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leucis qui lui donna le nom de Hierapolis. Pline, 1. 3. c. 23, qui la met dans la Celesyrie, dit que les Syriens la nomment MAGOG. Voyez ce mot. Il ajoute qu'on y adoroit la déesse Atergatis, nommée par les Grecs Derceto, qu'il appelle monstrueuse; parce qu'elle avoit un visage humain, & tout le reste du corps d'un pois fon. Voyez Ovid. Métam. 1. 4. v. 44. Cette ville ne peut être la même que Bambucale ou Banbourquezer, fur le Méandre, ni Edesse en Mésopotamie, laquelle a été nommée aussi BANBICA, comme je l'ai remarqué à l'article d'Edesse. Strabon, 1. 16. p. 748 751, distingue deux BAMBICE, l'une dans l'Assyrie, à quatre schenes au-delà de l'Euphrate, qu'il nomme aussi EDESSE & HIERAPOLIS; & c'est dans celle-là qu'il met le culte d'Atergatis: l'autre dans la Syrie, à l'orient d'Antioche, & auprès de Berrhoée, c'est-à-dire, à la droite & au couchant de l'Euphrate; par conféquent loin du Tigre, & encore plus du Méandre.

1. BAMFE, petite province de l'Ecosse septentrionale, dans la province de Buchan, près de l'embouchure de la riviere de Doverne. Elle porte le nom de sa capitale. La plupart de ce pays est entre les mains des Olgivies & de leurs vassaux. Le conite de Finlater est le chef de cette famille, dont les ancêtres sont venus d'Angus. Les branches de Boyne & de Bamfe font aussi de cette famille. * Etat préfent de la Grande Bretagne, Bretagne, t. 2. p. 272,

2. BAMFE, ville d'Ecosse, dans la petite province de même nom, à l'embouchure de la Doverne. Cette ville, faute d'un bon port, ne fait pas grand négoce, si ce n'est le bled & du saumon que l'on pêche dans la riviere. Elle a titre de vicomté. * Etat présent de la Grande Bretagne.

BAMIAN, ville d'Asie, dans la province de Khorafan. Elle donne fon nom à un pays particulier qui s'étend à l'orient de la ville de Balkhe, en tirant vers le Kabul, province septentrionale des Indes. Elle est située au 102 degré de longitude, & au 36 degré 35 min. de latitude septentrionale. Gengizkhan s'en rendit le maître, après la prise de Balkhe & de Thal can, & la désola entierement l'an 618 de l'hégire, de Jesus-Christ 1221, à cause de la mort d'un de ses petits fils, arrivée pendant le siége. Cette ville avoit appar. tenu autrefois aux sultans Gaurides ou Gourides de la seconde branche, & Fakhreddin, oncle de Gaiatheddin, fultan de cette même famille, en avoit le gouvernement, joint à celui de la province. Elle ne s'est point rétablie depuis que les Mogols ou Tartares de Genghizkhan la ruinerent. * D'Herbelot, Bibl. Orient. BAMMAGURA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, selon Ptolomée, l. 7. c. 1.

BAMONITIS, contrée de l'Asie mineure. Strabon, 1. 12. p. 553, la net dans le voisinage du fleuve Halis. BAMOTH BAAL, ancienne place de la Palestine. L'écriture la joint avec Hefebon, ou Chesbon, Dibon, & Beth-Baal-Meon, & l'assigne à la tribu de Ruben. Josué, c. 13. v. 17. Eusebe écrit qu'elle étoit située au pays des Amorrhéens au-delà du Jourdain, sur l'Arnon. Saint Jérôme avoit fans doute écrit simplement Bamoth, comme Eufebe, au lieu de quoi on lit Baboth; c'est une faute corrigée par l'ordre alphabéthique qui demande Bamoth après Bama, & non pas Baboth. Outre Bamoth-Baal, qui se trouve nommée dans Josué, on trouve dans les Nombres, c. 21. v. 190 20, le nom de Bamoth, simplement pour signifier un certain lieu dans le désert, proche les Mohabites ; & quel. ⚫ ques-uns ont jugé que l'un & l'autre étant dans le voifinage des Mohabites, n'étoient qu'un seul & même lieu. Le P. Bonfrerius, not. in Onom. Euf. p. 33. aime mieux les diftinguer, & dire que BAMOTH BAAL, étoit une ville de la tribu de Ruben, & par conféquent au-delà de l'Arnon, à l'égard de ceux qui venoient du désert, & que BAMOTH n'étoit pas une ville, mais un lieu du désert, & n'étoit pas au-delà de l'Arnon.

BAMPTON, bourg d'Angleterre, en Devonshire. On y tient marché; mais ce n'est pas une ville, quoique Corneille l'ait donnée pour telle sur la foi de je ne fais quel Atlas.

BAMURÆ, peuple d'Afrique, selon Ortelius, qui s'appuie sur ces vers de Silius Italicus, 1.3.

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Je crois qu'il faut lire Banjura. Voyez ce mor.

1. BAN, Bannum, château de l'Ecosse septentrionale, au comté de Murray, vers le pays de Badenoth, & fur la riviere de Findorn, à dix-sept mille pas d'Innernesse, vers le midi. C'étoit autrefois une ville des Vacomages, nommée Banatia.

2. BAN (le) ou BAND, Bannus, riviere d'Irlande; dans la province d'Ulfter. Elle a sa source au comté de Downe, puis s'éloignant de la mer vers le nord-ouest, elle se jette dans une riviere beaucoup plus forte, qui est grossie au même lieu par celle de Dalgan, qui vient du fud-ouest, & toutes trois dans un même lit, entrent dans la partie méridionale de Lough-Neaugh, & en fortent au nord occidental; & après avoir baigné Kilrough & Colraine, g. cette riviere forme deux petites ifles à fon embouchure nominée Band Haven, sur les cartes d'Allard. Cet auteur nomme BAN, cette riviere, avant sa jonction avec les deux autres; il appelle Banebal un fort qui est à fon embouchure dans le lac Neaugh à la droite ; mais il la nomme Band depuis le lac jusqu'à la mer, c'est-à-dire dans tout l'espace où elle fert de bornes au comté d'Antrim qu'elle laisse à l'orient, & à ceux de Nether-Tyrone, & de Londonderry qu'elle laisse au couchant. Quelques-uns écrivent BANNE. BANA, ville de l'Arabie Heureuse, selon Ptolo mée, l. 6. c. 7.

BANAAUSI, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, felon Ptolomée, 1.7.6. 1.

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BANABAR ou BANABER, bourg d'Irlande, dans la province de Leinster, au comté de la Reine. Baudrand le met sur le Shannon, à cinq lieues au-dessous d'Athlone. Les cartes d'Allard & l'état présent d'Irlande, n'égligent ce lieu.

BANABE, ville d'Afie, dans la Mésopotamie, selon Ptolomée, 1. 5. c. 18.

BANADEDARI, lieu de l'Afrique, felon Antonin, Itiner, qui le met sur la grande route de Carthage à Alexandrie. Ortelius le donne à l'Afrique propre, & Bertius à la Cyrenaïque.

BANAGARA, bourg de l'Inde, en-deçà du Gange, selon Ptolomée, l. 7. c. 1.

BANARA, ville des Indes, au royaume de Bengale fur la rive gauche & feptentrionale du Gange, en allant d'Agra à Patna. Baudrand en fait deux articles de suite, sous le nom de Banara, & fous celui de Banares, qu'il dit être aussi appellée Banarsi. De l'Isle écrit Benares, & Tavernier Banarous, en quoi il est suivi par Corneille, qui en parle ainsi sur l'autorité de Tavernier, t. 2. l. 3. c. 11. Banarous, grande ville des Indes, située au nord du Gange, qui court le long des murailles, & où une grande riviere se vient jetter deux lieues au-dessous du côté de l'occident. Elle est très-bien bâtie, & la plupart des maisons y font de briques & de pierres de taille, & plus élevées que celles des autres villes des Indes. Mais les rues y font fort étroites, & c'est une grande incommodité. On y voit plusieurs caravanseras, & un entre autres fort grand & très-proprement bâti. Au milieu de la cour il y a deux galeries, où l'on vend des toiles, des étoffes de foie & plusieurs autres fortes de marchandises. La plupart de ceux qui vendent, font les ouvriers qui ont fait les pieces; ainsi les étrangers ont les marchandises de la premiere main. Ces ouvriers, avant que de rien expofer en vente, font obligés d'aller trouver celui qui a la ferme, pour faire mettre le cachet du roi aux piéces de toiles ou de soie, autrement on les mettroit à l'amende, & ils recevroient des coups de bâton. Les idolâtres ont dans Banarous une de leurs principales pagodes. Elle est bâtie sur le bord du Gange, & le corps en est fait en croix comme celui de toutes les autres , ayant ses quatre branches égales. Au milieu s'éleve un dôme fort haut, comme une maniere de tour à plusieurs pans, qui finit en pointe, & au bout de chaque branche de la croix s'éleve aussi une autre tour, où l'on monte par dehors. Avant que l'on soit en haut, on trouve plusieurs balcons & plusieurs niches qui avancent, afin d'y prendre le frais; & tout à l'entour regnent des figues de relief de toutes

fortes d'animaux, mais qui sont assez mal faites. Sous ce
grand dôme, & tout au milieu de la pagode, est un autel en
forme de table, de sept à huit pieds de long & de cinq à
fix de large, avec deux degrés au-devant, qui servent de
marchepied. Ce marchepied est couvert d'un tapis de foie
& quelquefois de foie d'or, felon la folemnité de la fête
qu'on célèbre. L'autel est couvert de brocard d'or ou d'ar-
gent, ou de quelque belle toile peinte, & on le voit en
face de dehors la pagode, avec les idoles qui font des-
fus, afin que les femmes & les filles auxquelles il n'est
pas permis d'y entrer, non plus qu'à une certaine tri-
bu qui est parmi eux, ayent au moins la liberté de les
faluer. Entre les idoles qui sont sur le grand autel, il
y en a une debout, de cinq à fix pieds de haut, dont il
ne paroît que la tête & le col, tout le reste étant cou-
vert d'une robe qui s'élargit par le bas. On lui voit quel-
quefois au col une riche chaîne ou d'or ou de rubis, ou
de perles ou d'émeraudes: ils disent que cette idole a
éte faite en l'honneur & à la ressemblance de Bainma-
dou, dont ils ont souvent le nom à la bouche, parce
qu'il a été parmi eux un faint personnage. On voit
aussi au côté droit de l'autel, la figure d'un animal mon-
strueux, qui représente en partie un éléphant, en par-
tie un cheval, & en partie une male. Elle est d'or massif,
& on l'appelle Garou. Il n'y a que les Bramins qui
ayent le pouvoir d'en approcher. Leurs traditions por-
tent que c'est la figure de l'animal dont se servoit ce
faint personnage, pour aller voir si les peuples se te-
noient dans le devoir, & s'ils ne faisoient tort à personne
pendant qu'il étoit au monde. En entrant dans la pa-
gode, entre la grande porte & le grand autel, il y en
a un petit à gauche, sur lequel est une idole de mar-
bre noir, assise les jambes en croix & haute d'environ
deux pieds. Tavernier rapporte que quand il entra dans
cette pagode, il y avoit un petit garçon, fils du grand
prêtre, auprès de l'idole, à sa gauche, & que tout le
peuple qui venoit à lui jettoit quelque piéce de taffetas
ou detoile brodée en maniere de mouchoir, dont il frot-
toit cette idole, & ensuite la rendoit au peuple. D'au-
tres lui jettoient des chaînes faites de grains, comme de
petits noyaux qui fentent bon naturellement, dont ces
idolâtres se servent pour mettre à leur col, & dire
certaines prieres sur chaque grain; d'autres des chaînes
de corail, d'ambre jaune, de fruits & de fleurs pour
être touchées de la même idole, qu'il appellent Morli
Ram, c'est-à-dire le dieu Morli, frere de celui qui
est sur le grand autel. Sous le grand portail de la pago.
de est assis un des principaux Bramins, ayant auprès
de lui un grand bassin, plein d'une matiere de couleur
jaune, délayée avec de l'eau. Tous ces idolâtres se pré-
fentent à lui l'un après l'autre, & il leur met sur le
front de cette couleur, qui leur descend entre les deux
yeux jusque sur le bout du nez. Il leur en met aussi sur
les bras & devant l'estomach, & c'est par ces marques
que sont connus ceux qui ont lavé leur corps dans le
Gange. Ce qu'on estime le plus de cette pagode de Ba-
narous, c'est que depuis la porte jusqu'à la riviere on
descend par des degrés de pierre, où d'espace en espace
on trouve des plates-formes & de petites chambres
assez obfcures, dont quelques-unes servent de demeures
aux Bramins, & d'autres de cuisines où l'on apprête
les vivres, à quoi les idolâtres s'appliquent après qu'ils
se sont lavé le corps & qu'ils ont fait leurs prieres
dans la pagode, sans que personne qu'eux y touche,
tant ils craignent que quelqu'un qui seroit immonde
n'en approche; mais fur-tout ils defirent avec passion
de boire de l'eau du Gange, perfuadés qu'aussi-tôt qu'ils
en ont bu, ils font nets de tout péché. On voit tous
les jours grand nombre de ces Bramins aller au plus
bel endroit de la riviere remplir de cette eau des pots
de terre tout ronds, qui tiennent environ un seau. Quand
ils font pleins ils les portent devant le grand prêtre qui
en fait couvrir la bouche d'une toile fort fine en trois
ou quatre doubles de couleur de feu, à quoi il met
fon cachet. Les Bramins portent cette eau au bout d'un
bâton plat, comme une latte, d'où pendent fix pe-
tites cordes, à chacune desquelles est attaché un de
ces pots, & ils se soulagent en changeant souvent d'é-
paule; en forte qu'ils font quelquefois trois ou quatre
cens lieues avec cette charge. Ils vendent cette eau ou

en tirant

ils en font des présens. Il y a de ces idolatres qui en boi-
vent pour quatre à cinq cens écus, quand ils font quel-
ques festins ou qu'ils marient leurs enfans. Ils n'en boi-
vent que sur la fin du repas, chacun une tafle ou deux,
selon que le maître du festin eft libéral, comme nous
buvons les plus excellentes liqueurs en Europe. Envi-
ron à cinq cens pas de la ville de Banarous
au nord-ouest, il y a une mosquée où l'on voit plusieurs
fepultures de Mahomérans, dont quelques-unes sont
d'une fort belle architecture. Les plus belles font cha-
cune au milieu d'un jardin fermé de murailles, qui.
laissent des jours de demi pied en carré, par où les pas-
sant en ont la vue. La plus considérable de toutes a un
piedestal en carré, dont chaque face peut avoir qua-
rante pas. Au milieu de cetre plate-forme il y a une co-
lonne de trente-deux à trente-cinq pieds de haut, toute
d'une piece, & que trois hommes auroient de la peine à
embrasser. Comme elle finit en pyramide, il y a une
grosse boule fur la pointe, & au-dessous de la boule elle
est environnée de gros grains. Toutes les faces de ce tom-
beau sont pleines de figures d'animaux taillés en relief
dans la pierre. Ceux du pays disent qu'il a été bien plus
haut hors de terre qu'il ne paroît aujourd'hui, & qu'il
s'est insen siblement enfoncé de plus de trente-pieds.
Ils ajoutent que c'est la sépulture d'un roi de Boutan
qu'on y enterra quand il sortit de son pays pour con-
quérir ce royaume, dont il fut depuis chassé par les
descendans de Tamerlan.

1. BANASA, ville ancienne de l'Asie, dans l'os-
rhoene, selon les Notices, fett. 25.

2. BANASA ou BANASSA, colonie de la Mauritanie Tingitane. Pline, 1. 5. c. 1. la nomme la troifiéme Colonie d'Auguste, & écrit Banafa par une S simple. Antonin, itiner. la nomme Panafa; Pline lui ajoute le furnom de Valentia; Ptolomée, 1. 4. c. 1. la nomme Banaffa. Elle étoit sur la riviere Subur, aujourd'hui Sebu, Sebou ou Cebu, Molet, l'un des interpretes de Ptolomée, lui donne pour nom moderne Fanfara, & Marmol, t. 2. l. 4. c. 15. p. 149. dit que c'est TefenSara. Voyez TEFEN-SARA.

BANATIA, bourg de Vacomages, dans l'isle d'Albion, selon Ptolomée, l. 2. c. 3. Cambden croit que c'est présentement Bansey. Voyez BAN.

BANAURIDES, ifles Thyrrheniques, ainsi nommées de Banaurus, fils d'Eas. C'est ce qu'en dit Etienne le géographe. A-t-il voulu dire qu'elles étoient dans la mer Thyrrene? mais le long de cette mer, il y a tant de petites isses, qu'à moins d'avoir des indices moins vagues, il y auroit de la témérité à deviner en quel endroit elles étoient.

1. BANC OU BANC de SABLE, amas de fable ou de terre dans la mer, où il se forme une hauteur contre laquelle il est à craindre que les vaisseaux n'aillent s'engraver. En général le banc est une hauteur d'un fond de mer inégal, qui s'élevant vers la surface de l'eau, la furmonte quelquefois; ou fi elle regne au-dessous, elle n'y laisse d'ordinaire pas assez de fond pour y mettre le vaisseau à flot, ce qui l'arrêtant ferme, l'expose aux coups de mer qui l'entr'ouvrent & le brisent. Il y a des bancs qui portent assez d'eau pour faire flotter le vaisseau & quipar ce moyen ne font pas dangereux, tel est le grand banc de Terre-neuve. On trouve des bancs de fable & des bancs de pierre, & on a foin de les distinguer fur les bonnes cartes, telles que sont le Neptune François, quelques cartes de la Méditerranée publiées à Marseille & autres..

Les bancs de sable sont marqués par de petits points proche des uns des autres, & les bancs de roche font marqués par de petites croix.

Dans les grands fleuves navigables, comme l'Elbe & autres, il se forme des bancs de sable, qui, par les grandes marées & les débordemens des rivieres, changent de place. On a soin de marquer le véritable lit de la riviere, par des balises ou tonnes larges par un bout & étroites par l'autre, attachées par une chaîne qui les tetient flottantes sur l'eau en cet endroit, pour fervir d'avertissement aux vaisseaux qui descendent ou remon tent. Ces balises sont de différentes couleurs, les grifes marquent que c'est du sable, les noires désignent une roche qu'il faut éviter. Comme les bancs de sable chan

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On appelle Baffe ou Bature, un fond mêlé de fable, de roche ou de pierre, qui s'éleve vers la furface de l'eau ; & quand la mer y vient brifer de basse eau, c'est proprement une Bature ou un Brifant.

Les Cayes ou Caiches, sont des bancs de sable ou de roche, couverts d'une vase épaisse ou de quantité d'herbages. Beaucoup de petits bâtimens y échouent: mais la plupart s'en relevent fans danger: quelques-uns appellent ces bancs, roches molles.

Les bancs de sable ou de roche sont nommés Dangers dans la Méditerranée.

On donne aux bancs le nom d'Ecueil, formé du nom latin Scopulus, qui veut dire la même chose. Les Latins appelloient Pulvini, c'est-à-dire Couffins, les bancs de fable, & Syrtes les écueil mêlés de roches. Voyez ce mot. On donne aussi le nom d'écueil à de petites isles qui ne font pas habitées ni ne méritent de l'être, parce qu'elles font très-petites, ne produisent rien de ce qui seroit nécessaire pour l'entretien des habitans, & qu'il n'y a aucun intérêt qui puisse engager les hommes à s'y établir.

On appelle Ecore le bord ou les approches d'un banc, c'est-à-dire un précipice à l'extrémité d'un banc, & une petite écore s'appelle Pilon.

Les Hollandois nomment Rif ou Rib, un banc étroit & fort long. Il appellent Jutshe Rif, ou banc de Jutland, un long banc de sable qui partant du Jutland par les 56 d. 20 min. & so el. va se joindre au Kimmen ou Borneur, espéce de côteau au fond de la mer, & qui s'étend depuis le banc de Jutland par le nord des ifles de Schetland, jusqu'à la partie occidentale des isles Hebrides.

Ils appellent Droogte, ce que nous appellons Seche, c'est-à-dire des fables que la mer couvre quand elle est haute, & laisse à fec, quand elle est basse. Voyez SECHE. On appelle Recif, en Amérique, une chaîne de rochers qui font sous l'eau, & Vigies, quelques roches cachées sous l'eau, vers les Azores & ailleurs. Voyez

ROCHE.

Les bancs font nommés quelquefois fur les cartes faites par des Espagnols ou fur leurs mémoires Bajos, Baixos ou Baxos; c'est la même chose que Baffe & Basfond.

Voici une liste des principaux bancs.

2. Le BANC DE L'ACADIE, Syrtis Acadia, banc de l'Amérique septentrionale, qui s'étend fort de l'orient à l'occident, tout le long de la côte méridionale de l'Acadie, dont il est pourtant assez distant.

3. Le BANC DU CHIEN, OU DES CHIENS, Syrtis Canis, banc de sable fort étendu dans l'Océan, entre la côte d'Angleterre à l'occident, & celle des Provinces-Unies & de Jutland, à l'orient, par l'espace de cinquante lieues. Les Anglois & les Flamands l'appellent Dogers-Banch, & il est assez dangereux. Au nord de ce banc, entre lui & le Borneur il y a un autre banc, mais plus petit, sur lequel on trouve d'ordinaire trente braffes.

4. Le BANC DE LA CASSE, Syrtis Caffia, banc dans la mer Méditerranée qui tourne comme un goufre, engloutissant tout ce qui y passe. Il est à cinquante ou foixante milles des côtes de la Sardaigne, au couchant, en allant vers les ifles Majorque & Minorque; ainsi il est dans le golfe de Lyon, mais il n'est point marqué dans aucune carte.

5. Le GRAND BANC, Syrtis Maxima, banc dans l'Amérique septentrionale, & le plus grand banc de fable que l'on ait encore pu trouver, d'où lui vient son nom. Il est vers la côte orientale de l'isse de Terre.Neu

ve, n'érant pas éloigné de plus de cinquante licues du cap de Raze à l'est. Les Anglois l'appellent Mainebant. Il s'étend en long du septentrion au midi l'espace de cent foixante lieues, s, si on compte toutes ses poin. tes, mais seulement cent en longueur, si l'on prend l'endroit où il est le moins profond, & où on fait la pêche. Sa plus grande largeur du levant au couchant n'est guère de plus de quarante lieues, & s'étend vers le sud-est de l'isle de Terre-Neuve; outre sa grandeur, il est principalement remarquable par la grande pêche des morues, que les François & les autres Européens y font tous les ans.

Le Grand Banc a été fort mal dessiné fur les cartes marines de Pietergos & autres; ce qui en 1737, pensa faire périr le vaisseau du roi qui alloit à Quebec. Le sieur Bellin ingénieur au dépôt des marines, a corrigé cette faute dans une carte de l'Océan occidental qu'il publia en 1738, par ordre de M. le comte de Maurepas. Voyez le mémoire relatif à cette carte. * moires de Trevoux de la même année.

6. Le BANC AUX BALEINES, banc de l'Amérique septentrionale qui n'est pas fort considérable, au couchant du grand Banc, & au midi du banc à Vert, s'étendant de l'est à l'ouest.

7. Le BANC de L'ISLE de SABLE, banc dans l'Amérique septentrionale, joignant au midi l'isle de Sable dans la mer de la nouvelle France, & au midi de l'Acadie.

8. Le BANC des ISLES, banc dans l'Amérique septentrionale, joignant les ifles de Saint Pierre, & au midi de la côte de Terre-Neuve.

9. Le BANC des ORPHELINS, banc en Amérique, dans le grand golfe de Saint Laurent en Canada, audevant de la baie des Chaleurs.

10. Le BANC A VERT, banc en Amérique, près de la côte méridionale de l'isle de Terre-Neuve, vis-à-vis des baies de Plaisance & des Trépassés.

11. Le BANC JAQUET, ou le petit Banc, en Amérique, au levant du grand Banc. Les Anglois l'appellent Falft-Banc, & il s'étend en long du septentrion au midi; mais il n'est guère large: on y pêche aussi les morues.

12. Le BANC des PERLES, banc de l'Amérique méridionale, dans la mer du Nord, & fur la côte du pays de Carracas, près de la Rencheria, entre la ville de Rio, de la Harcha, & le cap de la Vela.

13. Le BANC des PERLES, banc de l'Amérique dans la mer du Nord, vers la côte de Venezuela, à trois lieues au couchant de l'ifle Marguerite, en allant vers celle de la Tortue, où on fait grande pêche de perles.

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14. Le BANC de S. George, banc de l'Amérique septentrionale, qui s'étend en long entre la nouvelle Angleterre au couchant & le cap de Sable, fur la côte de l'Acadie au levant, on l'appelle autrement le BANC AUX ANGLOIS.

15. Le BANC DE ISIMINI, banc de l'Amérique, dans la mer du Nord, près de l'isle de Bimini, une des Lucayes & près de celle d'Abacoa, sur la partie orientale de Bahama, vers la Floride.

16. BANC BLANC, banc de Sable entre les côtes du Holstein à l'orient, de l'Ostfrise au midi & le Doggersbanc, ou banc de Chien, au feptentrion & au couchant,

17. BANC DE WITTE WATER, ou de l'eau blan che, banc de Sable, entre la Frise & l'ifle de Schelling à l'orient, le banc de Welle au couchant & DoggersBanc au nord.

18. BANC DE WELLE, banc de sable, vis-à-vis du golfe de Bolston en Angleterre, il eft au midi de la partie occidentale du Doggersbane, à l'occident du banc Witte-Water; entre les 19 d. 20 min. de longitude, & le 22 de longitude, & entre le 53 d. 20 min. & 53 d. 50 min. de latitude.

19. BANC DE BAHAMA. Voyez BAHAMA. 20. BANC DU CAP DES AIGUILLES. Voyez

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Indes: ils s'étendent vers le nord à l'orient de Madagascar: la partie méridionale commence à la hauteur de P'ifle de Sainte Marie, & ces deux bancs font à peu près de même figure & presque paralleles. Ils s'étendent entre le 73 d. 40 min. & le 77 d. 20 min. de longitude; le plus oriental, qui est en même tems le plus méridional, commence au midi par deux petits ilets, & s'étend depuis le 13 d. jusqu'au 17 de latitude australe; le plus occidental s'étend entre le 11 d. jusqu'à 15 d. 30 min. fud.

23. BANC SAINTE ANNE, banc de sable, dans l'océan Atlantique, vers la côte de Malaguette. Il gît par les trois degrés & demi. Jacques l'Hermite le jeune le met par les 3 d. 30 min. & dit, t. 3. p. 522. qu'ils y demeurerent quelques jours à l'ancre sur 12 brasses d'eau.

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Voyez aux mots ABRE-OJOS, ABROLHOS & BASSE. La connoissance exacte des hauteurs de l'eau sur les bancs, de leur étendue, de leur juste position, fait une des plus essentielles parties de la science du pilote & de l'homme de mer; car si le vaisseau est gros & tire beaucoup d'eau alors il a besoin de beaucoup de prudence pour en éviter le danger ; & fi le vaisseau est pe tit, ces bancs deviendront pour lui un asyle, dans lequel il ne court aucun risque, & où il brave de gros vaisseaux qui ne peuvent en approcher, ni par conféquent l'y venir infulter; & fouvent à la faveur de cette barriere qui n'en est pas une pour lui, il échape à ses ennemis qui n'ofent pas l'affranchir, parce qu'ils favent qu'ils y périroient.

1. BANCA ou BANKA, isle des Indes, près de celle de Sumatra à l'orient. Les Hollandois donnent à l'extrémité nord-est de cette isle 126 d. 45 min. de lon

de l'Ile nomine Boiffar; cette province est différente de BAKAR, ou BACAR qui est sur le Gange beaucoup plus au midi.

BANCHOR. Voyez BANGOR.

BANCIA Voyez BANTIA.

BANCOK OU BANCOK, ville d'Asie, au royaume de Siam, dans une ile que forme le Menam. Cette ville située à sept lieues de la mer, est nommée Fon en siamois, & de la Loubere dit qu'on ne fait pas d'où lui vient le nom de Bancok: quoiqu'il y ait plusieurs noms siamois qui commencent par le mot de BAN, qui signifie village. Elle est par les 120 d. 43. min. de longitude, & par les 13 d. 25 min. de latitude boréale. A l'orient de l'isle à l'autre bord du Menan, il y avoit un fort bâti de briques, que le roi de Siam avoit cedé à une garnison françoise. Mais cet établissement dura peu; & la mort du roi de Siam suivie du massacre de son ministre, Constance qui favorisoit les François & la religion catholique, détruifit de si beaux commencemens. Le successeur monté sur le trône par le crime, n'entra point dans les dispositions de son prédécesseur, & la garnison françoise repassa en Europe, après avoir résisté par une espece de miracle à toutes les forces siamoises qui étoient venues pour l'opprimer. De la Loubere donne un plan de la ville de Bancok dans sa description de Siam. Voyez les révolutions arrivées àSiam dans l'année 1688.

BANCOR. Voyez BANGOR.

1. BANDA, ines de l'Asie ainsi nommées à caufe de la principale d'entre elles qui est à trente lieues de celle d'Amboine. Le gouvernement de Banda ne consiste pas en cette isle seule; il en comprend plusieurs autres qui font les unes près des autres. On les nom

gitude, & 2 d. de latitude méridionale, & à son extréme HOGELAND, ou le haut Pays; NEERO, PULOWAY,

mité du midi 127 d. 10 min. de longitude, & 3 d. 35 min. de latitude méridionale. Baudrand dit qu'elle s'étend en long du levant au couchant l'espace de cent vingt mille pas.

2. BANCA, petite place dans l'isle de même nom. Les Hollandois y ont un fort.

Le DETROIT DE BANCA, petit bras de mer qui sépare l'ifle de Banca de celle de Sumatra.

BANCALIS, felon de l'Isle, Atlas, ville de l'Inde, au royaume d'Achem, dans l'isle de Sumatra, au fond d'une baie, où se décharge la riviere de Racan. Corneille dit mal qu'elle est sur la côte, opposée à celle de Sumatra; Dampier qu'il cite ne dit point cela. Ce qui a trompé Corneille, c'est qu'on lit, dans le sommaire du fixiéme chapitre de la seconde partie du troifiéme volume de cet auteur: Histoire du Capitaine Johnson: Il achete un vaisseau à Malacca, & passe à Bancalis, ville fur la côte opposée de Sumatra: ce qui est juste & bien différent de ce que dit Corneille. Bancalis est donc sur la côte de Sumatra opposée à celle de Malacca. Elle est si proche de Malacca, dit Dampier, t. 3. p. 165. qu'elle n'en est séparée que par le détroit. Cette ville qui est la principale de ce quartier, est souvent visitée par les Hollandois qui y vont dans leurs petits vaisseaux, & fon commerce semble entierement dépendre de cette nation ; de forte qu'elle n'oferoit trafiquer avec aucune autre. Ce voyageur croit même que c'est par l'amitié que les Hollandois entretiennent avec cette ville qu'ils font un petit commerce de poivre dans ces endroits-là, & qu'ils y débitent par ce moyen quantité de leurs marchandises; parce que les naturels de ce quartier trafiquent avec leurs voisins qui sont plus avancés dans ce continent, & portent leurs denrées à Bancalis où les Hollandois les viennent prendre. Ainsi quoique les habitans de cette ville soient Malayens, comme le reste des habitans du pays, ils font néanmoins assez civils ; & c'est ce que produit le

commerce.

BANCARE. Voyez BRANCARE.

BANCHISCH, province de l'Indoustan, dans les états du Mogol. De l'Isse écrit BANKICH, & place cette province au midi du royaume de Cachemire, duquel elle est séparée par la riviere de l'Inde ou du Sinde. Beifar en est la seule place remarquable. Cette province eft nommée Bakisch par Baudrand qui ajoute qu'on l'a nomme aussi BAKAR; & il appelle Becar la ville que

PULORON, PULO PISANG, GUENANAPI, RUSAGAY, &c. Elle font à 4 degrés au sud de la ligne, & d'Am boine. * De Graff, Voyages, pag. 233.

Le principal bureau est à NEERO, & c'est aussi là que se tient le gouverneur. Il y a deux beaux forts, l'un à cinq bastions & l'autre à quatre; tous deux bien pourvus d'hommes & de munitions de guerre. Le nom de l'un est Bellekyke. Il est sur une montagne. L'autre s'appelle Naflow, & est au pied de la même montagne; c'est dans celui-ci que le gouverneur & fes confeillers habitent.

HOGELAND, qui est proprement appellé BANDA, est d'environ fix lieues de circuit. Le fort Hollandia est au bord occidental, sur une montagne. On y monte par 314 degrés. Au bas, & fur le rivage est la négrerie appellée Lontere, où il a une demi-lune & du canon. Outre ces fortifications, on voit autour de l'isle par-tout où il y a la moindre apparence de pouvoit aborder, des forts & des ouvrages de fortifications principalement près de Lontere ; là est la redoute Kommere dans l'endroit où l'on peut prendre de l'eau : ensuite les redoutes Selam, Dantere, Wayere, Oery & Lacoy.

Dans la troifiéme isle qui est PULOWAY, est le château Orange. Elle a été autrefois la seconde. Ces trois ifles, Neero, Hogeland & Pulorway font les plus fertiles de celles que la compagnie poffede, & celles qui lui portent plus de profit ; car c'est là qu'on recueille toutes les noix muscades & leur fleur qu'on porte, & dont on négocie dans toute l'Europe, & même dans tout le monde. Il y a bien d'autres isles qui dépendent de Banda, mais elles font un peu éloignées, & fi elles portent quelques noix muscades, on en coupe les arbres, ou on les deracine, afin que d'autres nations ne puissent pas en prendre les fruits. Les noms de ces isles font NILI, DAMNE, MOO, LACKER, MANABOKE, THEEUW, GORAM, MATTE, AROE, CABBER, BELLE, &c. dans quelques-unes desquelles les Hollandois ont quelque forte de fortifications.

Ces isles de Banda sont aussi sujettes à de grands tremblemens de terre, principalement dans l'automne, aux mois de novembre & de décembre, & même en janvier & février. Il y eut un épouvantable tremblement fur la fin de 1683. Les montagnes se fendirent, les négreries furent enfoncées, tous les bâtimens de pierre, maifons, magasins, bastions, & châteaux furent ab

,

batus, les uns en partie, les autres entierement. Le gouverneur & les principaux chefs furent obligés de se mettre dans des maisons faites de bambous, n'ayant pas envie d'être enfevelis tous vifs sous les ruines. Il y a aussi dans ces isles plusieurs montagnes qui jettent du feu & de la fumée; & il en fort de l'eau si chaude, qu'elle peut fort bien cuire un œuf.

Toutes les relations ne conviennent pas du nombre des isles auxquelles on donne le nom de Banda. Quelques voyageurs en mettent cinq, qui font une maniere de port, où les navires entrent de deux côtés. D'autres que l'on tient mieux informés, parlent seulement de trois, dont l'une contient les villes de Lontoor, Ortatran & Combert; l'autre celles de Labetach & de Nera; & la troisiéme la ville de Gumanapi. Ces isles font à 4 degrés & demi de l'équateur du côté du sud, ou felon Linschot, à cinq, & à cent foixante & quatre du premier méridien pris à S. Michel des Açores, à vingt-quatre lieues d'Amboine. On compte trois cens milles depuis les Molucques jusqu'à Banda : cependant les Hollandois n'en mettent que cent ou environ depuis Banda jusqu'à Ternate. Elles ont la figure d'un fer à cheval: leur tour, selon quelques-uns des anciens, est de cent milles: mais les trois premieres n'ont de longueur que cinq lieues, selon les modernes. Il y en a même qui ne donnent à Banda que trois lieues de long & une de large. On connoît encore trois autres ifles, qui font éloignées de Banda. Ce sont Wayer ou Waiber, habitée par ceux de Labetach, Polleway ou Pullovay, & Pullorin ou Pollervin, située à demilieue de Banda au sud-ouest, à la même distance l'une de l'autre. A cinq lieues de la même ifle de Banda, au nord-ouest, est celle de Poëlseton, où l'on n'ose demeurer , parce qu'on prétend que le diable y regne. L'air n'est guères sain dans toutes ces isles, qui sont néanmoins fertiles en drogues, & en ce qui peut être nécessaire pour la vie. Elles produisent sur-tout force noix muscade & force macis. Ce fruit ne croît en aucun autre endroit de la terre: il murit trois fois l'année, en avril ( & c'est le meilleur) en août & en décembre. Bartheme, l. 3.6. 24. dit que les habitaus sont blancs & jaunâtres, & qu'ils ont le poil avalé, avec le visage rond & large, & qu'ils font foibles de corps & d'esprit. Massée, Hift. des Indes, 1. 6. au contraire les fait très-robustes, ce que confirment les Hollandois, qui disent qu'en 1599, ils y avoient vu des hommes de cent trente ans très-forts pour leur âge. Ils sont hardis, portés à la guerre, mais fi trompeurs, que les marchands qui trafiquent avec eux, descendent rarement de leurs vaisseaux, afin d'éviter d'être surpris. Les hommes s'occupent à sécher des noix muscades, à les ziter de leurs gousses, & à quelques autres choses semblables. Ils se divertissent quelquefois à une maniere de jeu de paume, en se tenant comme en rond. L'un d'eux jette la balle en haut, & les autres la reçoivent chacun à fon rang, la rejettant aussi haut avec le pied que l'on pourroit faire avec la main. Ils se rendent souvent dans le temple pour manger ensemble, ce qu'ils font de la même sorte dans les bois, où ils se trouvent quelquefois plus de cent, se faisant un grand plaifir de se réjouir de compagnie. Ils ont coutume de s'assembler dans les mêmes lieux, lorsqu'ils veulent conférer sur quelque chose qui regarde leur état. Leurs habits, selon les uns, font pareils à ceux que portent les habitans des isles voisines ; d'autres disent qu'ils vont en chemises, sans avoir rien aux pieds ni à la tête. Lorsque l'un d'eux meurt, on met sur son corps une fine toile de coton étendue, & il est porté au lieu de sa sépulture sur les épaules de ceux qui sont destinés à cet office, suivi des hommes, après lesquels marchent les femmes, qui font de tristes lamentations. L'enterrement fait, on met sur la tombe un encensoir, où l'encens brûle tout un jour & toute une nuit. On y met une lampe le foir, & le lendemain chacun va prier fut le sépulcre, afin que le mort ne revienne point. Ils continuent ces prieres fort long-tems. Le jour qu'il estenterré, on donne un fort grand repas à tous les parens & aux amis qui se sont trouvés à cette cérémonie.

Il se fait dans ces ifles un fort grand trafic de noix muscade & de macis, Les Javanois, les Malayes, les

Chinois & autres ludiens qui le viennent faire, y tiennent leur ménage avec une femme esclave., qu'ils achetent pour le tems qu'ils y veulent demeurer. On fait aussi de ces noix muscades, de la conferve & de l'huile, que les infulaires vont porter à Malacca où elle est fort estimée. Ils ont de l'artillerie, des épées & des arquebuses, dont ils se servent fort adroitement. Hs ont encore des javelines & une certaine forte d'arme crochue, dont la pointe est fichée dans un bâton, où il y a une petite corde attachée, & quand ils font assez proche l'un de l'autre pour pouvoir combattre de main à main, ils la jettent dans le corps de leur ennemi; c'est leur exercice le plus ordinaire. Il y a parmi eux des gentilshommes qui portent le corcelet & des boucliers, qui font longs de quatre pieds. Ils se servent de Carcoles ou galeres étroites sur la mer, & les gouvernent fort habilement. Aux côtés de ces carcoles sont des échafauds de cannes, qui touchent à peine l'eau. Leurs esclaves font assis dessus, deux ou trois en chaque rang; & au lieu de rames ils ont des houes avec lesquelles ils jettent l'eau à côté d'eux chantare des chansons à leur maniere, mêlées du bruit que font quelques autres qui frapent fur des bassins. Il y a déja long-tems que les villes se font l'une à l'autre une fort cruelle guerre. Ils y font bonne garde la nuit, aussi bien que dans les bois, pouffant de grands cris, afin que chacun demeure éveillé jusqu'au grand jour. Lorsqu'ils veulent attaquer leurs ennemis, ils viennent avec leurs galeres, & combattent vaillamment. Les victorieux emportent ordinairement quelques têtes qu'ils attachent à un bâton, les mettant sous un arbre devant la porte du Sabandar, qui a beaucoup d'autorité parmi eux. Après qu'ils y ont laissé ces têtes environ une heure, afin que chacun les voie, comme des preuves de leur triomphe, ils les enveloppent d'une fine toile de coton, & les enterrent, brûlant force encens, selon leur coutume. Quelques-uns disent que ces isles ont un roi particulier, auquel il n'est pas per mis de parler sans lui porter un présent : cela est commun à tout l'Orient. Les autres affurent que ces infulaires vivent dans un état populaire; & que lorsqu'il leur survient quelqu'affaire d'importance, ils en remettent la décision à l'assemblée des plus anciens. Ce dernier sentiment est vraisemblable, puisque s'ils avoient un roi, il ne voudroit pas permettre que les villes se fissent la guerre fi cruellement. La charge de Sabandar fait pourtant juger qu'ils ont quelque gouverneur. Peut-être sont-ils au roi de Ternate, qui domine toutes les isles voisines. Quelques-uns font idolâtres, & d'autres mahométans : ces derniers marmotent souvent quelque priere, tant en public qu'en particulier. Il y a aussi quelques chrétiens depuis qu'on leur a prêché l'évangile. Ce que je viens d'ajouter ici sur l'autorité de Corneille, est tiré de Pirard, t. 2. c. 12. de Bartheme, 1.3.0.24. & de l'histoire des Indes de Maffée, l. 5.

MER DE BANDA: on nomme ainsi une partie de l'Archipel des Molucques, dans l'océan Indien, près des isfles de Banda, au fud de celles de Ceram & de Gilolo.

2. BANDA, ville de la presqu'ifle de l'Inde, deçà le Gange, au royaume de Decan. Elle est forte & considérable, & est située à l'embouchure de la petite riviere de Deri, au nord de la ville de Goa. * Baudrand, éd. 1705.

Cette ville qui est, non au nord, mais au nord-est, & à un peu moins de neuf lieues communes de Goa, est à l'orient de Vingrela, sur la même riviere qui passe dans ces deux villes, & beaucoup plus près de la fource de la riviere de Deri que de fon embouchure, où est Vingrela, c'est-à-dire, plus d'onze lieues communes au dessous de Banda.

BANDALI & BANDILI. Ces mots se trouvent dans quelques auteurs du moyen âge par corruption, au lieu de WANDALI. Voyez WANDALES.

BANDASON, ville de l'Indoustan, au royaume d'Agra, selon Davity, Asie, p. 520. Il dit qu'on y trouve grande quantité des plus grossieres étoffes de laine & de toiles de coton, de lances, d'arcs & de javelots, de mailles d'épées, & autres armes; que l'on y tient marché deux fois toutes les semaines.

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