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même livre, & dont le pere avoit été affranchi de l'empereur Tibere. Ces mêmes bains d'Etruscus font loués par Stace, dans la premiere de fes Sylves; & alors il n'eft plus queftion des bains du territoire de Sienne."

* BAGNI DELLA PIETRA.

BAGNI DELLA PORETTA, eaux minérales d'Italie, au territoire de Bologne, entre les montagnes de l'Apennin & au fud-ouest du confluent des rivieres la Sila & le Reno. Ces eaux fortent en abondance d'un rocher, & font fort renommées par la qualité qu'elles ont de purifier le fang; ce qui eft même paffé en proverbe: chi beve l'acqua della Poretta, ò che lo spazza, o che lo netta. On les découvrit en 1375, par un pur hazard. Un paysan avoit un bœuf malade & décharné; & desespérant de le guérir, il l'abandonna & le laiffa aller où il voudroit, fans s'en foucier davantage. Le bœuf trouva un petit ruiffeau qui fortoit d'un rocher, en but, & y revint fouvent, & fe trouva enfin guéri & fort gras. Son maître, furpris de ce changement, tâcha d'en favoir la cause. Il fuivit de loin le bœuf, le vit boire à plufieurs reprises de cette eau, & d'une maniere qui lui fit croire qu'il la trouvoit fort bonne. Le pay fan en gouta lui même, la trouva falée, fit fon rapport à Bologne. Les médecins examinerent cette eau, en donnerent à des malades qui fe trouverent guéris. Les perfonnes infirmes fe transporterent fur les lieux, & leur concours fut caufe que le fénat de Bologne fit un décret pour obliger les communautés de Capognano & de Garnagliono d'y bâtir deux corps de logis. La réputation de ces eaux s'augmentant de plus en plus, ce lieu devint affez peuplé. Ces eaux fortent chaudes d'une haute roche, où est une mine de foufre. Du haut de cette roche on voit fortir quelques petites flammes de feu, & en frappant légèrement la pierre, il en fort des étincelles, la terre s'enflamme; & lorsque le feu eft éteint, la terre commence à pouffer de l'herbe. Léandre, p. 337, qui me fournit ce détail, attribue la falubrité des eaux du Reno, qui paffe à l'occident de Bologne, à la bonté de ce ruiffeau qu'il reçoit : ces eaux ne font pas loin de celles de la Scarpetta dont je parlerai plus bas. * BAGNI DI BENERIO.

* BAGNI DI S. ANASTUGIO.

BAGNI DI S. FILIPPO, eaux minérales de Toscane. On les appelle auffi Bagni di Rofella, parce qu'ils font voisins de l'endroit où étoit cette ville. Voyez Ro

SELLA.

* BAGNI DI SANTA LUCIA. *BAGNI DI SANTA MARIA.

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BAGNI DI S. MARTINO, eaux minérales de Suiffe, au pays des Grifons, à deux milles de Bormio, & à un de la fource de l'Adda, qui naît au mont Braulio. Quelques cartes les nomment BAGNI DI BORMIO, parce qu'ils font dans le comté de ce nom.

* BAGNI DI S. NICOLO. BAGNI DELLA SCARPETTA, eaux minérales d'Italie dans l'Apennin, affez près des Bagni della Porreta, & plus haut. On leur attribue de grandes vertus, & on prétend que la terre qui en eft détrempée & réduite en bone, étant appliquée extérieurement guérit

les douleurs internes.

* BAGNI DELLA SCROFA. * BAGNI DI SILVANO.

*BAGNI DEL SOLE ET DELLA LUNA. BAGNI DELLA SPELUNCA. Tous les bains que j'ai marqués d'un afterifque (*) font aux environ de la ville de Naples, & j'en parle ailleurs fuffisamment ; c'eft pourquoi je n'en donne ici que les

noms.

BAGNIACIS; c'est ainsi que quelques exemplaires de l'itinéraire d'Antonin portent, au lieu de VACNIACIS qu'on lit dans d'autres.

avec de rares peintures, qui repréfentent la prise de Jé rufalem par Godefroi de Bouillon. On y diftingue entre autres la belle fontaine des Syrénes, ornée de ftatues, un bois de fapins, où il y a un mont Parnaffe & le cabinet des Mufes. Les autres fontaines qui peuvent être confi. dérables, font celles du dragon, le déluge, la fontaine des canards, celles de Bacchus, de la licorne & des glands. Il y a une glaciere où la neige fe conferve fraî che pour fervir durant l'été. * Corn. Dict. E. D. R. nouv. voyage d'Italie, t. 2.

BAGNIAIA, maifon de plaifance en Italie, au Patrimoine de faint Pierre, à environ un mille de Viterbe. Le cardinal Jean-François Gambara en fit un lieu de délices pour le duc Lanty, & l'orna d'un grand nombre de fontaines & de bosquets. Ceux qui font venus après y ont ajouté de nouveaux embelliffemens. On y voit de grands viviers remplis de poiffon; quantité de jets d'eau, un grand. parc où l'on conferve toutes fortes de bêtes fauves, un beau palais bâti par le cardinal Montalte

BAGNIALUC ou VLAMMELUCA. Voyez BANJA

LUCH.

BAGNIAS ou VALANIA, Balanea, petite ville de Turquie, dans la Sourie, fur la côte de la mer, où elle reçoit la riviere de Balanias, environ à foixante & qua. torze mille pas de Tripoli de Sourie, vers le feptentrion. Baudrand dit qu'elle étoit autrefois épiscopale fuffragante d'Apamée. Ceci mérite d'être expliqué : il eft vrai qu'elle étoit épiscopale, & Timothée, fon évêque, eft nommé dans les actes I & IV du Concile de Chalcedoine, comme ayant été préfent au brigandage d'Ephèfe. Mais elle ne reconnoiffoit, je pense, pour métropole la ville d'Apamée que pour le gouvernement civil, par rapport au président de la feconde Syrie, de qui elle dépendoit; & par rapport au gouver nement hierarchique, fa métropole étoit Laodicée, qui l'étoit de la Théodoriade, province détachée de la Sy-› rie. C'est ce que je crois pouvoir conclure des diverfes Notices que j'ai confultées. * Baudrand, éd. 1705.

BAGNOLET, village de l'Ile de France, dans l'élection & dans la banlieue de Paris. Il est remarquable en ce que le favant cardinal du Perron y avoit fa maifon de campagne, dans laquelle il a compofée plufieurs excellens ouvrages, dans les intervalles que les befoins de l'état & de la religion lui laissoient.

1. BAGNOLS, lifez BAGNOLI, petit hameau du royaume de Naples, que Cluvier prend mal à propos pour le temple de Diane Trifatine. D. Matheo Egitio affure que c'est le Trebulanum, dont parle Tite-Live, au fujet du voyage de Marcellus: Car, ajoute-t-il, fi Trebula fut Tremola, comme le veut Cluvier, Marcellus auroit choisi une route le double plus longue : il n'auroit point paffé, comme le dit Tite-Live, Super Sueffellam, mais infra Acerras, & par là, il se seroit expofé à être attaqué en marche par l'ennemi, ou à être coupé en forte qu'il auroit été obligé de livrer bataille, ou de renoncer au deffein qu'il avoit d'aller fitôt à Nole. Lettre à M. Lenglet Dufresnoy.

2. BAGNOLS, felon Baudrand, ou BAGNUOLO : Balneolum, bourg du royaume de Naples, dans la Principauté ultérieure, à la fource de la riviere de Calore, au pied du mont Apennin, avec le titre de duché, à neuf milles au couchant de Conza.

3. BAGNOLS ou BAIGNOLS, Balneolum, petite ville de France, au Bas-Languedoc, proche de la riviere de Cefe (ou Scize) à deux lieues du Pont du SaintEfprit. Elle eft fermée de murailles, que l'on a rétablies contre les Camifards. On n'y compte qu'environ neuf cens maifons, la plûpart mal bâties. Les rues y' font étroites, & comme elle eft bâtie fur le penchant d'un côteau; elles y font hautes & baffes. Il y a trois portes principales & deux autres plus petites. La plus grande place de Bagnols eft une des plus belles de tout le Languedoc. Elle forme un carré long, & a foixante & feize pas de long, fur quarante de large. Au pour tour regnent des arcades qui foutiennent des maifons qui forment la place. L'églife paroiffiale n'eft pas trop bien entretenue. On remarque deux fontaines qui sortent de terre au milieu de la ville; l'une est beaucoup plus abondante & plus belle que l'autre. On y a fait un fort grand baffin. Un canal conduit hors de la ville fes eaux, que chacun fait paffer fur fes terres ; & cette fontaine fait par là toute la bonté du terroir; l'eau en eft fort claire & excellente à boire, mais on n'a pas affez de foin de nettoyer le baffin. La Cefe, qui paffe à cent pas de la ville, roule dans fes eaux des paillettes d'or qu'on cherche dans le fable avec affez de profit. * Piganiol de la Force, Defc. de la France, t. 4. p. 102. BAGNONE ou BANONE, Bagnona & Bondelia felon Baudrand, bourg de Toscane, en Italie, fur une Tome I. Seconde Partie. D

riviere de même nom, dans la vallée de Macra, à deux lieues de la ville Pontremoli, du côté de l'orient.

BAGOI, montagnes qui font partie du mont Taurus, & vers l'endroit où le fleuve Indus prend fa fource: felon l'abréviateur de Strabon, cité par Ortelius, Thef. BAGOU HORTUS, jardin fruitier de la Babylonie, dans le palais des fouverains. Pline, l. 13. c. 4. qui en fait mention, dit que ce nom lui venoit d'un mot qui fignifioit des eunuques. On trouve en effet que quantité d'eunuques orientaux ont porté le nom Bagoas.

1. BAGRADA, fleuve d'Afie, dans la Caramanie déferte, felon Ptolomée, 1. 6. c. 6. Les uns veulent que le nom moderne foit BINTMIR, d'autres BUDMIR. Il femble à Ortelius que c'est la même chofe que l'Agradatos de Strabon, 7. 15. p. 729. qui dit de ce dernier qu'on lui donna le nom Cyrus.

2. BAGRADA, fleuve d'Afrique. Prolomée, I. 4. c. 3. le nomme BACRADAS. Pline, . 8. c. 14. remarque que ce fur au bord de ce fleuve que Regulus défit un ferpent de 20 pieds de long, contre lequel ce général fut obligé d'employer des machines de guerre, comme s'il eût eu une ville à affiéger. Cette riviere eft nommée aujourd'hui MEGARADA, OU MAGERAGA. Voyez ce mot. Ortelius dit que Caftaldus & Marmol le nomment MEGRADA; Paul Jove, MAGIORDEH ; J. Léon, MAGRIDA; Tite-Live,. 30. c. 25. Bagrada ; & Polybe, l. 1. MAl. CROS OU MACRIS, I. 15. ou même MACRA, liv. 5. ch. 13.

BAGRAVANDENA, contrée de la Grande Arménie, felon Prolomée.

BAGUL STEPHON. Voyez ARSINOE.

I. BAHAMA, ifle de l'Amérique feptentrionale, dans la mer du Nord, à l'orient de la presqu'ile de la Floride; elle est longue & d'une figure tirant fur la circulaire. Sa partie la plus feptentrionale & en même tems la plus occidentale, eft par les 298 degrés de longitude. Sa partie méridionale eft plus orientale d'environ 50 m. Elle eft entre le 26 d. & environ 40 min. & le 27 d. 25 min. Herrera lui donne treize lieues de longueur & huit de largeur. Elle eft au nord-ouest de Lucayoneque dont elle eft féparée par un canal de huit lieues de large, mais dangereux à caufe des écueils. Les Anglois en font les maîtres.

2. BAHAMA (BANC DE), grand banc de fable, au nord de l'ifle de Bahama, & de celle de Lucayoneque. Il s'étend au nord jusqu'au 27 d. 25 min. & eft entouré d'écueils.

LE GRAND BANC DE BAHAMA, grand banc de fable, au nord de l'ifle de Cuba. 11 eft terminé à l'orient par l'ifle longue; au nord-eft, par le détroit d'Exuma & par l'ifle de Cigateo; au nord, par l'ifle de la Providence, ou Abacoa, l'ifle d'Androfs en eft presque par tout environnée. Mimbres, l'ifle de Bimini, & quelques écueils le long du canal de Bahama, le bornent à l'oueft; ces mêmes écueils achevent de le border fur une ligne presque parallele à la côte du nord-est de l'ifle de Cuba, de laquelle il eft féparé par un canal, nommé le vieux canal de Bahama.

CANAL OU DETROIT DE BAHAMA, bras de mer, entre la Floride & les ifles Lucayes ou de Bahama. C'eft le plus rapide qu'il y ait dans le nouveau Monde. I roule fes flots avec tant de véhémence vers le nord, entre le continent de la Floride & les ifles & les bancs qui font de l'autre côté, qu'il repouffe les navires qui voguent à pleine voiles. La largeur de ce détroit eft de feize lieues, & fa longueur de quarante-cinq, depuis le cap de la Floride, vers le nord. * De Laët, Defc. des Indes occid. 1. 1. c. 16.

VIEUX CANAL DE BAHAMA : on appelle ainfi le bras de mer qui eft entre l'ifle de Cuba & le grand banc de Bahama.

ISLES DE BAHAMA ; quelques-uns donnent ce nom à toutes les ifles Lucayes en général. Voyez LUCAVES. BAHAMBAR, felon d'Herbelot, Bibl. Orient. ville d'Afie, dans la province de Ghilan, fur la mer Caspienne. Elle fut bâtie par Ardfchir Bebegan, premier roi de la dynastie des Saffanides, en Perfe, & a changé depuis le nom en celui de Gurgian on Giorgian. BAHANA, ville d'Egypte, fituée dans la Thébaïde

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inférieure, proche de Fium. Elle eft fur un lac que forme la décharge des eaux du Nil. Ce lac, que ceux du pays appellent mer de Jofeph, eft fi couvert d'arbres fuitiers qu'on ne peut l'appercevoir que de fort près. Si l'on en veut croire une tradition qu'ont les Egyp tiens, tant chrétiens que mufulmans, cette ville a été bâtie par Jefus Chrift, de même que le patriarche Jofeph a fait bâtir celle de Fium. Cette tradition porte que ce fut en ce lieu-là qu'il appella fes apôtres qui prêchoient alors fur le Nil, & qu'après y avoir regné en perfonne, il laiffa fes apôtres pour les fucceffeurs dans cet état. Cette fable n'eft fondée que fur le voyage que fit Jesus-Chrift en Egypte pendant fon enfance. Les Juifs ont été long-tems maîtres de cette ville comme étant les fucceffeurs de fes disciples. *D'Herbelot, Bibl. orient.

1. BAHARAIN, BAHARE, BAHREN, province de 'Yemen ou de l'Arabie Heureufe. Elle a pris ce nom de Baharain, qui veut dire les deux Mers, à caufe qu'elle s'étend le long des côtes des deux mers, favoir celle d'Oman ou mer Arabique, & de celle de Fars ou golfe Perfique. Il y a dans ce golfe une ifle (de même nom) affez proche du continent de cette province. Outre la ville d'Affa, ou Ahaffa, qui eft la capitale de ce pays, celle de Catif lui appartient, & c'est par cette raifon que le golfe Perfique eft fort fouvent appellé Mer d'ELCATIF. D'Herbelot, Bibl. orient.

*

Voici ce qu'Abulfeda dit de ce pays dans fa defcription générale de l'Arabie, à la fin du voyage dans la Palestine, p. 331. BAHHRAIN, dans le pays de Nagd, eft une contrée fertile en dattes, laquelle s'étend fur la côte de la mer Perfique; c'eft la région de la réfidence des Carmathes, qui furent fectateurs d'un fameux impofteur nommé Carmath, qui s'éleva dans le mufulmanisme sur la fin du IX fiécle, & qui en renverfoit tous les fondemens. Ils firent la guerre aux califes, prirent la Mecque, firent main baffe fur presque tous fes habitans, & commirent plufieurs autres defordres. Cette fecte fe diffipa peu à peu, felon Ahmed Nuairi, qui a écrit affez au long tout ce qui regarde les Cafmathes. Elle a beaucoup de villages dans fon étendue. La ville principale de Bahhraim eft Hagiar ou Hadgre: il eft dit dans Almoshtarec qui l'a tiré de Aazuhary, que Hadgre a été nommée Babhrain, c'està-dire, les deux Mers, à caufe d'un lac qu'elle a auprès d'Ahfa, d'un côté & de l'Océan oriental de l'autre... Il eft encore marqué dans Almoshtarec que Hagiar ou Hadgre, eft un nom général pour fignifier tout le pays de Bahhrain, & que ce n'eft pas proprement le nom d'une ville particuliere; comme le remarque De la Roque, traducteur françois d'Abulfeda.

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On peut conclure de toutes ces remarques d'Abulfeda, que le mot Hagiar ou Hadgre, & Bahhrain. font des noms fynonimes; parce que des auteurs ont donné le nom de la capitale à tout le pays, & le nom général du pays à la capitale. Cette province eft seulement contigue au pays de Nagd, & n'en est plus partie.

2. BAHRAIN, BAHREN, BAHAREIN OU BAHHRAIN, province de Perfe, au midi du golfe Perfique & au nord de l'Arabie Heureufe. Elle s'étend comme une lifiere le long de ce golfe, depuis l'embouchure du bras du Schat-El-Arab, qui forme l'ifle de Schader, jusqu'à la riviere de Falg, au bord occidental de laquelle eft un petit port nommé Julphar ou Giolafar. Cette province peut avoir trois cens cinquante milles d'Italie dans fa longueur, & eft refferrée au midi par des déferts fans eau & fans habitation. Ce qui fait qu'elle a à peine foixante de ces mêmes milles dans fa plus grande largeur. La place la plus considérable est Elcatif. *Atlas, Robert de Vaugondy.

dit Ta

3. BAHRAIN, ifle du golfe Perfique, à l'embou chure du bras du Schat-El-Arab. Ce qui la rend plus confidérable, c'eft qu'autour de cette ifle, & le long de la province de même nom, il y a un banc où l'on pêche des perles. Cette pêche fe fait tous les ans, vernier, Voyage de Perfe, 1. 2. c. 9. Celle qui fe fait au banc devant Elcatif appartient à l'émir de cette ville, mais celle qui fe fait autour de l'ifle de Baharen eft au roi de Perfe. Dans cette ifle, l'eau est fort mauvaise,

& voici quelque chofe de furprenant. Ceux qui veulent avoir de bonne eau, ont leurs plongeurs qui vont le matin en mer à deux ou trois portées de mousquet de l'ifle. Quand ils font là, ils plongent au fond de la mer, & rempliffent quelques pots de terre de cette eau qui eft douce & bonne; puis ils bouchent bien les pots, & fortent ainfi du fond de la mer. Cette eau eft très excellente à boire, ce qui ne fe trouve en aucun lieu qu'auprès de cette ifle.

4. BAHRAIN, ville de l'Arabie Heureufe. On la nomme auffi HADGRE. Voyez ce mot.

BAHIA DE TODOS OS SANTOS, c'est-à dire, la Baie de tous les Saints, baie fur la côté du Brefil. Voyez au mot BAYA.

BAHIM, royaume d'Afie, dans les ifles de la Sonde. La relation d'un voyage de la Comp. Holland. des Indes orient. t. 2. p. 606 & 607. porte qu'étant auprès de l'ifle Timaon, il vint à eux neuf ou dix pirogues de l'ifle, qui s'approcherent librement & fans crainte. Chacune étoit conduite par un homme qui tous * fe difoient être sujets du roi de Bahim. Trois jours auparavant, étant plus vers le nord, c'est-à-dire, plus près de Patane, port à l'ouest de la presqu'ifle de Malacca, 'ils avoient trouvé une jonque chargée de riz, montée par des Chinois, deftinée pour Bahim. Ces indices ne fuffifent pas pour en établir la pofition bien précisément; mais il marque que ce royaume devoit être voifin de Timaon, qui apparemment en faifoit partie.

BAHUR, ville ancienne de la Palestine, felon Baudrand; mais il y a lieu de douter que ce fût une ville. D. Calmet, Diet de la Bibl, dit beaucoup mieux: BACHUR, BAHURIM, BACHOR, BACHORA, CHORABA, ou Choramon; car on trouve ce lieu marqué de toutes ces manieres. Voyez Jofeph, Ant. l. 7. c. 8. C'étoit un village affez près de Jérufalem; tirant vers le Jourdain, où Semeï, fils de Gera, vint au devant de David, & le chargea d'injures & d'imprécations, a. Reg. c. 16. v. 5. & c. 3. v. 16. Les Septante ont écrit Bapaniv, Βαθυρεὶμ, Βαουρὶμ, οι Βακουρίμ. Jofeph, l. c. 18. écrit Χωpaßà ou xáρaμov. Dans le chapitre fuivant, il écrit Bonycupn, & dit que c'étoit un village dans le terri

toire de Jérufalem.

BAIACUM. Voyez BAGANUM.

BAIÆ. Voyez BATES.

BAIAMO, province ou canton de l'ifle de Cuba, l'une des Antilles, dans l'Amérique feptentrionale. De Laët, dans fa Defc. des Ind. occid. l. 1. c. 14. nomme Bayamo le bourg qui en eft le principal licu, quoique fon véritable nom foit SAN SALVADOR; mais il en fait une ville; De l'Isle qui l'a suivi pour le nom, n'en fait qu'un village.

1. BAHUS (le), riviere de France, en Gascogne. Elle a fa fource dans le Bearn, près de Garan, & coulant vers le nord, elle entre dans le Turfan, qu'elle traverfe, paffe auprès de Buane & de Montgaillard, & va fe perdre dans l'Adour entre S. Maurice & S. Sever. On la traverfe entre les villages de la Beroge & Sorbets, en allant d'Aire à Miramont & à Pau. * Robert de Vaugondy, Atlas.

2. BAHUS, B.tbuftum, place forte de Norwege, capitale de la préfecture de même nom. Elle eft fituée fur un rocher, dans une petite ifle de la riviere de Norre-Elf, qui y reçoit celle de Giotha-Elf. Elle fut bâtie T'an 1309. par Hacquin IV. roi de Norwege. Elle avoit paffé avec ce royaume au pouvoir des rois de Danemarck; & ils l'avoient fait fortifier à la moderne, Mais en 1658, ils la céderent aux rois de Suede par le traité de Roschild. Le Danemarck a tâché inutilement de la reprendre en 1678, & elle n'eft qu'à deux milles danois de Gottenbourg, ville & port de mer que les Suédois ont fait bâtir des ruines d'Elfsbourg. * Baudrand, rectifié fur des mémoires particuliers.

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La contradiction qui paroît être entre les différentes relations écrites en divers tems, ne vient pas toujours de la faute des auteurs. Il arrive fouvent qu'une nation établiffant une colonie, nomme ville une peuplade fur l'apparence d'un commencement avantageux que des guerres ou d'autres contre tems viennent traverfer. Souvent auffi il arrive que l'on remarque trop tard les défauts d'un terrain choifi, & que la colonie s'établit ailleurs. Il peut même arriver que le commerce venant à fleurir dans un endroit de l'ifle plus que dans l'autre, dépeuple les lieux circonvoifins. Nous en avons un exemple dans Amfterdam, qui a attiré dans fes murs quantité de riches négocians, dont elle a dégarni des villes auxquelles elle n'étoit nullement comparable il y a quelques fiécles. BAIANENSIS. Voyez VATANENSIS c'est le nom d'un fiége épiscopal d'Afrique, dans la Numidie. BAIANTOLA. Voyez BARANTOLA & HAYATELA. BAIANUS SINUS, en françois le golfe de Bayes. Strabon, l. 5. p. 247. le nomme Crater, & le place entre le cap de Minerve & celui de Mifene dans ce fens il renferme, non-feulement le golfe de Bayes, mais encore tout celui de Naples. Voyez BAYES. Tacite, l. 14. ann. c. 4. parle de Baianus Lacus, c'est-à-dire, le Lac de Baïes ; & comme le remarque Cellarius, Geog. ant. 1. 2. c. 9. il y a des auteurs qui l'expliquent par le lac Lucrin; mais Tacite lui-même les diftingue. D'Ablancourt a bien fenti cette différence, & l'a exprimée dans fa traduction. Pline, 1. 3. c. 5. fait mention du port de Bayes, & Suetone, dans la vie d'Augufte, dit que cer empereur l'aggrandit, en faifant entrer la mer dans le lac Lucrin & dans le lac d'Averne, & voulut que ce port fût nommé Portus Julius apud Baias, c'est-à-dire, le Port de Jules auprès de Baies.

3. BAHUS, préfecture ou gouvernement particulier de la Norwege, & que l'on peut regarder comme une des cinq provinces de ce royaume, dont elle eft la plus petite. Elle s'étend au midi entre le Weftrogotland à l'orient, la mer de Danemarck ou le Cattegat au couchant, le gouvernement d'Agerhus au nord. Sa longueur et du midi au nord, & décline vers l'orient, Outre les limites que lui donne Baudrand, il faut ajouter qu'elle confine à l'orient à la Dalie, province de Suede. Elle est fort étoite, & a à peine quatre lieues marines de largeur vers le nord; elle en a environ fix auprés de Bahus, & tout au plus dix dans la plus grande largeur, qui eft vis-à-vis de Zuyder Vylholm. Ses principaux lieux font, en remontant la côte du fud au

nord,

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BAIE, en grec Ba; c'eft ainfi que l'ifle d'ANAPHE, dans la mer de Crete, eft nommée dans le lexique de Favorin. Ortel. Thefaur.

*

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Docet ille tepentes

Unde ferant nomen Baia, comitemque dediffe
Dulichie puppis ftagno fua nomina monftrat.

J'ai déjà dit au mot Baianus, qu'Auguste y fit bâtit un port, ou du moins qu'il le fit aggrandir. Ce lieu étoit fort délicieux, & c'est ce qui attira quantité de perfonnes riches, qui cherchoient autour de Rome des licux propres à faire bâtir de grandes maifons de campagne, accompagnées de tout ce qui pouvoit les rendre plus magnifiques & plus délicieufes, Ils choifirent dans cette vue les endroits les plus commodes, les plus fains & les plus agréables. Les bords du golfe de Baies dans la comparaifon eurent la préférence. La campagne voisine étoit fort fertile, abondante en grains. & en vins. Le lac Lucrin, qui fait presque partie du golfe de Baïe, étoit fort poiflonneux, auffi bien que le refte de cette côte. Il y avoit dans les environs une multi Dij

tude de fontaines minérales de tous les degrés de chaleur également propres pour le plaifir & pour la fanté. Les promenades y étoient charmantes & en très-grand nombre, les unes fur l'eau, les autres dans des prairies que le plus affreux hyver fembloir toujours respecter. Voyez Strab. 1. 5. Plin. l. 31. c. 2. Les riches qui ai2. Les riches qui aimoient une vie molle & oifive chercherent à s'établir dans ce lieu qui n'étoit qu'à une distance raisonnable de Rome, & où l'on pouvoit vivre à fa fantaisie, & fuivant le plan qu'on s'étoit fait à foi même. Ce lieu fut bientôt décrié comme un féjour où tout portoit à une vie déreglée, de même que Canope en Ægypte, & Daphné, fauxbourg d'Antioche. Seneque dit dans fes épitres, en parlant du Sage, Ep. 51. S'il veut choisir une retraite, il ne préférera point Canope, quoiqu'on n'empêche perfonne d'y vivre en homme de bien, il fongera tout auffi peu à Baïes. Ces lieux ont commencé d'être le rendez-vous des vices. Dans ces lieux, la débauche fe donne beaucoup de liberté: on s'y relâche, comme fi le libertinage étoit un tribut, qu'il faille néceffairement payer pour le féjour qu'on y fait. La pudeur des mœurs antiques empêcha long-tems les perfonnes foigneufes de leur réputation, d'aller dans un Lieu où l'on vivoit avec tant de diffolution: il falloit au moins une ordonnance de médecin pour paffeport. Scipion l'Africain, fatigué des bruits injurieux que les tribuns du peuple répandoient tous les jours contre lui, choifit Literne pour le lieu de fon exil & de fa mort, préférablement à Baies, de peur de deshonorer les derniers jours de fa vie par une retraite fi peu convenable à fes commencemens. Caius Marius, Pompée le Grand, & Jules Cefar, ne furent pas tout-à fait si réfervés que Scipion, Ils firent bâtir dans le voisinage; mais ils placerent leurs maifons fur la croupe de quel ques collines, pour leur donner un air de château & de place de guerre, plûtot que de maifon de plaifance. Ciceron, pro M. Cœlio, en plaidant pour Celius, jeune homme, à qui l'on reprochoit fon féjour à Baies, comme un préjugé très fort contre lui, convient que Baies étoit un lieu dangereux. Mais enfin les fcrupules des Romains fe diffiperent. Baies devint le lieu de l'Italie le plus fréquenté & le plus peuplé, en forte qu'il s'y forma en peu de tems une ville auffi grande que Pouzole, quoique celle-ci fût alors le port le plus confidérable de toute 1Italie, & l'abord de toutes les nations. Comme le terrain étoit fort ferré d'un côté par la mer, & de l'autre par plufieurs montagnes, rien ne leur coûta pour vaincre ces deux obftacles. Ils raferent les côteaux qui les incommodoient, & comblerent la plus grande partie du golfe, pour trouver des emplacemens que la diligence des premiers venus avoit enlevés aux pareffeux. C'est à quoi fait allufion Virgile, Eneid. 1. 9. v. 710. & feq. en comparant la chûte du géant Birias, à ces maffes de pierre qu'on jettoit dans le golfe de Baies, pour fervir de fondations. C'est auffi à quoi penfoit Horace en divers endroits de fes ou vrages.

Marifque Baiis obftrepentis urges
Summovere littora.
Od. 18. 1. 2.

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Seu pleures hiemes, feu tribuit Juppiter ultimam, Que nunc oppofitis debilitat pumicibus mare Tyrrhenum. Od. 11. 1. 1. Addiffon, dans fon voyage d' Italie, p. 145. reprend avec juftice M. Burnet, évêque de Salisburi, d'avoir dit que cette Baies étoit autrefois la retraite des Romains pendant les chaleurs de l'été; car, ajoute-t-il, c'eft affurément l'endroit le plus étouffant de toute l'Italie, à caufe des bains chauds & des campagnes de foufre qui jettent perpétuellement de la fumée dans tout le voifinage. Baies, qui occupoit la plus grande partie de la baie étoit certainement une retraite pour les anciens Romains pendant l'hyver, comme étant la faifon la plus propre pour profiter des Baiani Soles & du Mollis Lucrinus, comme au contraire Tibur, Tufcu

S

lum, Pranefte, Alba, Caieta, Mons Circeius, Anxur (aujourd'hui Tivoli, Frefcati, Paltrina, Albano, Gaieta, Monte Circello, Terracina) & autres montagnes & promontoires, étoient leurs retraites pendant les chaleurs de l'été. Les relations modernes s'accordent à vanter la douceur de l'air & l'agrément des côteaux qui s'élevent infenfiblement autour du golfe de Baies. Voyez Miffon, Voyage, l. 2. p. 84. & fuiv. On y voit diverfes ruines de temples, de thermes & de palais, & quelques-uns de ces débris paroiffent dans la mer même. Au lieu des maifons de plaifance, dont les environs de la ville étoient parfemés, ce ne font aujourd'hui que de triftes mafures, qui font de ce. lieux, autrefois enchantes, une folitude affr eufe. Entre Baies & Mifene eft un petit Canton, qu'on nomme Bauli, où fe voit le tombeau d'Agrippine, mere de Neron, qui la fir affaffiner dans la maifon de plaifance qu'elle avoit en cet endroit. On y voit auffi des reites du réfervoir d'Hortenfius. Près de là font d'aflez grandes ruines, communément appellées Mercato ai Sabbato. Les uns prétendent que ce font les rettes d'un cirque, & les autres qui le nient, ne favent à quoi fe déterminer. Du côté de la mer fe voient de grands veitiges de la maifon de campagne ( Villa ) d'Hortenfius. Proche du réfervoir il y a un refte de temple que l'on dit avoir été celui de Diane. On a déterré dans le voisinage une tres-belle statue de Venus deux fois grande comme nature; elle tient un globe de la main droite, & trois oranges de la main gauche. Le Capaccio, qui en fait la defcription, dit qu'elle a été trouvée au lieu où étoit autrefois le temple de Venus Genitrix, c'est-à-dire feconde. De Baies il n'y a qu'un bon mille aux Champs Elifées, petite plaine entre la mer & l'Acheron, ce marais puant, que Virgile, Eneid. I 6. v. 107. nomme tenebrofa Palus. Ce lieu eft agréable par sa fituation & par la douceur du climat : car d'ailleurs ce n'est rien du tout; un petit morceau de terre préfentement inculte qu'on a peine à trouver parmi les mafures & les buiffons. Voyez aux articles CICERON, TRITOLI, PISCINE, CENTO, CAMERELLE & BAULI.

LE GOLFE DE BAIES, Baianus Sinus, petit golfe du royaume de Naples, au fond duquel étoit fituée la ville de Baies. Jofeph Mormile, dans fa defcription de la ville de Naples & des antiquités de Pozzuolo, p. 177. dit qu'une mer très-tranquille y eft renfermée en forme de lune, que c'est un très-bon port, où les galeres font en fureté, mais les vaiffeaux n'y ont point assez de fond pour y entrer. C'est pour cela, ajoute cet D. Pierre de Tolede y fit bâtir une forque > tereffe, nommée CASTELLO DI BAIA, qui est toujours gardée par trente Soldats.

auteur

BAIEUX. Voyez BAYEUX.
BAIGNOLS. Voyez BAGNOLS.

BAIGORRI, Baigorria ou Biguria, pays de France, dans la Baffe Navarre: il eft de fort petite étendue, entre les frontieres de la Haute Navarre à l'occident, & le pays de Cize à l'orient. Le lieu le plus confidérable eft S. Etienne de Baigorri, felon Oihenart. *Baudrand, édit. 1705.

BAIKAL, lac de l'empire Ruffien, en Siberie, fur les confins de la Daurie. Voici ce qu'en dit Ifbrands Ides, inféré dans les voyages de le Brun, pag. 122. Ce lac a environ fix lieues d'Allemagne de large, & quarante de long, & la glace que l'envoyé du Czar y trouva le dixiéme de mars avoit deux aunes de Hollande d'épaisseur. Il ne laisse pas d'être dangereux lorsqu'on s'y trouve furpris de la neige & d'un grand vent: il faur avoir foin fur tout de bien ferrer à glace les chevaux, parce qu'elle eft fort unie & fort gliffante, & que la neige ne s'y arrête jamais à caufe du vent. Il s'y trouve auffi de grands trous, fort dangereux pour les voyageurs lorsque le vent eft violent, & que les chevaux ne font pas bien ferrés, dans lesquels on eft souvent entraîné. La glace s'y ouvre auffi quelquefois, par la violence du vent, avec un bruit qui reffemble à celui du tonnerre; mais elle n'eft pas long-tems fans fe joindre & fe refferrer. Il faut que les chameaux & les bœufs, dont on fe pourvoit pour le voyage de la Chine, traverfent ce lac en venant de Jekutskoi, (Irkuts-koi;) on met pour cela aux premiers des botines bien ferrées

à glace, & des fers bien aigus à la corne des pieds des autres, fans quoi ils ne pourroient fe foutenir fur cette glace unie. Au reite, l'eau de ce lac eft fort douce, quoique de loin elle paroiffe auffi verte & auffi claire que celle de l'Océan. On voit beaucoup de chiens marins dans les ouvertures de cette glace, lesquels font noirs , au lieu que ceux de la mer Blanche font de couleur mêlée. Ce lac eft rempli de poisson, & fur tout d'éturgeons & de brochets, dont il s'en trouve qui pefent jusqu'à deux cens livres, poids d'Allemagne. L'unique riviere qui fort de ce lac eft l'Angara, laquelle coule au nord-nord-ouest, mais il s'y en décharge quelquesines, dont la principale eft la Silinga, qui a fa fource au fud, dans le pays des Mongales, outre quelques ruiffeaux ou fources qui tombent des rochers. Il s'y trouve auffi quelques ifles. Ses bords, & le pays à l'entour, font habités par des Burates, des Mongales & des Onkotes, & produifent beaucoup de belles martes zibelines noires, outre qu'on y prend fouvent un animal nommé Kaberdiner. Le même auteur parle d'une plaifante fuperftition; mais le traducteur d'Isbrands Ides n'ayant pas été exact, je me fervirai des termes d'un autre relation du voyage de Lorenz Langen, qui a fait le même voyage en dernier lieu. Les habitans du lieu nomment, dit-il, le lac Baikal Swetoi more, c'est-à dire la Mer Sainte, & s'imaginent qu'il auroit du reffentiment fi on le nommoit Ofera, c'est à-dire un lac, & qu'il ne manqueroit pas de fe venger de fon outrage. Par respect pour lui ils fe privent d'eau-de-vie, de tabac, & autres chofes dont ils ufent avec plaifir, & dont ils fe gardent bien de fe fervir, lorsqu'ils traverfent ce lac. La même relation dit que ce lac, nommé Lacus Sinicus, a trente-cinq werstes d'occident en orient, qui eft fa largeur, & cinq cens du nord au fud, qui eft fa longueur. Cette grandeur eft bien différente de la premiere, & en prenant cinq werftes pour un mille d'Allemagne, cela fait fept lieues de large fur cent lieues de long. De l'Ifle, dans fa carte de la Tartarie, lui donne beaucoup moins de longueur, & met au contraire cette longueur d'occident en orient. Cependant Lorenz Langen s'accorde parfaitement avec les mémoires fur lesquels le pere Avril en a parlé, p. 172. Il dit du lac de Baikal qu'on lui donne communément cinq cens werítes de longueur & quarante de largeur. On dir, ajoute ce pere, que les eaux de ce lac font extraordinairement claires; que quelque profondeur qu'il ait, on peut diftinguer aisément les différentes couleurs des cailloux qui font au fond. Il est entouré de plufieurs hautes montagnes, où la neige fe conferve durant les plus grandes chaleurs de l'été; & c'est-là fans doute ce qui oblige les voyageurs d'employer quelquefois plus de fept ou huit jours à le traverfer, quoique le trajet ne foit que de huit lieues; car ce lac étant, comme il doit naturellement l'être, le rendez-vous général de tous les différens vents qui paffent au travers de ces rochers énormes dont il eft environné, il est à croire que venant à fe croifer les uns les autres, & à fe disputer le paffage, ils donnent bien de l'exercice aux vaiffeaux qu'ils rencontrent, & qu'ils faut bien de la prévoyance & du bonheur pour n'être pas arrêté quelque tems.

1. BAILLEUL, petite ville de France, en Flandres, à trois lieues & demie d'Ipres. C'étoit enciennement une place forte; mais aujourd'hui elle est ouverte & fans défense; elle a été brûlée cinq ou fix fois par accident; la derniere fois fut en 1681. Il y refte environ cinq cens vingt-fept maifons & deux mille trois cens habitans. L'ancien commerce de cette châtellenie étoit la fabriquedes draps & du fil qui paffoient en Angleterre ; mais ce commerce eft fort tombé. Le magiftrat de la ville de Bailleul confifte en un grand bailli héréditaire, un avoué, neuf échevins, vingt-quatre confeillers-penfionnaires & un tréforier. Pour les impofitions, levées de deniers & antres chofes d'importance, le magiftrat fakt affembler les notables, dont le corps eft de vingt-fix bourgeois. Long. 20 d. 25. m. latit. 5o. d. 45. min. * Piganiol de la Force, Defc. de la France, t. 6. p. 200.

LA CHATELLENIE DE BAILLEUL ne dépend point du magiftrat de la ville; mais chaque village a fon

bailli, fept échevins & un greffier, qui reudent la juftice, laquelle eft feigneuriale: il y a auffi à Bailleul une cour féodale: d'où relevent plufieurs fiefs. On y tient une foire au mois de feptembre, & cette ville eft la patrie de Meyer, hiftorien eftimé. * Corn. Dict. 2. BAILLEUL, bourgade de France, en Anjou. Elle n'eft remarquable, dit Corneille, que pour avoir été la patrie de René Choppin, l'un des plus fameux jurisconfultes du feiziéme fiécle: il mourut entre les mains de celui qui le tailloit pour le guérir de la pierrele 30 Janvier 1606, dans fa foixante-neuvième année. On a fes ouvrages en fix volumes in-folio.

BAILLIAGE: ce mot fe prend en plufieurs fignifications. Premierement, pour la charge de bailli, dontl'office eft différent en divers pays. Secondement, pour le lieu où le bailli tient fon fiége. Troifiémement, pour une étendue de pays foumis à la jurisdiction d'un bailli. Quatrièmement, pour une dignité dans l'ordre de Malthe. La troifiéme eft celle qui appartient à la géographie, & en même-tems celle à laquelle nous nous attacherons la plus. On peut voir dans le gloffaire de du Cange l'origine du nom de bailli, in voce BAJULUS, & les différentes fortes de baillis dont il est fait mention dans les auteurs de la baffe latinité. Il eft certain que le mot Bailliage ne fignifie autre chofe qu'office, adminiftration. C'est en ce fens que les Allemands l'expriment par le mot Ampt,& appellent Amptman lebailli; c'eft auffi dans ce fens que l'on dit en Flandres Ammanie, mot que les miniftres d'état ont quelquefois employé dans les traités. Il y a des pays qui fe divifent en bailliages, comme la Franche-Comté, qui eft divifée en trois grands bailliages. La plupart des provinces d'Allemagne font partagées en bailliages, c'est-à-dire en un certain nombre de cantons, qui ont chacun plufieurs villages dans leur diftrict, &fouvent une ville ou un bourg, où réfide le bailli, qui eft proprement l'homme du prince, & eft obligé de veiller à fes intérêts. Ces offices s'afferment comme une métairie pour le tems porté par le contrat. En France, c'eft plûtot un office de judicature que d'adminiftration; & les préfidiaux y font ordinairement divifés en bailliage; mais ce mot ne fignifie pas la même chofe également dans toutes les provinces. Le Bailliage d'Amiens a des fiéges fubalternes, que l'on nomme Prévôtés. Les Sénéchauffées de Provence ont au contraire des fiéges fubalternes, nommés Bailliage & Viguerie; & felon l'ufage des provinces, une jurisdiction fubalterne des parlemens eft nommée Sénéchauffée, Prévôté, Bailliage, Viguerie, Vicomté, Châtellenie, Mairie Mandement. Tous ces noms fignifiant à peu près une même autorité fubordonnée à une autre, & dont les jugemens peuvent être réformés par une cour fupérieure, à favoir par les préfidiaux ou par les parlemens, il est bon de remarquer que quoiqu'il y ait des bailliages fort étendus, il y en a qui ne fortent point des haies d'un feul bourg, ou des murs d'une ville. Voyez Par ticle de chaque bailliage au nom du bourg ou de la ville qui en eft le chef-lieu. La plupart des riches monafteres de Suiffe, faifis par les cantons proteftans, ont été changés en bailliages.

BAINDT, abbaye d'Allemagne, en Suabe, près de Rawenfpurg: elle eft petite, & a des religieufes qui fuivent les conftitutions de Citeaux : elle fut fondée vers le commencement du treiziéme fiécle par Conrard Schenck de Winterftette. Anne de Franckenhaufen, morte l'an 1244, en a été la premiere abbesse. L'abbesse, qui dans fes armes porte d'or à un crochet de fable mis en bande retreci & ondé, fe dit : par la grace de Dieu, abbeffe de l'abbaye impériale & féculiere de Baindt, & a rang entre les abbés & abbeffes qui joignent à cette qualité celle de princes ou princeffes de l'Empire. Souver, du Monde, t. I. p. 328.

BAINOA, province de l'ifle Espagnole, dans l'Amérique : elle commençoit aux confins de celle de Cayabo, & s'étendoit vers le nord où eft la riviere de Bagaboni, & où les Espagnols bâtirent leur premier fort; mais depuis le tems de Porcacio, duquel Corneille a pris cet article, l'ifle a été partagée autrement qu'elle ne l'étoit, lorsque les Espagnols la poffédoient feuls.

BAINS, lieux où la nature ayant donné des fources d'eaux minérales, on a bâti des maifons, ou même

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