eft SHAPOUR, dont Saphora eft un déguisement. C'eft presque le feul lieu que nous connoiffons de ce royaume, & je ne le crois pas différent de la ville de Berar dont il eft parlé dans le voyage des Indes par Thevenot, c. 42. p. 211. Ce dernier obferve que ceux qui ont réduit les provinces du Mogol, ont joint à la province de Candisch le Berar, & ce que le Mogol poffede de l'Orixa. Le pere Catrou, dans fon hiftoire du Mogol, nomme cè royaume BARAR en plus d'un endroit. Il dit, p. 350. que le Mogol y entretient fept mille chevaux de garnifon. Il dit, p. 363. Un des plus abondans royaumes de l'Indouftan eft celui de Barar. On y recueille du bled, du riz, & l'on y feme des légumes. C'est là que le pavot, dont on tire l'opium, abonde; les cannes de fucre y croiffent presque fans culture. Mais ce qu'il ajoute n'est pas exact. La capitale d'un royaume fi fertile eft, dit-il, par les 23 d. de latitude, & par les 125 deg. 40 min. de longitude, Il met un degré de trop fur la latitude; mais il en met environ 27 qui font au moins 540 lieues plus qu'il ne faut dans la longitude.

BER ASUCABA, autrement IBIRAGOIABA, montagnes de l'Amérique méridionale, à trente lieues de la ville de Saint Paul, du gouvernement de Saint Vincent, au Brefil. Ces montagnes abondent en mines de fer, & en ont auffi quelques-unes d'or, que les fauvages, appellés CANANÉAS, ont coutume de tirer : les Portugais ont bâti dans ces montagnes une petite ville de peu d'importance, qu'ils ont nommée Saint Philippes. La riviere d'Injambi s'élargit en cet endroit. * Corneille, Dict. De Laët, Indes Occident. 1. 15. c. 17. BERAUN, ou WERAUN, Berauna, ville royale de Bohême, peu diftante de Carolftein, & à trois milles de Prague, auprès d'un monaftere, que l'on nomme auffi Beraun, fur la rive feptentrionale de la Miza. Cette ville a fouffert d'affreux ravages en divers tems. L'empereur Sigismond la prit d'affaut le 12 d'Avril 1421, paffa tous les hommes au fil de l'épée, fans en excepter plufieurs perfonnes de qualité qui y avoient cru trouver un afyle. En 1432, les eaux emporterent la moitié de la ville. Ce fut là qu'après la longue guerre de Bohême, on fit le 18 Juillet 1435, une paix de religion, telle qu'elle avoit été réfolue au concile de Bâle. L'an 1600, la ville de Beraun fut entierement réduite en cendres : à peine commençoit-elle à fe rétablir, qu'en 1611, les troupes de Paffau la prirent, & en 1632, elle fut incendiée de nouveau par les Crabates. Baudrand la nomme en latin Berauna, & dit que les Allemands la nomment BERN. L'auteur, dont je tire cet article eft Allemmand, & a écrit en fa langue, mais il ne dit rien du nom de Bern. Zeyler, Bohem. Topog. p. 11. BERBECINS. Voyez BARBECINS.

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*

BERBER, ville de Perfe, felon Niger, & Baudrand, éd. 1682, in voce AREIS, qui croient que c'eft l'ARBIS des anciens. Ce dernier dit qu'on la nomme préfentement BILBER, mais que Niger l'appelle BER

BER.

BERBERA, felon d'Herbelot, Bibl. Orient. ville d'Afrique, capitale d'une province qui porte le même nom, & que l'on peut appeller la Barbarie Ethiopique. En effet elle eft fituée fur la côte des Abyffins, qui regarde l'océan Ethiopique ou oriental, auprès d'un golfe que Prolomée appelle Sinus Barbaricus, qui eft entre la mer Rouge & la côte de Mozambique. Abdelmoal dit dans fa géographie, que les esclaves noirs

tant mâles que femelles, que l'on transporte de ce pays dans toutes les provinces du Musulmanisme, font beaucoup plus eftimés que ceux de Nubie, d'Ethiopie, ou du Senegal, parce qu'ils tirent plus fur le rouge, au lieu que les autres tirent fur le jaune. Outre la ville de Berbera, il y a encore celle de Merenage, dans la même province; &, felon Abdelmoal, les habitans de ces deux villes font presque tous Mufulmans. Edriffi compte entre les villes de la Barbarie Ethiopique, Alengia, Karkuna, Maraka, & Tarma, & fait auffi mention d'une montagne ou promontoire nommé Khakuni, dont les habitans fe nourriffent principalement de tortues marinées. Ce pays pourroit être celui des Ichtyophages. Le géographe Perfien marque la pofition de ce pays, entre la ligne équinoxiale & le premier climat, le pays des Zenges, ou le Zanguebar, & la côte de la Cafrerie en font fort proche. Voyez l'article BARBARIA 2.

BERBER AC, ville de France, en Languedoc. Elle eft fur la riviere d'Atax, à quatre lieues de Carcaffonne, & à pareille distance de Grace. C'est ce qu'on lit dans le dictionnaire de Corneille, qui cite un atlas'; c'est celui de Blaeu. Cet atlas donne le nom latin de la riviere, au lieu du nom françois, qui eft l'Aude. On y appelle la Grace, dont on fait un bourg, ce qui n'eft qu'un village nommé la Graffe. Cependant Corneille s'exprime d'une maniere à faire foupçonner qu'il a entendu par ce nom la ville épiscopale de Grace ou Graffe, qui eft loin delà dans la Provence. L'atlas porte BER BERAT, & non pas Berberac ; ce lieu n'eft autre que BARBEYRAC, village, au diocèfe de Carcaffonne. Ce nom est moins connu aujourd'hui pour être celui d'un lieu de Languedoc, que pour être celui d'un favant profeffeur de Groningue en jurisprudence, qui l'a rendu immortel par des écrits remplis d'une érudition peu commune. Comme il eft né dans le Languedoc, fa famille pourroit bien être originaire de ce lieu.

BERBERES. Grégoire de Tours, dans fon traité des miracles de faint Martin, met une riviere de ce nom en Bourgogne, & dans la vie de Lupicin, il fait mention d'un village nommé Berberenfis Vicus, ajoutant qu'on l'appelloit de fon tems Lipidiacum, comme le remarque Ortelius.

BERBICE (La), riviere de l'Amérique méridionale, à 6 deg. 30 min. de latitude feptentrionale, felon De Laët, Ind. occid. l. 17. c. 16. ce qui fe doit entendre de fon embouchure qui a un quart de lieue de large & environ deux braffes de profondeur. Quoiqu'elle ait un peu plus d'eau au dedans, elle n'est point propre pour de grands navires. Cette riviere se précipite avec un grand bruit à cinquante lieues de fon embouchure, fur des rochers, qui font au-deffous du faut qu'elle fait. La terre eft baffe de côté & d'autre de fon embouchure, & quand on a monté vingt ou vingt-cinq lieues, elle est un peu plus haute & fort fablonneufe, s'étendant en plaines qu'ils appellent Sabanas; (ce font des favanes ou prairies pour le pâturage,) & où les arbres ne peuvent croître. Les fauvages qui l'habitent font Arwaques, nation humaine & fidele aux étrangers. Il s'y trouve beaucoup d'animaux de chaffe, comme des cerfs & des fangliers de deux fortes; mais ils ne font pas faciles à prendre. Les fauvages qui ont presque toujours la guerre avec les Caraïbes, qui demeurent aux bords de la riviere de Coretive, n'entrent pas fans crainte dans les bois où leurs ennemis fe tiennent fouvent en embuscade pour les tuer par furprise. La terre n'y produit que des cotonniers & la teinture qu'on appelle Orellan. La plupart des autres arbres y font inutiles & fauvages. Les habitans y ont une incommodité fort particuliere, c'eft une demangeaifon fi grande aux talons & aux pieds, qu'à peine ils la peuvent fupporter. Pour peu qu'on fe grate, on eft en danger d'être boiteux quelques mois. Savary dans fon Dict. du commerce, p. 1328, dit que c'est une des quatre colonies que les Hollandois ont dans la terre ferme de l'Amérique méridionale, & qui prennent chacune le nom de la riviere, auprès de laquelle elles ont leur établissement. Les cotonniers font communs à cette colonie & aux trois autres, avec cette dif,

férence que les fiens font en plus grande quantité. L'orellane qui lui eft particuliere fe tire d'une plante de même nom, en la cultivant & la préparant à peu près comme l'indigo.

BERBIESCA. Voyez BIRVIESCA. BERBIS, ancienne ville de la Baffe-Pannonie, felon Prolomée, 1. 2. c. 16. Latius croit qu'on en doit chercher les ruines à BARBOWYNA.

BERCÉ, ville des Indes, au royaume de Decan, à trois lieues des villes d'Arecq, & de Mirfie. * Corneille, Dictionnaire. Mandello, Voyage des Indes kv. 1.

BERCERITANÜS, le même que BECERRITANUS. Voyez ce mot.

BERCETESIUS, montagne de Grece, dans la Macédoine, felon Ptolomée, l. 3. c. 13.

BERCETUM, felon Ortelius, Thefaur. Luitprand, au rapport de Paul Diacre, éleva un monaftere de ce nom dans les Alpes, au Mont-Bardon. Ce dernier nom détruit l'équivoque du mot Alpes. Il s'agit là de l'Apennin, & apparemment de BARZETO au Parmefan. Voyez ce mot & l'article BARCETUM.

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BERCHEIM, Tiberiacum, petite ville d'Allemagne, au duché de Juliers, fur les frontieres du diocèfe de Cologne, fur la riviere d'Erp, & fur une montagne presque au milieu, entre Cologne au levant & Juliers au couchant. Baud. éd. 1705.

BERCHS (le conté de). Voyez BARCKSHIRE. S(1 BERCHTELSGADEN, ou BERCHTOLSGADEN. Baudrand femble préférer BERTELSGADEN OU BERTOLSGADEN, petite ville d'Allemagne, dans la Haute-Baviere. Elle est enclavée dans l'état de l'archêveque de Saltzbourg, fur le ruiffeau d'Aba, & appartient néanmoins au prevôt. Cette dignité, qui eft eccléfiaftique, donne à celui qui en eft revêtu, le rang & les prérogatives de prince de l'Empire, & la fouveraineté d'un petit état, fitué aux environs de la ville, & que l'on appelle la prevôté de Berchtolsgaden. On en trouve dans les topographies de Zeyler une carte particuliere. La ville qui en eft le chef-lieu, n'eft qu'à trois milles germaniques de Saltzbourg, & fournit de fel à tout le voifinage. Cette prevôté qui eft de l'ordre des chanoines réguliers de Saint Auguftin, ne reconnoît que le pape pour la jurisdiction eccléfiaftique, & l'Empire pour la juftice féculiere.

BERCORIUM, nom latin de BERSUIRE, ville de
France, au Poitou.

BERCS. Voyez BARCKSHIRE.

BERCU: il y a deux villages de ce nom en Afrique, dans la Guinée, fur la côte d'Or. Le premier nommé legrand Bercu, eft le principal village du pays de Jeani Concomo, & eft fitué fur une montagne, a fix lieues d'Acron; le second appellé le petit Bercu eft baigné par une petite riviere. Dapper, Afrique, p. 286.

BERCK. Corneille, dit fur la foi d'un Atlas qu'il ne défigne point autrement, que c'est une ville de PaysBas, dans la Gueldre. Elle eft, dit-il, fituée au bord du Rhin. Cette place, quoique petite, s'eft acquis de la réputation par l'exercice des armes, ayant éprouvé, tantôt celles des Etats & tantôt celles des Espagnols, parce qu'elle a été fous la domination des uns & des autres. Il n'y a dans la Gueldre au bord du Rhin aucune ville, ni aucun bourg de ce nom. Berck eft un village, dans la feigneurie d'Utreck, fur le Vecht, au nord, entre Lænen & Muyden.

BERCKEL ou BORCKEL, riviere d'Allemagne, au cercle de Weftphalie. Elle a fa fource au diocèfe de Munfler, au-deffus de Coeflel, passe à Recken, g. att château d'Eybergen, g. à Borkelo, d. à Lochem, d. au château d'Eefe, d. à Allmen, d. au château de Welden, g. & fe perd dans l'Iffel à Zutphen. * Dict. Géogr, des Pays-Bas.

*

BERDA, ville d'Afie, au pays d'Arran, entre la riviere de Cyrus & l'Araxe. Il en eft fait mention dans la vie de Timur-Beck, I. 5. c. 41. & le traducteur François dit dans une note, p. 406. qu'elle eft dans l'Arran. Cette province eft au midi de la Géorgie, & à l'ouest du Schirwan, ou, comme cet auteur écrit, Chirouan. Mais dans une autre note, l. 5.c. 8. p. 239. il écrit Berdaa, ville de Chirouan, au midi de la Géor◄ gie, à 83 deg. de longitude, & 40 deg. 30 min. de latitude. C'est cependant le même lieu. Sa carte mar⇒ que Berdan au milieu de l'Arran, de forte que l'une de ces notes vient apparemment d'un manque de mémoire, ce qui eft très-pardonnable dans un travail fi long & fi difficile.

BERCKLEY, bourg d'Angleterre, dans la province de Glocefter. On y tient marché public. * Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1.

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BERCORCATES, ancienne nation 'de la Gaule dans l'Aquitaine, felon Pline, l. 4. c. 19. L'auteur d'une vie de Radulfe Ardens, imprimée avec fes œuvres, & citée par Ortelius, Thefaur. veut, fur je ne fais quel fondement, que ce foit préfentement BEAULIEU, village; d'autres fur des conjectures auffi incertaines difent qu'il faifoit partie du Bazadois, à l'endroit où font préfentement les petites Landes & la commenderie de BESSAUT, entre le Bazadois au feptentrion & le Condomois au midi. Le pere Hardouin dit beaucoup mieux qu'on ne fait aujourd'hui ce que c'étoit que cette nation: Prorfùs ignota Gentes, dit ce favant critique.

BERDASCHIR, ville de Perfe, dans le Kerman, dont elle a été la capitale. Elle est au 29 deg. 30 min. de latitude, & au 75 de longitude, & défendue par une citadelle.

BERDIGUM FLAVIUM, ville ancienne d'Espagne, dans l'Afturie. Le grec de Ptolomée porte Bépd or phaourov; le latin a au contraire BERGIDIUM FLAVIUM par un renversement & un accroiffement de lettres. Peut-être que cela eft venu de la ville Bergidum d'Antonin, avec qui on a voulu concilier Ptolomée. Voyez BERGIdum.

BERDOA, vafte défert d'Afrique, dans la Nigritie. Il fait partie du Saara ou Zara, & eft entre les déferts de Gaoga au levant, & de Lempta au couchant; il a le Biledulgerid au nord, & le royaume de Borneo au midi. Ii tire fon nom de la ville de Berdoa, qui eft au milieu de ce défert, précisément fous le tropique du cancer.

De l'Ifle nous donne une autre idée de ce pays. Il appelle les Berdoa un peuple qui campe fous des tentes, vers le 22 deg. de latitude nord. Au midi de ce peuple eft le défert de Berdoa, d'une grande fécherefle, où il n'y a pas de fureté pour les marchands, à caufe des voleurs. A l'extrémité occidentale du pays de Berdoa, presque fous le tropique et une petite ville nommée ARCAN, presque aux confins des Lemptunes. Flus au nord, fur les mêmes confins, est une autre petite ville nommée ROUDAN MAJALAT, fituée au midi du royaume du Faifan. Vers les 24 d. de latitude, & 36 de longitude, eft une troifiéme ville nommée MEDHERAN ISA, au nord de laquelle font des puits où fe fourniffent d'eau les habitans de ZAOUILA, qui eft du royaume du Faifan. Au nord du pays, affez près des montagnes qui le féparent du royaume de Tripoli eft Zala, où il y a des foires & des marchés célèbres. Le nord eft habité par les Levata ou Lebetes, peuple qui habite pour la plus grande, partie fous des tentes. On y trouve néanmoins deux petites villes ou bourgs, favoir AIAT & AIN CAÍS. Ce que de l'Ifle appelle plus particulierement encore le pays de Berdoa, s'étend le long & au nord du tropique, & comprend cinq ou fix villages & trois

châteaux.

BERDOÉ, ville de Perfe, à 63 deg. 15 min. de longitude, & à 35 deg. 30 min. de latitude: Fair de cette ville eft excellent. Il y a de bons pâturages & en abondance, ce qui fait que les habitans y nourriffent force bétail, & fur-tout de bonnes mules; on les accoutume de bonne heure à aller l'amble, en leur attachant les pieds avec deux cordes d'égale longueur, foutenues au milieu par deux autres petits cordons attachés à la felle. On les promene de la forte foir & matin, & on leur régle le pas qui fe rend fort doux. * Tavernier, Voyage de Perfe, tom. 1. liv. 3. chap. dernier.

BERDONA. Voyez l'article fuivant.

1

BERDOUES, Bardum & Berdona, abbaye de France, de l'ordre de Citeaux & de la filiation de Morimond, au diocèfe d'Auch. Elle fut fondée en 1134, & ce furent Bernard, comte d'Aftarac, & Sanche II, fon fils, qui donnerent la terre de Berdoues, & toutes les dépendances pour ce faint œuvre. A ces bienfaits, les feigneurs de Barbafan & ceux d'Orbeffan, de Moleon, &c. en ajouterent plufieurs autres. Le pape Jean XXIII érigea cette abbaye en évêché, à la priere du comte d'Altarac & de l'abbé de Berdoues, & le fiége de cet évêché devoit être à Mirande, petite ville qui dépend de l'abbaye de Berdoues; mais Berenger, archevêque d'Auch, s'y oppofa, & ayant fu faire entrer le roi Charles VI dans fes intérêts l'an 1413, cette érection n'eut point lieu. * Piganiol de la Force, Defcription de la France tom. 4. pag. 153.

BERDRIGEI, peuple d'Afie, vers la Margiane, felon Pline, 1. 6. c. 16.

BERDUN, bourgade d'Espagne, au royaume d'Aragon, au bord de la riviere qui porte le même nom que le royaume, trois lieues au deffous de la ville de Jaca, & au midi de la vallée d'Anfo. Les alliés qui foutenoient les prétentions de l'archiduc d'Autriche, devenu empereur, fous le nom de Charles VI, fur la monarchie d'Espagne, fe rendirent maître de Berdun en 1706.

1. BERE, ville de l'Arabie Déferte, felon Prolomée, l. 5.c. 19.

2. BERE, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, felon le même, l. 7. c. 2.

3. BERE, bourg d'Angleterre, en Dorfetshire. Il n'a rien de remarquable que le marché qui s'y tient. Etat. préfent de la Grande Bretagne, tom. I. p. 58.

BEREBERES, nom que les auteurs Arabes donnent aux Barbares, ou peuples qui ont habité les premiers les déferts orientaux de l'Afrique. Ils font iflus de la tribu des Sabéens, qui paffa de l'Arabie Heureufe en Afrique, fous la conduite de leur roi, MeIck Ifiriqui, & l'on nomme Chilohes ceux qui demeurent dans la Tingitane, la Numidie & la Lybie. Des diffenfions s'étant élevées entre ces peuples, les vainqueurs demeurerent maîtres de la campagne, & ayant pillé les troupeaux des vaincus, les contraignirent à fe retirer dans les montagnes & les lieux inhabités. Ceux-ci fe mêlant avec les autres Africains, comme les Chilohes & les Getules, vinrent chez eux, habiterent dans des maifons, comme faifoient ces nations, & s'affujettirent à leurs ancêtres. C'eft la raifon pourquoi on trouve en Afrique des Bereberes, qui ont des maifons, & d'autres qui vivent fous des tentes au milieu des champs, quoiqu'ils foient tous de même origine. Marmol, Afrique, p. 1. c. 4. Dapper, Afrique, p. 21.

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Il est vrai que ceux qui fe, tiennent dans les campagnes, à la façon des Arabes, font eftimés plus nobles que les autres, font auffi plus puiffans, & plus riches en bétail mais les uns & les autres confervent foi gneufement l'antiquité de leur extraction, & la généalogie des peuples dont ils font fortis, ce qui les fait dilinguer parmi les Africains. D'ailleurs ceux qui ont des maifons, les ont fituées dans l'endroit le plus fort du lieu où ils habitent, & font répandus dans les provinces de la Barbarie, de la Numidie & de la Lybie.

Marmol, part. 2. l. 3. c. 17. dir que la plus grande partie des Béréberes de la province de Hea vivent dans les montagnes: ceux qui font leur demeure fur le grand Atlas, que les Africains nomment Ayduacal, ont des maifons faites de bois & de carreaux, & couvertes d'ardoife ou de branches d'arbres. Ils ont plufieurs villages, & quelques-uns fort grands, quoique les habitans errent la plupart de l'année avec leurs troupeaux, pour chercher de l'herbe. Ils traînent alors avec eux des maifons faites de bois, à la façon de celles des anciens Africains, & lorsqu'ils veulent paffer quelque tems dans un même lieu, ils les garniffent ou couvrent de paille ou de feuillage. Leur principal re

venù eft en troupeaux de chèvres. Ils recucillentbeau coup d'orge, de miel & de cire qu'ils vendent aux marchands Chrétiens qui trafiquent à Safie, à Teftane & au cap d'Aguer. Ces peuples ne portent aucun habillement qui foit coufu, & il n'y a parmi eux ni homme, ni femme, qui fache coudre. Ils n'ont ni juges, ni alfaquis, ni mosquée, & ne fe foucient pas fort des chofes fpirituelles. Ils font généralement fauvages, avares, cruels & ennemis des étrangers. Ils font bien vingt mille combattans dans ces montagnes, dont ils connoiffent les détroits & toutes les avenues: mais hors de là ce font les plus mauvais foldats de toute l'Afrique. Quand le cherif veut faire quelque entreprise, il en mene quantité diftribués par compagnies, pour tirer le canon, porter les vivres & munitions, à quoi ils font fort propres, parce qu'ils font, de grand travail.

Les Béréberes de la montagne de Tenzéra qui confine avec la précédente, & s'étend vingt-deux lieues du côté du levant, ont leurs habitations dans des lieux hauts & escarpés; mais quoiqu'elles foient grandes, elles ne font pas fermées de murailles. Ils nourriffent quelques chevaux, parce que le pays abonde en orge & en millet, qui eft comme de l'alcandie. Il fort de ces montagnes plufieurs fources, qui arrofent les vallons, & vont fe rendre vers la Tramontane, dans la riviere de Siffaye, qu'on nomme Chenchava, du nom d'une ville par où elle pafle. Ces Béréberes font plus riches que ceux des autres montagnes: parce qu'outre l'orge, le miel, la cire & les troupeaux, ils ont de fort bonnes mines de fer, dont ils ne font pas des barres, mais des boules qu'ils débitent par toute la contrée. Ils font auffi plus habiles que les autres, fe traitent mieux, & font mieux vêtus, parce qu'ils ont plus de commerce avec les étrangers. Il y a parmi eux plufieurs marchands & artisans Juifs, qui font naturels du pays, & non pas de ceux que les rois Catholiques ont chaffés d'Espagne, qui fe font retirés dans les principales villes de la Barbaric. Il y a par toute cette montagne de grandes forêts de buis & de lentisques qui font fort hauts avec une espéce de cédre de très-bonne odeur & de grand profit. On y voit de grands noyers, qui fourniffent tant de noix, qu'outre ce qui s'en mange & s'en débite, on en fait de l'huile. Le pays peut fournir plus de vingt mille combattans, tant à pied qu'à cheval, qui valent mieux que ceux du grand Atlas. L'an 1539, on y découvrit une mine de cuivre, & l'on en transporta à Maroc pour faire de l'artillerie.

A quatre lieues de Tarudan, fur les confins d'Eufarant, qui eft du Sus éloigné, on trouve le principal quartier d'une communauté de Béréberes qui vivent fous des tentes; ils font riches & belliqueux. Leurs chefs furent les premiers qui favoriferent les cherifs & les fuivirent dans toutes leurs guerres; aufli curent-ils les principales charges. Ali, fils de Bucar, en étoit, qui égorgea Muley Hamet & fes petits fils dans Maroc, lorsqu'il fut la mort du cherif. Tout le côté de cette province qui regarde la Lybie appartient à ces peuples; & lorsque les habitans le veulent femer, il faut qu'ils leur en payent tribut.

Il y a encore des Béréberes dans la Numidie, en tirant vers l'orient ceux-ci courent çà & là & font puiffans. Leurs richeffes ne confiftent cependant que dans les dattes & le bétail, car ils ont peu de bled; mais la récolte des dattes fupplée à ce défaut, & ce font les meilleures de toute l'Afrique : en effet, plus on approche du levant & meilleures elles font. Marinol doute fi ce ne feroit point d'elles dont parleroit Homere, quand il dit qu'il y a dans cette contrée un arbre appellé Lotos, dont on n'a pas plutôt gouté que l'on oublie fon pays, où l'on ne retourne que par force, comme firent les compagnons d'Ulysse. * Marmol, p. 3.1.7. c. I, 18 & 24.

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BERECINA. Voyez BERESINA.
BERECINGUM lieu d'Angleterre, chez les
Saxons orientaux, felon Bede,
felon Bede, cité par Ortelius,
Thefaur.

BERECYNTES

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