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donné, En creufant les fondemens d'un caravanfera (il y a déjà autour de 70 ans que l'auteur écrivoit, car il fit ces remarques dans fon quatrième voyage, pour le quel il partit de Paris le 18 Juin 1651, & arriva à Bagdad le 25 de Février 1652;) on trouva dans une petite cave un corps entier vêtu à la façon d'un évêque, avec un encenfoir, & de l'encens auprès de lui. Il paroiffoit encore en ce lieu-là quelques chambres de religieux, par où l'on peut croire ce que plufieurs hitoriens Arabes rapportent, qu'au même lieu où cette ville eft bâtie, il y avoit anciennement un grand monaftere accompagné de quantité de maisons où habitoient des chrétiens. * Corn. Dict. Tavernier, voyage de Perfe, t. 1. 1. 2. c. 7.

Le Grand Seigneur, fulcan Amurath IV, étant venu T'affiéger en 1638, il arriva une chofe fort furprenante qui en facilita la prise. Le Khan qui foutenoit le fiége au commencement, & qui s'appelloit Sefi Couli Khan, commandoit dans la ville de Bagdad depuis long-tems, & l'avoit même déjà défendue deux fois contre l'armée du Turc. Le roi de Peife ayant envoyé un de fes favoris pour commander en fa place; & ce nouveau khan étant entré dans la ville, un peu avant que le canon cut fait bréche, Sefi Couli, qui fe vit dépoffédé par les patentes de fon fucceffeur, aima mieux mourir que de furvivre à l'affront qu'on lui vouloit faire. Il fit appeller fa femme & fon fils, & prenant trois coupes pleines de poifon, il dit à fa femme, en préfence de fes officiers & de fa milice, que s'il étoit vrai qu'elle l'eût jamais aimé, elle pouvoir l'en convaincre en mourant généreufement avec lui. Il fit la même exhortation à fon fils, & en même tems ils avalerent chacun une coupe de poifon, ce qui fut fuivi d'une prompte mort. Les foldats qui aimoient ce gouverneur, touchés d'un fi funefte fpectacle, & fachant qu'Amurath fe préparoit à un affaut général par la brêche qui étoit fort avancée, refuferent d'obéir à leur nouveau khan. Ils traiterent avec le Turc, à condition qu'ils fortiroient armes & bagages; mais on ne leur tint point parole. Sitôt que les Turcs furent dans la ville, les bachas repréfenterent à Amurath, que pour affoiblir le roi de Perfe, fon ennemi, il falloit paffer au fil de l'épée tous les foldats qui avoient foutenu le fiége. Il les crut, & il y en eut vingtdeux mille de tués. Cette ville eft gouvernée par un bacha,qui eft ordinairement vifir. Sa maison est le long de la riviere, & il a toujours près de fix ou fept cens hommes de cheval. Il y a auffi un aga qui commande trois ou quatre cens fpahis. Les Turcs ont encore une autre forte de cavalerie, qui s'appelle Ginguliler, c'est-à-dire, Gens de courage, commandés par deux agas, & ils font d'ordinaire trois mille, tant à Bagdad, qu'aux villages circonvoisins. Les clefs de la porte de la ville & du pont, font entre les mains d'un autre aga, qui a fous lui deux cens janiffaires. Pour ce qui regarde le gouvernement civil, il n'y a qu'un cadi ou préfident qui fait tout, & même la charge de mufti, avec un tefterdar ou tréforier, qui reçoit les revenus du Grand Seigneur. La ville eft fort marchande; mais beaucoup moins que lorsqu'elle étoit foumife au roi de Perfe, la plûpart des riches marchands ayant été tués, quand le Turc la prit. On y vient pourtant de tous côtés, foit pour le négoce, foit pour la dévotion; tous ceux qui fuivent la fecte d'Ali, étant perfuadés qu'il a demeuré à Bagdad. D'ailleurs quand ils veulent aller par terre à la Mecque, ils font obligés de paffer par-là, & chaque pelerin paye au bacha quatre piaftres. Il y a deux fortes de mahométans dans Bagdad. Les uns qu'on appelle Obfervateurs de la loi, & qui font femblables dans toutes leurs manieres d'agir à ceux de Conftantinople. Ils ne font point scrupuleux, & converfent, mangent & boivent indifféremment avec tout le monde. Les autres qu'on appelle Rafedis, c'est-à-dire hérétiques, ne veulent ni ni boire avec les chrétiens, & même ils ont beaucoup de peine à le faire avec les mahométans. S'il leur arrive de boire dans un même vafe qu'eux, ou de les toucher, ils fe croient immondes, & vont incontinent fe laver.

manger,

Voici ce qu'ils ont de particulier dans leurs funerail les. Quand le mari eft mort, la femme fe décoëffe, laisse fes cheveux épars, & fe va noircir le vifage à un chau

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deron, après quoi elle fait des fauts incroyables. Tous les parens & amis, & le voisinage entier s'aflemblent dans la maifon du défunt, & fe retirent à part, en attendant qu'on faffe les funerailles ; mais les femmes, à l'envi l'une de l'autre, fe frappent les jouës, crient comme des bacchantes, & puis tout d'un coup fe mettent à danfer au fon de deux tambours, qui font à peu près comme des tambours de basque, & que des femmes battent durant un quart d'heure. Cependant l'une d'entre elles, qui eft accoutumée à ce badinage, entonne des airs lugubres, & les autres lui répondent en redoublant leurs cris, qui s'entendent de fort loin. Les enfans du mort font d'autres extravagances, qui les font paroître hors d'eux-mêmes, & ils font obligés d'agir de la forte pour n'être pas accufés de n'avoir point eu d'amitié pour leur pere, Dans le tems qu'on porte le corps en terre, quantité de pauvres s'avancent avec des bannieres & des croiffans au bout de grands bâtons, comme des piques, & en marchant ils chantent quelques airs funèbres : les femmes n'affiftent point à l'enterrement, ne pouvant fortir que le jeudi qu'elles vont aux fepulchres prier pour les morts.

Il y a trois fortes des chrétiens dans Bagdad; des Neftoriens, qui ont leur églife; des Arméniens & des Jacobites qui n'en ont point. Ils viennent chez les Capucins qui leur adminiftrent les Sacremens.

Les chrétiens vont fouvent en dévotion à un quart de lieue de la ville, où il y a une chapelle dédiée à un faint qu'ils appellent Keder Elias ; & pour en avoir l'entrée, ils payent quelque chofe aux Turcs, qui en ont les clefs. Si quelqu'un d'eux meurt, tous les autres viennent à fon enterrement, & au retour le foupé fe trouve prêt à la maifon du défunt, où chacun et bien reçu. Le lendemain, ils retournent prier fur la foffe, où ils vont encore le troifiéme jour, & ce jour-là on donne à dîner à tous ceux qui y viennent. Il s'y trouve quelquefois jusqu'à cent cinquante perfonnes. Ils réiterent les mêmes cérémonies le feptième, le quinzième, le trentiéme & le quarantiéme jour, étant fort attachés à faire des prieres pour les morts. Il y a auffi des Juifs dans Bagdad, & tous les ans il en arrive quantité qui viennent au fépulchre du prophéte Ezechicl, diftant de la ville d'une journée & demie.

Depuis qu'elle a été prife par Amurath, le nombre de fes habitans ne peut guère aller qu'à quinze mille perfonnes, ce qui fait voir qu'elle n'eft pas peuplée felon fa grandeur. On peut dire en général qu'elle est mal batie. Tout ce qu'on y voit de beau, ce font les bazars qui font tous voutés, fans quoi les marchands n'y pourroient durer à caufe de la chaleur. Il faut même les arrofer deux ou trois fois chaque jour, & quantité de pauvres gens ont des gages pour le faire. Il y a dix caravanferas affez mal bâtis, à la réserve de deux qui font fort commodes, & cinq mosquées, deux desquelles font affez belles & ornées de grands dômes couverts de tuiles verniffées de différentes couleurs. Comme par la loi des mahométans, le mari est obligé de coucher avec fa légitime épouse, particulierement la nuit du jeudi au vendredi, les femmes ne manquent point d'aller aux bains le vendredi matin pour fe laver, ce qu'elles font en fe jetrant quantité d'eaux de fenteur fur le corps & fur la tête. Elles peu. vent encore fortir quelquefois, quand leur mari leur permet de rendre vifite à leurs parens; mais en allant par la ville, elles fe couvrent d'un linceul depuis les pieds jusqu'à la tête. Il y a deux trous à l'endroit des yeux, afin qu'elles voient à fe conduire, & un mari ne reconnoîtroit pas lui-même fa femme dans cet équipage. Il faut remarquer que dans la Perfe, les femmes, à moins que d'être fort pauvres, demeureroient plutôt toute leur vie renfermées, que de fortir fans être à cheval. Il y a une marque par laquelle on peut facilement discerner une honnête femine d'avec une courtifane. La courtifane met toujours le pied dans l'étrier, & l'honnête femme ne le met jamais que dans les cour roies auxquelles l'étrier eft attaché. Les femmes de Bagdad font à leur mode fort fuperbement vêtues. Non-feulement elles portent des joyaux aux oreilles & aux bras; mais elles ont auffi un collier autour du vifage, & fe font percer les narines où elles attachent

des anneaux. Les femmes Arabes fe contentent de fe faire percer l'entre-deux des narines, où elles paffent un anneau d'or de la groffeur d'un tuyau de plume qui eft creux pour épargner l'or, & le rendre plus leger. Pour une plus grande beauté, elles fe noirciffent le tour de l'œil; & dans le défert, tant les hommes, que les femmes, ils s'en mettent jusque dans les deux yeux pour fe conferver la vue, à ce qu'ils difent, contre la trop grande ardeur du foleil. A deux journées de la ville il y a une églife ruinée avec un méchant village, & ceux du pays tiennent que faint Simon & faint Jude ont été martyrifés & enterrés en

ce lieu.

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A une journée & demie de la pointe de la Méfopotamie, & dans une distance presque égale de l'Euphrate & du Tigre, environ à dix milles d'Italie de part & d'autre, on voit une groffe motte de terre, qu'on appelle encore aujourd'hui Nemrod. Elle est au milieu d'une grande campagne, & on la découvre de fort loin. Le vulgaire croit que ce font les reftes de la tour de Babylone, à laquelle on donne auffi d'ordinaire le nom de Bagdad, quoique cette ville en foit éloignée de plus de trois grandes lieues. Ce que difent les Arabes, qui l'ap pellent AGARCOUF, a plus d'apparence. Ils tiennent que cette tour a été bâtie par un prince Arabe, qui y tenoit un fanal pour affembler fes fujets en tems de guerre. Voici en quel état elle étoit lorsque Tavernier l'a vue. Cette mafle avoit environ trois cens pas de circuit; mais comme elle étoit tombée en ruine, & que ce qui demeuroit fur pied ne pouvoit avoir au plus que dixhuit ou vingt pieds de haut, il n'eft pas facile de juger de fon ancienne hauteur. Elle eft bâtie de briques, qui n'ont pas été cuites au four, mais féchées au foleil & chaque brique a dix pouces de roi en carré, & trois d'épaiffeur. La fabrique étoit de cette maniere, fur un lit de cannes ou de rofeaux concaffés & mêlés avec de la paille de bled, de l'épaiffeur d'un pouce & demi; il y a fept ordres ou rangs de ces briques, les unes fur les autres, & un peu de paille entre chacune. Enfuite eft un autre lit, ou couche de mêmes rofeaux, avec fix rangs de briques deffus, puis une troifiéme couche, fuivie de cinq autres rangs de briques; & cela continue ainsi en diminuant jusqu'au haut. Il est difficile de juger de la forme du bâtiment, à caufe que les piéces en font tombées de chaque côté. Il femble pourtant qu'il ait été plutôt carré que rond. Au plus haut de ce qui refte, il paroît encore une fenêtre & un petit trou de demi pied en carré, qui fervoit apparemment à faire écouler les eaux, fi ce n'est que ce fût un trou que l'on avoit fait pour quelque échafaudage. Il n'y a nulle apparence que ce refte d'édifice, quoiqu'on l'appelle vulgairement tour de Babylone, foit le refle de l'ancienne tour qui portoit ce nom, puisqu'il eft fi peu conforme à la défcription que Moïse en fait dans l'hiftoire de la Ge

nèfe.

Bien des auteurs fe font trompés en confondant Bagdad avec Babylone. Bespier a raffemblé & repris plufieurs erreurs touchant cette ville, dans une feule remarque que j'inférerai ici. Ne croyez pas, dit-il dans fes remarques fur l'Etat préf. de l'Emp. Ottom. par Ricaut, t. 1, p. 88. que Bagdad foit l'ancienne Babylone; car Babylone étoit bâtie fur l'Euphrate, & Bagdad eft fur le Tigre. Il y a bien plus d'apparence que Bagdad eft SEULEUCIE. Voyez là-dessus Bochart, Géog. Sacr. l. 1, 6. 8. Au lieu de Bagdad, Petrarque dit Baldach, auffibien que l'archevêque de Florence S. Antonin, 3 part. fol. $4, qui dit que Baldach civitas eft ubi corpus Mahometi colitur, c'est-à-dire, Baldach eft une ville où le corps de Mahomet est révéré : il dit, fol. 37, Mecha ubi Mahometi fepulchrum in libro quodam c'est-à-dire, la Mecque, où un certain livre dit qu'eft le fépulcre de Mahomet. 11 fe trompe auffi bien que le livre dont il parle, car le corps de Mahomet n'est point à Bagdad, ou à Baldach, ni à la Mecque, mais à Médine. Marc Paul Vénitien, donne le nom de Baldach à Sufe, & Herbert l'appelle Valdac; mais ils fe trompent tous les deux; car Baldach & Bagdad font la même chose. Elmacin remarque que Bagdad a été bâtie par le calife Abugiafar-Almanzor, l'an de l'hégire 145, & de Jefus

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Chrift 762, il ajoute qu'elle fut nommée Bagdad, du nom d'un hermite, qui avoit une cabane dans un pré où elle fut fondée. Il est vrai qu'il dit qu'Almanzor lui donna le nom de MEDINATO-SSALAMI, c'est-àdire, de Ville de Paix. Mais cela n'empêche pas qu'elle ne retint le nom de Bagdad. Ç'a été là que les califes ont fait leur demeure. Voyez KARCK.

BAGDADEG, riviere d'Afie. Elle entre dans le Gihon, au-deffous de Bikunt. *Hift. de Timur-Beck, t. 2, p. 2.

BAGE, petite ville de France dans la pricipauté de Dombes. Elle eft fituée en une plaine, à deux petites lienes de Mâcon. Corn. Dict.

BAGELA, pays de l'Abiffinie, on l'appelle auffi BACLA; c'est le plus avancé de tout le gouvernement du Barnagafs, ou général de la côte, & il a au couchant le royaume de Mazagan, felon Jerôme Lobo. Baudrand, éd. 1705.

1. BAGES, bourgade du Bas- Languedoc, fituée proche d'un étang, qui porte auffi le nom de Bages. Corn. Dict.

2. BAGES, étang du Bas-Languedoc, que l'on croit être le Rubrenfis Lacus des Latins. Il a trois lieues de long du feptentrion au midi, & donne paffage à un canal de l'Aude, qui vient de Narbonne. Ce même étang eft nommé auffi l'étang de Sigean, à cause d'un bourg de ce nom qui en eft peu éloigné, & il fe décharge dans la mer Méditerranée, par le paffage, dit le Grau de la nouvelle. * Corn. Dict.

BAGHAR, ville de l'Afie, dans la grande Tartarie, entre des montagnes & au pays de Karakitai, felon quelques auteurs récens. * Baudrand, édition de 1705.

LE BAGHARGAR, pays fort étendu de la grande Tartarie. On l'appelle autrement le royaume de Tangut. Il s'étend de l'occident à l'orient, & eft borné au feptentrion par les Kaimachites, au levant par le royaume de Tenduc, au midi par la Chine, & au couchant per le royaume de Thibet. Sa ville capitale eft Tangut, felon quelques auteurs; mais on peut dire, avec vérité, que nous n'avons rien de bien certain de tous ces pays de la grande Tartarie, où les Européens ne vont point. Baudrand, éd. 1705.

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BAGIA, promontoire de la Caramanie, felon Prolomée, l. 6, c. 8. Arrien dit qu'il y avoit une roche confacrée au foleil.

BAGIAH & BAGIAIAH, ville de l'Afrique propre, fur une colline dont le pied est dans la mer. Elle abon de cependant en eau douce, dont il y a une fource dans fon enceinte, outre les aqueducs qui y en portent, des montagnes voifines. Il y a un petit port & une affez bonne rade. C'eft la ville que les anciens ont appellée BAGA & VAGA, & nous l'appellons aujourd'hui BUGIE. Léon d'Afrique l'appelle BEGGIA. Le pays où elle eft fituée s'appelle auffi par les Arabes Magreb Aufath, c'est-à dire, l'Afrique du milieu; ce font les Zeirides qui ont bâti Bugie en l'état qu'elle est aujourd'hui. * D'Herbelot, Bibl. Orient.

Il ne faut pas la confondre avec la Bagai, ou Bagaia de Numidie.

BAGIAT, petit pays qui s'étend entre l'Ethiopie & la Nubie, à l'occident de la mer Rouge. Les peuples de ce pays font fort hardis & entreprenans; car ils font 'des courfes fréquentes fur leurs voifins. On les appelle au grand Caire les FONGES. Et le roi ou bacha de Girge, eft fouvent obligé d'envoyer des troupes pour réprimer leurs infolences. Jacuthi appelle ce pays BAGIAVAT, d'où les chameaux que l'on en tire font appellés Bagiaviah. Fline fait mention de Bagada entre les Arabes & les Ethiopiens. Edriffi, dans fon premier climat, met ce pays à l'orient pe la ville d'Aswan, & y place la montagne d'Alaki; ce qui ne s'accorde pas tout à fait avec les autres géographes. * D'Herbelot, Bibl. Orient.

Ce pays n'eft guères différent de BAGELA. Voyez au mot FUNGI.

BAGIENNI. Voyez BATIENNI. BAGIENNA, ville de la grande Arménie, felon Ptolomée, l. 5. s. 13. Quelques exemplaires portent BATINNA.

BAGISARA, port de la Carmanic, felon Arrien, tant de charge. Vers les premieres années du feizième in Indicis.

BAGISTAMA. Voyez l'article fuivant. BAGISTANUS, felon Ortelius, Thefaur. montagne d'Afie, entre la ville de Babylone & la Médie. Elle étoit confacrée à Jupiter, felon Diodore de Sicile, 1. 2. Le même auteur parle, l. 17, de Bagistama, contrée délicieufe, & qui vraisemblablement, à juger par la reffemblance du nom, étoit voisine de cette montagne.

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BAGNABEBUSSO ou BILIBUSSA anciennement HERACLEA SINTICA, ville de la Turquie en Europe, fur la riviere de Stomona, dans la Macédoine, fur les confins de la Romanie & de la Bulgarie. * Baudrand, éd. 1705.

BAGNACAVALLO, château & bourg de l'état de l'Eglife, au duché de Ferrare, mais préfentement enfermé dans la Romagne, fur la petite riviere de Seno, à neuf milles de Fayence, vers le feptentrion, & à quinze lieues de Ravenne, vers le couchant. * Baud. éd. 1705.

BAGNAGAR, BAGNAGAR, ville d'Afie, dans l'Indouftan, capitale du royaume de Golconde. On l'appelle auffi GOLCONDE du nom de la fortereffe, qui n'en est éloignée que de deux licues, & où le roi fait fa réfidence. Cette fortereffe eft d'une difficile garde, parce que fon circuit eft fort grand. La ville de Bagnagar fut commencée par le bisaïeul du roi, qui regnoit il y a 30 ou 40 ans, (il faut fe fouvenir de la remarque que j'ai faite fur la date de Tavernier à l'art. Bagdad;) à la follicitation d'une de fes femmes, qu'il aimoit avec paffion, & qui s'appelloit Nagar. Ce n'étoit auparavant qu'un lieu de plaifance, où le roi avoit de beaux jardins, & cette femme lui repréfentant fouvent que l'endroit étoit beau à caufe de la riviere, pour y bâtir un palais & une ville, il en fit pofer les fondemens & l'appella Bag-Nagar, c'eft-à-dire Jardin de Nagar, afin qu'elle portât le nom de fa femme. Ses murailles font baignées d'une grande riviere, qui fe.va jetter dans le golfe de Bengale, proche de Mazulipatan. On la pafle dans la ville fur un grand pont de pierre, qu'on peut appeller fort beau. Cette ville eft assez grande, bien bâtie & bien percée; & l'on y voit plufieurs grandes rues, mais qui n'étant point pavées, non plus que toutes celles des autres villes de Perfe & des Indes, font pleines de fable & de pouffiere, ce qui est très-incommode en été. Avant que de venir à ce pont, on paffe un grand fauxbourg, qu'on appelle Erengabad. Il a une lieue de long, & tous les marchands & les ouvriers y logent, ainfi que le menu peuple, la ville n'étant habitée que par les perfonnes de condition. Il y a dans ce fauxbourg deux ou trois belles mosquées, qui tiennent lieu de caravanferas aux étrangers: & on voit plusieurs pagodes dans le voifinage. Depuis dix ou onze heures du matin, jusqu'à quatre ou cinq heures du foir, les marchands & les courtiers viennent à la ville pour négocier avec les étrangers, après quoi ils retournent chez eux dans ce grand fauxbourg. Corn. Dict. Tavernier, t. 2. 1. 1.

C. 10.

*

Quand on paffe la riviere fur le pont, on entre d'abord dans une grande rue qui mene au palais du roi. On voit à main droite des maifons qui appartiennent à quelques feigneurs de la cour, & quatre à cinq caravanferas à deux étages, dans lesquels il y a de grandes fales & des chambres où l'on a de la fraîcheur. Au bout de cette rue eft une grande place, fur laquelle regne un des côtés du palais, au milieu duquel y a un balcon, où le roi va s'affeoir quand il veut donner audience au peuple. Ce n'eft pas fur cette place que donne la grande porte du palais, qu'on peut appeller avec raifon maifon royale, mais fur une autre qui eft tout proche. Elle donne entrée dans une grande cour entourée de portiques, fous lesquels fe tient la garde du roi. On passe de cette cour à une autre de même ftructure, autour de laquelle font plufieurs appartemens, dont le toit eft en terraffes, fur lesquelles, comme dans celles du quartier où l'on tient les éléphans, il y a de beaux jardins, & de fi gros arbres, qu'on a peine à concevoir comment ces voûtes peuvent porter

fiécle, on commença dans la ville une fuperbe pagode, & la plus grande de toutes les Indes, fi elle étoit achevée; mais la fille aînée du roi de Golconde ayant époufé un des parens du grand chek de la Mecque, ce chek, qui devint miniftre d'état menaça tout le royaume d'une grande calamité, fi l'on s'obtinoit à pourfuivre cet ouvrage, & on le laiffa imparfait. Il y a dans cet édifice des pierres à admirer pour leur grandeur, & fur-tout cellé de la niche, qui est l'endroit où l'on devoit faire la priere, eft d'une groffeur fi prodigieufe, qu'on a été cinq ans à l'arracher de l'endroit qui l'a fournie, quoiqu'on ait employé continuellement à ce travail cinq ou fix cens hommes. Auffi eft-ce une roche toute entiere. On eut une peine inconcevable pour la rouler fur la machine, dont on fe fervit pour la transporter à la pagode. Ceux du pays difent qu'il y avoit quatorze cens bœufs à la tirer.

De l'autre côté de la ville, par où l'on va à Mazulipatan, il y a deux grands étangs qui ont chacun environ une lieue de tour, & fur lesquels on voit plufieurs barques enjolivées pour le plaifir du roi, & le long des bords quantité de belles maifons qui appartiennent aux principaux de la cour. Il y a un fi grand nombre de femmes publiques, tant dans Bagnagar & dans les fauxbourgs, que dans la fortereffe qui cft comme une autre ville qu'on tient qu'il s'en trouve ordinairement plus de vingt mille écrites fur le livre du deroga, fans quoi il n'eft permis à aucune femme de faire ce métier. Elles ne payent point de tribut au roi; mais elles font obligées tous les vendredis, de venir un certain nombre avec leur intendante fe préfenter dans la place devant le balcon. Si le roi y vient, elles danfent pour le divertir; & s'il n'y vient pas, un eunuque leur fait figne de la main qu'elles ont permiffion de fe retirer. On les voit le foir à la fraîcheur devant les portes de leurs maifons, qui font pour la plupart de petites huttes, devant lesquelles elles mettent une lampe allumée pour fignal, quand la nuit vient. C'elt auffi en ce tems-là que l'on ouvre toutes les boutiques où l'on vend le tari. C'est une boiffon faite du fruit d'un arbre, & qui eft auffi douce que nos vins nouveaux. On l'apporte de cinq ou fix lieues dans des outres fur des chevaux, qui n'en portent qu'un de chaque côté, & vont le grand trot. Il en entre tous les jours cinq ou fix cens dans la ville. L'impôt qui eft mis fur cette boiffon produit au roi un revenu très-confidérable, & c'est principalement à cet égard qu'on fouffre tant de femmes publiques, à cause qu'il le confume beaucoup de tari à leur occafion, ce qui oblige ceux qui le vendent à tenir leurs boutiques dans leur voifinage. Ces fortes de femmes font fi adroites, & ont tant d'agilité, que lorsque le roi, qui regnoit il y a quarante ans, vou lut aller voir Mazulipatan, neuf d'entre elles entrepri rent de repréfenter un éléphant, à quoi elles réuffirent parfaitement bien. Il y en eut quatre qui firent les quatre jambes, & quatre autres le corps, & une la trompe, & le roi fit fon entrée dans la ville, monté fur cet éléphant artificiel dans une maniere de trône. A trois lieues de Bagnagar, il y a une très belle mosquée où font les tombeaux des rois de Golconde, & tous les jours à quatre heures après midi, on y denné du pain & le pilau aux pauvres qui fe préfentent. Il faut choifir un jour de fête pour aller voir ces tombeaux, qui font alors couverts de riches tapis, depuis le matin jusqu'au foir. A quatre coffes ou lieues de la même ville eft un fort beau lieu qu'on appelle Tenara. On y voit quatre maifons accompagnées chacune d'un grand jardin. L'une des quatre, qui eft à gauche le long du grand chemin,eft beaucoup plus belle que les autres. Auffi eft-elle pour la reine, & perfonne n'y peut loger. On a permiffion d'y entrer quand elle n'y est pas. Le jardin eft fort beau, & il y a quantité de belles eaux. Eile eft bâtie de pierre de taille, & à double étage, avec de grandes galeries, de belles fales & de belles chambres. Devant la face du logis eft une grande place carrée, à peu près comme la place royale de Paris. A chacune de trois autres faces il y a un grand portail, & de côté & d'autre une belle plate-forme, relevée de terre de quatre ou cinq pieds, & très-bien voûtée.

C'eft où les voyageurs de qualité ont accoutumé de prendre leur logement, s'ils n'aiment mieux faire dresfer leurs tentes dans les jardins. Autour de la place font de petites chambres pour les pauvres voyageurs, à qui, tous les jours vers le foir, on fait l'aumône de pain, de riz ou de légumes, qu'on leur fait cuire. Quant aux idolâtres, qui ne mangent rien que de ce qu'ils ont apprêté eux-mêmes, on leur donne de la farine pour faire du pain, & un peu de beurre, qu'ils font fondre pour en frotter leur pain de côté & d'autre fitôt qu'il eft cuit.

Cette ville auffi-bien que tout le royaume de Golconde est préfentement une annexe de l'empire du Mogol, depuis la conquête qu'en a fair Orangzeb. BAGNAKIAH, peuples de l'Afie. Ils habitent, felon d'Herbelot, Bibl. Orient. entre le pays des Khozariens, & celui des Grecs, confinant aufìì vers le feptentrion avec les Rus, qui font les Ruffiens & les Moscovites. Ces peuples, continue ce même auteur, font les Tartares que nous appellons aujourd'hui Nogaïens ou Nagaski, qui s'étendent au de-çà & au de-là du Wolga, vers fes embouchures, dans la mer Caspienne.

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BAGNARA, felon Baudrand, éd. 170s, petite ville du royaume de Naples, dans la Calabre Ulté-. rieure, avec titre de duché. Elle eft fur la côte de la mer de Toscane entre Gioia & Rhegio. L'abbé Lenglet du Fresnoy, ayant fuppofé que Bagnara eft le même que Portus Oreftis, D. Mattheo Egitio lui prouve que rien n'eft moins certain. Il ajoute » Barrius » prétend que Portus Oroftis s'appelle aujourd'hui Ravagofo; car, dit-il, c'est le feul endroit où Orefte, » fouillé du fang de fa mere, pouvoit fe purifier, » fuivant l'oracle, c'est-à-dire, où fept fleuves mê»loient leurs eaux enfemble. »

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BAGNAREIA, ville d'Italie, dans l'état de l'Eglife, & dans la province du patrimoine de faint Pierre, avec un évêché relevant immédiatement du faint Siége. Elle est située sur une colline près du ruiffeau de Chiaro, fort petite & mal peuplée, au territoire d'Orviete, entre Monte Fiascone, au midi, & Orviete au feptentrion; à fix milles de chacune de ces deux villes, & à dix de Viterbe, vers la Tramontane. On la prend pour l'ancienne NOVEMPAGI de Pline. C'eft la patrie de faint Bonaventure, religieux de l'ordre de faint François. Il en fut miniftre général fort jeune, & s'acquit une telle eftime, qu'après la mort de Clément IV, que le conclave ne pouvant s'accorder fur le choix d'un nouveau pontife, après deux ans neuf mois & deux jours d'irréfolution, convint enfin par les exhortations de ce faint homme, de donner pouvoir à fix cardinaux d'élite par voie de compromis, & ce choix tomba fur Grégoire X. Ce pape le fit cardinal, & le mena avec lui au concile de Lyon. L'homme de Dieu y mourut avant la cinquiéme feffion, & fon éloge fe trouve dans les actes du concile, dont les peres affifterent avec le pape à fes funerailles qu'ils honorerent de leurs larmes. Sixte IV le mit au catalogue des faints, & Sixte V, au nombre des docteurs de l'églife. Corneille n'eft point exact, en parlant de ce faint; car il dit que le faint Siége ayant vaqué près de trois ans après la mort du pape Clément V, les cardinaux qui ne purent s'accorder fur le choix d'un fuccesfeur, s'en repoferent fur Bonaventure, s'engageant par un compromis folemnel de fe foumettre à celui qu'il voudroit élire, quand même il fe nommeroit. Ce faint homme, continue Corneille, n'abufa point du pouvoir qu'il avoit de s'élever à la premiere dignité de l'églife. Il choifit Thibaud, archidiacre de Liége, qui étoit alors dans la Terre Sainte, & qui prit le nom de Grégoire X. Outre qu'il falloit dire Clément IV, Clement V. n'ayant été élu que trente & un an après la mort de faint Bonaventure : le compromis, tel que Corneille rapporte, me paroît moins vraisemblable que la maniere que j'ai dit qu'il arriva; de quoi j'ai pour garant le P. Pagi Breviar. Pont. Rom. t. 3. p. 387.

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1. BAGNERES ou BAGNIERES, felon Baudrand, éd. 1705. Aquenfis Vicus, ou Aqua Bigerronum ville de France, au comté de Bigorre en Gascogne dans la vallée de Campan, fur la riviere de l'Adour, à une lieue au-deffous de Campan au feptentrion, &

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vers Tarbes, d'où elle est à quatre lieues. L'abbé de Longuerue, Defcr. de la France, 1. part. p. 205. dic qu'elle eft nommée Bagneres à caufe de fes bains ou de fes eaux falutaires & minérales qui étoient connues des Romains, qui appelloient ce lieu, à cause de les caux, Vicus Aquenfis, comme on voit par une ancienne infcription; & par deux autres, pourfuit cet auteur, on apprend qu'on adoroit au même endroit le dieu Aghon, dont on ne trouve point le nom ailleurs. Piganiol de la Force, Defc. de la France > t. 4. P. 214. confond Aquenfis Vicus avec Aqua Convenarum. C'elt, dit-il, après Tarbes le lieu le plus confidérable de la Bigorre, & c'est à fes eaux & à fes bains qu'elle. doit tout ce qu'elle eft. Il fe trompe; Aqua Convenarum eft Bagneres dans le comté de Comminges dont je parle dans l'article fuivant. Voici ce qu'il dit des bains qu'on trouve dans la ville de Bagneres & aux environs; les deux bains des pauvres, ceux de la Goute, de faint Roch, de la Reine & de l'Ane, font au pied de la montagne la plus proche de Bagneres. Le bain du Salut, eft à un quart de lieue de cette ville. Celui de la Forge, le grand & le petit bain, font dans Bagneres même. Entre les eaux de tous ces bains, on n'a trouvé de différence que dans le degré de chaleur ; car d'ailleurs elles font limpides & fans faveur manifefte. Un curieux ayant mis des piéces d'argent d'étaim & de cuivre dans l'eau de tous ces bains, à leurs fources, elles n'y changerent point de couleur. Aucune de ces eaux ne tire la teinture de la noix de galle, ni de l'écorce de grenade. Elles ne rétabliffent point ces teintures, après qu'on y a ajouté quelques parcelles de vitriol blanc, ou de couperofe. Elles ne font ni jaunir, ni rougir la teinture de tournefol, ni verdir celle de violette, & ne font aucun changement fur la teinture de roses, ni fur le firop violat. Enfin elles ne fermentent point avec aucune dissolution alkaline, telles que l'eau de chaux, l'huile de tartre, &c. non plus qu'avec les diffolutions acides, telles que le vinaigre diftilé, l'efprit de foufre, celui de fel, la difsolution d'alun & celle de cryftal de tartre. Ces bains font trèsfalutaires, & on y va deux fois l'année, au printeras & en automne.

2. BAGNERES, Aqua Convenarum, bourg de France, dans le haut Comminge, dans la vallée de Luchon, à caufe de quoi on l'appelle quelquefois Bagneres de Luchon, pour le diftinguer de Bagneres dans la Bigore. Il eft au pied de Pirénées, entre les vallées d'Aran, de Liffe & de l'Arboufte, affez près des fources de la Garonne, à cinq lieues de Gascogne, & au midi oriental de Saint Bertrand, aux frontieres de l'Aragon. * Atlas, Robert de Vaugondy.

BAGNEUX, village de l'Ile de France, dans la banlieue de Paris, au midi. La maison la plus remarquable eft celle de Mr. Zurbeck, lieutenant général. La maifon eft affez réguliere, & le jardin est du deffein de le Nautre. Sur la hauteur il y a un bois où le forme une étoile. Dans le milieu est un cadran qui montre l'heure qu'il eft dans douze faces différentes. * Piganiol de la Force, Defc. de la France, t. 2. p. 250.

BAGNEUX-LES-JUIFS, bourg de France, en Bourgogne, dans le pays de la Montagne, paroiffe du diocèfe d'Autun; prévôté royale du bailliage de Châtillon fur Seine: mairie qui a la police communauté de la recette de Châtillon: route du caroffe de Dijon à Paris, en paffant par la Champagne. en paffant par la Champagne. * Garreau, Defcript. de la Bourgogne, édit. 1734.

BAGNI, ce nom eft italien, & fignifie proprement les Bains, ou un lieu dans lequel il y a des fources d'eaux minérales & des bains falutaires. Ainfi il eft commun à beaucoup de lieux en Italie. Voici ceux que me fournit Léandre daus fa defcription. Je n'y ajouterai que les articles de ceux qui ne font pas expliqués ailleurs.

BAGNI D'ABANO. Voyez ABANO. * BAGNI DEL AJUTO HUMO

* BAGNI DI AQUARAO.

* BAGNI DELL' ARCO.

BAGNI DELL' ARCOLO.

BAGNI D'ASINELLO, Aqua Viterbienfes, felon Baudrand, éd. 1705, bains près de la ville de Viterbe

en Italie, dans l'état de l'Eglife, au patrimoine de faint Pierre. Quelques auteurs croient que l'ancienne ville d'Etrurie, nommée Fanum Voliumna, étoit au milieu même où font à préfent les bains d'Afinello ; d'autres la mettent Viterbe.

* BAGNI D'ASTRUNO.

* BAGNI DI BAGNOLO.

* BAGNI DELLA BOLLA, ou BULLA.

montroient de la main la partie du corps à laquelle cerre eau étoit falutaire. Ces bains font fort dépéris à préfent, & on n'y voit plus que quelques reftes des anciennes peintures dont ils étoient embellis: les eaux n'y fourdent qu'une fois par jour & de même la nuit, felon le commencement & la fin de la lune. Ces eaux fortent chaudes, avec beaucoup de fumée, & entrent dans un baffin ménagé dans le roc; & lorsqu'il eft plein, uné

BAGNI DI BORMIO. Voyez BAGNI DI S. MAR- partie s'en écoule par une rigole qui va vers la mer, &

TINO.

* BAGNI DI BRANCULA.

BAGNI DI CAIE on les nomme préfentement LES BAINS DE BOLICANO on leur attribue de grandes vertus, entre autres celle de brifer la pierre: c'est ce que le Faccio a exprimé dans ces vers, l. 3. cant. 10.

Un Bagno v'è che passa ogni configlio;
Contra'l mal de la pietra però ch'effe
La trita, e rompe come gran di miglio.

Voyez au mot BOLICNAO.

* BAGNI DI CALATURA.

* BAGNI DI CANTERELLI. BAGNI CERETANI : ces bains ont été ainfi nommés, parce qu'ils étoient dans le voisinage de Cere, aujourd'hui Cervetere, ville des anciens Cerites. Ces bains ont été auffi nommés en latin BALNEA SABATINA, du nom de la contrée, appellée Sabatia, où eft le lac Sabatin, aujourd'hui lac de Bracciano : Léandre dir qu'ils ont été auffi nommés BAGNI STIGIANI. Strabon, 1.5. p. 220, qui parle de la ville de Cere comme d'une place dont il ne reftoit plus que les mafures, dit qu'on ne laiffoit pas de fréquenter les bains qui en étoient proches, & qu'on y alloit pour rétablir fa fanté; & il les appelle Καιρετανὰ Θερμα.

BAGNI DI CICERONE: c'eft ainfi qu'on appelle vulgairement LES BAINS qui font fur la route de Tripergola à Averfa, après avoir paffé l'hôpital, à main droite du grand chemin. Les médecins les nomment BAGNI DI TRITOLI: on les nomme auffi DI PRATO, parce qu'ils font dans les prairies, Leur nom ordinaire de Bains de Ciceron eft fondé premierement fur l'usage du peuple en fecond lieu fur le rapport de Bocace, qui, dans for livre des fontaines, dit que ce nom leur eft venu de ce qu'ils étoient dans la maifon de campagne de Ciceron nommée Academie. Il eft vrai qu'ils ne furent pas faits du vivant de cet orateur; mais après fa mort. Antiftius, furnommé Vetus, c'eft-à-dire, l'ancien, qui lui fuccéda dans la poffeffion de cette terre, les fit faire ; & Laurea Tullius, affranchi de Ciceron, meilleur poëte que fon maître, les honora d'une infcription que Pline, I. 31. c. 2. nous a confervée. Ces eaux que Pline nomme Ciceroniane Aqua, guériffoient les maux des yeux. C'est à quoi Laurea fait allufion. Voici fes vers:

Quod tua, Romana vindex clariffime lingua,
Sylva loco meliùs furgere jussa viret :
Atque Academia celebratam nomine villam
Nunc reparat cultu fub potiore Vetus :
Hic etiam apparent lympha non ante reperta,
Languida que infufo lumina rore levant.
Nimirum locus ipfe fui Ciceronis honori

Hoc dedit, hac fontes cum patefecit ope.
Ut, quoniam totum legitur fine fine per Orbem,
Sint plures, oculis que medeantur, Aqua

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On ne peut rien imaginer de plus délicat que cette penfée; favoir, qu'à préfent les ouvrages de Ciceron font lus fans ceffe dans tout l'univers cette fource a commencé à paroître, afin qu'il y ait plus de remédes pour le mal de yeux. Le paffage cité par Pline fert à remplir une abréviation qui fe trouve dans Ifidore au livre XIII. de fes origines, c. 13, où l'on lit: In Italia fons Cicer. oculorum vulnera curat. Cicer. eft là pour Ciceronianus, écrit en abrégé. Léandre qui, pour le dire en paffant, eftropie un peu les noms,& change Antiftius en Antifteo, & Laurea-Tullius en Laurina; donne la defcription fuivante de ces bains, p. 174. Ce lieu eft, dit-il, extrêmement beau & creufé dans la roche avec beaucoup d'art. Il y avoit des figures d'hommes qui

une autre partie retourne au lieu d'où elle vient. Au-
deffus de ce bain, après qu'on a monté quelques mar-
ches, eft une grotte taillée auffi dans le vif du roc,
haute de fix pieds, large de cinq, & qui va en ferpentant.
Ony fent une agréable odeur. Quand y on entre, fi l'on
eft debout, on commencé à fuer, mais fi on marche
baiffé contre le plancher, on fe fent rafraîchir. Après
que l'on eft entré à main droite, & que l'on a un peu
descendu, on voit une eau belle & claire, fi chaude,
qu'on peut à peine y toucher. Plufieurs croient que
c'eft ce qui descend des bains de Ciceron par des tuyaux
fecrets. Quand on veut fe baigner, il faut, après avoir
marché deux pas, prendre le chemin à droite; & mar-
chant devant foi, on arrive à une pierre nommée il
Cavallo, c'est-à-dire, le Cheval; & paffant plus loin
fur de la pouffiere chaude, on trouve le fond de la grotte
de ce côté-là; mais en fe tournant vers l'endroit d'où l'on
eft parti, on voit une foffe affez profonde & large où eft
une autre grotte qui s'étend vers le midi,& dans laquelle,
fans aucun froid ni chaud véhément, fans aucun vent ni
mouvement d'air, il s'élevé une flamme qui monte
auffi-tôt en haut fond la cire des flambeaux que l'on
y porte pour voir, & la lumiere s'éteint; & quiconque
oferoit paffer plus loin, tomberoit mort, & fuffoqué
par un vertige & une défaillance. Ce lieu est réservé à
fuer, & cette fueur eft propre à guérir diverses ma
ladies, purge les humeurs, fortifie la tête & l'eftomach,
guérit les cathares, chaffe les flegmes, réjouit le cer-
veau, & foulage les gouteux & les hydropiques. On
voit à main droite quelques trous d'où il fort de groffes
vapeurs, avec une fi grande chaleur qu'on diroit de
l'eau qui s'éleve à gros bouillon d'une chaudiere. Ces
lieux pour fuer étoient fort eftimés des anciens. Quel-
ques-uns croient que l'ancien nom étoit BAGNI DI FRI
TOLE, parce que l'on y facilitoit la fueur par des Fri-
Etions. Mais à préfent on les nomme, comme il a été die
au commencement de cet article, Bagni di Tritoli
* BAGNI DEL COLMO ou CULMO.
* BAGNI DI CRISTO.

* BAGNI DELLA CROCE.
*BAGNI DE FATIS.

* BAGNI DI FONTANA.

* BAGNI DI FONTE DEL VESCOVO. BAGNI GIASINELLI : c'eft la même chofe que BAGNI D'ASINELLO, auprès de Viterbe.

* BAGNI DI GIMBOROSO.
* BAGNI DI GIUNCARA.

* BAGNI DELLA GROTA.

* BAGNI DEL IMPERATORE. BAGNI DI MONTE-FALCONE, eaux minéralos en Italie, dans le Frioul. Voyez MONTE-FALCONE. * BAGNI DEL OLEO PETROLEO. BAGNI D'OTTODONICO.

BAGNI DI PETRIOLO, eaux minérales d'Italie, dans le Siennois, & dans l'évêché de Sienne, à dix-fept milles au midi de cette ville. Ces bains ne font qu'à trois milles & demi de ceux de Macerola. Léandre femble croire que c'eft de ces bains qu'il faut entendre ces vers de Martial, l. 6. Epig. 42.

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