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des bourgs & des villes, pour la commodité des malades qui, alloient prendre ce remede. Plufieurs villes doivent leur origine, & même leur nom à ces bains, comme Bagneres en France, Baden en Allemagne & en Suiffe, Bagni en Italie, Les anciens avoient des bains où l'eau n'étoit pas chaude naturellement comme elle left dans les bains qui font aujourd'hui fréquentés pour la fanté. C'étoient de vaftes édifices, où par des feux ménagés dans des caveaux on échauffoit l'eau, & ils s'y baignoient par plaifir, ou même pour la propreté. Les bains leur étoient d'autant plus néceffaires qu'ils n'avoient point comme nous l'ufage du linge. Ces bains, appellés Therma, font fouvent nommés dans l'ancienne géographie. Pour revenir aux bains naturels & minéraux, il y a eu des proviuces auxquelles l'abondance de ces eaux a fait donner le furnom de falutaires. Mon. deffein n'est pourtant pas de borner la fignification de Therme aux feuls bains artificiels. Voyez BAGNI & THERMA, & les noms des villes ou des villages où il y a de ces bains. Tous les environs de Naples font remplis de ces fortes de fources.

BAIOCA, ville de l'Espagne Tarragonoife, felon la notice de l'Empire, citée par Ortelius.

Ce favant homme a été trompé par un exemplaire défectueux; car la notice après avoir dit:

MT

In Provincia Tarraconenfi

Tribunus cobortis prima Gallica Veleia,

contient une grande lacune, après laquelle il ne s'agit plus de villes d'Espagne, mais des Gaules, comme Carnuntum, Senonia Lugdunenfis, Baioca, & Conftantia, Lugdunenfis Secunda, Cenomanni Lugdunenfis Tertia, Redonas Lugdunenfis Tertia, qui très certainement font toutes des villes de la Gaule: c'eft BAYEUX.

BAIOCASSES. Ortelius dit que c'eft un peuple de la Gaule Lyonnoife, & cite Aufone, Profeff. Carm. 4. 8.& 9. où je trouve:

Tu Bagocaffis ftirpe Druidarum fatus,
Si fama non fallit fidem.

Selon le même Ortelius on trouve dans Sidonius. 4.
Epift. 1. ad Lucuntium, Baiocaffina prædia. Voyez
BAYEUX. Hadrien de Valois, Notit. Gall. p. 74. re-
prend Pierre Pithou & Jofeph Scaliger, de ce que
P'un fur la foi de Marian a cru que les Veliocaffes ou
Velocaffes, ou Bellocaffes de Cefar font les mêmes,
qui dans la fuite ont été appellés Baiocaffes; & l'autre
de ce qu'il prétend qu'il faut ôter des commentaires
de Cefar les Bellocaffes & Bellocaffi, pour y fubftituer
Baiocaffes & Baiocaffi. Les Baiocaffes font nommés par
Grégoire de Tours, l. 5. c. 27. Baiocaffini, & par
Fredegaire, xxc. Bagaffini. Les capitulaires de Char-
lemagne font mention de Baiocaffinus pagus, c'est-à-
dire le Beffin, & ceux de Charles le Chauve le nom-
ment Bagifinus.

BAIOCENSIS TRACTUS; les auteurs modernes nomment ainfi ce même canton que nos ancêtres nommoient en latin Baiocaffinus, & que nous nommons le BESSIN.

1. BAIONNE, ville de France. Voyez BAYONNE. 2. BAIONNE, selon Vayrac, Etat de l'Espagne, 7. I. p. 273. au felon les Espagnol, Baiona, ville maritime d'Espagne, dans la Galice. Elle eft ffruée fur un petit golfe, un peu au-deffus de l'embouchure du Minho. Elle a un port de mer très-commode. Sa côte fournit du poiffon excellent, & fon terroir produit quantité de fruits exquis, & eft arrofé par un trèsgrand nombre de fontaines Elle eft, felon de l'Ifle, par les 9 d. de longitude, & à 41. deg. 54 m. de latitude. ISLES DE BAIONNE; on nomme ainfi deux ifles & quelques écueils fitués à l'entrée du golfe où Baiona eft fituée. La plus feptentrionale eft la plus grande. Les anciens les ont connues fous le nom de DEORUM INSULA, c'est à-dire les ifles des Dieux. Les Espagnols les appellent LAS ISLAS DE VAYONA.

1. BAIS, ville d'Afrique, dans le Zanguebar. Elle eft fituée fur la mer entre les villes de Sophala & de Monbafe, & paffe pour une des mieux peuplées &

des plus marchandes de toute la côte. * D'Herbelot, Bibl. Orient.

2. BAIS, ancien lieu de la Cilicie. Antonin, Itiner. le met fur la route de Tyane à Alexandrie de Syrie, entre cette derniere & Catabolon, à feize mille pas de l'une & de l'autre.

BAISSAN, petite ville d'Afrique, fituée à seize milles ou environ de Tripoli en Barbarie. Elle eft arrofée d'un grand nombre de ruiffeaux & de fontaines, qui rendent fon terroir auffi agréable que fertile, & le font nommer le jardin de cette côte. * D'Herbelot, Bibl. Orient.

BAIURÆ, peuple d'Afrique, dans la Mauritanie, felon Ammien Marcellin, l. 29. Ce font les mêmes que Pline, l. 5. c. 2. nomme BANIURÆ, & Prolomée, 1.4. c. 4. Bavioupar c. 4. Barioupas, lieu de quoi on lifoit dans quelques éditions βανίουροι, & même βανίουβαι,

BAIXOS, c'est ainfi que les Portugais appellent en leur langue certains bancs de fable que nous appellons BASSES en françois, & où les vaiffeaux n'ont point affez d'eau, & demeurent engravés, de maniere qu'ils y périffent. Les Espagnols difent Baxos. Les Latins difoient SYRTIS. Voyez BASSES.

1. BAIZE ou BEZE: gros bourg de France, en Champagne. 11 eft fermé de murailles avec une abbaye de Bénédictins, unie à l'évêché de Dijon, haute juftice & château. Il eft fitué dans un fonds entre des montagnes, à une lieue de Lux, & à 5 de Dijon. Son églife parois fiale eft bien bâtie, & porte le titre de S. Remy: celle de S. Prudent eft très-fréquentée à caufe des reliques que l'on y conferve. L'hôpital pour les pauvres malades eft fort bien entretenu. L'abbaye, dont l'églife cft belle & bâtie à la moderne, eft dans l'enceinte du château, environnée de foffés que rempliffent les eaux d'une fource, qui forme une riviere. Le commerce du bourg confifte principalement en draperies & en chapelleries, & l'on y tient un gros marché & des foires, Le territoire elt partagé en prairies, en vignobles, & en terre de labour. De l'Ifle écrit BEZE. * Corn. Dict. Mémoires dreffes fur les lieux.

2. BAIZE ou BEZE (la), riviere de France, en Champagne. Elle a fa fource au pied d'une roche, environ à cent toifes de la muraille du bourg du même nom; de là coulant vers le fud eft elle paffe à Noiron, à Mirebeau, à Bezouotte, à Charmes, à Drambon, g. reçoit le ruiffeau d'Albane à Saint Leger, d. & fe jette dans la Sône, au-deffous d'Auxone. Cette riviere fait tourner plufieurs moulins pour divers ufages; entre autres il y en a un appellé Rome, à caufe de la beauté de fon bâtiment, * Atlas, Robert de Vaugondy.

BAKAN, grande ville d'Afie, fur le rivage oriental de la riviere d'Ava, vers les 115 d. 30 m. de longitude, & par les 20 de latitude feptentrionale, felon la carte imprimée dans les obfervations du P. Gouye. Elle est entre les villes d'Ava & de Prom. Le P. Duchatz dit que Bakan eft grand comme Dijon & fort bien bâti. La riviere en cet endroit a dans l'espace de dix lieues la vertu de pétrifier le bois. Le même pere dit y avoir vu de gros arbres pétrifiés jusqu'à fleur d'eau, dont le refte étoit encore de bois fec, & il ajoute que ce bois pétrifié eft auffi dur que la pierre à fufil. Baudrand & fes traducteurs nomment ce lieu BACAY OU BAKAY, & en font un royaume fur la riviere de Pegu. C'est une erreur. Il n'y a rien de pareil fur cette riviere, mais bien une ville nommée Bakan fur l'Ava. * Mémoires de l'Academie des Sciences Ann. 1692. P.

399.

BAKAR. Voyez BACAR.

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BAKEWEL, bourg d'Angleterre, en Derbyshire, à fix lieues de Derby, du côté du nord. On y tient marché.

BAKHZAR, ville d'Afie, dans le Khorafan. Ce mot fignifie l'Orient en langage perfien. * D'Herbelot, Bibl. Orient.

BAKINGLE; ifle dans l'Océan de la Chine, & l'une des Philippines. Elle a douze ou quinze lieues de tour & appartient au roi d'Espagne, ainfi que toutes les autres. Corneille cite Sanfon, qui dans fa carte particu liere des Philippines nomme cette ifle BANKINGLE. Elle eft entre celle de Paragoa & celle de Mindoro, &

doit être une de celles que de l'ille nomme ifles Calamianes. Corn. Diction.

BAKON, grande forêt de la Baffe-Hongrie. Elle eft fort étendue entre la ville de Javarin & celle de Vesprin. André, roi de Hongrie, combattant contre fon frere Bela, y fut abandonné des fiens, foulé & écrafé fous les pieds de les ennemis en 1059. Bau drand, éd. 1705. BAKU, BAKUYE, BACU, BACHU Ou BAGHIE, (ville & territoire de.) La ville eft bâtie fur un golfe de la mer Caspienne, & s'avance jusque dans cette mer, dont les bords font peu profonds dans cet endroit. Elle eft d'une médiocre grandeur; mais affez bien fortifiée. Il y avoit toujours dans la ville un fultan & un naib à la cam-, pagne. Le dernier dépendoit du premier; mais il n'y a plus de fultan dans la ville; elle eft gouvernée par le commandant de la garnifon qu'on y tient, auffi bien que le territoire. La ville & le territoire étoient foumis à la Perfe: ils le font à la Ruffie depuis 1723. Presque Tous les habitans de la ville étoient des foldats Perfans, qui avoient été envoyés dans ce pays pour tenir les Rusfes & les Turcs en bride : ils étoient à la folde du roi. Cette ville fut affiégée en 1723, par les Ruffes, fe rendit par compofition, & conferva tous fes priviléges. Les Ruffes ayant appris que le fultan & les principaux habitans vouloient fe revolter, les transplanterent en Ruffie,& la peuplerent de Ruffes. Son principal commerce confifte en fel & en naphte. Le fel fe forme dans des lacs qui font aux environs de la ville. Les fources dont on tire le naphte, font à une demi-lieue de la ville; on en voit continuellement foudre cette liqueur : les unes le donnent blanc, les autres le donnent noir. On fait un très-grand commerce de cette drogue. On en fait úfage dans toute la Perfe pour bruler dans les lampes, au lieu d'huile. Dans le tems que Baku appartenoit encore à la Perfe, les fontaines de naphte étoient affermées à soooo roubles par an, & elles produifent encore un revenu confidérable. Près de ces fontaines il y a une place où la terre brûle lorsqu'on y met le feu. Lorsque les habitans veulent faire de la chaux, ils font un trou dans cette place, allument la terre, y jettent des pierres, qui au bout de 20 jours font une chaux très-bien cuite. Ceux qui habitent près des fources de naphte, pour y voir clair pendant la nuit, creufent dans leur chambre un trou de la profondeur d'un pied, y mettent un tuyau d'un pied au milieu, l'affermiffent avec la terre qu'ils ont tirée du trou, approche la flamme du haut; elle y prend, éclaire & dure jusqu'à ce qu'on l'éties'en endommager le tuyau. Le territoire de Baku eft d'ailleurs fec & aride.* Mémoires dreffés fur les lieux par M. Garber, officier de la Ruffie dans ce pays. BAKZAR. Voyez, BACHZAR.

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1. BALA OU SEGOR, ville de la Palestine, dans la Pentapole. On dit qu'on lui donna le nom de Bala, c'est dire engloutie, parce qu'auffi-tôt que Loth en fut forti, elle fut engloutîe & abîmée dans la terre. * D. Calmet, Dict. de la Bibl.

2. BALA, ville de la Palestine, dans la tribu de Siméon, C'est la même que BAALA. Jofué, c. 15. v. 29. la met dans la tribu de Juda, & au c. 19. v. 3. elle eft comptée comme la quatrième des treize villes du fecond partage de la tribu de Siméon. Voyez BAALA I,

3. BALA, montagne de la Palestine, où elle fervoit de borne entre la tribu de Siméon, & la fatrapie des Philiftins, depuis le torrent d'Egypte, jusqu'à l'orient d'Ascalon. C'est la même que BAALA 2.

4. BALA, ancienne ville de la Galilée, felon Etienne le géographe qui cite Jofeph. Cela ne peut convenir à aucune des précédentes, à moins qu'on ne prenne la Galilée dans une fignification très-impropre, & bien plus étendue qu'il ne faut. Joseph, Antiq. l. 6. c. 6. cité par Etienne, dit bien que Saül fit la revue de fon armée à Bala; mais cet historien ne dit nulle part que ce fût une ville de Galilée. Reland, Palaft. p. 611. obferve qu'Etienne met plufieurs villes dans la Galilée, quoiqu'il ne foit pas certain qu'elles y fuffent. Il ajoute que s'il y avoit eu dans ce pays une ville nommée Bala, comme elle auroit été voisine du Liban cela aideroit à expliquer pourquoi le Talmud employe le mot pour fignifier le Liban.

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J. BALA, bourg d'Angleterre, dans la principauté de Galles, au comté de Merionneth, fur le bord d'un petit lac, à fix lieues du bourg de Harlech, vers le levant, & autant de la petite ville de Denbigh, vers le midi.

BALABAD; c'est ainfi, felon Baudrand, éd. 1705. que les Indiens nomment la présqu'ifle de l'Inde deçà le Gange, comme qui diroit le pays en-deçà du Vent. BALABITENE. Ortelius trouve ce nom ainfi écrit dans les Authentiques, au lieu de Balbitene, canton de l'Armenie, lequel on appelloit aufli papn. Voyez ARMENIE.

BALACA, iffe de l'Océan des Indes, au midi de celle de Taprobane, felon Ptolomée, l. 7. c. 4. On ne fait aujourd'hui ce que c'est.

BALACASTEL, bourg d'Ecoffe, dans le comté de Murai, fur la riviere de Spey, à huit lieues au midi de la ville d'Elgin.* Baudrand, éd. 1705.

BALACRI, peuple que Quinte Curfe, L. 4. & Arrien, l. 3. mettent dans l'arinée d'Alexandre. BALACURI. Voyez BALALOUCH.

BALAD, on BELED, petite ville de Turquie, en Afie, dans le Diarbeck, & peu éloignée du Tigre, quelques lieues au-deffus de la ville de Moful. Corneille ne dit point où il a pris cette ville. Mais le géographe de Nubie, 6. part. clim. quart. dit qu'à vingt-un milles au-deffus de Mausel, ( Mosul) au bord du Tigre, elt la ville de Balad qui, auffi bien que Maufel, eft fur le bord occidental de ce fleuve : il compte vingt-fept milles de-là à Sengiar, ville bâtie dans le défert, au pied d'une montagne, à l'occident de Balad.

BALAGEA ou BALATAA, felon les divers exemplaires de Ptolomée, L. 5. c. 19. ville de l'Arabie déferte, au bord occidental de l'Euphrate. Les cartes dreffées fur cet auteur, & Ortelius, difent Balagala.

BALAGANSKOY, ville de l'Empire Raffien, au pays des Burates, peuple à l'orient de la Siberie. Elle fe trouve fur la route d'Ilinskoi à Jekuskoi, fur la ri viere d'Angar, qui fe décharge dans le lac Baikal. La carte & la relation d'Isbrandz Ides nomment cette ville BULAGANSKOI. Lorentz Langen,qui a fait la même route au mois d'août 1716, reprend cet auteur d'avoir dit Jekutskoy pour Irkutzky, & dit que l'Angara fort du lac Baikal. Ides le dit auffi. Mais comme dans le même chapitre il dit le contraire, la nouvelle relation décide; comme on peut voir dans la traduction que j'en ai faite, & qui eft inférée dans les mémoires pour fervir à l'hiftoire de l'empire Ruffien.

BALAGNE (la), Balania, felon Baudrand, éd. 1705, petit pays de l'ifle de Corfe, en fa partie occidentale, dite delà les monts, entre la riviere Oftricone & la ville de Calvi. Il peut avoir trente-cinq à quarante milles de circuit. Il contient cinq petits quartiers, à favoir les Pieves, de Touagni, d'Aregno, da S. André, de Pino & d'Olmia.

BALAGNEZ ou BALARUM. Voyez BALAGUAN. BALAGRITE; Ortelius a cru trouver uhe nation nommée ainfi dans la CIV. épitre de Synefius, & conjecture qu'elle étoit vers la Pentapole d'Afrique.

BALAGUAN ou BULAHUAM. Corneille dit Balagnez ou Balakum, place d'Afrique, dans la province de Ducala, (Duquela) près du fleuve Ommirabih fur le chemin qui mene de Fez à Maroc. * Dapper, Afrique, p. 137.

BALAGUATE,BALEGATE BALAGATE OU BALLAGATE; autrefois royaume particulier dé la presqu'ile d'en deçà le Gange,enfuite province du royaume de Vilapour, & maintenant province de l'empire du Mogol. C'eft, dit Thevenot, dans fon voyage des Indes, c. 43. P.. 212. une des plus riches provinces du grand Mogol, car elle lui rapporte par an vingt-cinq millions. Elle eft au midi de celle de Candifch. Daulet Abad, que l'on nomme ordinairement Doltabat, en étoit autrefois la capitale, mais elle a cédé cette primauté à Aurangeabad ou Orengebat, ville bâtie par Aurangzeb & qui n'étoit qu'un bourg autrefois. Il tire fon nom d'une haute chaîne de montagnes qui eft plate au fommet, & couverte de très bons pâturages. De l'Ifle, dans fon Atlas, nomme Balagate cette chaîne de montagues qui s'étend le long de la côte de Malabar, de

puis Baçaim, jusqu'au Mondoa, riviere qui coule à Goa; & il nomme montagnes de Gate la fuite de cette chaîne, qui s'étend depuis le Mondoa, jusqu'au cap Comorin.

Il nomme auffi Balagate une autre fuite de cette montagne, qui, fortant du Concan, s'éleve au nord de la fource du Ganga, & court vers le nord, jusqu'à la fiviere d'Andi, qui coule dans le Gange. Ce pays eft le même que le Décan; mais ce n'en étoit autrefois qu'une partie.

BALAGUER, Bellegarium ou Valaguaria, ville d'Espagne en Catalogne, au pied d'une côte escarpée, * avec un château & un pont de pierre, fur la riviere de Segre, où elle reçoit la Noguere Paillarèfe. Elle eft devenue célèbre depuis que les François la prirent fous le comte de Harcourt en 1645,& que les Espagnols furent défaits dans fon voifinage. Elle n'est qu'à trois lieues de Lerida, au levant d'été, en allant vers Solfone, & à douze de Manrèse, au couchant d'été. BALALOUG, château de lifle de Man. C'eft la réfidence ordinaire de l'évêque de cette ifle. *Davity, Inle de Man,

BALALVANO, felon Baudrand, montagne de l'ifle de Sumatra, l'une des ifles de la Sonde en Afie. Elle eft au milieu de l'ifle, & a un volcan pareil au mont Etna, qui vomit des flammes, & quelquefois auffi des piéces de roches.

1. BALAMBUAN, ( ce mot s'écrit diverfement par un B ou par un P, & l'on trouve dans les relations indifféremment BALAMBUAN, PALAMBUAN, PALIMBAM, PALEMBAM. Reland, dans fa carte de l'ifle de Java, écrit PALAMBUAM & BALAMBOUANG,) contrée dans la partie orientale de l'ifle de Java. Elle est bornée au nord par les hautes montagnes, qui aufbien qu'à l'occident en partie la féparent du royaume de Mataran, & au levant par le détroit de Mataran, & au midi par la mer de Lautchidol. Ce pays avoit fon roi particulier, lorsque les Hollandois firent leurs premiers voyages aux Îndes Orientales. * Voyages de la Comp. t. 1. p. 334.

2. BALAMBŪĀM, ville capitale, & même la feule que l'on connoiffe dans le pays de même nom. La relation des Hollandois nous la dépeint comme une place murée, fortifiée, & la réfidence d'un roi. Reland la met à 134 d. 40 min. de longitude, & à 8 d. 27 min. de latitude auftrale.

3. BALAMBUAN, riviere d'Afie, dans l'ifle de Java, au pays de Balambuan où elle paffe, au nordouest de la ville du même nom, au-deffus de laquelle elle n'eft guères connue des Européens. Puis coulant vers le nord-est, elle fe jette dans le détroit qui porte le même nom. Au midi de fon embouchure eft un golfe, nommé le golfe de Balambuan.

4. LE DETROIT DE BALAMBUAN, bras de mer, entre l'ifle de Java à l'occident, & la petite ifle de Baly, à l'orient.

BALANÆÆ, arum, ville de la Syrie, felon Ptolonée, l. 5. c. 15. de la Phénicie, felon Etienne le géographe. Holstenius, Not. in Carol. à S. Paulo Geog. Sacr. p. 288. met une ville épiscopale de ce nom dans la feconde Syrie. Les anciennes notices la mettent dans la Theodoriade; les interprétes de Ptolomée lui donnent pour nom moderne BAGNIAS, VALAT, & BEONA, BAGNIAS eft le vrai nom, felon Postel; c'est VALANIA, i nous en croyons Niger. Voyez BAGNIAS.

BALANAGRÆ, peuple de la Cyrenaïque. Ils adoroient Esculape au rapport de Paufanias, in Corinth. BALANDUS,fiége épiscopal d'Afie, dans la province de Lydie, felon une notice imprimée dans les antiquités eccléfiaftiques de Schelftrate, t. 2. p. 675.

BALANGIAR, ville capitale du pays de Khozar, habitée par une nation ou race des Tartares appellés Khozares ou Kozaréens, au-deffus ou au nord de la mer Caspienne. Les tables Arabiques lui donnent 85 d. 20 min. de longitude, & 46 deg. 30 min. de latitude feptentrionale. * D'Herbelot, Bibl. Orient.

C'est en effet la position que lui donnent Naffir Eddin & Ulug Beg, qui le mettent l'un & l'autre au pays de Chozar, écrivent dans la traduction de Graves, p. 101 133. BALANJAR, & en font la réfi &

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dence d'un roi, Sedes Regis Chozar. Voyez KHOZAR. BALANTES peuple d'Afrique, au pays des Négres, fur la côte de l'Océan, vers les Biffeaux * Baudrand, éd. 1705.

BALANTIPYRGON, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, felon Ptolomée, qui dit qu'elle étoit au peuple qu'il nomme ADISATRI.

BALARA, ville marchande, fur la mer des Indes, felon Philoftrate, l. 3. qui nomme cette mer Erythrée, entre l'embouchure de l'Inde & celle de l'Euphrate. BALARETANUS LIMES. La notice de l'Empire, fett. 5o. fait mention d'un lieu nommé ainfi dans l'Afrique propre.

BALARES, Balari. Pline, l. 3. c. 7. dit que les Balares & les Corfes étoient les plus célèbres nations de la Sardaigne. Tite Live, 1. 41. dit que les Iliens étant joints par les fecours des Balares, avoient envahi une province poffédée par les Romains; & Strabon, l. 5. p. 225. les met entre les habitans des montagnes. Paufanias, l. 10. c. 17. eft le feul des anciens qui parle d'eux avec quelque netteté. Il dir que les Carthaginois s'étant rendus maîtres des contrées maritimes de cette inle en chafferent tous les habitans déjà établis, à la réferve des Iliens & des Corfes; qu'ils ne purent fubjuguer à caufe des montagnes escarpées, où ceux-ci fe refugierent, que les Libyens & les Espagnols (c'est-àdire un refte d'une ancienne peuplade venue d'Afrique, & une peuplade venue d'Espagne, pays alors occupé par les Carthaginois) que ces peuples, dis-je, s'étant brouillés avec les Carthaginois pour le partage de quelque butin, fe jetterent dans les montagnes & furent appellés Balari, par les Corfes, dans la langue des-quels ce nom fignifie Exilés. Le favant Bochart trouve à redire à cette explication de Paufanias, 1. 1. c. 31. Premierement ils n'étoient point exilés. 2o. Ils ne devoient pas ufer de la langue de Corfe; mais de celle de Sardaigne. Il y a peu de chicane dans ces objections; car pour répondre à la premiere, on peut être banni par une force majeure, ou fe bannir foi-même d'un lieu ; & Tite-Live, L. 29. c. 31. appellé Exules ceux qui après la déroute de Maffiniffe, fe retirerent avec lui fur le mont Balbus. Quant à la feconde, il y avoit un peuple nommé les Corfes, qui occupoient une partie de la Sardaigne, & rien n'empêche qu'ils n'euffent leur langue particuliere qu'ils parloient dans la Sardaigne. Bochart croit de plus que les lliens, les Corfes, & les Balares, étoient un feul & même peuple. Cependant Tite-Live, Pline, & Paufanias les diftinguent. Quant à l'éthymologie de leur nom qu'il dérive de l'Arabe, Bararim, il eft vrai que ", Barari, veut dire Solitude, défert, & que Bari fignifie fauvage & champêtre; mais il feroit auffi ̧déraifonnable de chercher les noms de tous les peuples dans l'hébreu, que de n'y en vouloir trouver aucun. Ce peuple, felon le pere Briet, Parall. 2. part. I. 5. c. 12. n. 6. étoit entre les Corfes au nord, & les Dia bregenfes au midi. Ptolomée, l. 3. c. 3. qui nous a décrit très diligemment la Sardaigne dans un chapitre particulier, ne dit rien de ce peuple; mais Cafaubon conjecture que c'étoient peut-être les habitans de la ville VALERIA.

BALARUC, petit bourg de France, dans le Languedoc. Il est éloigné d'un quart de lieue du grand che min de Montpellier à Toulouse. Les bains font à un quart de lieue encore plus loin, dans une petite plaine le long de l'étang de Thau. Il y a une colline à cent pas de-là au levant, & d'autres collines, à demie lieue au nord & nord-ouest. La fource des bains n'eft qu'à deux cens pas de l'étang, mais elle eft plus haute que le niveau de l'eau de l'étang. Il y a apparence qu'elle vient de la colline qui eft au levant, parce que les vieux bains en étoient plus proches. Les propriétaires de ces bains ont juftifié qu'il y a plus de cent quatre-vingt ans qu'ils font en vogue, & affurent qu'on but de ces eaux avant qu'on s'avisât de s'y baigner. Piganiol de la Force, Defcript. de la France, t. 4. p. 10 & 11.

*

Il y a trois BAINS: le Vieux qui est vouté & abandonné, les Bains ordinaires où eft la fource, & le Bain des pauvres, qui eft un écoulement du préce

dent

---- "

dent. En hyver, lorsqu'on ne s'y baigne pas, & qu'on ne vuide point fes baffins, il fe forme fur l'eau une crême, ou taie blanche, qui reffemble à celle qu'on trouve aux écoulemens des eaux de Vichy. Cette taie eft une terre infipide qui va à fond, quand on la brife. Elle participe néanmoins de quelque fel puisqu'elle s'humecte à l'air.

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Le fel de tartre jetté fur l'eau de Balaruc chaude ou refroidie, la rend fort laiteufe, & l'esprit de vitriol la précipite peu à peu en maniere de lait de foufre. Néanmoins, quoique ces eaux foient à peu près auffi chaudes que celles de Bourbon-l'Archambaut, elles n'ont aucune odeur de foufre. Elles ne changent point les herbes les plus délicates, quoiqu'on les y laiffe tremper long-tems. La poudre de noix de galle ne donne presque point d'autre teinture à l'eau des bains qu'à l'eau commune fi ce n'eft qu'elle la rend un peu plus trouble. Lorsqu'on jette quelques gouttes d'esprit de foufre fur cette teinture, elle s'éclaircit, & devient de couleur de muscar clair, & lorsqu'on y jette enfuite du fel de tartre, il la fait précipiter à flocons. Les eaux des bains de Ba. laruc ont un goût falé, mais beaucoup moins que celles de la mer, & laiffent à la fin fur la langue une impresfion de douceur. Par évaporátion on en tire deux drachmes de réfidence fur quarante une onces d'eau. Ce fel ne crépire que très-peu, quand on en jette fur les charbons allumés, & rouffit, quand on pouffe le feu; mais lorsqu'on le crystalife, il crépite comme le fel marin, & fait des cryftaux cubiques: tiré par évaporation fimple fans cryftalifation, il fermente avec l'esprit de foufre, ce que ne fait pas le fel marin: mais cette fermentation n'eft point forte comme celle du fel de tartre, ou des eaux de Valhs. Il y a donc bien de l'apparence que le fel des eaux de Balaruc tient beaucoup du fel marin, participant néanmoins davantage des parties alkalines, & d'un esprit fulphureux qui en adoucit les pointes. Ces eaux purgent beaucoup par les fel'les, & font bonnes contre la paralyfie, le rhumatis me & autres maladies, où il eft befoin d'ouvrir les pores & d'exciter les fueurs. Elles ne font point conTraires aux maladies de poitrine, parce qu'elles n'ont aucune acidité.

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Les habitans ne craignent point les étrangers, parce
qu'on ne peut entrer dans le pays que par des paffages
étroits. Les villes & les citadelles font fortifiées par l'art
& par la nature. Ils font bons archers & bons chaffeurs ;
ils s'habillent ordinairement de cuir, parce que la toile
de lin & les étoffes de laines fout rares, & par confé-
quent fort cheres chez eux; mais les femmes de di
ftinction s'habillent de toile de coton & de foie.

BALASAGUN ou BALASGUN, felon d'Herb. Bibl. or. ville & contrée d'Afie, dans le Turqueftan, audelà du fleuve Sihun, qui est le Jaxattes des anciens, & elle en eft plus proche que la ville de Caschgar. Elle étoit entre les mains des Mufulmans, & fur les con fins des Turcs, du tems de Samaani, auteur du livre intitulé Allebab, dit Abulfeda, p. 74. qui ajoute que de fon tems cela étoit changé, & qu'elle étoit paffée au pouvoir des Tartares. Le même Abulfeda cite, p. 51. fur fa pofition deux auteurs, l'un eft Alferas, qui lui donne de longitude 91 d. 35 min. l'autre eft Albiruni, qui lui donne 15 minutes de plus. Tous deux s'accordent fur la latitude qui, felon eux, eft de 47 d. 40 min. 1. BALASSIE. Marco Paolo le Venitien, 1. 1. c. 34. décrit ainfi ce pays: Balafcia eft, dit-il, une grande province adonnée au mahométisme, & qui a une langue particuliere. Ses rois qui fe fuccedent par droit d'hérédité, difent être descendus d'Alexandre le grand. On y trouve des pierres précieufes, nommées Balais, en latin Balafci du nom du pays. Il est défendu fous peine de la vie de creufer la terre pour les chercher, ni de les emporter du pays fans la permiffion du roi. Car toutes ces pierres précieufes appartiennent au roi, qui les donne en préfent, ou même en payement, à qui il lui plaît, ou les troque contre de l'or ou de l'argent. Il y en a telle abondance, que s'il étoit permis à tout le monde de les tirer de la terre qui en eft pleine, le grand nombre, en les rendant communes, en diminueroit le prix. Une autre montagne de ce pays produit le lapis lazuli, dont fe fait le meilleur azur qui foit au monde. On le tire de la mine comme le fer. Il y a aussi des mines d'argent. Ce pays eft fort froid. Il y a quantité de bons chevaux, dont la corne eft fi dure qu'ils n'ont pas befoin d'être ferrés, quoiqu'ils courent fur des roches & des montagnes. On y trouve toutes fortes de gibier, de venaifon, & des faucons excellens. La terre y produit de bon froment, de l'orge & du millet en abondance. On n'y a point d'huile d'olive, mais bien de noix.

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Les auteurs du dictionnaire de Trevoux, difent aut
mot BALAIS, le nom de Balais vient de Balaffia, qui
eft, felon eux, un royaume en terre ferme, entre Pegu
& Bengala, od fe trouvent ces Rubis Balais, à ce que
dit Ramufio, dont parlent auffi Haython & Paul Veni
tien. Il y a bien de l'inexactitude dans ces paroles. On
vient de voir par le paffage de Paolo, que je viens de
rapporter tout entier, qu'il n'eft point question dans
fon livre d'une pareille fituation de ce pays. Au con
traire, cet auteur compte de Balac, où il dit qu'Ale-
xandre époufa la fille de Darius, & qui par conféquent
doit être l'ancienne ville de Sufe, felon Plutarque, in
Alexand. il compte, dis-je, deux jours de chemin
jusqu'à la fortereffe de Taicam, & de là trois autres
jours jusqu'à Scaffem ; d'où il compte trois autres jours
de chemin dans un pays inhabité jusqu'à la province de
Balascia, ce qui fait en tout huit jours de chemin, de-
puis Taicam ou Sufe jusqu'au pays dont il eft queftion
& prenant ces journées à 30 milles d'Italie chacune
ce qui feroit exceffif dans les voyages faits en Afie, où
l'on ne va guères qu'en caravanes, ce ne feroient tout
au plus que 240 milles, & ces auteurs mettent ce pays
du moins 2400 milles plus à l'orient qu'il ne peut être
felon Paolo. Il femble qu'Haython leur foit plus favo
rable; car en parlant d'un royaume qu'il nomme India
Regnum, il dit: Ce royaume depuis la Perfe vers l'o-
rient jusqu'à une province nominée Balarem, où l'on
trouve des pierres précieuses, que l'on appelle Balais.
Mais outre que ce qu'il appelle India Regnum, ne fau-
roit fe prendre pour tout l'Indoustan, comme je le
prouve ailleurs, cet auteur n'eft rien moins qu'exact,
& la maniere dont la préface dit que ce livre fut di-
été, fans aucuns mémoires ni copies à un écrivain, qui
le mit de françois en latin, ne donne pas beaucoup
d'autorité au rapport du moine Haython. Davity, Etats
du Sophi, p. 437. rencontre plus jufte, lorsqu'il dit que
le pays de Balaffie fait partie des anciens Paropamifa-
des. Mais je ne fais fi le royaume de Balaffie, dont
parle Marco Paolo, doit être diftingué du Candahar.
La fituation enfermée dans un cercle de hautes mon-
tagnes, convient affez à l'une & à l'autre. Davity met
la ville de Balaffan fur le Gehun ou Gelcon; il ajoute
que près delà on voit fur le même bord Semergian &
Bocan, féjour du roi de Balaffie, nommé pour ce fujer
roi de Bocan. Les cartes modernes & les tables des Ara-
bes placent fur le Gehun une ville de Badascian
> que
Davity aura fans doute confondue avec Balaffan dont
il eft ici question, & qui étant dans le Paropamife, doit
être bien au midi de l'Oxus.

2. BALASSIE, riviere de Barbarie, au royaume
d'Alger. Elle fe jette dans la mer Méditerranée, près du
cap de Gibramel, vers Gigeri. * Baudrand, éd. 1705.

BALATHEA. ville de l'Arabie déferte, felon Prolomée, l. 5. c. 19. Quelques éditions portent BALAGA.

BALATIMORE. Voyez BALTIMORE.

BALBACK, ifle peu éloignée du rivage de la mer des Indes, & qui n'est qu'à une journée de l'Ifle de Zeilan. D'Herbelot, Bibl. Orient.

BALBANERA (LA SIERRA DE), montagnes d'Espagne, dans la vieille Caftille. Ces montagnes avec celles d'Yangas, vers Rioia, font celles qu'on nommoit autrefois Diftercius, & font partie de l'ancienne Idubeda, anciennement Heliopolis. * Baudrand, éd. 1705.

BALBANIN ou ALBANIN, nation particuliere de Grecs ou d'anciens Egyptiens, qui fe font retirés vers la Nubie & dans la ville d'Afuan en Thebaïde, dès le tems que les Mahométans fe rendirent maîtres de l'Egypte. Ils font profeffion de la religion chrétienne, & de la fecte des Jacobites. Leurs fréquentes courfes dans l'Egypte fupérieure les font paffer pour une race de brigands. D'Herbelot, Bibl. Orient.

*

Tome I. Part. II. E

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BALBASTRO, ville d'Espagne, dans l'Aragon, fur la riviere de Vero, à fon embouchure dans la Cinca & aux confins de la Ribagorça, à mi-chemin, entre Huesca au couchant, & Lerida au levant d'hyver, & à quatorze lieues de Saragoffe au levant. On l'appelloit autrefois Bergidum & Belgida, Vayrac dans fon Erat d'Espagne, t. 2. p. 369. dit que Balbaftro eft un fiége épiscopal, qui fut établi premierement à Roda, enfuite il fur transféré à Urgel, puis à Lerida, enfin à Balbaftro. Roda ayant été reprise fur les Mores en 1940, Ervivalde, évêque d'Urgel, fe plaignit au roi Ramire I, de ce qu'on avoit féparé cette églife & celle de Ribagorça de la fienne; fi bien que ce prince ordonna qu'elles fuffent reftituées à l'évêque d'Urgel. Mais après fa mort Sanche fon fils en rétablit le fiège à Roda. Le roi Sanche-Ramire ayant repris Balbaftro fur les Mores en 1965, donna l'églife de cette ville à Salomon, évêque de Roda, lequel prit le titre d'évêque de Roda & de Balbastro, mais il ne le porta pas long-tems: car D. Pedro, roi d'Aragon, ayant repris une feconde fois la ville de Balbaftro, fit ériger fon églife en cathédrale en 1090. Ponce en fut fait premier évêque. Cependant l'évêque d'Huesca s'oppofa vigoureusement à cette érection, prétendant qu'elle lui étoit préjudiciable. Ses fucceffeurs en firent de même, tellement que ce procès dura jusqu'en 1573, que Philippe II fit ériger Balbaftro en évêché, ou, pour mieux dire, fit confirmer l'érection qui en fut faite en 1090. Philippe d'Urrias en fut fait premier évêque. Le chapitre eft compofé de sept dignitaires, de douze chanoines, de douze prébendiers & de divers autres bénéficiers. Le diocèfe s'étend fur cent foixante-dix paroiffes, fur huit couvens, fur quatorze hermitages, & fur dix-neuf hôpitaux.

BALBECK, ancienne ville de la Turquie, en Afie. Ce nom eft quelquefois écrit par un double A. Baalbec. Elle eft fituée dans la Syrie du Liban, au bout d'une longue plaine qui est presque toute environnée de hautes montagnes. Voyez la Roque, Voyage de Syrie & du Mont Liban, éd. Paris,p. 119&fuiv. p. 97. & fuiv. éd. d'Amft. 1723. La plaine a fon étendue du côté de Damas, & elle eft encore féparée du territoire de cette derniere ville,par d'autres montagnes qui font une fuite du Liban ou de l'Antiliban. La fituation de Balbeck, felon nos géographes, est à 60 d. 45 min. de longitude, & à 33 d. so min. de latitude feptentrionale. Naffir Eddin, aftronome Perfan, donne à cette ville 70 d. 45 min. de longitude & 33 d. 40 min. de latitude. Les tables qui portent le nom d'Ulug Beg, prince Tartare, s'accordent avec lui pour la longitude de Balbeck, mais elles ne lui donnent què 33 d. 15 min. de lat. Enfin Balbeck n'eft éloignée que de 15 ou 16 lieues françoifes de Damas, qui eft presque à fon orient. Les villes maritimes Gebail & Baruth en font à dix-huit ou vingt lieues de distance du côté du couchant. Elle voit d'asfez près les plus hautes montagnes du Liban vers le nord, & une partie de l'Antiliban lui eft oppofée du côté du midi. Cette ville eft fermée de belles murailles de pierres taillées, dont le circuit eft d'environ une lieue, & contient les plus beaux reftes d'antiquité qui foient peut-être aujourd'hui dans l'Orient, fans en excepter même les ruines qui font en Egypte. Quoique la ville en foit presque toute remplie, on s'attache principale ment à la vifite d'un grand palais, communément appellé le château de Balbeck, & à celle d'un temple en core plus entier & plus magnifique que le palais. Ce château fitué à l'extrémité occidentale de la ville, repréfente à fon extérieur un plan imparfaitement carré, par la dispofition de quatre grands murs qui l'enferment de tous côtés. Ces murs font tous entourés d'un large foffé, revêtu de grandes pierres. Il étoit autre fois très-profond & rempli d'eau vive. La premiere chofe qui frape & qui furprend l'admiration, avant inême que d'entrer dans cette vafte enceinte, c'eft la qualité des pierres dont les hautes murailles qui la forment le trouvent conftruites. Ces pierres font exceffives en toutes leurs dimenfions; on en a mefuré plufieurs qui ont plus de foixante-deux pieds de lon gueur, & jusqu'à feizé pieds de hauteur ou de largeur. Celles qui méritent plus d'attention font employées au mur de derriere, ou du fond, où l'on ne

troue que trois feules pierres d'environ foixante pieds
chacune; elles forment enfemble une longueur de plus
de cent quatre-vingt pieds de terre dans la muraille;
ce qui est une espèce de prodige qu'on ne trouvera
nulle autre part. La face extérieure de tout ce palais eft
tournée vers l'orient: elle eft extrêmement longue, à ૩
caufe de deux grandes tours carrées qui l'accompa-
gnent de chaque côté, & qui ne font qu'une même
ligne, d'environ quarante toiles de longueur, avec tou
te la façade du bâtiment. La principale porte eft ou..
verte fur le milieu de cette face, & celles des tours le
font auffi du même côté, ce qui forme trois grandes
entrées de front, qui conduisent dans les bâtimens inté-
rieurs ; & pour la décoration, outre quantité d'orne-
mens ruinés, que l'on fe dispense de décrire, on voit en-
core un bel ordre d'architecture dorique, avec des co-
lonnes engagées dans le vif du bâtiment,ce qui donne une
grande idée de tout le refte. Sur le piedestal de l'une de
ces colonnes, on lit encore affez facilement ce peu de
mots d'une infcription que le tems a fort endommagée:
ils font en très-beaux caracteres romains:

M. V. M. DIIS HELIOPOL, PROSUL.
EX VOTO.

Tout ce premier corps de bâtiment eft double & d'une profondeur extraordinaire, ayant du côté qui regarde l'intérieur du château, deux autres tours pareilles aux précédentes, & les mêmes ornemens qui font fur le dehors: à quoi il faut ajouter que les combles font en terraffes & en galerie découverte, avec les murs crenelés. La profondeur qu'on vient de remarquer rend la grande entrée du milieu extrêmement obfcure. C'est un long paffage, ou plutôt un vestibule fous des voutes fort élevées, que l'on prendroit pour un chemin fouterrein. Les murs de ce veftibule font ornés de buftes de rois ou d'empereurs, que l'on ne fauroit bien reconnoître faute de clarté ; mais on eft en quelque façon dédom magé de cette obfcurité, par le bel objet qui fe préfente après avoir traversé ce long veftibule. Cet objer eft un grand bâtiment hexagone, opposé à toute la face que l'on vient de décrire, & élevé autour d'une vaste cour, faifant comme la premiere partie de ce palais. ĮĮ eft d'une apparence tout à fait fomprueufe, & encore embelli d'une partie des ornemens qui convenoient à un fi beau dessein. Le fond de ce bâtiment est tour ouvert, & repréfente une maniere de théatre ou de plateforme, où l'on monte par un fort beau degré de marbre. Cette ouverture donne entrée à une feconde cour carrée, encore plus fpacieuse que la précédente, autour de laquelle on trouve d'autres édifices beaucoup plus magnifiques que les précédens. Ces édifices font élevés fur un double rang de colonnes, qui forment deux fuperbes galeries en portique aux côtés de cette grande place. La longueur des galeries eft d'environ for xante-fix toifes, & leur largeur de huit. On ne peut rien ajouter à la beauté & à la nobleffe de toute cette ftructure,qui fe fait encore admirer malgré l'état de ruine & de décadence où elle fe trouve aujourd'hui. Au fond de la grande cour dont on vient de parler, on voit les ruines d'un troifiéme bâtiment, qui étoit fans doute le plus fuperbe de tous, faifant comme le principal corps de ce palais, & directement oppofé à la premiere face, ayant la même largeur,& beaucoup plus de profondeur. Ce dernier corps de bâtiment étoit élevé fur des colonnes, dont la groffeur & la hauteur furpaffent fi fort les dimen fions ordinaires, que Pierre Belon, en 1548, les a come parées à celles de l'hyppodrome de Conftantinople. Il refte encore neuf de ces colonnes, avec une bonne partie de l'entablement, qui font autant de chef-d'œuvres de l'art, & qui montrent avec tout ce qui vient d'être remarqué, que ce palais devoit autrefois paffer pour une des merveilles de l'Afie. Pour comble d'admiration, chacune de ces neuf colonnes n'eft que d'une feule piéce. Il y a beaucoup d'apparence qu'elles font restées du nombre de vingt-fept, qui étoient encore au même lieu vers l'année 1550, que Thevet, Cosm, univerf. ↳ 6. c. 14. avoit remarquées comme la plus grande merveille de Balbeck, & qu'il affure avoir été depuis trans

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